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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1903-01-16

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 16 janvier 1903

Description : 1903/01/16 (Numéro 16).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2861191

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SOMMAIRE

Tableau de Paris Journaliste 1 Jimns CM.- ? ̃REtlE. '̃•'̃̃

La' Vie de Paris Madame Carlier A. Nëde. La misère-bretonne Georges Botodon. A l'Etranger Mort du cardinal Parocchi Geobges Villiers. Lettre d'Angleterre Jjes 'projets de la famille royale FR. ALDRIDGE.

Le Président de la Républiques l'Hôtel-Oieu Gh. Datjzats.

Les décorations du 1** janvier Ministère des finances.

Le cas de M. Chansarel G. Davenay. L'affaire Humberi Nouvel interrogatoire de Mme Humbert Pierre ET PAUL.

La mission aérostatique saharienne L. D. Les Théâtres Vaudeville Le Devoir conjugal: Emmanuel. Aréme.

Feuilleton L'Etape silencieuse JEAN SAINTYves.

TABLEAU DE PARIS

Journaliste

Si j'avais à recommencer ma vie, je crois bien que je me ferais reporter. Les reporters, nés au dix-neuvième siècle, sont devenus majeurs au vingtième. Avouons-le, ce sont les rois du monde. Ils entrent partout, pénètrent dans le cabinet des ministres tandis que le commun des mortels y fait antichambre, posent aux plus illustres des questions que n'oseraient peut-être pas risquer des juges d'instruction et, annalistes au jour le jour, font pour nous et pour la galerie, de l'histoire, une histoire cursive qui, les légendes naissant par génération spontanée, devient très vite, devient tout de suite de l'histoire définitive. Un reporter qui aurait, en ces dernières années, sauté allègrement de l'affaire Cornélius Hërz à l'affaire Humbert en passant par le' Transvaal.la guerre.de Cuba, les couronnements de souverains, la prison d'Oscar Wilde, la maison de Tolstoï, les grèves et les coulisses de théâtre sans parler de la Martinique dont on ne parle plus, bien qu'on ne l'oublie point, ce reporter infatigable aurait amassé plus de « documents humains », comme on disait à un moment déjà lointain, que, Balzap lui-même- J'ini^si^e que Saint-Simon, qui fut mi reporter de génie, eût pris plaisir à ce métier, trépidant et varié, et on a été agréablement surpris lorsque, dans les papiers de Victor Hugo, M. Meurice a retrouvédes impressions et des « choses vues » qui ne sont que du reportage, mais du reportage immortel. Au fond, le reportage resterà,'au point de vue littéraire, si je puis dire, la marque distinctivë de'ce temps comme l' « arrivisme » en sera le signe moral,. révérence parler.

De tout le papier imprimé pu maculé qu'on lui adresse par-montagnes, la postérité, cette curieuse, ne retiendra peutêtre que les rapides écrits des journalistes qui lui parleront des hommes et des mœurs. Que d'ouvrages ambitieux s'écrouleront pour laisser place à quelques feuillets où l'avenir trouvera quoi ? -ce qui nous intéresse nous-mêmes des renseignements. On eûtfortétonné l'abbé Raynal en lui affirmant que sa monumentale Histoire philosophique des Indes durerait moins qu'une lettre de M. de Grimm ou une historiette de Bachaumont.

Mais si le journaliste, dont le reporter est un sous-genre devenu omnipotent, i l'avenir, le présentaussi lui appartient. Il règne, il gouverne, il conseille, et, roi ui-même, c'est un faiseur de rois à la ligne, un Warwick à la journée. Le Maître de l'Heure, c'est lui. Emile de Girardin, qui, de par son brin de plume, fut une des puissances de son temps, répétait volontiers que vingt ans de journalisme ne valaient pas un quart d'heure de pouvoir. Parole ingrate d'un homme d'action qui n'éprouve point la joie– à la fois physique et intellectuelle– d'écrire. H n'est, au contraire, pour moi pas d'années de labeur administratif' que n'ait consolées une heure de journalisme. Cela est si tentant et si bon de confier au pa.pier ses idées, ses espérances et ses souvenirs de retrouver, dans cet entretien avec le public, l'oubli des préoccupations absorbantes! C'est une détente, comme une confidence à quelque ami, la journée .finie. Le journal, et j'entends le journal français, moins informé mais plus soigné que le journal américain, est le dernier salon où l'on cause. Trop souvent aussi est-il le coin de halle où l'on hurle.

