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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1913-09-01

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 01 septembre 1913

Description : 1913/09/01 (Numéro 244).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k290059p

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Gaston CALMETTE

Directeur-Gérant

RÉDACTION - ADMINISTRATION 26, rue Drouot, Paris (9e Arr 1)

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A L'HOTEL DU « FIGftRO »

ET POUR LES ANNONCES ET RÉCLAMES

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LE FIGARO

« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte de rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS.)

H. DE VILLEMESSANT

Fondateur

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SOMMAIRE

Courrier de Paris : ALFRED CAPUS.

La Vie de Paris : M. Sacha Guitry philo- sophe : Louis LATZARUS.

France-Espagne : Une fête significative : A. V. les affaires d'Orient : Les négociations turco- bulgares.

La Défense de notre frontière du Nord : DE

BEYRE.

Dessin : Les commissaires aux armées : FORAIN.

L'île d'Oléron rattachée au continent : GASTON

MAUBERGER.

Le Meeting aérien de Deauville : Un temps

idéal : FRANTZ-REICHEL.

Le Manoir de Montai : MAX DE FOURCAULD. La Rentrée de Baron : ALFRED EDWARDS. La Vie littéraire : FRANCIS CHEVASSU. Feuilleton: Là Fille tles Caïds: PIERRE SALES.

COURRIER DE PARIS

On avait pu craindre un instant que ces congrès de la Paix, tant de discours et d'objurgations solennelles,ces démar- ches de toutes sortes auprès des puis- sances ne; finissent par' amener des complications européennes. Ce n'eût pas été la première fois que les meilleu- res intentions auraient eu de fâcheuses conséquences.'Par exemple, quand on parlait de l'arbitrage obligatoire et de la nécessité d'une force coercitive pour faire exécuter les sentences du Tri- bunal arbitral, il y avait lieu de n'être point tranquille. On voyait tout de suite une armée immense conduite par les chefs du pacifisme et parcourant l'Europe afin d'y imposer les décisions du Tribunal de La Haye. De pareilles démarches n'eussent-elles pas été aussi fertiles en désastres que les guerres les plus meurtrières? Et le désir ardent de la paix n'allait-il pas faire surgir une forme nouvelle de la guerre? Telles étaient les questions que l'on se posait avec anxiété dans les chancelleries, cha- que fois- que M. d'Estournelles de Cons- tant partait pour La Haye.

Le président du dernier Congrès vient d'y répondre fort sagement, en décla- rant qu'il n'était point partisan de l'ar- bitrage obligatoire et que, toutes ré- flexions faites, il valait mieux laisser se battre les gens qui en avaient envie. L'assemblée a applaudi avec transport. D'ailleurs, le don royal d'un illustre mil- liardaire américain, M. Carnegie, avait mis les coeurs à l'unisson et créé une at- mosphère favorable à la bonne tenue du Congrès. Le discours du généreux dona- teur n'y contribua pas moins. Nous sa- vions déjà que M. Carnegie était doué du plus bel optimisme, mais jamais il n'en avaitfait un si heureux usage. Il nous a prédit la paix universelle et la fraternité prochaine, et la joie dans la cité, jouant ainsi le rôle inverse de celui qui coûta si cher à la malheureuse Cassandre. 11 en- gagea également le Tsar et l'empereur Guillaume à ne se point quereller et il ne ménagea pas davantage ses bons conseils aux autres chefs d'Etat et à tous les peuples en général.

En somme, l'inauguration du Grand Palais de la Paix s'est effectuée sans dé- sordre, contrairement à certaines pré- visions pessimistes ; et les esprits cha- grins peuvent se rassurer, il est désor- mais évident qu'aucune menace de guerre ne nous viendra de La Haye. En l'état actuel des choses, c'est tout ce qu'on peut demander à des pacifistes.

