Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 6

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1912-09-21

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 21 septembre 1912

Description : 1912/09/21 (Numéro 265).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2897122

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67%.


Aujourd'hui réclamer .1.1

Je SUPPLÉMENT LITTÉRAIRE 1, Délivré gratuitement

so:m:3m:.a.i::re

Soir de lune GÉRARD d'Houville.

La Vie hors Paris Petite histoire d'un homme trop grand Régis Gignoox.

La circulaire Guist'hau Poursuites contre les instituteurs syndiqués: Maxime Girard. Les Affaires marocaines: Situation à Marrakech. A l'Etranger Une menace pour la Triple Entente RAYMOND Regodly.

Accidents de route JEAN DE PARIS. Un an après: L'énigme allemande GEORGES BOURDON. 1.

La garde des sceaux Frantz-Reichel. Les Théâtres Thédtre-Impérial « La Petite Jasmin » ROBERT DE FLERS.

Feuilleton Le revenant GEORGES OHNET.

SOIR DE LUNE

C'était l'heure où rentrent les gens 'raisonnables. et moi aussi j'étais ren'•trée parce que le froid m'enveloppait avec l'ombre bleue, que le soir perfide baissait tomber sa rosée dangereuse et ique, d'après tous les préceptes qui nous 'accablent, il vaut mieux être parfois .prudent.

J'étais rentrée, mais à regret, car la ilûne brillante se levait derrière les arbres plus noirs, et elle semblait d'un or glissant et savoureux comme le miel. De mon balcon je contemplais la douce f' ine paisible, et une petite chauve-souis vint danser et tourner dans l'ombre 'argent, et sur le ciel bleu de lin, de ;,plus en plus éteint et pâle, elle étendait ^désespérément ses ailes crochues,comme si elle espérait trouver à travers l'espace iun petit rayon auquel elle pourrait se isuspendre .par une griffe, afin de se reposer un peu.

Et puis je vis scintiller une étroite étoile une seule, qui avait l'air dans tout tee grand ciel d'une enfant perdue dans un désert sans limites. Et il n'y avait plus irien dans le soir mystérieux, amical, et tranquille, que la belle lune blanchissante et l'étoile dorée, et la chauve-soũjfis dansante et noire. Et tout était doux. Et j'ai compris tout à coup que l'étoile clignotait à mon adresse, quèia ehàuyesouris traçait dans l'air gris des carac'tères que je devais déchiffrer, que la lune m'invitait à aller la voir danser làbas sur les belles prairies, sous les vieux châtaigniers aux vastes branches tourmentées. « Viens », disait le regard lointain de l'étoile. a Viens », gambadait aériennement la bestiole infatigable. « Viens », soupirait la molle lune maintenant tout argentée et suspendue entre les branches ainsi qu'un fruit merveilleux. « Viens, me disaient la nuit et l'ombre, que redoutes-tu ? Viens sans tarder. Un beau soir passe si vite. et plus jamais il ne revient. »

Et j'ai brusquement compris toute la folie de me ranger parmi les gens raisonnables. J'ai jugé que rien n'était plus sage que d'accepter l'invitation de la lune, de l'étoile et de la chauve-souris. 0 douce nuit irrésistible! je me suis glissée dans tes chemins de noir velours; entre deux peupliers aigus et sombres auxquels tu donnais l'apparence des cyprès d'Italie, l'étoile solitaire me regardait très tendrement; et les dansantes ailes dentelées disparurent tout à coup derrière la lune, ainsi que les pages noircies et consumées d'une lettre amoureuse que tu m'aurais adressée, et qui, désormais inutiles, se disperseraient à ton souffle obscur.

̃ ̃̃

Dans les chemins charmants j'ai suivi la clarté que j'aime. La limpide voix des ruisseaux cachés, qui rafraîchissent ici. presque tous les sentiers, m'accompagnait d'une chanson pure et je ne savais plus très bien si ce n'étaient pas des rayons de lune qui s'écoulaient ainsi, en murmurant, tout le long de la route sombre. Des silhouettes de paysans passaient, plus nobles d'être si noires; et les bestiaux rentrant à l'étable confondaient presque avec l'ombre leurs masses lourdes et, balancées. Ils me 'faisaient songer aux beaux vers, où s'avance le « char de la Nuit » et je m'imaginais qu ce char taciturne on allait les atteler ce soir.