Et, en vérité, il me plaît de causer aux heures je puis m'appartenir.

Le journaliste a cela de délicieux qu'il' est libre, et au total rien ne vaut la liberté en ce monde. On dépend de trop de gens quand bien des gens dépendent de nous. Le passant qui dit son mot après avoir jeté son coup d'œil sur les choses est le plus enviable des hommes et, contrairement à l'avis de Figaro, je ne trouve pas que l'utile revenu du rasoir soit préférable « aux vains honneurs de la plume ». Rien ne vaut la plume: entre les doigts d'un honnête homme, ne lui donnât-elle aucun de ces honneurs qu'elle procure aux favorisés.

J'ai toujours admiré Sarcey qui pouvait tout à son aise avoir de ces honneurs tous ceux qu'il eût souhaités, qui les sollicitait et les obtenait pour les autres et n'avait pour lui-même d'autre ambition que cette épitaphe Francisque Sarcey, journaliste. C'est un peu l'histoire de ce Courier, qu'il aimait, et dont la coquetterie consistait à signer PaulLouis Courier-, canonnier à clieval. II ne me déplairait pas, le journaliste étant une façon de chasseur à pied de la Jitté-

rature, de réclanïer, parmi tant d'autres titres auxquels je ne tiens pas, celui de «publieiste à pied », qui m'est cher. On peut, au surplus, être journaliste en étant directeur de théâtre. Louis XVIII l'était bien en étant roi! Et d'ailleurs, s'il me fallait choisir, je n'hésiterais guère. Buloz était commissaire royal auprès du Théâtre-Français, tout en dirigeant la Revue des Deux Mondes. Arsène Houssaye, rédacteur en chef de YArtiste, défendait son administration de la Comédie-Française en ripostant aux attaques de la Chronique de Parîs où contre lui, faisait campagne le futur rédacteur en chef du Figaro, Hippolyte de Villemessant, le redoutable.

Villemessant! C'est pourtant lui qui, ayant remarqué certains articles de débuts publiés dans un vaillant petit journal, le Biogène, m'ouvrit toutes grandes, avec une bienveillance inoubliable, les portes du Figaro, le seul journal qui dispensât alors la renommée, donnât la notoriété à nn écrivain nouveau.

Je me revois, très timide et tout jeune, montant les escaliers de la maison du boulevard Montmartre, la maison Frascati, où Villemessant m'avait prié de passer. « Monsieur, M. de Villemessant vous attendra chez lui. M Ici, l'heure et le jour. Et les quatre ou cinq lignes de convocation étaient signées d'un nomqui devait devenir cher aux lecteurs du Figaro et qui fut pour moi celui d'un ami fraternel. Le secrétaire de Villemessant s'appelait Francis Magnard.

Que c'est loin, ce temps-là, et quelles pages on écrirait sur ce journal où tant d'illustres ont passé, que la mort a pris et qui sont maintenant des fantômes 1 Nous corrigions nos épreuves dans une façon de hangar, de bureau à clairevoie, dans la cour de l'imprimerie Kugelmann,rue de la Grange-Batelière,, et, là, débutant, je voyais venir tour à tour réclamant leurs feuillets tirés à la brosse par le metteur en pages, Monselet, Barbey d'Aurevilly, Charles Baudelaire, Rochefort, Ferdinand Fabre, qui corrigeait son roman le Chevrier, Alphonse .Daudet, qui apportait ses Lettres de -mon ?nouM;i:Entte temps,avec Magnard nous ébauchions là des, drames pour la PorteSaint-Martin, qui n'ont jamais été écrits, et où les. Cévenols et Jean Cavalier devaient, tailler de terribles croupières aux dragons de Louis XIV.

