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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1908-06-26

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 26 juin 1908

Description : 1908/06/26 (Numéro 178).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2881330

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SOMMAIEE

̃̃" pages i et a

parisiens d'autrefois ;.Henry Rooton. A l'Académie française L'élection du secrétaire perpétuel. Autour de l'élection 1 CH.D.

Une grande fête ^Gastok Davbnay. PAGES 3 ET 4

La Chambre Lois ouvrières PAS-PERDUS. Dessin: Une fête sous Louis XV: De Losqoes. Le Sénat La question de confiance AUGUSTE Avril.

Les amis de Versailles Ch. D.

Petite chronique des lettres Ph.-Emm. GLASER. Les prix de l'Académie.

Ce qu'Us ont fait pour Elles Louis Delzoks. Les promotions.

PAGES 5 ET 6 y

Par fil spécial Albert Guillaume. La défense de J'enseignement laïque: Julien DE NARFÔN.

La réforme des études médicales Smester. L'assassinat de M. Remy.

Gazette des Tribunaux Cour .d'assises de la Seine M. Humbert contre le « Matin » Georges CLARETIE.

Feuilleton L'Ame libre BRADA.

Parisiens

d'autrefois

Voici un avis de la Préfecture de police, dont nous ne saurions trop louer la paternelle prévoyance

La circulation dans les rues de Paris devient tous les jours plus difficile et plus dangerêuse, principalement dans les quartiers du Centre,par suite dunombre toujours croissant des voitures de toute espèce qui se croisent en tout sens. Quelles que soient les mesures de sûreté ordo nnées par l'auto ri té.quels que soient le zèle et l'activité déployés par les agents chargés de surveiller l'exécution de ces mesures, des accidents funestes attristent encore trop souvent la population.

Le préfet de police supplie les bons r,itoyens de venir en aide à l'autorité. Il leur rappelle que la chaussée doit être réservée aux véhicules; il conseille aux piétons d'adopter de préférence les trottoirs. Si le public obéit à ces sages conseils, l'administration ose lui faire espérer que « le nombre des accidents diminuera progressivement )).

Vous reconnaissez bien là notre cher M. Lépine. Et pourtant, il n'est pas l'auteur de cette instruction, véritable modèle de tendresse et de vigilance administratives. Le document date de 1837. Il s'adresse aux libres administrés du Roi-Citoyen.

J'ai pris un plaisir de mélancolie et d'édification à copier ces lignes, d'un istyle lapidaire, au cours d'une visite l'Exposition de Paris au temps des' romantiques. Oh la délicieuse leçon d'humilité qu'on prend là, penché sur les vitrines où M. Marcel Poète et ses collaborateurs ont ressuscité vingt-cinq années d'histoire parisienne Les doctes bibliothécaires de la Ville sont des philosophes subtils et des poètes consolateurs. Ces fonctionnaires croient à ileur fonction jusqu'à la vouloir spiritualiser. Leur vie s'écoule au milieu des témoignages du passé; ils manient sans fatigue ni tristesse les choses de la mort. Une fois par an ils exhument de la nécropole dont ils ont la garde tous les secrets d'une génération. Cette année il leur a plu de reconstituer l'espace oùces ancêtres, déjà si lointains, les Romantiques, étalèrent leur magnanime orgueil. Voici les images des vieux coins disparus de la Cité, les portraits des lieux abolis, les modes défuntes, et, sur le théâtre reconstitué, tout un peuple 3e fantômes: qui nous joue la comédie d'autrefois. En une heure nous revivons an quart de Siècle et nous retenons familièrement contact avec des personnages fabuleux.

#

tl y a là besogne d'historiens, assuréflnent, mais c'est quelque chose de mieux encore. Les visiteurs de cette galerie d'estampes reçoivent des mains d'un garcien empressé une notice de quel-Tqueji pages. II importe de la lire, cette notice. Notre édilité cultive chez ses élus l'esprit de poésie. Les cochers marseillais, lorsqu'ils vous promènent sur la Cornidie, désignent du fouet la sombre silhouette d château d'If; ils évoquent le soutenir de Monte-Cristo. A Venise, des gondolieis vous arrêtent devant le palais qu'habitèrent Otello et Desdemona. On sait.à Marseille et à Venise, que ,1e monde vit de beaux mensonges.« L'humanité, a lit ur. sage, est gouvernée par les morts. » Riec n'est plusvainquededistingiier, entre les créatures qui firent du bruit surlaterre,celles de la vie charnelle et celles delavie de l'esprit. Ces dernières sont les seules vraiment assurées de ne point périr. Les biiliothécaires de la Ville dePans,pourvivin3rlesdocumentsqu'ils nous montrent, imtent la rusée candeur des cochers de Marseille et des gondoliers vénitiens. Arr«tez-vous devant la vitrine où l'ancien larreau des Halles est évoqué. A l'ange des rues de la Grande et de-la PetitfrTruândme, voici

l'image du Puits d'amour. Nous ouvrons le commentaire et nous y lisons « La rue Tirechappe, disparue dans le percement de la rue du Pont-Neuf, portait le nom d'un ancien fief, dont le sombre archidiacre Claude Frollo était propriétaire; c'est dans la rue des Deux-Ecus que Balzac loge l'illustre Gaudissart; le père Goriot tenait boutique dans la rue de la Jussienne enfin Béranger, gamin de Paris, allait à l'école dans l'impasse de la Bouteille, qu'a fait disparaître la rue Etienne-Marcel. »

Qu'il est précieux d'errer ainsi parmi les spectacles d'une humanité défunte sans avoir à ,distinguer entre la chimère et la vérité Les érudits qui font le songe de l'exactitude affectent de croire que Claude Frollo et le père Goriot n'appartiennent point à l'histoire de Paris. J'en ai rencontré un, et considérable, juste au moment où je venais de lire ces quelques lignes de subtile interprétation. Il les a parcourues dédaigneusement; il a murmuré « Je fais mes réserves » Il a refusé de lire le reste. 1l aurait souffert, à chaque page, en constatant que les rédacteurs de cette notice écrivent l'histoire selon les méthodes balzaciennes. Ils incitent Rubempré, de Marsay, Gobseck, Schmucke et Mme Marnefîe à revendiqueraudacieusement leurs droits à la vie. Et c'est précisément cette fraternité entre les morts de toute provenance, entre ceux qui s'évadent d'un ossuaire et ceux qui surgissent des livres, que prétendent imposer à notre piété les organisateurs de cette promenade à travers le Paris des Romantiques. Il faut docilement se laisser conduire par eux et s'abandonner en toute confiance. C'est un rêve qu'ils nous demandent de faire. Quand on a la bonne fortune de passer une heure avec des spectres, le moindre devoir de politesse est de croire à leur réalité.

Avant peu nous serons des spectres, à notre tour, et d'apparence aussi irréelle que Jean Valjean et que Bixiou. Sachons gré d'avance aux patients créateurs d'archives qui déjà classent dans leurs cartons les aspects légendaires que nous offrirons à nos héritiers. Ce sourire, un peu dédaigneux dont nous saluons les idées et les formes anciennes, disonsnous bien qu,il nous est promis. Que nous le trouvons intime et petit, ce Paris des grands,pères! Une impertinente gaieté nous prend à l'idée de monter dans ce coucou, gravé par Debucourt, que traîne un cheval de cauchemar. Nous nous sentons envahir par l'orgueil mauvais de jouir du Métro. Le taxi-auto nous rend méprisants pour les Citadines, les Ecossaises, les Béarnaises et les DamesBlanches. Revenons à des sentiments plus modestes. Disons-nous que Rastignac et Delphine ont connu, eux aussi, le péril d'être écrasés. Un préfet de police a veillé sur eux. Nous passerons à notre tour pour des gens timides et d'allure lente des propos attendris et dédaigneux s'échangeront un jour sur notre compte, en cette même salle de l'hôtel Le Peletier, dès à présent s'emmagasine le mesquin passé que nous deviendrons. Peut-être même aurons-nous, non moins que les revenants du Romantisme, cet air de ridicule gentillesse et de douce innocence. Nous semblerons de bonnes créatures, un peu barbares, qui dégustaient trop mollement la vie. « Ils n'étaient pas pressés! » se diront'nos fils.

Historiens sans doute, et bon poètes, les bibliothécaires de la Ville deviennent ainsi plus moralistes que des sermonnaires. Cette petite salle d'exposition, peuplée d'images, se transforme en un lieu d'oraison. Il est un coin, perdu dans la modernité, où la mort se fait amicale et souriante. Ce quartier du Marais est un délice il demeure obstinément lointain. Ilôt de souvenirs où la flânerie reste possible et permise. Ces deux maisons seigneuriales, Carnavalet et Le Peletier, sont essentielles à notre philosophie. D'aimables sages, ici Georges Cain, là Marcel Poète, y recueillent pieusement les éléments de notre gloire future. Nulle part les passants que nous sommes ne s'habituent mieux à l'idée de vieillir. Carnavalet est divertissant et somptueux. La visite de l'hôtel Le Peletier donne une joie plus austère. Le luxe en est banni. Michel Le Peletier, seigneur de Souzy, eut évidemment des goûts de confortable simplicité. Il voulut une maison paisible et cossue; il renonça dé parti pris à la splendeur. Cet homme de finances, de vieille souche bourgeoise, ne jetait point de la poudre aux yeux. Il m'apparaît comme un propriétaire qui faisait obéir son architecte. Pierre Bullet reçut de lui un programme volontairement modeste. C'est de la solide bâtisse et pas plus, ce qu'il faut de, pierres pour défier le temps sans insolence. La Ville ne pouvait choisir une maison mieux faite pour abriter de la recherche tranquille. C'est l' « Institut de l'histoire de Paris », qu'elle a installé là, sous la protection d'un vieux notable parisien. Rien ne distrait de leur oeuvre patiente les hôtes de ce lieu de travail et de silence. Quel merveilleux endroit pour faire des fiches Mais quoi voici déjà que la vaste demeure devient trop petite. Les documents s'amassent et menacent de crever les murs. Le Peletier de Souzy avait fait entourer son hôtel d'un de ces nobles jardins à la française, ordonnés comme une harangue parlementaire. La Ville possède tout ce terrain de l'ancien parc. Il sera facile de ressusciter, autour de ce dépôt de souvenirs, un décor de gaieté et de verdure. Les témoignages contemporains nous renseignent à souhait sur les parterres de l'hôtel Le Peletier. L'orangerie subsiste encore, avec ses arcades et le tympan où vieillit tristement l'image d'on ne sait quelle divinité. Pierre Bullet donna du travail à ses camarades sculpteurs. II a imposé à son propriétaire deux commandes de statuaire. La figure du Temps règne, mé-

lancolique et résignée, sur un terrain vague qu'envahissent de maigres orties. Nous prenions d'abord pour une nymphe, échappée des mythologies de Versailles, cette autre figure, couchée au fronton de l'orangerie. L'aimable bibliothécaire, qui nous guide au cours de notre pèlerinage, assure que le sculpteur a représenté la Vérité. Nous devons l'en croire sur parole. Il est impossible que ces deux déités rivales restent ainsi exilées en plein Paris. On leur doit un square. Le Temps et la Vérité? où pourraient-ils se sentir mieux chez eux que dans la maison où l'on s'efforce de les faire vivre en bon ménage. Nous avons hâte de les voir offrir aux curieux de l'histoire parisienne et de l'histoire de toujours le symbole consolant de leur union. Henry Roujon.

Échos

La Température

Le ciel est toujours nuageux une très faible ondée est tombée sur Paris, hier, de quatre heures et demie à cinq heures du matin. Mais' la journée a été très belle et surtout très chaude malgré un vent du nord-nord-est qui a soufflé depuis le matin jusqu'à la fin du jour: le thermomètre, en hausse, marquait i6° au-dessus de zéro dans la matinée, il atteignait 300 à une heure et restait à 250 dans la soirée. Hauteur barométrique, 7Ô7mmi. Les pluies sont rares en Europe en France, il a plu seulement à Besançon et à Belfort; quant à la mer, elle est agitée sur la Manche. La température est restée sensiblement la même sur nos régions.

Départements, le matin. Au-dessus de \éro 130 à Cherbourg et à Ouessant, 140 à Dunkerque et à Boulogne, 150 à Brest, à Lorient, à Nantes, à Limoges, à Toulouse et à Belfort, 160 à Biarritz et au Mans, .17° à Ole d'Aix, à Rochefort, à Bordeaux, à Clermoht et à Charleville, 180 à Nancy et à Lyon, 19? à Besançon, à Marseille et à Oran, 21° à Cette et à Alger, 220 à Perpignan.

En France, un temps moyennement chaud avec ciel nuageux est probable.

(La température du 25 juin 1907 était, à Paris 130 au-dessus de zéro le matin et 180 l'après-midi; baromètre 765°"" ciel chargé de gros nuages.)

Du Nezo York Herald 1..

A Londres Temps beau. Température maxima, 220 minima, 120. Baromètre station*- naire. Vent est-sud-est.

A New-York Temps couvert. Température maxima, 300 minima, 23°. Vent nordouest.

A Berlin Temps beau. Température (à midi) 18°.

Les Courses

Aujourd'hui, à deux heures, Courses à Saint-Ouen. Gagnants du Figaro Prix de la Côte-d'Or: Thélème Grande Mademoiselle.

Prix du Doubs Etendard III Pruth. Prix du Forer. Ratinet La Smalah. Prix du Charolais La Marmotte; Le Connétable II.

Prix Valois: Poigny; Berkshire.

Prix de la- Bourgogne Ecurie Thiébaux; Pruth. ̃

LE GACHIS

Oy Après pointage, le ministère a eu une voix de majorité absolue sur le vote demandé par M. Prevet au nom de la commission des chemins de fer, vote que M. Clemenceau a combattu à la tribune du Sénat, en posant à nouveau la question de cabinet.

Si l'on veut bien considérer que trois sénateurs ministres, dont M. Clemenceau, ont exprimé par leur propre bulletin là confiance "qu'ils avaient euxmêmes en eux, on reconnaîtra que c'est une faible majorité.

Après cette bataille, la lutte étant superflue, puisque le ministère l'emportait, l'article premier concernant le principe du rachat a été adopté sans débats par 35 voix.

Ce n'est pas la victoire, c'est le gâchis. C'est le gâchis, parce que les déclarations qui ont été apportées à la tribune du Sénat par le président du Conseil ne font qu'accentuer sa politique vers les socialistes et les collectivistes dont il se prétend l'adversaire. M. Clemenceau a avoué que dans le rachat de l'Ouest il voyait un moyen de peser sur les autres Compagnies de chemins de fer pour leur faire adopter les procédés d'exploitation que l'Etat se proposait d'appliquer à son réseau. Attendons-nous, par conséquent, à toutes les surenchères électorales, à l'augmentation des salaires des employés, à la diminution des heures de travail, etc. Le jour où le gouvernementimposeraaux autres compagnies, par l'intimidation, ces mêmes prodigalités dans les dépenses, il n'y aura plus sur nos grands réseaux que des déficits. La répercussion du rachat peut donc être considérable sur la fortune et le crédit de la France.

Sans compter que les paroles de menaces et de suspicions jetées, comme hier, par un chef de gouvernement sur toutes les administrations de nos Compagnies de chemins de fer peuvent être indignement exploitées parmi leurs ouvriers et provoquer des revendications, ou fomenter des grèves dont on ne saurait prévoir ni les conséquences ni la pontée. Obtenir, au prix de ces semences de haine et de discorde, quelques semaines ou quelques heures de survie c'est, pour le cabinet, une triste victoire.

La journée est donc aussi mauvaise pour le ministère que pour le pays. Gaston Calmette.

A Travers Paris

Le Président de la République et Mme Fallières, avant de -partir pour 'Rambouillet, donneront le mois prochain une « garden-party dans le parc de l'Elysée. Cette fête pour laquelle plusieurs mil-

liers d'invitations ont été lancés aura lieu le dimanche 5 juillet.

C'est demain, que sera donné à l'Elysée le dîner en l'honneur des membres des jurys, et des lauréats des deux Salons.

Ce dîner sera suivi d'une réception sur invitation.

Le voyage présidentiel.

Les détails du programme du voyage en Scandinavie commencent à se préciser.

La date de l'arrivée à Stockholm a été, par exemple, définitivement fixée au vendredi 24 juillet.

Le roi Gustave V, et probablement aussi la reine de Suède, dont l'état de santé s'est beaucoup amélioré depuis quelques semaines, attendront M. Fal-, Hères entre deux et trois heures de l'aprèsmidi, entourés de tous les membres de la famille royale, à l'exception de la Reine mère, qui recevra la visite du Président, lé soir même, dans son palais. Le Président de la République franchira l'archipel au sein duquel est bâtie, au point de jonction du lac Moelar et de la mer, la capitale suédoise, qu'on a sur'Tiomaiée pour cette raison la « Venise du Nord », a bord d'un croiseur ou même d'un torpilleur, le tirant d'eau étant trop faible dans la baie de Stockholm pour les bâtiments du tonnage de la Vérité. Une des premières démarches de M. Fallières, à son arrivée, sera la visite du tombeau du roi Oscar II dans l'église de Riddarholmen, où se trouvent les sépultures de Gustave -Adolphe, de Charles XII, de Bernadotte et- de tous les rois de Suède depuis trois siècles.

Le Président de la République sera l'hôte des souverains suédois pendant trois jours; il -ne quittera Stockholm, en effet, que dans la soirée du dimanche 20 juillet, se rendant en Russie pour y saluer dans les eaux de la Baltique S. M. Nicolas II.

Les crimes qui se reproduisent depuis quelque temps avec une régularité dont s'inquiète l'opinion' publique commenceraient-ils à troubler les législateurs dans leurs idéologies humanitaires ? Un fait vient de se produire à la Chambre qui mérite d'être signalé. La commission de la réforme judiciaireavait .nommé comme rapporteur M. Péret, qui est connu pour être favorable à l'abolition de la peine de mort. Or M. Péret vient d'être amené à se démettre de sa fonction: il s'est aperçu subite ment qu'il n'était plus d'accord avec la majorité de ses collègues. Il a suffi pour cela que des malfaiteurs tuassent coup sur coup un peintre et sa belle-mère, un rentier, une honnête courtière en bijouterie, et quelques autres personnes encore.

M.,CastiIIard-, qui fut élu à la place de M. Péret, est tout à fait dénué de. sensibilité à l'endroit des assassins. Il proposera le rétablissement et le raffermissement de la guillotine, supprimée de fait depuis trop longtemps. C'est bien le tour des malandrins d'avoir de petits désagréments, et entre autres celui de risquer un peu leur vie, eux aussi.

Le scandale téléphonique.

Jusqu'à présent nous n'avons eu à signaler que des retards plus ou moins considérables dans l'obtention des communications des aménités, comme seuls en savent inventer pour leurs abonnés souffre-douleur, les messieurs et dames du téléphone; des « mises à pied» des abonnés qui ont eu la mauvaise fortune de déplaire auxdits employés, etc. Voici beaucoup mieux

M. le comte Jacques d'Aubigny, 19, avenue d'Eylau, téléphone 092-23, demandait hier une communication. Comme on tardait à la lui donner, il commit l'imprudence de réclamer. On juge comme il fut accueilli.

Il se rendit alors au bureau des Sablons pour se plaindre. Là, on trouva fort inconvenante son audace et, comme il voulait discuter, deux ou trois employés se jetèrent sur lui et, brutalement, l'expulsèrent.

M. d'Aubigny a déposé une plainte entre les mains de M. Landel, commissaire de police.

Les dons magnifiques.

Mme Palyart-Mancel, dont nous annoncions dernièrement la mort, lègue à l'hôpital Saint-Jacques, sous réserve d'une rente viagère à servir à une personne désignée dans son testament, une somme d'un demi-million.

Elle dispose également en faveur du même établissement de sa propriété de Guerligny avec toutes ses dépendances.

Dans le cas où l'hôpital Saint-Jacques iie pourrait bénéficier de ces libéralités, slles seraient faites à la commune de

Warsy.

D'autres part Mme Palyart-Mancel lègue à la ville de Paris une somme de cinquante mille francs pour les orphelins de la préfecture de police; à l'Académie des sciences, lettres et arts d'Amiens, quarante-cinq mille francs; enfin, au musée des Arts décoratifs, ses bijoux, dentelles et objets d'art avec une somme de mille francs pour leur installation au pavillon de Marsan.

L'ouverture de la chasse.

On commence à s'occuper de l'ouverture de la chasse au ministère de l'agriculture.

M. Ruau prépare une consultation des préfets de tous les départements, qui devront, dès le mois prochain, lui envoyer leurs propositions, basées sur l'état des récoltes.

Il est à peu.près certain qu'on pourra faire l'ouverture de la chasse, cette année, dans les départements du Midi, dès le ±5 août, jour de rAsssoniption, qui

tombe un samedi. Les chasseurs pourraient donc profiter, pour garnir leurs gibecières, des deux journées de fête que leur donnera.le samedi 15 et le dimanche 16 août, la vacance des affaires.

Il est probable, d'autre part, que l'ouverture aura lieu, dans la région parisienne, vers la mi-septembre.

INSTANTANÉ

Tancrède MARTEL

Quarante-cinq et quelques années. Ressem- ble à un Valois myope. Va droit devant lui en promenant sur la vie le sourire indulgent d'un philosophe, sans rien perdre de son enthousiasme.

Provençal et Massaliote, mais Parisien jusqu'aux moelles, il débuta par des poèmes lyriques sous l'œil approbateur de Banville et de Victor Hugo, fut le plus jeune membre du < groupe des Vivants», et mit peu-à peu son nom dans tous les journaux de Paris. Erudit à la mémoire prodigieuse, fanatique d'histoire et d'art, il vient d'avoir coup sur coup deux succès retentissants en librairie avec le Prince de Hanau et cette exquise Blancaflour, dont Frédéric Mistral a dit qu'elle est « colorée comme les soleils couchants du paysage rhodanien ». L'an dernier, il donnait au Figaro ce dramatique roman parisien Loin des Antres; et ces jours derniers, on applaudissait de lui, à la Comédie-Française, une comédie en vers mettant aux prises Corneille et Richelieu.

Poète, romancier, auteur dramatique, conteur savoureux, causeur pailleté d'anecdotes, M. Tancrède Martel est de ceux que guette le ruban rouge. Son talent, large, vibrant et pittoresque, est en plein développement. Ses amis connaissent de lui une certaine Délicia en cinq actes, qui lui permettra bientôt, ainsi que l'a écrit Richepin, de s'affirmer comme un de nos meilleurs dramaturges en vers.

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La maison de Balzac, dont nous parlions dernièrement, ce vieux logis de la rue Raynouard, qui est laseule.des nombreuses demeures tfù ait vécu l'auteur de la Comédie humaine encore subsistante aujourd'hui, va être classée par la commissiondes monuments historiques. En attendant, on vient d'apposer sur sa façade une inscription commémorative ainsi conçue « Dans cette maison, Honoré de Balzac vécut de 1842 à 1848. » Le public est admis à partir d'aujourd'hui à la visiter, en avisant par lettre son conservateur.

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Hier a été célébré, en l'église SaintPhilippe du Roule, le mariage de M. Charles-André Amidieu du Clos, fils du distinguédirecteurdes mines de Longwy, avec Mlle Finet.

Une nombreuse et élégante assistance avait tenu à apporter ses vœux aux nouveaux époux,

L'élégante limousine « G. E. M. », abondamment fleurie, de la gracieuse mariée a fait sensation parmi les autos qui attendaient les invités au départ de l'église.

C'est avec cette voiture que les jeunes époux iront faire cet été un long voyage dans l'est de la France.

La nouvelle Darracq 1908 continue de faire l'admiration des chauffeurs qui s'accordent tous pour reconnaître en elle l'idéal de la voiture automobile à la fois simple, silencieuse et souple. Les Magasins des Champs-Elysées, où sont exposés ces merveilleux types de voitures, sont tous les jours le rendez-vous d'une foule de sportsmen curieux d'en examiner le détail perfectionné. Il faut ajouter qu'ils se montrent tous surpris de l'extraordinaire bon marché de ces nouveaux modèles.

Hors Paris

La capitale estivale des mondanités est sans contredit, la jolie station thermale de Vichy. Reconnu ces derniers jours Comte de Noinville, Baratier, Valentini, Meunier, Raynaud, John Alexander, Roswald, de la Plagne, Hirsch, comte et comtesse de Périgny, bey Saleh Chagarat, de Kerangalet, Amilca de Sassa, Robert de Chantemerle de Villette, Chanoine, de SaintVictor, de,Joui-daii, Bovy, Deschaux, Zamora de Bogota, miss Hill, Brûll, de Rudder, Dulac, Megaetman, de Bacalan, Mascarenhas, Hortolat, Zezymbrouch, de Korsalc, de Surineau, Harley Brown, Ogden Codman, Renard de Ry, vicomte de Bernis, comte et comtesse de Prez, Jose Monterro Soarès de Albergaria, Rocher, Chocarne, Sydenham de Doulhens, Pommier, Magnin, Menahem Hasan, Sandino, Rios, Hàmmond, Rischmann, de Lapoyade, Spitz, Bourachevsky, de Beaucorps, marquis et marquise de Ferrera, Antoine, Rumpelmayer, Bertrand, Lettardi Giovanni, Labomersky, Maisonneuve, de Casambon, Rueff, Messiah, Nigon, comtesse de Beaumont, Miguel Figuerra, Hauser, A.-A. de Pass, Popelin, baronne Lambert, Edwards Nieto, Menier, Leglise, Robert de Billy, de Castro, Goupel, Tardif, Sulzberger, Dupont, prince et princesse de FeLiely, Zimermann, De La Fontaine, Basile de Bacheracht, Souveroff, Chauvière, député Ziégler de Loës, d'Isvekoff, de Mocomble, Serre, lieutenant-colonel Daires, Jean Rocha, Affre, Lagrange, colonel de Jacquelin Duphé, de Ghavanon, comte O'Mahomy, du Martray, comtesse des Mazis, Sainte-Claire-Deville, deNoury Saint-Hilaire, comtesse de Rochechouart, baron Alexis, Mme la générale Guey, de la Serre, de Fraix, Tragello Palma de Majorca, de Saisserey, Lasne, Andrew Mac Kinley, de Mohrens.child, Right Revcrand Mathew Harkins, Egerton, comte de Botmiliau, Gipoulon, de Lestre de Rey, de Foucauld, Hebrard, Bastoul de la Guillebardière, Isabev, Elegma, José Ares, Goldschmidt, de Goldberg, V. B. Bell, Choremi, Theuriet, de Bergues, Soubeyrand, Siiss, Lévy, Bourquin, Zaroudzka, Polak, Tussenot de Senonges et combien .d'autres personnages illustres.

Lesquels, très assidûment, suivent les extraordinaires spectacles donnés par M. Saugey au merveilleux Casino de Vichy.

Les mémoires de M. Rockëfeller. Le directeur d'un magazine de NewYork a eu l'étrange idée de demander au

milliardaire John Rockefeller d'écrire l'histoire de sa vie, que tout le monde connaît.

Le contrat passé entre l'auteur de ces mémoires et leur éditeur comporte une clause plus étrange encore l'ouvrage de M. John Rockefeller devra être divisé exactement en six chapitres ne comprenant chacun ni plus ni moins de six mille mots.