Leurs pas assourdis, l'appel bas et traînant des bouviers attardés troublaient à peine le silence qui se refermait ensuite sur les échos éteints, ainsi qu'une onde immense après un sillage. Je ne reconnaissais plus les champs, les vignes, parcourus pendant les journées. Tout était transformé en quelque chose d'étrange et de magique; et seule avec toi, nuit profonde, je sentais combien je te préfère et combien tu m'aimes. La lune capricieuse disparaissait parfois derrière les haies, les arbres ou les fourrés; sa corne luisante perçait les feuillages, tout à coup, comme celle d'un œgipau tapi ou d'un bouc noir bondissant au sabbat. Ou bien amollie et conique, elle retombait sur une oreille invisible, tel le bonnet d'argent de quelque fou de féerie. L'air frais m'enivrait de promesses singulières. J'avais envie d'appeler Rosahnde qui, sans doute, m'attendait assise là-bas dans la prairie, où j'allais entrevoir Ariel dormant dans une toile d'araignée. Tout existe, je le sais bien toutes les chimères peuvent être vraies, tous les êtres imaginaires et presque divins vivent en nous et autour de nous, et nous les verrions si nous savions voir. Mais nous fermons nos yeux et nos oreilles incrédules; et cependant, ô nuit sournoise! nuit qui connais tant les secrets, moi j'ai con-

fiance dans tes ensorcellements et dans tes mystères, et je sais que, si j'en suis digne, tu voudras me laisser sous les grands arbres noirs rencontrer enfin les dryades. (

Voici le pré, le grand pré qui s'étend ainsi qu'un tapis brodé de flammes douces et droites qui sojit les mauves colchiques. On ne les voit pas ce soir; mais je les connais; je les sais là, et il me semble que je les vois se dresser entre les brins d'herbe, les vacillantes « veilleuses des prés ». Mais comment apercevrait-on leurs lueurs languissantes, quand la lune élève sa lampe et verse sur les herbages humides sa clarté froide et nacrée? Elle joue derrière les grands arbres; elle brille entre les branches, rit sous les feuilles, se cache, se montre; sa semelle d'argent glisse un instant, sur la prairie; sans doute elle va danser. Mais, prompte, elle s'esquive, et, de nouveau, entre les troncs si noirs, elle apparaît, malicieuse. Puis voici qu'elle s'étend, lasse et si longue, la clarté blanche; la prairie tout entière reçoit son repos étiré, et toutes choses se font paisibles, ah si paisibles!

Mais je ne reconnais plus les arbres. ;Le jour ils sont bienveillants; ils cour- bent sur mon front leurs verts rameaux au luisant et riche feuillage; ils m'accueillent, ils me retiennent, ils me gar- dent dans leurombre. Mais, ce soir, leur groupe touffu me semble plus compact encore. Ils se sont, dirait-on, rapprochés pour dormir et pour mieux défendre leur repos contre les animaux et les hommes. Ils étalent tout autour d'eux une obscurité redoutable. Leurs grandes branches sont des gestes durs qui veulent repousser les intrus. Ils me font presque peur. Je sens qu'ils veulent qu'on respecte leur sommeil et leur solitude. Ont-ils même permis à quelques faibles oiseaux qui pèsent si peu de se blottir sous leurs frondaisons? Je ne sais. Ils sont alourdis de silence, péné- trés de nuit. Ils sont augustes et hostiles.. Arbres 1 nobles arbres immobiles amis 1 est-ce bien vous qui, hier, encore, en plein soleil, m'abritiez sous vos ramures aérées? Quelle force étrangère, à jamais, cette nuit, vous habite et vous transforme? Droits ou penchés, de formes tourmentées ou sereines, vous êtes muets comme des gardiens, armés comme des guerriers; Vous défendez les secrets de la nature, et, cette nuit encore, arbres inflexibles vous ne me permettiez p|? de dirg bonioir à .yos

dryades.

