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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1913-02-28

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 28 février 1913

Description : 1913/02/28 (Numéro 59).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k289873t

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SOMMAIRE

Le 'Silence-: Abel Boxkaed. r ̃̃-̃ La Vie de Paris Les arts du jardin à Baga(elle J. C. N. F.

La fin des bandits tragiques: A condamnation/! à mort Georges Clahetie. Suicide .de Çarouy.

Pour la défense nationale Un crédit de S0O millions de francs. 1

La Question d'Orient Détente générale RayMONO RECOULY.

Les événements du Mexique.

Dessin Le cortège tragique Abel Faivre. La Chambre La loi de finances Pas-Perdus. De Francisque Sarcey à Jean Richepin G. D. Le Monde religieux La première lettre pasto-.L rate du nouvel archevêque de Cambrai JULIEN DE NaRFON.

tes grands matches de rugby France contre ̃ Pays de. Galles Frantz-Reichel.

feuilleton « A plein cœur » EMILE Nolly.

Le Silence

.Parmi les dépêches qui nous arrivent des Balkans et de la guerre recommencée, "il en est une qui n'annonce rien, mais quj, entre toutes les péripéties dont les autres nous instruisent, introduit soudain quelque chose- de calme et de rêveur. 11 paraît que cette Scutari d'Albanie, cette petite ville qui résiste maintenant sous un dôme de bombes et d'obus, était un des plus tranquilles séjours qu'il y eût au monde; que rien n'y troublait la sérénité des heures, que tout bruit inutile en était banni, que tout cri y était interdit comme une offense à la paix. Cela suffit pour que nous ne puissions songer qu'avec nostalgie à une telle ville. Celles où nous vivons sont bien ce qu'on peut imaginer de plus contraire. Le bruit y demeure l'excès perpétuellement permis à tous. Il est l'attaque que rien ne punit, il es l'arme qu'on laisse éclater dans toutes les mains, qui tue le repos, qui tue le sommeil, qui tue la pensée, et dont on n'a pas l'air de trouver qu'elle soit meurtrière. Il est le seul scandale que rien ne châtie, il mène impunément sa bacchanale par les carrefours,

Deux hommes cheminant de compagnie dans une rue un peu fréquentée, s'ils essayent de se parler, n'arrivent L plus à s'entendre. Du reste, il ne s'agit pas pour eux de causer ensemble, mais de sauver une vie que tout menace. De furieuses voitures passenten éranant le iirpttoH- une multitude "d'autres, lancées on tous sens, se frôlent, s'évitent, se déijasseiït si rapidement, qu'alors, même qu'elles ont failli se heurter, ceux- qui les conduisent n'ont plus le loisir d'échanger les injures obligées. Quelques chevaux, emportés dans ce courant, atdes temps déjà oubliés. Parfois l'accident éclate, arrête tout pendant t u-n moment; mais, pour une fois. où il;, est arrive, il en est mille il s'en est fallu 1 d'un rien qu'il survint ei ceux qu'une auto emporte ne savent même pas que ta mort les Li, effleurés. Des monstres nouveaux, .plus vastes et plus effrayants que ceux des anciens âges, cherchent en -barrissant t leur voie parmi ces embarras. Tout cela grogne, corne, -trompette, mugit, ël, dans cette débauche barbare. le vacarme n'a plus rien qui- le justifie, il s'exaspère sans raison et par plaisir, tandis qu'affolés parce fracas, effarés par ces avertissements dérisoires qui les assaillent de toutes parts, quelques piétons éperdus traversent ces rues ou l'homme a remis, par sa propre invention, presque autant de périls qu'il pouvait en redouter dans les forêts primitives.

Nos maisons mêmes ne nous défendent pas. Le tumulte extérieur y pénètre.1 Elles tremblent de haut en bas au passage des masses lancées dehors. Le téléphone fait une brèche dans les murs qui devraient nous protéger. Quand les progrès de la science auront complété et achevé les inventions déjà formidables qui mettent en poudre notre repos, que ceux qui nous téléphonent pourront par surcroît et par renfort nous dépêcher leur imagé', quand d'innombrables machines volantes traverseront le ciel, alors il semble bien qu'il ne subsistera pour nous nul asile, et qu'aucun de nos instants ne nous appartiendra plus. Toute solitude étant ruinée, une électricité infatigable apportera partout les nouvelles de toute la terre. D'immenses pancartes sïm poseront partout à nos yeux- l'homme vivra obsédé;, le monde ne sera plus qu'un cachot sonore.

