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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1906-05-15

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 15 mai 1906

Description : 1906/05/15 (Numéro 135).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k287350w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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En songeant

< au pope Gapone

Il semble bien qu'on doive renoncer à vénérer la mémoire du pope Gapone. Nous sommes pourtant quelques Parisiens qui avons failli dîner avec lui. Notre admiration l'a échappé belle. Mais aussi qui se serait méfié ? Quand il passa par Paris avantde se rendre à la Mecque de Monte-Carlo, ce pèlerin de la croisade rouge s'imposait à notre confiance. Il était Russe, proscrit, fugitif, inquiété, inquiétant, et tant soit peu énigmatique, un charme de plus. Il avait fait massacrer un nombre considérable de pauvres diables pour leur procurer le bonheur c'est là un titre à une bonne situation mondaine. Les salons, où l'on réforme l'humanité à l'heure de la camomille, adorent les révolutionnaires. La pensée moderne s'incarne volontiers dans une mignonne petite femme névrosée, ultralettrée, botticellesque, collectiviste et millionnaire qui donne aux fauves à dîner et à penser. Cette dame s'amuse, comme une charmante folle, aux audaces de conversation. Elle ignore et dédaigne la peur des idées. En revanche, hors des idées, elle a facilement peur de tout. Un de ses invités de la veille fait-il mine de vouloir réaliser le plus modeste article du programme qui obtenait tant de succès au fumoir, vite un ordre à l'agent de change de placer la rente à l'étranger et, pour acquérir vingt-cinq louis de jambon, vite un coup de téléphone au fournisseur 1 A la table de cette personne, illogique mais hospitalière, le couvert de Gapone était mis d'avance. A peine était-il mis qu'il a fallu l'enlever, ce couvert. Notre nouvel ami venait seulement de nous quitter que ses coreligionnaires politiques dont Paris possède une si sympathique colonie l'accusèrent avec une unanimité bruyante de n'être qu'un Pierre l'Ermite de fonds secrets. Il y eut un froid. Après le premier moment de mélancolie, lapensée moderne sut se ressaisir; elle soupira et sonna son valet de pied.

Je n'y suis plus jamais pour M. le pope Gapone.

Et ce pope ne revint pas.

Il avait, hélas! pour ne plus revenir, la plus macabre et la meilleure raison du monde.

Le bruit de sa mort nous était déjà parvenu, à l'état de rumeur lointaine et confuse. Le faux frère, condamné par un tribunal de vengeurs masqués, avait été exécuté, sans autres formes de procès, comme dans une nouvelle de Dostoïewski. Ce dénouement sinistre flattait les oisifs, amateurs de feuilletons vécus.

Tout d'abord on crut, puis on se méfia. Ce cinquième acte était trop bien mis en scène pour être vrai .Le reportage international, qui connaît son public, n'avait-il pas inventé cedernier tableau pour satisfaire les avant-scènes dans le besoin qu'elles ont de poésie? Une seconde version circula, qui celle-là se rédigeait en simple prose Gapone, retiré des affaires, vivait a Londres, dans une rondelette et malhonnête aisance. Nous aimions mieux ce dénouement, nous autres gens d'imagination moyenne et de bourgeois préjugés. Ceux d'entre nous qui avaient négligé l'occasion de dîner avec le pope Gapone se sentaient consolés. On comptait se rattraper au prochain vol d'oiseaux de passage. Après tout, ce n'était qu'un pope de moins à aimer.

Voici que des télégrammes, cruellement précis, nous rejettent en plein drame. Gapone aurait été étranglé, et cette fois pour de bon. Les détails se précisent les magistrats auraient en outre découvert, au Crédit lyonnais de Pétersbourg, tout le bas de laine de la trahison. L'histoire est ainsi d'une parfaite horreur. Les commentaires n'en sont que trop faciles. Dépêchons-nous de les faire pendant que l'anecdote est encore vraie.

#*#

Alors, c'était un fonctionnaire que cet apôtre. Misère de nous Et si notre mépris s'égarait encore, comme s'est égarée notre faveur Faut-il donc se méfier de toutes les surprises du cœur ?