.-••• y ̃ j '̃̃̃'̃ ̃̃̃

Et je suis revenue par les chemins brillants que, sous mes pas, pour me consoler, traçait la lune. Elle baissait à l'horizon et sa lueur se répandait en nappes incertaines. La. petite étoile clignait toujours entre les si hauts peupliers, et la chauve-souris au détour duchemin, réapparue, gambadait ironiquement dans l'air moins argenté. Elle se moquait sans doute parce que, une fois de plus, je n'avais rien surpris des secrets nocturnes, qu'une fois de plus je m'en retournais sans avoir rencontré les fées, sans avoir entendu monter du ravin noir le son de la flûte des faunes. Riez, petite étoile 1 moquez-vous, ô petite créature, ivre et folle Un soir viendra où je découvrirai toutes les merveilleuses choses cachées, je participerai au mystère universel, où je comprendrai la voix du vent dans les grands feuillages et le soupir des fleurs entrouvertes. Et, tenez, voilà la lune qui disparaît. elle ne me quitte qu à ma porte. C'est que le soir charmant n'était qu'un page vêtu de noir et de bleu coiffé comme un joli fou du bonnet cornu de la lune, il vient de le retirer tout simplement, en me saluant jusqu'à terre, après m'avoir fort galamment, jusqu'à mon seuil, escortée et accompagnée.

Gérard d'Houville.

L.A VIE HORS PARIS

Petite histoire

d'un homme trop graùd

Tous ceux qui virent le grand Cot avaient besoin de réfléchir autant que Calino pour imaginer qu'il avait pu,tout d'abord,être petit. Comme dans le premier tableau d'une image d'Epinal, on n'avait vu qu'un poupon sur les genoux de sa mère. Au second tableau, la mère le portait a bout de bras, et il riait, il était content; alors, elle le montait bien haut, bien haut, encore plus haut presque à la hauteur qu'il devait atteindre pour être malheureux toute sa vie.

Troisième tableau le petit Cot grandit. La mère Cot est fière d'avoir un si bel enfant et le père Cot accepte en riant les plaisanteries épicées des commères du village. Puis, tout d'un coup, le médecin s'arrête devant la porte le père et la mère s'inquiètent « Méfiez-vous, il grandit trop vite, ce garçon ». Mais l'enfant s'amuse de tous les avantages que sa taille lui donne sur les gamins. A l'école, il est le maître de la récréation après l'instituteur, comme le commandant d'un navire est le maître après Dieu. Il exerce la justice et il donne des récompenses. En revenant de la classe, on l'appelle pour marauder les fruits.

Onze ans. Il a perdu son prestige. Les dàmarades du catéchisme l'appellent « l'échalas et, à la première communion, il est le tlernier du cortège. On l'envoie aux champs, mais il n'est pas solide; on dirait qu'il plie sous les vents d'hiver comme un bouleau. Il se lasse vite; il tousse trop facilement; non, cette jeunesse n'est pas gaie, et les tristes sorties de la messe, le dimanche, avec des pantalons toujours trop courts.

Enfin, la conscription l'amusement du major, la curiosité du préfet, et, le lendemain, la publicité des ^journaux « Le plus grand conscrit de France se nomme Cot c'est un

géant, etc. » Puis, la caserne et ,les ,blâ|ueS" des. camarades «Non, mon vieux; à la guerre, qu'est-ce que tu prendras t » Et les regrets du colonel: « S'il était plus large d'épaules, plus solide, quel tambour-major nous aurions »

Un beau jour, il se trouve dans son village il est libre, et l'exercice l'a agrandi. Il mesure deux mètres, vingt-neuf centimètres Que peut-il faire, toujours essoufflé, lent, endormi ? Un cirque passe un soir sur la place de la Mairie. Le directeur est émerveillé parle géant. En traversant une ville, il prévient un imprésario qui accourt. Enfin, l'enfant gagnera de l'argent. Il sera phénomène Il commence par une petite troupe, en baraque, à l'acétylène, comme on dit dans la corporation. Il débute en même temps que deux ours, un violoniste manchot et une femme panthère. Il a tout le succès. Il entre dans un 'grand cirque, au gaz. Et, trois mois après, dans un vrai music-hall, à l'électricité « Mesdames et messieurs, dit l'imprésario (qui est devenu Anglais), je vous présente le géant Cot, deux mètres, vingtneuf centimètres, avant qu'il ne parte en 'n Russie, en Angleterre, en Amérique, en Australie. Ce géant n'a que vingt-quatre, ans. Admirez comme il me domine. Il va parler, chanter une chanson et il serrera la main des dames.