**̃* ''̃̃•'

Tel est le train de notre civilisation qu'elle ménage peu et sacrifie volontiers cequi n'importe qu'à quelques-uns. Elle n'a d'égards que. pour les besoins des hommes les plus ordinaires, et une fois qu"elle les a respectés, elle se croit quitte avec l'honrine. Elle considère comme luxueux ce qui n'est nécessaire qu'aux activités les plus hautes. C'est pourquoi, sans doute, elle fait si bon maroh'é du silence. Celui-ci n'est en effet nécessaire qu'à la pensée, à l'art, à la prière, au rêve. C'est la couche de velours sur laquelle s'étend la paresse, et voûte d'argent sous laquelle médite l'esprit. Le bruit ne gène pas les travaux vulgaires. Il empêche seulement le labeur d'un Schopenhauer, comme il aurait troublé celui d'un Spinoza- Il n'y a donc pas à s'en soucier, ni à essayer de réduire ce qu'il cause de dommages. Cependant l'agitation qui nous entoure finit par entrer en nous. Les mêmes saccades secouent les machines et les gens; t-eux-ci précipitent leurs phrases, parient en tous sens, ne s'arrêtent dans au-an de leurs sentiments, et il n'y a pas ̃.oins de heurts et d'accidents entre /irs idées que, dans la rue, entre les ̃^itures. Si l'on voulait distinguer les p"p.voonnes et les séparer en deux classes,

on le pourrait aisément, en se demandant quelles sont, pour ainsi dire, celles qui ont du silence et celles qui- n'en ont pas. Celles-ci secouent sans cesse des mots et, si elles se taisent parfois, ce n'est que par nécessité et pour reprendre' haleine. Elles recommencent à parler aussitôt qu'elles ont des forces, elles ne réservent rien d'elles-mêmes. Leur âme est comme ces décors où la rampe.illumine le bord du théâtre,- mais dont une toile fait tout le fond: elle manque de perspective, de retraite et de profondeur. Ceux d'entre nous, au contraire, qui ont du silence, ne sont pas même ceux qui se taisent longtemps ni souvent, ̃ car. on peut se taire très platement, et il est charmant de parler, si c"est pour faire un présent aux autres et leur donner part à. la vie dont on est empli mais ce sont ceux qui.. ne livrent pas à tout le monde l'accès des sources ils se désaltèrent. Dès qu'elle est un peu précieuse, toute vie réelle s'entoure et se protège desilence; elle se fait son secret. Dans le monde du sentiment, dans celui de l'amour, c'est ce qui existe de plus beau et de plus vrai que nous sommes condamnés à ne pas connaître. A moins d'un hasard qui en-déchire les voiles, les amours les plus réelles, les plus profonds dévouements, sont faits, de leur nature, pour .nous rester inconnus, et, quand nous parlons.de devoir ou de passion, nous bavaatto««»<»fc--i*aisonnonvs sur un monde dont nous ignorons les plus merveilleux secrets. Ceuxd'entre lès êtres qui nous attirent et nous retiennent par un aimant plus subtil ne sont pas ceux qui parlent le moins, mais ceux dontnous sentons que leurs paroles, au lieu dé vendre et de trahir tout ce qu'ils gardent en eux, nous donnent seulement un signe de ce qu',ils renferment comme ces fonds qui s'étendent derrière les portraits, les mots que nous disons parfois ne sont beaux qu'autant que le silence déroule derrière eux ses' grands paysages.

̃'̃ ̃'̃

Il serait vain de vouloir s'opposer au progrès de la vie moderne. Mais, ce qu'on souhaiterait seulement, c'est que, pendant que ce progrès s'étend sur le monde entier, on concédât à ceux qui n'en font pas leurs délices quelques refuges, deux ou trois villes pareilles à ce qu'on nous dit de cette petite capitale sauvage de l'Albanie. On les laisserait s'y établir par condescendance, et ils vivraient là, assurés du mépris -de leurs