:c 0

La saison du plein air. Voici venue. l'époque des vacances et déjà chacun s'inquiète du choix des villégiatures estivales. Mais que l'on parte pour la monta- tagne, pour les champs ou pour la mer, une visite s'impose aux salons de Màcdougal, le maître tailleur de la rue Auber (coin rue Scribe). Tous nos élégants y trouveront un choix complet d'étoffes écossaises d'importation directe, qui forment de ravissants costumes de sport.

Nouvelles à la Main `

Calinotades ".H

Le rachat de l'Ouest a été voté- à une voix de majorité.

Celle de qui? 2

Mais aussi, quel mal s'est donné le ministère pour obtenir cette voix unique f Les travaux de la voix.

Comme jadis les rois de France, nos ministres reçoivent des surnoms. Connaissez-vous celui du sous-secrétaire d'Etat à la guerre.

Dites ? 2 ̃: >.

Chéron l'lnopiné. ~>1

Le Masque de Fer.

Fantaisies parisiennes

Paris sous le chanvre

Faisons nos malles, nos paquets Et nos valises dare-dare,

Et prenons vite nos tickets

Aux guichets d'une grande gare, Ou Montparnasse ou Saint-Lazare. Quittons cette ville à tout prix. Gare à nos pommes d'Adam gare 1 Les étrangleurs sont à Paris,

Réunis chez les mastroquets,

Les bons apaches se préparent, ̃'• En étranglant des perroquets,

A des jeux encore plus barbares/ •-•-̃̃La nuit vient. La. terreur s'empare Des bourgeois les mieux aguerris, Le plus intrépide s'effare.

Les étrangleurs sont à Paris.

Les filous et les pickpockets,

Et tout le ramassis bizarre ̃' '>

Qui fourmille le long des quais, Dames sortant de Saint-Lazare, Fleurs des fortifs, gibiers des squares, Vampires et chauves-souris,

A travers la ville s'égarent. '̃̃

Les étrangleurs sont à Paris. ̃̃̃•

De chanvres bien tressés, coquets, Ils ne se montrent point avares Et pour nos ultimes hoquets

Ils ont des élégances rares

Ils opèrent sans tintamarres, > Et c'est sans rumeurs et sans cris Qu'ils nouent leurs solides amarres, Les étrangleurs sont à Paris.

ENVOI C'

Prince, dont la bonté s'égare,

En dépit des vœux des jurys,

Sur d'indignes chenapans, gare ̃ Les étrangleurs sont dans Paris. Jean Bastia.

A L'ACADÉMIE FRANÇAISE

L'élection du secrétaire perpétuel

L'Académie française avait à choisir, hier, le successeur de Gaston Boissier comme sous-secrétaire perpétuel. Le résultat de cette séance était attendu avec beaucoup de curiosité, et d'autant plus que nombre de fausses nouvelles avaient été répandues à ce propos. On annonçait plusieurs candidatures, dont quelquesunes n'étaient pas du tout vraisemblables et qui même avaient toutes l'inconvénient d'être inexactes, puisque l'usage n'est pas, en telle occurrence, de faire acte de candidature.

Il n'y eut que vingt-sept votants. En effet, depuis la mort de MM. Gebhart, Ludovic Halévy, François Coppée et Gaston Boissier, les Quarante ne sont plus que trente-six. En outre, MM. Francis Charmes, Jean Richepin et Henri Poincaré-, n'ayant pas encore été reçus en séance publique, ne votent pas. Puis MM. Edmond Rostand, Henri Lavedan, de Freycinet et le cardinal Mathieu étaient absents et l'on sait que M. Anatole France ne vote jamais.

Dès le premier tour de scrutin, vingt voix sur vingt-sept ont désigné M. Thureau-Dangin. Deux voix s'étaient portées sur le nom de M. Jules Claretie; une voix sur le nom de M. Mézières. M. Jules Claretie -et M. Mézières, dont on avait parlé ces jours derniers comme des secrétaires perpétuels éventuels, avaient cependant eu soin d'avertir leurs amis qu'ils ne désiraient pas cethonneur. M. Mézières est assez occupé par le rôle si important qu'il joue au Sénat et M. Jules Claretie est trop attaché, trop' dévoué à la Comédie-Française pour accepter aucune autre fonction.

Le nouveau secrétaire perpétuel de l'Académie, M. Paul Thureau-Dangin, est académicien depuis quinze ans il a succédé, en 1893, à M. Camille Roussel. Après avoir été avocat à la Cour d'appel, auditeur au Conseil d'Etat et, au temps de l'Assemblée nationale, collaborateur au journal le Français, M. Paul


Thuréau-Dangin s'est entièrement consacré à l'histoire, où. il fut bientôt émihent. Son Histoire de la Monarchie de Juillet fait autorité. Composée sur des documents très complets, écrite avec élégance et avec goût, animée de l'esprit le plus, impartiaÇ elle peut êlre considé.rée comme décisive.

M.ïhureau-Danginèstâgéde soixanteet-pnze ans. Le vote d'hier prouve assez haute estime que ses collègues ont pour lui. C'est un homme de grand caractère etde charmante amabilité. La" Compagnie, après avoir installé M. Thùreau-Dangin dans ses nouvelles fonctions, a complété la constitution de son bureau pour le troisième trimestre dé cette année. Elle a élu M. Jules Clai^etie: directeur et M. Barboux chancelier. Ensuite,, elle, a déclaré la vacance du fauteuil de François Coppée, et elle a entepd'U la lecture des lettres par lesquelles. MM. Alfred Capus, Georges de porto-Riche et Brieux posent leur candidature au fauteuil de Ludovic Halévy.

Autour de l'élection

il. Thtireau-Dangin fera saris doute comme MM. Darboux et Georges Picot, ses collègues de l'Académie- des sciences et de l'Académie des sciences morales et politiques, qui n'habitent pas le palais Mazarin, un des secrétaires perpétuels « externes » de l'Institut. La tradition de l' « internat » y sera d'ailleurs "sauvegardée dans les appartements de l'aile droite de l'ancien collège des Quatre Nations, pttr M. Georges Perrot, de l'Académre des inscriptions; et par M. Henry Roujon, de l'Académie des beaux-arts, devenu aujourd'hui le troisième doyen_d'élection des secrétaires perpétuels.

M. Ïhureau-Dangin se résoudrait difficilement à quitter son logis natal de la rue Garaneïèrë, sorte d'hôtel historique où ses enfants ont grandi, oit s'est écoulée « dans la pratique- d'une haute vertu », ainsi que le disait M. Jules Claretie. en le recevant à l'Acpdemie française, son existence sérieuse et douce. ̃ ̃ Il y est entouré de toute sa famille. Là vivent avec lui et Mme Paul Thureau-Dangin, ses fils et ses brus, le très distingué assyriologue du Louvre et Mme Jean ThureauDangin, née Leroy-Beaulieu, M. Pierre Thurèaiv-Dangin, officier de dragons, actuellement en congé en Amérique avec sa jeune femme; née Lehideux, et aussi M- et Mme Q. lTiureau-Dangin, née Duport, M. Joseph Thvireau-Dangin, qui le suivent chaque été 4n son château normand de Bouelle Ou en sa villa de Bellevue.

Par surcroît, mille souvenirs l'y retiennent, grjtre la grande cour pavée ou passèrent, dans l'encadrement dés vieilles bornes à la mode d'autrefois, tant de cortèges joyeux ou tristes, et le jardin aux arbres centenaires à l'Ombre desquels on retrouve la place des êtres aimés qu'on ne reverra plus.

Et encore, de précieuses choses, telles que l'admiTable c&llection des Rembrandts, léguée par son beau-père, le célèbre graveur Henriquel-Dupont, et dont quelques pièces admirables figurent en ce moment à l'exposition de la Bibliothèque nationale.

Certainement M. Thureau-Dangin n'abandonnera pas tout cela pour l'appartement de la rue Mazarine.

Le nouveau secrétaire perpétuel est le vingtième que se soit donné l'Académie française depuis sa fondation en 163'1.

Le premier fut-Confart, qui tout de suite établit "ie 'record de ces fonctions en les exerçant pendant quarante et un ans. Mézeray, qui lui ,suc«!éda^ r,ôgna huit années seulement, mais Régnier-Desmarais, troisième

secS^re^roiTpétoel-ijcwpa^le'fauteuil trente

ans, de 1683 à 1713.

Leurs successeurs furent, au dix-huitième siècle, André Dacier, secrétaire perpétuel pendant neuf ans;Dubos, pendant vingt ans Houtteville, pendant sept mois, du 5 avril au mois de novembre Ilk2; J.-B. Mirabaud,. treize. ans; Duclos, dix-sept ans; d'Alembert, onze ans; Marmontel; dix ans. L'Académie est supprimée en 1793. RétaMié'en 1808, ellé élit secrétaire perpétuel Suard1, qui exerce les fonctions pendant quatorze ans; puis Raynouard, qui au bout de six ans .démissionne et qui est remplacé par Auger. Ce dernier se suicide en se jetant dans la Seine du haut du pont des Arts, au cours de la troisième année de son secrétariat perpétuel. Ce suicide et cette démission sont les geuls événements notables de l'histoire des secrétaires perpétuels, qui reprend sa sérénité avec Andrieux (1829-1883), A. V. Arnault (1833-1834), Villemain (1835-1870) dont le règne est le plus long après celui de Conart, Patin (1870-1876), Camille Doucet (1876-1895) et Gaston Boissier (1895-1908). Le trente-septième fauteuil de l'Académie, qui est celui de M. Tlîureàu-Dangin, n'avait encore donné à la compagnie aucun de ses secrétaires perpétuels. Il a été occupé successivement par Daniel Hay de Ohambon, Uossuel, le comte de Polignac, l'abbé de Saint-Cyr de Giry, l'abbé Batteux, Lemierre, #igot de Préameneu, le duc de Montmofepcy, Gairaud, Ampère, Prévost -Paradol, Camille Rousset et l'élu d'hier.

M. le marquis -de Ségur, après l'élection, a adressé une demande d'audience au Président de la République afin de soumettre à l'agrément du chef de l'Etat cette élection ù laquelle il a présidé en qualité de directeur de l'Académie.. Ch, D.

Ch. D.

ïxg^nae^Ia^irie

SALONS

–̃"La duchesse de" Rohan prêtait hier ses salons a une attrayante matinée organisée par les" soins de M. Léonce de Larmandie et exclusivement consacrée au poète Humilis. L'assistance très nombreuse et très choisie a tour à tour applaudi M. Truffier, dans Fraternité; Mlle Breitner, dans hs Mains; Mlïépussane, dans le Cantique de la Seine puis Mlle Dufresne, de la Comédie-Française, Mlle Roch et Mme jarlaud ont fait entendre d'autres vers également fort goûtés. MM; de Saint-Chamarand et de Larmandie ont su de leur côté trouver d'éloquentes paroles pour raconter et magnifier le délicat poète, trop ignoré jusqu'ici.

M. Léon Suarès a donné avant-hier Un très élégant dîner chez Ritz. Ses convives étaient:

Le cliàrgé d'affaires d'Italie et la baronne Aliotti, marquis et marquise Théodoli, comte Ëo.uif^René de Gramont, baron de llitter, baron 4e Zuv'lçn de Nyèvelt, M. et Mme do Bénardaky, baron '.f et: baronne Fould-Springer, Mme John Balli, comte e,t comtesse de Zogueb, comte Trist?n de Grameclp.,

Une heure de musique dimanche prochain .chez Mme Armand Marne.

Mine' André Beaunier réunissait hier ses amis pour, leur donner la primeur de trois nouvelles mélodies de Gabriel Fâuré, la Ch'ansou rf'JSce, composées sur des poèmes de Van Leirberghe. Sa belle-sœur, Mlle Thérèse Be,auntèr,- l'aidait à faire les honneurs de cette réception, qui fut très brillante. Les mélodies de Gabriel Fauré, admirables et gracieuses, ont eu le pins vif succès.

Reconnu

MY et Mme Emile Boutroux, Mme et Mlle Emile Ollivier, comte d'Haussonville, M. et Mme Anatole Leroy-Beaulieu, Mme Goyau-Félixtfajlre, M. et Mme J.-L. Forain, Mme Çabnelîfe.rrîer, M. et Mme Henri de Régnier, M. et Mme P«'ur Escudier, M. et -Mme LeWlle, Jvlme Ernest Chausson, Mme de ïavernier, M. et Mme Edouard Rod, Mraes Alexandre Ribot. Hippolyte Adam, Alexandre Dumas, Alec Waley, de La Bmnière, SulzTjftçh, ~tiï. et Minf Yçatraan comte et corn-

tesse de Nalèche, Mme Charles Max, MM. Bihourd, Camille Chevillard, Mme Orosdi, comtesse de Najac, MM. Alfred Capus, Francis Chovassu, Pierre do Brëville, M. et Mme Charles Nef,' Mme Delavigne, M. et Mme Fauchier-Mag-nan, M. et Mme Fauchier-Delavigne, M. et Mme Jacques Lebel, baronne et Mlle Lejeune, Mmes Kmfle Pereiro,Hochon, Jacrmea Hei'mant,Noel Bardac,Strauss, M.. Mme et Mlle Legendre, MmeRicard.M.etMmeDumény.M.etMnie LouigDiémer, M. et Mme Droz, M. et Mme Jules Dietz, Mme Madeleine Lema,ire et Mlle Suzette Lemaire, M. et Mme Bracquemo.nd M. et Mme Çortot, Mlles About, l'ainir^l Martin, M. et Mme Maurice Martin, Mmes Foiret, Pierre Decourcelle, Pottiér, Hasselmans, Dèbacq, Coulombel, le docteur et Mme Landolt, M. et Mme Metman, M. et Mme Fevnand Halphep, Mme Baignières, M- et Mlle Oulmont, M. et Mme Deli^nd, Mmes de Labou- laye, de Monlignon, M. et Mme Vaudoyer, M: et Mme Philippe de Rouvre, le docteur Guinard, Mmes Le Bret, Guiard, M. et Mme Bougie, Mlles Chaigneau et Henriette Renié, M. et Mme Bufnoir, MM. L. Grenier, Henry Février, Louis Schneider, Miguel Zamacoïs, Paul Tur, Auguste Pierret, Kugène d'fiichtal, Charles Cottet, Jean Béraud, Maciet, Gaston Bérardi. Aubépin, Emile Berr, Fernand Oohsé, Maxime Dethomas, Arsène Alexandre. J.-L. Vaudoyer, Robert Dreyfus, André Saint-Hilaire, de Chevarrier, le docteur Maurice de Fleury, Poujaud, Demaison, André Hallays,. Georges BaugTiies, Léon Moreau, etc. Le maître .Gabriel Fauré accompagnait au piano,

Le marquis et la marquise de L'Eglise de Ferrier de Félix recevront, le jeudi 2 juillet, de quatre à sept heures, à l'occasion de l'anniversaire du mariage de leurs enfants. Musique, comédie.

Lord et lady Savile ont donne, lundi dernier, à Londres, un très élégant dîner dans leur bol hôtel de Berkeley Square. Parmi les convives

Princesse Henry de Battenberg, l'ambassadeur de Russie et la comtesse BenckendoL'H'. comtesse N. Benckençlqrn", duchesses de Beaufort et de Rutland, marquis de Jâucourt et de Yillalobar, comte de Shrewabury, lady.Alexandre Paget, sir Gérard et ladv Lowthér, sir Alan .lohnstone, M. Winston Churchill, lady Lilly Wemyss, sir Ernest Cassel, M. et Mme Burns, miss Mills, major fit Mme Ileneage, Mme Moore, sir Schomberg Mac-Donnell, sir Hechvoret Williamson, miss Brougham, Mme Leslie, M. etMmo Guthrie,

comte Pejacsevitch, le capitaine'l'harp.

Après le dîner, on a eu le plaisir d'entendre et d'applaudir chaleureusement Mme ClavetDalnert, dont la voix est si belle et l'art si parfait.

RENSEIGNEMENTS MONDAINS

En quittant la Turquie, le prince Napoléon s'est rendu chez S. A. R. le prince de Bulgarie, puis en Serbie, chez le Roi.. Le Sultan, avant le départ du prince, lui avait fait remettre le grand cordon de l'Osmanié avec brillants. Le prince Ferdinand ainsi que le roi de Serbie remirent au prince les insignes de leur ordre.

Pendant son voyage dans les Balkans le prince en étudia la 'question avec le plus grand intérêt.

Son Altesse Impériale est arrivée hier chez sa mère, la princesse Marie-Clotilde, au chàteau de Moncalieri, près de Turin. Son séjour en Italie sera de quelques jours.

La journée d'avant-hier à Compiègne comptera comme une des plus réussies dan? les fastes de la Société» artistique des amateurs.

Un train spécial amenait les nombreux sociétaires qui, à leur arrivée, ont déposé une gerbe de fleurs au pied. de la statue de Jeanne d'Arc, tandis que le comte de Bourboulon disait, avec une émotion communicative qui soulevait tous les applaudissements, les vers suivants du baron de Jouvenel A JEANNE D'ARC

Toi qui fus trop modeste, ô Jeanpe, sojs.plus, flère, Car ton bronze est le seul qu'on n'ait pas mis. par i-

On nous dresse une idole à. chaque carrefour, ;• Tous ces passants de marbre auront leur, mauvais a

N'écoü~ô~s pas le:~ vôix à la note |.i°ur-

N'écoulons pas les voix à la note plaintive,

Qui glacent le courage, amènent les malheurs, Mais les voix qui font croire a des destins meilleurs. Qu'un espoir invincible à tous les cœurs arrive Honneur à Jeanne d'Arc, à. toi qui nous appris Qu'après avoir perdu bien plus qu'une frontière, Perdu l'Ile-de-France, Orléans et Paris, Le salut du pays sortit d'une chaumière. Pour rendre la victoire au drapeau triomphant II nous avait suffi de la foi d'une enfant. A toi,' qui'crus au ciel- et qui crus ,V la France, Nous venons demander des leçons d'espérance. Toutes les parties d'un intéressant pro-'gramme, où l'histoire et l'archéologie avaient leur place à côté de la littérature et du théâtre, ont été exactement remplies.

Visite de l'hôtel de ville où, dans la grande, salle ornée des peintures décoratives retraçant l'histoire de Compiègne, offertes a la ville par M. Fournier-Sarlovèze, son fils, le maire de Compiègne, a souhaité la bienvenue aux sociétaires.

Causerie documentée de M. Paul Escard sur « l'Histoire de Compiègne », véritable commentaire des peintures murales, et conférence très intéressante de M. Auge de Lassus sur le château, que l'on visita ensuite. A l'issue d'un grand déjeuner dans la salle du Grand-Ferré, qui fait partie de l'ancien Hôtel-Dieu de Saint-Louis, la Société a tenu son assemblée générale au théâtre municipal. Dans une spirituelle et éloquente allocution, le comte Guy de La Rochefoucauld, président, a passé* en .revue toutes les manifestations de la Société pendant l'année, terminant par un souvenir ému aux disparus, au nombre desquels deux sont morts si tragiquement le roi de Portugal et M. Rémy.

Le vicomte d'Arjuzon, secrétaire général de la Société, dans son compte rendu financier, a signalé que, comme à l'ordinaire et fidèle à sa devise Ar$ et Caritas, la Société a donné à ses œuvres charitables la somme de huit mille francs.

La représentation commença par un prologue en vers dit avec infiniment de talent par Mme Louis Royer.

Le comte de Bourboulon et M. Louis Rover ont triomphé dans la saynète amusante de Grenet-Dancourt la Femme.

Une revue inédite Ready. Play! terminait le spectacle et fut un très grand succès pour l'auteur, M. Maurice Testard, qui remplissait avec un merveilleux entrain le rôle de compère pour MM. Lagarriguc, l'amusant lutteur, Nonhey de Porto-Riche, imitateur incomparable, Chevlus, de La Passardière, et pour Mlle Deléage, une charmante jeune fille du monde, qui interprétait un rôle de bohémienne exquise, et qui a été la véritable étoile de cette pléiade d'artistes amateurs, membres de la Société -r. le Masque et qui, tous, ont rivalisé d'entrain, de gaieté et de talent.

On a fait un très grand et très juste succès à Mlle Deléage, dont la voix chaude et timbrée et le jeu si original et si spirituel ont conquis tout l'auditoire. On ne saurait être plus délicieuse et plus personnelle.

La journée s'est terminée par un thé et Une garden-party au pavillon de la Société des sports, dont le président M. Van de Wynckèle a fait les honneurs.

Etaient présents

S. A. R. la, princesse Georges de Grèce, princesse Jeanne Bonaparte et marquis de Villeneuve, duchesse de Trévise, le ministre do Suède et la comtesse Gyldenstolpe, comte Guy de La Rochefoucauld, M. Fournier-Sarlovèze. M. et Mme Rutherfurd Stuyvesant, comtes et comtesses de Songeons, d'Yanville, de Saint-Seine, de Bartior de Sauvigny, de La Motte, do Comminges, de Bussy; vicomtes et vicomtesses H, de France, d'Arjuzon, de Truchy baron et baronne d'Aubignv, princesse Stirboy, M. et Mme R. Foui'nier-Sarlovèzé, comtesses de Messey, B. da Gontaut-Biron, de La Teillais, de Ffils, O'Gorman, de Choiseul-Gouffler, R. de Bffurboulon, R. de Barbentane, d'OunousdeClairvaux, MM. et Mmes Paul de Royer, Borel, Ternisien, .Guynemor, marduiâ et marquise Guilhem de Pothuau, Mmes E. Bocher, Etienne Gautier, A. Fournier-Sarlovèze. Dareste de La Chavanne, Fourchy, O. Gouillat, jje. Pi.edoiie d'Héi'ïtot, J^cquemin, J. Roland Gôsèelin-; Bàpst, de Villeneuve. Jahan, Dëslandres. Filleul, Pàrmèntier. K. vDi'lag-awle,. de Salvertç, Nonnoy de Porta-Riche, Tesstird, B^i4eii-Mçïtw, açlgçrt, vicomtesse dç Roug-«,

marquise et Mlle de Vasselot, baronne d'H^lloy, baron et Mlle Girod de l'Ain, princesse Zuiio, comte, comtesse et Mlle de BammeviHe, marquis de Ferrières, Miles de Luçay, de Sabran, Flores, de Barandiaran, de La Jonquière, M., Mme et Mile de Moussac, îjiarquiso de Bonneoerse, baronne Fain, MM. Vati de Vynckele, de Vlassow, d'IIébrard de Saint-Snlpice, Hosse, de La Lombardière, Oeorges-ITèni'i-Manuel Corbin, de Morgan-Maricourt, Clouet des Perruches, comtes Amelot, de Paneyinon, Yves de SaintPierre, de Bréda, vicomte de Grouchy, barons de Bony, de Orqvestins, de Mande", de Seroux, etc.

Le train spécial ramenait enfin vers Paris les excursionnistes, qui garderont de cette journée de Çpmpiègne le plus agréable souvenir.̃ ̃ Les organisateurs du e Bachelor's Bail » ont fait remettre trois cent? francs, reliquat de leurs cotisations, au sanatorium de Làrue, l'œuvre présidée par la duchesse de Noailles.

';̃ [terre.

CERCLES

Mme de Bénardaky a donné avant-hier un thé, au Polo de Bagatelle, en l'honneur du prince royal de Grèce et de l'infante Eulalie. Parmi les autres invités

Princesse Ch. d'Isenburg-Birstein, Mme Le Ghait, baronne Henri de Rothschild, comtesses Jean de Segonzac, de Saint-Sauveur. Castilléja de Gusman, Mme von *der Viss, Mme" et Mlle Xantho, etc.

MARIAGES ¡,

M. l'abbé Rivière, chanoine' honoraire, curé de la Madeleine, a béni hier, en l'église Saint-Pierre de Chaillot, au milieu d'une nombreuse et élégante assistance, lé mariage du comte Martial de Roffignac, lieutenant au 66» régiment d'infanterie à Tours, fils du comte et de la comtesse Jules de Roffignac, avec Mlle Mathilde Dufaure, fille de l'ancien député de la Charente-Inférieure et de Mme Dufaure, et petite-fille de l'ancien ministre. Les témoins étaient, pour lé marié le comte Elie de Roffignac, son oncle, et le colonel Cadot, commandant le 66? régiment d'infanterie pour la mariée M. de Monicault, son oncle, et le capitaine de Miribel, son beaufrère.

Reconnu dans le cortège

Comte et comtosse Jules de Rofllgnnc, M- et Mme Dufaure, le capitaine et Mme'Hcnry de Miribel, vicomte de Laitre. M. et Mme AmiSdéè Dufaure, le lieutenant et Mme do Tricornot, M. ot Mme de Monicault, M. ot Un\e Fernand Dufaure, comte et comtesse Ferdinand" de Rofflgnac, M. et Mme Gaston de Monicault, M. et Mme d'Auteville, comte et comtesse Charles de RoHlg-nac, MM. et Mmes Marchais, de Aloussac, M. Roger, Mme Arnoiis.

La quête a été faite par Mlles Henriette de Miribel, de Peyrorinet, Anne de Roffignac et Marie de Laitre avec MM. Charles et Guy Dufaure, le lieutenant Scho?ll et M. François de Monicault.

Parmi les assistants que l'on avait vus aussi lundi dernier, à la signature du contrat de mariage

Baron et baronne do Grandmaison, baronne d'Ussel, vicomte et Mlle de Laitre, comte et comtesses E. de Roffljrnac, marquise de Rougé, M. et Mme Hély d'Oissol, comte Lanjuinais, 'marquis et marquises de Chambrun, de Balleroy, Mme de Bellaig-ue, MM. F. de Ramel, Oscar Hàvard, viconitesse de Chabot, comtes L-; 06nidec de Traissan, de Croy, comte et comtesse de Trévèneuc, comte, comtesse et Mlle de Poyronnet, baron Girod de l'Ain, M. et Mme Becquerel, comte de Grouchy, etc.

Mgr Chesnelong, évoque de Valence, a béni hier, à Saint-Philippe du Roule, le mariage de M. André Amidieu du Clos avec Mlle Marie-Magdeleine de Zicavo.

La mariée, qui portait une robe de satin blanc garni d'angleterre avec grand voile de tulle blanc, fut conduite à l'autel par le comte Vitali, son oncle.

