Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 6

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1910-09-22

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 22 septembre 1910

Description : 1910/09/22 (Numéro 265).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k288975m

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 66%.


SOMMAIRE

Philosophie amér/caine GUGLIELMO FERRERO. La Vie de Paris Les dahlias CARLO. La vie plus chère Louis Chevreuse. Le bel exemple de Georges Thurner Régis Gignoux.

A l'Etranger Ln toast de Guillaume Il. Au ̃ congres socialiste Scission entre le Nord ̃ et le Sud.

Les Journaux de ce matin.

Notes d'un Parisien D.

Contre le chômage Emile BERR. Autour de la politique Le budget de 1911 AUGUSTE Avril.

Dessin: «Par fil spécial» ̃Albert Guillaume. Dans la marine Le prétendu incident du « Sao-Paulo ». Déplacements ministe.riels Marc LANDRY.

Deux exécutions M. L.

Nouvelles diverses L'agression contre le ministre de Suisse. Un 'crime à Saint1 Maur. Meurtre d'un directeur d'asile à Aix.

Courrier de la Bourse ARMAND YvEL. Feuilleton Le Roman. du malade Louis DE Robert.

Philosophie Américaine

L'Amérique a contribué beaucoup'au progrès des industries la mécanique est le champ où son génie inventif et original a brillé du plus vif éclat plusieurs inventions d'une importance capitale sont son œuvre. Dans les sciences pures et dans la philosophie, son activité, au contraire, a été jusqu'à présent moins considérable elle s'est bornée, presque toujours, à imiter le vieux monde. C'est ce qui donne une importance spéciale à l'œuvre, si intéressante en elle-même, de William James, l'illustre savant qui vient de mourir. James a été probablement le premier philosophe qu'on peut avec raison appeller améri-,cain non parce qu'il était né dans l'autre continent, mais parce que son œuvre laisse déjà voir plusieurs altérations, produites dans certaines tendances fondamentales de notre culture par les mi-lieux, à certains points de vue si différents,, du nouveau monde. La plus proforidfe de toutes ces altérations est peutêtre l'esprit de conciliation qui remplace l'esprit de lutte et, si je peux employer cette expression, l' « âme guerrière » des philosophies européennes.

La pragmatique dont William James a été un des fondateurs, beaucoup plus qu'une philosophie pratique me semble une tentative de conciliation philosophique, dont on comprend mieux l'esprit et les tendances après avoir visité l'Amérique du Nord. Les violentes controverses des philosophies européennes, l'esprit d'intransigeance qui les a caractérisées si longtemps, et qui n'est qu'un peu diminué maintenant, sont en partie le résultat des luttes religieuses, politiques et nationales qui ont agité l'Europe surtout depuis le commencement du seizième siècle. Mais ces luttes se sont tellement atténuées dans le nouveau monde, que même l'Américain cultivé a beaucoup de peine à comprendre les luttes sociales qui ne soient pasdesconflitséconomiques. Les luttes religieuses et.intellectuelles surtout lui semblent une espèce de funeste absurdité. Placé en face de doctrines, dont t il ne voit plus les liens qui les rattachent en Europe aux grands intérêts historiques des institutions, des nations, des Etats, il ne comprend pas pourquoi tant d'esprits s'obstinent à prétendre, avec tant de passion, à une espèce de monopole de la vérité dans des questions qui ne comportent aucune solution définitive et que l'homme doit toujours recommencer à discuter. Par conséquent les Américains montrent, dans les choses spirituelles, dans la philosophie, une tendance à tout concilier, qui parfois fait sourire les Européens, tant certairies de ces manifestations sont naïves et bizarres.

L'oeuvre de William James est peutêtre la plus sérieuse parmi les tentatives de conciliation faites jusqu'ici par l'esprit américain. L'avenir seul pourra prononcer un arrêt définitif sur la valeur philosophique et pratique de cette tentative mais notre époque ne peut se tromper sur ses tendances véritables. En affirmant que la vérité est le service qu'une théorie peut nous rendre, si nous nous proposons un certain résultat, la pragmatique s'efforce de réduire l'importance de toutes les controverses intellectuelles qui. depuis trois siècles troublent l'Europe. Cette tendance conciliatrice le montre encore plus clairement dans la solution que James a donnée au plus grave et tourmenteur parmi les problèmes qui agitent la conscience moderne, au problème des rapports entre la religion et la science.