contemporains, satisfaits, néanmoins,

d'avoir leurs aises. En ce séjour, le silence serait un' .îlié'û "révère. ̃(%% 'y régnerait discrètement pondant la journée,, et y iriqmphe,rai^ pai; les, clairs de lune, quand, toute autre rumeur s'étant tue, il ne subsisterait que le bruit des fontaines, comme 'une broderie de, perles- au bas de sa robe. Là, dans celle-ville courtoise, les sages auraient,' parmi tes jardins, de belles et oisives conversations, avec toute la paix et le temps qu'il faut pour arriver à des vérités un peu délicates, et les amis se parleraient, en voisins, d'une fenêtre à l'autre. Là le silence, avec toute sa variété de nuances, baignerait les divers habitants de sa cité, voluptueux autour du paresseux, austère autour du philosophe. Car nous avons besoin de lui pour un plus grandtravail commepour un plue grand repos, nous en avons besoin pour avancer en nous, pour créer une œuvre ou prendre une résolution, et il favorise toujours les naissances sacrées. Au cours des dialogues où nous sommes le plus sincères, il est le dieu suave et charmant qui passe entre ceux qui s'aiment immédiatement avant l'aveu. Dans la petite ville élue où l'on garderait son culte, logeraient les sages, les savants, les amoureux, les poètes. Les musiciens mêmes y seraient reçus, à condition

qu'ils n'y vinssent que pour trouver l'ins-

piration, car il n'y a pas entre le silence et la musique une solution de continuité. Dans le silence, bien loin que le flot des mélodies tarisse, il passe seulement audessous du niveau de nôtre oreille, mais le fleuve n'a qu'à s'enfler et à grossir pour atteindre de nouveau à cette hauleûr où il nous inonde. Dès. que nous sommes pénétrés de quelque harmonie, le silence et la musique nous donnent

des plaisirs pareils nous ne les sépa-

rons plus l'un de l'autre et nous ne savons plus si le silence est de la musique qui s'endort ou la musique du silence qui s'éveille.

•> Abel Bonnard.

LA VIE DE PARIS,

Les Arts du Jardin à Bagatelle

L'air s'est adouci, les rosés nouvelles commencent à arriver de tous côtés dans les platesbandes de l'Orangerie, à Bagatelle. Les narcisses et les cydonias fleurissent. « Les Amateurs de jardins ^viennent de se réunir. C'était de l'exposition des arts du jardin, qui aura lieu dans tout Je- parc de Bagatelle à. la fin du mois de mai, qu'il s'agissait. Elle se rattache à deux idées, à deux ensembles, dont le Figaro a déjà parlé complètement. L'une, est l'ensemble de manifestations par lesquelles Paris et le gouvernement veulent cette année hono,rer la mémoire de Le Nôtre, à l'occasion du tricentenaire de sa naissance l'autre est cette exposition des arts décoratifs, dont M. Emile Berr expliquait hier, ici même, toute la préparation.

Et d'abord, puisqu'il est question de jardins, le tricentenaire de Le Notre est cértainement une date propice. Pendant que le buste du grand jardinier réplique de celui de Coysevox qui est à Saint-Roch prendra place contre le mur, d'un perron du jardin des Tuileries et rétablira ainsi une signature trop modestement omise sur cette œuvre parfaite, pendant qu'au pavillon de Marsan les souvenirs précieux de tout ce qui touche à l'histoire et l'art des jardins des époques antérieures à la Révolution seront n'-unis <•̃• \uv

exposition rétrospective du plus haut intérêt, à Bagatelle, dans les bâtiments, les peintres contemporains du' jardin dans- par;-?,' les objets mobiliers et le -décor du jardin ` feront un ensemble moderne qu'on voudrait se féliciter de pouvoir comparer avec .les œuvres anciennes exposées au pavillon de Marsan.

Et aussi' cette première tentative, pour laquelle les Amateurs de jardins, l'Union centrale des Arts décoratifs et'là Société nationale des beaux-arts ont réuni leurs efforts afin d'y amener tous ceux qu'intéressent le décor .du plein air et l'art français, serait comme un prélude, une préparation, à la part importante que devraient occuper les arts français du jardin dans l'Exposition internationale de 1916 ou 1920.

