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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1898-04-23

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 23 avril 1898

Description : 1898/04/23 (Numéro 113).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k284357q

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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^opinion

d'un Américain

Dans le conflit si profondément regrettable qui vient de surgir entre l'Espagne et les Ltats-Unis/ nos sympathies ont toujours été et resteront toujours pour l'Espagne, ce valeureux et malheureux pays qui a pour lui le droit positif; qui, en outre, n'est pas l'agresseur, et auquel nous rattachent, comme à toutes les races latines, tant dé'communautés d'idées, de souvenirs et de sentiments. Mais nous ne saurions contester que les Etats-Unis forment un grand peuple qui a prouvé maintes fois à la France ses sympathies; aussi considérons-nous comme un devoir envers nos lecteurs de donner aujourd'hui la parole à l'un de leurs hommes. d'Etat les plus considérables, qui demande à expliquer, ici, l'attitude de ses concitoyens devant le public. -français.

La guerre avec l'Espagne est malheureusement devenue inévitable et, il faut l'avouer, on accuse généralement én Eu-' rope les. Etats-Unis de l'avoir provoquée dans un but égoïste. Même en France, les sympathies vont à l'Espagne. Il faut croire que nous ne possédons pas l'art de nous rendre sympathiques ni d'embellir nos actes; nous sommes, dit-on souvent, un peuple trop positif. Je vous suis donc, monsieur le Directeur, fort reconnaissant de me permettre de profiter delà très grande publicité du Figaro pour essayer de rétablir la vérité. Audiatur et altera pars. Je vais essayer, en faisant un récit sobre et exact des événements, de démontrer comment la fière et illustre nation espagnole est arrivée par sa mauvaise direction des affaires de Cuba à créer une situation intolérable pour les Etats-Unis.

On peut dire que, depuis trente ans, la situation de Cuba est absolument anormale. En 1868, la première grande insurrection éclata et dura pendant dix ans avant que l'Espagne pût la réprimer. La guerre civile, à cette époque, ne fut pas conduite aussi cruellement que maintenant et la répression ne fut pas aus^j sévère. Cependant un assez grand nombre d'individus, parmi lesquels des sujets américains, furent passés par les armes sous prétexte de flibùstèrié. Lé gouvernement des. Etats-Unis que présidait alors le général Grant, n'intervint en aucune façon dans cette longue guerre, qui cependant lésait considérablement les intérêts commerciaux de ses nationaux. Après cette première insurrectiori, il y eut à Cuba plusieurs soulèvements de moindre importance. Les Cubains ne supportaient que très difficilement la domination de l'Espagne. Cette dernière les accablait d'impôts et confiait l'administration de l'île à des fonctionnaires espagnols qui ne connaissaient 'pas le pays et l'administraient très mal. Les Cubains étaient exclus de tout emploi dans leur pays et privés de leurs droits, politiques. Il n'est donc pas étonnant que leur exaspération ait fini par amener la révolte générale de 1895.

La guerre civile éclata; elle a été faite des deux côtés avec un acharnement et une cruauté sans exemple jusqu'ici elle dure depuis trois ans et rien ne fait prévoir le moment où elle prendra fin. L'Espagne a envoyé à Cuba 200,000 hommes parfaitement armés, ainsi que ses meilleurs officiers. Les insurgés, de leur côté, n'ont janiais réussi à opposer à cette armée formidable plus de 27,000 combat;'tants dépourvus de cavalerie et de canons à tir rapide. Cependant ils luttent toujours et les Espagnols n'arrivent pas à pacifier l'Ile. N'est-ce pas étrange? Ce fait incompréhensible ne permet-il pas toutes sortes de suppositions, celle, entre autres, que le gouvernement de Madrid n'avait pas entièrement dans ses mains le contrôle de la façon dont a été conduite cette guerre qui a ruiné les finances espagnotes ?