Mais nous étions surtout épris de journalisme- de journalisme et de verset le futur rédacteur du Figaro. me disait à la fois ses tristesses et ses espérances. Que de rêves échangés! C'était un possédé de lettres, un esprit supérieur et charmant, cachant sous, uue apparente amer̃tume dés tendresses exquises. Je. l'ai profondément aimé, bien que souvent nos idées fussent. opposées. Victor Hugo n'était -pas toujours ce qui nous divisait le moins. Mais nous mettions en commun notre amour des livres à relire, le mépris des sots et la haine des coquins. Magnard y ajoutait une colère constante contre les badauds, ces badauds qui ne m'ennuient.. point, car s'ils tiennent du fâcheux par un certain côté ils tiennent, par l'autre, au curieux et la curiosité est ce que je prise par-dessus tout au monde. C'est la mère de toutes les découvertes. Le plus grand curieux de ce siècle n'est-ce point Pasteur? Cette curiosité, qui pour l'Angély comme pour tant d'autres suffirait à être le prétexte de vivre, cette curiosité de toutes choses, elle ne m'a point quitté. Le jour où elle m'abandonnera, je crois bien que c'en sera fait du spectateur que j'aurai été, que je suis encore. Un autre prendra ma place au parterre et mon fauteuil autre part. Mais nous n'en sommes point là.

Et me voici, après tant d'années, revenant au logis où, dans un cadre de vieilles photographies, on retrouverait, je crois bien, mon portrait parmi tant d'autres de camarades ou d'aines qui ne sont plus. Je ne veux pas la revoir, cette photographie d'autrefois. Elle me paraîtrait trop ironique. Pourtant, si les traits ont changé, l'humeur est demeurée la même. Je suis toujours, encore un coup, le curieux que j'étais quand je suis ici venu pour la première fois. J'aime toujours la vie vivante, les livres nouveaux, les premières, même depuis qu'on en a fait des secondes, les vernissages même lorsque le vernis s'en écaille; je ne manquerais pas d'une minute le lever du rideau de la pièce nouvelle et j'ouvre toujours avec émotion ma fenêtre pour voir..le régiment qui passe. Je n'ai jamais laissé mourir une journée sans une ligne écrite pour moi après la harassante correspondance écrite aux autres. Et, comme je tiendrais un journal de mes sensations et de mes idées, il m'est toujours très doux, journaliste impénitent, de confier au papier emporté vers l'imprimerie les pensées qui me viennent et les souvenirs qui me hantent. C'est ce que je vais faire ici, en traçant, au hasard des rencontres, ce « Tableau de Paris», que le bonhomme Mercier fit il y a plus de cent ans et qu'il faudrait tant la vie va vite, courant la poste autrefois et l'automobile aujourd'hui refaire tous les dix ans, tous les cinq ans, tous les ans, tous les mois, tousies matins.

-•̃• Jules Claretie.

LA VIE DE PARIS

Madame Carlier

Mme Carlier, dont hier matin Y Officiel annonçait la décoration en termes laconiques, est une jeune veuve qui vit si obscurément que, bien que nombre de reporters aient battu hier tout le quartier de Passy où l'on dit qu'elle habite, nul n'a eu la bonne fortune de découvrir son adresse-

Nous ne connaissons pas disent les fournisseurSi

Aux affaires étrangères on ne l'a jamais vue; à la Revue des Deux Mondes, qui vient de publier précisément son Journal de la femme d'un consul de France en Arménie, elle n'est jamais venue en personne. On ne connait de sa famille que son beau-père, un honorable haut fonctionnaire en retraite qui correspondait pour elle. Ce haut fonctionnaire demeure rue Pecamps,.mais il refuse dé rien dire de sa belle-fille, sinon qu'il l'aime beaucoup, ainsi que son petit-fils Jean, né à Sivas, au milieu des massacres.

Mais, si nous ne pouvons encore satisfaire la curiosité de nos lecteurs quant à la personne physique de la nouvelle légionnaire, nous sera-t-il plus aisé de les renseigner sur son mérite moral ?

Tout d'abord, en feuilletant la collection du Figaro, on voit que, le 2 février 1897, nous la citions élogieusement pour le courage et l'énergie avec lesquels elle s'était dévouée aux réfugiés du consulat de France à Sivas. Puis il nous a été facile d'apprendre au ministère, l'on est plein d'admiration pour cette jeune femme, qu'elle fut mise à l'ordre du jour du corps consulaire seule femme de consul qui ait reçu pareil honneur par M. Cambon, alors ambassadeur de France à Constantinople. Enfin, l'on ne cache point que, lorsque cet été certaine récompense solennelle fut octroyée à une autre que Mme Carlier, il n'y eut qu'une voix pour dire que c'était là une cruelle injustice; on ajoute même que nul n'exprima avec plus d'amertume ses regrets d'une telle mesure que le même M. Cambon*. aujourd'hui notre ambassadeur à Londres. Enfin l'on déclare que selon toute vraisemblancé M. Delcassé a pris spontanément cette décision-et avec une vigueur qui a rendu bien penauds certains solliciteurs parce qu'il voulait que cette injustice fût réparée de façon éclatante. Ainsi s'explique cette particularité bien rare en matière de décoration la croix de Mme Carlier n'était demandée par personne, encore moins par elle-même.