« C'est un mouchard » Oh que voilà qui est vite dit Demandons aux survivants de 1848 et du Coup d'Etat de nous apprendre à quels usages variés on accommodait, de leur temps, le poison de cette abominable parole. Notre génération n'a guère retenu de Barbès et de Blanqui qu'un écho lointain de légende. Nous avons cru devoir, il y a quelques années, éterniser solennellement Barbes. Son image de bronze se dresse sous les platanes de Carcassonne, avec un fusil d'insurgé pour attribut. Soit! Peut-être sont-ce là des hardiesses qui conviendraient mieux à une société plus sûre de son lendemain. Mais passons. Au moins Barbès, démon métamorphosé en dieu lare par un miracle de la grâce officielle, avait-il la bravoure d'un preux, de l'avenir dans l'esprit, une âme de sacrifice et la religion du tricolore. Puisqu'on ne saurait se passer d'un « péril social » dans une démocratie vraiment complète, envions les temps, déjà fabuleux, où l'épouvante s'incarnait en Barbès. Sa biographie, dont les gestes se sont démodés avec le progrès des idées, tient tout entière dans cette phrase Il ne mentit jamais. Ce fut donc une manière de paladin que Barbès. Eh bien! ce Bayard de l'émeute, ce véridique s'est obstiné jusqu'à sa mort, et sans l'ombre d'une preuve, à souiller un de ses compagnons de barricade du plus salissant des soupçons. Et à qui s'adressait l'outrage ? A Blanqui,. à ce Blanqui qu'il est

permis de haïr et défendu de mépriser A Blanqui, le perpétuel vaincu,' l'éternel' enfermé, dont la vie de prophète stérile s'étiola, pour moitié, entre les quatre murs d'un cachot et qui icibas ne posséda rien que son honneur Pourquoi Barbès répétait-il cette horrible chose ? Pourquoi ? Est-ce qu'on sait ? Allez donc, après un demi-siècle d'oubli, sonder ces âmes d'injustice et de colère Peut-être, pour un propos mal compris, pour un geste, un regard, un sourire, pour quelque puéril conflit de préséance entre grands seigneurs de l'égalité. Ces églises révolutionnaires ont la démence de l'excommunication. La loi des suspects a terrorisé jusqu'à l'exil. Les régicides bannis par les ordonnances de la Restauration, qui s'étaient réfugiés en Belgique, se sentaient rapprochés et réconciliés par le malheur. D'anciens terroristes sans-culottes entendaient avec attendrissement l'ex- archichancelier Cambacérès les rassurer par cette déclaration pleine de bonhomie « Quand nous sommes entre nous, il suffit que vous m'appeliez monseigneur. » Cela, oui. Mais donner la main, faire l'aumône d'un bonjour à deux ou trois d'entre eux sur qui planait, sans qu'on sût pourquoi ni comment, l'empesté soupçon d'avoir trahi, cela, jamais L'erreur revêt en ces cas toute la majesté de la vérité révélée. Il devait en être de même, au temps de Dante, parmi les bannis de Florence. Les proscrits du second Empire eurent aussi leurs lépreux innocents. Imagine-t-on l'abîme de solitude et de désespoir où furent ainsi précipitées quelques âmes! Et les justiciers, dans leur bonne foi délirante, si quelqu'un leur avait demandé des preuves, eussent répondu ces trois mots « On le dit » Insensée parole irréparable, dont la crédulité se grise comme d'un stupéfiant « On le dit » c'en est assez, dans tous les naufrages, pour condamner sans appel un compagnon de douleur et de famine, et pour le faire pendre au mât du radeau.

#

L'ombre de Gapone du moins tout l'indique ne mérite point d'être admise dans la théorie dolente des martyrisés du Soupçon. Ces suppliciés de l'erreur n'avaient dans aucun Crédit lyonnais de coffre-fort.. Certes, il ne suffit pas d'avoir été étranglé pour être un traître, mais cette cassette, avec ses quinze mille roubles de papier russe et ses billets de la banque française, exhale en s'ouvrant une puanteur d'infamie. Est-ce à dire que nous comprenions déjà le fin du fin de cette malpropre histoire ?

