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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1898-04-23

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 23 avril 1898

Description : 1898/04/23 (Numéro 113).

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k284357q

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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nouvelles Diverses IA CHARITÉ

Nôtts avons reçu pour les misères recom- mandées par le Figaro

Pour Mme Lefèvre, 41, rue Nollet De D. (bon de poste) 4 francs.

Pour Mme Marchand, E.'M. 40 francs.

Les trop faibles secours reçus pour les deux vieilles demoiselles, soeurs d'un capitaine au cabotage, mort dans le naufrage de son navire, ne leur évitera pas l'expulsion dont elles étaient menacées. On va les jeter aujourd'hui ou demain sur le pavé; à soixante et quelques années, c'est douloureux.

Si quelqu'un de nos lecteurs voulait s'intéresser à elles, ce serait une oeuvre méritoire. LE FEU

Un violent incendie a éclaté hier, à quatre heures de l'après-midi, dans le bâtiment Graux, des abattoirs de La Villette.

Ce bâtiment, d'une superficie de soixantedix mètres dé longueur sur dix mètres de largueur, servait de remise à cent cinquante têtes de bétail. Au dessus étaient placés des greniers à fourrages. C'est dans ces greniers que le feu a pris naissance, on ne sait encore de quelle façon.

Trouvant un aliment facile, les flammes se propagèrent rapidement et un clin d'oeil les toitures et les plafonds s'écroulaient. Fort heureusement on avait pu faire sortir sans tro de difficulté les bœufs de leurs étables. Un service d'ordre avait été organisé par MM. Laurent, secrétaire-général de la Préfecture de police Touny, directeur de la police' municipale, et Orsatti, commissaire divisionnaire. Les dégâts sont évalués à une centaine de mille francs.

On n'a eu à déplorer aucun accident de personnes. M. Bordes, commissaire du quartiAr, a ouvert une enquête et recherche un individu en blouse qui s'est enfui au moment où l'alarme a été donnée et qu'on n'a pu en- cote retrouver.

Dans la soirée, un incendie a entièrement détruit le marché qui se trouve à l'angle des rues Notre-Dame-de-Lorette et La Rochefoucauld.

Il était neuf heures quand retentit le cri sinistre Au feu 1 au feu! »

Des marchands, en train de nettoyer la cour intérieure, comme ils le font chaque soir avant de partir, venaient d'apercevoir des flammes s'échapper de la boutique occupée par le sieur Beliet,' marchand de tresses. Cette boutique, qui ouvre sur la rue NotreDame-de-Lorette, était fermée, comme les autres l'avoisinant, d'ailleurs. Mais le propariétaire ne l'avait pas encore quittée, on le ,savait, et on s'étonnait de ne pas le voir ouvrir. Serait-il donc mort ?

Des passants, mis au courant de la situation, ont enfoncé la porte de la boutique et ont trouvé le pauvre homme assis sur une chaise et tellement épouvanté par la vue des flammes qu'il était dans l'impossibilité de faire un mouvement. On l'a porté dehors où le'grand air l'a rappelé à lui-même.

Entre temps, on avait fait fonctionner ^'avertisseur et les pompiers de la rue Blanche arrivaient. Ils durent faire la part du feu et se contenter de, préserver do son contact les maisons avoisinantes.

Grâce aux matières inflammables accumulées dans les diverses boutiques, la toiture formée de lames de zinc et de carton bitumé, l'incendie avait fait de rapides progrès et en moins d'une demi-heure, il ne restait plus du marché que quelques poutres noircies. C'est à grand peine qu'on a pu sauver quelques-uns des malheureux lapins, et poulets v renfermés dans les cages.

On n'à signalé aucun accident de personnes. Les pertes sont assez sensibles pour fa plupart des marchands, deux d'entre eux seuls étant assurés. t

Le feu, croit-on, a été communiqué aux marchandises de M. Béllet par la lampe à essence dont celui-ci s'éclairait.