Descendons des hauteurs sereines de la paix universelle jusqu'à notre petite paix parisienne, assez précaire pour le moment, et dont les gardiens n'ont pas tous la noblesse d'âme de M. Carnegie, ni, il faut bien le dire, sa fortune. Si l'on songe même à étudier un jour le phénomène de la distribution de l'ar- gent à notre époque, on admirera com- ment les fonctions les plus honorables et les plus dures, celles où l'on risque le plus fréquemment sa peau, furent les moins rétribuées ; et l'on cherchera par quel, paradoxe une société qui ne son- geait qu'à jouir de la vie payait d'une façon dérisoire les hommes chargés pré- cisément de la proléger. La solde de nos officiers est une espèce do scandale, et cela rapporte autant de balayer les anti- 'chambres d'un ministère que d'être bri- gadier de gendarmerie.

Deux cents apaches ont tenu ces temps derniers, en plein Paris, la police en échec, et aux environs de Lunel vient de se livrer une véritable bataille rangée entre gendarmes et romanichels. Je ne dis pas que gendarmes et agents eussent montré plus de dévouement et de cou- rage s'ils avaient été mieux rétribués, mais ils auraient eu plus d'optimisme.

Le milliardaire français qui aurait l'idée de faire pour la paix et la sécurité intérieures de son pays ce que tente si généreusement M. Carnegie pour la paix entre les peuples réaliserait un progrès immédiat et tangible, sans tomber dans la rêverie. Mais il y a peu de milliar- daires en France, et le plus milliardaire de tous est magnifiquement indifférent 'à ces considérations : c'est l'Etat.

La crise de la police, ou, si on veut lui donner son vrai nom, la crise de la dé- pense, tient encore à d'autres causes, dont 'la principale est la transformation qu'a subie peu à peu le type même du dé- fenseur, que ce soit le gardien de la paix, l'agent de police ou le gendarme. . La transformation, on la saisit très bien dans la crise qui se dérou e sous nos yeux et qui nous montre deux as- pects très différents de ce type.

D'un côté, l'ancien policier louche, tor- tueux, brutal, quelquefois habile et rusé, souvent au contraire d'une naïveté in- croyable, malfaiteur devenu un individu soumis, ou bien pauvre diable racolé pour quelques sous par la Préfecture. C'est

l'agent dit en bourgeois, survivance de la conception romantique de la police. Celui-là, nous venons de le voir à l'oeu- vre dans des scandales récents. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'a plus sa place dans nos moeurs, dans nos habitudes de vie, dans notre désir de propreté et de sécurité. Même dans la façon dont il surveille les trottoirs sus- pects, il nous choque, il manque d'hu- manité et de goût. Or, du goût, il en faut jusque dans les plus tristes besognes; une sorte de tact qui les empêche d'être trop humiliantes et trop basses. Ce type policier est visiblement destiné à dispa- raître bientôt, ou à être considérable- ment amendé et poli.

De l'autre côté, le type régulier et ad- ministratif, vêtu de son uniforme et fonctionnaire respecté de tout le monde sous le nom de gardien de la paix ou de gendarme. Il est d'une importance capi- tale et, dans une grande mesure, la so- ciété en dépend. Mais justement, par l'association, par une édùcation hasar- deuse, par le fait de la propagande socia- liste, par la lecture, il est arrivé à tropana- lysèr sa fonction. Il en a aperçu la valeur, sans apercevoir en même temps ce que doit cette valeur à l'obéissance passive et à l'absence de discussion. Et alors, il a une tendance à solenniser son rôle. Il ne veut plus sortir du cérémonial, du contrat passé entre lui et l'adminis- tration, contrat qu'il observe loyalement dans toutes ses clauses, même les plus périlleuses, mais qu'il observe sans ini- tiative et sans élan. Observez deux gen- darmes côte à côte sur leurs chevaux : ils'suivent la route, salués d'un sourire par les propriétaires de la région ; l'al- lure est calme et sans hâte,' le regard distrait plutôt que curieux, ils ne s'ap- pliquent pas à épouvanter. On devine qu'ils auraient horreur de déranger des citoyens, et que, s'ils n'ont point peur de la mort, ils redoutent les responsabi- lités. Sous l'individu équivoque qu'ils rencontrent et dont ils seraient tentés de guetter l'acte, ils craignent de trouver l'électeur influent. Des craintes analo- gues paralysent parfois aussi les gardiens de la paix.

D'où il résulte que ce beau type du dé- fenseur de la société est en tram de se figer, tandis que celui du défenseur dé- classé, du bas policier, se décompose et s'en va en pourriture. Notre Société ac- tuelle n'a pas encore forgé le type exact qui convient à sa défense et qui soit de taille avec ses nouveaux ennemis.