William James n'aurait pas été américain s'il n'avait pas donné, dans son système, une très grande place à la religion. Si les causes qui répandent partout, en ce moment, le scepticisme agissent aussi dans le nouveau monde, les Américains sont encore, relativement, \in peuple très religieux. Le voyageur qui arrive d'Europe et qui fréquente un peu la véritable société américaine se sent de suite enveloppé par une atmosphère de mysticisme. William James, en effet, a donné, dans son système, à la religion une place bien plus grande que celle que lui ont donnée, en Europe, même des philosophes qui toutefois représentent les tendances conservatrices. Une partie considérable de son œuvre tend à prouver que la personnalité humaine ne trouve que dans la religion la réalisation complète de ses aspirations. Mais après avoir reconnu que la reli-

gion est un élément indispensable de la vie, il l'a conçue comme un moyen d'agir sur la nature analogue à la science. La religion serait, comme la science, une expérience 'continuelle faite par l'individu dans une partie de l'univers qui échappe à la science. Elle se servirait, comme la science; pour compléter ses investigations, de l'induction et de l'hypothèse. Elle se proposerait, comme la science, de modifier à l'avantage de l'homme le cours des -phénomènes naturels. On trouve dans les œuvres de James des comparaisons très hardies entre les services rendus à l'homme par la science et, ceux dont l'homme est redevable à la religion. Si la science nous a donné le télégraphe et l'électricité, la religion nous donne la tranquillité, la paix, le bonheur, qui valent le télégraphe et l'électricité quant à nôtre santé, la science et la religion sont également nécessaires pour la conserver. Si la science a trouvé le moyen de guérir certaines maladies, la religion guérit d'autres maladies .mieux encore que la science.

Naturellement l'expérience religieuse est plus individuelle que l'expérience scientifique. James ne cesse de répéter que là religion est essentiellement une affaire personnelle, et que chacun doit être religieux de la manière qui répond le mieux aux tendances de son esprit. Mais si la religion est personnelle, elle n'est pas, pour William James, une simple création de notre imagination. En Europe, même les philosophes qui dans le conflit entre la religion et la science plaident avec le plus d'ardeur la cause de la religion s'éloignent de plus en plus de la conception populaire et personnelle de Dieu pour le remplacer par une conception transcendante et métaphysique. Cet Américain au contraire est revenu en partie, par 'un long détour, et au nom de la science, à la conception traditionnelle et populaire de la religion. Dans le spiritisme et les théories qui en sont sorties, surtout dans la doctrine de la « conscience subliminale » élaborée à Cambridge, en Angleterre, par Myers, dans un cercle assez curieux de professeurs spirites, James a cru trouver la preuve scientifique de l'existence d'un pouvoir extérieur, qui agit sur l'homme et lui est supérieur.