Si vraiment lcpréàicaïitdu sanglant après-

midi du Palais d'Hiver émargeait au budgetdelapolice, pourquoi cette perquisition à grand fracas, dont l'employé et son employeur sortent fort vilains tous les deux ? P Généralement les polices n'aiment guère à avouer tout ha-ut ces sortes de choses. Alors d'où vient l'argent? Cette fortune suspecte est-elle la capitalisation des trente deniers de Judas ou l'épargne de la bureaucratie du terrorisme ?

Il est encore une hypothèse, d'apparence absurde et par cela même acceptable. La névrose, même sans être slave, a de déroutantes fantaisies.Gapone aurait été tour à tour sincère comme révolutionnaire et sincère comme.indicateur.(Nous préférons ce terme à l'autre, qui est désobligeant.) On assure que cela s'est vu. Il y a dans les annales de l'Indication, une tradition singulière derrière une des innombrables barricades érigées en l'honneur du Roi-Citoyen, on prétend avoir trouvé le cadavre héroïque d'un modeste employé de la Sûreté. Si le fait est vrai, voilà un fonctionnaire qui en donnait à l'Etat pour son argent. Excès de zèle professionnel ou contagion de l'émeute? Une fois de l'autre côté dé la barricade, qui sait si cet humble Javert n'était pas devenu un Jean Valjean?. L'ignominie a ses heures de repos; le ressort de la trahison peut se détendre dans l'âme d'un traître. Gapone, lui, a échappé vivant à la fusillade, mais qui sait s'il ne versait pas de vraies larmes sur la misère de ses frères avant d'aller à la Section toucher de vrais roubles ? P Peut-être ne trahissait-il pas toujours. Les légendes anglaises exaltent chez Alfred le Grand le type du héros législateur et guerrier. Pour surprendre les desseins des Danois, ce Charlemagne de l'Angleterre saxonne pénétra dans leur camp, déguisé en joueur de harpe. II vécut pendant quelques jours de la vie des envahisseurs. Grâce à ce stratagème, il vainquit l'ennemi, devint un souverain civilisateur, traduisit Boèce et dota l'humanité de la bienfaisante institution du jury. Le roi Alfred est le précurseur et le saint de l'espionnage. II sied d'honorer en lui le Bon Mouchard. Il n'avait pénétré dans le camp danois que pour sauver sa patrie, mais s'il était mort, subitement, sous son déguisement de ménestrel, il eût trépassé dans le costume d'un traître. On eût noté d'infamie sa mémoire et perquisitionné à son Crédit lyonnais. Nous n'aurions jamais eu le Jury et l'histoire flétrirait un monstre d'e plus. Quel jeu dangereux vous avez joué là, Alfred Ce n'est pas tout d'entrer dans le camp danois, il faut en sortir au bon moment.

Peut-être Gapone allait-il en sortir, épuré par l'épreuve et plus apostolique que jamais. Sans plus attendre, ses compagnons ont cru devoir procéder à sa strangulation. En tous pays, les révolutionnaires ont, dans leurs gestes, de la promptitude.

Mais nous, vieux enfants de l'ancien monde, ne pourrions-nous éviter des repentirs en apportant moins de hâte dans nos apothéoses ? Il suffit qu'un réformateur exotique, pope ou non, dépose chez nous sa valise, au retour d'une émeute, pour qu'il soit accablé d'éloges et d'hommages. Il est plus facile d'être admis dans notre enthousiasme que dans le moins fermé de nos cercles. Nous voilà bien avancés d'avoir fait accueil à ce trouble personnage, de qui nous ne savions absolument, rien, sinon qu'il se portait à mer-

veille après avoir laissé derrière lui une longue trace de sang sur la neige! On nous raconte maintenant que cet homme sublime était un coquin. Un jour ou l'autre nous pourrions bien apprendre qu'il n'était pas plus coquin que sublime. La leçon est bonne. L'expérience porte des fruits qui mûrissent vite. Je plains le prochain pope. Fût-il le plus intègre des nihilistes, on serrera l'argenterie sur son passage.

Décidément nous décorons trop vite. Henry Roujon.