Et Cot serrait la main des dames ;c'cst-âdire qu'à la manière dont un éléphant allonge sa trompe, il- étendait son bras interminable et il touchait des petites mains qui se retiraient, avec un' frisson' de peur très perceptible sous les gants. Et il marchait, pour amuser les enfants, à enjambées de Gulliver. Il voyagea. Il fut la grande attraction mondiale. On le payait si cher, en Amérique, qu'il avait fini par avoir une grande opinion de sa personne. Mais, quand il roulait dans le Pullmann, àl'ahurissement des.nègres, il se baissait pour regarder par la portière les champs immenses et son instinct de paysan le reprenait et il était, assure-t-on, silencieux pendant des heures. On n'entendait, que ses grandes jambes sous les banquettes.

Un soir, il dut interrompre sa tournée. Il était trop faible il toussait comme au temps où il était berger; et plus précisément, un autre géant le rejoignait.dans les music-halls et le ruinait un géant cosaque qui ne devait .pas être aussi grand que lui, mais qui portait un bonnet pointu et des bottes avec semelles intérieures. Cot dut rentrer au village natal, près de Sainte-Affrique, dans l'Aveyron. Ses amis reconnurent tout desuite qu'il avait, pour ainsi dire, rapetissé, car sa tête était descendue dans ses épaules voûtées. C'est le menuisier du village, obligé de scier des planches d'une longueur inusitée, qui a constaté pour la dernière fois sa taille de deux métrê^ yingt,-neuf centiraéres. Çarle géant est mort hier, à vingt-neuf ans, parce qu'il avait été trop grand.'Il à été pleuré par les journaux de l'Aveyron, comme d'autres hommes qui avaient voulu dépasser leurs semblables ont été chantés par les poétes. Bégis Gignoux.

1

Échos i

JL~~ii\~0

4 La Température

Malgré la grande fragilité des pronostics, quand il s'agit de questions atmosphériques, il est cependant permis de dire, et même de croire, qu'en ce moment nous sommes en pleine série de beau temps. Après les agréables dernières journées, que nous venons de passer, celle d'hier ne laisse rien à désirer non plus, et la pression barométrique semble justifier nos prévisions, car, dans presque toute l'Europe, le baromètre voisine avec une hauteur de 77imm, et hier, à Paris, il accusait 769mm4. La température s'est encore abaissée sur l'ouest et le centre du continent. Hier, à Paris, le thermomètre marquait 7° seulement au-dessus de zéro, à midi il était à 130 et ne dépassait pas 150 de la journée. Des pluies sont tombées dans le Nord et le Centré en France, le temps est beau partout, avec, il est vrai, une température très fraîche, mais n'oublions pas que demain nous entrons dans'la saison d'automne. Départements, le.mj.tin. Au-dessus de\lro à Belfort et à Charleville 70 à Nancy; 8" à Dunkerque, à Nantes, à Clermont, à Besançon et à Lyon 9° à Brest et au Mans 10° à Boulogne; ii° à l'île d'Aix età Rochefort; 120 à Ouessant et à Toulouse 130 à Cherbourg et à Cette 140 à Lorient, à Bordeaux et à Marseille; i5° à Limoges; 170 à Perpignan; 180 à Biarritz; 200 à Orân 230 à Alger. (La température du 20 septembre. 191 était, à Paris i8o au-dessus de zéro le matin, et 2i° l'après-midi; baromètre 772mm. Temps très beau.)

Du New York Herald

A New-York Beau. Température max., 26°7 min., i6°7. Vent nord-ouest. A Londres Beau. Température max., 16°2; min., 10°. Vent est. A Berlin Beau. Température (à midi) 150.

--o°o-

Les Courses

Aujourd'hui, à 2 heures, Courses au Tremblay. Gagnants du Figaro:

Prix du Planl-Champigny Petit Napoléon; Ethérée II.

Prix Colombes Nysa; Curieux.

Prix Achères Au Revoir; Namur.