*#*

Il serait inutile, après avoir résumé ces théories, d'exposer ici les objections qu'elles ont soulevées. Ces. doctrines nous intéressent surtout comme un pjénpmènë historique in&gDjnj^m; naent'des erreurs et des vérités qu'elles peuvent contenir. Mais, comme phénomène historique, ces théories et l'accueil qu'elles ont reçu en Europe ont une. certaine importance. En Europe, la science, la philosophie, la littérature sont nées et se sont développées au milieu des g'uerres et. des révolutions. Cequi caractérise cette philosophie est au contraire l'esprit de conciliation qui anime toute la société américaine, et qui cherche à réunir les forces sociales violemment dis- sociées par l'histoire du vieux monde. Il semble donc exister une contradiction profonde entre les tendances de cette philosophie et les traditions intellectuelles des nations européennes. Il est à croire, en effet, qu'un demisiècle plutôt, peu avant ou peu après l'orage de 1848, une philosophie de cette espèce n'aurait soulevé en Europe qu'un violent mépris. Au commencement du vingtième siècle elle a trouvé les esprits assez bien disposés à la comprendre, et assez indulgents pour ses points faibles. Les idées de William James n'ont pas trouvé en Europe seulement des partisans ardents, elles ont trouvé aussi ce qui est peut-être encore plus significatif à un, certain point de vue des adversaires courtois et modérés. Cette attitude bienveillante de l'Europe en face d'une doctrine de conciliation, dont certaines parties devaient lui sembler plutôt bizarres et extravagantes, doit donc avoir des causes profQndes. On serait d'abord tenté d'y voir le commencement d'une orientation-nouvelle des esprits. Nées au milieu des guerres et des révolutions, la science, la philosophie, la littérature de l'Europe se sentiraient-elles enfin tentées par les fruits savoureux de la paix? Pouvonsnous nous attendre à voir, dans un avenir prochain, terminée, au moins par une trêve, la guerre civile qui sévit, depuis trois siècles, dans le monde des idées? Un tel événement impliquerait une si profonde révolution dans la vie intellectuelle de's peuples européens, qu'on ne sera jamais trop prudent dans les prévisions. En tout cas, il n'est point douteux que les sympathies dont l'œuvre du philosophe américain a été entourée en Europe prouvent que, dans le vieux monde aussi, on sent la nécessité de chercher des voies nouvelles pour résoudre les grands problèmes de la vie. Quelle que soit la destinée que l'avenir prépare à son œuvre, William James aura été un de ceux qui ont cherché ces idées nouvelles. Grâce à lui, l'Amérique pourra dire qu'elle a donné au monde, entre le dix-neuvième et le vingtième siècle, non seulement des richesses et des machines, mais aussi de belles et nobles idées. En Europe et en Amérique, lès hommes n'oublieront pas le courage simple et modeste avec lequel ce philosophe a proclamé que l'homme n'a, pas besoin seulement de vérités philosophiques et scientifiques, mais aussi de paix, de bonheur, d'équilibre moral, de sérénité qu'aucune doctrine ne peut lui suffire, aussi solides que soient ses fondements rationnels, si elle ne donne pas satisfaction aux aspirations profondes de sa conscience.

Il serait téméraire d'affirmer que cette idée représente une grande découverte. Elle semble être plutôt une intuition immédiate du bon sens une affirmation évidente par elle-même. Ponrtant l'orgueilleux intellectualisme de l'Eu-

rope avait tellement oublié ce principe; si simple et si clair, que celui qui l'a in-, troduit de nouveau dans la philosophie- a bien mérité de son temps. Et ce philosophe était un Américain il appartenait à la nation à laquelle beaucoup d'Européens pensent qu'il faut demander surtout des leçons d'égoïsme implacable et d'énergie féroce

Si l'activité intellectuelle est, elle aussi, liée à toute la vie d'une nation, ce fait contribuerait à son tour à prouver que. l'âme américaine est moins' simple qu'on ne le pense en général en Europe, et que la fièvre de l'argent n'y a pas encore desséché toutes les sources de l'i. déah'sme. L'opinion opposée n'a pu se généraliser que parce qu'on a voulu regarder, de l'Amérique, un .seul côté.le plus intéressant peut-être, mais le moins élevé.

Guglielmo Ferrera.

LA VIE DE PARIS

LES DAHLIAS

L'ingéniosité des horticulteurs est sans limite et, véritables magiciens, ils parvienpent, par de mystérieux procédés de greffes et d'ensemencements, ou par des voisinages savants,à à transformer et même à métamorphoser certaines fleurs. C'est ainsi qu'ils ont réussi, en ces dernières années, à créer de nouvelles 1s variétés d'oeillets géants et, de couleurs extraordinaires,obtenues, d'abord, par des procédés chimiques, et qui maintenant sont devenues, définitives.