Alfred Capus.

LA VIE DE PARIS

M. Sacha Guitry philosophe

M. Sacha Guitry vient de publier un recueil de pensées. Il l'a intitulé : Jusqu'à nouvel ordre... sans doute pour nous faire entendre qu'il ne se croit pas tenu de ne point changer, et que, dans la suite du temps, il pourra bien formuler des jugements contraires à ceux qu'il profère aujourd'hui. Dieu le veuille ! Dieu veuille que M. Sacha Guitry modifie promptement ses opinions ! Non qu'elles ne soient les plus plaisantes du monde. Mais six cents pages de cette sorte valent mieux que trois cents, et deux plaisirs valent mieux qu'un seul.

Pour ceux qui aiment les classifications fa- ciles, et les étiquettes toutes préparées, M. Sacha Guitry est seulement un homme gai, pourvu de la plus charmante fantaisie. Ceux- là ne seront pas déçus. Ils rencontreront, à travers ces trois cents pages, toutes les oc- casions d'éprouver une extrême gaieté. Qu'ils lisent le chapitre intitulé l'Auto, et qui com- mence par cette affirmation :

« Il y a deux espèces d'individus :

» Ceux qui ont des autos ;

» 2° Ceux qui n'ont pas d'auto.

» Depuis plusieurs années, toutes les per- sonnes assez fortunées pour avoir une auto- mobile, en ont une - ou deux.»

Il trouve les phrases que prononcent com- munément les « individus des deux espè- ces », mais accommodées selon la formule et avec les épices de M. Sacha Guitry. Ils riront, j'en suis sûr, ils riront. Et ils riront aussi à réhabilitation du parasite :

<r. Il ne sait pas, lui, qu'il est parasite.

» Tout le monde est comme vous, tout le monde l'invite à dîner, à souper, à goûter, à venir cet été - il croit tout simplement qu'il est irrésistible et charmant... f

» On se l'arrache, il va partout, il connaît tout Paris, il use les vêtements de tout le monde, on lui repasse quatre fois les plats, sous prétexte qu'il est pauvre; alors, il mange, trop, il grossit, il se laisse aller, il a définitive- ment renoncé à toute espèce de travail, et ce ! malheureux parasite' n'a plus qu'une seule joie... ,

» ...De temps en temps, il dit à tout le monde qu'il n'est pas libre le lendemain pour déjeuner - et dans sa petite chambre, tout seul enfin, il jeune ! »

Vais-je continuer à citer ? En ce cas, mon article serait bien vite achevé. Mais comment résister au plaisir de copier cette petite partie du chapitre sur les domestiques ?

« Les domestiques dévoués deviennent vite de mauvais domestiques, et ce sont des amis qu'on n'aurait pas choisis.

» Les domestiques qui ne.sont pas dévoués- sont de bons domestiques, souvent, mais leur indifférence est odieuse, parce qu'elle se mas nifeste sans cesse.

» Quels sont lés meilleurs ? Ne cherchon pas.

» Dans dix ans, il n'y aura plus que deux sortes de domesti ques : les bons et les mau- vais. Mais ce ne sera pas le rêve. Car s'il nous sera toujours aisé de renvoyer les mau- vais - à cette époque-là nous ne pourrons plus garder jes bons.

» Les bons seront peu nombreux, leurs exi- gences seront folles, et nous n'aurons plus, pour nous consoler, la satisfaction d'avoir de mauvais domestiques dévoués.

» Car cette race aura complètement disparu.

i » Alors les valets de chambré et les cuisi- nières prendront des maîtres à leur service

Voilà. Et maintenant que .j'ai toute honte bue, je vous recommanderai encore le « Petit manuel à l'usage des gens qui ne racontent pas bien les histoires ou qui les écoutent mal ».

« Lorsque quelqu'un commence une his- toire, ne dites pas, radieux .

» - Je la connais.

» Lorsqu'une de vos histoires n'a pas porté n'ajoutez pas :

» - Et ce qu'il y a de plus rigolo, c'est que c'est arrivé.