Prix Joubert Wagram II Sea Gull. Prix Vincennes: Onzain Saint Valbert. Prix Fontainebleau Cyprine St Gaudehs.

--=:>oc:

A Travers Paris

Complications administratives.

Il y eut hier quatre ans, jour pour 'our, qu'un incendie détruisait, rue Jean-Jacques-Rousseau, l'hôteldes téléphones, connu sous le nom de Gutenberg.

Quelques jours après, l'administration annonçait que dans un délai de six mois au plus les appareils,, installés dans un hall édifié avec hâte et incohérence, seraient remis en place dans l'hôtel entièrement réparé.

Et c'est avant-hier seulement, 20 sep-

tembre, que la première "série des trente

mille abonnéSj dont le poste de Guten-

aergassure les communications, a quitté la. fameuse « baraque «pour l'hôtel que tant d'erreurs dans sa conception ont rendu si incommode et si coûteux. Maiaadmirons

Le bâtiment comporte quatre étages, qui seront affectés, quand tout sera terminé le premier aux abonnés des 300 le second aux abonnés des 200 le troisième aux répartiteurs le quatrième aux abonnés des 100.

Il vous aurait paru tout naturel que chaque série fût immédiatement placée à son étage. C'eût été trop simple 1 Les 100 sont pour l'instant au quatrième ils descendront au premier quand les 300 entreront à Gutenberg, pour remonter enfin au quatrième. Résultat: ces allées et venues coûteront cher en temps et en argent– ce qui n'a, on le sait, aucune importance pour nos administrations, et voici comment et pourquoi le dernier abonné n'aura quitté la « baraque » que dans. deux ans au plus tôt..

Un incident.

Notre correspondant de Nancy, M. Dinago, nous télégraphie

« Vendredi, à une heure de l'aprèsmidi, arrivait à Nancy une luxueuse automobile, dans laquelle se trouvait la j|rjn,cesse de .Colloredo-Mannsfeld, d'origine autrichienne, habitant avenue Bugeaud, à Paris..

» La princesse se trouvait avec plusieurs dames de sa suite et deux messieurs. A l'avant de la voiture se trouvait un drapeau noir, blanc, rouge. Le gardien de la paix en service place Stanislas aperçut ce drapeau, le prit pour un drapeau allemand et aussitôt l'arracha. Malgré les prptestations indignées de la princesse, l'agent refusa de rendre le drapeau et le jeta" dans un caniveau de la place. La princesseColloredo-Mannsfeld a aussitôt avisé, par voie télégraphique', l'ambassade d'Autriche à Paris de cet incident. »

La princesse de Colloredo-Mannsfeld (Lucy-Sophie-Yvonne, veuve John Graham, née Jonquet, originaire de Surrey, en Angleterre), est la femme du prince Joseph-Jérôme Colloredo-Mannsfeld, né à Prague le 17 février 1866, membre héréditaire de la Chambre' des seigneurs d'Autriche, lieutenant au régiment de uhlans de la landwehr aùtrichienne.

Une explication plausible.

Sans préjudice des conséquences politiques que la révolution chinoise' peut avoir en Orient, nous pouvons constater aujourd'hui une première conséquence économique qui est tout à fait regrettable pour l'Occident. Grâce au développement pris par la presse chinoise depuis l'année dernière, nous allons perdre d'excellents clients.

Il.ne faut pas croire, en effet, que tous les journaux invendus disparaissent en cornets d'épiciers ou de marchandes des quatre-saisons. Les vieux journaux partaient en Chine où ils étaient utilisés pour tapisser les murs des appartements, ou faire des gilets contre le froid. Leur encre avait des propriétés antiseptiques très appréciées. Bref, en 1911, la douane de Newchwang a noté l'importation de 1,918 tonnes de vieux journaux, valant 365,450 francs S'il est vrai qu'un livre est un médium et suffit à dégager des rayons d'une bibliothèque les idées. de son auteur, par un phénomène de suggestion que les poètes et les romanciers ont mieux étudié, à vrai dire, que les physiciens ou les médecins, ne pensez-vous pas que toutes les folies de nos journaux ont gagné les Chinois et leur ont inspiré cette Révolution soudaine? Nous manquions d'observations exactes, d'une étude;,des causes latentes de ce grand mouvement. Qui sait si toute cette ébullition révolutionnaire n'est pas venue des bouillonsi. ~+,.