C'est donc non seulement une idée élégante et heureuse, c'est un effort utile. Les arts décoratifs ont été l'honneur de la France. Celui des jardins qui est d'une subtilité charmante fut au premier rang. Or, jardin et accessoires qui sont, en d'autres pays, l'objet de recherches d'une activité souvent très intéressante et parfois inquiétante, n'avaient plus assez tenté en France depuis nombre d'années les statuaires, les 'architectes, les décorateurs. C'est une tradition à reprendre. Sans doute, il eut fallu créer une suite de petits ensembles, des parties de jardin mais pour cela, deux ou trois ans de préparation sont nécessaires, ce sera l'effort à tenter à l'Exposition de 1920. Le Nôtre eût été surpris et ravi d'entrer hier dans les salons de l'hôtel Clermont-Tonnerre,' car il y aurait trouvé, à côté d"architcct€i>, dé peintres fameux et de sculpteurs réunis pour louer les beaux jardins et faire appel à tous les artistes français, bien des personnes dont les noms lui étaient autrefois familiers duchesse de Guiche, princesse de Poix, princesse de La Tour d'Auvergne, duchesse de Clermont-Tonnerre, marquise de Ganay, Mme 0. Raulin, Mme Jacques Beaudrier, comtesse de Beauchamp, comtesse de La Béraudière, MM. les, ducs de Luynes, de Noailles, de Clermont-Tonnerre, François Carpot, comte de Fels, Raphaël-Georges Lévy, Gaston La Touche, Edm. Sommier, Le Corbeiller, Jousselin,, Gravereaux, Pierre Roche, Corpechot. de Passillé, etc.

Après avoir cité quelques noms connus des exposants, dont on verra les oeuvres dans les jardins de Bagatelle, dans quelques semaines, noms retentissants Rodin, Bourdelle, Bouchard, Bernard, Quillivic, Lamourdedieu, Hallou, Greber, Sue, Abbal, Mme Besnard, Dejean Constant Lebourgeois, Duchéne, Vera, le président a montré que le nombre des adhérents admis à la toute jeune Société atteindrait bientôt le chiffre de mille. Souhaitons de savoir bientôt qu'en France aussi nous pourrons retrouver de beaux bancs et de belles' fontaines, des cadrans solaires et de»vascsvsans aller les chercher à l'êtraçig-pr et que les jeunes -gens, prbrnpts aux. emballements, qui veulent publier du moderneet trai- ter' sans" 'modération'- leurs compatriotes de vieux pompiers attardés,' n'iront plus' demandé leurs inspirations àMunich'ou à Vienne. Souhaitons' de retrouver les bons fruits et les belles fleurs dans nos vieux jardins bien ordonnés avec simplicité et parés de quelques œuvres de goût. Nous devons en parler.' Les jardins sont à la mode. Et c'est dans l'ordre. Caïn fit la première maison. C'est Dieu qui fit' le paradis terrestre. le premier jardin.

V ̃̃' J. C. N. F.

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Échos

JL~H~~3

Ira Température

La situation ne s'est pas modifiée. Toute, la journée d'hier le ciel a été couvert et, par intervalles des averses sont tombées. La température, en hausse, n'a pas fourni deminima inférieurs à $" au-dessus de zéro. A Paris, hier matin 5°; à quatre heures io°. La près-»sion barométrique, en baisse pendant la nuit, tend à' se relever légèrement. Elle accusait à; midi, 756mi"s. ̃ Une zone, de ^bas?es: pressions, s i étend sur

le nord de la France èt"*sur le- golfe clé Gas-

cogne.

Le vent est faible des régions nord sur nos côtes de la Manche et de l'Océan fort des régions est en; Provence où la mer est

houleuse.

La température a monté sur presque tout le continent. En France, elle va se tenir dans le voisinage de la normale. Des averses sont probables..

(La température du 27 février 1912 était, à Paris^ le matin, 10° au-dessus de zéro; le soir, '160. Baromètre 771°" Belle journée.) Monte-Carlo. Température prise sur la terrasse du Casino de Monte-Carlo à dix heures du matin, 12" à midi, 160. Temps .couvert. •- Du -Vew York'HeraU

A -New- York Pluvieux. Température max., 8°8; min., 5°5. Ventest. ALondres: Couvert, ondées. Température: mas., n°2; min., 6°. Baromètre 75s* Vent nord-nordouest. A Berlin Température (à midi) 70.

-=::J::>D-

̃•'•*•̃̃ Les Courses

Aujourd'hui, à 2 heures, Courses à Enghien. Gagnants du Figaro Prix du Bcauvaisis Danseur II Vie de Luxe.

