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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1893-06-07

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 07 juin 1893

Description : 1893/06/07 (Numéro 158).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k282559j

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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FRANCIS MAGNARD

* . * 5?-:? ST'RidicUûr' en' thef ' ' T ; '

A. PÉRIVIER

Secrétaire de la Rédaction

' JPrix des Abonnements

y Trois Mois. SixHois. Î7n <«J

$48»..'*...:..;..'.. 16 J> 32 » 64 »

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.VNIONPPSTÀLE..;.. 21 50 43 » 86 »

~ . Ott s'obotint dans tous Us Bureaux de Posté - . de-France et d'Algérie

LE FIGARO

- .. ^ ........ > - . . ? . ? . .... C.

H. DE VILLE MESS ANT

' ' ; ; . Fondateur

FERNAND DE RODAYS

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A L'ADMINISTRATION DU FIGARO 26, rue Drouot

airaoNCKs, RÉcuiiss ER PETITES GAÎBTTS

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L'ACADÉMIE

, ET

LE JOURNALISME

: Si nous revenons aujourd'hui sur une idée déjà développée dans ce journal, c'est que la solennité de dimanche dernier pour l'érection d'une statue au créateur du journalisme en France, et le scrutin j académique de demain pour la nomina- tion d'un successeur au journaliste John Lemoinne, ravivent la question et lui donnent une actualité particulière.

Le journalisme occupe-t-il à l'Académie française une place proportionnelle à son importance, à son action considérable et presque prépondérante dans notre so- ciété moderne? Je ne le pense pas, et il semble que, sous ce rapport, l'Académie méconnaît une des conditions fonda- mentales de son existence, qui est de représenter toutes les forces et toutes les manifestations de l'esprit français.

Le journal fondé jadisparThéophraste Renaudot a créé, en se développant, un genre nouveau de littérature, très original, très vivant, et qui s'harmonise à merveille avec les instruments nou- veaux de la civilisation,'la vapeur et l'électricité. Désormais, dans notre so- ciété emportée par le mouvement et la fièvre des affaires ou des plaisirs, il faut penser, il faut écrire avec la rapidité môme des engins scientifiques qui gou- vernent le monde, et la littérature issue forcément de cette transformation des choses, pour ne pas ressembler à celle qui s'élabore lentement dans le cerveau des penseurs et dans la méditation des cabinets, n'en constitue pas moins un genre très brillant, très approprié au génie de notre race, et qui prime tous les autres dans le temps où nous vivons, car le journal remplacerait au besoin, dans une certaine mesure, les autres genres de production littéraire, tandis que rien ne saurait le remplacer lui- même. Il est devenu l'aliment néces- saire des intelligences à tous les degrés, le pain quotidien de l'esprit national dans la diversité de ses aspirations.

Dès lors, n'y aurait-il pas justice à lui concédera l'Académie, où il ne possède qu'un fauteuil, une place plus en rap- port avec celle qu'il occupe dans la so- ciété nouvelle?

Lé président du Conseil, M. Dupuy, dans le discours qu'il a prononcé à l'inauguration de la statue de Renaudot, a terminé par ces paroles : « Ce n'est pas dans une République, ce n'est pas sous un régime démocratique qu'il est néces- saire de célébrer la Presse : il suffit de dire qu'elle est l'indispensable organe de la vie publique dans un pays libre. »

S'il en est ainsi, et personne ne sau- rait le contester, pourquoi marchander à cet organisme indispensable, à ce puis- sant moteur, à cette force irrésistible et incompressible la part de représenta- tion si largement faite à d'autres élé- ments littéraires ou sociaux?

Non seulement la Presse est et vaut par elle-même, mais, en outre, elle fait les autres, comme on l'a justement rap- pelé à la cérémonie de dimanche. Elle fait les renommées, elle est le porte-voix qui jette au loin les noms et distribue la gloire. Qui percerait sans elle ? Quel livre, quel discours retentiraient sans sa vibration sonore? Quel écho auraient le barreau, la tribune elle-même sans son formidable retentissement?