Cigares.

On se plaint que la vie soit chère; comment ne le serait-elle pas? Ce ne sont pas seulement les choses qui renchérissent c'est nous-mêmes qui ne savons plus vivre à bon marché. L'Etat marchand de tabac en fait présentement l'expérience. Ses ingénieurs ont constaté que le vieux petit cigare à un sou, noir et tordu, comme rissolé, on l'appelait le crapulos ne se vend plus. Ils ont donc supposé que c'est la laideur de ce cigare qui lui faisait du tort, et ils ont décidé de le remplacer par un petit bâton de tabac qui ne sera sans doute pas d'une qualité meilleure, mais qui sera plus agréable à regarder. Fumerat-on pour cela plus de cigares à cinq centimes qu'on n'en fume actuellement? C'est douteux.

Le fumeur de cigares, à quelque catégorie sociale qu'il appartienne, est devenu difficile et gourmand. Le cocher qui fumait autrefois, sur son siège, un crapulos, fume à présent des cigares de deux sous. Le cigare à quinze centimes était naguère encore un article courant de consommation ( bourgeoise ». Il faut au bourgeois, même de condition moyenne, un cigare meilleur que celuilà. Le londrès ou ses équivalents ne sont plus considérés par lui comme les cigares de luxe qu'ils étaient autrefois; et si un bourgeois demande un cigare au restaurant, c'est un bock qu'il fume, pour le moins; autrement dit, un cigare que fumaient seuls, il y a une quinzaine d'années, les « riches ».

On se rappelle, en effet, une époque récente où les cigares de,plus de cinquante centimes ne se trouvaient qu'en boîtes, dans deux ou trois grandes maisons de vente à la Civette, au Grand Hôtel. Aujourd'hui, il n'y a pas, dans le quartier le plus pauvre de Paris, un bureau de tabac où le passant ne puisse acheter au détail un cigare bock. Cela n'a l'air de rien? C'est cependant l'indice

d'une des évolutions économiques les plus-intéressantes de ce temps-ci. v Las du futurisme qui lui semble déjà poncif, M. Walter Pritchard vient de fonder une école de peinture nouvelle. Artiste épris de l'Océan, il en avait reproduit tous les aspects, sauf un il n'avait pas encore peint le fond de la mer. Or, depuis quelque temps, M. Pritchard comble cette lacune.

Placé dans un appareil de scaphandrier, il se fait descendre dans le sein des flots, et là, paysagiste probe et consciencieux, il travaille d'après nature. Ses ustensiles sont des chefs-d'œuvre d'ingéniosité; chevalet, palette, pinceaux et crayons sont cuirassés de fer, toiles et couleurs ont subi une préparation qui les rend inaltérables à l'eau, de telle sorte que ce peintre sous-marin ne pourrait même pas faire de l'aquarelle, s'il en avait la fantaisie. Toutes les vingt minutes, il remonte se reposer, puis regagne son atelier aquatique.

Le chef-d'œuvre de M. Pritchard est une vue sous-marine des alentours de Tahïti, dont tous les pêcheurs de perles attestent la parfaite exactitude.

La peinture sous-marine fera-t-elle beaucoup d'adeptes ? Mais comment jugeront les critiques d'art ?

--<¡oe>

LES « POURQUOI »

Pourquoi, dans la rue, la vue d'un accident grave est-elle un régal vers lequel nos pitiés se précipitent avec une sorte de gourmandise ? ̃»*» Pourquoi, les publicistes très pauvres ont-ils généralement les poches bourrées de journaux ?

Pourquoi dit-on qu'on applaudit « des deux mains », comme s'il y avait une autre manière d'applaudir que celle-là ?

Pourquoi est-on tout fier d'annoncer le premier le décès d'une personne connue ? Pourquoi les fumeurs semblent-ils éprouver plus de plaisir à cueillir un cigare dans sa boîte qu'à le prendre sur une assiette ? Pourquoi, quand elles télégraphient, les personnes les plus riches, les plus généreuses, croient-elles devoir parler « petit nègre » afin de gagner deux sous ? Sqnia. L'aviation à la guerre. t

L'Union interparlementaire, qui tient actuellement ses assises à Genève, vient d'adopter une proposition de M..Beerrnaert relative à la- prohibition de 'la guerre aérienne.

