idées du moine Augustin Frédéric savait une seule chose que cet homme était pieux, qu'il marchait avec intégrité, qu'il combattait d'odieuses pratiques, et que conduit à Rome, il était perdu.
L'Électeur s'entremit. Léon X se laissa fléchir. JRenonçant à Rome, il désigna la ville d'Ausbourg, et Cajetan, son légat, pour y examiner Luther.
Un autre voyage entrepris au commencement de la même année, 1518, avait mené Luther à Heidelberg, où se trouvait convoquée l'assemblée générale des Augustins. Ses amis redoutaient pour lui quelque guet-apens. Luther ne s'arrêtait pas pour si peu. Au lieu d'ennemis, le pauvre moine, qui traversait à pied l'Allemagne, rencontra partout l'accueil qu'on réserve aux hommes importants. C'était l'évéque de Wurtzbourg, c'était le prince palatin Wolfgang, c'était la savante cité d'Heidelberg, tous empressés autour de lui. L'université d'Heidelberg se hâtait même d'ouvrir une discussion publique en son honneur; là, entouré d'innombrables auditeurs dont quelques-uns s'appelaient Bucer, Schnep etBrenz, Luther établissait fortement l'autorité plénière de la révélation.
Le voyage d'Augsbourg ne pouvait pas ressembler à celui d'Heidelberg, de réels dangers y menaçaient le futur Réformateur. D'un mot, Thomas de Vio de Gaëte Cajetan – cardinal-évêque de Palerme, légat du pape auprès de la diète d'Augsbourg, pouvait obtenir l'arrestation de Luther, et son renvoi par devant le tribunal romain.
L'Électeur savait cela. Il avait pris soin de recommander Luther au sénat de la ville d'Augsbourg. Le sénateur Langenmantel, parlant au nom de ses