Dans de telles circonstances la curiosité s'irrite. Plus Mme Carlier se cache, plus on voudrait l'obliger à se montrer. Mais, dirat-on, et son journal? On n'écrit pas d'ordinaire son journal pour n'y. parler que-du mérite d'autrui. ,t ;• Eh bien, justement, c'est ce qui arrive cette fois. Le Journal de la femme d'un consul de France en Arménie est assez considérable quantité d'incidents et même d'événements y dénient. C'est souvent tragique, quelquefois touchant, toujours très vivant; mais d'un bout à l'autre il n'y est question que du mérite d'une seule personne, M. le consul de France Carlier.

Un rude homme, d'ailleurs, un beau type de soldat, hardi, résolu, et aussi très gai, plein de verve ..endiablée. Le portrait parait flatté mais, qu'on ouvre le Livre jaune, on s"a.perçoit que M. Cambon tenait son consul de Sivas pour le plus brave et le plus intelligent de ses consuls. Mais ce n'est pas du pauvre M. Carlier, tombé si vaillamment à. son poste, que nous. voudrions que sa femme nous parlât le plus, c'est d'elle-mème. Enfin, cherchons tout de même, de-ci de-la, si nous ne découvrirons pas quelques traits avec lesquels nous arriverons à esquisser une physionomie qui se cache sans cesse. °

La situation est grave à Sivas. Le consul s'attend à être assiégé. Il veut que safeinme puisse se servir d'un fusil. Voyons de quel air cette femme, qui pendant toute une journée c'est prouvé devait tirer sur les massacreurs, va nous conter son apprentissage guerrier « Panayoti m'a fait une cible dans le jardin et m'apprend à tirer à la carabine et au pistolet. Lui ça lui va assez de sentir la poudre, mais.moi, les premiers coups, je détournais la tète, si bien que j'ai failli lui tirer dans la figure. >

Mme Carlier n'est pas du pays de Tartarin

Le 12 novembre, les massacres commencent. Depuis une demi-heure, on tue partout. On entend des cris désespérés, des râles. Le consulat est plein de réfugiés mais, ce qui préocrcupe le consul, c'est le sort des missions françaises qui sont à l'autre bout de la ville et avec lesquelles les communications sont coupées.

Alors il' monte sa femme aussi sur le toit afin de voir si quelquefois, de loin, on lui ferait pas de signaux. a Soudain, Maurice me dit « Ah ça qu'est-ce qu'il fiche, celui-là > en face?» Je regarde. Il me montre à trente mètres, à la lucarne d'un grenier, Une tête d'Arménien et, tout contre, un fusil. Brusquement il me repousse, une balle passe tandis qu'un peu de fumée sort de la lucarne. e Oh 1 » oh 1 c'était pour moi, fait Maurice; bah 1 » nous éclaircirons cela plus tard. Redescén> dons, armons les domestiques. Mais les domestiques refusent en tremblant les armes que nous leur offrons. >

Comme c'est simplement conté Aucun arrêt pour nous peindre ses émotions. Mme Carlier semble trouver tout naturel de se trouver sur un toit et d'essuyer le feu d'un désespéré qui croit,que, si son consul est tué, la France en- verra une armée pour venger ce consul, supposé tué par les Turcs et l'Arménie sera délivrée

Encore un extrait, et ce sera tout. Une nuit le consul est parti essayer d'éteindre l'incendie allumé par des mains criminelles. C'est chez un ingénieur turc exécré, car il a été- h os- tile aux massacres. Ses femmes sont dans la rue injuriées par la population.