Mais jamais peut-être leur art n'avait triomphé- aussi complètement que dans la transformation des dahlias. Ces grosses fleurs bébêtes et inodores, qui avaient l'air, avec leurs pétales uniformes et pressés, de reines-marguerites artificielles fabriquées avec des déchets de velours, sont simplement en train de détrôner les chrysanthèmes. Les pétales se sont allongés, et espacés. Leurs petites cuillers monotones et régulières s'affinent en longues aiguilles et s'enroulent en courbes gracieuses. Au lieu de cacher, comme honteuses, leur lourdeur massive dans une corbeille de feuilles touffues, elles se balancent nonchalamment au bout de longues tiges frêles et élégantes.

Après avoir changé leur formé, on a élargi la gamme (je leurs couleurs, en leur conservant cependant le velouté pelucheux qui faisait naguère leur unique beauté et qui fait aujourd'hui leur supériorité sur les chrysanthèmes, dont ils n'ont pas encore conquis toute la souveraine élégance, mais qu'ils do-

̃^̃rtqrçfii4^fo;;if.r;i V'fy1^1* miroitant-- de leur

velours.

Arrêtez-vous en ce moment aux devantures des grands fleuristes où les dahlias voisinent en ce moment avec leurs rivaux, ces triomphateurs d'hier, et vous constaterez leur éclatante supériorité, qui deviendra définitive et sans appel lorsque leurs créateurs seront parvenus à leur donner le volume qu'ont conquis les chrysanthèmes. Vous admirerez, à côté de splendides fleurs monochromes, allant du rouge le plus éclatant, en passant par toute la gamme des roses, au jaune d'or le plus rutilant, de ravissants spécimens polychromes, diaprées comme leurs aînés, ou de deux tons nettement détachés, ce qui leur. donne l'air de deux fleurs superposées, dont apparaîtrait au milieu un seul pistil.

Ces résultats n'ont pas été obtenus sans de longs et patients efforts et sans une obstination'presque maniaque.' Car le dahlia a ses fanatiques, comme la tulipe et l'orchidée, surtout en Angleterre où il s'est 'constitué une Société nationale du dahlia, qui expose précisément en ce moment, à Regent's Park, à Londres, ses dernières conquêtes. 'Elle a le droit d'en être fière. Depuis un an, cent dix-sept variétés nouvelles ont été créées, parmi lesquelles un splendide bicolore, rose et saumon, obtenu par un horticulteur de Birmingham et qui a été primée Nous n'en sommes encore pas là, mais nous" y viendrons, et Paris verra, sans doute,, lui aussi, un Salon du dahlia, comme il a "son Salon du chrysanthème. Carlo.

̃̃•̃'̃̃* Carlo.

Échos

La Température

Hier, la matinée a été très belle à Paris et tout faisait espérer une journée agréable, lorsque, vers dix heures, le ciel s'est couvert de nuages suspects et, en effet, le soir, il est tombé quelques gouttes d'eau, mais seulement comme à l'état de rosée.

La température a encore baissé, sous l'influence du vent de nord-est qui souffle avec une vitesse de 8 mètres par seconde. A sept heures du matin, le thermomètre marquait 50 audessus de zéro, et 150 à cinq heures du soir. La pression barométrique, en hausse, accusait à midi 77omm. De- fortes pressions se trouvaient hier matin sur l'est et le sud du continent on notait 767mm à Biarritz et 772mm à Brest.

Des pluies sont tombées sur le nord, le centre et le sud de l'Europe; en France, on signale de violents orages dans le Midi; quant à la mer, elle est houleuse à Dunkerque et à Boulogne,

Dans les départements, le matin. Au-dessus de \è'ro 40 à Belfort, 50 à Charleville, 70 à Nantes, à Limoges, à Clermont, à Nancy, au Mans et à Besançon, 8° à Lorient, à Rochefort et à Bordeaux, 90 à l'ile d'Aix et à Lyon, ii° à Boulogne, à Brest et à Toulouse, 120 à Dunkerque, à Cherbourg et à Ouessant, 130 à Biarritz et à -Marseille, 14° à Cette, 160 à Perpignan, 170 à Oran, 23° à Alger.

En France, un temps beau et frais est probable. ̃

(La température du 21 septembre 1909 était, à Paris 8° au-dessus de zéro le matin et 190 l'après-midi. Baromètre: 765°"" très belle journée.)