» Non, n'ajoutez rien, faites-vous oublier. »

< Ne confondez pas' les histoires et les anecdotes. Ne parlez pas de vos parents. »

« Quand une histoire a bien fait rire, perdez l'habitude de dire :? « Jo la replacerai. » Nous savons tous que vous la replacerez, et mal. »

Mais, à côté de toutes ces gaietés, les lec- teurs convaincus que M. Sacha Guitry est uniquement gai, drôle, et fantaisiste, seront surpris peut-être de rencontrer une phrase émue, un mot grave. Je ne pense pas que M. Sacha Guitry ait eu le moindre dessein co- mique lorsqu'il a écrit :

« La santé, l'argent et l'amour nous procu- rent des plaisirs et nous assurent le-bon- heur - mais les plus grandes joies de la vie nous sont données par le travail.

» ... L'homme qui travaille n'est jamais ri- dicule. »

Et ceci :

« Les industriels, les boutiquiers et les bourgeois pensent sincèrement que, avec de l'argent, on peut toujours nous avoir.

» Qu'ils-cherchent, et ils verront que, dans l'oeuvre des plus grands peintres, les plus beaux tableaux sont ceux qu'ils ont faits de leur mère. »

Ainsi, peut-être faudra-t-il lire ce livre avec une autre envie que celle de rire, encore que M. Sacha Guitry ne nous en marchande pas les occasions. Et peut-être, sous l'humoriste dont les saillies nous récréent, faudra-t-il chercher - vais-je le dire ? mon Dieu Oui ! - un philosophe, assez amer, très pessimiste. Je vous le prouverais bien, si j'osais faire en- core des citations.

Louis Latzarus.

Échos

X>a Température

Il n'est point venu, le beau temps prédit pour le dimanche. Cependant, pour ctre juste, il faut reconnaître qu'il y'a eu une grande différence avec la veille. Le ciel est resté cou- vert toute la journée, mais nous n'avons eu qu'une toute petite ondée vers neuf heures et demie. Après cela, on a pu se promener tran- quillement dans Paris jusqu'au soir. Comme température : 16° le matin, 20° le soir.

La dépression, qui se trouvait samedi sur le nord de la France, continue à se déplacer vers le nord-est. La pression barométrique s'est relevée assez rapidement dans l'ouest de l'Europe, et à Paris nous avons eu, à midi, 7Ôomm7, au lieu de 756""" la veille. C'est rassurant.

Le vent est faible ou modéré des régions ouest sur toutes nos côtes ; la mer est hou- leuse au Havre.

La température s'est un peu abaissée sur nos régions. On n'a compté que 150 à Cler- mont-Ferrand, 160 à Belfort et à Nantes, 180 à Toulouse et à Brest, 24° à Algér.

En France un temps généralement nuageux, avec quelques pluies dans le Nord-Est, est probable ; la température va se tenir dans le voisinage de la normale.

(La température du 31 août 1913 était, à Paris : le matin 15°, le soir i8\ Baromètre 756T. Temps d'orage.)

Du Aeio York Herald :

A New-York : Beau. Température : mas., 30°; min., 22°. Vent sud-est. - A Londres ; Pluie. Température : max., 180 ; min., j6°. Vent nord-nord-ouest. - A Berlin : Tempéra- ture (à midi) : 26°.

Les Courses

Aujourd'hui, à 2 heures, Courses à Saint-Cloud (trot).- Gagnants du Figaro :

Prix Kasbath : Kremlin ; Keepsake.

Prix des Dahlias : Kilda Princeton ; Kiew.

Prix des Dagues : Jijona; Joie.

Prix de Croix : Klem : Yès.

Prix des Chemins de fer de l'Etat In Salah Halifax.

' Prix des Vendanges : Jijona; Joie.

Prix des Andelys : Ecurie Rousseau ; Iana.

A Travers Paris

Célibataires.

C'est décidément une « campagne » .qui commence, et ce sont des Cantaliens qui la mènent ! Des Cantaliens céliba- taires, bien entendu.