Les témoins étaient, pour le marié le colonel Delétoille. nt le comte de Saintignon,: si?n oncle pour la mariée le comte Vitali .et., M. P,agan'elli de Zicavo, ses oncles. •̃:• ̃̃•»• »• •> La.quèto fut faite par. Mlles Marie-Thérèse" Finet de Zicavo et de Dartein, avec le lieutenant Le Joindre et le vicomte Amédée de Fiers. 1 Reconnu dans le cortège nuptial et parmi

les assistants

Mme Amidieu du Clos douairière, M. Amidieu du Clos. Mme Pagane-lli de Zicavo, comtesse da Saintignon, M. "et Mme Emile l'aganelli de Zicavo; comte et comtesse Georges "Vitali, Mme et Mlle de Dartein, vicomte et vicomtesse de Flers, Mme Salle, marquise des Roys, général et Mme do Chahteloup, Mme Rolland, comte et comtçsse de Bçauchamp.M. Théophile Finet, baron de Hoclouvil.lq, baron et baronne do Mandat-Grancey, marquis des. Roys, comte Félix de Vogué, M. et Mme Henri Thomas, marquis et marquise de Reverseaux, princesse Jeanne Bonaparte marquise de Villeneuve, vicomte et vicomtesse E.-M. de Vogiié, vic-bmtosse' de Cholet, MM. de Naveiine, de Moismont, marquise do Fiers douairière, comte Raoul de Gontaut-Biron, Mme Landouzy, comtesse O'Oorman, duchesse do Reg-

g'io, comtesse ot Mlle, Pat rimonio.com te ot qomtesse,

de Montgennont, vicomte de Cormeni'n, Mmo ot Mlle de Saint-Martin- Valog-ne, baronsîCachet.Thar-

roau. Charron, docteur et Mme Nélaton, vicomtos

et vicomtfiBses de Boisgelih, Félix de Cholet, de Roqufifeuille, Mmes Margueritte, Raoul Meynier, MAI. et Mmes du Chàvia, Gaston' Auboyneau, Laurent du-Bujt, dé S5de, de Liéoux, Georges Salle, de Pallières, comtesse Marie Abbatucei,: marquis Robert de Flers, comte et Mlle de Béarn. M. Pugliesi-Conti, marquis et Mlle de Angolis, baronne de Silvestre, barons et baronne d'Huart, de Gaullier, etc.

En raison de la mort de MVjouët-Pas'tf éy le mariage de son fils, M. Frédéric Jouijt-.Pastré, avec Mlle Marie MajerOlle, qui devait être célébré demain, est remis à une date ul-; térieure..

Le jeudi 9 juillet on célébrera, çn l'église Saint-Charles de Monceau, le mariage' du comte Edmond de Ronseray avçp Mlle Gay-f. Lussac. '̃̃'̃ Témoins du fiancé M. Edgard Bonnet, secrétaire général de la Compagnie maritime du canal de Suez, son oncle, et Mme Dénant, si tante ;de la. mariée MM. GayLussac et Charles de Ribes, ses oncles. On annonce les fiançailles pe M. Roger van Zell^r d'Oosthove, fils. de- Ml vàn Zeller d'Oosthove, avec Mlle Marie-Louiso de La Serre, fille de l'inspecteur des forêts et' de Mme Anatole de La Serre née de Segauld Du vicomte Alfred de Lorlol, lieutenant- d'infanterie, avec miss Kate Langdale Du comte Régis Vincent de Vincens de Causàns avec Mlle Suzanne de Guitard de Ribêrôlle, fille de la baronne de Ribérolle née Normand De M. F, Remy de Simony, ingé.nieur agricole, avec Mlle Yvonne de Montgolfier.

Hier, a été célébré à Lille,, au milieu d'une brillante assistance, le mariage de M. Gabriel Brisset^ fils de l'ancien fondateur et directeur de la Foncière », avec Mlle Jeanne Chesnelong, fille de M. Pierre Chesnelong, avocat à Lille, ancien bâtonnier, petite-fille du célèbre sénateur Chesnelong et nièce de l'évêqué de Valence, qui a donné la bénédiction nuptiale.

Le Pape avait envoyé sa bénédiction au^x jeunes époux. '̃' Le mariage du comte Henri d'Aigneatix, fils du comte et de la comtesse d'Aignéaux, avec Mlle de Beaucourt, fille du marquis et de la marquise de Beaucourt, a été célébré au château de la Mésangère (Eure). Dans l'après-midi, une garden*party a été donnée dans le beau parc du château.' M. l'abbé de Castelbajac, curé doyen de L'Isl_e-en-Jourdain (Gers), ? béni, en son église' paroissiale, le mariage de Mlle de Panebeuf de Màynard, fille' du marquis de Panebeuf de Maynard et de la marquise, née de Brèzetz, avec le comte Louis de La Rochctte d'Auger, lieutenant au i«f hussards, revenu après la dure campagne du Maroc, fils' la comtesse de La Rochette d'Auger.

Le Saint-Père avait envoyé aux ̃ mariés sa bénédiction apostolique.

Le service d'honneu)r était. |ai|.gar. Mll'eç d? Ldngla.de, de Leusse, .BaUresque..et dp^Panatfc accompagnées, par.lë, vicomte <ïè .La Ro5-; chette, le lieutenant Molaing, le baron de Leus*e çt le baron de Saint-Vincent..

Après la cérémonie religieuse, le marquis et la marquise de Panebeuf ont donné une réception dans leur château des, Quintarrets. Les témoins de la mariée étaient le. baron de Brezetz e{ le colonel L'Hermitte, ses oncles ceux du niarié le génër»! baron Marion, commandeur de la Légion d'hpnneur, commandant le i6« corps d'armée, et le colonel de La Mortière/du i« hussards, officier de la Légion 4'honneur. ̃

DEUIL

Les obsèques de M. Albert Jouôt-Pastré,, président des Forgej et Chantiçx? de 1& Méditerranée, seront célébrées. ce raatin, à. dix

heures, en féglife de la Saint.e'THriîté.

Les personnes qui n'auraient pas reçu de lettre de fajre;part sont priées de considérer le présent avis -comme une invitation. Les obsèques de M. Cruls, directeur de l'observatoire de Rio-de-Janeiro, officier de la Légion d'honneur, commandeur de la Rose du Brésil, chevalier de l'ordre de Léppold de Belgique, ont été célébrées hier en l'église Saint-Roch.

Levée du corps et absoute par M. l'abbé Leclercq, curé de la paroisse.

Les honneurs militaires ont été rendus par une compagnie du 28e régiment de ligne. A l'issue du service, le cercueil, recouvert du drapeau brésilien, a été déposé dans les caveaux de l'église, l'inhumation devant avoir lieu ultérieurement à Rio-de-Janeiro, LL, AA. II. et R. le comte et la comtesse d'Eu étaient représentés par le baron de Muritiba.

Assistaient à la cérémonie MM. G. de Piza, ministre du Brésil Léoni, consul général Bajllaud, directeur de l'Observatoire de Paris, Flammarion et les principales personnalités de la colonie brésilienne.

Nous apprenons la mort Du comte de Roqnefeii.il commandant de cavalerie en retraité, chevalier de la Légion d'honneur, décédé à l'âge de soixante-seize ans. Il était le beau-frère du général Récamier, l'oncle du vicomte de Roquefeuil, du comte de Lanzac, de la comtesse de Saint-Hilaire, du marquis et du comte de Cromiéres, du comte Alcide de Saint-Hilaire, commandant aux hussards, du ba'ron de Hccckeren, chambellan et aide _-de camp de la reine de Hollande; De M. Clément Jourdan, ancien député sous l'Empire, décédé au château d'Anjqu (Isère), à l'âge de soixante-quinze ans. Il était le beaupère du baron de Séganvïlle, de MM. Paul Darestede La Cha.yanne et, H- Ch^landoni ̃ Ferrari.

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UNE GRANDE FETE

11 m 1

Ce fut un spectacle d'art vraiment incomparable que celui qu'offrirent à leurs invités le'baron et la baronne Henri de Rothschild, dans leur merveilleux hôtel du faubourg Saint-Honoré. Jamais représentation ne; fut plus magnifiquement, et plus .délicieusemenfr- réussie. 'L'art traditionnel- -frt^ehjapmant;â|i théâtre de verdure "a 'trouve "là sa" soirée" d'apothéose, -4- grâce à une incroyable èombinaison de la fiction et de la nature qui consentirent à collaborer pour le plus exquis régal de nos yeax et de nos oreilles. Le goût, le tact, l'harmonie des aménagements de cette scène Improvisée ont réalisé, comme par enchantement, la plus improbable des féeries. A trente mètres du perron, le cadre d'un vaste théâtre de treillages, orné de glycines et de roses grimpantes, est dressé. Un petit décor brossé par Visconti, l'habile chef décorateur de Monte-Carlo, nous apparaît. C'est un coin des jardins de Versailles dans lequel à été disposée la tribune royale, ayant pour toile de fond l'admirable parc de l'hôtel Rothschild, avec ses grands arbres aux frondais'dns majestueuses, et sa pelouse semée de corbeilles fleuries selon le jeu magique des éclairages dont on n'aperçoit pas les lampes 'dissimulées derrière les portants et les massifs, les perspectives s'éloignent ou se rapprochent, les feuillages s'avivent de lueurs vives ou se bleutent de clartés lunaires. C'est un paysage de rêve transporté dans la réalité. Et co fut là une véritable trouvaille que d'avoir ainsi encadré la nature et fait de ce parc harmonieux le décor môme du joli ballet qui fut représenté devant nous,

Tout", était combiné à miracle pour .la joie jles regards. C'est ainsi que des bosquets de treillagés ileuris' avaient été spécialement construits pour permettre aux acteurs de passer sans être vus parmi les assistants et d'arriver à la scène.

Il faudrait dire encore l'arrangement extraordinaire des coulisses souterraines où.tout' ^in peuple de ballerines exquises préparèrent à l'aise leurs parures et leurs sourires* Les fêtes les plus adorables du dix-huitième! siècle furent évoquées devant nous en cette' Soirée unique. Louis XV n'en offrit pas de plus somptueuses à la du Barxy, et M. de La popeiiriière, de plus séduisantes à MlleGuimard. pour célébrer tant de grâce, tant de charme,jtarit de joliesse dans tant de magnificence, il faudrait avoir fréquenté dans l'intimité chez (a Muse souriante et mélancolique de l'aùteur des Fêtes garantes, il faudrait être Paul

Verlaine. -• ̃•'•' S;

.? >

̃ Le livret du ballet représenté en ce cadre i'-tàit en parfaite harmonie avec sa magnifi-' cence et avec sa grâce. On ne saurait faire de plus vif éloge de cet ouvrage parfùraé: comme un bouquet et poudré comme une' marquise. Amour et Hy menée est ^un petit conte fantaisiste â la manière du chevalier de Bouf|ers. Les scènes s'y succèdent et s'y enchaî-' ne'nt comme les touffes d'Une guirlande. Et ce sont des personnages détachés d'une gouache de Cazin ou d'une sanguine de Watteau, ou encore de la feuille d'un de cqs éventails pailletés dont s'abritaient les rougeurs à la cour du Bien-Aimé.

Ce sont des bergers et des bergères, Louis XV et la Dubarry, et le chevalier d'Eon à la grâce inquiétante, et des vers luisants et' des pages pervers et des chevaliers musqués. Cette délicieuse esquisse a pour auteur M. Charles Desfontaines, qui, depuis deux ans, fit applaudir de jolies et élégantes comédies sur plusieurs scènes très parisiennes. Il à montré qu'il maniait la gràcç frivole avec autant d'aisance que la psychologie contempo-

raine^

Sur le thème d'une poétique fantaisie fournie par le- livret,. M. Charles Cuvillier a brodéliné délicie.user pawitlûn,; d'itniei, abondance,; d'une variété de rythmes, d'une fertilité 'Sin-s Véntipn -qui ont, .ach,evé. de, no.us, r.ixélgtr, en^ TA- Clivillief un musicien- à'ià fôil'p'iijïti d'ë^sà^' voir et d'inspiration, et sur l'avenir duquel il

est permis de fonder les plus 'charmants espoirs. M. Charles' Cuvillier- a déjà commencé de les tenir.

Et quelle interprétation quelle réalisation de ce spectacle enchanteur 50 danseuses, 60 musiciens sous la conduite du maître Paul Vidal, 30 machinistes, 40 électriciens tout le personnel de l'Opéra autorisés très aimablement à prêter ïeur concours à cette, belle manifestation d'art par MM. Messager et Broussan.

Mlle Zambelir a prêté son incomparable maîtrise a la du Barry. On ne peut croire que jamais danseuse ait atteint à une ^ar^illê perfection de grâce, de légèreté. Quel art facile, incomparable, spontané que le sien Elle dansé çonime les oiseaux chantent, –•naturellement. On l'a acclamée, et ce ne fut que justice. Mlle Meunier a été accueillie, elle aussi, avec un succès non moins flatteur. Sous les espèces du petit;berger, elle a fait preuve de tant de souple talent et d'exquise délicatesse, qu'elle nous a fait songer à tout ce que la porcelaine de Saxe nous a donné d'inoubliables figurines, et qu'ellenous est apparue comme le délicieux symbole du dixhuitième siècle. Mlle L. Mante nous a présenté un Louis XV qui jamais n'eut une meilleure occasion de mériter le nom de bienaimé, et Mlle Salle, en maître de ballet, a trouvé à utiliser son talent avisé de mime et de danseuse. On' a fait encore grande fête à Mlle Lozeron, un gracieux chevalier;, à Mlle Lenclud, un pimpant et alerte d'Eon; ainsi qu'à Mlles Couat, Barbier, Billon, Johnsson, Urban,' de Moreira, H. Laugier, Cochin, Schwarz, Keller, B. Mante, S. Mante, J. Laugier, Maupoix, Garnier, E. Kubler. L. Piron, Sirédè, Guillemin. Deroaulde, Bonnot, Poncet, et deux pages délicieux, B. Marie, Berthe Lequién.

Pour animer cette troupe charmante, les auteurs d'Amour et Hyménèe avaient trouvé une merveilleuse collaboratrice en Mme Rosita Mauri qui a réglé la partie chorégraphique avec le talent le plus original et dans un style adorable, avec le concours de M. Staats, l'habile maître de ballet de l'Opéra, auquel cette mise en scène fait le plus grand honneur. Et couvrons encore de fleurs M.Paul Vidal, qui a délicieusement conduit l'orchestre, et M. Landolff et Mme Muelle; qui ont composé les costumes avec un art infini.

Quant aux éclairages, qui deviennent, lorsqu'on les pousse à cette perfection, l'un des éléments de l'ouvrage et du succès, ils étaient féeriques et donnaient au gracieux décor et à ce merveilleux jardin une indicible poésie. Gaston Davenay.

A l'Etranger

~rh~

Service spécial dit <e Figaro"

Les événements de Perse

Téhéran, 25 juin.

Un rédacteur du journal hebdomadaire Curul Israfd et plusieurs autres personnes ont été exécutés hier.

De nombreuses arrestations ont été opérées.

On a employé l'artillerie, a démolir la demeure de Zahir-ed-Daouleh.

̃ Dfijs ouvriers sont occupés à démolir le pala:is*du .Parlement. •' .-r-;j! •̃ -̃̃"•̃̃ ÏS; Lës>:troups sôntr4îdèl«s. î: îi:"J -̃£: '<̃'?̃: U Lés Ba'za-rs sont'oijvertsi -<ï 'y^y^ !̃'̃:• '̃̃ ̃ La ville est calme.

Téhéran, 25 juin.

L'arrestation des députés et des citoyens, les exécutions sommaires et le pillage de la ville continuent.

La ville est en proie ù la terreur. De nombreuses personnalités se réfugient dans les légations.

Le ministre des finances et quatre députés e sont réfugiés à.la légation d'Italie. Tabriz, 2û,juin. Le combat 's'est poursuivi toute la nuit jusqu'au matin entre les deux partis, avec avantage marqué du côté de la réaction. Les pertes subies de part et d'autre s'élèvent à. environ 100 tués et blessés.

Les pourparlers en vue de la paix sont maintenant, entamés.

Le gouverneur Muckber-es-Saltaneh a quitte Tabriz, se dirigeant vers le Caucase, d'où il gagnera l'Europe. Ennud-Davleh-Sadr-Asam a été désigné pour lui succéder.

Londres, 23 juin.

Ce soir, ù la Chambre des Communes, Sir Edward Gray a déclaré çjue le chargé d'affaires britannique à Téhéran a télégraphié que la ville était calme et qu'il n'appréhenait pas de dangers pqur les Européens. Le ministre des affaires étrangères a ajouté que les gouvernements britannique et russe ont avisé leurs représentants à Téhéran d'avertir Zir Es Sultan d'éviter toute intrigue contre le trône et d'informer le Schah qu'il n'ait à cptnpter sur aucun appui de leurs gouvernements respectifs en cas d'actes d'hostilité vis-à-vis du Meiliss ou du, parti populaire.

Londres, 25 juin.

La dépêche privée suivante de Téhéran, a été ïéçUe .ici 1

>( Téhéran est plus calme, et la situation s'améliore. L'état de siège a été proclamé. On m'affirme que l'on n'emploiera plus la canon à Téhéran, mais que les visites domiciliaires militaires vont continuer. »

On mande de Téhéran au Times, le 24 juin « Deux chefs nationalistes, Malik Mulik Alamin et Marrachir Khan, ont 'été 'pendus aujourd'hui au camp royal. On craint pour le sort dos autres, parmi lesquels se trouve le président du Medjliss, malgré la promesse faite par le Schah de laisser la vie sauve à

icelui-ci.

» La maison de Zahir ed Daouleh, le nôu-.veau gouverneur de Recht, a été bombardée ,et pillée.

» La terreur règne les troupes gardent les abords de la légation britannique, avec ordre (le fusiller les fugitifs qui cherchent à s'y ré-

fugier; »

La Russie et la Turquie

Saint-Pétersbourg, 25'Juifl.

La iiotç quelqtle peu comminatoire que le ̃chargé affaires de Russie, apnuyé par son collègue anglais, a remise hier à la Sublinie Porte, ne vise pas des empiétements sur la frontière turque, mais les violations constantes de la frontière persane, dans une région voisine du territoire russe et où les nationaux russes sont en très grand nombre. La démarche commune des deux ambassades est en outre Une conâéqu-enee de l'accord anglo-russe, les deux; pays s'intèressant depuis plusieurs années au règlement des contésttaions de frontières entre la Turquie et la Perse.

Les votes de la Doùma

Saint-Pétersbciùrg, 25 juin'.

La Douma, au cours de sa séance d'aùiouvd'hui, a repris les débats relatifs au budget du ministère pour l'instruction populaire.

Le leader du parti, cadet, M. MilioUkoff, a présenté un vceu tendant à ce qu'il f ût per* *wi|s-a,ux .éhuriantes exclues des universités en' vertu 'd' un arrêté iiiinistériel de terminer'

lefcrs études!" '••̃'̃ ••̃̃"̃̃•̃'̃- '•• ̃̃̃- ̃'

Cette proposition, qui se basait sur le fait

qu'un uks|se de 1905 accorde la liberté aux! -f universités, à été votée par l'assemblée mal- Z gré l'opposition des modérés et de l'extrême droite..

L'adjoint au ministère, pour, l'instruction- -,̃ populaire s'est alors élevé" énergiqueniént contre ce yœu, faisant ressortir que sa réalisation irait ù rencontre de la loi.

T, k

Une croisière russe "r c~ Sébastopol, 25 juifc. X

La division navale de la mer Noire, çom- ••*ppsée de trois cuirassés, un croiseur et neuf torpilleurs, est partie pour se livrer à de$ exercices pratiques, et visitera différents "̃̃ ports, notamment Bourgas, Varna1 et Héra- '̃. clée l'on se prépare à lui faire la réception d'usage. e Il ne s'agit nullement d'une dëmonstratioa *'̃

pavajç. ."• ̃•' ̃̃̃̃̃̃ :>- .ï"t

>– y •«:

Une mutinerie par-télégraphe Constantinpple, 23 juip. "Vendredi dernier, a Scutari d'Asie, des offl- ciers et des soldats se sont emparés du bureau > télégraphique et ont télégraphié .directement -i au Sultan pour lui demander la révocation. du vali, de son gendre qui commande une' v brigade, et du chef de l'administration mili, taire, qu'ils accusaient de laisser en* retard Je- payement de la solde des officiers et des1 sol- dats. •̃ ̃ .-•-<. Deux jours après,' la réponse est arrivée: Les révocations étaient accordées et les incri- <• minés mandés à (!on&tantinople,'mais on ne' L dit pas si la solde arriérée a été payée. ''̃' Le naufrage du « Larache » Madrid, 25 juin.

Contrairement à ce qu'on annonçait hier, le naufrage du paquebot Larache a fait des victimes, et ce matin on disait même que le nombre, des morts s'élevait à environ cinquante. -•̃̃-• •̃- D'après les renseignements de la dernière-" heure télégraphiés de la Corogne, il y aurai t en réalité vingt-trois morts, dont le capitaine ':̃̃>> en second, le médecin, le maître charpentier:' >. et plusieurs enfants. Ce qui rend difficile l'établissement d'une « statistique, c'est que le navire a fait plusieurs escales depuis Cadix, et que l'on ne sait pas exactement le nombre de passagers qui ont été débarqués. ;nLe sinistre serait au brouillard. V ̃«̃ Des vapeurs reclierclient les cadavres mais la mer agitée leur fait obstacle.

Les survivants racontent les scènes déchi-^ 'r rantes qui se déroulèrent au moment du choc du navire contre les rochers. Le capitaine, rhumatisant, s'élança dans la mer iV moitié ••' nu mais, pouvant à peine nager, il fut pris de syncope; le? Ilots le déposèrent sur la ̃. plage, évanoui.. ̃ ̃. '̃'̃ J Suicide d'un artiste français

Bruxelles, 25 juin.. •“ ̃

L'artiste français Georges-Henry Burdy, .>“̃' qui éxpçsa a la Société des artistes.françaïs,. se tira une ballo au cœur ce matin, prés du vélodrome des Heids, à Andrimpnt, près- de- r Vervie.rs. Dans sco pochés et dans sa valise, > on trouva une carte d'identité, d'après' j&- quelle il est né le 7 avril 1871 à Dieppe, une carte d'exposant au Salen, de nombreux cro- quis et dessins. Il vivait encore quand on te J découvrit. II refusa de donner l'adresse de ses parents <g qui habitent Paris..

Le malheureux est mort deux heures après. Haery.

COURTES DÉPÊCHES

Le i>ruit,court à Const£in,tiiïopjà a\]^;im% Autorités liirqdes ont invité M^'oelyaiûfll, Secrétaire de la légation -d©i Grèce, à quitter Sanios où il avait été envoyé pour faire une enquête sur l'attitude du consul de Grèce. Le général Pistor, le nouveau comnian- dant de la division d'occupation en Tunisie, a fait hier son entrée officielle à Tunis. La grève générale est terminée à Bologne, comme à Parme et à La Spezzia. Dans l'accident d'automobile signala hier de Bruxelles, le comte de Villers n'a paa été tué sur le coup, mais il est très gravement blessé Le comte d'Ausembourg n'a que des blessures légères.

Une barque qui traversait le Pu a cha- viré; sur douze personnes qui la montaient, ̃trois seulement ont pu se sauver. t ̃̃' '>• On a découvert près de la baie Ltl*" "• deritz, dans l'Afrique occidentalô-«llemande, j un champ de diamants de 15 kilomètres d'étendue, sur des terres dont la moitié appartient au gouvernement. ̃ ,1 Grande manifestation à Posen. Lorsque la musique militaire attaqua l'hymne national Deutsckland ùber ailes, une foule de plusieurs milliers de personnes se mit à chan- ter « La Pologne n'est pas perdu* encore. » La police intervint à l'arme blanche. Il y a « eu des blessés et on a fait des arrestations1, v5 Deux banquiers de Munich, les frères Klopfer, se sont suicidés dans leur «palais» au moment d'être mis en faillite à, la' suite '), de spéculations malheureuses. Leur passift/ s'élève ù plusieurs millions de marks.

Figaro à Londres

LE CONGRÈS PAN-ANGLICAN ̃

Londres, 25 juin,.

Le Congrès pan-anglican a terminé é$s travaux.

Ce Congrès marque un tournant dans l'his- toire religieuse du monde anglo-saxon, en même temps que s'affirme de jour en jour le développement de l'idée impérialiste dans toutes les parties de l'empire britannique, l'anglicanisme devient la, religicni1 idéale de cet empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. ̃̃ !j Le congrès n'a pas seulement traité deé questions religieuses il s'est aussi beau^ ';̃ coup occupé des questisns sociales, car le*» anglicans se rendent compte que pour rester utile et exercer une action réelle ét bienfai*' santé sur l'humanité, la religion ne doit pas ̃••, se désintéresser des problèmes écfrnôKitqUôS t et sociaux de l'heure actuelle. Il serait exa- géré de dire que le socialisme est entre en. conquérant dans l'église anglicane, înais il est bien certain qu'un bon nombre d'anglK cans étudient avec passion les problèmes so-| ciaiix et cherchent â résoudre les difficulté •' de la vie moderne, non par le socialiste libre-penseur, mais par le socialisme chrà»' tien, ce qui, a vrai aire, n'est pas du sôç'a-, lisme, mais tout simplement la mise ert-pfttj*; que des préceptes du Christ dont tout.riilf; seignement tient en ces mots « Fâfr'p tti:fc' autres ce que l'on voudrait qu'on vous f.t.»' Ce premier congrès pan-anglican sera çuiyi;; de beaucoup d'autres, et c'est un grand. P^s «' en avant dans la direction du fan-âripica1- '̃'• nisme politique, économique, sWial et Mi« gieUx. '̃••• y 'y1- LA COUR ET VILLE •' .̃?,̃'̃

Le Daily Expfëss âhilônfé pôtîr le com: v niencemeiit de l'aimée pwcbaitie.tlne nou- -•; velle répartition de la fîotti? anglaise efla création d'une escadre spéciale de U mer. du l Nord ayant pour port d'attache Cromartjv au nord de l'Ecosse.. v /.La Société îôy&U é& Arts à Aèçérnè une médaille d'argent à K. LueiSft Hubert},- .>.? député des Ardennes, pou' son, étude ihtitu- lée « le Rôle de la France dans l'Afrique occidentale.» ̃ i< Lord Oitt^on, Châîiieliér de r%niteMtf';i4'

d'Oxford, a présidé aniiurd'hui urîç cér«nid--i>*

tiiè universitaire dansfe Sheidotiiàri iP&éstï^î'

au cours de laquelle il a conféré le. aegç$


honorairede L.L.D., àM.Lloyd George,à sir Ernest, Satov,- à sir Robert Hart et au,prejnier ministre de Nepaul. J. Goudurier.

Amérique latine

NOTES BRÉSILIENNES

Emprunff– Le secrétaire de l'Etat de Bahia a été autorisé à contracter un emprunt avec la Banque du Brésil pour une somme de 2,000 countos, au moyen de billets portant 7 0/€r&' intérêt, valables pour six mois. Sâples mon"azifères. Le' ministre des' finances de.l';Ëtat de.Bahia a autorisé M. John Gorctoir-â rendre et. £ exporter de Bahia jusq^àti.QQO. tonnes de sable mqnazifère. Le cacao de Bahia. La récolte du cacao à, Bahiajdpntles travaux viennent de prendre fin, a été très abondante. On l'évalue à 2 millions de livres sterling*

Chemins de fer. Le gouvernement de l'Etat d'Espirito-Santo a pris possession du chemfn de fer de Sita.

On \yiejït' de: commencer lés travaux du chemin '«îe'fei: ayant pour tête de ligne la station' Jiunï?Freire, du réseau de Cachoeira de Itapèmirim, de la Compagnie Leopoldina, et qui se mettra en relations directes avec le chemin de; fer d'Espirito Santo, appartenant 'également à'iït Compagnie Leopoldina. ;Docks de Santos. La Compagnie des Docks, de Santos a été autorisée à ouvrir au trafic Impartie des quais comprise entre Paqueta-et- le dock do, Mercado, afin de permettre aux vapeurs et aux transatlantiques d'y accoster.

