Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 6

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1896-01-20

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 20 janvier 1896

Description : 1896/01/20 (Numéro 20).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k283529s

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 79%.


20 JANVIER i896

> ̃ ̃̃Ctf'Cqjs ̃̃ '•̃̃̃

PAGE 3

Les Lundis de Caran d'Acte Panbm ET T Circenses

L'Anniversaire de Buzenval Charles Chincholle.

•̃– PAGE 4

FEUILLETON Un Fait Divers Paul Bosq.

rage 5

Correspondances Etrangères EN RUSSIE. Au Transvaal; LE CAS DU D'JAMESON. Chronique de l'Image étrangère John Grand-rCarteret.

Variétés Littéraires SUR LE Divorce Alfred Naquet.

PAGE 6

Les Passe-Temps du « Figaro ».

UN HÉROS

•Je ne suis pas de ceux qui s'indignent que, là-bas, de l'autre côté du Rhin, ils déploient des drapeaux, ils fassent donner des musiques, ils vident des choppes et des bouteilles, ils marchent en uniforme de parade, à pas redoublés. N'avons-nous point, nous autres, tout debout, au cœur de Paris, cette colonne qui a été coulée avec le bronze de cent victoires et qui reste debout comme un témoin ?

Ces temps derniers, au bord du Rhin, je visitais des cimetières de campagnes et de petites villes. Il n'y a pas un de ces jardins de repos où une pyramide ne s'élève. Dessus sont gravés les noms des soldats qui moururent pour leur pays. Tout autour, des casques, des piques, parfois des affûts de canon, forment des décorations militaires. Souvent un monument est élevé, tout près, à la mémoire des soldats français qui, prisonniers, moururent de leurs blessures dans les ambulances rhénanes.

Vraiment, je me suis découvert avec une égale mélancolie devant le monument de ceux-ci et devant la dalle de ceux-là. Au seuil des tombeaux, la haine est un fardeau qu'il faut qu'on dépose.. Mais comme ils_ont eu raison, ceux ûe chez nous qui, à ces réj ôuissances d'outre-Rhin, un peu bruyantes, comme cè qui en tout lieu est mouvement .de foule, appel aux instincts guerriers, ont voulu opposer une cérémonie, elle aussi glorieuse, mais sobre, discrète* voilée d'un crêpe de deuil, une de ces commémorations où le silence des recueille- ments donne seul de la sonorité aux voix qui s'élèvent, pour rappeler que, dans l'effondrement de tout, ce pays sauva son honneur.

Le voilà le sens symbolique de la cérémonie de Chatou, où, dans un paysage d'hiver, on consacrait hier la petite stèle élevée par la reconnaissance de la France à quelques-uns de ses enfants, humbles et chers entre tous, à des porteurs de lettres et de dépêches, qui, victimes volontaires du devoir, moururent en franchissant les lignes ennemies.

J'ai voulu me remettre dans l'état d'âme de ceux qui, à pareil anniversaire, en janvier 1871, attendaient de ces vaillants les nouvelles dont Paris était plus affamé que de pain.

J'ai rouvert les journaux à la date du « cent vingt-cinquième jour de siège». Ce n'est pas une lecture, c'est un cauchemar qu'on fait, un de ces mauvais rêves que, dans les nuits agitées, on renoue à des épouvantements d'autrefois, et qui, au réveil, donnent la troublante sensation d'une vie de songe, d'une vie des heures noires, parallèle à la vie de la veille et du jour, où l'âme va habiter des geôles d'angoisses, des cités de tourment.