,LES CHEMINS DE FER DU SUD

Cette affaire est définitivement close et ne viendra point devant la Cour d'assises. M. Le Ppittevin rendra aujourd'hui en faveur de tous les inculpés une ordonnance de nonTENTATIVE D'ASSASSINAT

Le bruit courait hier qu'une tentative d'assassinat avait eu lieu dans le quartier d'Auteuil. Nous avons procédé à une enquête dont voici les résultats

Un courtier en articles de Paris, M. Marcel Lamare, demeurant boulevard Garibaldi, revenait, l'avant-dernière nuit, vers onze heures et demie, de faire des livraisons rué du Dôme, à Billancourt, lorsqu'il fut attaqué subitement par deux individus.

L'un d'eux lui serra les bras et cria à son complice:

Vas-y 1. un coup de surin dans le ventre, un autre dans la courroie de la sacoche et vite, vite!

M. Lamare parvint à se dégager, non sans recevoir un coup de couteau dans le bras avec lequel il paraît sa poitrine. Il retint sa sacoche dont la courroie avait été tranchée, mais son émoi avait été tel qu'il ne put rejoindre ses agresseurs. Ils n'avaient pu rien lui voler.

Ces deux malfaiteurs appartiennent, dit-on, à la' fameuse bande de Neuilly dite « du Vieux Polonais », qui de Neuilly avait émigré à Passy et à Auteuil.

La Sûreté les recherche activement.

Deux filles soumises, Lucie Caille et Marie Fournier, arrêtées hier soir à six heures aux Halles, ont tenté de se pendre dans le violon du,Poste de la fue des Prpuvaires, où elles avaient été enfermées. On est arrivé à temps pour les sauver. Marie Fournier avait au préalable avalé des épingles.

Monsieur le Conseiller, disait un jour uné marquise, lequel préférez-vous du Bordeaux ou du Bourgogne ? Madame, répondit le magistrat, c'est un procès dont j'ai tant de plaisir à visiter les pièces que j'ajourne toujours à huitaine le prononcé de l'arrêt.

Si on lui eût proposé du Byrrh, notre magistrat n'eût certainement pas hésité à le proclamer le plus exquis des vins toniques et apéritifs à base de quinquina.

POINCIGNON, LE DÉTERRE

Il n'y a plus d'illusions à se faire sur le compte du pauvre Poinoignon, le déterré qui est toujours au dépôt mortuaire du cimetière Montmartre. Le corps prend de plus en plus de,teintes verdâtres, signes non équivoques de décomposition. Cependant l'odeur cadavérique ne se fait pas sentir, comme cela devrait être, où tout au moins elle est excessivement faible et masquée par les émanations de la mixture dont le corps a été entouré au moment de l'ensevelissement.

On compte procéder au deuxième enterrement de on dans deux ou trois jours. Auparavant, on pratiquera l'autopsie. La Faculté de médecine tient, on le comprend, à étudier ce cas des plus curieux et des plus intéressants.

Jouir d'une bonne santé est notre vœu le plus cher. Rien n'y contribuera plus que le Journal de la Santé. Ses causeries familières, ses conseils pratiques, ses consultations gratuites rendent journellement les plus grands services.

Le Journal de la Santé parait chaque dimanche en 32 pages. Chaque abonné a droit consultations gratuites données par d'éminents spécialistes. Le prix de l'abonnement est de 6 francs par an, 5, boulevard Montmartre.

vêtu..

s'affaissait, hier matin, vers six heures, sur la place du Châtelet. Des gardiens de la paix le transportèrent dans une pharmacie voisine, mais il expira pendant qu'on lui donnait des soins. Il venait de succomber à la rupture d'un anévrisme.

On a trouvé dans les poches du mort des papiers qui ont permis de constater son identité, un bulletin de mariage et un jugement de divorce. D'après ces papiers, le défunt serait le comte Auguste Galery de la Tremblaye. Il était âgé de,trente-six ans. Possesseur, il y a quelques années, d'une très belle fortune, il avait divorcé en 1890. Ruiné, il en était arrivé, de dégringolade en dégringolade, à faire le métier de camelot. On n'a pu savoir dans quel garni il habitait. Le cadavre de ce déclassé a été transporté à la Morgue.

Jean de Paris.

