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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1905-10-12

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 12 octobre 1905

Description : 1905/10/12 (Numéro 285).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k287130k

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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leur choc de plus imposants édifices que ceux de La Sagne. Cet amoncellement est lui-même inférieur à une chaîne calcaire, dont la dentelure se profile, vermeille, haut sur le bleu très fin de l'Espace, et sur les robustes assises de laquelle il repose. De trèslointaines traditions donnentà penser qu'à des époques antérieures mais imprécises, un commencement de désagrégation se serait produit. Mais depuis bien longtemps aucun indice d'instabilité, rien qui fût de nature à éveiller l'appréhension ne s'était manifesté;, et la petite population pastorale vivait dans une entière sécurité, lorsque, le 23 décembre 1904, un éboulement de marne et de blocs pesant jusqu'à' 60 et 80 kilos roula du mamelon et provoqua une première panique.

Le 2 mars de la présente année, de sept heures à dix heures du soir, ce fut un ébranlement général de toute la masse sédimentaire. Une effroyable quantité'de ̃marne grisâtre ou bleutée, de boue argileuse, de pierres, de rocs, dont quelquesun cubant près d'un mètre, se précipita presque' "sans discontinuer, comme vomie par un cratère invisible, fort heureusement déviée de la perpendiculaire des habitations et sans causer aucun accident de personnes, mais emportant tout ce que la trombe heurtait, débortant par-dessus le chemin, obstruant un ruisseau, comblant l'arche d'un ponceau, arrachant, broyant des arbres et dévalant jusqu'au fond du ravin. Très grandes, furent la consternation et la terreur. Comme s'il se fût agi d'un tremblement de terre, la plupart des habitants songèrent à fuir, préparèrent leux exodé, restèrent longtemps avant d'oser, se risquer à passer la nuit dans leurs demeures. Un oratoire, à l'entrée du hameau, devers Prignolet, reçut à la hâte accumulés des paquets de linge et de hardés, des caisses, des malles, des saes-de- pommes de terre et de blé, et leur sert ehcore d'entrepôt. Sur la demande du préfet, vingt tentes furent envoyées par la place de Nice, pour servir d'abri et de campement aux gens affolés. Cependant l'alarme ne devait être encore que passagère et nulle autre alerte ne suivit cette sinistre soirée. On commençait à reprendre confiance.

Mais, le 26 septembre dernier, dans la journée, un nouveau torrent chaotique de boue argileuse, de cailloux et d'éclats de rocs erratiques se ruait encofe, s'accumulait contre une maison mitoyenne de la cure, coupait le chemin à l'entrée du hameau, obstruait le ponceau, s'étalait, telle une déjection volcanique, et rejaillissait sur les pentes herbeuses. En même temps, un large et profond affaissement du sol se produisait derrière le sommet du mamelon. Depuis cette date, la panique a redoublé et l'on vit dans les transes, à La Sagne. Plusieurs maisons sont closes. Très prudemment, leurs habitants ont préféré s'éloigner. L'itération du phénomène, l'importance croissante des éboulements, la nature géologique de cette partie du relief justifient les prévisions pessimistes. Sous les diverses influences de la lumière et du vent, sous l'action mécanique des pluies, des infiltrations, des neiges, de la gelée et du dégel, ce conglomérat sans cohésion durable se désa• grège s'effrite se dilue s? esquille 'comme dit pittoresquemeni le verbe patois, flue» dégringole, s'abat en avalanche et doit fatalement un jour, ces craintes n'ont rien d'exagéré, tout balayer dans sa chute, détruire ce dernier vestige de ce qui fut naguère, comme l'attesten.t des inscriptions lapidaires, une colonie romaine. La catastrophe serait déjà accomplie, sans doute, et l'on aurait eu à déplorer un irréparable malheur, si la masse en mouvement, trouvant un deuxième versant diversement orienté, ne s'était écoulée dans un autre sens, au delà des maisons et de l'humble, église que protège un monticule rocheux auquel elle s'adosse, à deux ou trois cents mètres plus loin, sur le grand chemin.

La situation doit être jugée d'autant plus grave et/d'autant plus s'imposer à la sollicitude des pouvoirs publics, appeler des mesures urgentes de préservation, que plus plausible et plus admissible apparaît l'hypothèse d'une nappe d'eau souterraine qui fait pression et dont l'effort finira, par rompre l'obstacle friable et déjà miné, par tout emporter. Cette hypothèse est corroborée par les constatations faites au cours de la construction d'une galerie en tunnel pour l'adduction des eaux qui alimentent la fontaine de La Sagne; et c'est d'ailleurs celle à laquelle se sontarrëtés les ingénieurs après leur enquête officielle.

Tandis qu'avec l'aimable et distingué chapelain de Thorenc et les curés de Briançonnet et de Prignolet, qui très obligeamment ont bien voulu nous ac.compagrier et nous fournir d'intéressants renseignements, nous traversons le hameau, nous parcourons autour de la cure et sur le chemin obstrué par l'éboulis ce milieu de désolation et d'alarmes, le soleil irradie dans une atmosphère purifiée par le mistral, un pinson volette dans le feuillage d'un énorme poirier, des poules coquettent et se poursuivent, des enfants nous regardent curieusement ou jouent insoucieux et rieurs. Et ce contraste des convulsions des forces et du sourire éternel de la Nature nous laisse sous une impression profonde et attristée.