Une rubrique est tragique. Cela s'appelle La Poste à Paris pendant le siège. On ne sait quand elle est la plus cruelle, trop pleine ou vide quand elle flétrit la sottise d'un maladroit qui a tué un pigeon voyageur, dans sa hâte de le saisir (c'est presque un crime,de lèse-patrie) ou quand elle fournit ce modèle des cor- respondances que l'on peut transmettre •>ar un aérostat: « Nous sommes bien portants. Henri et Léon sont en bonne santé. Tous courageux et confiants dans l'issue de la lutte. » Ou bien enfin quand elle enregistre quelque trépas de martyr: « Nous avons la douleur d'annoncer la mort de l'héroïque Richard, de Nogent, qui avait réussi à traverser trois fois les lignes prussiennes. C'est une grande perte que le pays vient de faire. Nous n'oublierons pas que ce malheureux nous a une fois apporté de laprovince quelques lignes des êtres chers dont nous sommes séparés. »

Et puis, commenous sommes en France où la gaieté, soutien des âmes, ne perd jamais ses droits, on lit, deux lignes plus bas « Un de nos amis recevait hier ce billet d'un camarade « Ecris» nous si tu veux venir déjeuner; on » mettra un rat de plus. »

L' héroïque « Richard-de-Nogent » a-t-il sa petite pierre commémorative au bord de la Marne, à la pointe de l'île de Beauté? La justice viendra sans doute pour lui comme pour ceux que nous honorions hier Gême, Loyer, Létoilé, Ayrolles, Chourrier, Bourryon et Brare.

Les pigeons avaient les ailes trop faibles pour rapporter toutes les nouvelles dont on était avide. Les ballons sortaient de la ville assiégée, mais ils. n'y rentraient pas. Un matin, dans la cour des Postes, rue Jean-Jacques-Rousseau, le directeur, M. Rampont, réunit ses hommes et demanda

-Des braves pour franchir les lignes ennemies?.

Vingt-huit facteurs sortirent du rang. Tous, en un instant, avaient fait le sacrifice de leurs vies. Sept seulement je viens de les nommer réussirent dans la tâche qu'ils s'étaient imposée. A lui seul, Brare traversa cinq fois les lignes de l'ennemi.

C'était un. véritable enfant de Paris il avait appris à se grimer en applaudissant les nobles héros dés mélodrames. A volonté il devenait un paysan ou un commerçant qui voyage pour ses affaires. Il poussa jusqu'à Tours il se mit au service de Gambetta. On le rencontra à Saumur et àBordeaux; mais il voulait rentrer dans Paris pour revoir sa femme et ses enfants.

La Mort qu'il avait tant bravée l'attendait au pied des remparts.

Une fois déjà il l'avait regardée dans les yeux.

Il venait de franchir les lignes d'investissement et de dépasser Carrières-SaintDenis, quand, à l'entrée du Pecq, les Allemands l'arrêtèrent et le reconnurent.

Il était signalé, aussi ce fut une rage. On l'entraîna dans la forêt. Il était tombé aux mains d'un sergent et de quelques soldats qui voulurent le torturer. On le lia à un arbre. On lui arra- cha ses vêtements. Ah! ah! dit le sous-officier, c'est un maigre. Il sentira mieux la corde. Tapez dur!

Ils pouvaient abuser de son corps sanglant et ils le firent, mais ils ne triomphèrent pas de son âme.. Quand, sous l'orage des coups, ils lui demandèrent

Dis-nous ce que tu as dans ton sac? 2 Il répondit:

Je l'ignore, mais je le saurais que je ne vous le dirais pas.

On n'osa pas le tuer sous le fouet. On le jeta dans unè cellule, en si mauvais état qu'on le garda mollement.. Il reprit quelques foy.ees« puis-un jour* profitant d'une défaillance1 "de- sentinelle, il; glissa entre les'maïriç jdé ceux qui gardaient. Dès qu!il fut guéri, il vint- annoncer à ses chefs qu'il tenterait de rentrer dans Paris.

Le 15 décembre 1870, il était devant la Seine, à Carrières-Saint-Denis. Le fleuve chargeait dans la nuit des glaçons énormes. Sur la rive où Brare devait atterrir l'ennemi avait échelonné des sentinelles; elles veillaient baïonnette au canon. Quelques bons Français suivirent le facteur jusqu'au bord du fleuve. Il leur avait promis, s'il atteignait la rive opposée, de les avertir par un coup de sifflet. Il attendit que la lune fût tout à fait couverte. Il serra les mains de ceux qui l'avaient accompagné, puis, dans la nuit; il se mità l'eau.