Mémento. Un peintre en bâtiments, Victor Cousy, âgé de quarante-trois ans, a été trouvé asphyxié, hier matin, chez,lui, boulevard de Charonne.

MODES. Maison Nouvelle, 1, rue de la Paix. M. Sylvain Dubois, chevalier de la Légion d'honneur, marchand de parapluies, 150, boulevard Magenta, est mort subitement hier soir à cinq heures dans l'omnibus allant du quai Valmy à la porte Rapp. Le corps a été ramené au domi- cile du défunt.

J. de P.

UNE AFFAIRE HORS LIGNE Dans un site ravissant entre la Seine et la gare d'Ablon, le beau Parc de la Faisanderie est vendu par petits lots à trois francs le mètre. Or la nouvelle gare d'Orléans, en face des Tuileries, va mettre ces terrains, avant l'Exposition, à quelques minutes du centre de Paris, et il est absolument certain que leur valeur atteindra rapidement, au moins le double ou le triple des prix actuels.

Il faut donc se hâter, avant la hausse inévitable, de s'adresser à la Direction du Parc, 16, place Vendôme, Paris, ou sur place à Ablon. Trajet 15 minutes par la gare d'Orléans (50 trains par jour) ou par les Bateaux Parisiens, départ du pont d'Austerlitz.

GAZETTE DES TRIBUNAUX Cour D'APPEL D'AMIENS La voleuse de pain de Château-Thierry.

(PAR DÉPÊCHE)

̃̃•'̃̃ Amiens, 22 avril.

Je suis venu suivre ici le second procès de Louise Ménard, cette malheureuse fille de Rudenoise (Aisne), qui, mourant de faim, prit un pain chez un boulanger du village et qui fut acquittée par le Tribunal de Château-Thierry, dans un jugement mémorable. Un procureur de la République, qui eût mieux fait de méditer le mot de Talleyrand « Pas de zèle 1 » crut devoir, interjeter appel de cette décision judiciaire inspirée par la pitié. Et voici Louise Ménard devant la Cour d'appel d'Amiens.

La prévenue est une jeune femme de vingt-trois ans, petite, menue, l'air très doux, avec des yeux bleus mélancoliques et de jolis cheveux; châtains. Elle est pauvrement mais très proprement vêtue de noir. LouiseMénard,après avoir éprouvé la mansuétude des juges, a connu l'inépuisable bonté de l'âme française. Non seulement elle 'a reçu pour elle, pour sa mère, pour le petit enfant qu'elle élèveet que, paraît-il, elle élève bien, des secours qui ont atteint le chiffre de 2,000 francs; mais elle a désormais sa vie assurée elle est employée comme « garçon de bureau », au journal la Fronde, où l'on est satisfait de ses services.

Le procès qui la ramène aujourd'hui devant la justice était à coup sûr inutile son acquittement pour cause de misère, dans les circonstances exceptionnelles où il s'est produit, ne faisait courir à la société aucun péril on oubliait volontiers le larcin auquel la faim l'avait acculée pour ne garder de cet incident judiciaire qu'une impression consolante et tout à fait chrétienne de pardon, de générosité publique et de réhabilitation. Le procureur qui a fait appel n'a donc pas compris qu'il heurtait le sentiment public et que l'affaire Louise Ménard était une affaire à classer? Enfin, puisqu'il nous amène à Amiens, voyons brièvement les débats.

C'est M. Goblet, qui a exercé pendant trente ans à ce même barreau d'Amiens, qui s'était chargé de la défense de Louise Ménard\ Le siège du ministère public est occupé par M. l'avocat général Burdin de Péronne; M. le président Obry dirige fort humainement les débats. Le rapport de l'affaire était confié à un magistrat qui, par une coïncidence curieuse, porte le même nom que la prévenue M. le conseiller Ménard, rapport impartial rappelant les circonstances très simples de la cause, sans aucune passion.