LA VIE DE PARIS

La Vente Antocolsky

Dans un de ses livres si solidement documentés et écrits avec une verve intarissable, M. Henri Bouchot, l'éminent conservateur au département des estampes de la Bibliothèque nationale, en parlant des meubles destinés aux palais du temps du premier Empire, écrit les lignés suivantes

« Ils (les meubles) sont d'un autre monde, ils paraissent d'une fabrication très lointaine, mais ils ont leur grâce et la perfection infinie du détail; rien ne choque en eux, même pour nous. Tables soutenues par des chimères taillées en plein bois, frises de décors enroulées aux plinthes, cariatides, flambeaux, bonheur-du-jour, billards, lits, tous sont conçus dans une pareille intention décorative, issus. de l'art antique par une série de modifications. Des peintres en ont donné les premiers croquis, des architectes en ont fourni les profils, des modeleurs ont donné corps aux figures que des fondeurs ont parfaites, que des ébénistes ont appliquées. Percier et Fontaine eurentle secret de ces pièces rares, combinées;; dans leurs lignes pour les coquetteries ambiantes, fouillées, ciselées, raides pourtant et pareilles à des temples athéniens. Ils mariaient curieusement entre elles les grâces romaines et grecques, même parfois, sans oser l'avouer, 'les délicats rinceaux des gens de la,Renais-,sance italienne aux arabesques plus récentes des Français du dix-septième siècle. Ce fut le règne,' le triomphe du bronze d'art, de la fonte savante des ciseleurs, l'éclatante apo-.théose du bois travaillé dans ses nuances foncées ou claires. »

Cette analyse de la formule décorative dans l'ameublement du premier Empire, le public pourra en contrôler la justesse quand il visitera demain et après-demain, àl'hôtel Drouot, l'exposition de la vente Antocolsky, qui aura lieu le 18 mai, par le ministère de M" Boudin et Lah-Dvibrctùl. Les objets d'art et d'ameublement, que présenteront les experts Mannheim, Bloche et Féral, appartiennent, pour la plupart, à l'époque de l'Empire, et joignent, ce qui en augmente l'attrait, àleurqualité d'objets de tout premier ordre, cette autre qualité, non moins appréciable pour les collectionneurs, d'être des objets de provenance historique. Ainsi le lit de la princesse Pauline, un litàbateau, dessiné par Percier et qui est d'une extraordinaire formule ainsi la harpe de l'impératrice Joséphine, avec tout son arrangement, estrade à table de sonorité, tabouret, pupitre, nécessaire à clefs et à cordes, le tout peint, sculpté, doré, une pièce qui s'impose pour un musée,-qu'en pensera le musée de la Malmaison? Ainsi encere, le très important mobilier de salon, en bois laqué blanc et doré, et recouvert de damas rouge, qu'Antocolsky avait trouvé au château de Valençay, et dont il avait obtenu la cession, bien avant qu'on vendit les merveilles de cette collection célèbre.

Antocolsky, d'ailleurs, qui était aussi fin connaisseur qu'il était grand statuaire, avait choisi avec un doigté impeccable tous les objets destinés à parfaire un décor Empire, dans son salon et sa chambre à coucher. Lustre de cristal et bronze doré et ciselé, chandeliers d'applique, guéridons, vases, pendules, et notamment la pendule, pièce unique, offerte par l'empereur Nicolas 1er à la marquise de Londonderry, sphinx en acajou sculpté, sièges, consoles, chenets, cassolettes à parfums, candélabres, tapisseries, tout était incomparable de pureté, de matière et de travail tout s'harmonisait pour la plus séduisante symphonie de caractère, qui soit, avec, aux murs tendus d'étoffe, des portraits de Tournières, de Goya, de Nattier, et d'autres peintures, miniatures et dessins des écoles française et anglaise. Aussi ne faudra-t-il pas s'étonner que ces morceaux, qui parlent si éloquemment d'une époque, soient disputés vivement, aux enchères de vendredi, par l'élite des connaisseurs.

En sculpture, en dehors des figures spécialement décoratives, le catalogue comporte un buste en bronze du Napoléon 1er, de Houdon une charmante tête de femme, terre cuite, signée et datée de 1793 et une œuvre fort belle de Pigalle la Vénus aux colombes, dont le Louvre possède une esquisse qui lui fut offerte par le baron Cloquet. La statue de la collection Antocolsky est en pierre de Tonnerre la figure nue, d'un délicieux sentiment d'ingénuité, réunit toutes les qualités maîtresses de l'artiste une grâce qui ne répugne pas à demeurer dans la vérité; une pureté de lignes, qui ne sacrifie rien à une volonté manifeste d'exprimer la vie, un enchantement harmonieux à traduire des chairs couples en un geste simple qui reste un geste de beauté. Ah l'œuvre délicieuse que cette Vénus de Pigalle 1

Si tous ceux qui ont admiré le génie du statuaire que fut Antolcolsky veulent avoir conscience du goût qu'il avait comme amateur, il y aura foule à l'hôtel Drouot pour la dispersion de cet ensemble sans égal au milieu duquel, puissant d'art et de pensée, il venait se reposer de son effort créateur.