J. de Chadenac.

ke JW3c & fa TlBfe SALONS'

Le comte Antoine de Nicolay et la comtesse, née Vogue, ouvriront leurs salons de la rue de Lille le lundi 16 octobre, pour la signature du contrat de mariage de Mlle de Nicolay, leur 'fille, fiancée au comte de Lillers, fils du marquis de Lillers et de la marquise née La Rochefoucauld.

Cette réception aura lieu dans l'intimité, en raison d'un deuil de famille.

«Le mariage religieux sera béni le jeudi 19 octobre en la basilique de Sainte-Clotilde par Mgr de Durfort, protonotaire apostolique. Les témoins seront, pour le futur le comte Jules de La Rochefoucauld et le marquis des Monstiers-Mérinville, ses oncles pour la future le marquis de Vogué, de l'Académie française, ancien ambassadeur, son grand-père maternel et le comte de Nicolay, son oncle. RENSEIGNEMENTS MONDAINS

La Belgica, achetée par Monseigneur le duc d'Orléans pour la somme de 130,000 francs, a "quitté Ostende pour se rendre à Sandefjord. Elle continuera à battre pavillon belge et servira à une nouvelle expédition que le prince fera,-au printemps prochain, au Groenland.

La Belgica sera toujours commandée par M. Adrien de Gerlache.

Sa Béatitude le patriarche du Liban, appelé avant-hier par un iradé du Sultan, quittera ce soir Paris pour se rendre à Constântinople.

Les trois évêques maronites qui l'accompagnent ont reçu hier du gouvernement français les insignes d'officier de la Làgion d'honneur.

Arrivés à Paris et descendus à l'hôtel Brighton

Le maharajah de Kapurthala avec sa suite, lord Swansea, prince, et princesse Aldobrandini, M., Mme et Mlle J. Whitaker, M. L. M. Iddings, chargé d'affaires des Etats-Unis au Caire. Mme Marie Hardon reprendra le 15 octobre ses cours et ses leçons particulières de piano et ses séances de concert avec orchestre dans ses salons de la rue Cambon. La semaine sportive de Compiègne s'est continuée hier par le handicap interclub de golf. Un temps magnifique a favorisé cette réunion où se trouvaient les. meilleurs joueurs de golf, parmi lesquels M. Deschamps, le président de la Société de golf de La Boulie. Parmi les joueurs

MM. J. Gilliat et F. Gilliat, Vagliano, F. et M. Froment-Meurice, Brassey, prince R. de Lucinge, de La Lombardière, Beeche, Tliayer, dJCteur Robinson, Spaulding, Gardner, etc. Résultats: MM. J. Gilliat, 84; Brassey et Vagliano, 86.

De ravissants objets d'art de la maison Rissler et Carré et dé la maison Lenoir ont été offerts aux vainqueurs.

Reconnu dans la foule élégante qui se pressait autour des joueurs et aux tables de thé Prince et princesse R. de Lucinge-Faucigny, baronne de Neullize, comtesse de Beauregard, vicomte et vicomtesse de Montreuil, MM. et Mmes Brun d'Abro, La Perche, Armand Brun, R. Fournier-Sarlovèze, Marino Vagliano, F. et M. Froment-Me.urice, F. Oùtrey, Pépin Lehalleur, Alfred Galard, Van de Wynckèle/de La Lom- bardière; Mmes Delagarde, Dollfus, Thouvenel, de Trémisot, comtesses de Bertier de Sauvigny, d'Assche baron et baronne Merlin, MmeetMlle Sallandroùze de Lamornaix, Mlle de Barandiaran, MM. Athanase Vagliano, de Moussac, Remy, Sallandroùze de Lamornaix.

Les dernières représentations de Mlles Félyne, Marville et miss Campton, au théâtre des Capucines, continuent à attirer un public des plus élégants. Reconnu ces derniers soirs

Lady de Grey, comte et comtesse Aubaret, ba- ron James de Rothschild, comte Louis de Périgord, .comte d'Ursel, baron de Charette, comto de Manville, comte de La Torre, baron Gourgaud, comte Tyskiewicz, baron, de Vodianer; MM. Charles de Gheest, Japy de Beaicourt, Sohège, docteur et Mme Aumont, M. de La Vigerie, Mme Thomson, M. et Mme Hutton, etc. Pas une place vide, avant-hier soir, au restaurant du Savoy Hotel.

Un grand dîner avait été donné par M. Tal- bot Watson, dont les convives étaient Lord Milner, lady Troubridge, M. Alfred Belt, miss Grosvenor, M. Hart Davis, Mme Hemien Jennings et M. Buchan.

A une autre table, on remarquait lord et lady Rosslyn et lady Rosmead.