Louise Ménard est' la fille d'un ouvrier parisien qui l'a laissée orpheline à l'âge de quatre ans. Sa mère, originaire de Rudenoise, dans l'Aisne, est revenue après son veuvage dans son pays natal. Elle exerçait la profession de blanchisseuse mais, sa fille ayant eu un malheur, elle perdit aussitôt sa clientèle. Quant à Louise Ménard, aussitôt qu'elle eut sevré son enfant, elle essaya de travailler dans une fabrique de mousse, puis dans un atelier de boutons mais l'ouvrage était rare, irrégulier, le salaire misérable, une quinzaine de sous par jour quand on ne chômait pas, et, comme elle l'a dit lors de son premier interrogatoire, « la misère était entrée chez nous». Le département de l'Aisne lui donnait un secours de quinze francs par trimestre pour l'aider à élever son enfant. Le bureau de bienfaisance lui allouait trois kilos de pain et deux kilos de viande par semaine. C'était tout pour l'enfant, la mère et la grand' mère, et, le 22 février dernier, quand Louise Ménard sortit comme une folle pour aller prendre un pain chez le boulanger de Charly, il y avait trente-six heures que les deux femmes n'avaient mangé et que l'enfant n'avait plus une goutte de lait à boire. Vous l'aimez beaucoup, ce petit lui demandait le brigadier de gendarmerie qui l'interrogea. Vous tenez à le garder

Oh! oui, monsieur, lui répondit Louise Ménard en versant des larmes.

Mais le père né vous vient donc pas en aide? demandait encore le brigadier. Non, monsieur, je n'ai jamais reçu un centime.

C'est dans ces circonstances que Louise Ménard fut acquittée. M. le président Magnaud lui remit un secours à l'aide duquel elle désintéressa le boulanger. Malheureusement pour elle, les journaux parlèrent: Les aççpm-.

pagnaient le jugement et qui consti- tuaient une sorte de réquisitoire contre la société actuelle soulevèrent de violentes polémiques. L'histoire de cette pauvre fille réduite à voler par la faim excita la pitié publique, les dons affluèrent, et alors se produisit un revirement soudain dans la population de Rudenoise et de Charly. Avant l'acquittement, le maire de Charly, M. Morlot, député de l'Aisne, écrivait au procureur de la République que Louise Ménard était bien notée, qu'elle travaillait de son mieux, qu'elle soignait bien son enfant. Après l'acquittement, et surtout après l'envoi des premiers secours, la malignité et la jalousie villageoises se donnèrent carrière. « Il n'est rien de tel que de voler!» criaient les commères à Louise Ménard, sur le pas des portes. Elle dut quitter Rudenoise, se réfugier à Paris avec sa mère et son enfant, et aujourd'hui, dans des rapports supplémentaires que M. le conseiller Ménard ne peut lire sans embarras, le juge de paix et la gendarmerie se font l'écho de racontars et de commérages acharnés. Louise Ménart passait pour boire, pour se mal conduire, pour gaspiller follement les quinze francs par trimestre que lui accordait généreusement le département Des volailles ont disparu, du charbon a été volé dans le voisinage, ce ne peut être que par elle Un collatéral jaloux affirme même qu'elle a détourné des chemises provenant de la succession d'un parent commun, et une commère l'a vue, positivement vue, trois jours avant le vol du 23 février, glisser subrepticement dans son panier un croûton de pain, chez un autre boulanger de Charly.

Comme tout cela est vilain, mesquin, peu généreux et peu sincère! Et comme le Parquet a eu tort de se livrer à cette enquête après la lettre, indigne de la justice, honteuse pour la vérité et tout au plus bonne à enrichir les immortelles études de Balzac sur l'âme vil,lageoise 1 M: le conseiller Ménard tient à constater lui-même que si les bonnes âmes de Charly accusent Louise Ménard de toutes sortes de rapines, personne, au demeurant, n'a rien vu. Une seule chose reste malheureusement hors de doute l'extrême misère des deux femmes. M. le conseiller rapporteur se livre ensuite à une savante discussion de droit. L'article 65 du Code pénal interdit de punir celui dont la volonté n'a pas été libre. La faim peut-elle paralyser la volonté et rendre excusable un vol d'aliments ? C'est toute la question du procès. M. le président Obry interroge ensuite Louise Ménard

Vous n'avez jamais été condamnée, lui dit-il, vous travaillez et vous avez un bon certificat de la mairie; vous reconnaissez avoir pris un pain chez le boulanger de Charly et vous être enfuie ensuite par des .chemins détournés ?