On se plaît à dire en Europe que la ducée de l'insurrection est due en grande partie à l'appui que les insurgés ont trouvé aux Etats-Unis. Je vais m'expliqùer aussi franchement et aussi nettement que possible sur ce point capital. Il est certain que nous sympathisons avec les Cubains; que nous admirons leur courage et que nous compatissons à leurs souffrances. Nous avons de tout temps fait avec Cuba un commerce considérable et les capitaux américains sont largement employés dans l'île. Les Cubains ont toujours entretenu avec nous .de très amicales relations. et beaucoup d'efttre eux sont venus passer chez nous une partie de l'année, Cuba n'étant séparée des Etats-Unis que par une petite. distance. Un nombre considérable de Cubains se sont mariés chez nous et ont obtenu la naturalisation américaine. Toutes ces circonstances devaient. naturellement créer un courant de sympathie entre les deux peuples.-Il n'est donc pas surprenant que les souffrances des 'Cubains aient causé une pénible impression aux Etats-Unis et qu'on y souhaite vivement la fin de la triste situation qui désole Cuba. Cependant le gouvernement de Washington n'a jamais cessé de remplir ses devoirs internationaux vis-à-vis de l'Espagne. Il n'a rien à se reprocher à ce sujet.

Il.existe entre les Etats-Unis et l'Espagne un traité d'après lequel nous sommes tenus d'arrêter les expéditions de fli6ustiers armés se rendant au secours des insurgés-cubains. Notre gouvernement est allé plus loin encore; il.aafrêté.des navires à bord desquels nos croiseurs ont trouvé des hommes sans armes mais qui, évidemment, tentaient de se rendre à, Cuba; il a fait saisir des navires qui

contenaient des munitions et des armes et qui étaient supposés avoir la même destination. Cette surveillance de notre côte, longue de 2,000 milles, nous a été très onéreuse; nous avons cependant réussi à arrêter toutes les expéditions flibustières parties des Etats-Unis, sauf trois ou quatre de peu d'importance qui ont réussi à tromper notre surveillance et. à débarquer à Cuba. Pourquoi, du reste, les Espagnols, qui ont de nombreux navires dans les eaux cubaines, n'ont-ils pas empêché eux-mêmes les flibustiers de débarquer ?

En dehors de la surveillance des côtes, qui nous a coûté au moins cinq millions de francs par an, nous avons eu à payer les frais des quarantaines qu'il nous a fallu établir le long de nos côtes, afin de prévenir l'importation aux Etats-Unis des maladies qui sévissent à Cuba depuis que le gouvernement espagnol a donné l'ordre de masser dans les villes de l'île les reconcentrados, dans le but d'empêcher les insurgés de se recruter parmi eux. De cette façon a été créée une promiscuitéépouvantable entre des hommes, des femmes et des enfants affamés, presque nus, et des soldats espagnols, ce qui a provoqué d'affreuses maladies. La malheureuse population cubaine, ngguère composée de l,7PQ,000 âmes,' s'est vue diminuer, en peu de temps, d'un quart par l'émigration, la guerre et les maladies. Il a fallu, à tout prix, empêcher les maladies contagieuses de pénétrer dans le continent américain, et voilà pourquoi,, entre.la Floride et le Texas, nous devons entretenir, le long de nos côtes, des quarantaines très onéreuses. Nous avons, en outre, à plusieurs reprises, envoyé des secours en argent 'et en nature à Cuba. C'est ainsi que 100,000 dollars ont été envoyés d'un seul coup par notre gouvernement et distribués aux infortunés Cubains par nos consuls. Cependant la misère persiste et augmente constamment.

Joignez à cela les pertes très considérables subies par mes compatriotes par suite de l'anéantissement de leur commerce et de la ruine de leurs propriétés à Cuba, et vous comprendrez que le désir soit unanime aux Etats-Unis de voir se terminer une guerre civile si désastreuse. Cependant, à ce désir ne s'ajoute aucune velléité de conquête ou d'annexion, du moins chez. la grande majorité des sujets des Etats-Unis. Je prétends hardiment qu'il n'y a pas 15 de ceux-ci qui souhaitent l'annexion de Cuba. Vous ayez vu que le Congrès de Washington, la plus haute autorité politique dé notre pays, vient de voter une résolution d'après laquelle les Etats-Unis repoussent toute intention d'annexer Cuba et affirment leur détermination, lorsque la pacification sera accomplie, de laisser le gouvernement et le contrôle de l'île à son peuple.