Valemont.

DEMAIN

Par fil spécial

Dessins d' Albert GUILLAUME

Echos

La Température

Une nouvelle baisse se produit sur toute l'Europe. Sur la moitié sud, la pression est inférieure à 76omm. Le minimum est de 753mm surl'Espagne. Le vent souffle d'entre est et nord sur toutes nos côtes. Il est modéré au pas de Calais et en Bretagne, faible sur la Méditerranée. Quelques pluies sont tombées sur le centre de l'Europe. En France, on signale des ondées dans le pas de Calais et des orages à Brest et à Biarritz,

La température a monté. A Paris, hier matin, à sept heures, on notait 140 à trois heures, 240. Baromètre, 756mm. Belle journée, fraîchissant le soir, par suite du vent qui s'est élevé.

En France des ondées orageuses sont probables avec temps chaud dans l'Ouest et le Sud.

(La température du 14 mai 1905 était: à Paris, à sept heures du matin, 80 au-dessus de zéro; à trois heures, 15°. Baromètre, 759mm- Journée couverte et menaces de pluie.)

Les Courses

Aujourd'hui, à deux heures, Courses à Saint-Ouen. Gagnants du Figaro r Prix du Marborè Bleuet; Marco III. Prix du Mont-Perdu,: Ruy Blas III; Fleur d'Avril.

Prix du Taillon Rigollard Arbéost. Prix de la Maladetta Cliquot; Ixia. Prix Verdi: Loyal; Matsouyé.

Prix du Tourmalet Condé II, Lavandier II.

UN DISCOURS DE M. THOMSON

^v. M. Thomson, qui fait un voyage en <N Algérie, a prononcé devant ses électeurs un excellent discours. Il a parlé surtout de la défense nationale, ce qui devrait sembler tout naturel de la part d'un ministre de la marine; mais il fut un temps, qui n'est pas loin, où la politique et quelle politique intéressait certain prédécesseur de M. Thomson bien autrement que les questions maritimes. En donnant tous ses soins à l'augmentation de notre puissance navale, le ministre actuel renoue une tradition qui avait été interrompue pendant près de trois ans.

Il paraît l'avoir implicitement avoué dans un passage de ce discours. «Depuis que j'ai eu l'honneur d'être appelé à la tête de la flotte, a dit M. Thomson, je e n'ai eu qu'une préoccupation, qu'un but laisser la marine française plus forte que le jour où je suis entré au ministère. » Et certes le' besoin d'une administration réparatrice se faisait sentir impérieusement après le passage dévastateur de M..Camille Pelletan qui, lui, n'aurait pas autrement agi s'il s'était proposé de laisser la marine plus faible qu'il ne l'avait trouvée.

Sans vouloir faire dire à M. Thomson plus qu'il n'a dit, et en tenant compte de la réserve qui lui est imposée, on a bien le droit de tirer de ses paroles les conclusions qui en résultent logiquement, quoiqu'il ne lui soit pas possible de les formuler en termes exprès. Toute l'œuvre de M. Thomson est une critique tacite des erreurs de M. Pelletan.

Lorsque M. Thomson expose qu'il écoute les marins autorisés, qu'il s'adresse pour déterminer les meilleurs engins de combat à ceux qui auront à les manier, qu'il presse l'exécution du programme naval, les constructions de cuirassés et de sous-marins, tout le monde se souvient què M. Pelltean retardait par son incurie les travaux les plus urgents, ne répondait même pas aux lettres de service, écartait du ministère les hommes compétents, ne convoquait jamais le Conseil de la marine, traitait les amiraux de suspects et les livrait aux gentillesses de M. Tissier. Plus M. Thomson montre de zèle pour rattraper le temps perdu, plus M. Pelletan apparaît comme coupable d'avoir légué à son successeur une situation aussi difficile et exigeant un tel redoublement d'activité.