R. Oui, monsieur.

D. Pourquoi ?

R. Je n'avais pas conscience de ce que je faisais. J'en ai eu conscience depuis, mais ce moment-là j'étais comme folle; depuis trente-six heures, ma mère et mon enfant n'avaient rien'à manger.

M. le président. Il fallait aller trouver le curé, le maire.

R. Je n'ai pas osé.

D. Le département et la commune vous venaient en aide. En dehors des quinze francs par trimestre que vous touchiez du percepteur et des trois- kilos de pain et des deux kilos de viande que vous receviez chaque semaine du bureau de bienfaisance, une dame charitable, Mme Drouai, vous donnait du lait pour votre enfant.

R. C'est vrai, monsieur. Un litre environ tous les trois jours.

D. Si va'us aviez demandé au maire un supplément de pain ou de viande, il ne vous aurait pas refusé.

R. J'ai eu tort de ne pas le faire. Nous n'avons jamais rien demandé. Nous prenions ce qu'on nous offrait.

D. Vous n'étiez pas bien courageuse au travail. Il fallait rester dans la fabrique de boutons, dans l'atelier de teinture de mousse où vous'avez été successivement employée.

R. Mais je ne gagnais que quinze sous par jour!

M. le président. C'était toujours celai R. Il fallait faire trois kilomètres jusqu'à l'atelier, et puis, il n'y avait pas toujours de l'ouvrage, surtout l'hiver, pour la mousse.

D. On dit que vous avez vendu des chemises qui provenaient do la succession d'un parent et qui ne vous appartenaient pas ? R. Pardon, monsieur, c'étaient des chemises à moi.

D. Et ce morceau de pain que, trois jours avant le vol, vous auriez glissé dans votre panier, chez un autre boulanger de Charly

R. Monsieur le président, je vous jure que c'est une invention.

D. Mais le boulanger vous a dit « Avec ce que vous avez déjà dans votre panier, cela vous fait bon poids. » Et vous êtes partie sans protester, toute confuse.

R. Ce n'est pas vrai. Le monde de Charly est si méchant 1

D. Avez-vous remboursé, du moins, le pain que vous aviez volé

R. Oui, monsieur, le soir même de mon acquittement, sur les 5 francs que M. le président Magnaud m'avait donnés.

M. l'avocat général Burdin.de Péronne, chargé de soutenir l'appel du ministère public, s'acquitte de fort mauvaise grâce de cette commission. Il- avoue ingénument que le jugement du Tribunal de Château-Thierry n'était pas de nature à révolutionner la France. Après tout, cette malheureuse qui avait faim pouvait n'être pas en possession de son libre arbitre au moment du vol. L'acquittement s'expliquait parfaitement et tout était dit. Mais les journaux ont parlé. Ils ont fait du tort au jugement du président Magnaud, à sa philippique contre l'organisation sociale, et dès lors il devenait impossible de laisser consacrer le droit au vol et de laisser dire que l'acquitte- ment de Louise Ménard était la condamnation de la société. « L'assassin de Nas- sandres, le misérable Caillard, pourrait soutenir aussi qu'il a tué.six personnes parce qu'il avait faim » (Mouvements divers.)

L'organe;du ministère public ne méconnaît pas que le droit ecclésiastique déclare excusable celui qui, en cas de danger extrême, s'approprie le bien d'autrui.Mais Louise Ménard n'était pas en danger de mort. Elle pouvait s'adresser à la mairie.au presbytère. Puis,est-elle bien sûre d'avoir tout fait pour s'épargner une pareille extrémité? Pendant les trente-six heures qu'elle est restée sans pain, at-elle cherché du travail ? Elle n'est même pas sortie de chez elle Elle est donc un peu la cause de sa misère. L'organe du ministère public requiert une condam-<nation, mais une condamnation des plus modérées avec application de la' loi Bérenger.