C'est cette pacification que nous voulons. Il faut que la guerre quai depuis des années se fait à nos portes cesse, comme l'a dit M'. Mac Kinley. C'est pour nous une question d'humanité, et aussi de tranquillité. Est-ce qu'en Europe une grande puissance aurait supporté si longtemps dans son voisinage une conflagration et un foyer de troubles, mettant les populations dans Un état de surexpitation constante, préjudiciable au commerce, nuisible à d'autres intérêts encore?

J'ose dire que non.

Il est possible que les Etats-Unis n'auraient pas été conduits à cette extrémité et qu'ils auraient pu s'entendre avec l'Espagne sur la manière de mettre fin à l'intolérable situation à Cuba, si deux faits ne s'étaient produits. ces derniers temps qui ont mis le comble à l'exaspération de mes compatriotes. Je parlerai d'abord de la malencontreuse lettre interceptée à Cuba de M. Dupuy de Lôme, ministre d'Espagne à Washington, adressée à un de.ses amis et dans laquelle ce diplomate appelait M. Mac Kinley, notre Présidente a common politician », et insinuaittrès clairement que l'autonomie offerte par. l'Espagne aux Cubains n'était pas une mesure sérieuse.

Ensuite est venue l'affaire de l'explosion 'du ltfaine; envoyé en mission amicale à La Havane, à la suite de négociations avec le gouvernement de Madrid, lequel, de son côté, avait décidé d'envoyer un navire de guerre à New- York. Eh bien! le rappôrt officiel de nos marins a prouvé que c'est une mine sous-marine qui a causé l'explosion du Maine. Nous n'acèusons' pas les autorités espagnoles d'avoir provoqué ce malheur, mais nous avons le droit de dire que l'Espagne s'est montrée incapable de faire la police dans un port qui lui appartient, et qu'elle doit assumer la responsabilité de la mort de plus de deux cent cinquante marins dont notre pays tout entier porte le deuil.

M. Mac Kinley n'a demandé aucune indemnité il. l'Espagne pour cette catastrophe, pas plus que notre Congrès ne réclamera la possession de l'île de Cuba en compensation des sacrifices considérables que la guerre ya nous coûter. Pourquoi alors l'Europe nous j uge-t-elle si sévèrement?

Pourquoi ne veut-on pas croire que nous puissions faire la guerre dans un but humanitaire et dans le dessein de rendre la tranquillité à notre pays où la guerre est, par principe, abhorrée et où l'on ne cherche que des progrès pacifiques ?

Est-ce trop de demander un peu de crédit jusque ce que ceux qui nous condamnent, aujôtrfd'hui soient en état de nous juger plus équitablement? Enfin, les Français ont-ils oublié qu'il y a un siècle ils sont venus eux-mêmes au secours de notre nation naissante et que, sans autre mobile que d'assurer nôtre liberté et notre indépendance, ils ont généreusement versé leur sang et leur or?

C'est exactement ce que nous voulons faire aujourd'hui pour les Cubains. Un Américain.

AU JOUR LE JOUR

LA STATUE DU DUC D'AUMALE Comme on a pu le voir, le Conseil municipal de Chantilly a eu le bon goût de s'incliner devant la volonté du statuaire Gérôme qui te.nait à voir la statue équestre de son prince et ami le duc d'Aumale s'épanouir au grand air et au grand soleil, à la sortie des écuries que fit construire Louis-Henri de Bourbon, sep.tième prince de Condé.

Le Conseil mùnicipal de Chantilly avait résolu, l'année dernière, d'élever un monument à la mémoire du duc d'Aumale sur la place de l'Hospice. Mais pouvait-on savoir alors quel serait ce monument? Pouvait-on installer là, avec la mesure de deux mètres, celui qui était plus fier de son uniforme de général que de son habit d'académicien ?

.Gérôme, très initié à la pensée intime de son illustre et bien-aimé collègue de l'InstituÇ, a trouvé- que cet emplacement offrait de nombreux inconvénients; il a pensé qu'il serait facile de ramener la municipalité à de meilleurs sentiments artistiques, qui d'ailleurs ne lui font point défaut.