MARIAGES

Le baron d'Aubigny est fiancé à Mlle Jeanne de Villeneuve, fille du marquis de Villeneuve et de la princesse Jeanne Bonaparte, petite-fille de la princesse Pierre Bonaparte et nièce de Mgr le prince Roland Bonaparte. Hier a été célébré, en l'église SaintFrançois-de-Sales, le mariage de M. Raymond Auboyneau, fils du regretté administrateur de la Banque impériale ottomane, avec Mlle Claire Rouet, fille du consul général, premier interprète de l'ambassade de France à Constantinople.

Les témoins étaient, pour la mariée le général Mayniel, commandant la division de cavalerie, et M. Edmond. Bapst, ministre plé-. nipotentiaire pour le marié MM. Gaston Auboyneau, administrateur délégué de la Banque impériale ottomane, son frère, et Lusson, agent de change.

La bénédiction a été donnée par M. l'abbé Chesnelong, curé de la Madeleine, qui, dans une allocution pleine de cœur, a évoqué les souvenirs communs des deux familles. Bien que la cérémonie dût conserver un caractère d'intimité en raison de deuils récents, un très grand nombre d'amis ont tenu à venir apporter leurs félicitations aux.jeunes mariés et à leurs parents.

M. et Mme Raymond Auboyneau ont reçu de nombreux et beaux cadeaux en bijoux, argenterie et œuvres d'art.

Mardi dernier a été célébré, en la cathédrale de Bayonne, toute garnie de fleurs et étincelante de lumières, le mariage du docteur Delay, chirurgien des hôpitaux, avec Mlle Berthe Mihura, petite-fille de l'ancien inspecteur des douanes de Bayonne.

La bénédiction nuptiale a été donnée par M. le curé Jeancbuto, archiprêtre de la cathédrale, qui a adressé une délicate et touchante allocution aux jeunes époux.

Les témoins étaient, pour la mariée ses oncles MM. le baron de Vaux et Maurice de Vaux; pour le marié le docteur Moynac et M. Blache, ingénieur des mines.

La quête a été faite par Mlles Paule et Jehanne Serieyx.

Le défilé à la sacristie a duré plus d'une heure.

On a célébré hier, au château de Glucksburg, le mariage du duc de Saxe-Cobourg et Gotha, prince de Grande-Bretagne et d'Irlande, duc de Juliers, Clèves et Berg, d'Engern, de Westphalie, landgrave en Thuringe, margrave de Misnie, etc., avec la princesse VictoriaAdélaïde, fille aînée du duc de Slésvig-Holstèin-Sonderburg-Glucksburget de la princesse Caroline-Mathilde de Slesvig-Holstein, et petite-nièce du roi Christian IX de Danemark. On sait que le marié, fils de feu le duc d'Albany et de la princesse Hélène de Waldeck et Pyrmont, est le neveu du roi d'Angleterre. L'empereur et l'impératrice d'Allemagne ont assisté au mariage de leur nièce, avec leurs enfants, les princes Eitel-Frédéric, Adalbert, Auguste, Oscar et Joachim.

Etaient aussi présents la duchesse d'Albany, le prince Arthur de Connaught, le grandduc et la grande-duchesse d'Oldenbourg avec leur fille, la duchesse Sophie-Charlotte. Le roi d'Angleterre a donné à la comtesse Valda de Gleichen l'autorisation d'épouser M. P. W. Machell, ministre anglais de l'intérieur en Egypte. La fiancée, cousine germaine de l'empereur d'Allemagne, est considérée comme faisant partie de la famille royale d'Angleterre par son père le prince Victor, mort en i8<ji, qui, marié à une fille de l'amiral anglais Seymour, était le frère du statthalter actuel d'Alsace-Lorraine et de la duchesse de Slesvig-Holstein-Sonderburg-Augustenburg, et le neveu de la reine Victoria. DEUIL

Hier, à onze heures, on a célébré en l'église de Folembray (Aisne) les obsèques de la baronne de Poilly née du Hallay Coëtquen. Le deuil a été conduit par le comte de Brigode et le marquis du Hallay Coëtquen, fils de la défunte le vicomte Edgard de Bresson, le baron Lazzaroni, le marquis GanzaviaGuccia, le comte Jacques de Fitz-James, M. Georges d'Annoville, ses neveux.

L'inhumation a eu lieu à Folembray. On annonce le décès, après quelques jours de maladie, du Directeur du Grand Hôtel de Saint-Lunaire, M. Cayron, bien connu des artistes et des gens de lettres.

Nous apprenons la mort De M. André-Léon Malle fils du président de la Chambre des syndics et de Mme Léon Malle, décédé à Paris, 6, rue du Pont-de-Lodi, à l'âge de huit ans et demi. Ses obsèques ont été célébrées, hier, à Saint-Séverin De la baronne de Vandy de Fontmilles, décédée à Lyon De M. Baldassarre Avanzini, fondateur et directeur du Fanfulla, le célèbre journal qui de Florence passa à Roma et dont les plus

grands collaborateurs furent MM. Martini,de Renzis, Coppola, Turco et J. Caponi, l'inoubliable « Folchetto ». M. Avanzini, septuagénaire, est décédé chez sa sœur, dans une villa près de Gênes; M. Auguste de Kerkkove, major général de l'armée belge, décédé à Mons, à l'âge de soixante-dix ans. ,11 fut un des amis intimes du général Brialmont. Ferrari.