« Je m'habille, vais à la maison qui brûle et, prenant par la main les femmes, je les emmène chez moi où je leur don,ne des matelas dans la salle à manger. J'ai fait du thé, et je suis là au milieu de la cohue, quand la porte s'ouvre, et Lucie, scandalisée, apparaît < Mais, madame, me fait-elle sévèrement, si > ça continue, on va -réveiller M.Jean!> Quel joli et frais petit tableau, et quelle excellente maman ce doit être que cette héroïne 1 Héroïne? Vous pouvez être sûrs que Mme Carlier n'accepte pas ce titre ambitieux, et prétend que « toute femme aimant son mari, qui se serait trouvée à côté d'un homme comme M. Carlier, eût fait la même chose >. Allons, M. Delcassé ne parait pas avoir eu la main malheureuse. Andromède.

Echos

La Température

La pression reste très élevée sur le continent elle était hier dans la matinée à 775mm à Dunkerque et à 771mm à Paris. Les pluies sont très rares en Europe; on signale une chute de neige à Lyon.

De nos ports Mer grosse à la Hague, houleuse à Dunkerque et à Cherbourg, peu agitée ou belle .ailleurs.

La température est en baisse sur le continent. Elle était' hier, à Paris de 30 à sept heures du matin, de 1° vers trois heures de l'après-midi, de 205 à minuit. Ciel clair. Départements, à sept heures du matin Au-dessous \éro 003 à la Hague et à Marseille, 2° & Cherbourg et au cap Béarn, à Perpignan à Ouessant, à l'île d'Aix et à Rochefort, 40'à Biarritz et à Cette, 50 à Boulogne, à Brest et au Grognon, 6° à Lorient, à Nantes et au Mans, à Dunkerque, à La Hève, à Bordeaux, 'à'Limoges, à Toulouse, à Charleville et à' Nancy, 8° à Gris-Nez, 10° à Clermont, à Lyon et à Gap.

Au-dessus de \éfô 20 âSicié, 30 àCroisétte, 6» aux îles Sanguinaires et à Nice, à Alger, à Biskra et à Tunis, 120 à Oran. Etranger, le matin

Au-dessous de \èro 005 à Barcelone et à Stockholm, i<> à Berlin, à Budapest et à Co.penhague, à' Varsovie, à'Bilbao, à Turin et à Gr~ningue.3\)' à: Greenwich, à Madrid et au Hëldèr, 40 à Hè.pa'raTidâet â'Hernosand, 50 à Mi&iSter, à Bre'slau', à Hermanstadt et à Flessingue,6« à Meftiel et à Utrecht,7° à Francfort, 8°àPrague, o,o"à Bruxelles, io» à Vienne et à Lemberg, 170 à Saint-Pétersbourg 190 à Moscou. ̃

Au-dessus de \èro à Yarmouth, 2° à Rome et à Lisbonne, 30 à Scilly et àLivourne, 40 à Palerme, 50 à Valentia, io" à Porto, 110 à Malte.

En France, Un temps beau et froidreste probable. Le soir, le baromètre restait à 770mm. Etats-Unis maximum, 772mm minimum,754mm. :.at3iOQ

~~o-_

A Travers Paris

La revue .tes Missions catholiques, de Lyon, a publié une lettre du P. Rousset, missionnaire apostolique du Natal, qui a Conçu le projet de construire une chapelle à Napoléon's Kop (Zoulouland), pour commémorer le souvenir du prince 'impérial; le P. Rousset fait appel à la charité catholique pour exécuter ce projet.

Il faut rendre hommage à cette pieuse pensée, mais nous croyons que le vénérable missionnaire doit y renoncer pour "plusieurs-raisons.

La première est qu'un pareil projet ne ̃saurait être réalisé sans que S. M. l'impératriee Eugénie ait été tout au: moins insultée et qu'on ait sollicité d'elle une autorisation indispensable.

• Or, la souveraine, dont l'âme a été frappée par tous les deuils et toutes les .douleurs, ne consentirait jamais à un appel public. •̃

Elle se tient éloignée de toutes les manifestations, de quelque nature qu'elles puissent être; et si elle estimait qu'un monument dût perpétuer le souvenir d'une mort que la mort seule effacera, èlle en prendrait exclusivement et silencieusement la charge, estimant qu'elle ne doit céder cette charge à personne. .Mai s. l'Impératrice pense, au contraire, nous lé savons, qu'il ne faut rien modifier dans ce petit carré deterre où s'est passé le dramedu'Zoulouland. L'endroitoù son fils est tombé, l'endroit ,;où il est mort, faisant face à l'ennemi, ne doit être en rien transformé aucune pelletée de terre ne doit y être remuée. C'est le lieu sacré où les arbres seuls qu'elle a elle-même plantés ont le droit de s'élever dans cette terre arrosée de sang. L'idée que des hommes viendraient gâcher leur plâtre ou leur ciment, remuer tout, bouleverser tout, parmi ces pierres ou ces herbes où le dernier regard du petit prince s'est éteint, ajouterait, s'il était possible, une nouvelledouleur au cœur de la mère.

