déferle incessamment une vague énorme, fin de la grande
houle qui agite l'Atlantique. C'est la barre, qui semble
opposer une barrière infranchissable au nouvel arrivant;
et de fait, pendant la saison des pluies, d'avril à juillet,
cette barre rend presque impossible les communications
entre la terre et les navires. Spécialement à l'embouchure
des rivières, la barre atteint une grande hauteur; aussi
les navires n'entrent-ils que très rarement dans les
rivières, opération longue et dangereuse qui exige un
très beau temps, un vent favorable et des sondages répé-
tés. Les navires mouillent au large, assez loin de terre, et
communiquent avec les factoreries établies sur le rivage
au moyen de baleinières montées par dix vigoureux
pagayeurs, lesquels, grâce à leur profonde expérience
de la barre, savent profiter du moment favorable, et pas-
sent à travers les brisants. Le chiffre des pertes éprouvées
dans ce passage dangereux est évalué par les factoreries
à environ 5 pour 100 des marchandises transportées.
Parallèlement au rivage de la mer, de vastes lagunes
s'étendent à l'intérieur, alimentées par d'innombrables
cours d'eau. Elles ne se déversent dans la mer que par
une de leurs extrémités. Celle de Grand-Bassam est la
plus grande de toute la côte entre le cap des Palmes et
le Volta. Dupoint où elle communique avec la mer, auprès
du comptoir de Grand-Bassam, elle s'étend vers l'ouest,
séparée de l'Océan par une langue de terre souvent très
étroite, sur une longueur de près de 80 milles. Avant de
se déverser dans la mer, elle reçoit l'Akba, qui, peu après
la saison des pluies, roule une masse d'eau considérable
difficile à remonter même pour les navires à vapeur. Ce
fleuve descend du nord et n'a pu être exploré à plus de
50 milles de son débouché dans la lagune, à cause des
cataractes qui barrent complètement son cours.
La lagune d'Assinie, beaucoup moins longue, s'enfonce
davantage dans les terres. Elle reçoit deux rivières l'une
qui passe auprès de Kinjaboo, la capitale du pays, n'est
navigable que pendant quelques heures; l'autre, plus
importante, le Tanoué, descend du nord-est; l'explora-
teur est arrêté, au bout de trois jours de navigation, par un