Pouvait-on croire, d'ailleurs, qu'une popula- tion éduquée en belle architecture admettrai^ de gaieté de cœur une pareille faute d'orthographe ? D'autre part, pouvait-on douter de ses sentiments de respect pour la mémoire d'uç prince qu'elle regrettera longtemps? Il y avait là une question de quartier fort délicate. Il eût fallu une demi-douzaine de statues pour contenter la population. Tout le monde en voulait, tout le monde en demandait. C'est donc de la grande porte monumentale du bel'édifice des Grandes Ecuries que sortira le duc d'Aumale, à cheval, le cheval terminant son allure et sur le point de s'arrêter, le prince en uniforme de général commandant à Besançon, tenant son chapeau de la main droite et saluant Chantilly. Quelle charmante réduction à obtenir de l'auteur pour offrir un prix de course Quelques souscripteurs avaient eu l'idée de faire représenter le duc d'Aumale en colonel du 17e léger, le duc d'Aumale de Ma^s c'est ainsi qu'on le verra sur son tombeau à Dreux: Chantilly moderne n'eût pas retrouvé la physionomie populaire -qu'il se plaisait à saluer et qu'il aimait. Le soldat d'Afrique est plus loin de nous, l'uniforme. a déjà un petit air vieilli. Et dans sa carrière militaire, on peut se demander s'il. ne fut pas plus fier de la seconde période'que de la première qui marqua pourtant le beau temps de sa vie, puisqu'il était déjà un brillant officier et qu'il prenait une épouse qui- lui laissa les plus tendres souvenirs.

Le colonel' du léger, les chasseurs d'Afrique, les zouaves, tout cela marquait une époque bien française. Mais Gérôme a voulu se rapprocher de nous et le peindre au moment où la République mac-màhonienne lui rendit son épée; au moment où dans ses écuries. la place d'honneur appartenait à son cheval de bataille, voisin de box de sa ponette Pélagie, sur laquelle il faisait ses promenades de propriétaire pour visiter le domaine qu'il a laissé à la France, le jour où un gouvernement de passage eut la singulière fantaisie de l'envoyer en exil.

Maintenant que le vote du Conseil municipal de Chantilly est un fait acquis, il convient de féliciter la majorité qui s'est rangée à l'avis de Gérôme cette majorité a fait acte de sagesse et, le sait-elle? a sauvé la ville d'un petit danger de ridicule. Il ne faut pas, en pareille circonstance, fournir prétexte à des scènes de revue. Et la scène de revue était tout indiquée. On eût infailliblement imaginé une statue équestre à roulettes que l'on eût promenée par les rues, l'arrêtant à chaque place utile pour les besoins du mastroquet. C'eût été mal servir la mémoire du généreux donateur auquel Chantilly devra la conservation immortelle de l'un des plus beaux domaines de France, qui toujours servira non seulement à sa gloire, mais à sa prospérité. Il est des moments où un maire intelligent et bien avisé mène son Conseil à la conquête du bon sens. Tel vient d'être le cas de M. Vallon.

A. de Saint-Albin.

Echos

La Température

Le baromètre baisse de nouveau dans l'ouest de l'Europe, et les fortes pressions se retirent sur l'Allemagne. Il pleut dans le nord de l'Italie, et en France on a recueilli 7mm d'eau à Toulouse, 2mm à Nice, 1mm à Paris. Le temps nuageux et frais va persister sur nos régions, et des averses sont probables dans l'Est et le Sud.

Hier, à Paris, temps couvert, avec abaissement de la température. Le thermomètre n'a pas dépassé 140 dans l'après-midi. Le baromètre, en baisse sur la veille, se tenait le soir à 76omm.

tes Courses

A 2 heures, courses à Neuilly-Levalloist Gagnants de Robert Milton

Prix de Suresnes Quenotte (Richer). Prix de la Jatle Phryné.

Prix Ellora Réclame.

Prix Fuschia Réaumur.

Prix du Volga Finette.

UN DISCOURS ET UN ARRÈT

Avez-vous vu, dans les gares, former les trains? Les hommes d'équipe se réunissent derrière le wagon à déplacer et, sans à-coup, posent la main sur lui, parce que sa masse résisterait à une secousse et obéit à une pression lente.