Prix de l'Aisne: Urbaine; Clarisse Harlowe. Prix du Yerniaitdois Lancelot II; Aloës II,

Prixéii- Marin Passau Trémolo. ̃-

Prix Courcolet Urbanité Boston IV. Prix de la Dhuys Restigouche; Uphols- terer.

icdoc--

A Travers fParis

M. Léon Bérard vient de tenter auf Panthéon un essai qui paraît devoir modifier très heureusement la décoration1 d'abord prévue pour le monument. >• On sait que MM. Antonin Mercié et^ Marqueste avaient reçu de l'Etat la com-' mande de deux grands ensembles les généraux de la Révolution et les ora- teurs de la Restauration. Ces groupes devaient être placés sur les bas côtés du Panthéon, au fond du transept. Mais on a pensé qu'ils seraient mieux contre les pihers qui soutiennent dôme, et des maquettes figurant les groupes out été disposées à. cette place. L'effet est admirable. Les ensembles,

de Mercié et de Marqueste s'harmonisent ainsi parfaitement avec lé reste de' a décoration du– Panthéon*, et ils forment une sorte d'encadrement tout à l'ait heureux aux masses qui constituent le fond de la nef: « l'Apothéose de la Révolu tipn » M. Sicard.

On laissera ces maquettes exposées pendant, quelque temps pour permettre au public de juger cette nouvel le dis,position -qui, si- aucune critique sérieuse n'est formulée, deviendra définitive.

On a; dit par erreur, dans un grand journal du soir, avant-hier, que M. Etienne, ministre de la guerre, était décidé à se retirer si son projet de réforme militaire n'était pas accepté- ` La pensée du ministre de la guerre est tout autre.

̃ Certes, M. Etienne sait l'importance immense et l'urgence extrême qu'il y a à- mettre notre armée au niveau des armées qui peuvent avoir à se mesurer avec elle; mais ce n'est pas un document intangible qu'il va soumettre au présidentdu Conseil, puis au Conseil des ministres. r

Chacun de ses collègues, après M. Briand, donnera, son avis motivé, ses indications personnelles, ses renseignermérite, etc. et de cette discussion d'ensemble sortira le projet définitif que ^L^Etienne soutiendra devant sla-Ghami(4)ïc au nom du gouvernement tout entier.

Ce n'est que dans le cas, fort improbable, impossible même, où il serait convaincu de l'insuffisance des mesures décidées et où il redouterait leurs conséquences pour la sécurité du pays, que M. Etienne se verrait amené à offrir sa démission. Mais rien ne permet de supposer une telle issue dans un débat où tout le monde est, au contraire, unanime à tenter le plus patriotique et le plus gigantesque effort.

La Chambre est, d'ailleurs, sur cette question de la défense nationale, en parfaite harmonie de pensées et de décisions avec le gouvernement tout entier et de son côté, le gouvernement est absolument résolu à présenter la loi que les circonstances présentes et les enseignements du passé rendent indispensable.

Il n'y a donc aucun dissentiment à redouter d'aucun côté.

La foule aux grands procès.

Il y avait, au procès des « bandits », une.eonsigne impitoyable pour ne point laisser envahir la Cour d'assises pai' tes, am'àïfeurs de sensation une fois de plus les dames eu ont 1 triomphé.

'On "s'est toujours écrasé, à Paris, aux procès célèbres ainsi, à la tin du dixhuitième siècle, lorsqu'on jugea l'infortuné marquis de Favras.' C'était en janvier 1790. « L'affluence du monde qui environnait le G'ïâtelet écrit à l'époque l'auteur atibnyme des Réflexions mr l'! jugement et la mort de M. de Fatras ne permit point aux journalistes de parvenir au Tribunal où s'instruisait cette affaire. Les cousines, les amis des grenadiers et* quelques petites-maîtresses s'ouvraient aisément un passage qu'on refusait au reste du peuple. La vérité fut outragée par les rapports de ces petits êtres aveuglés déjà par le fanatisme national, et les feuilles furent remplies de calomnies d'autant plus dangereuses que le peuple avait intérêt. « à les adopter pour obtenir ses fins.

Les journalistes ont aujourd'hui leurs entrées assurées à la Cour. d'assises, et il faut reconnaître, à la louange de M. le président Couinaud, que si les cousines des grenadiers et les petites-maîtresses y ont fréquenté ces jours-ci, elles ne se sont pas fait remarquer!

r Les remaniements de la place de. la Concorde viennent de donner lieu à une découverte curieuse.