Je ne suis

qui ne montrent qu'un visage glacé et impitoyable du côté des misérables.

Me René Goblet, dans sa plaidoirie, a eu la sagesse d'éviter toute digression politique et de se cantonner dans une discussion juridique très serrée qui a fait grande impression. L'ancien président du Conseil s'étonne que le jugement de Château-Thierry soit devenu.uneaffaire d'Etat. Il s'étonne aussi de la trans- formation du sentiment public à Rudenoise et à Charly. Non, quoi qu'en disent aujourd'hui des renseignements de police recueillis après, coup auprès des envieux et des jaloux, Louise 'Ménard n'est pas indigne de la pitié des juges 1 Elle n'avait jamais commis aucune mauvaise action; elle ne buvait pas; elle ne se livrait pas à la débauche. Elle allait se marier au moment de ce déplorable incident. Elle adorait son enfant, et le maire de Charly a donné sur son. compte des renseignements qui n'ont pas été étrangers à l'acquittement. Sa misère n'est malheureusement pas niable 1

M. Boulland, artiste peintre, qui habite Charly, affirme que le bureau de bienfaisance avait réduit notablement, depuis ces derniers mois, le chiffre des secours, et, devenue fille-mère, Louise Ménard avait perdu les sympathies rurales. Le jour où elle a volé, elle devait 60 francs de loyer, 6 francs de lait et 2 fr. 50 d'épicerie. Elle n'osait plus frapper à aucune porte. Une vieille cousine, Mme Langlet, chez laquelle elle avait tenté une dernière démarche, l'avait éconduite en la traitant d'inconsciente. Quand les gendarmes sont arrivés chez elle, quelques instants après le vol, le pain était déjà aux trois quarts dévoré. Il y avait trente-six heures que là mère et la fille n'avaient mangé, réservant pour l'enfant quelques dernières gouttes de lait maintenant taries.

Me Goblet rappelle l'histoire des disciples du Christ, épuisés par la faim, cueillant le long des routes de Galilée, au grand scandale des pharisiens, quelques épis de blé mûr. Le Code de CharlesQuint déclarait exempt de peine celui qui vole dans une nécessité extrême, pour sauver sa vie, et le grand Frédéric disait à d'Alembert qu'en pareil cas le vol-n'est pas punissable, parce que l'intention est vertueuse.

Sans entrer dans toutes ces théories, il suffit de considérer très simplement les faits de la cause. Il faut que le magistrat reste un homme sous sa robe, et qu'il ne résiste pas, impitoyable, au grand mouvement qui pousse le monde moderne vers l'indulgence et vers la pitié. Il suffira aux magistrats de constater que la volonté de cette malheureuse, mourant de faim entre son enfant et sa mère, n'a pas été une volonté libre et que, dès lors, les juges de ChâteauThierry ont humainement et juridiquement décidé en l'acquittant. « La loi n'impose pas, a dit le procureur géné- ral Berthaut, l'héroïsme et le martyre.» La justice n'a jamais inquiété ni même recherché ceux qui affolés par l'épouvante, ont piétiné des femmes pour fuir dans l'incendie du Bazar de la Charité. Pourquoi condamner Louise Ménard affolée par la faim? Si elle avait volé avec effraction, en cassant une vitre, le pain qu'elle a simplement pris à la montre d'un boulanger, le jury l'eût certainement acquittée. La Cour d'appel d'Amiens fera de même. Elle laissera subsister dans nos annales judiciaires le jugement de Château-Thierry qui fait honneur à la justice et à l'humanité (Vifs applaudissements.)

Après une assez longue délibération, la Cour rentre en séance, rapportant un arrêt qui déclare que, dans les circonstances exceptionnelles de la cause, il est possible que la volonté de Louise Ménard n'ait pas été libre, et qu'elle doit bénéficier du doute. Par ces motifs, mais sans adopter ceux du Tribunal de Château-Thierry, c'est-à-dire saris entrer dans aucune considération d'ordre social, la Cour d'appel d'Amiens acquitte Louise Ménard au milieu des applaudissements de l'auditoire.

C'était bien la peine de recommencer le procès

Albert Bataille.