Du New York Herald

A New-York Temps beau. Température maxima, 26°! minima, i8°4. Vent nordouest.

A Londres Temps. beau..Température

maxima, 17°; minima, 6°. Baromètre 77imm. Vent nord-nord-ouest.

A Berlin Temps couvert. Température (à midi) ii". _o-

Les Courses

Aujourd'hui, à deux heures, Courses à' Mâsons-Laffitte. Gagnants du Figaro Prix des Alluets Archibald Lybien. Prix de Li\y Valemont; Ravigote. Prix de Poissy Dorna; François Joseph. 19e Prix Biennal de Maisons- Laffit te Ecurie Vanderbilt.; Badajôz.

Prix Fit\-Roya Kom Ombo Vésuve II. Prix du Rabey Tournelle Marotte.

-=::>oc:

À Travers Paris

Le Président de la République a reçu hier matin, à Rambouillet, S. A. S. le prince de' Radolin, ambassadeur d'Alle,magne, qui venait lui remettre ses lettres de rappel.

L'ambassadeur d'Allemagne était accompagné de. S. A. S. la princesse de Radolin.

M. et Mme Fallières ont offert en l'honneur de leurs hôtes un déjeuner, auquel a assisté M. Briand, président du Conseil, qui avait retardé tout exprès son,voyage, et qui n'est parti que dans la soirée pour Quiberon.

La présentation des lettres de créance du nouveau représentant de Guillaume II à Paris aura lieu prochainement. M. le baron de Schoen sera reçu à l'Elysée par le Président de la République avec tout l'apparat que comporte une pareille cérémonie.

Le ministre des affaires étrangères et" Mme Pichon offriront demain un grand dîner en l'honneur de LL. AA. SS. le prince et la princesse de Radolin.

Nous recevons de notre confrère et ami Emile Blavet, si heureusement ressuscité, la lettre que voici,:

Freneuse-sur-Seine, mardi.

Mon cher confrère,

Depuis vendredi nos journées se passent à dépouiller l'énorme quantité de lettres et de dépêches que nous avons reçues, ma femme à l'occasion de ma mort, moi au sujet de ma résurrection.

Nous voudrions répondre à chacune,'mais c'est impossible matèriellement, même pour qui fait métier d'écrire.

Le Figaro voudra-t-il nous rendre le service de remercier en notre nom tous ces amis connus et inconnus '?

-pordïalités. "'̃

Emile BLAVET.

Et, maintenant,.Emile Blavet n'a plus, qu'à continuer de vivre très longtemps, puisqu'il a vu comme il ferait de la peine à tout le monde en agissant autrement.

Les braves gens 1 C'est l'hommage unanime le cri spontané de pitié et d'admiration que mérite le récit de ce « fait-divers » télégraphié d'Amiens.

Dans la matinée de mardi, un chef cantonnier et trois ouvriers travaillaient sur la ligne de Paris à Calais, près de la gare de la Faloise. Tout à coup. le rapide Paris-Calais arriva sur eux. D'un brusque mouvement, ils songeaient à se garer; mais, par malheur, tandis que le chef cantonnier Jean Hun retirait son cric, le rail qu'il venait de soulever retomba sur samain gauche, l'immobilisant t contre le sol et l'empêchant de se dégager.

Le train était à peine à une centaine de mètres

Alors, n'écoutant que leur courage, ses-deux camarades Cras et Foy, au lieu de se mettre eux-mêmes à l'abri, comme ils pouvaient le faire, ne songèrent plus qu'à le sauver. Cras l'empoigna par le corps, pour l'arracher au rail qui l'emprisonnait, pendant que l'ouvrier Foy courait sur la voie au- devant du rapide., agitant les bras désespérément pour qu'il s'arrêtât ?

Tout fut vain le mécanicien vit cette tragique grappe d'hommes, serra les freins, fit ce qu'il put. Mais le train était lancé il tamponna les trois malheureux, et tous trois furent tués.