C'est un peu ce qui se passe, en ce moment, avec cette lourde machine qu'est le suffrage universel. Les uns après les autres, les hommes politiques viennent lui imprimer une poussée. Avant-hier soir, c'était le tour de M. Waldeck-Rousseau, qui ne plaint ni sa peine ni ses conseils. Il parlait devant les Comités il a dit'du

tuai desbdulangistes 1 Au premier abord cela semble bizarre, car Boulanger et Gambetta sont morts tous les deux, et autant l'un que l'autre. Mais à la réflexion, on comprend que ces deux entraîneurs d'hommes ont laissé leur nom à des groupes qui ne rentrent pas tout à 'fait dans les nomenclatures classiques. Ainsi les gambettistes sont des répuGains de gouvernement, ce qui ne s'était pas encore vu.. Et les boulangistes sont des césariens pour qui César est de trop bonne famille.

En somme, deux états d'esprits inclassables, et par conséquent illogiques, et par conséquent ultra-modernes. Ce que je préfère, dans la harangue de M. Waldeck-Rousseau, ce n'est pas sa dissertation sur la neutralité de l'Etat en matière de religion, c'est-à-dire sur l'athéisme de l'Etat.

C'est le programme très explicite de l'œuvre qui s'impose à la future Chambre. Si cette Chambre accomplit toute la besogne que le sénateur de la Loire rêve pour elle, et si elle commence par s'obliger elle-même à être raisonnable en' s'interdisant le pillage et le gaspillage de son temps et de nos finances, si elle confectionne toutes les lois urgentes, y compris celle qui rendra nos syndicats 'propriétaires, c'est-à-dire conservateurs, «on pourra dire d'elle que c'est une bonne Chambre.

M. Waldeak-Rousseau n'a pas craint, et il faut l'en- louer, de rappeler que la Constitution contient des armes contre les fantaisies parlementaires. On peut inviter la Chambre à délibérer une seconde fois. On peut la dissoudre. Aucun président de la République n'a osé faire usage de la première de ces deux facultés. Mac-Mahon a fait usage de la seconde. Mais la chose a si mal tourné que ses successeurs ont pris peur de la dissolution.

Faut-il deviner, dans cette évocation de pouvoir dissolvant, une menace? Et les sénateurs auraient-ils dans leurs .conciliabules discuté déjà l'éventualité d'une dissolution pour le cas où la Chambre qui vient serait aussi incohérente que la Chambre qui s'en va? Hier, la Cour d'appel d'Amiens a confirmé le jugement fameux du Tribunal de Château-Thierry, acquittant une fille Ménard qui, poussée par la misère, avait volé un pain. Mais l'arrêt met à néant les considérants des premiers juges et se contente de"dire que l'intention délictueuse n'était pas démontrée..Il est dicté par la raison --même.. Les intentions du juge de ChâteauThierry, étaient bonnes. C'était; sa prose qui était mauvaise.

L'arrêt de la Cour d'Amiens ne contristera personne et sera âpprouvé par tout le monde, même par ceux qui écrivent dans ce que M. Goblet appelle la presse bien pensante, pour avoir l'occasion de prétendre qu'ellé'est l'organe des intérêts égoïstes. Nous reparlerons de cela quand il plaidera pour un boulanger.- J. CoRNÉLY.

Anatole France va se révéler sous un nouvel aspect celui d'auteur dramatique. Titre de la pièce: Au petit bonheur, un acte, destiné à être joué au mois de mai dans les salons de Mme Arman de Caillavet. Interprétas, une troupe d'amateurs. qui sont de véritables artistes Georges Fey.deau, incomparable jeune premier, aussi habile pour jouer des pièces que pour en composer; la charmante Mme Gaston de Caillavet, le comte Robert de Flers, Mme Picot.

Les rares privilégiés qui connaissent la nouvelle œuvre de l'auteur de Thaïs disent que c'est une merveille de grâce, d'esprit et d'ingéniosité. Nous serions bien étonné si l'on n'avait pas le grand bonheur d'entendre Aupetit bonheur sur là scène de la, Comédie-Française. La première « chauffeuse M..

Mme la duchesse d'Uzès a passé hier, en présence des ingénieurs des ponts et chaussées, son examen de conductrice d'automobile dans Paris.

Disons tout de suite que la candidate, au cours des quarante kilomètres que ses examinateurs lui ont fait parcourir, a répondu avec autant d'assurance et autant d'habileté que si elle eût été la gagnante de nos dernières grandes cour7 ses d'automobiles.