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La Bourse du travail

Comme nous l'annoncions hier, la commission administrative provisoire de la Bourse du travail s'est émue de ce qu'ont révélé les dernier incidents antimilitaristes. Elle a entendu M. Yvetot, secrétaire de la Fédération des Bourses du travail de France, et MM. Griffuelhes etPouget, secrétaires de la Confédération générale du travail. Ces messieurs. ont eu à s'expliquer sur la publication de la Voix du peuple, du Manuel du soldat. et de la Vache à lait, organes antimilitaristes qui ont à la Bourse du travailleur siège social, qui portent en tête de leurs colonnes l'adresse de cette maison et dont les auteurs reçoivent l'hospitalité officielle de la Ville.

L'argument des Boursiers du travail, c'est que ces journaux « défendent les intérêts des travailleurs », qu'ils ne sont pas nouveaux et qu'ils paraissent depuis des années sans émouvoir l'autorité. M. Yvetot fut poursuivi en 1902, à la requête du ministre de la guerre, et acquitté. 0

La Commission administrative a rédigé un rapport qu'elle a fait remettre au préfet de la Seine par M. Menant, directeur des affaires municipales, et que M. de Selves a communiqué au ministre de l'intérieur. La conclusion du rapport est celle-ci la Confédération générale du travail et la Voix dic peuple seraient expulsées de la Bourse. C'est à M. Etienne qu'il appartient maintenant dé résoudre la question.' Nous voulons croire que le ministre de l'intérieur prendra les mesures nécessaires.

Le seul moven d'en finir avec ces scandales serait de fermer provisoirement la Bourse du travail et de ne la rouvrir, qu'aux syndicats qui donnent des garanties professionnelles sérieuses. En attendant, une décision préfectorale interdit au régisseur de la Bourse, du travail de continuer à vendre les journaux antimilitaristes à l'intérieur de la Bourse.

La commission administrative distribue depuis hier le premier versement de la subvention municipale; mais elle le réserve aux syndicats qui s'engagent à accepter le nouveau règlement. Ils l'acceptent en général, dociles à cet argument persuasif. Toutefois la Confédération générale et la Fédération des Bourses refusent de s'incliner.D'ailleurs, leur intransigeance a peu de portée, puisque ces deux groupements sont à la veille de s.e voir exclure.

L'instruction

M. Flory, juge d'instruction, a mi's en liberté provisoire les nommés Coulaiset; de Bosch, signataires du manifeste anti-1 militariste, qui avaient été arrêtés pour collage de ce manifeste sur les murs. Il a procédé à l'interrogatoire d'identité de Garnerie, secrétaire du Syndicat des bijoutiers.

Il n'a pu terminer encore l'interrogatoire des inculpés. Des adresses lui manquent, paraît-il, notamment celle de M. Gustave Hervé. La Préfecture de police s'occupe de les lui trouver bientôt. Parmi les signataires de l'affiche, il y a un M. Han Ryner, dont on a dit qu'il était, sous le nom véridique de Henri Ner, professeur au lycée Louis-le-Grand. Ce renseignement n'est pas exact. M. Henri Ner n'est que répétiteur au lycée Charlemagne, où il a pu connaître M. Thalamas. Du reste, M. Henri Ner déclare qu' « on a abusé de sa signature par un malentendu innocent qui ne déshonore personne ». Il ajoute qu'il réprouve la violence et qu'il est pacifique autant que pacifiste.

MM. Almereyda et Yvetot se déclarent, eux, fort étonnés de la démission de M. Laurent Tailhade; le 27 novembre 1904, ils croyaient, par une lettre de M, Tailhade, celui-ci tout à fait d'accord avec eux. Il parait qu'ils se sont trompés;. Une nouvelle arrestation a été faite hier, celle d'un nommé Charles P. journalier, safis domicile, qui, dans le quartier de la Folie-Méricourt, distribuait des brochures subversives.

EN PROVDNCE

Nous recevons de notre correspondant de Verdun les renseignements que voici

II y a quelques jours, avant le départ des réservistes, un incident d'un caractère grave s'est produit à la citadelle de Verdun. Il avait d'abord été tenu secret mais le bruit en a transpiré, et nous en tenons le récit de la source la plus sûre.

A l'artillerie de la citadelle, un certain nombre de soldats réservistes, venus de la région du Nord, avaient demandé une permission de la nuit. Cette permission ne fut pas accordée.

Le soir venu, ils résolurent de manifester à leur manière. Ils prirent leurs armes, épùebaïonnette et fusil, et se dirigèrent, en groupe, sur un bastion de la citadelle, où, à pleine voix, dans le brouillard gris de la nuit, ils entonnèrent l'Internationale, dont ils chantèrent tous les couplets, en répétant alternativement le refrain en chœur.