Il est donc indispensable que le missionnaire africain, qui n'a calculé ni les difficultés d'une telle entreprise à tant de lieues de la côte, ni le renouvellement d'une telle souffrance pour tous ceux qui se souviennent, abandonne complètement ce projet.

S. M l'Impératrice veut bien nous autoriser à dire qu'elle y serait d'ailleurs absolument opposée.- Le vrai monument a été élevé à Farnborough'autour du cercueil du prince impérial.

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Mgr le duc dé Cambridge, accompagné de l'amiral Fitz-George.et du général Williams, est arrivé hier à Paris où il s'arrêtera quelques jours avant de se rendre à Cannes..

Son Altesse Royale est descendue à l'hôtel Bristol.

Le Journal officiel devient décidément la feuille la plus joyeuse de Paris; on n'en saurait trop recommander la lecture aux malades atteints d'hypocondrie. Hier, c'était le décret expulsant saint Georges dela commune de Néhou aujourd'hui, c'est la circulaire de M. Camille Pelletan aux amiraux pour régler la coupe des cheveux. 0

M. le ministre de la marine a été frappé des inconvénients que présente une chevelure trop courte, et il enjoint aux officiers généraux et supérieurs de la flotte française de laisser désormais pousser en liberté les cheveux de nos marins. Cependant, il fixe à trois centimètres le maximum de la longueur officielle. L'exemple, devant partir de haut, les coiffeurs de la rue Royale ne manqueront pas de travail au ministère.

Mais voici le successeur de M. Camille Pelletan condamné à rédiger à son tour une circulaire sur les dangers d'une chevelure trop longue, depuis Absalon jusqu'à nos jours, dans la cavalerie comme dans la marine et même dans la vie civile.

On eut hier un vif moment d'émoi à la Chambre supplémentaire, sur te ftouc

de quatre heures. Dans cette salle, qui longtemps fut la ire Chambre de la Cour, l'audience S'achevait On avait plaidé un procès qui n'avait, à vrai dire, rien de récréatif. Mais de l'avocat qui développait les arguments du plaideur nul ne conteste au Palais le talent ni l'esprit. Sa voix un peu sifflante. est, en outre, une de celles qui bercent le moins l'auditeur. M. le juge président, enfoncé dans son fauteuil* la tête en arrière, les yeux fermés et la bouche entr'ouverte, écoutait. Ecoutait-il?. Il semblait écouter. Le fait est qu'à, la fin de la plaidoirie, quand l'honorable avocat eut déclaré, selon la formule habituelle, qu'il persistait « avec confiance dans ses conclusions », M. le juge président ne bougea pas.

M. le juge-président dormait!

Un magistrat qui dort aux plaidoiries, il n'est rien de plus commun. Mais un président que le silence ne réveille pas quand l'avocat se tait, voilà qui est tout à fait anormal. Aussi, sur tous lès visages, hier, à la 3e Chambre supplémentaire, un peu d'effroi se peignit à ce moment. Que faire? Réveiller le magistrat en lui tapant sur l'épaule, comme on fait au voyageur qui va passer sa station? Les assesseurs n'osaient pas. Rester longtemps ainsi à se regarder, comme des convives qui ne savent quelle tête faire quand l'un d'eux a lâché quelque bourde ? C'était impossible. Au bout d'une interminable minute, quelqu'un toussa. Le président ouvrit les yeux, ne se rendit pas compte tout de suite de la situation, mais enfin, voyant que. personne ne disait rien et qu'il était quatre heures, il déclara l'audience levée.

Et l'on s'en alla gravement, sans un sourire, car, même en son sommeil, la magistrature a droit au respect. D'ailleurs, qu'on en soit sûr, le procès plaidé hier sera jugé tout aussi, bien qu'un autre.