Longtemps ses compagnons veillèrent, attendant le signal promis. Rien ne vint. Ils ne voulaient pas désespérer. Ils se disaient:

Brare aura abordé tout près d'une sentinelle.

Ils ne se trompaient pas Brare avait atterri mais, tout de même, ses amis ne devaient pas le revoir vivant. Le 31 janvier, on retrouvait ses vêtements et son sac de dépêches; le 7 février, son corps nu venait s'arrêter dans les filets de Chatou. Le facteur avait une balle dans le bras et une autre balle dans la tête. L'ennemi l'avait fusillé, puis jeté à l'eau.

Chacun, ici-bas, fête comme il peut ses gloires. Eux, ils ont à célébrer de grands écrasements d'hommes, de magnifiques incendies de villes, la prospérité d'un flot d'or détourné de son cours. Nous autres, nous nous réunissons autour de ce corps fracassé et nu, nous apportons une palme sur la tombe de cet humble en qui la France salue sa passion d'honneur, ses réserves inépuisables de dévouements et dé forces.

Il est bon que dans cette campagne de banlieue que le peuple parisien parcourt les dimanches d'été, les enfants par la main des pères, les amoureux réjouis du ciel et des fleurs, on élève des pierres commémorativee, ici et là, où se sont arrêtés les cœurs de ceux qui aimèrent passionnément la France.. Hugues Le Roux.

*j»sSN/\r^

â.U JOUR LE JOUR

CHEZ LE JUGE D'INSTRUCTION

Au Palais de Justice de Paris, ils sont vingt-quatre juges chargés des instructions judiciaires. C'est dans le cabinet de l'un d'eux que se joue, depuis quelques jours, la grande comédie contemporaine, celle qui fait recette et qui semble se terminer.

Le décor ne brille pas précisément par le confortable ni l'élégance une petite pièce meublée comme un bureau d'homme d'affaires de vingt-cinquième ordre, avec des cartons, des dossiers, des meubles en acajou et quelques sièges recouverts de cuir s'oinbre.

A une table, le juge à l'autre, son greffier. Ah c'est celui-ci qui ne s'ennuie pas. Sans: préoccupations ni responsabilité, il n'a d'autre tâche, à la fin de- chaque interrogatoire, que d'en écrire le résumé sous la dictée du juge. Aussi, demeurant libre d'esprit, peut-il donner toute son attention au spectacle qui se déroule sous ses yeux, assister au défilé suggestif des prévenus et des témoins, écouter avec une curiosité désintéressée et purement académique les récits des uns et des autres, et pour peu qu'il soit philosophe, se donner le plaisir de voir s'effondrer les belles prestances, se creuser les torses bombés, s'amollir sous la sueur froide de la terreur qui grandit les plastrons empesés des chemises et le monocle impertinent tomber des yeux où montent avec l'angoisse les larmes brûlantes.

Il n'est pas, en effet, pour l'accusé d'épreuve plus redoutable que celle de la comparution devant le magistrat instructeur. Même devant le tribunal ou devant la cour qui le jugera, il ne subira ni les mêmes émotions ni les mêmes effrois.

Là, il saura quelles charges pèsent sur lui, il connaîtra les armes contre lesquelles il doit se défendre; il aura un avocat pour l'assister, des amis dans la salle, dont la présence l'encouragera il aura préparé ses réponses, édi«fié sa défense.

Chez le juge d'instruction, au contraire, il est seul, tout seul avec l'homme de qui dépend sa destinée. Il ne peut apprécier ^encore dans quelle mesure cet homme est armé coniic lui; il ignore, sinon de quoi on va l'entretenir, du moins par quels procédés on va essayer de lui arracher des aveux. Il ne sait et ne peut savoir quels pièges on va lui tendre, quelles surprises on lui prépare, ni l'accueil réservé à ses mensonges. Il craint d'en trop dire et de n'en pas dire assez. En un mot, autour de lui, tqut est ténèbres et périls. Et cette épreuve, presque toujours, tourne contre lui.