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M.

BASSES-PYRÉNÉE$

En 1885, la députation des BassesPyrénées état entièrement conservatrice en 1898, elle est entièrement progressiste. Aujourd'hui/comme autrefois, elle est homogène. On en doit conclure que les électeursdece département marchent tous, avec discipline et ensemble, dans la même voie, vers le même but. Seulement, leur but et leur chemin ne sont pas toujours les mêmes.

Les sept députés sortants seront réélus et, pour la plupart, triompheront sans même livrer un semblant de bataille. Les radicaux ne forment qu'une poignée de mécontents et les conservateurs se rallient. M. Brisson lui-même n'oserait ni les suspecter ni les traiter de perfides, car ils refusent toute candidature et engagent publiquement leurs amis à «voter pour les hommes qui ont soutenu la politique libérale, prudente et modérée du ministère Méline ». M. de:Gohtaut-Biron a donné cet excellent conseil dans une lettre récente que les journaux ont publiée.

MM. le docteur Quintaa, Harriague Saint-Martin, Berdoly, n'auront pas de concurrents, et si M. le docteur Clédou, dont la réélection est d'ailleurs certaine, venait par impossible à subir un échec, il serait remplacé par un progressiste, M. Lagourdette, qui a exactement le même programme. Quant à M. Jules Legrand, il a bien, à la vérité, un adver- saire, mais guesdiste, et le guesdisme n'est pas précisément en faveur dans les Basses-Pyrénées.

L'arrondissement d'Oloron est représenté par M. Barthou, ministre de l'intérieur, un des hommes les plus en vue de ce groupe des jeunes qui tient le haut du pavé parlementaire. On s'accorde à lui reconnaître de la finesse, de l'habileté, un flair très aigu et cette sage méfiance de la rosserie politique à laquelle il a dû bien 'souvent d'éviter les embûches, de transformer en autant de journées des dupes les tentatives carthaginoises de ses adversaires.

Il ne recherche ni ne fuit la bataille mais, une fois dans la mêlée, il porte à ses adversaires les coups les plus rudes comme aussi les mieux ajustés..Bien qu'il excelle dans la riposte, où son sangfroid et son esprit d'à-propos le servent à merveille, il prend volontiers, quand on 'l'attaque, une vigoureuse offensive et charge alors l'ennemi, avec la vigueur d'un Lasalle. Orateur clair, précis, avec du mordant et du nerf, il a une logique forte et une argumentation cuirassée.: Président du groupe progressiste, M.: Marty, député de Carcassonne; est incontestablement le plus aimable des Méridio:naux qui, d'ailleurs, sont tous aimables. C'est'un petit homme blanc comme une avalanche, actif, remuant, que ses amis nous donnent,pour un causeur très spirituel. A Garcassonne, il passe pour un viticulteur, éminent, et un jurisconsulte distingué; à Paris, on le tient pour un philosophe aimable. Sans être précisément un orateur, M. Marty a une parole abondante et facile, comme il convient à un avocat gascon. Nous ajouterions bien qu'il a été ministre; mais qui n'a pas été ministre

Son siège lui sera disputé par le socialiste M. Théron, un ancien député plus muet qu'une carpe, et par. M. de Belfor. tes, candidatsantisémite.

A Gastelnaudary, M. Marfan se retire. C'est un progressiste qui?sera' remplacé par un autre progressiste, M. le marquis de Laurens-Castelât.

Elu en 1893 sur un programme modéré, M. Dujardin-Beaumefz, député de Limoux, est devenu, sans qu'on sache pourquoi, et peut-être sans le savoir bien exactement lui-même, un pur radical, mais aimable, bon enfant et qui rit toujours. Son radicalisme, d'abord hésitant, s'est raffprmi depuis que.M. Bourgeois l'a baptisé, à l'heure des toasts :«Le rempart de Limoux » Cette petite flatterie l'a délicieusement chatouillé et il a M. Bouillais les-

mêmes yeux que Mme de Sévigné pour Louis XIV, après le fameux menuet. Il devra se défendre contre M. Ferrouil de Mongaillard, un avocat progressiste dont les chances paraissent sérieuses.

