d'habitude encourrait l'un après l'autre deux châtiments
distincts 1° le récidiviste d'abord devait subir en France,
pendant quelques mois ou quelques années, la peine ~em-
poraire de l'emprisonnement ou de la reclusion; 2" le
récidiviste devait subir ensuite aux colonies la peine per-
pétuelle de la relégation. Si l'on rapproche les deux
parties du système, il semble du moins que la peine
temporaire de l'emprisonnement ou de la reclusion va
constituer un châtiment inférieur, tandis que la peine
perpétuelle de la relégation va constituer un châtiment
plus dur.
Eh bien, non! Par une inversion hardie, le ministère de
l'intérieur change tout cela il déclare que l'emprison-
nement ou la reclusion à temps constituera la peine prin-
cipale, tandis que la relégation à vie constituera une
peine simplement accessoire. Ce contresens initial une'
fois commis, il en tire aussitôt une conclusion doc-
trinale. Le récidiviste, qui aura terminé en France la
peine d'emprisonnement ou de reclusion, sera considéré
comme un libéré à l'instant où il débarquera dans la
colonie. Cependant il n'est en réalité libéré que d'une
première peine (l'emprisonnement ou la reclusion), il
n'est pas libéré de la seconde peine (la relégation). Mais
pour le ministère de l'intérieur la première peine seule
doit compter, puisqu'il l'a qualifiée principale; la seconde
peine ne doit pas compter, puisqu'il l'a qualiîiée acces-
soire. Et maintenant ce récidiviste, qui arrive dans la
colonie à l'état de libéré, comment y sera-t-il traité? Le
ministère de l'intérieur, avec un imperturbable sang-
froid, déduit du malencontreux principe qu'il a posé des
conséquences follement logiques. Puisque le relégué est
un H&e~, il circulera sans entrave dans toute la colonie;
il travaillera ou ne travaillera pas, à son gré; s'il tue ou
s'il vole, il sera justiciable des tribunaux ordinaires; il
jouira, en un mot, du droit commun; oui, cet homme,
dont la métropole ne veut plus et qu'elle repousse loin
d'elle, ce malfaiteur chevronné, étant un /t~e;'e, pourra
sur une terre française se réclamer du droit commun
des honnêtes gens 1