M. Bertcaux vient, paraît-il, à Verdun, vendredi ou samedi prochain. Il apprendra, peut-être avec plaisir, en franchissant 'les murs de la citadelle, que le chant, dont ses oreilles ont été charmées à Longwy, a déjà retenti dans cette place qui est, par son importance stratégique, un des boulevards de la défense nationale. J. Du Montrut. A Cette, les placards antimilitaristes ont été affichés et sont restés sur les murs sans que l'administration préfectorale ait paru s'en émouvoir. Les jeunes conscrits ont eu tout le loisir de les lire et de les méditer.

Le signataire et l'imprimeur de l'affiche antimilitariste qui fut placardée à Marseille sont en fuite.

A Grenoble, un individu, qui dissimulait sous ses vêtements et distribuait avec timidité des brochures antimilitaristes fut arrêté.

On avait pris des mesures énergiques pour l'arrivée des conscrits; elle s'est faite sans incident.

G. Eavenayl

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A l'Etranger

Nouvelles de la journée

EN TURQUIE

NÉGOCIATIONS AVEC LA PORTE

La Sublime Porte a toujours en instance deux ou trois négociations, soit avec les grandes puissances, soit avec ses voisines. C'est tantôt avec la Bulgarie, tantôt avec la Rou- manie,, tantôt avec la Serbie, qui réclament pour quelque incident de frontière ou quelque méfait dont leurs nationaux ont été victimes. En ce moment, c'est la Serbie qui demande réparations et garanties à propos d'une nouvelle violation de la frontière, mais la Porte refuse, jusqu'il présent du moins, de lui accorder les satisfactions qu'elle réclame. Avec les grandes puissances, l'affaire du contrôle macédonien suit son cours et entre dans une nouvelle phase; la période de l'intransigeance touche à sa fin, et un Conseil extraordinaire a eu lieu lundi dans lequel on a cherché un terrain d'entente. C'est le prodrome de la capitulation.

EN ROUMANIE

ATTENTAT DEMENTI

La légation royale de Roumanie en France dément formellement la nouvelle, publiée par quelques journaux, concernant un attentat dout LL. MM. le roi et la reine de Roumanie auraient été l'objet à leur retour de Vienne. Cette nouvelle est complètement fausse.

DERNIERES NOUVELLES Service spécial du "Figaro" :•̃ EN ALLEMAGNE

L'ATTITUDE ENVERS LA FRANCE

Berlin, il octobre.

Au moment le plus critique des affaires marocaines, je télégraphiais au Figaro « Les journaux pangermanistes sont devenus les plus fermes soutiens do la politique de M. de Bûlow la nation allemande reste indifférente ou hostile. "Aujourd'hui, ce sont les pangermanistes qui sont les isolés; ils ont repris avec un redoublement d'amertume leur campagne contre le chancelier et le peuple allemand en grande majorité s'est associé à l'idée d'un rapprochement franco-allemand. Voilà la vérité telle qu'elle résulte d'une centaine de journaux que je viens de dépouiller avec attention:

Ce qui frappe en même temps que l'unanimité des assurances amicales, c'est leur caractère vague et indécis. Nous sortons d'une crise aucun journal n'a la pensée de préciser les moyens de n'y pas retomber.

Le professeur Th. Schiemann affirme, dans la Kreuzzeilung d'aujourd'hui, que l'Allemagne demeurera fidèle, à la conférence d'Algésiras, au programme tracé par l'Empereur à Tanger. Soit! Mais il y a la manière. Puisque le professeur Schiemann a atténué la sienne, puisque le prince de Bülow semble devenu conciliant, tout laisse supposer que l'Empereur n'est plus irrité. Attendons les actes qui le prouveront. Une fois déjà, depuis que je suis à Berlin, l'Angleterre et l'Allemagne se sont réconciliées sur le dos de la France, lors du traité anglo-allemand secret et éventuel après la dépêche à Kriiger, avant la guerre, des Boers. Les rancunes de Guillaume II ne sont donc pas éternelles.

Ijc Tœgliche Rundschau apprend de source diplomatique que M. Balfour démentira devant le Parlement anglais le récit du Malin, mais le Parlement anglais ne se réunira passavant février prochain. La Gazelle de Voss, dans un-article de tête- de ce soir,- somme le gouvernement anglais de démentir en ajoutant' que les appréciations de la presse anglaise sont insuffisantes et no prouvent.rien. C'est beaucoup faire d'honneur à un article rempli d'inexactitudes autant que j'en puis juger d'après les choses que je connais bien. La Gazette de Weslphaiie, par exemple, ne cessant pas d'attaquer le prince de Bülow en termes violents, il est injuste d'attribuer, comme on l'a fait, à la Wilhemstrasse, la paternité de ses élucubrations. Le conseiller Hamann n'est point l'homme ténébreux des noirs complots, c'est un vieux diplomate aimable, indulgent, sceptique et, autant qu'il me semble, un peu indolent. Le Matin s'est donc trompé dans quelques détails. BoNNEFON.

fiançailles PRINCIÈRES

Berlin, 11 octobre.

On annonce officiellement les fiançailles du prince Eitel-Frédéric, le deuxième fils de l'Empereur, avec la princesse Charlotte d'Oldenbourg.