C'est généralement à cette époque de l'année que les Parisiennes pensent à combler les vides de l'armoire à- linge. Aussi les Grands Magasins du Louvre préparent-ils pour lundi prochain leur Exposition annuelle de Blanc. Jamais il n'aura été donné un développement aussi considérable aux rayons de Toiles, Linge de Table, Trousseaux, etc., dont la supériorité est universellement reconnue.

Nous apprenons avec regret la mort d'un hpmme de mérite qui fut un incompris et peut-être un méconnu, mais, dont le nom demeurera associé à l'histoire de la navigation sous-marine M. Goubet.

En cette science M. Goubet fut un initiateur. C'est sur sa proposition que dès 1886 l'amiral Aube,' alors ministre de la marine, avait fait la commande du premier submersible, dont les essais officiels, en 1890 et en 1891, à Cherbourg, donnèrent des résultats incertains. L'échec ne découragea point l'intrépide inventeur qui avait foi en' sa découverte. Il,se mit, avec une ardeur et une opiniâtreté nouvelles, au travail et bientôt le Goubet. 2 était présenté au déI parlement de la marine. On sait que la seconde expérience, qui eut lieu l'an dernier, ne fut guère plus favorisée par la fortune et par la commission d'examen. Dès cette époque, M. Goubet, atteint dans ses énergies physique et morale, était un bomme perdu. Le grand œuvre qui était le but et le soutien de sa vie, eh lui faisant défaut, le laissa désarmé devant la maladie, et c'est positivement de chagrin qu'il mourait hier dans la maison des Frères de Saint-Jean-de-Dieu.

Hier soir, dans un restaurant du boulevard, toutes les cigales de Paris ont chan té et c'était un. ancien ministre qui conduisait l'orchestre. Les cigaliers fêtaient en effet leur nouveau président, M. Georges Leygues, et ce fut une fête exquise. Il se peut que l'ancien grand maître de l'Université soit un jour de l'Académie française il n'y prononcera jamais un plus joli discours que celui dont il régala, en. une étourdissante improvisation, ses nouveaux collègues de là Cigale. 11 gelait dehors, des nez cristallisés par le froid se promenaient dans la rue, et dans la salle où le Midi festoyait il y avait du soleil, et une chaleur communicative qui ne fit point dire des bêtises. Et comme lés gosiers des Méridionaux, de même que les canons des Gascons, ne reculent jamais, la soirée s'acheva à l'aube,. dans des chansons, des vers et de la musique.

Le premier numéro de la Vie Heureuse pour 1903 paraît demain, dans un format agrandi qui sera désormais le sien. Les admirables images de cette attrayante revue paraissent ainsi' encore plus séduisantes, tandis que son texte déjà si varié, si curieusement documenté, si vivant, offre, s'il est possible, un. intérêt plus passionnant encore.

Tôut ce que la médecine avait pu faire jusqu'ici contre le rhume de cerveau avait été de le baptiser coryza.

Il parait pourtant qu'elle a fini par faire mieux..Elle, lui a trouvé, paraît-il, un remède efficace. Mieux vaut tard que jamais. • • ̃

Ce remède, c'est lerégime sec, tout ce qa'U y a de plus sec. Restez seulement, deux ou trois jours sans boire: votre sang va se déshydrater, l'hypersécrétion s'arrêtera et le coryza le plus rebelle ne sera bientôt jjlus qu.'iin mauvais rêve. Vous pouvez même, pendant le traitement, sortir comme à l'habitude, vaquer à vos affaires et braver l'air froid. L'autodessiccation des muqueuses n'en marchera que plus vite.

Cette médication, aa'ûit vient de re-.

trouver sous la poussière des bibliothèques, daterait du dix-septième siècle, époque à laquelle elle était d'usage courant en Angleterre.

Les rubans rouges distribués, le violet entre en scène.