A Narbonne, le député sortant, M. Rouzaud, un progressiste, ne pose pas sa candidature..

Trois anciens députés se disputent son héritage: M. Bartissol, progressiste, et M. le docteur Ferroul, socialiste et auteur de maximes révolutionnaires dont voici quelques échantillons « Le suffrage universel est une blague !-Qu'estce que la patrie Une superfétation. Le système terroriste pourra s'acclimater en Franco plus tôt qu'on ne pense. Visons la caisse des bourgeois î If y aurait de quoi se tenir les côtes de rire si quelque bon b. cassait la g. aux magistrats qui condamnent. les anarchistes. Donnons du plomb aux patrons » Enfin, M. Cros-Bonnel, un radical qui nous arrive de l'Hérault, où sa défaite était certaine. Ce raffineur do souffre'était autrefois un opportuniste il se réclame aujourd'hui de M. Millerand et de M. Goblet.

Dans la seconde circonscription de Narbonne, M. Turrel battra, en se jouant, le socialiste, M. Narbonne, candidat éternellement malheurenx, et M. Berlioz, antisémite.

Protectionniste et viticulteur, Me Turrel a jur'é l'extermination des raisins secs et verse des pleurs sur ces pauvres vins du Midi qu'on s'obstine à ne pas préférer au bourgogne.

Enclin à l'exagération, comme la ,plupart de ses compatriotes, et doué d'une faconde turbulente, il remplit les couloirs de son tapage, et la buvette: de son bruit. Il est fort capable, comme Tartarin, de prendre un pied de céleri pour un chêne mais il a aussi des adresses et des finesses de Gascon qui lui ont permis de se tirer de plus d'un mauvais pas. Les solliciteurs lui reprochent de promettre avec trop de facilité la même place à dix personnes, et de finir par la donner à une onzième..

PaulBosq.

PARIS

Seizième arrondissement. Cet arrondis" sément forme aujourd'hui deux circonscrip- tions au lieu d'une seule, et l'ancien député, M. Marmottan, ne se représente pas. Son héritage est plus disputé que celui d'Alexandre de chaque pavé surgit une candidature. Elles sont pour la plupart progressistes. Dans la première circonscription, M. Che- nu-Laffitte, républicain libéral indépendant, dont nous avons publié la profession de foi, a pour concurrents

M. Bonnefous, docteur en droit, chef adjoint du' cabinet de M. Lebon, ministre des colonies. C'est un progressiste. Il demande « un gouvernement qui défende contre tous les empiétements les pouvoirs de l'exécutif; une République libérale; la réforme profonde des règlements parlementaires des économies sérieuses la liberté générale d'association égale pour tous, » etc.

M. Beauregard, professeur d'économie politique l'Ecole de droit, républicain. 1 M. Vaquez, premipr adjoint, qui se pré- occupe surtout des questions scolaires. M. Amateur-Morel, publiciste, et M. Maurice Charnay, socialiste.

Dans la deuxième circonscription, M. Ernest Gay, progressiste, se présente avec la recommandation et l'appui des trois grands Comités républicains libéraux l'Union libérale, l'Union nationale républicaine, le "Comité de l'industrie et du commerce.

Conseiller municipal depuis 1893, M. Ernest Gay a pour lui les services rendus, son rôle à l'Hôtel de Ville et la recommandation très nette'de M. Marmottan.

-Opposé à l'impôt sur le revenu, il est parti- san « d'une réforme financière sagement, mûrement étudiée; d'une meilleure méthode de travail parlementaire; de sérieuses économies de la liberté de conscience et de la paix religieuse. »

Il termine sa profession de foi par cette dé,claration,à laquelle nous ne pouvons qu'applaudir « Français et patriote, je pense que la France doit être forte et puissante, maîtresse chez elle, respectée à l'extérieur, et que ceux-là sont de mauvais Français qui atta- quent l'armée, parce que notre armée nationale est la suprême sauvegarde de la patrie françaisa. »

Les autres candidats progressistes sont MM. Paul Leroy-Beaulieu et 'Fortin.