Les doux fiancés se connaissent depuis de longues années, mais c'est au mariage du kronprinz que le prince Eitel a surtout remarqué la beauté et le charme de la princesse. Il l'a revue a Kiel pendant la semaine des régates et, au cours de l'été, il fit plusieurs visites à Oldenbourg et à Prezow où le mariage fut décidé.

Il avait été convenu que les fiançailles seraient publiées le jour de l'anniversaire de la naissance de l'Impératrice, mais le jeune prince a demandé que l'on devançât cette date et que l'événement fut annoncé le jour du mariage du duc de Saxe-Cobourg-et-Gotha, son ami intime.

Les journaux vantent la douceur et la bonté de la duchesse Sophie-Charlotte, son caractère décidé, les soins qu'elle donna à son père malade, les excellents rapports qu'elle entretient avec sa belle-mère, son enthou- siasme pour Wagner et son amour de la

campagne.

Le prince Eitel-Frédéric passe pour être le favori de Guillaume II; il est fort estimé à la Cour; à Bonn, les étudiants l'adoraient. On a fait en Allemagne, entre le kronprinz et son frère cadet, des parallèles pour la plupart déplacés. Ce sont deux natures différentes, mais également sympathiques. Le prince Eitel-Frôdéric a vingt-deux ans, sa fiancée en a vingt-six elle est la fille unique du grand-duc d'Oldenbourg par son premier mariage avec la princesse Elisabeth de Prusse. Bonnefon

EN RUSSIE

LES GRÈVES

Saint-Pétersbourg, 11 octobre.

La situation reste la môme i Moscou où il y a eu.encore quelques désordres aujourd'hui. La grève des ouvriers de fabrique s'étend et la troupe entoure les ateliers du chemin de fer de Brest-Litvosk, d'où une partie du personnel a déjà été débauché.

Les ingénieurs de la municipalité ont formulé une déclaration réclamant l'examen immédiat et sérieux des exigences des ouvriers pour leur donner une prompte satisfaction. Ils demandent aussi qu'aucune répression ne soit exercée et qu'aucun ouvrier ne soit renvoyé pour faits de grève.

Le mouvement gréviste semble devoir reprendre également à Saint-Pétersbourg les ouvriers de l'usine métallurgique San Galli ont cessé le travail.

Saint-Pétersbourg, 11 octobre.

Les éditeurs de journaux ont décidé de satisfaire à toutes les exigences des compositeurs.

Les journaux paraîtront si les compositeurs de librairie consentent à séparer leurs exigences de celles des compositeurs des journaux.

Un rassemblement sur le boulevard Pechistensky a été dispersé par les cosaques. D'après les dépêches suivantes, la situation se serait aggravée à Moscou

Berlin, 11 octobre.

On télégraphie de Moscou au Lokalanzeiger

que trois collisions ont eu lieu aujourd'hui entre les émeutiers et la police. Quarante-cinq ouvriers ont été blessés, un cosaque tué et quatre cosaques blessés. L'émeute grandit. BONNEFON.

EN ESPAGNE

MESSAGE ROYAL

Madrid, 11 octobre.

L'ouverture officielle de la session.des Cortès a eu lieu aujourd'hui; le Roi y a procédé lui-même et a donné lecture d'un message énumérant les projets du ministère concernant la réforme de la loi électorale, des tribunaux et de la police, l'organisation de la mutualité ouvrière, la modification de la loi sur l'alcool, le fonctionnement de la Banque d'Espagne, l'instruction militaire, publique et obligatoire, la construction d'une nouvelle flotte, l'amélioration du professorat, l'acquisition d'un matériel de guerre.

Ce message déclare que les relations de l'E'spagne avec les puissances étrangères sont cordiales et favorables à l'élaboration de traités de commerce.

Il parle des négociations au sujet du Maroc auxquelles l'Espagne prend une part active, ayant adhéré à la conférence internationale pour résoudre les points litigieux entre les puissances et accepté que la réunion ait lieu sur le territoire espagnol.

Le message se termine en souhaitant que les travaux des Cortès soient profitables à la nation.

LA SÉPARATION

Stockholm, 11 octobre.

Le Storthing norvégien ayant ratifié la convention de Karlstad, le Riksdag suédois s'apprête il faire de même. Le rapport de la Commission spéciale a été soumis aujourd'hui aux deux Chambres. La Commission conclut unanimement à l'adoption. Le rapport exprime le vœu que les traités à conclure comme conséquence de la convention soient rédigés en français, parce qu'ils peuvent donner lieu à des arbitrages.

La crise est bien finie. Le ministre de la guerre a donné l'ordre de renvoyer dans leurs foyers les hommes mobilisés et de retirer les troupes de la frontière.

AU VENEZUELA

L'AFFAIRE DE LA COMPAGNIE DES CABLES New-York, 11 octobre.

Une dépêche reçue de Caracas dit:

« Le département des télégraphes du Venezuela a offert au représentant de la Compagnie française des câbles l'argent perçu pour la transmission des télégrammes pendant la dernière quinzaine de septembre. L'argent a été refusé par le représentant de la Compa- I gnie qui a déclaré n'avoir aucune instruction. »

ii.