Dans l'instruction actuelle, les individus mis en cause étaient accoutumés à porter beau, à marcher dans la vie avec l'assurance que donne le succès ou la fortune ou la situation; gens chics, tous ou presque tous, et parlant haut, ayant l'audace et l'orgueil, le ton du commandement, les brillantes relations qui semblent protéger un homme contre toutes les suspicions, des habitudes d'élégance, l'appartement luxueux, l'équipage, la façade su- perbe en un mot. Tout cela vient s'effondrer devantle juge d'instruction, l'inexorable, assis de l'autre côté de ce bureau et toujours terrible pour quiconque a la conscience tourmentée, même lorsqu'il conserve la courtoisie des formes, ce qui est le cas de celui qu'on a chargé d'instruire ces douloureuses affaires. L'entretien commence ordinairement sur un ton très doux. Le magistrat connaît son monde et son inétier. Et puis.pour être juge, on n'en est pas moins homme .et on peut âtre juge sans avoir abdiqué toute bonté, toute compassion. Aussi même lorsque son opinion est faite et, à moins qu'il ne lui soit déjà prouvé que l'inculpé est un pur scélérat, débute-t-il par un larigage presque bon enfant.

Eh bien, voyons, monsieqr un tel, je suis très surpris de trouver dans ce dossier une lettre de vous. Expliquez-moi donc dans quelles circonstances vous l'avez écrite.

Et le duel commence, un.' duel de questions et de réponses, où aux affirmations succèdent les objections, et aux contradictions les aveux. Du reste, s'il a quelque expérience des hommes et de la vie, le juge a vite fait de comprendre si c'est un innocent ou un coupable qui est devant lui.

L'interrogatoire terminé, celui-ci en dicte le résumé à son greffier, se tournant de temps en temps vers l'inculpé, comme pour lui dire: Est-ce bien cela? Rectifiez si vous voulez. C'est votre droit.

Ce droit, il est rare que le malheureux l'exerce. Pâle, tremblant, il n'a rien à dire n'entendant rien, ne voyant rien, comprenant seulement qu'il est perdu et ayant tout juste assez de force pour signer ses aveux et sa déchéance.

Naguère encore, c'est à ce moment que le juge lui signifiait son sort et, le plus souvent, c'était:

Je suis obligé de vous mettre en état d'arrestation.

En effet, maître absolu de son instruction, le juge n'agissait que suivant sa conscience et, quoi qu'il eût décidé, il l'exécutait sans consulter personne.

L'usage est maintenant que dans ces affaires qui mettent en cause des personnages touchant plus ou moins à la politique, il aille rendre compte au procureur général et prendre son avis. C'est une entorse à d'antiques traditions. Je le constate; je ne l'apprécie pas. Quoi qu'il en soit, il s'éloigne, laissant l'inculpé en proie à l'angoisse.

Quant il revient, il dit au greffier

Préparez un ordre d'écrou.

Il a fait un signe aux agents de la Sûreté qui sont à sa porte

Emmenez monsieur 1

Tout est dit et le rideau tombe sur le premier acte du drame lamentable qu'on ne peut suivre en ses péripéties sans que vienne aux lèvres la belle parole des anciens Res sacra miser et sans que le cœur ne s'émeuve en songeant aux affres en lesquelles sont dès lors plongés les tristes acteurs de ces épisodes douloureux.

Jacques Rigaud.

NT^V^ ̃

Echos

La Température

Les bourrasques que nous signalions'hier se succèdent au nord de l'Ecosse, mais l'aire des fortes pressions se maintient sur l'Europe en général où le baromètre est encore assez élevé. A Paris, il est encore à 76811111, avec une tendance à la baisse, il est vrai. Des pluies sont tombées sur la Manche et la Bretagne, .où la mer est toujours très calme.

La température est en baisse sur l'ouest de l'Europe; à Paris, le thermomètre s'est tenu hier, pendant toute la journée, c'est-à-dire depuis huit heures du matin jusqu'à la fin dujour, à 60 au-dessus seulement; il était également; à à Rome et à 11 à Alger.