Les terrassiers on mis au jour, à trois mètres au-dessous du sol, une canalisation en poterie vernissée, eton a reconnu que c'était là une section de l'aqueduc des Tuileries,, construit par Bernard Palissy pour Catherine de Médicis. Un fragment de cette poterie de Bernard Palissy a été soigneusement extrait des fouilles et transporté dans le cabinet de l'ingénieur en chef du service des eauX) il sera conservé.

Les six maisons.

Dans quarante-huit heures s'ouvrira le concours annuel des « maisons neuves ». Les concurrents sont les propriétaires, les architectes et les entrepreneurs des maisons d'habitation construites dans Paris durant l'année qui vient de finir. Pour chacun des six immeubles primés, trois récompenses sont donc décernées le propriétaire lauréat est exempté de la moitié des droits de voirie l'architecte reçoit une médaille d'or: une médaille dé bronze est remise à l'entrepreneur.. Après quoi, une petite note .communiquée aux journaux nous fait connaître les adresses des maisons primées, et c'est toui.

Ne pourrait-on faire mieux, et nous les montrer en effigie, ces. maisons-là, comme on nous montre, chaque année, à. l'Ecole des Beaux-Arts, les compositions des lauréats du prix de Rome? Sans doute, le jury qui décerne ces récompenses ne peut qu'inspirer confiance aux contribuables parisiens. Il est composé de sept conseillers municipaux, du directeur des services d'architecture et des promenades et plantations de l'architecte-voyer en chef et de trois architectes choisis parmi les concurrents. Mais plusla compétence et l'équité de ces juges sont certaines, plus il serait intéressant qu'une exposition publique de dessins, de plans, d'aquarelles des maisons primées (certains de nos architectes sontdes peintres distingués) rwu-s renseignât sur ce

concours. Il serait intéressant pour nous de savoir en quoi consiste, aux yeux du ..Conseil municipal j la commodité d'une maison, la beauté d'une façade, et, par conséquent, pourquoi les six maisons. primées l'ont été- Et à. supposer que l'opinion de la critiqué ne ratifiât point celle des juges municipaux, ne pourraitil résulter de ce désaccord esthétique un petit débat .très instructif pour tout le monde? '•̃_̃

.o-ocic~-

Le coup de la chaîne.

C'est le dernier mot de l'escroquerie une invention d'une admirable psychologie qui fait que la victime est en même temps complice et. ne .peut se plaindre ni protester. Depuis trois semaines, les filous qui l'inventèrent l'expérimentent en* toute impunité. ̃ i La .tactique est simple. Entre dix-heures du soir et minuit, le filou choisit ses victimes employés, domestiques qui rentrent, humbles gens fatigués par le travail de la journée. Le filou marche lentement dans la rue et dès qu'il est rejoint, il pousse un cri Pardon, madame hé monsieur, vous perdez quelque chose. Et il se penche et se relève, avec une chaîne dans les mains Voilà votre chaîne. ̃

Mais.cette chaîne nlest pas àjmoi. Ah! Alors nous l'avons trouvée. tous deux. Tiens, il y a encore l'étiquette. cent cinquante francs. C'est une belle chaîne. Mais qu'en ferais-je? '? Gardez-la. Elle est à vous aussi bien qu'à moi. Donnez-mpi un petit dédommagement, deux louis, un louis.

Vous imaginez la tentation dans la rue déserte. Les moins délicats y succombent ah non, ils n'iront pas au commissariat attendre un an et un jour la légitime possession de l'objet trouvé; ils vident leur petite bourse et sont punis dès qu'ils constatent à la lumière, dans leur chambre, que la chaîne est en « toc » et ne vaut pas vingt sous. Les passants qui n'acceptent pas le marché ne songent qu'à rentrer chez eux, à fuir la mauvaise rencontre. Ils pressent le pas, et l'escroc continue un peu plus loin son exploitation doublement malhonnête. ]»ps « poukqvoi »

Pourquoi les femmes les plus gâtées sontelles particulièrement sensibles aux tout petits cadeaux?

Pourquoi les gens qui portent des paquets sous le bras ont-ils un penchant à s'arrêter, pour regarder les étalages, sur les trottoirs les plus étroits ?