A MAROC ~V, V. Nouvelles diverses

Ori mande de Fez que les deux principaux» artisans de la révolution qui amena la proclamation de Moulay-Hafid dans la capitale.' iu nord, Zerouatti et El Kittani sort en '^pleine disgrâce le premier est incarcéré et le second est prisonnier dans sa1 propre maison.

La marche du Rogui sur Fez paraît se confirmer.. On. écrit de Ma.c-Chica qu'il aurait [intercepté, .une correspondance, établissant que Moulay-Hafid soudoyait des 'assassins pour le faire supprimer. Deux démentis de la légation italienne le ministre, M. Nerazzini, ne songe nulllemeat à aller à Fez, et il nia pas demandé à son gouvernement l'envoi d'un navire 'de guerre italien à Tanger.

Un avis russe

'̃»'̃ :> Saint-Pétersbourg, 25 juin.

Commentant- les récents débats sur le ,Maroc;'ié Novoïé Vrémia déclare que la Russie -saluera avec satisfaction une deuxième, conférence d'Algésiras et y prehdra;part volontiers," si la diplomatie 1 eurqpéë'rin'ë' soulève cette question, mais 'à condition' que ce nouvel échange de vues donne à la France le moyen de rendre ses efforts et ses sacrifices plus fructueux qu'ils ne l'ont été jusqu'à pré-

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DE. NOTRE

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«•«.«•'v-'â ^bE1 DEMAIN' ̃•=̃̃••••̃*• S.fi(j 'lsf.l 'S. ̃'̃' 'j '.«" -'JV

Emile O£iivier.«- Le Concile

̃̃" du Vatican

Emile Berger at. Ballades inédites HENMBÉHNiER.. *». Mme de La Fayette et l'amour

Jacques DES GACHONS. La Coquille Nouvelle inédite GiUBÉPPE BRUNATi. L'Orient de Venise .P, TauREAU-DANaiN. La Révolution de 1830 et la littérature

B. Reynold «♦* Par les chemins André Beatjnier. A travers les Revues BTANiSLAs-RzEwbsKi., Nicolas Lejkine La vie littéraire

à l'étranger

Ferdinand, Bag.»*. « Le Fantôme ';V '̃̃ de Paris p Le livre du jour

Poge Jtfusfccrle

42HARLSSM CoyiLLiER •. +. Amour et HyménéQ Ballet inédit

VIENT DE PARAITRE En nous racontant l'Histoire dune demoiselle de,?nodesrFïiHippe Lautrey écrit un bien émouvant roman d'amour.'(Calmann-Lévy.)

LA. CHAMBRE

Jeudi 25 juin.

v ̃ LOIS OUVRIÈRES

;̃' (séance du matin)

J^es spécialistes continuent à piocher leur loi sur le contrôle de la durée du (travail, dans les établissements industriels. La commission, assez bonne fille, s'est empressée de donner satisfaction à quelques amendements dont elle n'avait pas*d'abord aperçu l'utilité, et son obligeance permet de voter, sans autre anicroche, les deux premiers articles du

projet;1"

Sur l'article 3, MM. Adigard et de Villebois-Mareuil présentent des observations auxquelles le commissaire du gouvernement Fontaine prête une oreille attentive, et? l'on finit encore par s'entendre. M. ̃Mïllerand assure que la loi sera appliquée avec fermeté, mais avec tact. EilTéalité, la discussion ne s'anime que ;ur l*jftrticle 6. M. Paul Beauregard a déposé un amendement. Il voudrait que J'industriel fut ^Çjtais à prouver que s'il en apiis un peiiyijSraise avec l'horaire, Il n'a pas pour lï'ela dépassé la durée égale du travail.

M. Allemanelui répond que son amendement tuerait la loi. Il serait bien facile de lui répliquer que si un amendement juste peut tuer la loi, c'est que la loi est injuste. De son côté, M.Viviani, ministre du travail, développe l'idée ébauchée seulement par M. Allemane mais il ajoute à sa démonstration des arguments politiques dont les gréviculteurs et saboteurs ne manqxeront pas de s'emparer

M. Viviani, ministrt du travail. Je suppliedes =républicains de-cette Chambre de regarqér en faç^ la situation. La loi serait ^Ueiate^w l'amendemeu de M. Beauregard,

car l'inspecteur n'aurait plu? en main 'le moyen de protéger l'ouvrier.

Il n'y aurait plus de contrôle, et alors les lois de 1848, de 1892 et de 1900 sur la durée du travail, n'ayant plus de sanction, seraient' autant de lois mortes et vaines. (Très, bien l très bien! à gauche.)

Je mets la, majorité républicaine en présence du péril. Les travailleurs sont très attachés à la République; ils l'ont toujours défendue. Il ne faudrait pas rétrograder au delà de la loi de 1892. Les républicains de 1908 ne voudront pas donner le sentiment que les travailleurs ne sont pas protégés. Je suis pour l'action légale. J'ai toujours recommandé aux;ouvriers de ne pas violer la légalité, mais il n'y a pas de prime plus grave donnée à l'action directe que les lois qui n'ont, qu'une apparence de protection, car. alors toutes nos exclamations, toutes, nos prières ne seront pas entendues par les travailleurs, et les ravages de l'action directe apparaîtront nettement. ('Vifs applaudissements à, l'extrême gauche.) -•

M. Millera.nd, plus modéré que M. Vi- viani, s'est appliqué à établir qu'à là condition d'observer la durée légale du travail, le patron aurait toujours la faculté de s'entendre avec ses ouvriers sur un horaire occasionnel, et que, par suite l'amendement n'avait pas d'importance, pratique. Plus ou.moins convaincu, M. Beauregard a fini par le retirer.

On s'est chicané ensuite sur le cas de force majeure qui obligerait les ouvriers à travailler, exceptionnellement, au delà des heures réglementaires. MM. Lebrun, .Gaston Menier, du Halgouët ont pris successivement la parole et, là encore, chacun y a mis du sien. L'article 6 est voté, et l'on a décidé de continuer, aujourd'hui même, l'élaboration de cette loi ouvrière, l'impôt sur le revenu étant renvoyé à demain. La présence de M. Caillaux est nécessaire au Sénat. M. Clemenceau ne veut combattre que flanqué de ses deux vicaires, Caillaux et Barthou.

^SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI)

L'article 7 modifié par la commission, dans le sens indiqué par M. Lebrun et par M. Messner c'est la première fois que je rencontre le'nom de ce député de la Côte-d'Or est adopté haut la main. Sur l'article 8, M. Paul Beauregard présente un amendement qui a pour but de donner plus de précision au texte. Ferme sur une idée qu'il a déjà exprimée ce matin, M. Paul Beauregard n'admet pas qu'un patron qui a respecté la loi sur la durée du travail puisse, pour une simple négligence être frappé exactement comme celui qui l'a violée. Ce n'est pas l'opinion de M. Viviani qui objecte à "son' contradicteur les dispositions de l'article 6, et s'efforce de l'y enfermer. Bien entendu, le prisonnier s'en évade avec l'aide de M. de Castelnau, jurisconsulte éminent. Mais, sur un énergique appel du socialiste Groussier, l'inexorable majorité l'y ramène, et l'amendement de MM. Beauregard et Castelnau est repoussé par 341 voix contre 233.

La loi est votée, au moins par la Chambre. Je la crois plus inoffensive qu'elle ne le paraît, et M. Millerand a fait de son mieux pour ne pas la rendre trop cruelle. N'importe Lorsque l'industrie dite capitaliste aura été ainsi ligotée, les collectivistes n'auront plus qu'à lui donner le coup'de grâce. '•̃ Il faut dire aussi que les esprits étaient., pilleurs et qu'à cinq heures :un-. quart ;.ibus les fiacres et .toutes lès jôuiomo^ biles disponibles se précipitaient vers- le Luxembourg.

Pas-Perdu».

LE SÉNAT

LA QUESTION DE CONFIANCE Nous avons eu hier pendant un quart d'heure une crise ministérielle. La salle des conférences du Luxembourg, d'ordinaire si majestueusement calme, a pendant quinze minutes rappelé le salon de la Paix au Palais-Bourbon lorsque les grands mouvements politiques y font affluer, bourdonnants et tumultueux, tous ceux qui ont quelque chose à perdre ou à recueillir à l'ouverture d'une succession gouvernementale.

Le ministère Clemenceau était battu sur la motion préjudicielle soumise au Sénat par la commission des chemins de fer et qui tendait à surseoir au rachat de l'Ouest jusqu'à la rentrée d'octobre: Au pointage réclamé par le bureau de l'assemblée, le gouvernement était en minorité de vingt-neuf voix.

On juge de l'émotion. Le Sénat tout entier et la moitié de la Chambre, car les députés étaient venus en foule à la séance décisive, se pressaient autour des ministres, formaient des groupes agités au milieu desquels circulaient des informateurs bénévoles colportant les nouvelles les plus contradictoires, et ajoutaient encore à l'agitation par ce déplacement des courants que provoquent les informations tendancieuses. Ce n'était pas par vingt-neuf voix que le ministère était battu, mais seulement par dix, par quinze voix. Et puis le pointage auquel le bureau procédait allait peut-être rectifier tout cela. On vécut un quart d'heure d'incertitude.

Près d'une de ces larges baies vitrées qui donnent sur la cour d'honneur du palais Médicis, quelques hommes graves, de tempéramment plutôt modéré, discutent.

M. Clemenceau ne cache pas sa surprise.

J'avoue, dit-il, que je ne m'attendais pas à ce vote. Mais ma résolution est prise, je me retirerai. Dans une demiheure les membres du cabinet se réuniront, et dans une heure je porterai la démission du ministère au Président de la République.

Plus loin, dans d'autres groupes, d'autres ministres exprimaient avec plus de mélancolie leur déception.

Et au milieu de cette foule, de cette cob.ue mouvante, M. Miliès-Lacroix, circulait, disant à droite, disant à gauche Ça y est. Je crois que ça y est. Nous sommes par terre.

Etes-vous par terre ?

Cette question, en définitive, tout le monde se la posait, car le résultat n'était pas encore acquis et,dans une petite salle à côté, le bureau faisait le recensement des votes.

Mais l'avis de tous les sénateurs, et je citerai en particulier celui de M. Bonnefoy-Sibour auquel je l'ai demandé, était que, dans ces conjonctures, si la minorité du gouvernement pouvait se réduire de quelques voix, elle ne pouvait se transformer en majorité.

Ce 'fut ̃cëpehclant'ce1':qûi :'sé' prodùî-' sit. 'Àlorsl' 'que' .ceux-ci se ..laissaient; aller i toute l'àmèttùmè des' déposses-

sions, que ceux-là jouaient l'indifférence et que les autres songeaient aux combinaisons du lendemain, quelques hommes affolés, congestionnés par la joie, s'élançaient sur le président du Conseil et lui disaient dans la face

̃ Victorieux! vous êtes victorieux! Trois voix de majorité!

Et ce chiffre de trois voix de majorité roula comme un tonnerre dans la salle des conférences et fit du bruit comme trois cent mille.

;Le ministère était sauvé; on ne s'en allait plus des visages redevenaient souriants; certaines physionomies s'allongeaient. Tous ceux qui avaient pris des attitudes spéciales les modifiaient et aux lâchages suprêmes se substituaient les poignées de main cordiales et les félicitations épanouies.

Et pendant que tout ce monde parlementaire, après cette secousse violente, se précipitait dans la salle des.séances, M. Gaillàux, .entraîné par. le tourbillon, avait le temps de murmurer, assez haut cependant pour que je saisisse sa phrase sur ses lèvres

Quelle veine tout de même que d'avoir trois ministres sénateurs!

Ce sont en effet les trois voix qui ont sauvé. pour un temps le Cabinet. Puïstôute la salle des conférences s'en-

gôtfffra d&ïïs'-l 'Jié. m i cytite: v '̃̃̃: '̃'̃ T;

.l ,#' ",1

La séance qui a abouti à cette tentative de changement gouvernemental n'a, au surplus, pas manqué d'intérêt. La manœuvre qui s'y est développée fait honneur aux stratèges qui l'ont conçue, à l'homme habile qui en a savamment 'exécuté les différentes phases.

M. Caillaux avait été chargé par le gouvernement de répondre à la partie technique du discours si impressionnant de M. Rouvier. Il s'est acquitté de sa tâche assez brièvement, s'efforçant de. prouver, que le crédit de l'Etat n'avait rien à redouter du rachat. Mais il l'a fait de telle façon que M. Rouvier pouvait lui dire, lorsqu'il termina ses explications, qu'il avait plutôt adhéré aux idées générales, de l'ancien président du Conseil que réfuté ses arguments. M. Caillaux n'insista pas et la séance fut suspendue pour permettre à la commission des chemins de fer de se réunir, afin d'arrêter le texte de la motion qu'elle avait à présenter au Sénat..

A la reprise, M. Prevet, après quelques considérations d'ordre général, dans lesquelles il a rappelé qu'il n'était jamais entré dans l'esprit des adversaires du rachat d'atteindre indirectement le, gouvernement en combattant la doctrine, économique dont il s'inspirait, que la Commission a toujours voulu écarter la politique du projet soumis au Sénat, a proposé la motion suivante

Le Sénat, convaincu que la situation actuelle du réseau des chemins de fer de l'Etat doit être améliorée, vote l'urgence du projet de loi qui lui est soumis' et, confiant dans le gouvernement pour assurer la réalisation définitive des projets de rachat partiel de 1904 et de 1905, en obtenant des Compagnies de l'Ouest et de l'Orléans toutes les concessions équitables et nécessaires, décidé d'ajourner à la première- séance qui suivra sa rentrée d'octobre la discussion des articles du projet de loi. ••̃̃

Des mouvements que YOfficiel qualifie de mouvements divers accueillent cette proposition de la commission des chemins de fer. La véritable bataille est engagée et sur un terrain qui ne laisse pas .d'en rendre l'issue incertaine. M. Clemenceau monte à la tribune. Le président du Conseil remercie tout d'abord le rapporteur de la commission des amicales intentions qu'il a manifestées en faveur du gouvernement; mais il déclare, que contrairement à l'avis de M. Prevet, il y a, avant tout, dans la question du rachat une question politique.

M. le président du Conseil. Nous vous apportons une mesure qui est le résultat d'une orientation des esprits des hommes qui composent le gouvernement. (Très bien très bien 1).

Avant que cabinet fût constitué, contrairement à l'usage d'après lequel un programme n'est établi qu'après la formation du ministère, nous nous sommes réunis en de nombreuses séances nous avons longuement délibéré sur toutes les questions et celle du rachat de l'Ouest a été celle qui a retenu notre attention le plus longuement.

Nous l'avons discutée sous toutes ses faces, d'une manière aussi profonde que le Sénat en ce moment, et c'est en pleine connaissance de cause que nous vous apportons ce projet de loi.

Et vous venez bénévolement nous offrir votre confiance pour faire le contraire de ce que.neusMQU* pmp<asons>ixNous ne^pe-uKuas

pas.raQCefter«-,l')!-iU' ,̃̃«̃ :'•̃ -̃•>̃;̃;

1 M^QÎein^àçeaîï rïé; peut' donc laj^ei^lay

question politique de côté; il ne saurait, pour garder'la vie, perdre les raisons de

Vivre.

Le président du Conseil, cette déclaration faite, répond à la partie politique du discours de M. Rouvier. Cet orateur a dit que l'Etat démocratique, qui est propre à administrer tous les services publics, est incapable d'administrer un réseau aussi bien que la Compagnie de l'Ouest. «Cet argument n'est pas irrésistible, ajoute M. Clemenceau, et M. Rouvier lui-même fournit un argument contre sa propre thèse lorsqu'on se rappelle l'époque où, à l'Assemblée nationale, en 1872, il proposait avec Gambetta le rachat de tous les chemins de fer. » Mais cette attaque directe trouve M. Rouvier prêt à lariposte et, en une phrase, il réduit à rien l'argumentation de M.Clemenceau

M. Rouvier. Permettez, je tiens à m'expliquer. En 1872, nouveau dans les assemblées, et je m'en repens, j'ai adhéré à la proposition Clément Laurier qui consistait à aliéner les chemins de fer. pour avoir les ressources nécessaires pour dégager le territoire occupé.

Mais un autre de nos collègues, M. Duclerc, plus expérimenté que nous dans les choses financières.

M. Barthou, ministre des travanx publics. i– Jl avait proposé le rachat e.n 1848. M. Maurice Rouvier.- Non, pas1 ̃̃ ra-> chat, mais la construction par l'Etat. M. Du- clerc, donc, nous fit observer que notre projet était détestable et de nature à porter atteinte au crédit de l'Etat.

Il déclara que racheter'des chemins de fer, c'était faire comme un particulier qui met sa montre en gage pour payer ses dettes. Il nous amena donc à retirer notre projet qui et je m'en félicite n'a jamais été discuté. (Vifs applaudissements.) M. Clemenceau s'élève ensuite contre cette théorie de M. Rouvier que le démocraties sont des gouvernements chers. Il indique qu'elles sont contraintes à de gros efforts financiers pour donner toujours plus de bien-être aux citoyens. Le président du Conseil n'est pas un étatiste au sens où l'on emploie ce mot, mais ce n'est pas une raison parce que les collectivistes veulent l'Etat partout qu'il ne le faut nulle part.

Le mouvement des esprits a emporté le pays bien loin de cette conception de l'école de Nancy qui soutenait que le gouvernement le meilleur était le plus faible. M. Clemenceau est pour les gou- vernements forts, forts surtout contre les sociétés financières

M, le président du Conseil. Les sociétés privées' sont des puissances redoutables, d'abord parce qu'elles sont un centre permanent d'attraction économique et ensuite parce que vous avez confié à certaines l'exploitation d'un service public et que ces compagnies privées ont une tendance à faire passer leur intérêt privé avant l'intérêt public. Je dis qu'il faut considérer combien sont faibles les armes qui sont dans les mains de l'Etat pour résister aux exigences des Compagnies de chemins de fer: L'homologation? 2 la. déchéance ? le rachat? vous n'en voulez pas, Que reste-t-il ? La persuasion.

Passez-moi le mot, c'est une comédie. Nous ne nous y prêterons pas.

i Le groupement des sociétés financières, les trusts, les cartels offrent de graves inconvénients on s'en préoccupe dans le monde entier. Cela n'est-il pas encore plus digne d'attention quand ces sociétés sont chargées de gérer un service public.

i Je ne voudrais pas que les mots dépassent n\a pensée, mais je suis obligé de dire qu'une des préoccupations constantes d'un Etat démocratique doit être que l'Etat soit mis en position de se défendre contre les grandes sociétés financières.

Sans doute, avoue M. Clémenceau, liopération que que le gouvernement propose au Sénat est médiocre, mais c'est une proposition type.

M. le président du Conseil. Nous voulons constituer une Compagnie témoin qui permette de réaliser des améliorations que nous pourrons ensuite imposer aux autres Compagnies. M. Rouvier nous a dit que les Compagnies étaient un paravent qui permettait de ne pas répondre aux demandes exagérées qui viennent du Parlement. Mais le Parlement peut demander des choses sages, utiles, profitables au public que les Compagnies repoussent.

Et M. Clemenceau, après avoir exposé toutes les raisons qui militent en faveur de ces doctrines économiques et sociales, conclut en ces termes M. le président du Conseil. Quand je sollicite de vous un vote clair, je ne saurais méconnaître que, dans cette assemblée, il y a des hommes qui vont probablement voter contre le gouvernement, bien qu'ils soient désireux de le maintenir.

Voix diverses. Beaucoup I

M. le pjr^sident du. Conseil. –Mais, mal-,

gré îèu'r'désifffeà'éoridïVioriS'ïlà'tfs lesquelles

nous demeurerions uu pouvoir Seraient pour

nous' comme pour tout gouvernement-' digne

r!c-!EC ?. ,'s~'t ~J"

de ce nom, des conditions d'indignité. (Mouvements et protestations.).

En revanche, il se peut que certains-partisans du rachat se consolent du rejet du rachat à la pensée de la chute du cabinet (Sourires.)

Mais tout ceci n'est que des contingences au-dessus desquelles nous devons nous élever pour ne considérer que les idées. (Très bien très bien !)

Si vous pensez que des négociations peuvent aboutir, qu'il n'est pas urgent d'opposer un texte formel aux sociétés financières en lutte contre l'intérêt public (Applaudissements à gauche et mouvements sur divers bancs.), votez en toute liberté.

Vous êtes libres, et je puis le déclarer hautement, je n'ai exercé aucune pression sur aucun de vous et parce que vous êtes libres, votre vote aura une importance capitale pour le pays.

Si vous entrez dans la voie que nous avons tracée, assurément ce sera l'engrenage, et j'entends ce mot, non pas en ce sens que ce sera le rachat de toutes les compagnies, mais de l'œuvre de réforme sociale que nous avons indiquée dans notre programme. (Applaudissements à gauche.)

Vous allez vous prononcer. La situation n'a rien de tragique. Cependant j'ai vu passer dans l'air quelques oiseaux aux ailes éployées, au bec crochu et aux serres prenantes vous direz si l'heure de leur festin a sonné. (Mouvements.)

Qugint, à' nous, nous serons ce que nous sommes ou nous ne serons pas. (Applaudis-

sèments,xépétés à. gauche ..),> ̃

C'est la question de confiance nettement posée.

M. Prevet s'efforce, en répondant au président du Conseil, d'écarter encore cet acte de gouvernement, qui entrave la liberté d'action du Sénat, mais il se heurte à un parti pris absolu.

La discussion est donc close. On va voter.

Les urnes circulent dans l'effervescence d'une assemblée émue et troublée. Mais chacun cependant prend ses positions. Il y a lieu à pointage.

Nous avons dit plus haut l'émoi que ce premier résultat provoqua au Luxembourg.

Les chiffres définitifs furent ceux-ci Votants,'253; majorité absolue, 127. Pour la motion, 125; contre, 128.

A trois voix de majorité, le Sénat repoussait la motion préjudicielle de la commission des chemins de fer. L'article l" du projet portant que le gouvernement est autorisé à racheter le réseau de l'Ouest a été ensuite adopté par 151 voix contre 116.

Et la suite de la discussion est renvoyée à aujourd'hui, deux heures et demie. On se battra encore sur l'article 2.

.̃̃'•̃ Auguste Avril.

LE SCRUTIN

Voici les noms des sénateurs qui ont voté pour la motion préjudicielle de la commission, c'est-à-dire contre le cabinet ̃

MM. Audiffred.

Barrière, Béjarry (de), Béral, Bérenger, Bernot, Bodinier, Boivin-Champeaux, Bonnefille, Bouffler, Boularan, Bourganel, Brager de La Ville-Moysan.

Cabart-Dannevillé, Carné (marquis de), Cazot (Jules), Dupuy (Charles), Charmes (Francis), Chaumié, Chollet, Courcel (baron de), Crépin, Cuverville (vice-amiral de), Cuvinot.

Danelle-Bernardin, Daniel, Decrais (Albert), Delahaye (Dominique), Delobeau, Denoix, Develle (Edmond), Dufoussat. Elva (comte d'), Ermant, Expert-Bezançon. Fessard, Fleury (Paul), Forest (Charles), Forgemol de Bostquénard, Fortier, Fortin, Francoz.

Gassis, Gaudin de Villaine, Gauthier (Haute-Saône), Gayot (Emile), Gentilliez, Gervais, Girard (Théodore), Gontaut-Biron (comte Joseph de), Gotteron, Gouin, Goulaine (comte de), Gourju, Grimaud, Guillier, Guingand.

Halgan, Haugoumar des Portes.

Jaille (vice-amiral de la), Jenouvrier. Labbé (Léon), Labiche (Emile), La Bourdonnaye (comte (de), Lamarzelle (de), Langlois (général), Las-Cases (Emmanuel de), Le Breton, Le Cour Grandmaison (Henri), Legrand, Lemarié, Le Provost de Launay, Le Roux (Paul), Lourties, Lozé.

Magnin, Maillard, Marcère (de), Méline, Mercier (général), Merlet, Mézières, Milliard, Mir (Eugène), Monnier, .Monsservin, Montfort (vicomte de).

Noël.

Ollivier (Auguste), Ouvrier.

Parisot (Louis), Parissot (Albert), Perrier (Antoine), Philippot, Pichon (Louis), Pinault, Poincaré (Raymond), Poirson, Ponlevoy (ï"rogier de), Pontbriand (du Breil, comte de), Poriquet, Prevet.

Rambourgt, Renaudat, Répiquet, Rey (Emile), Reymond (Loire), Riboisière (comte de La), Riotteau, Riou, Rispat, Rouvier (Maurice).

gaillard, Saint-Quentin (comte de), Sauvan,

Séblihë. '̃̃ ̃ ;'̃̃'̃ '• ,̃̃

Teisserenc. de iort,. Tillaye,. Tqu'ron, Tréveusue (comte de), ̃̃Tïystram. ••

'Vidal de Saint-Urbain, Viger, Vissaguet, f: Waddington (Richard). {

N'ONT PAS PRIS PART AU vote MM. Arène (Emmanuel). ) ) Barbaza, Boudenoot, Bouilliez (Achille), Brisson (Jules).

Galvet, Çauvin, CharIes,Chabert, Combes, Cordelet,-Couyba.' Darbot; Defarge, Desmons, Dubost (Anto*> nin), Dupuy (Jean).

Estournelles de Constant (d').

Fagot. ̃ ̃ Giacobbi, Girard (Alfred), Gobron, Goira&icLGuillernaut. Hayez, Huguet. Le Chevalier (Georges), Leglps, Leygua ` (Honore). .->̃̃ Magniën, Monis (Ernest). '̃' ̃̃. Piot, Pochon, Poirrier, Potié,' PradaU t Ricard (Henri),' Ringot. Servant, Sigallas. Vieu. .̃̃̃̃

La minorité se compose de tous les conservateurs, des progressistes, des membres du croupe de l'Union républicaine, républicains de gauche et radicaux. ̃ La majorité comprend des républ;icains de gauche, un assez grand nombre de radicaux et de radicaux-socialistes. Parmi les quarante abstentionnistes, il y a de trente à trente-deux sénateurs dont les sympathies pour la politique do M. Combes sont notoires.

M. Combes lui-même n'a pas donnésa voix au cabinet et il se ferait difficile- ment passer pour un adversaire du rachat.

Notons enfin que parmi les abstentionnistes figure M. Boudenoot qui a prononcé, au cours de la discussion,. un véritable réquisitoire contre le rachat. Il y a là certainementune erreur qu'on i explique par la disparition de la boîte contenant les bulletins de l'honorable sénateur. Mais, alors, il n'y aurait plus que deux voix de majorité.

Autour de la politique

Le rachat de l'Ouest

Les ministres se réuniront ce matin eh} conseil à l'Elysée, sous la présidence dW M. Fallières.

Ils examineront la situation qui est faite au Cabinet à la suite du vote d'hier et décideront de l'attitude que le gouvernement doit prendre sur l'article 2du projet de rachat. Cet article est ainsi conçu «Il sera statué, par une loi spéciale, .sur :l'or- ganisation et l'administration du réseau,'ainsi que sur les mesures financières à prerir dre pour pourvoir aux dépenses qu'entrainçront le rachat et l'exploitation du réseau racheté.

» Pour la période à courir du jour de la notification du rachat à celui, de la promulgatiqu de cette loi spéciale, les conditions prov.isoires d'exploitation seront déterminées par.. un décret. »

On assure que le gouvernement, en présence des résistances du Sénat, serait résolu. à accepter une modification de cet article «t à décider que les conditions d'exploitation seront déterminées par une loi et non par un décret.