Nous avons eu une très belle journée, un vrai dimanche comme les Parisiens le souhaitent aussi beaucoup de monde dehors. Lesoir, le. thermomètre était à et' le baromètre à ySe^m c'est encore une promesse de beau tpmps, mais de froidure prochaine aussi.

,w

1,11 DÉCOURAGÉ! 1

^K Nous ne voudrions pas troublerpar "<\ des réflexions intempestives le concert de regrets sincères qu'a soulevé la mort de M. Floquet. « On doit des égards aux vivants, a dit Voltaire, on ne doit aux morts que la vérité. » Nous estimons, toutefois, que la sévérité, surtout l'irrévérence ne sont pas admissibles en face d'un deuil récent car toutes les douleurs privées sont respectables. Mais les attendrissements de commande que nous trouvons à propos de cet événement dans les journaux officieux nous paraissent attenter bien plus violemment à la majesté de la mort que ne feraient des jugements impartiaux, fussent-ils même empreints d'une certaine rigueur.

N'y a-t-il pas en effet quelque chose de tristement comique à constater que les publicistes radicaux déplorent unanimement que M. Floquet soit mort « découragé »? Découragé! Et pourquoi? M, Floquet a été comblé par la destinée. Il y a au Palais, et dans le parti républicain, plus de cinquante avocats dont l'éloquence valait au moins la sienne. Comme écrivain, il n'a jamais dépassé l'honnête moyenne des journalistes sans relief. Comme homme public, et sauf à ses débuts où il était encadré par Grévy et Jules Fàvre pour le passé par Gambetta et par Ferry pour l'avenir, il n'a jamais eu une conception originale il n'a jamais joué un rôle prépondérant, jamais incarné la politique d'un parti. Pourtant, il est arrivé à tout. Il a été premier ministre, président de la Cham- bre des députés conseiller écouté et quelquefois craint des personnalités dirigeantes. Que voulait-on de plus pour lui?

Sans doute, on insinue que si le développement de sa fortune n'avait pas été arrêté dans son essor, il aurait pu prétendre à la magistrature. suprême, c'est-àdire àla présidence de laRépublique.Mais c'est une faute personnelle qui l'a empêché d'accéder à ce sommet des ambitions républicaines. Les trois cent mille francs qu'il a reçus de la Compagnie de Panama, et qu'il a avoué avoir employés en oeuvres de presse, ont pesé sur la fin de sa vie. Mais n'est-ce pas justice? Si M. Floquet voulait payer la propagande de son parti, que n'employait-il ses deniers personnels, puisqu'il était assez riche pour le faire? Que lui devait la Compagnie de Panama, et que lui, doit aujourd'hui la France? ̃

Respectons sa mémoire, puisque le iemps n'est pas venu d'assigner au mort ^d'hier la place êxâéte qùlil doik.oue.uper dans la galerie des figures contemporaines. Mais si M. Floquetest mort de découragement combien d'autres de mieux doués, et de plus éloquents, et de plus scrupuleux et de plus austères, auraient sujet dé mourir de désespoir et de colère 1

A Travers Paris

Le Président de la République a chassé hier à Rambouillet avec MM. Guichard, Develle, Waddington, Beauquier, Drake, Bonnat, le général Tournier et le commandant de Lagarenne.

M. Félix Faure et ses invités, partis de Paris à neuf heures du matin,, sont rentrés à six heures du soir.

Les prières publiques prescrites par le cardinal Richard a l'occasion de la reprise des travaux parlementaires ont donné lieu, hier matin, à Notre-Dame, à une cérémonie très solennelle qu'a présidée l'archevêque de Paris, assisté de M. Caron, archidiacre de Notre-Dame, et de M. Fages, vicaire général-official. Notons simplement que dix-neuf sénateurs et trente et un députés assistaient à cette cérémonie, aux places qui leur avaient été réservées dans la grande nef, tandis que l'année dernière, dans des circonstances identiques, à peine sept ou huit membres du Parlement avaient cru devoir répondre à l'invitation du cardinal.