Leur protestation a été entendue et saluée avec joie par les « camarades » de beaucoup d'autres départements. Les célibataires du Cantal ont résolu de ne point payer l'impôt spécial, corporatif, si l'on peut dire, dont un projet de loi les menace ; et de Champagne, de Picar- die, d'Auvergne, de tout le Midi, des en- couragements leur arrivent : « Tenez bon! leur crie-t-on ; nous sommes avec vous ! »

Mais qu'est-ce que cela signifie, et quelle sorte de résistance les céliba- taires qui ne veulent pas payer l'impôt comptent-ils opposer au Parlement, si le Parlement est d'avis qu'un homme sans femme, ou, pour parler plus exac- tement, sans épouse, est la meilleure matière imposable qui soit?

On annonce qu'ils organisent, à Au- rillac, un banquet pour le 6 septembre ; attendez... Peut-être nous confieront- ils à ce moment leur secret. Il y a bien la grève. Or qu'est-ce qu'un célibataire qui fait la grève? C'est un célibataire qui se, marie.

On ne leur demande pas autre chose,

à ces boudeurs... Mais sans doute trou- vera-t-on, à Aurillac, que n'importe quelle concession serait préférable à ce genre de résistance-là. Oui, attendons le banquet, pour savoir...

Chaque année les préfectures, qui dé- livrent les permis de chasse, constatent que le nombre des chasseurs augmente.

A Paris, on a délivré cinq mille deux cents permis, soit trois cent vingt-huit de plus que l'année derniëre.

Voilà qui serait parfait, si le gibier augmentait en raison directe des chas- seurs. Malheureusement, c'est le con- traire qui se produit.

Il n'y a déjà presque plus de cailles, le perdreau commence à se faire rare, le lièvre tient encore ; mais combien de temps encore pourrons-nous chasser ?

Des pessimistes ont dit- que dans dix ans il n'y aurait plus de gibier en France. Voilà un pronostic un peu sombre, car enfin ces pessimistes se basent seule- ment sur le nombre croissant des chas- seurs.

Un recensement très approximatif du gibier est possible. On ne l'a point en- core fait. On songe à le faire.

La bonne propagande.

Minuit, place Pereire, à la terrasse d'un café où sympathisent volontiers des artistes, des écrivains, M. André Falize, le libérateur des pauvres chevaux aveuglés par les oeillères, est là, ache- vant dans un peu de fraîcheur l'acca- blante journée d'été.

Vient à passer un fiacre, lent, dont le cheval, tête basse, porte les oeillères classiques. M. André Falize regarde ; la voiture est bien tenue, le cocher sym- pathique, le cheval soigné. Quel meil- leur terrain de propagande ? Sur un signe, l'attelage s'est arrêté, M. Falize s'approche, et le petit cercle des habitués assiste alors à la plus curieuse conver- sation qui se puisse rêver. Le cocher, brave homme, s'intéresse peu à peu à la parole de ce monsieur, si jeune sous ses cheveux blancs, qui sait lui parler de son cheval. Il descend de son siège, vé- rifie les oeillères, les desserre, promet de les supprimer en accoutumant « Co- cotte ». Et « Cocotte», qui n'est pas in- grate, accepte avec reconnaissance le morceau de sucre que M. André Falize ajoute, en guise d'éloquente péroraison, à son discours.

On s'occupera demain du sort des fumeurs.

.- . L'administration convoque les débi- tants de tabac pour recuèillir leur avis sur les réclamations, qu'ils ont pu rece- voir de leurs clients les fumeurs, au sujet de tel type de cigares ou de ciga- rettes, de telle réforme à apporter dans la fabrication des allumettes qui, hélas ! ne sont point parfaites, etc.

Des débats de ce petit parlement très spécial pourront surgir d'excellentes ré- formes. Nous payons assez cher les pro- duits de la régie ; il était juste qu'on se souciât enfin de nos désirs.

La conférence qui aura lieu demain se renouvellera tous les trois mois, ce qui indique assez que la régie se rend compte du grand nombre des améliora- tions que nous attendons d'elle.

Il n'est point de partisans plus dé- voués que les amis de Balzac. Ils sai- sissent chaque occasion pour entretenir le culte qui leur est cher, se réunir, par- ler de leur idole. L'on ne saurait trop les louer de ce zèle pieux.