D'autre part, M. Lintilhac a déposé un amendement tendant à remplacer le paragraphe 2 de cet article par le suivant « Cette loi devra être promulguée antèrieu-f rement à la notification du rachat. » Auguste Avril.

Les Amis de Versailles

Versailles est dans un état lamentable. Dans le parc, les sous-bois sont jonchés de papiers gras, de reliefs de festins champêtres, de détritus malodorants les treillages et les charmilles entourant les bosquets sont défoncés, troués, déchiquetés les statues de marbre sont mutilées, les vases maculés d'inscriptions obscènes ou stupides. Le Petit-Trianon est lézardé les rivières de son jardin sont à sec où charrient de la boue. Les charmantes constructions du Hâ- meau de Marie-Antoinette s'effondrent •: et tombent en ruines. II n'est que temps d'aviser. Une société, les lAmis de Versailles, vient de se fonder dans e but d'inciter l'Etat aux restaurations nécessaires, urgentes, et de l'y aider.« Et c'est M., Sardou qui a présidé hier, sa première assemblée générale, assisté de Mme la comtesse Jean de Castellane, de MM. IJenijy Marcel, Edouard Détaille, Henry Simond, Eugène Tardieu, Cambafort, Fournier-Sa'rlovèze. • • i Dans l'assistance •> r Duc et duchesse de Fezensac, baron et baronne Despatys, Pierre Decourcelle, de Nolhào, Jacques Doucet, Georges Berger, Barbet, prince Mavrocordato, Metman, comte de Chevigné, Martin-Leroy, comte Guy de La Rochefoucauld, Henry Gervex, baron Portalis, Maciet, baronne d'Adelsward, Brière, Rouard, Braquenié La Ferté, etc.. etc.

Le secrétaire général, M. Eugène Tardieu, a d'abord donné lecture d'un 'rapport sur la fondation de la Société. Puis il a expliqué sous quelle forme, dans quelles conditions matérielles, avec quelles garanties d'indépendance réciproque les Amis de Versailles pouvaient faire accepter par l'Etat le concours qu'ils lui apportent.

Verseront-ils dans le gouffre des caisses de l'Etat les sommes produites par leurs cotisations en exprimant le vœu naïf qu'elles soient consacrées à l'exécution de tels ou tels travaux urgents ? Non, certes

Que l'Etat commence. Nous lui payons des impôts assez lourds pour avoir le droit d'exiger de lui l'entretien convenable du domaine public.

Les Amis de Versailles borneront leur action matérielle à des dépenses seulement complémentaires, destinées à restituer à Versailles le mieux possible son caractère de royale beauté.

Et s'ils apportent de l'argent pour l'exécution de certains travaux, il est juste qu'ils exercent aussi un contrôle sur la maniere dont cet argent sera employé.

L'entente d'ail&urs est faite sur tous .ce» points entre les Amis de Versailles et l'Etat, et M. Dujardin-Beaumetz a très favorablement interprété la pensée maîtresse de' l'œuvre entreprise, œuvre à laquelle Mme la marquise de Ganay, la princesse Murât, la comtesse d'Haussonville, la comtesse "Gréf*fulhe ont, dès le début, apporté avec les personnes présentes à l'assemblée les plus gé-» néreux encouragements. "̃'̃ La Société compte à ce jour 475 adhérents qui, d'après le rapport sur la situation financière présenté par M. Cambefort, ont versé1 des cotisations s'élevant à 21,285 francs. Les premières dépenses en frais généraux ayant été de 1,945 francs, la Société entre en campagne avec une encaisse de 19,340 francs, sans compter un don de 25,000 francs qui lui a été offert par M. Gordon-Bennett et qui doit être spécialement affecté aux travaux du musée, que poursuit M. de Nolhac.

Ch. D.


BÉte Chronipe des Lettres

'̃̃Après lin exil fécond dans les paysages sentimentaux de la «Vieille Allemagne» M. 'Ferdinand Bac revient à Paris, à ce Paris qu'il célébra si longtemps et célèbre encore, dans ses joyeux et pimpants dessins, et auquel il consacre aujourd'hui un monument plus sévère,

t51u^ grave et plus ému, en un volume

pîblié chez' Fasquelle sous le titre Le Fantôme de Paris.

v Onlsàii toute la sensibilité, toute la ifijfcçe d'émotion, toute l'érudition intelli^ jiéftte et, attendrie que M. Ferdinand BaC"a dissimulées longtemps sous la #)agiïe boulevardière de ses frivoles dessins; ces qualités si inattendues nous fjur.en.t révélées, lors de l'apparition de ètrt premier livre sur l'Allemagne et étiés produisirent une impression profonde sui* le public charmé et surpris. Gè'pùbirc; aujourd'hui prévenu; s'attend -sans, -nul .doute, avec Le, Fantôme de paris à de bien intéressantes décou.yërtes.,à de bien jolies notations; il nesera pas dgÇU au cours de cette promenade, nbùs'avons l'occasion d'admirer le plus 'saisissant des tableaux de Paris, peint pin* Un homme qui sait à merveille voir ej, noter, et p.. qui une grande érudition et ;une sensibilité aiguë permettent de taire vivre èt'palpiter sous le Paris du yirigti&rn'e siècle l'âme vivante, l'âme instructive .du passé.. Et ce sont: (proinenades fertiles en découvertes pour un .PaHsien ignorant comme il convient de sa'villéj des excursions à travers les ilrènes de Lu'tèce, vestiges si bien entretenus e jardin de M. de BufTon la Hidntagnc Sainte-Geneviève la petite égfise de théologie au plafond de laquelle pend le chapeau, du cardinal de RicheljfeaT des' promenades sentimentales au jardin, du Luxembourg, dans ce joli quartier de l'intelligence, « dans ce jardin" fart' pour la joie des yeux, pour les nobles flâneries autour des bassins SQ mirent des milliers de fleurs » et la ï^itte sacrée et -les Invalides crépuscu38$res., et le Palais-Royal déserté, et le l'ère^Lachaise entre temps, c'est, dans un'rnagriifique symbole, la traversée de tarife à New-York, -effectuée en une demillè^r-e par l'« Hirondelle» qui vâ du pont Hc,nri-ÏV jusqu'àPassy et d'où l'obser^aieùr sagace constate au fil de l'eau que =:« 'J?.api.s glisse, tout doucement vers New-York, que toute la vie, tout l'avenir de -'PaVis aboutit en fin de compte en Àteiérigue », depuis le moyen âge, l'obsc.ùf'a.ntisme et la tradition de Saint-Jacquês,:dc Notre-Dame et de la Conciergetic. jtisqu"à' la clarté des Tuileries, le froia ot l'américanisine de la gare d'Orlt'.ans, le Trocadéro et enfin la statue de la Liberté, éclairant le monde, mainmise 'de '-New-York sur Paris.

-/Cette traversée est peut-être un peu bieU rabFde, ét^ Paris n'est pas encore aussi près,' je crois, de l'Amérique; mais il y a là' cependant un bien spirituel et ç'mpuyanV symbole il faut lire ce chapitre, tous ces chapitres remplis de pen^éo, :d!histoire et de poésie, où un artisèty up lettré,' un penseur a écarté pour ùh instant de notre vue les fils électriq.tje's,' les moteurs qui ronflent, les autoqus qui fracassent, les maisons moderrics: quï s'é"tagent, désespérément unifornjtsist-blaAtli.es, pour nous.montrer,sous- tput co neuf, un peu de l'âme éternelle ëi ^pîxï pliante du passé, qu'exprime si bjiOn 3îiris sa noblesse l'Arc de Triomphe aperçu la nuit, « surgissant seul, en fofniés- précises; de la buée nocturne, s-é|ey,a'nt du. brouillard tel un fantôme blafard.,) seul survivant d'une lointaine déyastati.on de la Ville universelle ».

~J;J,

rM.eamille Mauclair publie chez Calttiàn-Lé'vy un très étrange et très beau livre, l'Amour tragiqite. Toutes les nouvelles. 'groupées dans ce livre sont des histoires d'umbur, histoires très simples, très -mélancoliques, d'une émotion contenue,, avec presque toujours un fond d'ironie douloureuse, comme par exemj|1çi dans « le cœur illogique » d'un illogisme si vrai, si légitime dans son apparente obscurité. Mais contrairement aux riîenacos aux 'promesses du titre, ces Uyentûtes ne sombrent presque jamais qans- fougueuse tragédie; c'est que, nous explique l'auteuri quelle que soit la, t destinée des amoureux, qu'ils meurent on assassinent a cause de l'amour, OU qu'ils vivent en apparence paisibles, l'amour est toujours tragique; malheur àcelui qui ne. l'aperçoit pas, qui ne comp;rond pjis « que son sourire le plus heureux,- dépasse en gravité, en angoisse, èç tei-f eur, le rictus de Melpomène ellemï;m,e ». Et comme vous voyez, M.Caiflille'M'auclairnebadinepasavecramour! Mais 11. se. hâte d'ajouter très philosophiquement que « la douleur de n'avoir ni dôrinéVni reçu l'amour, dcpasseen cruauté t'oute&les autres ». Rien de plus vrai, et il cmtvient de nous résigner et de nous s§UTOe.ttre à sa loi. Faut-il ajouter que M. Camille Mauclair a mis dans ce livre tbut'ce1 talent fait de subtilité, de force étid'émotion, que nous avons loué tant de fois,' et jetant au milieu dé ces hjîHoires'd'ùné grisaille voulue, un forriii'd;able.(<'drame d'inceste, de magie, de vèhseanceiet de sacriâce, qui se déroule dans la. féerie cTud. Orient irréel », il nous a donné une preuve nouvelle de la souplesse et de la variété de son art.

'•'•̃: ';̃̃•̃̃

'Mhie'-liucië Goutliey ne souhaite pas, semble-t-il, aux fc4nme,9 les triomphes littéraires et' les jèiïes des célébrités! si déliées; si- cotI rameuses, si intelligentes qVon les suppose, elles ne sont pas faites pour la mêlée du monde littéraire, <•vy.ee les' périls de toutes sortes qui peuvônïj y menacer une honnête femme. Il eprivient qu'elles se réfugient bien vite diias l'e bon mariage que leur offrit très loyalement et tendrement, un honnête atnôureux de leur province. Telle est, je crpis"Bien,Ja leçon qui ressort du livire' publié par Mme Lucie Gauthey chez P.ïoii, sons le titre V Inutile volonté. Pour surUnKëé; qu'elle puisse paraître, en ce téhîpsfféner.fjàe et de victoires féminines,, eUjï a'est: point dénuée de sagesse, en tpùt.cas, ellve est développée avec beaucoup de, te'ifent et d'ingéniosi-té, avec des moyenslictéraires qui ne sont point du tpift suï'a'anés, et le roman, dont on reste libfe de n'accepter point la conclusion, est tout- à fait intéressant.

̃ ̃̃ v

fe suis biea en retard pour parler ici idii;bèaU;.roman publié par Ossit, sous le titre, Cyrène, et pour dire après tant d'autres, .plus éloquents et plus diserts,

lecharme pénétrant, l'étrange et forte mélancolie de cette histoire d'amour et d'humanité sur laquelle planent le grand mystère des destinées et la menaçante obscurité des prophéties « contes tristes et gais, où l'on rit, où l'on pleure surtout, comme on /aitdans la vie, où l'on parle d'amour, 'de larmes et de mort, ces trois mots qui sont synonymes ».

̃̃̃' y'

Bien en'retard encore, je dois signaler trop Vite le roman de M. Charles Foley, Jean ^esBrun/ts, le brillant écrivain évoque çes tragiques paysages de Vendée qu'il connaît si bien, en un roman émouvantetromanesque, que pénètre un grand souffle d'histoire, et qui se passe aux environs de 1801, quelque temps après la signature du Concordat. A signaler, aussi, Chrislen Russi, un très curieux roman allemand de M- Zahn, dont la librairie Calmann-Lévv a publié la version française. Cètte dramatique histoire d'amour et de haine qui tient tout à la fois du roman psychologique par la très ingénieuse observation des caractères,.et du roman-feuilleton par la formidable accumulation de drames, de crimes et de palpitantes péripéties, est intéressante non seulement en soi, mais aussi par les renseignements qu'elle nous fournit sur le roman allemand contemporain, et il faut louer Mme Boutibonne de nous avoir donné de ce livre une si claire, si exacte et si élégante traduction.

Parmi les autres romans de la semaine, voici V Orient de Venise, roman traduit de l'italien par M. Comte Vierges d'outre-mer, roman passionnel de M. Alexandre Bonnel les Frois. Apôtres, de M. George Beaume la Tabatière du cardinal, de M. Henry Harland, le Triomphe des vaincus, par Harlor, et pour finir sur un éclat de rire cette énumération Camembert-sur-Ourcq, le joyeux nouveau-né que nous apportent MM. Max et Alex Fischer, les deux mousquetaires de la jeune, de la vieille et de l'éternelle gaieté française, et qui est vraiment une chose tout" à fait amusante et propre à dilater la rate de nos hypocondriaques les plus invétérés.

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HISTOIRE, Littérature, Livres divers. Le général Hardy de Perini poursuit et termine la publication de son grand et savant ouvrage sur les « Batailles françaises », les Armées sous l'ancien régime, j 7 00 à 1789 et M. Albert Savine nous donne, dans la très agréable « Collection historique illustrée », un volume rédigé d'après les documents d'archives et les mémoires sur la Cour galante de Charles 11.

Histoire très contemporaine, voici chez Plon un volume tout rempli d'enseignements et parfois de tristesses la France ait dehors, qui emprunte il l'éminente personnalité de son auteur, M. Jules Delafosse, beaucoup d'autorité et d'importance. Après avoir constaté que la politique extérieure fut pendant longtemps le moindre souci de la France républicaine, il note cependant que « le crédit extérieur de la France s'est un:peu relevé en ces dernières années, que notre situation internationale serait incomparable, si la France avait le gouverneme.nti.et les institutions qu'il lui faut,, c'est-à-dire un état assez solide pour pouvoir faire de la politique à longue échéance, et assez fortement armé pour assurer, en toutes circonstances, envers et contre tous, l'aboutissement de ses desseins ». Et c'est, dans tous les chapitres de son livre, qu'il s'agisse de l'Egypte ou du Maroc, de la colonisation asiatique, des choses d'Orient ou des massacres d'Arménie, des choses du Maroc ou de la question des alliances étudiés toujours avec beaucoup de compétence, « un appel à la force organisée, puisqu'il n'est pas de diplomatie qui vaille, si elle n'a pas son instrument dans la main ».

Femme, Amour et Littérature voici un Essai sur la Femme et l'Amour dans la littérature française au dix-neuvième siècle, très ingénieux travail où Mme Jeanne de .Flandreysy a étudié dans Bernardin de Saint-Pierre, Balzac, George Sand, Gustave.Flaubert, Jules Claretie, Anatole France, Jean Aicard,Paul Bourgel, Paul Hervieu, Marcel Prevost, les tendances de lalittératurecontemporaine à. l'égard de la femme. Ce livre, avec sa documentation très laborieusement, impartialement, et ingénieusement établie, est, non seulement fort intéressant, mais infiniment utile, et Mme Jeanne deFlândreysy a certainement bien mérité de la cause féminine en l'écrivant.

Préoccupé lui aussi mais à un autre point de vue du sort de la femme, M. Paul Abram nous parle, en un livre intéressant de l'Evolution du. mariage. Il traite cette pauvre vieille institution de façon un peu libre on s'en doute 'lorsqu'on voit que le livre est préfacé par M. Léon Blum, celui-làmème qui nous parla naguère du mariage de si singulière façon -et on s'en persuad.e lorsqu'on lit, dans la conclusion de M. Abram, que, pour arriver aux réformes nécessaires de l'union matrimoniale, « il faudra supprimer du mariage l'idée du lien conjugal »: pas plus

MM. Georges Polti et Paul Morisse publient une très littéraire et utile traduction de Henri d'Ofterdingen, l'œuvre capitale de Novalis, de ce Novalis que M. Emile Albert qualifie dans sa préface « le plus parlait représentant du romantisme allemand »,ce qui est peut-être un peu excessif, mais qui fut, en tous cas, l'un des romantiques allemands les plus intéressants et les plus significatifs. Pages très intéressantes d'histoire littéraire, voici: «les Lettres inédites à SainteBeuve, écrites de 1841 à 1S49» par Hortense Allart de Méritens et publiées par M. Léon Séché, lequel nous donne également sur cette Hortense A llart de Méritens une bien captivante étude qui paraît dans sa série des « Muses romantiques » et dans laquelle il nous dit ses rapports avec Chateaubriand, Béranger, Lamennais, George Sand, Sainte-Beuve, Mme d'Agoult.

Sous les auspices de la Ligue française pour la défense des droits do l'hellénisme et certes il a besoin d'être défendu ce pauvre hellénisme chassé de nos collè- ges, MM. Henri Iloussaye, Reinach, Théry, Deschamps, Diehl, Fougères, Psi- chari, Berl, Paillarès publient une série d'études vibrantes, toutes d'une commune passion pour la Grèce.

Les poètes Voici les derniers vers de Sully Prudhomme, Epaves, dont le ma- nuscrit, recueilli et classé par Mlle rSchnf tzler, a été; établi défi ni t i verhent par son ami, M. Léon Bernard-Derosnev

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et ses quatre colégataires littéraires, MM. Auguste Dorchain, Albert-Emile Sorel, Camille Hémon et Désiré Lemerre. MM. Raoul Davray et Henri Rigal publient une Anthologie des poètes du Midi en un volume dont les dimensions impressionnantes sont faites pour nous montrer que le Midi, de Toulouse à Marseille, et d'Aix à Carcassonne, n'a pas conquis Paris seulement par son éloquence politique mais aussi par sa verve poétique. Il y a dans cette anthologie des vers qu'on aurait pu se dispenser de recueillir, mais il y en a de fort beaux, et beaucoup. Mme Blanche Sahuqué nous offre des poèmes réunis sous le* titre le Chemin solitaire, avec cette mélancolique et rageuse épigraphe de Baudelaire:'» N'importe où, hors du monde»; ;i et M. Henri Bouvelet lance l'Appel au soleil, en des poèmes vibrants où il a, nous dit-il, « crié son propre espoir, dévoilé son doute particulier, affirmé son orgueil bien lui ».-

Ph.-Emmanuel Glaser..

Les Revues. La Revue Politiqué et Littéraire, Revue Bleue, fondée en 1863, directeur Félix Dumoulin, publie, dans son numéro hebdomadaire du 27 juin, de magistrales études de Gabriel Monod, de l'Institut Paul Huet et Jules Michelet; Maxijtie Kovalewsky, membre du Conseil supérieur de l'empire russe l'Emballement slave; Gli.-V. Langlois, professeur à la Sorbonne les Mélancolies cle Jehan du Pin; un sensationnel article de François Maury Nos politiques dans les affaires l'Art féminin, par Camille Mauclair; Hiérophas, nouvelle par Jean Jullien une brillante critique littéraire des récents ouvrages sur le Japon, par L. Maury; le Miroir, poésie de Remy Saint-Maurice; une chronique de J. Lux l'Ouest-Parisien.

Le numéro hebdomadaire, 0 fr. 60. Abonnement: Paris, 25 fr.; Départ., 30 fr.; Etrang., fr. Paris, 41 Pis, rue de Chùteaudun.

Ce qu'ils ont fait pour Elles

Tous les journaux ont annoncé le Congrès féministe qui s'ouvre aujourd'hui. Nulle plaisanterie n'a souligné la nouvelle.'

Le temps est loin où le féminisme ne se sauvait de l'indifférence que par le ridicule. Au Congrès de Rome, il y a quelques mois, la présence de la Reine a la séance d'ouverture, le patronage des plus grandes dames italiennes,l'affluence des femmes de toutes les classes sociales, ont manifesté la force nouvelle de ses revendications. Plus modeste, peut-être, le Congrès d'aujourd'hui témoigne, par un programme d'études sérieuses et réfléchies, par les noms de celles qui le proposent, que le féminisme, même en France, n'est plus tout à fait un numéro de revue et qu'il mérite mieux que de la curiosité, de l'attention. A qui est dû ce changement? Aux femmes d'abord, il sied de le dire, en reconnaissant le dévouement que les initiatrices ont dépensé et surtout l'effort qu'elles donnent pour incliner le mouvement vers des résultats pratiques. Il est juste, cependant, de rappeler que les hommes, eux aussi, ont fait quelque chose, et que, depuis un siècle, par.souci.de leur repos, par ingénieux égôîsmë et même par équité, ils ont sacrifié quelques-unes des attributions essentielles de leur tyrannie. Ceux qui ont fait le plus, pour la vie courante, ce sont les magistrats. Bonaparte, comme on sait, et les jurisconsultes de son Conseil d'Etat, avaient recueilli du Droit de la vieille France l'incapacité de la femme mariée. Il p a, de parle Code, trois classes d'incapables, les enfants, les fous et les femmes mariées,: c'est ainsi. Donc, il faut à la femme une autorisation, non seulement pour commander des chapeaux et des robes, mais même pour faire aux fournisseurs de la maison, boucher, boulanger, etc. les achats journaliers. Voilà de quoi compliquer singulièrement l'existence. Les magistrats, qui sont des hommes et des maris, se sont avisés de simplifier, d'adoucir le Code et sa rigueur. Le mari seul capable, pourrait donner mandat à sa femme d'acheter, de commander en son nom; on admettra qu'en tout ce qui a trait â la vie ménagère, il a donné une fois pour toutes ce mandat, «mandat tacite »; et la femme incapable sera maîtresse ainsi d'engager des dépenses qui, même dans les maisons moyennes, se chiffrent chaque année par de milliers de francs. La jurisprudence a d'ailleurs étendu le mandat tacite au delà de la limite de la vie ménagère la Cour de Paris a jugé que des toilettes, livrées au domicile conjugal n'ont pu être commandées par une femme qu'avec l'assentiment de son mari, même si leur prix excède les ressources du ménage. En Allemagne, il a fallu un article de loi pour donner à la femme mariée, li Schliïsselgewalt, le pouvoir des clefs en France, le bon sens des tribunaux a suffi. En même temps, les magistrats se sont montrés de plus en plus larges pour accorder aux femmes l'autorisation dite « de justice » qui leur permet de s'engager, de plaider, malgré 1 opposition des maris il n'y a guère aujourd'hui, et la restriction se justifie assez bien, que l'entreprise d'un commerce et l'engagement théâtral, pour lesquels les tribunaux respectent le refus d'autorisation maritale.

Les magistrats se contentent d'appliquer la loi quand elle est bonne, de la tourner quand elle est injuste ou vieillie. Mais, pour'satisfaire aux revendications féminines dans ce qu'elles ont de raisonnable, il est des hommes tout-puissants, ceux qui font la loi, -la loi de l'Homme. A vrai dire, députés et sénateurs ont été assez avares de ces mesures législatives qui se traduisent par des avantages pratiques. On ne peut guère citer comme telle, ni la loi qui ouvrit aux femmes l'accès du barreau, ni celle qui leur permit d'être témoins concessions honorifiques qui peuvent flatter l'amour-propré, mais qui ne changent rien à l'essentiel, c'est-à-dire à la capacité de l'épouse, aux droits de la mère. Les lois vraiment utiles pour. les femmes, le compte en est vite fait

En 1881 la femme mariée est autorisée a se faire délivrer seule un livret de caisse d'épargne, et par suite, comme tout déposant, à acheter de la rente dès que son dépôt est suffisant pour acheter dix francs de rente.

Le 6 lévrier 1893, la femme séparée de eorps, 'qui restaitfsous la dépendance de Son mari cour les actes où l'autorisation

maritale est nécessaire, reçoit le plein exercice de su capacité civile.

Le 20 juin 1890 la femme séparée on divorcée qui a la garde de ses enfants/, reçoit le droit d'autoriser leur mariage contre la volonté du père.

En 1907,*la mère tutrice cesse de perdre en se remariant son droit de jouissance sur les biens,des enfants" du premier lit. >

Le 13 juillet 1907 enfin, la femme qui exerce un métier, une profession, distincts de ceux du mari, est, autorisée à administrer seule les produite de son travail. Dans-l'ensemble, tout cela est un peu incohérent; c'est quelque chose cependant, et il est même surprenant que dans un espace de quinze ou vingtans, les Chambres aient trouvé des loisirs pour ces réformes ce n'est pas qu'elles soient mal disposées, mais elles n'y pensent pas c'est moins amusant que la politique,

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Aujourd'hui, refÏQrt du. féminisme doit s'attaquer et s'attaque au dogme de l'incapacité. Pourquoi la femme devient-elle incapable en se mariant ? Dans l'intérêt du' mariage? On ne saurait le soutenir; et la Suisse, l'Allemagne qui tiennent autant que nous à la bonne administration du ménage, n'ont pas maintenu, dans leurs Codes revisés, cette règle qui jure trop avec les mœurs d'à présent. En France, il est vraisemblable-que les hommes ne seront pas plus intraitables*, le jour où on leur demandera sérieusement de la supprimer.

Louis Delzons.

LES PRIX DE L'ACADÉMIE

A la fin de la séance dont nous donnons plus haut le détail, l'Académie a décerné les prix suivants

Prix Qoberl. l«r prix (9,000 francs) à M. Camille Jullian, pour son Histoire de la 'SaM:6 2e prix (1,000 fr.) à M. Paul Courteault.

Prix Thérouanne (4,000 francs).. Partagé comme suit-: 1,000 fr. ù l'abbé Pierling 1,000 fr. à M. Rousseau 500 fr. à M. Pierre Morane 500 fr. à M. Grégoire Yakschitch 500 fr. à M. Funck-Brentano 500 fr. à M. de Caumont de La Forcei

Prix Halphen (2,000 francs). Partagé comme suit 500 francs à M. P. Berger; 500 francs ù M. R. Huchon; 500 francs à M. H. Hauvette; 500 francs à l'abbé Pioussel. Prix Bordin (:î,000 francs). Partagé comme suit 1,000 francs Li M. Louis Delaruelle 500 fr. à M. A. de Gubernatis; 500 francs à M. Albert Cassagne 500 fr. à M. Guillaume Huszar; 500'fr. à M. Claudius Piat.

Prix Marcelin- G uêrin (5,000 francs). Partagé nomme suit 1,000 fr. à M. Christian Marécnal 500 fr. à M. Dauphin-Meunier 500 fr. à M. G. Michaut 500 fr. il M. le colonel Laprezac 500 fr. à M. Ernest Soillière 500 fr. à M. Henri Touchon 500 fr. à M. André Le Glay 500 fr. à M. Pierre Heinrich; 500 fr. à. M. Georges Gendarme de Bevotte. Prix Guizot (3,000 francs). Partagé de la façon suivante 1,000 fr. à M. Etienne Dejean 500 fr. à M. Georges Dumas 500 fr. à M. Joseph Guyot; 500 fr. à M.Philippe Monnier 500 fr. à" Mlle Dugard.

Prix Langlois (2,000 francs). Partagé comme suit 800 fr. à M. Jacques Bardoux; 700 fr. à Mme Gaston Paris; 500 fr. aï, Guy-Gliarlos Gros.