Les ouvriers Foy et Cras sont morts comme des héros. Ne méritent-elles pas un salut, ces victimes du devoir qui n'ont pas un instant marchandé avec leur cœur, ces modestes travailleurs français qui ont offert leur vie pour leur camarade, donnant ainsi un sublime exemple de fraternité humaine ?

Les amis et les admirateurs de Jules Renard et de Charles-Louis Philippe tiendront certainement à prêter leur concours au comité littéraire du Salon d'automne. Ce comité a eu la pensée d'illustrer pour ainsi dire les conférences et les récitations qui seront faites en octobre sur la vie et sur l'oeuvre de ces deux grands écrivains. Il réunit en conséquence leurs portraits et les originaux des principales illustrations de leurs livres.

Cette manière d'iconographie fera connaître d'une façon plus intime, avec des détails plus directs, les deux artistes qui sont encore trop inconnus du grand public. L'exposition sera faite dans la salle des séances musicales et des conférences du Salon d'automne et durera autant que le Salon..

Déjà les portraits de Charles-Louis Philippe par Charles Guérin, les toiles de Mme Marval et les illustrations d'Albert Marquet ou de Bernard Naudin ont été recueillis; mais pour Jules Renard les dessins et lithographies de ToulouseLautrec, Pierre Bonnard, Valloton, Steinlein, etc., sont plus rares. Les personnes qui consentiraient à les exposer ou qui pourraient fournir au comité des indications pourront s'adresser à M.

Paul "Cornu, secrétaire du musée des Arts décoratifs, qui en dresse présentement le catalogue avec le concours, de M. Alexandre Mercereau, secrétaire du

CUtUtLenn~t~it~ ~–a- j't~o

̃ ̃ BILLET

à MM. Chave\ et Weymann

Passerez-vous le Simplon, messieurs, ou ne le passerez-vous pas ?

Beaucoup de gens, pour saluer votre héroïsme, attendent la fin de l'épreuve. Ils se réservent. Ils pensent « Peut-être ne passeront-ils pas. »

J'avoue que pour moi je vous ai tant admirés tous les deux depuis l'instant où vous deviez tenter cette escalade 'folle, que je ne saurais, vous, admirer davantage, et qu'il m'est presque indifférent désormais que vous passiez ou que vous ne passiez pas le Simplon. Car ce qui est plus prodigieux encore que de réaliser un tel projet, c'est d'avoir pensé à le réaliser et c'est de continuer depuis cinq jours et cinq nuits, devant cette menace visible de l'atroce danger couru, à vouloir cela, à oser cela

Avouons-le. Le courage, est Souvent facilité par la foudroyante rapidité des événements qui le sollicitent. Un homme se jette' à l'eau pour sauver l'enfant qu'il y a vu tomber, saute à la tête du cheval emballé qui passe, affronte dans une bagarre imprévue la menace d'un coup mortel. Est-il bien sûr qu'il eût couru de tels risques avec tant de vaillance, si le temps lui avait été laissé d'y réfléchir, d'évoquer la vision de la catastrophe possible ? Cette vision, vous l'avez supportée, depuis dimanche, en souriant. Vous êtes allés au « monstre »; vous l'avez regardé, mesuré, touché. Et vingt fois par jour, vous avez pensé tranquillement « Ce sera, pour tout à l'heure ».

Voilà ce qui est héroïque, et encore plus fort, à mon avis, que de voler de Brigue à Domodossola, sans 'se casser les reins. S.

Le commandant Emile Vedel, qui est un écrivain très distingué, nous adresse l'intéressante lettre qui suit, en réponse au problème d'archéologie que posait, dans sa dernière chronique, notre éminente collaboratrice Fœinina

Avec des mots aussi rares que,la chose, la grande magicienne qui signe « Fcemina » dans le Figaro nous parlait ces jours-ci d'une tapisserie de la cathédrale de Sens représentant l'histoire de Judith et d'Holopherne, et elle regrettait que le sacristain n'ait pas pu lui expliquer comment il se faisait que cette admirable pièce, exécutée pour le cardinal Wolsey dont elle porte les armes, fût venue enrichir le trêsorde Sens. Or, tout ce que le brave homme aurait pu savoir est que personne ne soupçonnait seulement l'existence de cette fameuse tapisserie avant sa découverte, dans un des greniers de l'église, par le valet de chambre de Mgr Bernardou, avant-dernier archevêque de Sens, si je ne me trompe découverte assez récente, comme on le voit. Mais depuis, M. l'abbé Guiollot, l'aimable et savant gardien du trésor de la cathédrale, a retrouvé un inventaire de 1809 sur lequel la tapisserie en question figure comme meublant la chapelle de Saint-Thomas de Cantorbery.