L'exemple de la duchesse d'Uzès va d'ailleurs être prochainement suivi. Mme la princesse de Montglione va, dans quelques jours, affronter les foudres des examinateurs spéciaux.

On à commencé hier à la Monnaie la frappe de la nouvelle pièce de dix centimes de Daniel Dupuis. • Dans la soirée, environ une vingtaine de mille exemplaires avaient été frappés. Les premiers ont été patinés et présentés à M. Cuchery qui en a offert un certain nombre à quelques privilégiés.

La* frappe continuera désormais jusqu'à concurrence d'une somme de quatre cent mille francs, soit de quatre millions d'exemplaires du nouveau décime, dont le public pourra dès lundi apprécier la beauté, les caisses de l'Etat devant la semaine prochaine en être approvisionnées.

Le sacre de Mgr de Bonfils, curé de Saint-Roch, évêque élu du Mans, aura lieu dans son église paroissiale vers la fin du mois de mai et sera présidé par le cardinal Richard.

..La date de la cérémonie sera fixée ultérieurement, le nouveau prélat n'ayant pas encore reçu ses bulles. On sait que les nouveaux évêques ne peuvent être sacrés avant que leurs bulles aient été enregistrées par le Conseil d'Etat. Landau historique.

Souscetïtre,leTattersallannonçaitpour ayant-hier jeudii £ une heure et demie^

la vente du landau appartenant au doc- teur T. W. Evans, dans lequeL S. M. l'impératrice Eugénie avait quitté Paris, le 4 septembre i870, pour aller s'embarquer à Granville.

Quelques heures avant la vente, les héritiers du docteur Evans ont fait retirer cette voiture du lot dans lequel on l'avait par erreur comprise.

C'est à François lui-même, l'ancien piqueur du docteur Evans, qui avait conduit la souveraine de Paris à Granville, que l'on a confié le landau historique, remisé jeudi soir au fond d'une cour vitrée :de la rue de la Pompe, dont, il a la garde.

Nous fimes la route en trois jours seulement, nous a dit ce brave homme en nous montrant le vieux landau, et par des chemins détournés, car il s'agissait de dépister. ceux qui pouvaient nous suivre. D'une seule étape, nous, allâmes coucher à Mantes, à l'hôtel du Grand-Cerf, si j'ai bonne mémoire; et le lendemain, nous prenions gîte à Lisieux, à l'hôtel de France, après un arrêt à,Bemay.. Bien malin qui nous aurait reconnus dans le simple appareil où nous voyagions. J'étais seul sur le siëge; les docteurs Evans et-Crean occupaient Je fond de la voiture, ayant fait placer par prudence sur la banquette.de devant Mme Lebreton et Sa Majesté' qui était assise ici.

Ce disant,. François nous indique le coussin de maroquin noir sur le coin gauche du landau très sobre au chiffredeux E adossés du .-docteur Evans. Le landau historique est destiné probablement au musée Evans de Philadelphie.

L'empereur de Russie, désireux de contribuer au succès de l'exposition des œuvres des trois Vernet,qui s'ouvrira au commencement de mai, à l'Ecole des beaux-arts, et aussi de donner une preuve de tout l'intérêt qu'il porte à la Ligue des Enfants de France, dont Mlle Lucie Faure est la présidente dévouée, œuvre charitable qui doit bénéficier d'une part des recettes de l'exposition, prête pour cette solennité artistique le portrait de Nicolas Ier et de ses enfants, par Horace Vernet qui fut, comme on le sait, le peintre favori de rarrière-grand-përe du Tsar actuel. Ce tableau doit arriver à Paris sous peu de jours, expédié par les soins de l'ambassadeur de France à Saint-Péters-'bourg. Ce sera assurément un des clous de cette exposition si impatiemment attendue.

LeComité,qui a déjà recueilli un nom.bre considérable .d'offres d'oeuvres d'art signées des noms de Joseph, de Carie et d'Horace Vernet, nous prie de faire savoir que toutes les communications relatives à l'exposition doivent être adressées à M. Gérôme, président du Comité. Aujourd'hui, à l'hôtel Drouot, continuation pour les estampes de la vente de la Collection Jules Michelin. L'oeuvre des Orphelinats agricoles, dont la présidente est Mme la duchesse de Vendôme, donnera son concert annuel,' comme nous l'avons dit, mardi 26, en matinée, à la Renaissance.