Et quand on songe que des députés à qui n'échappaient point les fautes de M. Pelletan l'ont néanmoins soutenu jusqu'au bout, on est terrifié de voir jusqu'où peut aller l'esprit de parti.

--400.-

A Travers Paris

Madame la Comtesse de Paris,qui vient de passer quelques semaines auprès de sa fille la reine de Portugal, arrive ce soir. Paris.

Elle est accompagnée de son secrétaire, M. Dupuy, et descendra à l'hôtel Continental, où elle compte faire un séjour de quelque durée.

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Le Comité français des Expositions à l'étranger, qui organisa avec tant d'efficacité et d'éclat, depuis plus de quinze ans, la participation de l'industrie française aux grandesexpositions étrangères, a désormais un nouveau président. M. Ancelot l'une des plus éminentes personnalités du grand commerce parisien qui avait succédé, comme président de ce Comité, au regretté Gustave Sandoz, fondateur de l'œuvre, se retire, pour raisons de santé, après onze années de présidence très utile et très brillante. On se rappelle quels succès remporta le Comité, sous cette direction, depuis 1895, auxExpositionsd'Amsterdam,de Bruxel- les, de Saint-Pétersbourg, de Glasgow, d'Hanoï, de Saint-Louis, de Liège. C'est également sous la présidence de M. Ancelot qu'avait été préparée, en dernier lieu, la participation du Comité à l'Exposition de Milan.

Le nouveau président du Comité est un de nos industriels les plus connus, M. Emile Dupont.

M. Emile Dupont a été présenté hier par M. Ancelot au ministre du commerce et de l'industrie. Aussi bien est-ce sur la proposition même de son prédé-

cesseur que M. Emile Dupont, ancien premier vice-président du Comité, a été appelé à ces importantes fonctions.

C'est cet après-midi qu'aura lieu, au bénéfice de la Société philanthropique, la vente des « chapeaux de théâtre », en l'hôtel de Mme la comtesse Greffulhe, 10, rue d'Astorg.

Cette vente n'a pas seulement un but charitable, mais encore elle sert de prétexte à une véritable protestation contre la mode des grands chapeaux que nous déplorons depuis si longtemps et qui n'est pas la moindre incommodité de nos salles de spectacle.

La « question des chapeaux » reste toujours ouverte. Elle va, paraît-il, entrer dans une phase nouvelle et son activité se manifestera, assure-t-on, de diverses façons aussi originales qu'inattendues. La vente de demain sera, si l'on peut dire, l'ouverture des hostilités.

On y vendra une quan^it^ de coiffures d'une forme inédite qui "dt^/ent permettre aux hommes de ne pas redouter comme un fléau le voisinage d'une dame au théâtre. Ces chapeaux ont été confectionnés par des femmes du monde, bien décidées à défendre et à pratiquer la mode nouvelle, et par les plus célèbres modistes de Paris, qui. ont adhéré à cette propagande salutaire et qui sont Mmes Deffontaine, M. Gillot, Virot, Jeanne Taty, L. Robert Gélot, Saillard, Esther Meyer, Léontine, Honorine, Aug. Petit, Heitz-Boyer, Camille Roger, Suzanne Talbot, Bonni, Caroline Reboux, Steiner-Loys, Marcelle, Alphonsine, Lewis, Dondel, Lina Lespiaut.

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La note suivante est communiquée aux journaux par l'Agence Havas M. Paul Doumer ne compte pas poser sa candidature à la présidence de la nouvelle Chambre des députés. Il avait fait connaître depuis longtemps à ses amis son intention à ce sujet et le résultat du scrutin du 6 mai ne saurait la modifier.