̃ 'Prix'J'.Jàniiv'^fjQÙ'ît'ûncè'). PaMagé'do

la façon suivante 1,000 f r. i\ M. Pli. Martinon 1,000 fr. à M. Pierre de Labriolle 500 fr. à l'abbé C. Albin de Cigala.

Prix ̃ Saintour (3,000 francs). Partagé comme suit 1,000 fr. à M. Edmond Huguet 1,000 fr. à M. Graeme Ritchie 500 fr. à l'abbé J.-A. Quillacq 500 ff. à M. Edmond Girard.

LES PROMOTIONS

ÉTAT-MAJOR DE L'ARMÉE

Par décret en date du 25 juin 1908, le général de division Ducray, disponible, est nommé gouverneur de Nice; Le général de brigade Coudret, disponible, est nommé adjoint au commandant supérieur de la défense de Lille, gouverneur de Lille.

Par décision ministérielle du même jour, ont été maintenus à titre définitif, dans le commandement ou les fonctions qu'ils exerçaient par intérim, les, généraux de division nouvellement promus Couturier, commandant la 42* division d'infanterie

Oudard, inspecteur général permanent des travaux de l'artillerie pour l'armement des côtes, également maintenu membre des comités techniques de l'artillerie et du génie, delà commission d'études pour la défense 'du littoral, du comité consultatif de défense des colonies et de commission mixte des travaux publics.

L'es généraux de brigade nduvèllë,ment nommés

Marabail, commandant la 58e brigade

'd'infanterie

Espinasse, commandant la 2e brigade d'ini fanterie.

Le général de brigade Fleuret, nouvellement nommé, est nommé au commandement de la brigade de cavalerie du 16e corps d'armée, à Carcassonne.

Le général de brigade Bonnier, nouvellemont nommé, est maintenu, à titre définitif au commandement de la brigade d'artillerie ̃coloniale ù Paris, qu'il exerçait par intérim. L'intendant militaire Artûs, nouvellement .'nommé, a été maintenu à titre définitif dans les fonctions de directeur du service do l'intendance du 6" corps d'armée, qu'il exerçait par intérim. Sont promus et nommés dans le corps ̃du contrôle de l'administration de l'armée Au grade de contrôleur général de ,1TB classe .̃•.•

M. de Bysson, contrôleur général de

classe.

Au grade de contrôleur générai de g0 classe

M. Gaboriau, contrôleur de 1« classe. Au grade de contrôleur de 1™ classé M. Garnier, contrôleur de 2" classe M. Bramas, contrôleur de 2e classe. Au grade de contrôleur adjoint M. Gache, capitaine d'infanterie, breveté hors cadres (état-major).

INFANTERIE

Sont promus dans l'infanterie au grade de colonel, les lieutenants-colonels Champion de Nansouty, du 162^ affecté au

~.t c

31°;

De Sales de Banières, du 15e, affeété au 159»;

Plessier, du 91e, affecté ail 130^ Blazer., du 158e. affecté au 6-l«, "{, l

Tocanne,.du l_27e, affecté au 9Ô6"; ̃ 1-"1-

Conte, du.43% affecté dii 7Ï«. )

Au grade de lieutenant-colonel les chefs de bataillon.: •̃

Piales d'Àxtrez, du 82e, affecté au 120° Chrétien, de l'état-major, affecté au 91e Vaissière, du 101°, affecté au il8«

Vôling, du 119", affecté au 162''

Hérouart, de l'etat-major, affecté au 54e Costcbonel, du 70e, affecté au 65e.;

Hèlo, du 38", affecté au 16e

Lestoquoi, du 51», affecté au 420e;

Pérez, du 98°, affecté au 158»

..Loyseau de Grandmaison, état-major Latfargue, du 32°., affecté au 127e

Trouchaud, du 24e bataillon de chasseurs, affecté au 86e;

Bérot, du 8° bataillon de chasseurs, affecté au 89e;

Gondré, du 21e bataillon de. chasseurs, affeeté au 43e;

Génin, du 17e bataillon de chasseurs, affecté au 84e

Dapoigny, du 7e bataillon de chasseurs, affecté au loé ..•̃•.̃ Binot, recrutement;

Raine, ïecrutém'ent ̃: ̃ < Strasser, du 1" étranger, affecté au 188e/ Sont promus au grade de chef de bataillon, les capitaines .'•̃̃.

Sanbourra, du 59e, affecté au 44e Perié, du 4t bataillon d'Afrique, affecté au 99« Vicq, du 104e, affecté au 35e; Dournaud, du 40», affecté au 61e; Lagier, du 56% affecté au 158° Allignol, du 52e, affecté au 16e; Frachon, du 4e tirailleurs, affecté au 96e; Gacciaguerra, du 134°, affecté au 7e; Labroche, du 181e, affecté au 109°; Denouh, du 56°, affecté au. 120«; Letellier, do l'état-major, affecté- au 32e; Mourier, du 99", affecté, au 38e; Gassion, de l'étatmajor Maugras, du 96e, affecté au 22e; Escallon, du 96°, affecté au 76e; Bénard, du 113e, affecté au 119° Gracy, du 57°, affecté au 29e; Bouchy, du 19e, affecté au 127»; Barthélémy, du 56e, affecté au 34°; Glanet. recrutement; Arnaud, du 43«, affecté au 82»; Ar.net, du 30e bataillon* de chasseurs, affecté au 31°; d'Ollone, du 130e, affecté au 126e; Cattey, du bataillon de chasseurs, affecté au 101°; Pierrot, recrutement; w

Genin, du 107e, affecté au 2e; Lefèvre, du 4" zouaves, maintenu bureau des reserves de Tunis; Husson, du 54b, affecté au 120e; Riehard, du 29e bataillon de chasseur8,ltaft'eçté au 161e; Marchai, du 80«, affecté au 59e; Mullér, du l«r .étranger, affecté au 80°; Roux, du 61°, affecté au 123"; Roux, du 22«, affecté au 63° Paubert, du 4e zouaves, a'ffecté au 4e tirailleurs Lépiniec, recrutement; Béard, du 4e tirailleurs, affecté au 103e; Gentile, du 5e rég. d'inf., affecté au 122e; Viros, du 3e, affecté au 103"; Boucherie, recrutement; Guili, du 163e, affecté au 120e Kieffer, du 63e, affecte au 114e Rocca Serra, du 24e bataillon de chasseurs, affecté au 149«; Beaufort, du 29e bataillon dé chasseurs, affecté au 77e Guilbert, du 138°, affecté au 77e Grivet, du 53", affecté au 17e; Autier, recrutement; Drouin, du 4e tirailleurs, affecté' au 122e Cignacco, du 120", affecté au 70e Converset, du 131e, affecté au 102° Roudil, du 39e, affecté au 59e;- Martin, du 5e, affecté au 29e Nouvelles, du 15e, affecté au 150e; Thomas;sin, du 131», affecté au 8e Bonnecor.se Benault de Lubiéres, du 54% affecté au 153e Maillard, du zouaves, affecté au 38e ;,Casanova, du 162", affecté au 68e.

ARTILLERIE

Sont promus dans l'artillerie au grade de colonel, les lieutenants-colonels Mathieu, directeur à Bizerte Bérubé, directeur à La Rochelle Cassagnade, directeur à Lorient, nomme au commandement du 30° régiment; Vallette, du 10<> régiment, nommé au commandement du 24° régiment. Sont promus au grade de lieutenantcplonèl, les ch'efs d'escadron j Arthaut, chef d'.étatrniajor delà SôVdivir sion d'infanterie, classé au 10° régiment; Riclla'fd, professeur du cours d'artillerie à l'Ecole spéciale militaire, classé à la commission d'expériences de Bourges (adjoint au président) Sentis, chef d'état-major de l'artillerie du 7° corps d'armée, nomme directeur de l'écple d'artillerie du 7:° corps d'armée Ely, état-major de l'armée Stammler, chef d'état-major de-l'artillerie du 3e corps, classé au 14° régiment à Bordeaux. Sont promus au grade, de chef d'escadron, les capitaines

̃ Lafoùrcade, à la direction d6 La Rochelie Martin, du 11e régiment, à la direction de Versailles, classé au 28° régiment Nimier, à la direction de Lorient, nommé sous-directeur à Lorient de Thomasson, hors cadre, attaché militaire aux légations de la République française' eh Roumanie et en Serbie et au Monténégro Schlesser, à la commission centrale de réception des poudres de guerre Barny de Romanet, de l'état-major dé la 28e division d'infanterie, classé au 39" régiment, 2e groupe

Gillot, du 19e régiment, direction de Toulon, classé au 19° régiment Landrc, du 3" régiment Bastien, du 18° bataillon, direction lie Brest, classé direction de Bélfbrt d'Houdain, officier d'ordonnance du général commandant le 20e corps d'armée, classé au 27e régiment Génolhac, direction de Nice, nommé sous-directeur à Nice Vinet, au 20e régiment, nommé sous-directeur administratif de la fonderie de Bourges Seelweger, du 26e régiment, direction du Havre, classe au 7e régiment dé Poilloùé de Saint-Mars, officier d'ordonnance du général Millet, membre du conseil supérieur de la guerre, classé au 30e

Théron, à la direction d'Oran Ami'bruster, du 'S3* régiment, professeur adjoint du cours d'art militaire ;'i l'Ecole d'applicatiou de l'artillerie et du génie, classé E. N. P. professeur dudit cours; Gazot, du 9° bataillon, à. là coinmission de l'Ecole normale de tir du camp de Ghâlons Séguin, du 13e régiment (Casablanca), classe au 24e régiment (Casablanca)'; Fabre, du 29e régiment, dépôt de matériel d'artillerie de La Fore, classé au 17° régiment Péron, du29e régiment, classé au 29°.régiment, major Gervais, du 19° régiment, direction de Toulon, classé au 9e régiment, lor groupe; de Lustrac, du 21° régiment, classé au 21e régiment, major.

TRAtN DES ÉQUIPAGES MILITAIRES' Est promu au grade de chef d'escadron, le capitaine:

Mayrplles, du 5^ escadron, nommé au commandement du 2" escadron.

GÉNIE

Sont promus dans le génie, au grade de colonel

Le lieutenant-colonel Sandier, directeur du génie au Mans.

Au grade de lieutenant-colonel Le chef de bataillon Luthard, au 2e à Montpellier, est nommé chef du génie à Montpellier. ̃•'•̃̃'

Sont promus au grade de chef de bataillon, les capitaines

Leroux, hors cadres, commandant par intérim le bureau de recrutement de Soissôris Lesnès, à l'état-major particulier de l'arme, à Briançon Brianeonr chef du génie à Bastia Scherdlin, chef du service géodésiquo en Indo-Ghine

Sterbacq. chef du génie à Bourg Douchy, au ministère de la guerre, 4e direction; Goudèt, faisant fonctions de major au 6e régiment à Angers, nommé major Thaon, à l'é-.tat-major particulier de l'armée, h Épinàl, désigné pour Bayon'ne Noblot, chef du génie a ffiliana Ribard, ad Sénégal Mégard, de l'Etablissement -central du matériel d$:

guerre du génie à Versailles, est ftomtné chef du génie à Brest.

INTENDANCE ̃" ̃'•̃̃̃-̃̃'̃̃ Sont promus dans l'intendance au grade de sous-intendant militaire de lr0 classe, les sous-intendants de 2e classe MM. Bertrand, à Fontainebleau Collenet,: à Châlons-sur-Marne Laroche, à Ch^mbéry;. Goudal, à Toulon •Côllignon d'Ancy, à.R^hnes Duhamel, au ministère de la guërîç (5e direction); Derdos, au ministère de lu guerre (5° direction) '̃̃'̃_

;i

Sont promus au grade de sous-intendant militaire de 2e classe, les :aous-in- tendants de 3e classe-: i MM. Galéazzi, à Nîmes Lafopd, à ÇaïhJLô; Arnaud, à. Avignon de Moriiin'àhoû'4 Toulon Moreau, à Nevers Bloadél, à' Yefnon Pômmerol,' à Saint-Etienne Ghayroô, à;la section technique de l'intendance. v.:

̃ ̃ ̃• ̃> -.• ̃•; ̃ -<•

CORPS DE .SANTÉ., e. ,'̃; ÏV. Sont promus,, dans le corps âê saiiî'é militaire, au grade de médecin .p'rajrç- 'i cipal de 1re classe, les médecins prihéij- ̃paux.de 2° classe V *•̃' ̃ v MM. Marty,. médecin chef de l'hôpital im"- litaire de Toul; Cahier, médecin chef de l'hôpital militaire du camp de Châlons Lemoine, professeur à' l'Ecole d'applicatiph'du service de santé. ̃ •̃̃,•'>̃̃ Sont promus au grade .de médecin, principal de 2e classe,-les majors- ê&i" classe ̃ --p.ï," MM. Darré, à l'hôpital militaire.àe, Versailles, désigné polir l'hôpital militaire ,<lù calhp de Ghâlons Prieur, médecin '•chef des salles militaires de l'hospice mixte d'Orléans Uffoltz aux salles militaires de l'hospice mixte de Langres; Petit, à l'hôpital militaire de Toulouse. < ̃̃ •. ̃•' ;̃- •̃; rr"1 Sont promus au grade dé médécitimajor de lre classe, les majors de .2' classe

MM. Manceaux, au 4" zouaves; DonnadiéUj au 64e d'infanterie; Montet, au 4e tirailleurs; Sire, au 39e d'artillerie ;,Moinet; au 114e d'infanterie LanuSse-Croussé, au; 16e d'artille-* rie; Dormahd, aux hôpitaux militaires de.la division, d'Oran,d-ésigné ppur-, le'2e-géhie: r. Laine, au 40e d'artillerie Thoovis, au 104* d'infanterie; Loustalot, au ler zouaves Gau- vet, au 29e d'infanterie; Blûin, au 43e'd'in^ fanterie Meyer, au 29e d'artilleïie. Est promu au grade de pharmacien principal de 2e classe ,< M. Manget.'pharmacien'major de lr< ciaéle à l'usine alimentaire de Billancourt. '• Cavalerie ,•̃̃; ̃<̃ /^f' ̃̃. ̃̃̃̃ Sont promus dans la' cavaléPie.aii-I grade de colonel, les lieutenants-colo* nels i .•• ,;i ̃ Hély d'Oissel, du 8e GUiraesiéïé (éiiéf dë la section technique de la cavalerie, au, ministèt» de la guerre), affecté au 19e chasseurs; dé-' Pinteviile de Cernon, du chasseurs, affe,çf é au 25e dragons; Gouzil, du, 17e çhàsàeùrs, affecté au 10e chasseurs; Vigogne, du 3e Cuirassiers, affecté au 3° cuirassiers. Sont promus au. grade de lieutenant* colonel, les chefs d'escadrons .1. Pressoir, du 12e cuirassiers, affêôté âti 13* dragons; Deneyault, du 2e dragons, affecté au 3° hussards Lenez Cotty de Brécourt, âii 19° chasseurs, affecté aiï 4» chasseurs d'Amonville, du 21" dragons, affecté, au So culrassiers Le Porquier de Vaux. du 30e dra;-»

gons; _a,E[ejcMau 1 dj-agoiis.j ,.H-^|'|-TIp a^i?^ 1

Sont "promus iù"'grad"ë' yé"'JcKe*rf&!l3«'

Sont promus au grade ae chera;M*

cadrons, les capitaines:

Le Bret, du 12a chasseurs, affecté au 1$* chasseurs; Martignoh, de'I'Ecoie d'aptstieâtieh' de cavalerie affecté au 4° hussards Galbrûneï, du 15e drâg6ns,.affecté au .'3t* dra- gons; Gaubert, du hussards, affecté. au ,6» j hussards; Sautereau,' dû'l3e'cu'ifàssîér's;âf- c fecté au 9e dragons;'Champenois. du4e spahis,affecté au 4e spahis Scbsal, du chassenfs •" dîAfrique, au 19e chasseurs de Rolland, du 20e chasseurs, affecté au 13e dragons; Rubiap ̃• de Barazia, du chasseurs d'Afrique, affecté au 7»chasseurs. ̃̃̃ ..j'i

J

Gendarmerie l 4 '.f: Sont promus dans la gendàiTOeîie,- $a •. grade de lieutenant-colpnel,les chefs d'es- càdron Deheuve, cptamandânt par intéfim la l|« légion à Marseille, màitrten-uà titre déflfli- tif Momy, à Chambéry, désigné pour coifamander.la 7° légion à Besançon. '̃ Sont promue au- grade (Je..chef, d'esbà» dron, les capitaines ï Bonnet, à Marseille, désigné pmif Gféaâi»-' béry; Gavignet, à la garde républicaine (ca- valerie), désigné pour Tulle; Délin,àCorbeiî, >' désigné pour Limoges Lacan, à Toulouse, •: désigné pour Aurtllac Lebas,à RbubaiXj dÔ^? i signe pour Sairit-Etiënne. i; r INFANTERIE coloniale. t 1 Sont promus dans rinfanterié= côld* » niale au grade de colonel, les lieutenant»- •' colonels i,. Mipharcl, au MârBc Gu'yot a'Ainîê'fëa î'W* Salins, du 21e, affecté au 7«, A {: Sont promus au grade de lieutenaiht-f t colonel, les chefs dé ba.taJllon » Aube, du 3e Mauger, du 23e, affecté au 3t«;v s Bourquin, au Tonkin.- >•̃ ARTILLERIE COLONIALE ̃̃ ->j Est promu dans l'artillerie coloniale* ''` au grade de colonel, le lieutenarit-co- j, loncl | Montané-Gapd'eboscq, du bureau militaire j du ministère des colonies. :;i" | Sont promus, au grade de lieutertâaicolonel, les chefs d'escadrons ,•: ̃' Foissac, du 2e à Cherbburg, classé afiS^â Toulon; Be'Uet, de l'inspection des fàbiTcS* 'H '< tions d'artillerie. '̃ ̃ ̃̃ >

LES COLONIES

Irt Mauritanie

j t

NoUs avons annoncé hier, d'après iflè ̃

note officieuse, que 1 jJEecoflnais&h'eé :̃•

qui a coûté la vie au <^|Waihé MàHfïn avait été entreprise contr'airéhnëftT au* •̃̃ instructions données par.M^Ponty,- gouverneur de l'Afrique bccidehtalév Les informations nouvelles reçues, tifl ministère des colonies réctifiéttt çés rfiti-' seignéments. M. Ponty télégraphia 'é^ effet que le capitaine Mangin aVâlt.êtê envoyé au Tagant par colonel (jôti- raud, commandant du cei'cld militaire = de Mauritanie, pour prerdre lé comméH^ dément dés méhariètës qui OGtiu|iefit ̃ cette région. Le. capitaine se: tFeùyftii.à El-Moïnan, pâturage s/tué à la timit6'4ii Tagant, mais encore i l'intérieuF de la zone qu'avait fixée te cplôôel GôWaûg d'après les instructions du gouVe|n|iJ^ ï


gfn'éral, d'où il résulte que celles-ci n'avaient pas été méconnues.

-D'autre part, le correspondant particulier du Temps à Dakar, télégraphie à notrp, confrère que dans l'affaire d'El'vloinan, rvon seulement le capitaine ivlangin a été tué, mais son détachement d$ mçharistes a été entièrement détruit par. les Maures assaillants qui se sont emparés d'une mitrailleuse.,

'̃. Au Tonkin

•tes noms dès officiers.et sous-officiers tûéâ au combat de Ban-Nang,' que nous avons relaté hier, n'ont pas été publiés à ce. moment parce que leurs familles n'avaient pu encore être prévenues. Elles le sont maintenant. Voici les noms do ces braves les lieutenants Aymatd et.Raynaud; les sengents Bainelli et Leglise.

i* ^JFJhJH^

~~1~ DEFENSE

LllMfeNEMENT LAÏQUE

-iÇilsà

? PROJET DE LOI

.1'

;On,n'a' pas odblié l'émotion, plus ou rnoîns sincère, que provoquait récemment dans certains milieux politiques cet arrêt du'tnbu,nal des conflits sur lequel M. Poincaré voulut bien me donner, pour .les lecteurs du Figaro, une consultation juridique, si admirable de sagesse, de précision et do clarté. J'avais exprimé le vœu que M. Doumergue, minîstre de l'instruction publique, qu'un d|putéf M. Dessoye, se proposait de questionner à la Chambre sur les mesures à- prendre par. le gouvernement pour pi-otéger les droits et la liberté des instituteurs officiels, s'inspirât, dans sa répfarise à cette question qui semblait bien (Jè.voir être"u!ne mise en demeure, du noble langage de son prédécesseur. En fait, la question de M. Dessoye n a pfis été posée, devant le Parlement:, mais elle l'était devant le pays. Et M. Doumergue ne pouvait pas l'éluder. Il n'en est pas moins regrettable qu'il y réponde aujourd'hui par un projet de loi qui, s^us prétexte de défense de l'enseigneïiient laïque, constitue, à n'en pas douter, ûhe 'sorte ;de. prime à la violation de la neutralité de l'école.

Voici le texte de ce projet .de loi, que M.- Poumergue a déposé hier à la

Chambre

Article uniOûe. «* Sur la plainte adressée

par l'inspecteur primaire au juge de paix, les peiiies prévues par l'article 14 de la loi du 38 mars 1883 seront appliquées au père, ou au tuteur, ou ù la personne responsable qui sera •convaincue d'avoir empêché l'enfant inscrit à une école publique d'y recevoir l'enseignement sut' tout ou partie des matières déclarées obligatoires en vertu de l'article 1er de ladite loi ou de faire usage en classe de livres régulièrement inscrits sur la liste départementale.

Sera punie des: mêmes peines, toute personne qui aura commis l'infraction qui précède, âoit en prononçant un discours, soit en affichant ou distribuant un écrit contenant ijne provocation directe à commettre l'infraction prévue ci-dessUs.

Pour bien juger de la fâcheuse tendance d'un pareil texte, il faut connaître l'exposé des motifs par lesquels le ministre de l'instruction publique entend je justifier, en démontrer même la nécessité. Il s'agit, avant tout, de faire (Sçhêcà a ces associations OU à ces groupements de; pères de famille qui, assure Jf.' Boumergue, « se sont constituées sur un plan et avec des visées trop uniformes pour n'être pas concertés et qui, sous le prétexte de défendre la neutralité de l'école, inscrite dans la loi, entravértt le fonctionnement de cette école et parviendraient aisément, si l'on n'y portait remède, à paralyser l'enseignement deâ maîtres ».

tfG ministre n'avait point besoin de se mettre en fraîs.poùr établir le « concert » <ju11 dénonce. Je crois bien qu'il ne s'est pa,ë tenu, depuis un an, un seul congrès «catholique, régional ou diocésain, au programme duquel ne figurât pas, sous une forme ou sous une autre, la question d'une surveillance à exercer par les p^res de famille sur la manière dont les instituteurs comprennent le respect de îâ éônscience de l'enfant, et des moyens auxquels la loi -perfiïêt de recourir pour leur imposer ce respect. Mais quand le rriiiiisfre ajoute que là défense de la neutrsuîti'i? l'icole n'est \èi qu'un prétexte,

il commet une erreur grave d'appréciation, qu'il aurait facilement évitée en parcourant les comptes rendus autorisés de ces congrès catholiques, où sont nées en elfet ces associations de pères de famille, dont il méconnait si étrangement le but.

Puis il cite des faits, et il se trouve que ces, faits prouvent justement le contraire de ce qu'il voulait démontrer Des enfants « se refusent, sur l'ordre de leurs parents, a recevoir des livres de classe qui leur sont prescrits par le maître. Des ministres du culte ne craignent pas de dénoncer et de mettre en interdit, dans leurs instructions et leurs prêches, les ouvrages que sont tenus de se procurer les enfants. Ils refusent d'admettre à l'enseignement religieux et à la préparation aux sacrements ceux des enfants qui, résistant à ces injonctions, continuent à se servir des livres en usage. » En d'autres termes, les enfants sont stylés par les parents, les parents par les ministres du culte. Fort .bien. Mais quels sont les livres que les ministres du culte.» dénoncent» et « mettent en interdit »? Voilà ce qu'il •faudrait: savoir. Voilà-, au surplus, ce que. l'on sait très bien, attendu qu'il n'y pas un seul de ces livres dont la presse religieuse n'ait pas cité les passages, en opposition manifeste avec la neutralité scolaire, pour lesquels précisément l'autorité religieuse les a condamnés. ces livres ont été condamnés pour ce qu'ils ont de contraireà la neutralité, et si c'est en raison de leur condamriationpar l'autorité religieuseque les pères de famille catholiques interdisent à leurs enfants de les recevoir ou de les utiliser, la défense de la neutralité n'est donc pas le prétexte, elle est le motif véritable de cette interdiction, comme elle a été le motif et non pas le prétexte de la condamnation des livres dont il s'agit, et de l'argument documenté du ministre de l'instruction publique il ne reste rien, si ce n'est la preuve que le ministre de l'instruction publique s'est trompé.

M. Doumergue veut bien reconnaître que « les parents qui confient à l'Etat. leurs enfants ont le droit d'exiger que leurs croyances et leurs sentiments intimes ne soient ni combattus ni froissés par un enseignement, agressif ». A la bonne heure! mais il'* estime que « les lois et règlements organiques qui déterminent le fonctionnement de l'enseignement primaire public ont donné aux particuliers les plus sérieuses garanties au point de vue de la neutralité, ainsi que les moyens d'y rappeler les maîtres, s'ils étaient tentés de s'en écarter ». Il fait étalage de ces garanties et il énumère ces moyens la loi du 30 octobre 1880 « soumet l'enseignement donné à l'école publique à l'inspection des autorités scolaires. Elle arme des autorités. Etc. »

Parfait, à la condition que celles-ci prennent, le cas échéant, les mesures édictées par les règlements à l'égard des maîtres qui, oublieux de la réserve imposée par leurs fonctions, porteraient atteinte a la liberté de conscience de leurs élèves. Mais c'est là précisément ce qu'elles ne font point, ou ce qu'elles font trop rarement, et cela pour des motifs qu'il n'est pas malaisé de deviner. En sorte que les « garanties » et les « moyens » dont parle M. Doumergue sont "plutôt illusoires. S'ils ne l'étaient point, pourquoi les pères de famille éprouveraient-ils le besoin de demander justice aux tribunaux civils, et pourquoi cet appel aux tribunaux civils provoquerait-il, dans le camp anticlérical, de si chaudes alarmes ? n

De même, en ce qui concerne le choix des livres. Et M. Doumergue pousse tout de même l'ironie un peu loin quand, pour rassurer complètement les familles, il leur rappelle qu'elles peuvent recourir au ministre de l'instruction publique, lequel, « après avis de la section permanente, peut interdire dans les écoles publiques tout ouvrage contraire à la moralité, la constitution et aux lois. » Ah le bon billet!'

M. Doumergue déclare, à la fin de son exposé des motifs, que le père de famille, s'il n'a pas à se faire juge de l'enseignement de l'instituteur, a néanmoins le droit, s'il n'en est point satisfait, de « porter sa plainte aux autorités constituées pour sauvegarder la neutralité scolaire et réprimer les écarts de langage de celui qui est officiellement chargé de la dispenser », et que c'est le devoir de ces autorités « d'examiner les réclamatiotis de cet ordre et d:en faire iust'we,».

Eh! l'on ne demanderait pas mieux que de suivre cette voie, mais encore faudrait-il que les autorités dont il s'agit voulussent et pussent remplir le « devoir » que leur rappelle, très platoniquement le ministre.