COURTES DÉPÊCHES

Le départ du roi d'Espagne pour Berlin est fixé au 3 novembre. Alphonse XIII restera dans la capitale allemande du 6 au 12. -Le Pape a reçu, avec le cérémonial habituel, le marquis do Tovar, ambassadeur d'Espagne, qui lui a présenté ses lettres de créance.

Le premier ministre hongrois, baron Fejervary, est reparti pour Vienne, mandé par l'Empereur.

On dément la nouvelle de la création d'une ligne de paquebots allemands entre Barcelone et Alger.

Deux nouveaux navires allemands, se rendant à Vladivostok, ont été saisis par les Japonais.

La Cour d'appel de Bruxelles a confirmé la condamnation du traître Pélissier à un an de" prison ̃ polir tentative d'extorsion de fonds. Sur l'initiative des patrons de l'industrie métallurgique à Berlin, de nouvelles négociations vont être entamées entre les patrons et les ouvriers électriciens.

Figaro à Londres

(Service spécial de notre bureau dB Londres, 3, tow CoyentryStr.,W .)

Nouvelles politiques

LES FRONTIÈRES DE LA NIGERIA

Londres, 11 octobre.

Lundi se réunira, au Colonial Office, une Commission, composée de trois membres français et de trois membres anglais, chargée de délimiter les nouvelles frontières anglo-françaises de la Nigeria, suivant les termes de la convention d'avril 1904. Le chef de la mission française est M. Binger et celui de la mission anglaise sir Frederick Lugard, haut commissaire de la Nigeria septentrionale. Les deux autres membres de la Commission, le capitaine Mohl (Français), et le colonel Elliot (Anglais), ont déjà coopéré au tracé de la frontière en 1903.

On ne croit pas que la moindre difficulté puisse surgir au cours des travaux de la Commission il ne s'agit du reste que de tracer sur la carte la frontière nettement indiquée par les termes de la convention. J. CouDURIER.

Nouvelles mondaines

LA COUR ET LA VILLE I

Le Roi et la Reine rentreront tous deux ` à Londres samedi soir Edouard VII revenant de sa villégiature en Ecosse et la reine Alexandra, de Danemark.

Toute l'Angleterre n'a pas suivi l'exemple de la Corporation de la Cité, qui a refusé de participer à la célébration du centenaire de Nelson et de la bataille de Trafalgar le héros national sera fêté, mais on a trouvé le moyen de concilier cette commémoration avec les sentiments actuels du pays envers la France. C'est ainsi qu'à la grande réunion qui aura lieu à l'Albert Hall, sous la présidence de lord Brassey,le drapeau français flottera à côté du drapeau anglais, et la Marseillaise sera chantée après le God Save the King. Il en sera ainsi dans toute l'Angleterre et M. Cambon a été prié d'en informer M. Loubet

RAISONNEMENT LOGIQUE Judicieux et observateur, l'esprit pratique de la génération actuelle ne se paye plus de mots. Il ne suffit pas, pour le convaincre, de lui affirmer lemérited'une œuvre; il faut encore qu'il s'en assure par lui-môme, et son choix ne s'arrête qu'à celles qui possèdent une réelle valeur. Comment cette vogue universelle, au point qu'elle semble incroyable, est-elle venue -aussi rapidement aux complets sur mesure et pardessus à 69 fr. 50 du High-Life Tailor et pourquoi l'élite du ̃ public parisien les préfère-t-elle à tous s les autres? C'est uniquement parce que cette puissante maison, en conviant les visiteurs à venir, soit, 12, rue Auber, soit, 112, rue Richelieu, examiner, sans être forcés à une commande, ses magnifiques tissus et ses remarquables modèles, les a mis à même de se convaincre, à coup sûr, de la qualité extraordinaire et de la perfection infinie de ces beaux vêtements, malgré leur invraisemblable bon marché.

EN SUÈDE

Le patriarche d'Orient

Sa Béatitude le patriarche maronite d'Orient vient d'être reçu par M.lePrési- dent de la République en une audience particulière. Déjà, la semaine dernière, il avait rendu visite à M. Rouvier, et l'accueil du président du Conseil l'avait profondément touché.

J'ai voulu savoir, pour les lecteurs du Figaro, l'impression de son entrevue avec le chef de l'Etat et j'ai pris, par un après-midi brumeux, le chemin de l'hôtel du Palais. Lp ciel était poisseux et bas; une pluie fine, à peine visible, tombait doucement; et l'on ne pouvait s'empêcher de songer, en regardant les fenêtres frileusement closes de l'hôtel, à la lumière, au ciel bleu, à la température tiède du pays d'où vient ce grand vieillard pour nous apporter l'expression souriante de sa loyale et fidèle amitié. Comme en un rêve très court quand on a connu le Liban et qu'on a quelque raison de l'aimer on revoit la belle résidence patriarcale de Bkerké, couronnant une jolie colline et dominant de ses pierres blanches les mûriers et les orangers d'une vallée qui descend, comme l'immense allée d'un parc, jusqu'à la petite rade de Djounieh. Et l'on évoque la grande figure des patriarches qui s'y sont succédé et dont l'histoire se confond avec celle du pays, tant ils en furent toujours l'exacte personnification. En quelques minutes, 'on remonte le cours des âges, repassant dans la double mémoire du cœur et de l'esprit cette histoire héroïque et touchante.