Le groupe français combattit énergiquement cette proposition par la voix de M. d'Estournelles de Constant. Si l'on veut interdire l'aviation militaire, admirable création de l'esprit humain, pourquoi, s'écria-t-il, ne pas interdire également l'usage des cuirassés, de la télégraphie sans fil, des sous-marins, et autres engins mis par la science à 'la disposition des armées modernes? Cet argument n'a pas trouvé grâce devant les adversaires des avions militaires. Il ne faut pas supposer que le succès de nos aviateurs joue un rôle dans cette attitude intransigeante observée par les délégués étrangers à l'Union interparlementaire. Des pacifistes ne sauraient avoir de si mesquines pensées.

Revanche féministe.

Le cuirassier en retraite qui avait remplacé, au palais Mazarin, la « demoiselle copiste », et que le cardinal Mathieu appelait le « carabinier des Muses >>, vient d'être à son tour remplacé. Dans un bureau voisin de la salle des archives de l'Académie française, on a installé hier une jeune dactylographe chargée de « pianoter », d'après les notes manuscrites de M. Jules Claretie, rapporteur de la commission du dictionnaire, les articles de ce dictionnaire discutés et définitivement approuvés par les Quarante.

Les travaux de nos plus graves savants passeront aussi, avant d'arriver à l'imprimerie, par le tic-tac rapide que chante la machine à écrire sous les jolis doigts de la petite dactylographe de l'Institut.

~o-oo-e-·~

Capitale de l'article de Paris, le troisième arrondissement veut fêter ses artistes dont les œuvres menues et charmantes maintiennent à travers le monde les jolies traditions de goût et d'élégance léguées par nos maîtres artisans des dix-septième et dix-huitième siècles. Le Marais continue à faire de ces merveilles qui ravissaient Mme de Pompadour et Voltaire, depuis le jouet et la poupée et les accessoires de cotillon jusqu'aux parures de femmes, dont à chaque saison il sait renouveler la grâce. Et pour « cristalliser », comme on dit, l'hommage que partout les enfants et les femmes rendent au talent de nos artistes du Marais, on a ouvert entre eux un concours dont les lauréats seront couronnés dimanche à la mairie de la place du Temple, devant la statue du bon chansonnier Béranger.

Petits bénéfices.

Si la construction de nos palais et de nos monuments n'avance pas très vite, c'est aux grèves organisées par les ouvriers du bâtiment que ces retards sont dus, le plus souvènt.

Les crédits dorment pendant ces grèves. Et les architectes se désolent. L'un d'eux pourtant s'est avisé de faire fructifier, au profit de l'Etat, les sommes inutilisées dont il avait la disposition. Il a fait de bons placements de ses fonds de crédit et, quand il y a grève, les intérêts courent.

Notre architecte est arrivé ainsi à recueillir un boni assez important, dont il a consacré le montant à certains travaux d'amélioration ou d'embellissement des édifices qu'il construit. Une partie de la décoration d'un palais national qui sera inauguré prochaine-

ment est due à l'ingéniosité de cet architecte et au' mauvais vouloir de ses ouvriers qui par leurs grèves nont enrichi err somme que l'Etat.

--o-oc.ro.

Paris sera toujours la première ville du monde et celle qui attirera le plus les étrangers, tant qu'elle. aura les Folies-Bergère. Notre grand music-hall est le centre des élégances, il est le lieu de rendez-vous de la gentry d'Europe et d'Amérique. Mais aussi quelles merveilles n'y applaudit-on pas du commencement à la fin de la saison ? En ce moment encore c'est aux Folies-Bergère que se trouve, parmi nombre d'autres toutes sensationnelles, la plus grande attraction de l'époque Willy Pantzer et sa troupe.! Une agréable nouvelle.

Sur la demande de nombreuses personnes que le beau temps amené et retient à Deauville, la direction du Casino a décidé de prolonger la saison théâtrale jusqu'au 30 septembre inclusivement. Tout naturellement, le Normandy Hôtel restera ouvert jusqu'à cette date.