Hier ils sont allés un peu plus loin. Quelques-uns avaient annoncé une « cé- rémonie expiatoire » aux Jardies. Ils voulaient excuser auprès de Balzac la Société des Gens de lettres qui, en célé- brant ses noces de diamant, aurait trop oublié à leur gré le grand écrivain qui fut un des fondateurs de cette Société.

Au demeurant, tout s'est bien passé. L'auteur de la Comédie humaine doit être satisfait.

Juste requête d'un lecteur :

Monsieur le Directeur,

Vous arrive-t-il parfois de prendre à Saint- Cloud le train de Paris ? Je vous demande, en ce cas, - et si c'est, par la gare d'en haut que vous rentrez à Paris - do vouloir bien examiner l'état de l'incommodo passerelle qu'il faut franchir pour accéder au quai de départ.

On la balaye fort régulièrement, celte pas- serelle. Il m'est même arrivé de m'y heurter au balai diligent d'un homme d'équipe qui soulevait des nuages de poussière dans ce couloir, à l'heure môme où les voyageurs avaient à le traverser pour aller prendre leur train.

Le balai de l'homme d'équipe néglige pour- tant quelque chose. Il néglige les toiles d'araignée qui tapissent les murs de la passe- relle et qui sont là, toutes noires, lourdes de poussière et de charbon, depuis combien de mois ou d'années ? on ne sait pas.

Cette passerelle est certainement un des coins les plus malpropres de nos gares de banlieue. Serait-il possible au Figaro de le signaler ?

Nous le signalerons d'autant plus vo- lontiers que nous avons pu constater nous-mêmes l'exactitude de cette obser- vation. La Direction des chemins de fer de l'Etat, nous l'avons plus d'une fois reconnu, fait les plus grands efforts pour améliorer de toutes les manières les conditions d'exploitation de son ré- seau ; ? et le coup de balai que nous ré- clamons est de ceux qu'il est toujours facile de donner.

Le château de Langeais, si généreuse- ment offert en nue propriété à l'Institut de France par M. Jacques Siegfried, n'avait jamais reçu autant de visiteurs que cette année.

Tous le reconnaissent comme l'un des châteaux les plus intéressants de la Touraine, par le soin avec lequel il-a

été remeublé et décoré, autant que par son histoire même.

M. et Mme Jacques Siegfried en ont su faire un véritable- reliquaire.

Avant eux, un avoué parisien, M. Ba- ron, qui l'avait acheté en 1833, s'était déjà soucié de sa sauvegarde, avec une originalité qui mérite d'être signalée.

Les paysans avaient adossé au châ- teau leurs maisons. M. Baron leur pro- posa d'acheter ces maisons au triple de leur valeur si elles lui étaient livrées la première année, au double l'année sui- vante, au prix coûtant la troisième année; après ce serait un procès pour l'expulsion gratis.

On protesta d'abord, puis on réfléchit, enfin on se résigna à traiter au bout de la troisième année, et M. Baron eut ainsi à leur juste estimation les masures qu'il s'empressa de faire abattre pour dégager le château.

La fortune d'un socialiste.

Bebel, le fameux leader socialiste qui vient de mourir, n'était pas pauvre. De simple ouvrier, il était devenu patron avant d'entrer dans la politique mili- tante, et son ardent socialisme 11e l'avait jamais entraîné jusqu'au mépris de ses intérêts commerciaux.

Ce sens pratique et quelques legs so- lides de partisans enthousiastes lui avaient constitué une forte honnête ai- sance, et d'après les déclarations faites au fisc zurichois pour , le paiement des droits de succession, il laisserait à ses héritiers une fortune de 937,500 francs, c'est-à-dire tout près d'un million.

PETITES CURIOSITÉS

La sottise des proverbes nous laisse croire qu'on reconnaît un escargot à sa coquille ; il n'en est rien, et à la veille de la « saison », l'Union syndicale des préparateurs d'escar- gots de France nous invite à moins de crédu- lité. Son appel est d'un certain lyrisme : « Friands d'escargots, méfiez-vous !