Nous tournons toujours dans le même cercle vicieux.

Julien de Narfon.

L'ASSASSINAT DE M. REMI

En faisant connaître hier ce détail, jusqu'à présent caché, que « les portes et les boutons des portes maculés de sang avaient été lavés avant l'arrivécdes magistrats », nous demandions si ce n'était pas utr indice' presque évident que l'assassin était resté à l'hôtel Remy ou y avait laissé un complice chargé de faire disparaître ces traces révélatrices. Le service de la Sûreté affectait de ne pas voir la chose ainsi. Ce n'était, disaiton, qu'un excès de propreté bien naturel dans un personnel de domestiques stylés.1 -̃̃̃•• •̃̃ ̃̃ •• ̃̃ Pourtant; en rapprochant* ce- détail nouveau de cet autre toit étrange, révélé des le début de l'enquête, « les trois médecins-, malgré les quatorze coups de couteau et la mare de sang dans laquelle nageait la victime, concluant à une mort naturelle », on est un peu en droit de se demander s'il n'y avait pas là l'influence de quelqu'un ayant un intérêt capital à ce que le crime ne fût pas découvert. C'est, ce qu'on semble maintenant penser, et hier, alors que de nouveau Mme Remy, son fils Georges et M. Raingo, le neveu, se trouvaient dans le cabinet de M. Albanel, de graves divergences se sont élevées entre le juge et la Sûreté. A chaque instant, malgré la présence eonciliatrice de M. Dailheu, le substitut adjoint à M. Albanel, on était obligé de téléphoner au procureur de la République pour lui demander de servir d'arbitre.

Cèla dura longtemps, bien longtemps, si longtemps que, la nuit venue, alors que Mme Remy et son fils, sortis du cabinet du juge l'air bouleversé, attendaient dans le couloir que M. Raingo vînt les rejoindre, M. Albanel est allé leur dire qu'ils pouvaient se retirer et qu'il était inutile d'attendre, l'audition du jeune homme devant se prolonger encore beaucoup.

En effet, à huit heures, M. Raingo quittait le cabinet du juge, mais pour se rendre aux bureaux de la Sûreté, où l'on devait continuer a lui 'demander des explications.

M. Hamard est resté muet sur le résultat de cette audition si prolongée. Il s'est borné à dire qu' « il avait tout espoir, que la journée de vendredi ne se passerait pas sans une solution définitive ».

Quelle sera-t-elle? Comme tout Paris, nous l'attendons avec impatience.

̃ LA JOURNÉE

Conse// des ministres A l'Elysée, sous la présidence de M. Fallières.

Le Parlement Au Sénat, suite de la discussion du projet de rachat de l'Ouest. A la Chambre, suite de la discussion de l'impôt sur le revenu.

Les courses A Saint-Ouen (deux heures). Obsèques M. Anisson du Perron, ancien membre de l'Assemblée nationale (Saint-Philippe du Roule, midi messe pour les dames à la même heure à la chapelle des catéchismes). M- Albert Aubry, censeur du Crédit industriel (Saint-Philippe du Roule, dix heures). M. Jouët-Paslré, président des Fprges et Chantiers de la Méditerranée (Trinité, dix heures).

Congrès Congrès national des droits civils et du suffrage des femmes (hôtel des Sociétés savantes, 8, rue Danton).

Assemblée générale La Ligue populaire pour le repos du dimanche (Musée social, 5, rue Las-Cases, huit heures et demie). Cours et conférences M. Peladail « l'Esthétique de Léonard de Vinci » (Salon des Artistes français, trois heures et demie). M. Jacques Boulanger « la Vie élégante au boulevard sous Louis-Philippe » (exposition de la Bibliothèque de la Ville de Paris, rue de Sévigné, 29, quatre heures). M. G rehant « les Organos des sens » (Muséum, quatre heures). M. Jean de Prez-Crassier, président de la Jeunesse royaliste de Versailles « le Libéralisme » (Université populaire du faubourg Saint-Antoine, huit heures et demie du soir). ` ;Saooyet Offert au statuaire Jean Boucher,

en l'honneur de sa médaille, sous la présidence dé M. Armand .Dayot (Pavillon Chinois).

Inîopçiations

.-Q .<==0-

Magistrats, r- A la suite des examens que nous avons signalés, ont été reçus par ordre alphabétique, MM.

Avril, docteur en droit, avocat à Grenoble; (.'ostan, avocat à Saint-Atfrique

De Colbert, avocat, attaché au parquet de la Seine: ̃•

Dan'as, avocat à Paris

Lacomme, avocat, attaché au parquet général de Toulouse

M.oline, avocat, docteur en droit, attaché au parquet de Besançon

Narrat, avocat, attaché au parquet de la Seine; Pommerol, avocat, attaché au parquet de Riom

Rossignol, docteur en droit, avocat à Paris Vallet, avocat à Angers.

La commission d'examen a signalé au garde des sceaux, comme particulièrement distingués et susceptibles d'être nommés directement aux fonctions de substitut et de juge, M.M. Moline, Narrât et Darras. Les viàgt-cinçjans.d'un lycée. Hier aeu lieu; dans"le grand amphithéâtre dé la Sôïbonne, la cérémonie du 2')' anniversaire de la création- du lycée P'énelon. M. Jules Gautier, directeur de l'enseignement secondaire, présidait. Mlle Butiaux, professeur au lycée Fénelon, .Mlle Maindron, ancienne -élève, dans des discours applaudis, ont rappelé les succès de cette grande école.. •'

M. Jules Gautier a fait l'éloge des professeurs du lycée et de sa directrice.

Le banquet des intendants du cadre auxiliaire. Hier soir a eu lieu, au Cercle militaire, le banquet des intendants du cadre auxiliaire, sous la présidence de M. Chéron. MM. les intendants généraux Thomazou, Maurin et Dufouret le sous-intendant Adrien du cadre actif y assistaient.

En réponse au toast du président de la société., le sous-intendant Levavasseur, M. Chéron a prononcé un discours dans lequel il a rendu justice à l'administration militaire dont le. rôle dans les armées modernes est considérable.

Exposition franco-britannique. La Compagnie du South Eastern and Ghatham Raihvay annonce que, dans le but de faciliter le plus possible aux personnes désireuses de visiter l'Exposition franco-bri tannique le voyage a Londres, les billets à prix réduits de 14 jours siéront désormais valables les vendredis et samedis, au départ de Paris-Nord, dans le train de 8 h. 25 du matin, sans supplément.

Conférence Mole. Au banquet de la conférence Molô-Tocqueville, des toasts très applaudis ont été portés par les deux présidents de l'année, MM. Renaud d'Elissagaray et André de Lachapelle, puis par MM. Albert Gigot, Camille Polletan, Yves Guyot, Mesureur, Maurice Sprohck, Huchard, Henry de Jbuvenel et Du Boys.

Banquet. Sous la présidence de M. Raymond Poincaré, sénateur, la Fédération des commerçants-détaillants de France olfrira, ljindi prochain, aux conseillers du commerce Ultérieur et aux représentants de ses orgahisations départementales un banquet auquel deux mille cinq cents convives prendront part; [,

La Fédération profitera de cette circonstance pour fêter, au nom du monde commercial, « le succès des candidats anticollectivlstos aux dernières élections municipales ».

ta Réforme >

l' des études médicales

Hier s'est ouvert, à Lille, le 2" Congrès des praticiens de France. Le premier s'était réuni à Paris, l'année dernière, au milieu d'un très grand concours de médecins, délégués, ou autres.

Le corps médical s'agite, comme lé disent eux-mêmes les docteurs. Que veut-il? Une seule chose « la réforme des études médicales ».

Cela,peut paraître un peu particulier au monde médical seulement; et c'est probablement pourquoi le grand public ne s'est pas ému de cette levée de boucliers. Il a eu tort, et il aura plus grand tort de rester indifférent devant l'agita-'tion qui se continue à Lille et qui se continuera jusqu'à ce que les médecins aient obtenu gain, de cause.

Abandonnons pour un instant les hauts sommets de la spéculation pure, et causons de choses plus prosaïques et pratiques.

Que veulent les médecins, que veulent leurs délégués à ces deux congrès? ils désirent et ils demandent que les étudies méiieales cessent de se faire, ans- les livres, se fassent ù l'amphithéâtre, à

l'hôpital, au lit du malade que l'Ecole, qu'on accuse de faire peu de savants, nous fasse au moins de bons praticiens. Ceux-ci, après leurs cinq ou six ans d'étude, jetés brusquement dans la clientèle, s'aperçoivent en peu de. jours des lacunes considérables de leur instruction, trop théorique. Il y en a, et combien en pourrait-on citer,. qui débutent dans la pratique sans savoir un, mot d'accouchement, pas plus d'ailleurs que; d'ophthnlmolpgle, ou autres affections spéciales.

Ce qu'il y a d'invraisemblable, de paradoxal, c'est que les étudiants, qui pâtissent dans l'étude des bouquins subissent plus brillamment leurs examens que ceux qui, dédaignant les in-quarto, passent leur temps auprès du malade, qu'ils étudient et observent, attentivement.

Dans la clientèle, les choses sont renversées et. le premier tâtonne, hésite, est" désorienté tandis que le second avance résolument sur un terrain, déjà et longuement exploré- Malheureusement cette dernière catégorie d'étudiants constituq minorité..

En quoi cela intéresse-t-il lé public ? S'iife médecin' a, poussa dignité personnelle, et son avenir professionnel, intérêt à posséder à fend son métier, le public lui, a intérêt à être soigné par des praticiens, instruits, qui ne feront pas sur lui leur instruction professionnelle. «Fabricando fit faber » dit-on. Mais on n'aime guère que cette pratique, cette expérience s'acquière à vos dépens. Dans un grand centre, un médecin, insuffisamment entraîné à toutes les pratiques de son art; peut, dans un cas difficile, appeler immédiatement à son secours un prince de la science. Mais à la campagne, dans les localités où le praticien est seul, loin de tous secours des grands maîtres, que fera-t-il dans un cas urgent?. Le temps d'envoyer quérir un maître à la ville prochaine, le patient sera. mort, faute d'un rien quelquefois, mais qu'il aurait fallu connaître. Tel est le cas, cité au Sénat par le docteur Reymond. Un patient a une hernie, qui s'étrangle. Le médecin ne sait pas opérer il est, dé plus, loin de tout secours. Le temps d'envoyer chercher un confrère, capable d'opérer, le malade était mort. ̃ Un soir de thèse, Un heureux candidat fêtait ses amis. Vers la fin de l'agape, il en prend un en particulier, et lui tient ce langage: ̃' Tu sais, j'ai un excellent poste. Ah! où ça?

-AX.

C'est parfait TU en ⧠tltiè veine Oui, mais je suis. ennuyé. Et pour ?

Si le soir1 de mon installation, je suis appelé pour un accouchement. Tu as très bien satisfait pour cette partie

Parbleu j'ai appris mon Manuel par cœur, mais je n'ai jamais fait d'ac*couchement" Sans doute, aujourd'hui, les choses se passent autrement, pour cette partie de l'art médical, qui a fait do très louables progrès, mais pour combien d'autres, n'en est-il pas encore ainsi.

Cette ignorance voulue où inconsciemment Voulue par les grands maîtres, est tout ce qu'il y a de plus préjudiciable au public. Il suffira de la lui signaler pour qu'il fasse cause commune avec les praticiens.

Il y va de l'intérêt des uns et des au-

tres.

Que cette instruction médicale plus étendue, plus complète, plus pratique, indispose en haut lieu, on à peine a l'admettre.

Cependant la Faculté et le ministère se sont émus de cette agitation médicaEle- qui avait gagné tous les praticiens de France, et qui menaçait de gagner le grand public.

Réformons-dônc, conclut"on en haut lieu,- et l'on nomma une grande commission des études médicales.

Ses travaux n'eurent pas le don de plaire à la grande majorité des prati* ciçns.

Mais, heureusement pour eux, on avait nommé membre de cette commission un esprit droit, large, avisé, généreux, épris de progrès, et conscient des grands et graves devoirs du médecin moderne envers le public, Roux! 1} soumit un programme à la commission, qui ne daigna même pas le prendre eh considération mais qui, par contre, obtint l'approbation presque unanime des praticiens, mettons

99 jour 100.

Qui donc sont intéressés dans la question. ? j y Le public et les praticiens.

Qui sacrifie-t-.on ? -«• Le public et les praticiens. Sirigdliir'i? conception vraiment de la justice et du droit. Mais. les intérêts d'une petite chapelle sont sauvegardés ̃̃̃.̃'̃̃ Non le public est instruit maintenant, et les praticiens marchant ,sous: là bannière de leurchef, Roux, iront au combat demain à Lille; plus tard ailleurs; jusqu'à ce que les idées de Roux, c(ui sont les, leurs, aient triomphé. ̃ '> Nous voulons des médecins d'une rnof rai i té élevée, d'une instruction pratique étendue, aussi complète que possible. Il y va de l'intérêt de tous, et surtout de l'intérêt du public, maintenant; ins* truit. ̃ i,

V ̃̃ i SSlBStf*. ;,•

"La France au dehors?

..} -̃;• ̃̃• 'i^ \>/}^y

Tel est. te titre. 'd'iiti nbtVy'êr ouvragé 'qu.4 :}t^.

Jules Delafosso publie aujourd'hui chez Pion. On sait avec quelle autorité l'auteur, député depuis trente ans, traite les questions de politique extérieure h la tribune de la Chambre. Son livre est consacré à l'étude des qïnc| au six grandes questions qui défrayent hptfe: action diplomatique et préoccupent à si bon droit, l'opinion publique. Il se rëcotwtjnàridé, tant par la nature de son àû jet que pàt la qualité de l'auteur, à tous c'eut qui fj'in* téressent à la politique extérieure de hotw pays et cherchent,, au ,niilie_u; cj.ei3 {lifficiles* problèmes dont elle est hérissée, la lumière et la certitude. Ils trouveront l'une et l'autre dans le livre de M* Jules Delafossef, Nous extrayons du chapitre consacré a.UX Conférences de La Haye le passage' siiliv.ajit, pour montrer à nos lecteurs dans quel esprit et dans quel style M. Jules Delafojsse n coiaposé son livre.. •. ;».

» é .*>,•) .i> t, a i > ̃̃* ̃ ni !»̃

Il est une loi souveraine, unîversëjîé, indéclinable, qui régit .l'infinie diversité des êtres du haut en bas de la création •c'est celle qu'a formulée Darwin. C'est la loi de concurrence, qui n'est pas Seulement le combat pour la vie, mais' aués'î le combat pour la domination. Le besoin d'expansion qui. domine les peupies'dprit le cycJe de. vie n'est .pas .acUeyév et lès, pousse les uns contre les autres, dérive de cet instinct natif; et comme il est, de par la loi qui le gouverne, incoercible, il n'existe pas et il n'existera jamais de sentence arbitrale qui puisse le coriteriie ou l'étouffer.

Et puis, cela fût-il "possible,: ce: Sérail encore une question que de savpirysi l'hygièriè du monde y trouverait son compte. Les pacifistes affirment que ia paix est le souverain bien. Ce. n'est ^vrâf que si l'on oppose l'état de paix à l'était de guèrrc7 Mais il" n'est pas cértaih quff la paix perpétuelle soit un perpétuel bienfait. Ce n'est qfTUné jOUTssance, c'està-dire, le contraire d'une vertu, et toute jouissance un peu "prdlûhgée est une cause de désordres inévitables. Ces désôrdres qui sont, en quelque sorte, la rançon du bien-être, c.'est Talanguisse" ment, la mollesse, l'hébétude, rindifférence, l'atonie, l'égoïsme, pour ne citer que ses conséquences les plus ordinaires mais c'est aussi, le plus souvent, la cynisme, la dépravation et la pourriture. Tout le monde sait que l'individu qui fu,H le travail, se soustrait à la peine, à, î'êf*fort, qui refuse par indolence d exerpfsi1 ses Muscles et. sa volonté, sevoue- luimême, non seulement aux tares mot'ale|| mais aussi aux tares physiques qui, les accompagnenti je veux dire les affections parasitaires, la maladie, l'infirmité et la mort prématurée. L'hygiène dei peuples est rigoureusement identique à celle dôs individus elle participe des mentes lois et conduit mêmes effets. ̃ L'acGàuty!^ hiance au bien-être, à la jouissanoes |1» sécurité, les déshabitue des stutçis Vivifiants et des luttes régénératrices.; îï$ s'atrophient et se pervertissent Par rinj»mobilité. L'histoire témoigne que tes pé-* riodes de longue paix sont concomitantes à l'affaissement des Vertus nationales Qk à ta décomposition des mœurs, C'est. pour la même raison que l'ettu croupissante des mares est fétide, tandis que celle cteS cataractes est limpide et pitre»

Laguërre, exécration des mères, comme dit le poète, est le plus terrible des fléaux, c'est entendu; mais elle est aussi une admirable école dé vertus viriles. Sans doute la vertu militaire ou civique n'est plus guère. aujourd'hui qu'une valeur ar- chaïque que mépbisènt et réjettent. \8$


nouveaux éducateurs de la démocratie, ceux-là surtout qui se piquent d'être les annonciateurs de l'humanité future. Ils libèrent l'homme,de ses devoirs publics et professent qu'il lui suffit de vivre sa -jVie' pour remplir sa destinée. Mais quelques ravages que cause, en certains milieux sociaux, ce bas et court utilitarisme, il s'en faut, Dieu merci, < qu'il ait empoisonné la conscience de la i nation. Elle proteste victorieusement contre cette anarchie purement animale. ,L'instinct des multitudes, même perverties, conserve. l'esthétique intime qui ̃leur fait aimer les héros du devoir et les- grandes actions. Un sot et plat sophiste ;peutpier la. patrie et préconiser la déjsërtiôn; 'devant Tënnemi. Il n'obtiendra jamais de ceux qui Técoutent qu'ils préfèrent l'homme qui se contente de digérer sa, vie à celui qui la donne pour le ,bien ou l'honneur des autres. Ainsi le sentiment de l'honneur, l'amour de la patrie, l'amour de la gloire, le courage, lè dévouement, l'héroïsme, ne sont ni des préjugés, ni des chimères. Ce sont les manifestations les plus hautes delavertuhumaine,, et la vertu, sous toutes ses formes,, est la réalité qui contribue le iplus efficacement à la conservation des i Etats et des sociétés.

Il est décent d'aller aux Conférences instituées pour la défense de la paix, • parce que l'idéologie qu'on y cultive est d'essence généreuse et honorable il est absurde et dangereux d'y croire. Les gouvernements épuisent tout leur devoir envers elles, en s'y faisant représenter par ,des délégués bien disants et frottés de sociologie humanitaire, comme M. Léon .Bourgeois, par exemple, 'qui fut deux fois notre représentant aux Conférences* ide La Hâye. On ne pouvait, en vérité, trouver mieux. Mais quarlt aux résolutions qu'on^y vote, il faut avoir le courage de penser, sans le. dire, que cela n'est d'aucune conséquence. Il n'y a qu'une vérité qui vaille c'est qu'il faut cultiver sa force* Etre fort, voilà l'essentielle vertu, Julei3 I)elafosse.

Jules Delafosse.

Gazette des Tribunaux

fcouà d'assises DE LA Seine ,M. Humbert ̃"̃'• contre le Matin.

Les procès de'-presse passionnent l'opi&ion:suftoùt -avant -d'être plaidés^Lfr public,,toujours friand, de scandale, attend; espère des < révélations sensationnelles, du bruit, des incidents. Ne s'agitil pas du procès d'un sénateur contre un journal?. Et va-t-on en pleine Cour d'assises dévoiler, les secrets des coulisses du Sénat et des bureaux de rédaction? N'at-on pas mobilisé toute une armée de témoins, des anciens ministres, des présidents de la Chambre, des directeurs de .journaux, des directeurs de théâtre, des généraux ? Le Tout-Paris de la Chambre, de la presse, et une partie de l'armée française. N'a-t-on pas, pour un moment, tarraché Rochette aux audiences plus calmes de la 3e Chambre de la Cour, pour avoir le plaisir, de l'apercevpir dans la •foule, non loin de M. Pedro Gailhard, de M- Ghaumié ou de M. Baudin ?

Procès énorme si l'on songe au nombre des téntoins convoqués. Procès iniport§.tit, ^Yidemrrieint "pouf 'lès plaideurs «– infiniment moins pour le public. M. Humbert, sénateur de la Meuse, a assigné M. Danglos, gérant du journal le Matin, comme responsable d'articles qu'il a jugés diffamatoires, où on le repré,senterait comme ayant donné un appui au financier Rochette, et où on l'accuserait de s'être, au ministère de la guerre et au journal le Matin, emparé de certains documents. Ces articles, illes.cite dans sa plainte. En voici quelques extraits

Devant le doyen des juges d'instruction, il {Rochette) se montra d'une étrange arrogance. Il s'écria: « Je vous ferai marcher, !bon gré mal gré, monsieur le juge. Faites ,attention! J'ai un puissant sénateur dans ma manche » Quel est ce sénateur? Est-ce celui qui a menacé l'avocat de M. Gadot de le ruiner, dans sa double carrière d'avocat et de journaliste, s'il ne savait pas faire comprendre à son client l'urgence de retirer sa plainte ? `? Depuis Mme Humbert, on ne trouve plus un escroc qui n'ait cherché à s'assurer des facilités politiques. Rochette n'a pas failli à cette.règle de morale. Il invoquait, l'autre jour, devant le juge d'instruction, l'appui d'un sénateur, qui serait M. Charles Humbert, le nouveau sénateur de la Meuse.

Humbert aujourd'hui au moins, a une i réputatïon?bien; établie en attendant les autres celle de vider les tiroirs dans toutes

Feuilleton du FIGARO du 26 Juin j (31),

XZ&me libre

&XIV

*r- SUITE r?

Mme de Saumery, sa sœur et sa nièce parties, était venue à la Vénerie voir ses amies. Elle avait écouté, avec une véritable stupeur les confidences de Mme d'Orcières Quoi, ce petit docteur Létang, ce personnage si insignifiant qu'on avait cru combler en l'invitant à dîner à Vaumarné, c'était le fils de M. de Montazet 1

Mme de Saumery exprima sans réticence ses sentiments et jugea cette tardive reconnaissance un scandale et une flagrante immoralité. Les bras lui tombèrent quand Mme d'Orcières parla avec un enthousiasme et un atten,'drissement contenus du projet de mairiage^mis en avant par son oncle et qui arrangeait tout. Mme d'Orcières, hajbitueUement parfaitement élevée et délicate, perdait toute mesure, en exprimant son horreur d'un mariage pauvre pour Nicole, et la félicité au contraire qu'on aurait pu espérer d'une alliance où toutes les fées s'unissaient pour apporter leurs dons. Mme de Saumery comprit parfaitement l'allusion cachée, mais,forte de son irréprochable attitude, ne la releva pas.. Aimant sincèrement Mme d'Orcières, tendrement Nicole, elle prenait une part émue et sincère aux malheurs qui les touchaient. Les d'Orcières ruinés et déshérités qui jamais aurait imaginé une pareille éventualité? Mme de Saumery engagea néanmoins Mmed'Orcières à avoir confiance dans l'esprit de justice de M. de Montazet Reproduction interdite. 7–

les maisons où on l'a accueilli. Il l'a fait au ministère de la guerre, quand il était officier d'ordonnance du ministre il l'a fait au. Matin, quand il était secrétaire général. La plainte est longue. Elle peut se résumer d'une manière bien simple M. Humbert se plaint d'avoir été représenté comme ayant aidé Rochette, et comme ayant dérobé au ministère de la guerre des documents dont il se serait servi. Le Matin est autorisé à faire la preuve de ses allégations.

En somme, c'est un petit lever de rideau à l'affaire Rochette que le procès Humbert. Et à chaque instant, lorsqu'on parlera du financier, une question viendra sur les lèvres « Est-il innocent ou coupable,ce Rochette dont on parle tant » Ce n'est pas l'audience d'aujourd'hui qui résoudra ce problème. Nous verrons défiler beaucoup de témoins. Les uns se retrancheront derrière le secret professionnel, les autres ne sauront rien ou ne diront pas grand'chose. «J'ai su vaguement que M. Humbert connaissait Rochette. Je l'ai entendu dire. On le disait. Moi je ne sais rien personnellement. » Si bien que jusqu'à présent il est fort difficile de démêler la vérité. Vers une heure, M. le président Aymé ouvre l'audience. La salle est comble. Fort peu de dames. Ce n'est pas en effet un procès mondain. Le banc de la défense où est assis Me Paisant est encombré de papiers. La table de la partie civile où.M" Labori se tient à côté du capitaine Humbert, disparaît sous les dossiers. Jamais on n'a vu autant de paperasses apportées en Cour d'assises. Il a évidemment fallu plusieurs secrétaires pour les porter.

Le gérant du Matin, M. Danglos, qui est l'accusé, paraît surpris des questions un peu longues que lui pose le président « Avez-vous lu les articles incriminés ? Qu'en pensez-vous ? Répondez » ~r Il ne répond rien, M. Danglos. Il semble n'être là qu'en simple figurant, et visiblement ne s'attendait pas à jouer, pendant quelques secondes même, un petit bout de rôle.

Le premier témoin est M. Delacherie, directeur du Nord financier, journal de Lille.

Une sait pas grand chose sur l'affaire. Il a vaguement entendu dire qu'une campagne était faite pour amener la baisse des actions du Petit Journal, mais il ne peut affirmer que M. Humbert y ait joué un rôle.

On-amène ensuite des « démarcheurs » du Crédit minier.- Le nom est curieux et nouveau. Ils ont « entendu dire » que des hommes politiques s'intéressaient aux affaires du Crédit minier. On parlait, dit M. Barrois, ouvertement de M. Rabier. Mais'jamais ils n'ont vu M. Humbert.

Le public semble désillusionné. Quoi! pas de scandale L'action ne se noue pas.

Va-t-elle s'engager avec la déposition du général André ?

Il a quitté la Bourgogne pour venir déposer, le général1 André, et s'avance à la barre, grand, maigre, l'air décidé. Connaissez-vous les articles du Matin? lui demande Me Paisant.

Oui.

Que pouvez-vous dire sur les faits articulés dans ces articles ? 2

̃•̃–Rien. ̃ -.̃ ̃ ̃ ̃ ̃

*"• Avez-vous après le départ du capitaine

Humbert du ministère constaté la fuite de certains documents?

Sur tout ce qui touche mon administration, je ne dirai rien. Je suis lié par le secret professionnel.

On est déçu. Le général ne dira rien. Vainement, M0 Paisant le presse, interprète son silence. « Un tel silence est une réponse! » Hélas! non, le silence est le silence. L'avocat revient à, la charge Quand vous vous êtes séparé de M. Humbert, vous avez écrit une lettre expliquant pourquoi vous vouliez l'éloigner de votre cabinet.

Je n'ai rien à dire. Si vous avez cette lettre, vous la lirez.

Et Me Labori se lève

Pourquoi M. Humbert a-t-il quitté le ministère ? Une partie de votre correspondance a été publiée. Sans trahir aucun secret, vous pouvez parler.

Le général ne veut pas répondre M> Labori, j'ai admiré votre courage dans un procès célèbre lorsque vous arrachiez des réponses aux généraux. Je ne suis pas de force à lutter avec vous.