On sait avec quelle grâce et quelle générosité Mme Sarah Bernhardt a offert sa salle, son précieux concours et celui, de ses artistes.'M. Coquelin aîné a promis son concours dans les mêmes conditions, et le programme est des plus attrayants avec les meilleurs artistes parisiens.

Cette matinée sera certainement un très grand succès artistique et mondain. Parmi les loges et les places retenues, nous trouvons les noms suivants S. A. R. la duchesse de Vendôme, princesse Louis de Croy, duchesse de Reggio, ambassadeur d'Espagne, ambassadeur d'AutricheHongrie, ministre de Portugal, ministre de Roumanie, prince Ghika, marquise de Lubersac, comtesse Greffulhe, vicomtesse de Trédern, comtesse A. de Nicolay, marquise d'e Gouvello, princesse A. Bibesco, comtesse G. de Polignac, baronne de Fonscolombe, Mme de Chazelles, baronne de Rochetaillée, marquise de Saporta, comtesse Werlé, vicomte de Champeaux-Verneuil, vicomtesse de Durfort, Mme Gosselin, comtesse de'Nadaillac, comtesse de Najac, comtesse de Dampierre, etc.

Dans quelques jours, toute la série des « Doux Pays » de Forain sera exposée au Salon du Figaro.

Le public pourra revoir ainsi, dans leur ensemble, ces oeuvres d'une touche si puissante, et d'une ironie souvent cruelle où l'artiste a fixé la note caractéristique des événements qui se sont déroulés sous nos yeux et des passions qui nous ont agités. Les amateurs trouveront à cette exposition un attrait nouveau, Forain ayant rehaussé ses originaux de teintes de couleurs qui leur donnent un haut cachet artistique.

La vente de cette série des « Doux Pays » suivra l'exposition. Le catalogue sera prêt d'ici à deux ou trois jours et les amateurs pourront en faire la demande aux, bureaux du Figaro.

Le beau drame de Jean Richepin, la Martyre, qui vient d'obtenir un si grand succès d'émotion à la Comédie-Française, paraît aujourd'hui chez l'éditeur Fasquelle.' La saisissante histoire de cette païenne que l'amour conduit au christianisme et au sacrifice de sa vie a fourni au grand poète l'occasion d'exprimer les sentiments les plus élevés en des vers rayonnants de force et de beauté.. Le Saint-Cendre de Maurice Mainaron est le roman le plus original, la plus attrayante lecture que l'on ait offerte au public depuis longtemps. L'auteur a une érudition si évocatrice de vérité que le marquis de Saint-Cendre, protagoniste passionné d'une action de sang et de joie, apparaît en péel seigneur du. seizième siècle, ressuscité par prodige, avec la grâce de sa fantaisie, son instinct de la volupté, son ardeur farouche à la

Hors Paris

De notre correspondant de Nice

« Le prince et la princesse de Roumanie ont déjeuné aujourd'hui avec S. M. la reine Victoria. La Reine a fait ensuite une promenade à Falicon; en compagnie du jeune prince Alexandre de Battenberg, de lady Southampton et de l'honorable miss Phipps. »

Courrier de Monaco

« Aujourd'hui aura lieu au théâtre de Monte-Carlo un superbe assaut d'armes organisé par, M. Albert Gautier, le très' Compétent escrimeur niçois.

» Le clou de cette réunion sera la lutte. entre .trois maîtres français et trois; maîtres étrangers, puis entre trois amateurs français et trois amateurs étrangers. ̃ ̃ i » La séance débutera par une conférence. de M. J.oseph-Renaud puis se mesureront au fleuret les professeurs Michel (Nice) et- Gelas (Cannes) Mimiague (Cercle de l'Escrime de Paris) et Sartori' (de Gênes) Lézard (6e chasseurs) et' Desmedt (Bruxelles).

» En dehors d'un assaut de boxe anglaise, une lutte à l'épée mettra aux prises ..MM. Joseph-Renaud, amateur, et' A. Onerti, amateur génois.