Dans un grand nombre de diocèses notamment à Reims, Chambéry, Rodez, Limoges, Le Puy des cérémonies du même genre ont été célébrées hier dans les cathédrales, sous la présidence des archevêques ou évêques diocésains..

Les obsèques de M. Floquet, purement civiles, sont définitivement fixées, comme nous l'annoncions hier, à mercredi prochain, une heure de l'après-midi. L'inhumation sera faite au Pére-Lachaise, où plusieurs discours seront prononcés, notamment par un membre du bureau du Sénat; par M. Poincaré, viceprésident de la Chambre des députés, au lieu et place de M. Brisson, empêché par son deuil par un membre du gouvernement, qui sera sans doute M. Bourgeois lui-même; par le bâtonnier de l'ordre des avocats par un représentant du Conseil municipal de Paris, etc. Les obsèques de M. Floquet ne seront pas faites aux frais de l'Etat elles auront un caractère essentiellement privé, en raison même des dernières volontés du défunt.

La mise en bière a eu lieu hier dans l'après-midi. Le cercueil repose actuellement sur un petit catafalque dans le cabinet de travail du défunt.

S. A. R.le prince Emmanuel d'Orléans, duc de Vendôme, vient d'être reçu dans l'ordre de Malte avec la dignité de bailli grand-croix d'honneur et de dévotion. Le grand maître de l'ordre de Malte a délégué M. le comte de Rohan-Chabot pour remettre à Mgr le duc de Vendôme ses bulles de nomination.

M. le comte de Vauvineux, conseiller 1 de l'ambassade de France.a Saint-TPëtersbourg, est attendu incessamment Paris 1 où ..il réglera définitivement, sur lest ~l

tdastructions* du gouvernement et du ministère des affaires étrangères, la participation de la France aux fêtes qui auront lieu à Moscou pour le couronnement du Tsar.

M. de Vauvineux est actuellement à Vienne. Il a eu, dès son arrivée,_un long entretien avec le comte Kapnist, ambassadeur de Russie en Autriche-Hongrie, et a rendu visite au comte Goluchowski, avec qui il est resté près d'une heure.

Dans les cercles de la cour impériale de Russie, on croit que l'ambassade extraordinaire qui représentera la France aux fêtes du couronnement se composera de M. le général de Boisdeffre, chef d'état-major général de M. le général Davout, duc d'Auerstcpdt, grand chancelier de la Légion d'honneur; d'un colonel, d'un capitaine et de deux officiers d'ordonnance.

Un grand mariage

Nous apprenons les fiançailles de Mlle Jeanne de Rothschild, fille de la baronne James de Rothschild, petite-fille de la baronne Nathaniel de Rothschild, avec le baron David Léonino.

La fiancée est une des plus charmantes jeunes filles de la société parisienne. Son frère, le baron Henri de Rothschild, a épousé, au mois de mai dernier, Mlle Mathilde de Weisweiller.

Le fiancé appartient à la société aristocratique de Milan il est le neveu de la baronne Joseph Léonino et le cousin du baron Emmanuel Léonino.

Le mariage aura lieu au printemps.

Le nom de M. Nisard ayant été pro- noncé pour la succession de M.Lefebvre de Béhaine à l'ambassade du Vatican, un diplomate des plus connus nous a dit, hier, à ce propos

Le choix de M. Nisard serait fait pour surprendre. Nul n'ignore, en effet, qu'il souffre d'une surdité des plus accentuées. Or, dans les conversations diplomatiques, au Vatican surtout, on parle à demi-voix et il faut comprendre à demi-mot. Les dialogues, là-bas, sont presque des murmures et, dans ces conditions, il est permis de se demander comment M. Nisard pourrait remplir la mission particulièrement délicate qu'on a, dit-on, l'intention de lui confier. » D'autre part, M. Nisard n'est jamais sorti des bureaux du quai d'Orsay, où il a fait toute sa carrière. Sans relations par conséquent à l'étranger, M. Nisard, qui rend au ministère des affaires étrangères, dans ses fonctions sédentaires, les services les plus appréciés, ne pourrait qu.'augmenter. à Rome îles regrets très vifs laissés par le départ de M. Lefebvre de Béhaine.» »

f

Masaniello Parise, le directeur .de l'Ecole magistrale militaire d'escrime à Rome, nous écrit