Ce qui mérite d'être loué, au PalaisSalon inauguré hier par M. DujardinBeaumetz, s. v. p., ce n'est pas seulement la peinture point du tout malhabile dans l'ensemble-des avocats qui y exposent, c'est l'admirable énergie des promoteurs de cette petite exposition. Avouer que leDalloz n'est pas tous ses amours, qu'il y a d'autres plaisirs que de relire ses notes après avoir compulsé ses pièces ne pas redouter que le client, oiseau rare, s'envole à tire-d'aile s'il apprend que son défenseur fait autre chose que songer à ses intérêts ne se soucier ni.des railleries de la salle des pas perdus, ni des hochements de tête du Conseil de l'Ordre, quel courage Les exposants qui viennent de grouper leurs œuvres de peinture ou de sculpture au Cercle de la Librairie ont eu ce courage. Et beaucoup d'entre eux vraiment ont aussi du talent.

Le Palais-Salon est ouvert à tout le monde judiciaire, ce qui a permis à deux greffiers, MM. Delorme et Lemaître, à un juge de paix,M. Berton, à un chroniqueur judiciaire, M. Félix Belle, et" à M. Emile Renaud, expert, d'exposer leurs ouvrages à côté de ceux de Mes Rivière (le promoteur du Salon), H. Coulon (le président), Amyot Persin, Leduc, Paul Manceau, de Clermont, Bernardeau, Paisan, R. Persin, Blondont, Berthon, etc., j'en passe à regret. N'assignons nul rang à personne. Mettons seulement à part le nom de Mlle Chauvin, qui a voulu prouver que, si la Cour ne l'avait point admise au barreau, elle eût pu tout aussi bien peindre que plaider.

Nous recevons la lettre suivante Cher monsieur,

Je lis dans le Figaro d'hier que l'impératrice Eugénie a donné des.instructions pour que les objets d'art et les meubles historiques ayant appartenu à la Malmaison y fissent retour. Je suis très heureux d'apprendre la détermination de l'Impératrice qui avait daigné me promettre, il y a quelques années, de me donner pour la Malmaison tous les objets qu'elle possédait ayant figuré dans le château et qui devaient se trouver à Arenenberg.

Les circonstances ne lui ont pas permis de réaliser plus tôt sa promesse; je lui suis profondément reconnaissant d'avoir bien voulu offrir à la France ces souvenirs précieux qui présentent pour notre cher pays un si grand intérêt.

Croyez, cher monsieur, à mes sentiments les plus dévoués.

Osmis,

ex-propriétaire du château

de la Malmaison.

Un de nos abonnés s'étonne des chiffres que nous avons publiés hier comme étant ceux du salaire quotidien de certains magistrats.

Ces chiffres sont étonnants, en effet, surtout pour des Parisiens. Le juge de la Seine gagne en effet 8,000 francs par an et le procureur de la République 20,000 francs.

Mais dans les petits tribunaux (les plus nombreux) les traitements sont les suivants juge, 3,000 juge suppléant rétribué', 1,500 juge suppléant, 0.00. Combien de grévistes sont mieux payés

~ü:

Des aveugles qui travaillent!

Quelle antithèse aux grèves qui sévissent parmi les « clairvoyants » ou soi-disant tels C'est le spectacle qu'on a eu hier, et qu'on aura encore aujourd'hui, de deux à six heures, à la salle des fêtes du Petit Journal, rue Lafayette. On y voit des aveugles réparant des pianos, rempaillant des chaises, faisant des brosses, raccommodant des parapluies. On voit même un aveugle coutelier Tous ne travaillent pas; quelques-uns se divertissent à jouer aux échecs, aux dominos, etc. En même temps, pour aider à l'écoulement des objets fabriqués par ces industrieux « emmurés », des comptoirs de vente sont tenus par les dames patronnesses de l'Association Valentin Haüy pour le bien des aveugles la baronne de Meaux, la princesse de La Tour

d'Auvergne-Lauraguais, la princesse Jacques de Broglie, Mme Edmond Fouret, la princesse de Croy-Solre, la vicomtesse de La Sizeranne, Mlle Barrachin, Mme Paul du Chayla, etc., etc.

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L'exposition d'oeuvres d'art de la Bibliothèque nationale, inaugurée samedi par le Président de la République et les ministres, montrera dès aujourd'hui les œuvres inédites provenant des héritiers du grand miniaturiste Augustin, récemment acquises par J. Pierpont-Morgan esquire. On sait que M. Morgan est en possession des miniatures les plus exquises et les plus illustres de toutes les écoles il a consenti, sur la prière de M. Henri Bouchot, organisateur de l'exposition, a faire venir à Paris ces merveilles à fleur de coin qui n'étaient jamais sorties de la famille d'Augustin et que personne n'a jamais vues. Les miniatures d'Augustin, jointes à celles d'Isabey prêtées par Mme Rolle et à celles de Hall, constitueront une attraction d'art unique, qui ne pourra de longtemps se retrouver.