Depuis-bientôt trois mois les employés du ministère de l'instruction publique ont entassé sur leurs tables d'épaisses liasses vertes et roses. La couleur différente du papier leur sert à distinguer en deux catégories les seize mille postulants au ruban violet ou à la rosette roses, ce sont les dossiers de ceux qui rêvent de devenir officiers de l'instruction publique; verts, les dossiers de ceux qui, plus modestes, se contenteraient des simples. palmes académiques. Parmi tant de suppliques, il s'en est glissé une, très joliment écrite en vers. Oyez plutôt:

Voici tantôt six ans que je sollicitai

Pour la première fois le ruhan de mes rêves, Et les ans ont passé sans que je sois cité AY Officiel! Hélas! les minutes sont brèves, Entraînant à leur suite une faible santé Qui ne permettra pas, sans doute, que j'achève Certaines œuvres d'où je voyais la Beauté. Surgir comme Vénus de l'écume des grèves! Ah que sur mon déclin luise un rai de bonheur 1 Si mon bagage est mince, il a quelque valeur. Ce n'est pas sous son poids, hélas! que je sucs [combe. Mon mal est bien mortel la physique douleur Me sape, et ce ruban pourrait bien ô malheur! 1 Etre une violette à mettre sur ma tombe. Si M. Chaumié aime la poésie, il no peut manquer de récompenser une si touchante ambition!

Nouvelles â la Main

Au Décati-Club.

Comment se fait-il que Z ait encore une chevelure d'ébène? A son âge, il devrait pourtant avoir neigé sur sa tête.

Sans doute. Mais il a tant d'esprit 1 Le sel, vous le .savez, fait fondre la

neige! ̃

ttéflexion d'un vieux loup de mer Décidément, au ministère de la marine, le poing' est plus apprécié que le shampoing 1

Le Masque de Fer.

Nous publierons lundi prochain notre quatorzième liste' de souscription pour la LUTTE GQNmEU TUBERCULOSE. Sommes recueillies à ce jour:

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283,522 francs 5 c.

MISERE BRETONNE

(Par dépêche de notre envoyé spécial) Douarnenez, 15 janvier.

Bâties sur une côte qui descend rudement vers la mer, les blanches et pauvres maisons de Douarnenez se penchent tristement au-dessus de l'incomparable spectacle de la baie qui lui a pris son nom. C'est ici le lieu légendaire des .prodiges et des sorcelleries, le lieu meurtrier où la tragédie de la mort se poursuit impitoyablement à travers les siècles. C'est à la place des flots coléreux de la baie que s'érigeait, selon la tradition, cette fabuleuse ville d'Ys, détruite un soir par les destins farouches en punition des péchés de la princesse AhèS. C'est en l'honneur de l'amant d'Yseult que cette île de Tristan, qui porte aujourd'hui un. phare au pied même de Douarnenez, reçut jadis son nom. Et, à l'extrémité méridionale de la. baie, à la pointe du Raz, c'est en mémoire des meurtres innombrables accomplis par la fureur de la mer qu'une petite anse s'appelle la baie des Trépassés.

Je ne puis nie défendre de ces souve^ nirs tragiques, bu la légende se conteiïïa de'mettre en œuvré les drames de'la vie, au moment où j'arrive dans cette ville que la disette éprouve aujourd'hui. La mer, lasse de tuer des hommes, affame des familles, et le spectacle de leur détresse est aussi navrant que sera celui de leur mort. Dans toutes les rues, des gars solides se promènent lents, en se dandinant, l'ceil vague et le, visage immobile ce sont des pêcheurs. En temps ordinaire; me dit M. Tomasi, l'excellent commissaire spécial que le préfet a bien voulu prier de m'accompagner, ces rues sont désertes et ces hommes sont sur leurs bateaux.

Aujourd'hui, ils emplissent la ville de leur lugubre et vaine promenade. J'apprends alors que Douarnenez est un des centres de pêche les plus importants. Huit cents bateaux se balancent dans son port.Plus dequatre mille. pêcheurs poursuivent la sardine sur les côtes. Près de cent millions dé poissons y sont préparés, salés, travaillés, mis en boîtes. Vous savez à quoi sont réduits maintenant ces quatre mille pêcheurs.

Le maire, M. Delescluze, que j'essayai d'abord de voir à la mairie, était à la chasse, et je ne pus le rencontrer que le soir, à son retour. Je descendis sur les quais. Une soixantaine de pêcheurs, dis.séminés par petits groupes, regardaient la mer. J en aborde un:

–Vous nepêchez donc pas?

Pêcher? Pourquoi faire? La mer est vide, jutant se serrer le ventre au soleil que d'aller se geler au large par- dessus le marché. Ça coûte moins cher. Une équipe de pêcheurs préparait des filets à côté d'un bateau amarré. Je dis au patron, un petit rougeaud, sec et déJbile, Qui avait une barbe rousse, des