« La campagne menée par le Figaro » pour qu'il y ait à Paris un Tournoi in» ternational annuel réussira sûrement, » car tout le monde doit approuver un » projet dont la réalisation donnera le »' plus grand essor à l'escrime. »

L'Ecole magistrale militaire qui doit former des professeurs, afin qu'à leur tour ceux-ci puissent former des moniteurs dans les différents régiments, est sous la dépendance du gouvernement italien qui s'intéresse sérieusement au progrès de l'escrime en Italie.

Parmi les tireurs tout à fait remarquables appartenant à l'Ecole de Rome, il y a lieu de nommer MM. Pecoraro, Pessina, Schiavoni, Laudati, Greco, Nappi, Davoli, Cecconi, etc., etc.; tous, nous le savons, seraient enchantés de venir à Paris.

Le ministre de la guerre, M. Mocenni, autorisera-t-il ces professeurs militaires à prendre part à notre tournoi ? Nous voulons le croire, car l'escrime n'a raison d'exister qu'à la condition d'être « prouvée », qu'à la condition que MM. les tireurs mettent flamberge au vent aussitôt que l'occasion se présente.

Nous tenons de bonne source qu Agesilao Greco, très en armes, est d'une force vraiment exceptionnelle; la sobriété de son jeu et la finesse de son doigté seraient bien appréciées par l'élite des tireurs français.

Nous espérons donc que le ministre de la guerre d'Italie permettra à Greco de venir se faire applaudir à cette grande fête de l'Epée.

Hors Paris

Une dépêche de Turin nous apporte des détails sur l'accident de cheval dont Monsieur le duc d'Orléans a été victime samedi.

Le prince revenait avec sa sœur et son beau-frère, le duc et la duchesse d'Aoste, d'une longue promenade à cheval dans le parc de Venaria, promenade au cours de laquelle les cavaliers avaient franchi de nombreux obstacles. Les chevaux avaient été mis au petit galop dans la longue avenue qui conduit au château, lorsque l'animal que montait Monsieur le duc d'Orléans glissa sur un faux ravin, perdit pied et tomba, entraînant le prince dans sa chute.

Monsieur le duc d'Orléans eut l'épaule gauche luxée et la cheville du pied droit fracturée. Tout mouvement lui étant impossible, on fit venir en toute hâte, du château, une voiture avec un matelas et, une demi-heure plus tard, le docteur Carle était auprès du prince, à qui il prodiguait les premiers soins. La réduction de la luxation de l'épaule fut opérée et le pied droit du blessé fut placé dans un. appareil provisoire, le docteur Carle renvoyant à deux ou trois jours la médication définitive.

Monsieur le dmâlOrleans te resseotit .<

durant la nuit aucune fièvre mais il'ne put dormir en raison de la douleur assez vive qu'il éprouvait à l'épaule. Son état était hier matin des plus rassurants. Tout danger de complication est, d'ailleurs, absolument écarté. Quoiqu'il ait une grande confiance dans les médecins italiens, Je prince a fait demander à son ami le docteur Récamier de vouloir bien se rendre auprès de lui. M. Récamier n'attendait que l'expression de ce désir -pour partir. 11 a quitté Paris hier, à deux heures et demie, à destination de Turin.

Monsieur le duc d'Orléans n'a rien perdu de sa belle humeur. lia chargé M. Buffet, qui fait actuellement auprès df lui le service d'honneur, de'rassurer,. par dépêche, ses amis de France, sur les sui tes de son accident. Avant qu'il soit longtemps, le prince sera complètement sur pied.

C' 7 i

Le Pape sera représenté au couronnement du Tsar par Mgr Agliardi, nonce à Vienne, où il a pris la part que l'on sait à l'agitation religieuse provoquée par les récentes lois politico ecclésiastiques. ~o.ooo-e~

Courrier de la Côte d'Azur

La Côte d'Azur est la patrie des exer cices de plein air en raison du temps admirable qui y règne presque toujours. Le lawn-tennis est un des sports que cultivent le plus volontiers les membres de la colonie étrangère en déplacement sur le littoral méditerranéen.