La Blanchisserie Modèle de la maison Charvet, pour répondre aux nombreuses demandes qui lui en ont été faites, vient d'ouvrir aux Champs-Elysées, rue du Colisée, un bureau de commandes; sur un simple coup de téléphone, des voitures spéciales viennent prendre à domicile pour le rendre dans la huitaine le linge d'hommes et de dames. Un personnel d'élite est spécialement affecté au soin des dentelles, batistes, etc., etc.

La grammaire amendée par la mode. Jusqu'ici le mot « le mien » avait toujours été classé par les grammairiens au nombre des pronoms possessifs, mais les Parisiennes de 1906 ont changé tout cela, pour elles, « Le Mien » ne saurait être qu'un substantif qui désigne l'incomparable et délicieux parfum dont Lenthéric les gratifia, et qui est vraiment le roi des parfums en même temps que le parfum des reines..

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Hors Paris

Depuis qu'on peut y aller et en revenir dans la même journée, Rheinfelden est devenue la station saline préférée des Parisiens, toujours sensibles au raccourcissement de la distance. C'est évidemment un gros argument de plus en faveur des Etablissements Dietschy dont la renommée au point de vue thérapeutique avait déjà forcé les sympathies de la- clientèle française. L'hôtel des Salines, avec ses superbes terrasses au bord du Rhin, son parc, ses jeux, son terrain, son garage d'automobiles, est un séjour absolument « complet.».

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Nouvelles à la Main 1

On parle de rétablir le Comité de lecture au Théâtre-Français.

-Alors, ce n'était pas la peine de le supprimer.

Vous êtes bête si on ne l'avait pas supprimé, on ne pourrait pas le rétablir. La grève des ouvriers métallurgiques a suggéré à certains directeurs de théâtre peu favorisés de la fortune cette revendication définitive « l'Extinction des.. fours ».

Le Masque de Fer.

Le Détroit de Panama

LA SOLUTION Parmi les messages de condoléances qui, au lendemain de la destruction de San-Francisco, parvenaient de tous les pays au président Roosevelt, une dépêche attira l'attention

Puissent. les cris des victimes, disait cette dépêche, faire comprendre à la nation américaine la criminelle erreur de ces ingénieurs au cœur léger qui veulent édifier la route transocéanique de Panama avec des écluses et des barrages perpétuels.

Et après avoir indiqué le peu de sécurité, les dangers même que présentait la création d'œuvres de cette nature en un pays que menacent continuellement les révolutions sismiques, la même dépêche ajoutait

Puisse le douloureux holocauste d'hier racheter la faute de la vanité humaine, et démontrer que seul le large et profond détroit, sans écluses et sans barrages, autrefois impossible, maintenant facile à réaliser pour qui n'est pas aveuglé par une volontaire et scélérate ignorance, est bien la solution qu'exigent les forces de la nature sagement étudiées et respectueusement interprétées. La dépêche était signée de M.Philippe Bunau-Varilla, l'éminent ingénieur dont le nom demeure inséparable de l'histoire de cette grande œuvre. A quels faits récents les graves accusations formulées par M. Philippe Bunau-Varilla se rapportaient-elles ? Qui sont les ingénieurs « au cœur léger » dont il dénonce ici « la vanité, l'erreur criminelle », la « volontaire et scélérate ignorance »?

Ce sont là de graves propos. M. Philippe Bunau-Varilla est l'auteur d'un projet de percement du canal dont j'ai exposé ici même, il y a un an, les traits essentiels, et à l'adoption duquel il continue de consacrer en dépit des obstacles l'effort inlassable de sa volonté et de sa science. M. Philippe BunauVarilla serait-il, en cette rude bataille, définitivement vaincu? Et comment? Et par qui ?

Je suis allé le lui demander. Et tout d'abord, sur une allusion faite à l'extrême « raideur » de certaines expressions contenues dans sa récente dépêche, il se récrie

Le président Roosevelt n'a pu'