-Pourquoi,- dans "la ru^îtïs jé|$né"s 'filles qui marchent en troupe ne rient»elles jamais de meilleur cœur que lorsqu'une voiture a failli 'les écraser ? ̃,̃'̃'̃'•

̃ ̃

/•Pourquoi, quand on s'éveillè'la nuit avec le désir de savoir l'heure, est-ce, en général, une 'demie qui sonne ? Pourquoi- la suppression, de l'adjectif cher à. côté du substantif ami (bonjour, ami.), indiqûe-t-elle' que l'ami nous est beaucoup plus cher que si nous l'appelious «cher' ami»?

-c-<>o-c--

L'obélisque de Montmartre, dont nous parlions l'autre jour, n'était pas seul menacé par le percement de la rue Juno t.

Le Moulin de la Galette lui-même se trouvait sur un alignement inquiétant, mais entin tout s'est arrangé. Ce moulin sera sauvé, et même, autour de lui, on dessinera, pour l'encadrer à souhait, un joli square.

Sait-on d'ailleurs qu'il a gardé tout son mécanisme et tous ses aménagements anciens? `?

L'escalier du meunier est toujours praticable et conduit à la chambre d'où l'on orientait le moulin dans le sens du vent à l'aide de la vieille barre encore intacte; et les ailes pourraient fort bien tourner.

Elles tournèrent pour la dernière fois il n'y a que dix-huit ans, en 1895. Jusqu'en 1878, les meules du Moulin de la Galette avaient débité de la farine de froment; en 1895 elles servirent à moudre. de l'iris!

Oui, les pierrots de Montmartre se poudraient alors et se parfumaient de l'iris du Moulin de la Galette. Et ils pourraient continuer, car le Moulin n'a pas dit son dernier mot.

-<>-<>0-0-

Les contrefacteurs sont gens utiles et même précieux. Tels ces oiseaux pillards qui ne s'en prennent qu'aux bons fruits, ils n'imitent que les marques vraiment excellentes. Et l'on pourrait dire de la contrefaçon ce que Fénelon disait de l'hypocrisie, quand il la qualifiait d'hommage forcé rendu par le vice à la vertu. Nous n'en saurions citer un meilleur exemple que les concurrences si nombreuses suscitées par l'Anisette Marie Brizard et Rog/er. Elles ne font qu'accroître son prestige.

Chaque notion que les Français acquièrent sur l'Allemagne est une arme de plus pour laFrapce.,L!^Ufema^«,c mo-

derne iuustrèe, par Jules Tïuret, "dont le

1er fascicule est en ve%te partout, au prix exceptionnel de 0 fr. 50, leur apportera, à ce sujet, de précieux renseignements sur l'industrie, le commerce, l'armée et les progrès de l'Allemagne. (Pierre Lafitte et Cie.) _o_o<

De Nice .•:

« Le Casino municipal avait organisé, hier, au profit dès blessés des Balkans, une représentation dont le succès fut triomphal on donnaiL Rigoletto avec une interprétation d'un éclat extraordinaire, qui réunissait sur la même affiche les noms des deux grands artistes Mlle Barrientos et M. Renaud, el, ceux de Mme Thévenet, de MM. Dévriès et. Cotreuil. La foule qui se pressait dans la salle arehicomble acclama l'œuvre et ses magnifiques interprètes; elle versa avec joie des oboles -supplémentaires

flux gracieuses artistes. du Casino qui: vendaient' .le programme, et la recette totale atteignit quinze mille francs. »

-=::>oc;

Nouvelles à la Main

Ma chère nièce, que je vous gronde. Depuis le commencementdu carême, on ne voit que vous au théâtre, dans les dîners, les bals. C'est votre façon de faire

pénitence. ̃ ̃

-Oui, marraine, puisque je me'fais accompagner par mon mari.

Vous. irez à ce grand combat do boxe dont on parle tant?

Non, ce, sont deux blancs qui se rencontrent: ca m'attriste. J'aime mieux des combats de nègres.

Vous voulez toujours broyer du noir,

Eh bien, Toto, tu t'es amusé à cette matinée de mi-carême. La pantomime était drôle? ̃ Non, maman, aucun des acteurs no savait un mot de son rôle.'

̃ ̃ •• Le Masque.de;Fer.

