vantage d'être comme moi de simples théoriciens, signa-
lèrent, de Nouméa et de Cayenne, les erreurs commises;
et nos critiques se rencontrèrent dans un accord signifi-
catif.
Le Sénat, grâces lui en soient rendues, a profondément
modifié l'économie du projet primitif.
Nous avons pu glisser dans une loi du 14 août 1885,
due à l'initiative d'un vrai jurisconsulte, M. Bérenger, un
tout petit paragraphe, permettant à l'administration de ne
pas expatrier tous ceux que les tribunaux auraient dû
condamner à la relégation et nous avons ainsi réduit de
beaucoup, au double profit des finances métropolitaines
et de la sécurité des colonies, le nombre des relégués.
Nous avons obtenu, dans la loi même du 27 mai. com-
plétée par le règlement de novembre 188B, que les réci-
divistes qui n'auraient pas des moyens d'existence dûment
constatés seraient astreints au cantonnement, au travail
et à des juridictions spéciales. Le fameux droit commun
des honnêtes gens n'a plus été réservé, d'après la loi du
27 mai complétée par le règlement de novembre, qu'aux.
récidivistes qui auraient à la fois des rentes et de bonnes
mœurs. Je crois que, dans le monde des repris de justice,
cette fleur des pois ne sera pas des plus abondantes; et,
dès lors, presque tous les récidivistes seront, depuis la loi
du 27 mai, à peu près assimilés aux forçats. Nous voilà
loin des propositions aimables et désordonnées du minis-
tère de l'intérieur.
Je me suis trop longuement étendu peut-être sur ce
grave et difficile problème de législation. Mes conclusions
du moins, seront brèves et claires.
Nous avons à l'heure actuelle trois peines qui se su-
bissent dans nos possessions d'outre-mer la déportation
de la loi de 1850, la transportation de la loi de 1854, la
relégation de la loi de 1885. C'est trop de deux.
La déportation est une peine coûteuse et inféconde qu'il
faudrait abolir. II y aurait lieu également de supprimer
la relégation, si jeune qu'elle soit, mais qui ne se dis-
tingue plus en dernière analyse de la transportation que
par l'étiquette du sac. Nous ne devrions conserver que la