Sans doute, on aurait pu obtenir à Berlin un partage
plus équitable entre nous et l'Etat du Congo (six fois
grand comme la France), si notre presse et l'opinion
publique avaient manifesté à cette époque la même
sympathie, la même ardeur qu'auparavant pour notre
entreprise nationale dans l'Ouest africain, si elles avaient
oRert à notre gouvernement un terrain de résistance contre les prétentions non fondées de l'Association, et
l'avaient encouragé et soutenu dans la défense de nos
intérêts.
Ce n'est pas un territoire plus ou moins grand que je
regrette. L'État libre du Congo, destiné à mourir d'ina-
nition, ne me paraît pas d'ailleurs bien inquiétant pour
le développement de notre influence dans le bassin sep-
tentrional du haut Congo. Il ne me paraît pas davantage
inquiétant pour nos intérêts commerciaux dans le bas
Congo, qui ne sera jamais qu'un cul-de-sac sans valeur
tant que nous serons maîtres des voies où nous pourrons toujours susciter une concurrence victorieuse pour nos
voisins. Mais ce que je regrette ici, c'est le manque
d'une véritable frontière naturelle -la rive droite du bas
Congo; c'est sa conséquence que nous ne serons pas
tranquilles sur la frontière du Chiloango, et que cela
nous forcera à donner à l'occupation d'une si mauvaise
zone frontière un caractère militaire, charge onéreuse
moins supportable encore pour l'Association qui, en nous
disputant cette frontière, a fait un faux calcul.
Sous ces réserves et celles que j'ai à faire à propos de
l'inaction antérieure de la marine au Gabon, dont la con-
séquence a été de faire limiter notre possession au paral-
lèle de la rivière Campo (dans le nord du Gabon), nous
devons reconnaître que les résultats diplomatiques obte-
nus à Berlin consacrent entièrement les conditions poli-
tiques '!< notre programme de 1885. Si c'est suivant
moi, qui désirais un peu plus -un succès relatif, je n'en
conviens pas moins, étant donnés les obstacles considé-
rables opposés à la réalisation même de notre programme
convenu, que notre gouvernement a remporté un très
grand succès en faisant ratifier par toutes les puissances