« Voici septembre ! Aux devantures des limo- nadiers, des épiciers, des charcutiers, sur les tables des restaurateurs, les escargots, fleu- rant le beurre frais, additionné d'ail et de persil, vont réapparaître ! Mais il faut se mé- fier des escargots fraudés. »

Comment fraude-t-on les escargots ? Nous pensions, après avoir fait quelques dégusta- tions, que les restaurateurs peu scrupuleux introduisaient dans des coquilles de petits morceaux de veau et même des bouchons soldés à des prix dérisoires en raison des effarants progrès de l'alcoolisme. Nous prêtions aux fraudeurs une imagination qu'ils n'ont pas et des procédés encore plus noirs que: lenr préparation. C'est avec des escargots qu'ils fabriquent des faux escargots.

Car il y a escargot et-escargot. Seul, le « bourgogne » est estimable ; mais il est plus cher que le « petit gris ». Aussi met-on des petits gris dans les coquilles des bourgognes. Le Tribunal de la Seine ayant condamné cette sous-location d'immeubles, les fraudeurs ont inventé, pour éviter des poursuites, de placar- der des étiquettes sur lesquelles on peut lire : escargots décoquillés.

Voilà pourquoi nous devons nous méfier, suivant l'aimable avis de l'Union syndicale des préparateurs d ' escargots de France qu'on n'accusera pas de rester égoïstement dans leur coquille.

C'est ce soir qu'a lieu, à huit heures et demie, la réouverture des Folies-Ber- gère. Au programme : Montmartre! ballet du peintre Ad. Willette et Mme Mariquita, musique de M. Aug. Bosc, et une série de numéros plus prodigieux les uns que les autres.

Un taxi s. v. p.

On nous écrit :

Puisque les chauffeurs d'auto-taxis ont en- core des revendications à formuler, per- mettez à un simple voyageur de signaler à M. Hennion l'embarras dans lequel, à cer- tains instants, ces circulaires, excellentes d'ailleurs, placent ceux qui ont besoin d'un taxi.

Le stationnement axial ayant supprimé la maraude, lorsque nous voulons prendre une voiture, il faut que nous allions la chercher au milieu de la chaussée. Ceux qu'effraie cette aventure s'efforcent, du bord du trot- toir, d'appeler l'attention du wattman. Mais, comment y parvenir?On a autorise le sifflet. Mais le sifflet est sans beauté. Voit-on une jolie femme portant à ses lèvres un sifflet de métal et, pour héler un taxi, attirant sur elle l'attention des badauds ? Et puis, les agents aussi ont un sifflet, aux carrefours. Les chauffeurs s'y trompent.

Alors pourquoi ne ferait-on pas cc qui - du moins on me l'a assuré - se l'ait dans plusieurs villes d'Allemagne ? On disposerait sur les réverbères voisins des stations axiales un timbre où sonneraient les voyageurs dé- sireux de prendre un taxi ou un fiacre. Le son du timbre ferait tourner la tête au chauf- feur qui saurait ainsi qu'on le demande. Et nous ne serions plus obligés ainsi, pour mon- ter en fiacre, de nous exposer à mille morts.

Il paraît que là où le système du timbre a été adopté, l'installation des sonneries a coûté moins que rien et a donné d'excellents résultats.

L'idée est ingénieuse. Nous la soumet- tons à M. Hennion.

Nouvelles à la Main

- Où avez-vous passé le mois d'août?

- Dans la vallée du Cher.

- A Vierzon ? à Chenonceaux?

- Non. A Deauville...

- -

Les célibataires du Cantal.

- Pour protester contre le projet d'impôt sur les célibataires, les céliba- taires du Cantal, réunis à la mairie, ont décidé d'organiser un grand banquet de protestation.

- C'est plus fort qu'eux : il faut qu'ils aillent de la mairie à l'hôtel.

***

- Ils .ont décidé de ne pas accepter

d'être servis à table par de jeunes bonnes.

- Evidemment, ils veulent des vieux garçons.

***

-_ Leur président, qui a peut-être con- sulté M. Lintilhac, prépare un grand discours-programme :

- Oublions le passé, préparons le présent, pour ne pas être des futurs.

«**

- Enfin, un grand cri d'appel est adressé à tous les célibataires de France :

- Unissons-nous !

On parle du bicentenaire de Gluck, qui va être célébré au mois de juillet de. l'année prochaine. Quelqu'un remarque :

- Centenaire de Wagner, de Verdi, de Gluck... Jamais autant de centenaires n'ont été célébrés.