Le lawn-tennis de Monte-Carlo, si confortablement aménagé, est particulièrement fréquenté. Aussi vient-on d'y décider un grand concours pour le courant du mois de mars.

La Société des bains de mer offre 3,500 francs de prix aux vainqueurs des diverses épreuses.

'̃•̃'̃̃̃

Les arrivées de touristes marquants se multiplient à Nice, à Cannes, à MonteCarlo.

Citons, parmi les plus récentes arrivées, celles de MM. le prince Czartôryski, marquis di Rudini, prince Lucinge, comte Tyskiewicz, lord de Hope, duc et duchesse de Zbagli, Casella, princesse de Sagan, vicomte et vicomtesse de Rochechouart, M. et Mme Nubar-Pacha, prince Rospigliosi, comte Oscar HallezClaparède, comte B. de Valon, Henri Menier, etc.

Nouvelles à U Main

JEh bien! vous savez la nouvelle?. Z. vient d'être arrêté !• Qui s'y serait attendu?

Oh moi, cela ne me surprend pas je l'ai toujours considéré comm.e un prisonnier. en permission.

Le dernier mot du baron Rapineau Vous fumez des cigares excellents, lui disait hier un de ses voisins de campagne qui voyage fréquemment avec lui d'Argenteuil à Paris, mais, soit dit sans vous froisser, vous n'en offrez pas souvent à vos amis.

Par exemple C'est vous, au contraire, qui n'en prenez pas lorsque je vous présente mon étui.

Allons donc

Tenez, hier encore. en wagon. sous le tunnel des Batigno.'ç-s La Masqui de Fer.

INAUGURATION DE LA VILLA i

FURTADO-HEINE

{Par dépêche de notre càrrespondatvt particulier) ̃ Nice, 19 janvier.

Une journée de printemps a favorisé l'inauguration de la villa Furtado-Heine, offerte par la grande bienfaitrice pour les officiers convalescents des armées de terre et de mer,. Dès deux heures, un? foule énorme s'était massée sur la chaus sée de la Promenade des Anglais pou voir le défilé dés invités à cette patriotique cérémonie.

L'entrée de la villa est décorée avec beaucoup de goût. Les couleurs françaises et russes flottent fièrement dans h~ parc. Deux pièces de campagne sont placées près de la grande porte d'entrée. Un détachement de chasseurs alpins est chargé du service de la garde d'honneur. Dans le jardin, la fanfare du 6* bataillon de chasseurs alpins a joué la Marseillaise à l'arrivée des invités, que le comte Féry d'Esclands, assisté des neveux de Mme Furtado-Heine, a reçus à l'entrée. Nous remarquons les généraux de la garnison, le contre-amiral Slane, M. Henry, préfet Borriglione, sénateur MM. Raiberti et Arthur Malausséna, députés des Alpes-Maritimes le'maire de Nice, M. de Batourine, consul général de Russie; le colonel d'Arnoldi, de l'armée russe; les officiers des garnisons de Nice, Antibes et Villefranche. L'amiral Gervais était représenté par son aide de camp et les officiers de l'escadre par une délégation venue du golfe Juan. En l'absence de Mme Furtado-Heine, empêchée, le comte Féry d'Esclands, ancien président de la Ligue des Patriotes, ancien président de la Société des Amis de la Russie, a fait remise officielle de la villa à l'Etat et a prononcé cette vibrante allocution

Mon général, mon amiral, messieurs, Au nom de Mme Furtado-Heine, j'ai l'honneur de faire la remise officielle de la villa avec ses, dépendances à M. le général Verrier, représentant le Président de la République; à M. le général Gebhart, représentant la ministre de la guerre; à M. l'amiral de Slane, représentant le ministre de la. marine, afin, qu'il soit pris possession au profit de-messieurs lésofàwera 4#s armées de terre et cteiaer. dàn.