On sait, en effet, que Thomas Becket, quand il dut fuir la colère de son maître Henri II, vint se réfugier à Sens, où se tenait alors le pape Alexandre III, lui-même exilé de Rome, et ne rentra en Angleterre que quatre ans plus tard, en 1170, pour y tomber sous les coups des émissaires du roi. Lorsque l'archevêque de Cantorbery eût été canonisé, Sens fut naturellement une des premières à le mettre sur ses autels, et quoi de plus plausible que Wolsey, venu en France comme ambassadeur de Henry VIII, ait donné cette tapisserie pour décorer la chapelle de son saint prédécesseur?

Trop heureux si j'ai pu satisfaire la curiosité de votre éminente collaboratrice et, par la même occasion, inspirer aux lecteurs du Figaro le désir do visiter cette merveille qu'est la cathédrale de Sens, avec ses verrières et son trésor uniques au monde, et dont l'architecte, maître Guillaume de Sens, fut également celui de la cathédrale de Cantorbery. ` L'hypothèse est, en effet, très ..plausible.

La vénerie française attend une promotion très prochaine le cadre des lieutenant de louveterie va être complété par un décret du ministre de l'agriculture portant un certain nombre de nominations nouvelles.

Il n'y a plus guère de loups en France, il est vrai, mais les renards et les martres, qui relèvent de la justice des louvetiers, y font encore maints ravages, et la vieille institution de la lieutenance est toujours utile.

Louis- XVIII a renouvelé par une ordonnance royale l'uniforme des louvetiers, et cet uniforme, qu'on néglige trop, sera obligatoire les jours de battues.

Il n'est nullement archaïque. Il se compose d'un habit bleu à la française, à collet et parements de velours, galons d'or et d'argent, d'un gilet et d'une culotte en peau de chamois, et d'un chapeau à la française. Le bouton est empreint d'une tête de loup. Quant à l'équipement il comporte un ceinturon de buffle, un couteau de chasse, des bottes à l'écuyère éperonnées d'argent. Chaque lieutenant de louveterie doit entretenir un équipage comprenant un piqueur, deux valets, et limiers,'un valet de chiens, dix chiens courants et quatre limiers..

'c<oco

La crise du vin.

Elle est, paraît-il, générale en Europe: les vignerons de la Toscane, qui donne le fameux chianti, et même ceux du vilayet d'Andrinople ne sont pas moins à plaindre que les nôtres.

Partout le mildew, grand amateur d'eau, a exercé, à la suite des pluies et des inondations,des ravages, et les vendanges, réduites à moins d'un quart en Italie et en Orient, ne donneront décidément qu'un vin détestable. Les rapports de nos consuls arrivés hier au ministère

du commerce ne sont à cet égard que trop précis.

Qu'on ne nous parle plus du vin de la, comète. Encore une illusion perdue Hors °fârîs

Foyers.

Lors de la discussion du budget des affaires étrangères, l'abbé Lemire, député d'Hazebrouck, demanda au. gouvernement la constitution de foyers destinés à grouper les Français résidant à l'étranger.

Il vient d'être avisé par M.Cambon,ambassadeur de France à Berlin, de la création dans cette ville d'un foyer destiné aux institutrices françaises. » Ce foyer est l'œuvre de Mme Cambon qui, ayant. à; sa disposition une partie des bénéfices de l'exposition rétrospective d'art' français, ainsi 'que le produit de diverses donations, a décidé de fonder un home où les institutrices françaises' de Berlin pourront se réunir. Elles- y trouveront un appui moral qui leur rendra plus facile l'accomplissement de leur mission., f" Le comité de patronage est déjà constitué les statuts du home sont rédigés. Le'foyer sera ouvert dans quelques semaines. Nul doute que cette heureuse initiative ne rencontre le meilleur accueil dans la colonie française de Berlin.