La réalité continue le rêve; car l'hôtel du Palais me semble être, en ce moment, la succursale de Bkerké. Dans les couloirs, de jeunes prêtres à barbe noire vont et viennent; des évêques passent, des évêques maronites. Ils sont grands; la tabieh qui les coiffe les grandit encore et leurs longues barbes blanches leur donnent un air de vraie majesté.

Mais voici Mgr Basbous. Il est le moins grand de taille; il a blanchi depuis le temps où, représentant du patriarche à Paris, il faisait connaître et aimer ses frères de là-bas mais sa figure n'a point changé. Toujours les mêmes yeux vifs et bons, le même sourire fin et doux, et toujours aussi la même main loyale qui serre la vôtre. Elle n'a, en plus, que l'anneau épiscopal; et l'on dirait vraiment qu'au lieu de l'alourdir, ce signe d'autorité la fait, au contraire, plus prompte au geste affectueux.

Mgr Basbous m'introduit. Le patriar- che est assis dans un coin du salon, le corps un peu incliné en avant, et il cause familièrement avec quelques prélats. Paternellement, il me fait asseoir près de lui. A mes questions il répond doucement, posément, parlant avec une égale facilité tantôt l'arabe, tantôt le français, qu'il émaille de citations de vers latins, àravir les latinistes. Je lui demande, pour le Figaro, d'abord l'impression que lui a laissée son entrevue avec M. le Préside la République et ensuite quelques détails sur son voyage en Europe.

L'accueil du chef de l'Etat français m'a profondément touché, m'a-t-il répondu. Mgr Basbous m'avait dit la grande simplicité cordiale de M. Loubet, président1 du Sénat'; j'ai constaté :rsanis surprise, mais avec admiration et gratitude, la même grande simplicité cordiale chez M. Loubet, Président de la République. Le souvenir de cette journée restera gravé dans mon cœur parmi d'autres. Et avec un sourire qui éclaire sa figure noble et-douce, le patriarche ajoute Parmi d'autres dont le voisinage s'harmonise parfaitement avec lui. Les souvenirs de mon voyage forment un ensemble également précieux. J'en détache, par ordre de date, l'accueil paternel de Sa Sainteté, celui que me fit la presse française à mon arrivée ici, mon entretien avec M. le présidentdu Conseil et ma visite à l'Elysée.

Votre Béatitude n'est pas encore au bout de son voyage.

C'est vrai ni de mon séjour à Paris. Aussi le livre des souvenirs n'est-il point fermé. J'ai encore à voir d'importants personnages, qu'un repos mérité et les intérêts de leurs circonscriptions, pendant ces vacances parlementaires, retiennent loin de Paris.

Et les amis aussi que Votre. Béatitude a un peu partout.

Oui, mais le temps me manquera, je le crains. J'ai fait à Rome un séjour plus long que celui que je pensais y consacrer. Les intérêts spirituels intérêts multiples'- dont j'avais à traiter avec Sa Sainteté, ainsi, je l'avoue, que l'agrément que j'ai trouvé dans mon commerce avec le grand chef de la chré- tienté et avec les princes de l'Eglise, me font maintenant une obligation de doubler les étapes. »

Et comme on m'avait dit que la venue de Sa Béatitude à Paris, après son long séjour à Rome, avait dans les circonstances présentes une signification particulière, j'ai voulu en connaître la portée exacte et lui en ai posé la question. Mais Sa Béatitude n'a pas voulu y répondre. Simplement, avec comme une excuse dans le regard et dans le ton, il me dit

Les Maronites, vous le savez puisque vous êtes Maronite, placent leur confiance en Dieu, dans le Pape et dans la France sous l'égide du gouvernement tolérant de S. M. le Sultan. Cette. confiancé demeure entière. Mon séjour à Rome; mon entrevue avec M. le Président de la République après celle que j'ai eue avec M. le président du Conseil dont le langage a retenti au loin, ne sont pas faits pour ébranler cette confiance.

Et combien de temps, Monseigneur; pensez-vous rester encore à Paris? Cela dépend de ce que je vous ai dit tout à l'heure. Mais Paris se repeuple. J'ai pu aujourd'hui aller à l'ambassade ottomane, dont le titulaire vient seulement de rentrer. Je l'ai prié de transmettre mes hommages à S. M. le Sultan, à qui je dois bientôt allerrendre mes devoirs.

Votre Béatitude compte s'arrêter longtemps à Constantinople?

Autant que me le permettront et le temps et sa Gracieuse Majesté et que 1 exigeront aussi les circonstances. Sa Majesté n'ignore pas l'attachement que nous avons pour sa personne et combien mon désir est grand de lui en renouveler l'assurance. Notre loyalisme, comme on dit à présent, est apprécié et ainsi que mes prédécesseurs, je demeure fidèle aux traditions qui ont donné au Liban une longue période de tranquillité et qui lui assureront, ie l'espère, un avenir de