Oui, vraiment on se croirait revenu aux jours d'autrefois, lorsque Me Labori, de sa grande voix:

Ce que j'ai arraché, il aurait mieux

Il est impossible qu'il ne se rende pas compte qu'il a contracté envers vous de véritables obligations morales. N'est-ce pas, n'est-ce pas? Ah! si Nicole voulait Chère amie,elle a grande e confiance en vous, essayez donc de la raisonner.

N'y comptez pas, mon amie, dit honnêtement Mme de Saumery; je manquerais de conviction.

Au moins, ajouta Mme d'Orcières ayec quelque aigreur, promettez-moi de ne l'entretenir d'aucun projet contraire à nos désirs.

Je ne vois pas bien de quel projet je pourrais l'entretenir mais, si vous le souhaitez, je m'abstiendrai 'de causer avec elle sur ce sujet délicat.

Mme d'Orcières embrassa avec effusion Mme de Saumery

Ma chère Elise, c'est assez, merci y je connais votre loyauté,merci! Ne m'en voulez pas la pensée de l'avenir de Nicole me torture.

Je crois que vous avez tort.

Tort. et vous êtes mère

Oui, je suis mère; mais Nicole est une âme ferme, elle saura se faire une vie conforme à ses sentiments; et puis Nicole est chrétienne.

Et moi! croyez-vous donc que je ne le sois pas? Dieu ne défend pas-la sollicitude pour ses enfants.

La sollicitude exagérée, si.

-Nicole parle comme vous; moi, je suis plus terre à terre, je l'avoue. C'est une chute, une chute épouvantable! je n'en prends pas mon parti.

Mme de Saumery eut sur les lèvres de dire que ce parti, de bon ou de mauvais gré, il faudrait cependant le prendre, mais elle s'abstint. Mme d'Orcières était véritablement changée, elle se contenta de lui recommander affectueusement de ménager sa santé. Mme d'Orcières ne répondit que par des larmes. Nicole entrait sa mère leva vers elle des yeux dé•soléset pleins de reproches, puis vdiÉ Je monte un moment, j j'ai besoin d'être seule, Elise a me pardonnera; Je-

valu le dire de suite pour le compte de la vérité à laquelle vous avez aussi collaboré. Vous n'avez pas à lutter avec moi, mais à dire la vérité. Il s'agit de l'honneur de M. Humbert. Parlez Il y avait un capitaine Humbert accusé de vol, A-t-on cru ou laissé croire que c'était M. Charles Humbert? Qui a fait naître ce bruit infâme ? Parlez 1 Le général André ne parle pas. Et, Me Labori. fait donner lecture par l'avocat-général, M. Servin, de lettres d'anciens chefs déclarant qu'ils ont gardé au capitaine Humbert toute leur estime. Voici d'abord une lettre du général Percin

Mirecourt, 22 juin 1908.

(En voyage d'état-major.),

Mon cher Humbert,

J'aurais été heureux de vous apporter personnellement, devant la Cour, le témoignage de mon affectueuse sympathie. Je regrette d'en être empêché par des obligations de service, mais je tiens à vous dire que je garde le souvenir agréable de nos deux années de collaboration et que mes sentiments sont toujours ceux que je vous ai exprimés quand vous m'avez quitté en 1902.

J'ignore absolument la nature de vos dissentiments avec le Matin, mais' je sais qu'à plusieurs reprises on vous a représenté comme un homme capable d'avoir commis des détournements. et chaque fois j'ai confondu vos calomniateurs. titre en butte à la calomnie est une douloureuse épreuve pour un homme de cœur. Cette épreuve, vous l'avez supportée avec une grande sérénité d'âme. Elle vous a grandi à mes yeux. Je ne doute pas que votre conscience soit aussi tranquille qu'en 1902.

Croyez, mon cher Humbert, à mes senti-

ments. dévoués.

Général Peecin.

De son côté, le colonel Ancelin déclare

J'étais officier d'ordonnance du ministre de la guerre au moment où M. Humbert a quitté le ministère; je suis devenu dans la suite sous-chef de cabinet du ministre et j'ai conservé ces fonctions jusqu'à la fin de 1906. J'ai servi ainsi successivement sous les ordres de M. le" général André, de M. Berteaux et de M. Etienne. C'est vous dire que parmi tant d'officiers qui passent au cabinet, je suis un des rares qui aient pu suivre de près et pendant longtemps les affaires ressortissant à ce service.

Il m'est donc possible d'affirmer, en toute connaissance de cause, qu'on n'a jamais constaté la disparition ni d'une pièce ni d'un document après le départ du capitaine Humbert, le loyal officier qui nous avait, quittés, ne s'étant rendu coupable d'aucun honteux larcin.

Mais cet hommage rendu à la vérité, qu'il me soit permis d'apporter à M. Charles Humbert un autre témoignage encore, c'est qu'il est parti accompagné de toute notre estime et de toutes nos sympathies. Il était l'activité même, le dévouement, la bonne humeur. Il accomplissait les plus rudes besognes avec un entrain qui se communiquait à tous, et nous avons toujours trouvé en lui un camarade excellent et sûr.

Va-t-il s'expliquer une-fois pour toutes sur les fiches, le général André ? P L'occasion est bonne.

M. Humbert,' dit Me Labori, a quitté le ministère le jour où il a dénoncé les habitudes de délation.

Je ne juge pas bon de m'expliquer, réplique l'ancien ministre.

Nous n'aurons pas le grand discours pro domo que le public espère.

M. Berr, le juge qui instruit l'affaire Rochette, est;plué.bre.f encore. II est juge, et ne veut rien dire.

C'est donc, s'écrie Me Paisant, la journée des secrets professionnels

M. Delpech, sénateur de l'Ariège, succède à M. Berr. Il est long, M. Delpech. Il raconte qu'il y eut jadis entre lui et M. Humbert une polémique à propos des fiches, que M. Humbert s'était défendu d'en avoir emporté du ministère. Puis, qu'à la suite d'une explication ils s'étaient réconciliés.

Mais, lui dit M" Paisant, M. Humbert a dit et écrit qu'il possédait non pas des copies, mais des originaux de fiches. Je ne sais rien.

Mais le capitaine Mollin l'accuse d'en avoir emporté du ministère.

Je ne connais pas les raisons du départ de M. Humbert du ministère.

On va maintenant questionner le témoin sur les ressources de M. Humbert. M. Humbert vous a-t-il dit qu'il gagnait 120,000 francs dans l'industrie, dans la maison d'automobiles Darracq? Or, il n'en a gagne que 12,000.

Je ne connais aucun chiffre.

La discussion va s'envenimer un peu. MB Paisant affirme que M. Humbert .touchait une commission dans des ventes

vous laisse avec Nicole, chère amie. Revenez bientôt nous voir.

Je n'y manquerai pas, répondit avec vivacité Mme de Saumery, et, embrassant Mme d'Orcières, elle ajouta Courage, chère amie, courage 1

Quand elles furent seules

Veux-tu que nous sortions un peu? demanda Mme de Saumery à Nicole. Oui, tante Li, comme vous voudrez. Au dehors elles marchèrent un bon moment en silence. Nicole avait pris le bras de Mme de Saumery, et sans un mot elles s'entendaient parfaitement. Nicole se sentait consolée un noble cœur de femme, elle le devinait, la comprenait, l'approuvait. A la fin Mme de Saumery jugea dangereux ce muet colloque elle le rompit et dit d'une voix affectueuse

Nicole, tu me connais et me devines. mais j'ai promis à ta mère que nous ne causerions de rien.

Ah! ne causons donc pas, mais, tante Li, rappelez-vous que je suis et serai toujours fidèle à moi-même. Pour ne pas s'attendrir les deux femmes ne se regardèrent pas, et toutes deux résolument chassèrent les larmes qui leur montaient aux yeux.

Pauvre Nicole murmura Mme de Saumery.

Oui, je souffre beaucoup pour maman.

Et je compatis à ta peine; mais aie bon courage, le temps arrange tout. Je l'espère.

Il faut reconnaître qu'il est bien dur pour ta mère devoir ainsi tout changer autour d'elle. Cette Vénerie à laquelle elle est si attachée!

Comme Nicole ne répondait pas, Mme de Saumery ajouta Son chagrin est naturel.

Vous aussi alors Moi, reprit Nicole avec ardeur, je trouve effroyable cet amour des choses; il endurcit, il aveugle, il rend les êtres esclaves. Rien n'empêcherait maman, même aujourd'hui, d'être, si elle le voulait, une femme heureuse.

d'automobiles faites par la maison Darracq au.ministère de la guerre.

Serait-il criminel, demande Me Paisant, qu'un député vendît des camions au ministère de la guerre?

Je n'ai pas d'opinion. Je ne sais pas dans quelles conditions un tel fait 'se serait produit.

M. Humbert, qui a pris des notes, tient à parler. Cela rompt un peu la monotonie des débats. Un homme qui se défend est toujours intéressant. Il parle nettement, facilement, et il est bref. Grande qualité en Cour d'assises.

Mon honneur est en jeu. Je tiens à répondre. M* Paisant a dit que j'avais emporté des fiches du ministère. Ce n'est pas vrai. Je suis officier. Je suis heureux de la conllance que 'ïnè témoignent mes chefs. J'ai brisé ma carrière de soldat à cause de ces infâmes fiches. Le 8 août 1902, j'ai su qu'à La Flèche un commandant et un lieutenant dont je tairai les noms voulaient briser leurs supérieurs pour prendre leur place, et pratiquaient des dénonciations contre eux. J'ai rédigé une note la voici « Dans un esprit d'envie et de jalousie, le commandant X et le lieutenant Y menaient campagne contre leurs chefs, les dénonçant grâce aux loges dont ils faisaient partie. Les officiers cléricaux et réactionnaires qui font leur devoir seront frappés. Je demande de mettre'le commandant X à la retraite. Signé Charles Humbert. » Le lendemain, messieurs les jurés, le ministre me mettait à la porte 1

Les fiches que je possède m'ont été apportées de tous côtes par des amis, des supérieurs, des inférieurs.

Il plaide, M. Humbert.

Le président essaye timidement de l'in-* terrompre

C'est mon honneur que^je défends, monsieur le président, dit-il.

Et puisqu'on a parlé de sa fortune, de ses ressources, il tient, dit-il, à s'expliquer. Il a apporté ses comptes. A un franc près, il indique ses revenus, ses dépenses. Il donne le chiffre de son loyer, le prix de son chauffage, le coût de ses dépenses en voyage à Verdun. Il indique qu'il donne 500 francs de prix aux élèves des écoles primaires. Il dépense, nous dit-il, 64,200 francs par an, gagne 18,000 francs au Journal, 15,000 francs au Parlement, 12,000 francs chez Darracq d'àppointements fixes; en tout, avec ses revenus dont il donne le chiffre, 76,500 francs. Il indique même qu'il peut faire de 12 à 15,000 francs d'économies.

M6 Paisant insiste sur les commissions qu'aurait touchées M. Humbert à la maison Darracq et lit un contrat de 1906 dans lequel la Société Darracq écrit à M. Humbert « Vous êtes nommé agent général pour les châssis; vous aurez une commission chaque année dans laquelle ne sera pas comprise l'affaire toute spéciale de la Compagnie des Omnibus, mais pour cette affaire nous saurons reconnaître vos efforts. »

Et Mo Paisant indique que sur une fourniture de deux camions faite au ministère de la guerre, M. Humbert a touché 125 francs.

Je suis engagé avec un industriel, réplique M. Humbert. Qu'importe qu'il vende à l'armée ou à d'autres.

Comme on est loin de l'affaire Rochette On y revient avec la déposition de M. Tirel, inspecteur général du Crédit minier. ( .,• :\J, Avez-vous dit que si Rochette n'était pas mis en liberté, il ferait des révélations sensationnelles? demande Me Paisant. Oui.

M. Tirel raconte qu'un jour M. Humbert a demandé la communication avec le Crédit minier. Enfin voilà quelque chose de précis! Et M. Tirel explique aux jurés que Rochette voulait se faire défendre par le journal le Matin. On lui répondit « Apportez-nous la preuve de votre innocence » M. Tirel déride un peu l'assistance, lorsqu'il rapporte un propos que lui aurait tenu Rochette « Donnez-moi la peau du procureur général et je livre Humbert au Matin » » Quand donc, demande M' Labori, avezvous cessé de défendre Rochette ?

Le jour où il m'a demandé la peau du procureur général. (Rires.)

Il y a donc eu des relations entre Rochette et Humbert ? demande Me Paisant. Absolumeut.

Lesquelles ? On ne sait. M. Tirel reconnaît n'avoir jamais vu M. Humbert au Crédit minier. L'affaire n'était pas très claire. Elle ne s'éclaircit pas. Le général Bonnet et le colonel Terme viennent ensuite à la barre affirmer iqu'ils furent victimes de « fiches » défa-

Ah! Nicole, tues'sage; mais le pauvre cœur humain jette des racines et on ine peut les arracher sans souffrance si demain il me fallait abandonner ma pe'tite bicoque de Champs-la-Bride, je serais très malheureuse. Sois compatis;sanle,Nicole; tues forte,c'est ton bonheur, maissois compatissante aussi. Je plains :beaucoup ta mère.

Tâchez de revenir souvent maman s'ennuie.

Est-ce que vous ne rentrerez pas bientôt à Paris ? 2

Je n'en sais rien; Darbel écrit souvent. mais je ne vois pas ses lettres. Il est inadmissible que ton oncle. Oh ne parlons plus de tout cela, n'en parlons plus! dit Nicole avec une sorte de colère. Mononcle.(elle leva les épaules avec ironie et mépris), mais il me juge très ingrate

Elle s'arrêta, se tourna à demi vers Mme de Saumery, lui serra violemment le poignet et dit

Ah si vous aviez voulu me comprendre Et maintenant c'est trop tard! V Deux bras ouverts, une étreinte, un sanglot étouffé, et Mme de Saumery 'murmura

Nicole, je m'en vais; j'aurais peur de manquer à ma parole

Pendant les quinze jours qui suivirent cette visite Mme d'Orcières buvait jusqu'à la lie la coupe d'amertume. Darbel liquidait, et le résultat de cette dure opération était effroyable! Il avait trouvé pour le rez-de-chaussée de la rue Vaneau des locataires de premier ordre un richissime ménage américain, disposé à acheter très cher les tapisseries et les plus beaux meubles des d'Orcières. Cette vente même, en conservant largement le nécessaire pour meubler un appartement plus restreint, serait extrêmement avantageuse. D'après les arrangements intervenus, les d'Orcières, toutes dettes payées, resteraient avec une quinzaine de mille livres-de -rente., et.Mv" :dé 'Montazet. en outre offrait 'à.isa nièce- une. de ses

vorables, mais que, généreusement, M. Humbert publia des « contre-fiches ». Le public ne semble guère prendre d'intérêt a ces histoires de fiches et de contre-fiches. Comme c'est vieux tout cela! Et les procès d'Assises sont-ils donc faits pour faire revivre les vieilles querellés ? L'audience se termine sur. la1 déposition de Me Coudy,. avocat à la Cour. Il était l'avocat de M. Gadot qui avait déposé une plainte contre Rochette. Un jour il reçut la visite de M. de Monzie et de M, Humbert qui lui demanda ce qu'il pensait de Rochette. Puis, dit M0 Coudy, M. Humbert m'affirma que. Rochette reconnaissait une partie dé la dette que lui réclamait M. Gadot. Vous a-t-il semblé, demande Me Paisant, que M. Humbert portait de l'intérêt à Rochette ? Il m'a semblé.

Et l'avocat du prévenu de s'écrier M. Humbert agissait là comme mandataire de M. Rochette Un sénateur se dérangeait pour venir chez l'avocat de M. Gadot. C'est tout à la fin de l'audience seulement que le procès est ainsi posé. Quelles étaient donc les relations exactes de M. Humbert et de Rochette? Les connaîtrons-nous demain? Il est plus de six. heures, et M. le président Aymé lève' l'audience. Elle est un peu confuse, cette première journée. Il n'y a eu, de part et d'autre, que des escarmouches,

NOUVELLES JUDICIAIRES

Le Tribunal vient,de rendre son jugement dans l'affaire Gïanier-Samuél. Mme Jeanne Granier réclamait à M. Samuel 80,000 francs de dédit pour inexécution de son contrat, et de son côté M. Samuel demandait 80,000 francs à Mme Granier. Le Tribunal a relevé des torts réciproques à la charge du directeur des Variétés et de l'artiste, et renvoie les deux parties « dos à dos ».

Me Maurice-Tézenas avait plaidé pour M. Samuel, et Me Georges Bureau pour Mme Granier.

Georges Claretie.

AVIS DIVERS

riHEVEUx clairsemés, épaissis, allongés par \j l'Extrait capillaire des Bénédictins du Mont Majella, qui arrête la chute et retarde la décoloration. i?.iSene(,adminisf,35,r. du4-Septbre. EN VILLÉGIATURE

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Nouvelles Diverses

̃^̃.•^•p^-Ri»,

LA CHARITÉ

Nous avons reçu pour Mme Clolùs', dont le mari, soldat au 104° de ligne, est mort d'insolation aux manœuvres et qui reste sans ressources avec un enfant nouveau-né De Mme B. 100 francs.

CATASTROPHE ÉVITÉE SUR L'OUEST

Deux blocs de "pierre pesant de 150 à 200 kilos ont été placés hier, probablement vers quatre heures de l'après-midi, sur la voie du chemin de fer de 1 Ouest, rive gauche, à la hauteur du kilomètre 6.450, entre la gare de Clamart et la gare de Meudon.

Le mécanicien Delanoue, du train 545 de Paris à Chartres, les a signalés à la gare de Meudon, et le mécanicien Gachet,du train 36 venant de Versailles (rive gauche), qui se trouvait sur la voie encombrée, a dû stopper.! Un accident terrible se fût produit si ce mécanicien n'avait pu arrêter à temps sa machine.

Le chef de gare de Clamart a fait immédiatement déblayer la voie par des hommes d'équipe, et le service n'a subi qu'une courte interruption.

M. Benard, commissaire de surveillance, à la gare Montparnasse, s'est rendu aussitôt à Clamart, où il a prdcédé à une enquête. Personne n'a vu les auteurs de ce criminel attentat et aucun indice n'a été jusqu'ici recueilli.

fermes située dans la Seine Inférieure la ferme de la Jonchée était une habitation ancienne,presque un petit château,et pourrait être aménagée de façon à en faire une demeure agréable; M. de Montazet avait chargé Darbel de commander tous les travaux nécessaires. M. et Mme d'Orcières lisaient ces lettres, puisse regardaient avec effarement: ils avaient tant de peine à croire à la réalité et tout ce désastre était causé par l'entêtement de Nicole!. Mme d'Orcières oubliait complètement M. Courpin et les spéculations le refus de Nicole demeurait seul au premier plan dans son esprit une telle conduite chez une fille qui avait toujours été adorée lui semblait inimaginable. Cette fois la lettre de Darbel fut communiquée à Nicole sûrement elle allait en la lisant comprendre son devoir; mais, à la stupéfaction de ses parents, après en avoir pris connaissance, elle les regarda presque d'un air de satisfaction, essayant de sourire.

Eh bien! maman, dit-elle, nous ne nous en tirons pas trop mal, il me semble.

Ah, Nicole cria presque Mme d'Orcières, ne dis pas des folies pareilles! Que veux-tu que je.te dise, maman? Et Nicole essaya inutilement les plus tendres assurances d'affection.

Maman. je serai bien et heureuse partout avec toi! tâche de te résigner. Mais Mme d'Orcières était parfaitement décidée à ne pas prendre ce sage parti elle mettait un point d'honneur à être désespérée, tenait rigueur à Nicole, dans le vague espoir que celle-ci céderait enfin, qu'elle irait un jour trouver son oncle et que les choses se rétabliraient. Ce dernier espoir devait promptement être réduit à néant.

Mme de Saumery arriva à la Vénerie, un matin qu'on ne l'attendait pas; elle apportait la stupéfiante nouvelle des fiançailles du docteur Létang, ou plutôt de M. Létang de Montazet avec sa nièce Roseï Mme de Saumery avait en poche la. lettre de sa, sœur la 'baronne Adrien

j M. Bénard croit que ces pierres ont étffl jetées sur la voie du haut d'un pont qui tra^? jversela voie.

LE CRIME DE LA RUE DE BONDY Ainsi que nous l'avons dit hier, le coffre* -fort de Mme Sauvezon a été ouvert dans la soirée, aussi facilement que la plus simple armoire.

Cela prouve une fois de plus que les assas» sins ont être dérangés, car ce coffre-fort, nous l'avons dit, Contenait, abstraction faite des titres et des effets de commerce-qui eussent été dangereux à écouler, de l'argent et des bijoux pour une somme assez impor-i tante.

On a su, du reste, qu'une 'personne est,, ,venue sonner trois fois, vers quatre heures de l'après-midi, pour prendre livraison de quatre coupes en argent qu'on a trouvées /sur-. la table de la salle à manger, enveloppées de papier et prêtes à livrer. Jl est probable que ces coups de sonnette ont épouvanté les assassins qui, craignant d'être surpris, se sont décidés à fuir sans pousser plus loin leurs recherches. .-•̃.>: Cela- fixerait à, quatre heures l'heure du crime.

Les :papiers trouvés dans le coffre-for^ ainsi que les déclarations de Mme veute Bourgeois,. belle-sœur de la victime, ont t permis de dresser l'état civil. Xë. voici.: Marie Bourgeois, née le 3 juillet 18Ï7, «à Montmartre, alors commune hors Paris. Mariée en 1881, à Asnières, à Albert -§âtivezon, décédé dans sa cinquante-quatrième année, 24, rue de Bondy, le 7 mars, 1894. L'autopsie du cadavre a été bpéréff iiiér matin par le docteur Socquet, qui a conclu a une mort par strangulation. a. mort re;monte bien à mardi après midi. Hier, dans l'après-midi, M. Cou ton, Juge de paix du dixième arrondissement, asV*.sisté de son greffier, M. Barré de Lamy, est venu procéder à l'inventaire des valeurs contenues dans l'appartement et à l'apposition des scellés.

On suppose que les assassins, sachant que Mme Sauvezon avait chez elle des bijoux pour une valeur considérable il y en avait quelquefois pour 200,000 francs et aussi. pour le va-et-vient de son commerce, une encaisse assez forte, ont projeté longtemps à l'avance le coup à faire. Peut-être même étaient-ils déjà venus sous prétexte 'd'un achat ou d'une vente de bijoux, afin de se. rendre compte de l'état des lieux.

Arrivant à l'heure à laquelle Mme Sauvezon recevait ses clients, ils n'ont inspiré aucun soupçon au concierge qui travaillait dans la cour. Une fois dans la place, ils'n'ont pas eu de. peine à surprendre et à étrangler la pauvre femme qui, on le sait, était petite et fluette, ne pouvant pas opposer une grande v. résistance. Dérangés, ils sont partis avec'ca qu'ils ont pu emporter.

Des agents de la Sûreté ont été, nous diN on, chargés de faire une enquête dans le quartier et de savoir si on n'y a pas vu rôder quelques individus de tournure louche. Sans vouloir critiquer cette mesure, nous nous per*, mettrons de faire observer que pour pouvoir1être introduits et bien reçus chez la courtière, les assassins avaient pris soin de prendre un, costume et des allures convenables. Il faudrait, d'ailleurs, en finir une bonne fois avec- cette légende qui veut que les apaches aient l'air sinistre, soient vêtus d'une façon spéciale et coiffés nécessairement de casquettes à pont: Les apaches aujourd'hui sont, la plu- part du temps, habillés à. la dernière mode"- et ont' des petits airs souriants qui inspirent' la plus absolue confiance. Leur métier leur, rapporte assez d'ailleurs pour qu'ils soient élégants et satisfaits.

LE DOUBLE ASSASSINAT DE L'IMPASSE RONSttf Ainsi que nous l'avons annoncé, on a pro- cédé hier à là levée des scellés à la villa de l'impasse Ronsin. r. > i, < M. Leydet, juge d'instruction>,a€xaminô une volumineuse correspondance qui était enfermée dans divers meubles. Il s'agissait de se rendre compte s'il ne se trouvait pas dans ces lettres une adresse pouvant intéresser l'enquête. Nous croyons savoir que ces recherches n'ont donné aucun résultat. Me Jousselin, notaire, a dressé, à. la demande de Mme Steinheil, un inventaire de tout ce qui se trouvait dans là villa. Mlle Marthe Steinheil assistait à cette opération. Sa mère, a-t-elle déclaré, va un peu mieux, quoiqu'elle refuse toujours de prendre d'autre nourriture que du consommé, et; qu'elle' soit toujours alitée.

LA FUITE DE LEMOINE <̃:

Lemoine est toujours introuvable. Une cir» culaire contenant des indications très, précises et un signalement complet de l'inculpé vient d'être envoyée à profusion dans tous lés pays où la loi d'extradition est en vigueur.. M. Julius Wernher, le gouverneur' de la De Beers, vient de décider de faire rechercher de son côté Lemoine.

UN DOUBLE MEURTRE A LEVALL01S-PERRET A la suite d'une discussion, donton ignore encore les motifs, un chaudronnier, Charles Giraud, âgé de trente-sept ans, demeurant 99, rue Gide, à Levallois-Perret, a tiré hier soir, à huit heures, six coups de revolver sur deux de ses voisins, Pierre Malter et' Jules Garnier.

Les deux malheureux ont été tués sur le

exultaij tout simplement et ne cachait pas sa joie, admirant comment l'accident de ̃la brûlure de Rose l'année précédente s'était trouvé être pour celle-ci le premier pas dans le chemin de la fortune. M. de Montazet annonçait des intentions de la plus extrême générosité Rosé était enchantée, bien entendu, et, après un peu d'hésitation, que sa femme à vrai dire ne comprenait guère, le baron Adrien avait donné de bon gré son consentement. On tenait la chose encore secrète," en attendant que toutes les formalités de l'adoption fussent terminées; néanmoins M. de Montazet se préparait à l'écrire à ses nièces.

Les effusions de la baronne Adrien continuaient pendant quatre pages sur le mode dithyrambique elle louait tour à tour le vieux marquis, le docteur Létang, Rose Mme de Saumery avait donné la lettre à lire à Mme d'Orcières celle-ci en parcourait les lignes avec peine, se croyant le jouet d'un mauvais rêve, tout était donc fini pour eux maintenant, l'humiliation était entière et définitive. Pour la première fois de savie,cette mère, pourtant si tendre, tourna vers son enfant un, regard d'une véritable dureté. Nicole le surprit, en fut bouleversée intérieurement, mais ne laissa rien paraître ^personnellement, elle éprouvait au contraire un véritable soulagement désormais elle se considérait comme n'ayant plus rien à. craindre, même de sa propre faiblesse, possible après tout, .et elle pos-.sédait la conviction que sa mère reviendrait bientôt à sa véritable nature. En ce moment, douloureux elle devina que sa présence irritait et, sans affectation, elle prit un prétexte pour sortir du salon. Mme d'Orcières la laissa partir sans prononcer un mot, fit alors appel à son orgueil et trouva la force de dire, d'une voix à peine altérée

Ma chère Elise, je vous félicite, votre nièce fait là un mariage superbe. {A suivre.) ̃ Brada.

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