Après un, assaut de sabre entre les maîtres italiens Barbasetti et Sartori, le fleuret reprendra ses droits avec M. le capitaine Costé, amateur, qui se mesrera 'avec M. Tiberini, de Gênes, et G. Rouleau, qui tirera avec Barbasetti. » Avec un pareil programme, réunissant de pareils noms, cette fête de l'épée, destinée à un énorme succès, comptera dans les annales de l'escrime.

» Elle sera présidée par M. Edmond Dollfus.

C'est un véritable été que le printemps de Dax. Le soleil devient un des facteurs essentiels du traitement que les rhumatisants et les névralgiques suivent. aux Grands Thermes où les attire la renommée vingt fois séculaire des eaux et boues dacquoises. Les Grands Thermes sont l'établissement sélect de la station. La montagne va en excursions.- Que de services rendus par les Comprimés de Vichy-Etat!- Les Comprimés de Vichy-Etat permettent de préparer instantanément une eau alcaline gazeuze très agréable et ,très économique; Pour éviter la fraude, exigez la marque au- thentique Vichy-Etat.. ',< ̃ Nouvelles à la Deux femmes de lettres se rencontrent devant un bureau d'omnibus ,et taillent une.si longue bavette que, lorsqu'elles, se décident à prendre leur omnibus, le contrôleur déclare à l'une d'elles que sa correspondance ne vaut 'rien. Celle-ci rougit 'et demeuré interdite. Alors, l'autrebas bleu:

Vous voila confuse pour'peu de chose, ma chè.re Je comprendrais cela si vous étiez Mme de Sévigné!

Quatrain un.peu gaulois trouvé dans' la boîte du journal, à propos du conflit hispano-américa'in Si les événements très graves de Cuba Ont dérouté.partout les plus flns diplomates, C'est que ceux-ci, dit-on, n'ont cru voir dans tout ça' Qu'une affaire de euls-de-jattes !̃ •

Le Masque de Fer.

La guerre entre PEspagne et les Etats-; Unis etant désormais commencée,, nous avons confié le compte rendu des opérations militaires et, navales à notre collaborateur M. Maurice Loir, ancien officier de, mârine, qui, sous le pseudonyme de Marc Landrÿ; a publié dans nos colonnes une sérié d'articles si- remarqués.1

Il réunira. sous une seule rubrique toutes les nouvelles que nous enverront noscorrespondanis de Cuba,' de Washington ou.de Madrid,. Les lecteurs du Figaro peu- vent être assurés, grâcé à notre large" systèmé- de correspondances et de dépêches, d'être complètement reyseignés chaque matin sur les opérations militaires ou naùales des deux pays, ainsi que sur la portée politique de ces opérations.

LA GUERRE Lès hostilités sont ouvertes. Et ce sont les Américains qui ont donné le signal. Hier matin, à cinq heures quarantecinq, une partie de la flotte concentrée à Key-West,à l'extrême sud de la Floride, est partie pour La Havane. Elle se composait du croiseur cuirassé New-York, des cuirassés Iowa, Indiana, Massachusetts, des croiseurs Cincinnati, Nashville, Montgomery et d'autres petits navires, laissant derrière elle, au mouillage, deux monitors, trois croiseurs et trois torpilleurs. Elle était placée sous le commandement du capitaine de vaisseau Sampson. Il faut noter, en effet, qu'aucun des amiraux des Etats-Unis ne sert pour le moment à la mer. On a jugé ces officiers trop vieux; c'est ainsi que le contre-amiral Siccard, qui coinmandait cette escadre au début, a résilié son commandement pour raisons de santé, et que l'escadre volante qui'stationne à Hampton-Roads est sous les ordres du commodore Schleg.

Chemin faisant, la flotte américaine a rencontré un vapeur marchand espagnol, la Buenaventura,qui venait du Texas avec une cargaison de bois. Le croiseur Nashville lui envoya, suivant les usages admis par les lois internationales en temps, de guerre, un premier coup de canon à poudre, dit coup d'assurance, poùv l'obliger à montrer ses couleurs et à s'arrêter.' Le bâtiment espagnol, n'ayant pas ténu compte de cet avertissement, fut canonné ce qui est encore conforme au droit des gens. Mais il ne tarda pas à se rendre son équipage était ."de vingt;