Qui est-ce qui prétendait que, comme les éléphants des forêts africaines décirmés par les chasseurs d'ivoire, les baleines, pourchassées par les pêcheurs et victimes désormais trop faciles d'engins perfectionnés canons porte-harpons et cartouches explosives ne tarderaient pas à disparaître?

Les passagers d'un'transatlantique qui vient d'arriver de New-York, racontent qu'ils ont rencontré, en passant près de Terre-Neuve, un véritable banc de ces mastodontes, qui tels de vulgaires sardines ou de simples harengs prolétariens, voyageaient par centaines, gambadant devant le paquebot, nageant à la surface des flots et disparaissant ensuite en se jouant. en toute sécurité, rassurés sans doute par les dimensions du navire qui les prémunissaient contre la présence possible de leurs ordinaires ennemis. Nous sommes, on le voit,encore loin du jour où ces énormes cétacés prendront place dans la légende; à côté du serpent.de mer.

.<<-

Nouvelles a Main

Quels sont les cheminots qui expriment le'plus haut leur mécontentement? Les employés de la voie.

--b.ao·o-

Vous vous étonnez que M. Coûtant, d'Ivry, ait acheté- à si bon compte une pompe réformée? 7

Non, car il avait les bons tuyaux. Quand les agents arrêtent leurs manifestations, les midinettes les griffent et se cramponnent à leurs tuniques. Pauvres Mimi-Pinçons

Le Masque de Fer.

M ÏIE PLUS GJ1ÈRE

La vie plus chère On répète ces mots. On s'en effraie. La politique s'en empare.

Rassurons-nous D'une enquête que nous avons faite, hier, la situation n'est pas aussi alarmante qu'on l'a dit. Gertes, les vivres, d'une façon générale, ont augmenté de prix, mais la circulaire récente de M. Briand, président du Conseil des ministres, qui contenait une menace contre les spéculateurs, semble' avoir été comprise. Et alors que, partout, à Paris et en banlieue, s'organisent des meetings pour protester contre la «cherté des vivres », une détente se produit sur les marchés. A la Bourse de commerce, hier, il y. eut une réunion intéressante à ce sujet. Des producteurs, des minotiers, des spéculateurs étaient venus nombreux. Réunion intéressante évidemment, puisqu'il s'agissait du pain. Les cours, dont on annonçait une nouvelle haussé, n'ont pas monté. Et, en l'absence de M. Bovrat, président du syndicat des marchands de grains, actuellement malade, voici ce qu'on nous a dit

En ce moment, les grands meuniers cotent la farine 65 francs le gros sac (157. 'kilos nets); quelques-uns vendent le sac de 62 à 65 francs. »,Mais, à la Bourse de. commerce, la farine se vend aujourd'hui 37 fr. 75 le? 100 kilos, soit 59 fr. 25 le gros sac de 157 kilos. C'est, environ, 10 francs do plus que l'année dernière.

» Le blé est plus cher parce que la récolte est mauvaise, et lés boulangers n'exagèrent pas en vendant 85 centimes, le pain de quatre livres. Mais beaucoup- de boulangers de Paris et des environs ont augmenté leurs prix, bien qu'ils aient acheté leur farine avant la hausse. du cours, alors qu'elle valait de 50 à' 52 francs le gros sac, livrable en septembre, octobre, novembre et décembre. » Il est de fait ce sont là des renseignements puisés au ministère de l'agriculture que la récolte du blé a été mauvaise. On estime seulement à 100 millions d'hectolitres son rendement, alors que la moyenne est de 120 millions et que, dans les bonnes années, le blé de France produit de 140 à 150 millions. Mais cela n'explique pas pourquoi le prix du pain a été élevé parce que, pendant tout le mois .d'août et ce mois-ci même, en septembre, le pain a été fait,