Calino, avec douceur :

- 11 faut bien dire que,' d'une.façon générale, on vit plus vieux qu'autrefois.

Le Masque de Fer.

A Sampigny

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Les fêles organisées par la municipa- lité de Sampigny en l'honneur du Prési- dent de la République et de Mme Poin- caré ont été célébrées hier avec une cordialité respectueuse cl émue.

Une retraite aux flambeaux à laquelle avaient pris part les musiques du 10" chasseurs et du 15i° de ligue, qui ont joué devant la propriété du Président de la République, avait parcouru les rues de Sampigny la veille.

Le matin, des salves d'artillerie ont été tirées tandis que les cloches sonnaient à toute volée. Toutes les maisons étaient pavoisées.

Puis une distribution de vivres fui, faite aux indigents. A deux heures, le sous-préfet de Commercy présida la cé- rémonie de la remise des médailles aux vétérans et aux sapeurs-pompiers.

Une jolie fête enfantine suivit.

Mme Raymond Poincaré, accompa- gnée du maire, M. Godin, et du colonel Aldebert, était arrivée à deux heures et demie. Des gerbes de fleurs lui avaient élé offertes par des jeunes filles. Elle dé- sira présider elle-même la distribution des jouets aux enfants des écoles publi- ques cl privées.

Le maire et le conseil municipal se sont rendus au-devant du Président venu à pied avec les officiers de sa maison militaire, et qui assista à la représentation donnée sur une scène dressée en plein air.

Après le spectacle, M. Poincaré, ac- compagné du maire, M. Godin, et du conseil municipal, a parcouru toute la commune.

Il a été longuemcnl acclamé.

Le Président de !a République reçut ensuite, dans sa maison de campagne, la municipalité de Sampigny.

Le soir, un feu d'artifice^ termina la fête.

G. D.

France-Espagne

UNE FÊTE SIGNIFICATIVE

(PAR DÉPÈCHE)

Biarritz, 31 août.

L'ami lié franco-espagnole s'est mani- festée aujourd'hui d'une façon signifi- cative par l'inauguration d'un monu- ment commémoratif de la dernière ba- taille livrée sur le sol espagnol, à Saint-Marcial, le 31 août. 1813, par l'ar- mée française, commandée par le maré- chal Soult, à l'armée anglo-espagnole commandée par Wellington, qui venait de s'emparer de Saint-Sebastien..

La fête avait été organisée par la ville frontière d'Irun.

Ce matin, quatre -automobiles pavoi- sées aux couleurs des deux nations ont amené à Irun les délégations françaises civile et militaire.

La délégation militaire comprenait le colonel Ducros, le commandant Astruc, le capitaine Labat, le lieutenant Ducos, qui se joignirent à MM. Forsans, séna- teur, maire de Biarritz; Garat, député, maire de Bayonne, et les représentants des municipalités des villes françaises voisines. .

Les hautes autorités civiles et mili- taires de la province de Guipuzcoa étaient aussi représentées. La musique du 49e de ligne prêtait son concours aux fêtes.

La réception a eu lieu à la mairie d'Irun où le drapeau français occupait la place d'honneur.

Les Français ont été partout salués d'ovations par la population.

Le cortège civil, militaire et religieux, et toute la population sont montés jus- qu'au sommet du plateau de San Mar- cial, où devait avoir lieu la cérémonie.

Quand le monument a été découvert, le maire d'Irun a prononcé un discours rendant hommage au mérite de cette phalange de Français et d'Espagnols qui prirent part au mémorable combat où il ne put y avoir ni vainqueurs ni vaincus, mais seulement des héros dignes de l'Histoire et de l'admiration universelle. Il conclut, en invoquant les relations de race et d'amitié qui unissent les deux nations, pour souhaiter qu'elles en res- serrent les liens et que les intérêts réci- proques des deux pays se développent dans la paix et la concorde mutuelle.

M. Garat, député, a prononcé ensuite, au milieu de frénétiques applaudisse- ments, une allocution vibrante, dans la- quelle il a défini cette fête commémora- tive qui est à la fois un souvenir aux hé- ros de 1813 et un souhait d'union entre l'Espagne et la France,, un hommage à