meaux portant les outres, les tentes, les ustensiles de me.
nage, avec ses troupeauxbêlants, harcelés dans la poussière
par les chiens, avec son escorte de cavaliers sauvages aux
burnous flottants et aux longs fusils, tandis que les femmes
portant leurs enfantssur le dos suiventpéniblement à pied
Arrivée auprès d'un puits ou d'une source, à portée de
pâturages encore verdoyants, la caravane s'arrête. Chaque
douar dresse ses tentes, et, le soir venu, on allume des
feux pour écarter les fauves et les voleurs. Les hommes
ne ferment pas 1 œil de la nuit. A l'aube ils s'endorment;
les enfants s éveillent, ils se roulent nus et jouent sur le
sable; les jeunes bergers s'écartent avec leurs bêtes les
femmes vontchercher de l'eau, du bois, tissent les cordes
en poil de chameau, les étoffes de laine grossière, pré-
parent le repas de leurs maris. Du lait, des galettes de
farine, des dattes sèches, du couscous, plus rarement et
dans les grandes occasions un mouton rôti, pour boisson
de l'eau pure, tel est le régime des nomades. Toujours
en marche, 1 hiver dans le Sahara, l'été sur les hauts pla-
teaux, ils ont horreur d'un toit, ils méprisent le citadin et
tout leur est prison, hors la double immensité du désert
et du ciel.
Parmi ces nomades, dont la race est très mélangée,
on rencontre encore, surtout chez les grands chefs du
Sud, le type pur Mm~e. L'Arabe véritable est aisément
reconnaissable. tl est maigre, svelte, il a le visage ovale
et blanc, mais hâlé par le soleil, le nez aquilin, l'œil
cave, le regard vif, les lèvres minces, les dents d'une
blancheur éclatante, la barbe noire et frisée. Il séduit par
sa beauté, qui a quelque analogie avec celle des félins
(lions, tigres ou chats), par l'aisance, la souplesse de ses
mouvements, la gravité majestueuse et la noble simpli-
cité de son maintien, l'ample élégance du burnous qui
le drape, du haïlc qui encadre sa figure. Il a l'intelligence
subtile, il est observateur patient, reuéehi, et il n'en a
pas moins la passion du merveilleux. Il est terrible en
sa colère, capable des plus basses hypocrisies comme des
plus cruelles vengeances, et pourtant esclave de la foi
jurée. Alors même qu'il est menteur effronté, voleur,