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LA ~~1N

des Bandtetragiques Quatre condamnations à mort Aveux de Callemin. Suicide de Carouy

Jusqu'au bout, l'affaire des bandits en automobile aura été tragique. Après dès débats qui avaient lassé l'attention, elle s'achéve parmi les coups de théâtre. Aux quatre condamnations capitales prononcées, à l'aube, parle jury s'ajoutent les aveux d'un des condamnés a mort, Callemin, s'accusant d'être l'agre'sseur de Caby et innocentant Dieudonné de la tentative d'assassinat de la rue Ordonner qu'il impute à Garnier. L'expiation prématurément subift par ce dernier permettait à Callemin cet accès de franchise. S'il a dit la vérité, il a ainsi déchargé sa conscience, et sauvé la tête d'un de ses coaccusés; sinon, il y gagne les salutaires délais que lui peut procurer un supplément d'enquête. Puis, l'audience levée, se produit le mystérieux suicide de Carouy, à qui le .jury avait .accordé es circonstances atténuantes imprévues et qui s'empoisonnë.à la Conciergerie,- avec du cyanure de potassium –'Venu- on ne- sait d'où.' Mais ce ne sont là' qu'incidents- di'a-matiques, émouvants, passionnants, certes, mais secondaires.. Justice est faite et bien faite. On lira plus loin les. contradictions de, détail de ce. verdict contradictions que n'explique que trop l'effort d'une séance démesurée et les difficultés d'un interminable questionnaire. Dans l'ensemble', la sentence est bonne. Les jurés ont appliqué la loi dp leur mieux « en hommes probes et libres » et. courageux.

Les dernières heures de ce long procès valent d'être contées par le menu et L notre excellent collaborateur Georges Clareticen a noté les incidents avec sa coutumière exactitude pittoresque.

'̃̃ t\ DERNIÈRE AUDIENCE La. dernière audience, commencée à midi, se termina à huit heures et demie du matin. Elle restera désormais historique dans les annales judiciaires, car jamais on ne vit délibération du jury aussi longue: commencée à trois heures de l'après-midi, elle ne .prit fin que vers six heures du matin.

Ce fut une audience inoubliable. Lorsqu^à trois heures de l'après-midi, les jurés montèrent dans la salle de leurs délibérations, emportant la feuille contenant les 383 questions qu'ils avaient à résoudre, on pensait qu'ils seraient longs, très longs, et que le verdict ne serait rendu que lard dans la nuit. Nul ne pouvait pourtant prévoir qu'il ne serait rendu qu'à l'aube. Malgré les nombreuses questions, il semblait assez facile de se mettre d'accord; en effet, ces questions multiples se réduisaient en réalité à vingt et, logiquement, on pouvait croire que les jurés, examinant le cas de chacun des accusés à tour de rôle, se demanderaient « Qu faisonsnous de Carouy, de Callemin? Les acquitte-t-on ? Les condamne-t-on? Et ,à quelle peine? Leur donne-t-on, oui ou non, des circonstances atténuantes? » » Ils ont voulu faire mieux, et à chaque question visant chacun des accusés, ils se.sont demandé si pour chaque crimw il méritait des circonstances atténuantes. Alors, dans leursalle cloîtrés comme des cardinaux pour un conclave, ils firent plus que le tour du cadran pour aboutir à un verdict qui surprit. On parle de la réforme, du jury ;la plus.' simple, la meilleure, serait d'adjoindre aux jures tout simplement un magistrat'pour les guider et les éclairer.

La journée passa, les heures succédèrent aux heures; on alluma les lampes électriques, ceux qui pouvaient quitter la Cour d'assises (et c'étaient de rares privilégiés) allèrent dîner au buffet du Palais ou dans les' environs; les autres, cramponnés à leur siège, pouvant à peine bouger, bousculés, entassés, étouffant, -attendaient un jury qui ne descendait toujours pas. Puis, ce fut la nuit, et dans le Palais obscur, malgré la consigne, sévère, et les gardes municipauxen armes lafoulearriva. Elle venait de partout, s'infi 1 Iran t par tou tes 1 es portes f orçan t tout e s les consignes des«curieux, des femmes élégantes, des magistrats. Etpeu'àpeu, la salle fut envahie. Une salle amusante, d'ailleurs très parisienne, où l'on se montrait des personnalités connue.1;. De-