-o-oc>-o-

Après avoir applaudi aux intéressantes péripéties de nos manœuvres d'armée, les plus hauts personnages doivent passer -en revue, à Nancy, nos troupes' de la frontière. C'est une belle fête en persp ective poùr les Nancéens, dont tous les Français se réjouissent. Et comme il n'est pas de fête sans banquet, de banquet sans apéritif, ce sera pour le Dubonnetl'occasion d'un nouveau succès.

-J:¡~

Nouvelles à la Main

Elles causent,

Tuas vu les dépêches d'Amérique?, Il paraît que' les baleines vont manquer. Coup d'œil satisfait à sa glace Ça m'est égal. Je ne porte que des ceintures.

-o-<JC>oO-'

Politesse.

Que d'acquittements prononcés par le jury de. la Seine

Les assassins devraient au moins se lever et dire « Messieurs les jurés, je regrette de vous avoir dérangés pour rien. ».••̃•'•̃•

Le Masque de Fer.

LA CIRCULAIRE GUIST'HAU

i POURSUITES

contre les instituteurs syndiquas

La circulaire de M. Guist'hau ne sera pas restée lettre morte. La mise en demeure que le ministre de l'instruction, f publique adressa aux syndicats d'iiistituteurs n'était' pas un vain rappel i| l'ordre. M. Guist'hau entendait êtnf obéi il vient d'ordonner, contre les ins tituteurs révoltés, des poursuites judi\ ciaires et disciplinaires.

Tous ceux qui ont vu M. Guist'hau a ( l'œuvre, depuis qu'il est au pouvoir, prévoyaient une semblable fermeté. Tous ceux qui ont le souci de l'ordre et du respect de la loi s'en réjouiront.

Les instituteurs ont commis une double faute, d'autant plus grave qu'on les avait avertis. Ils seront punis doublement.

Un certain nombre de syndicats peu nombreux, il est vrai ont refusé de se dissoudre. On leur avait donné jusqu'au 10 septembre pour le faire. Le 10, ils ne l'avaient point fait. Le Conseil des ministres, alors, chargea M. Briand, garde des sceaux, et M. Guist'hau, ministre.de l'instruction publique, d'arrêter ensemble les mesures à prendre contre ces syndicats en état d'insoumission. De ces mesures, l'application commence.

Hier, M. Delanney, préfet de la Seine, selon les instructions qu'il avait reçues dans l'après-midi de M. Guist'hau. adressait au procureur général cette lettre ̃ Monsieur le procureur,

J'ai l'honneur de vous communiquer les deux lettres ci-.joint,es qui m'ont été adressées, à la date des 3 et Î0 septembre, par M. Chalopin, au nom du Syndicat des instituteurs et institutrices de la Seine.

La mise en demeure notifiée à ce syndicat de se dissoudre avant le 10 septembre courant n'ayant pas été suivie d'effet, je vous prie de vouloir bien aviser aux mesures judiciaires que comporte la situation.

Veuillez agréer, etc.

Signé Delanney.

L'instruction a été aussitôt ouverte.. M. Chènebenoit, juge d'instruction, a été chargé de l'information. M. Chalopin et ses co-syndiqués seront poursuivis par application de la loi de 1884 qui punit d une amende de 16 à 200 francs nous l'avons dit les administrateurs des syndicats illégalement constitués,

Voilà pour la Seine. Mais, si nous sommes bien renseignés, des informations analogues ont été ouvertes ou vont l'être à bref délai par les Parquets, dans les départements où d'autres syndicats d'instituteurs existent. Aujourd'hui ou demain l'action de l'autorité judiciaire sera mise en mouvement dans tous les endroits où l'attitude des instituteurs a rendu son intervention indispensable.

Cependant la faute des instituteurs n'est pas seulement d'avoir refusé de dissoudre leur syndicat. Un certain nombre d'entre eux, cent cinquante en- viron, ont rédigé une sorte de manifeste que les journaux révolutionnaires ont publié. Dans ce manifeste, fort inconvenant, ils ont critiqué en termes singulièrement déplaces, sous la plume de fonctionnaires, les actes du gouvernement.

•1$. Guist'hau a, pensé que cela était