On connaît l'anecdote légendaire du temps d'Hugues Capet. - Qui t'a fait comte? demandait l'élu royal de la veille à un vassal un peu remuant. - Qui t'a fait roi? lui répondit fièrement le vassal dont le suffrage venait de lui donner la couronné. 1 . : -

C'est le mot que la Presse pourrait adresser à presque toutes lès réputa- tions qui affectent de la traiter avec dé- dain.- Quit'ahissésur un piédestal, qui t'a fait célèbre, qui t'a couronné? Qui t'a fait prince du roman ou roi du théâ- tre ? Que seriez-vous tous sans la Presse? Et dans quelle nuit retombe- raient bientôt la plupart des talents si elle ourdissait contre eux la conspiration du silence?

Il semble que le dix-septième siècle ait mieux compris que le dix-neuvième la part qui était due au journalisme dans le recrutement de l'Académie fran- çaise, bien que le journal, encore dans son enfance, ne laissât pas alors pres- sentir l'extension prodigieuse qui en fait aujourd'hui le dominateur du monde. Mais « l'oeuvre géniale » exaltée diman- che par M. Dupuy n'en était pas moins appréciée déjà à sa valeur, puis- qu'en 1689 le petit-fils de Théophraste, Eusèbe Renaudot, était appelé à siéger à l'Académie française. Il dirigeait depuis 1680 la Gazette de France, où il avait succédé à son père et à son grand-père, et le Journal entrait ainsi pour la pre- mière fois avec honneur dans le Sénat littéraire du pays. ' "

.Comment se fait-il qu'ayant reçu cet hommage légitime à l'époque où il n'était presque rien, on ne lui accorde pas davantage après deux siècles, dans une organisation sociale où il est pres- que tout? Gomment se fait-il qu'il soit comparativement moins bien traité sous une République démocratique qu'il ne l'était sous la monarchie absolue de LouisXIV? Quoi! il avait un représen- tant à l'Académie quand il bégayait à peine, et à présent qu'il est la voix sou- veraine de l'opinion, qu'il commande et qu'il règne, il continuerait de n'avoir qu'un seul fauteuil sous la coupole? Où serait la justice distributive, où serait la représentation proportionnelle?

Quand on compte par demi-douzaine les romanciers, les historiens, les auteurs dramatiques, les poètes, est-il équitable de réduiré à la portion congrue le genre littéraire saris lequel la poésie,le roman, l'histoire" végéteraient tristement dans l'ombre, sans lequel le théâtre lui-même languirait loin des foules? Il y a d.ôs millions d'hommes qui ne.lisent pas dô romans, qui né lisent même pas l'his- { toire de leur propre' pàys il y a dés

lions d'hommes qui n'ont jamais mis le pied dans un théâtre. Mais il n'y a pas un seul ouvrier dans son usine, un co- cher de fiacre sur son siège, un paysan dans son hameau lointain,qui rie lise un journal, qui ne se nourrisse du journal, qui ne subisse l'influence bonne ou mauvaise d'un journal. .

Combien d'êtres en France ignorent le.nom.de Flaubert? Eh bien, Je nom de Zola ne serait pas plus connu que celui de son maître si, durant un quart de siècle, il n'avait été claironné bruyam- ment par le journal.

Le général Boulanger eût-il été pos- sible sans la répercussion quotidienne et universelle dés journaux ?

***

Et qu'on ne s'y trompe pas. Ce n'est pas seulement le besoin, la soif d'infor- mation qui fait la popularité et l'ascen- dant du journal : c'est aussi et surtout la valeur de sa rédaction, c'est la somme énorme de talent varié dont il fait preuve chaque soir et chaque matin en jugeant les hommes et en appréciant les choses. Tout se trouve réuni dans ses colonnes: la politique, l'économie so- ciale, la science, la littérature, l'art, la curiosité historique, le feuilleton, le compte rendu dramatique, la fantaisie, toutes les diversités de l'esprit humain. ^e. c es^ 1 oeuvre spéciale qui pourrait

attrait ? Qual oei ]o roman

quel est le volume d'histoire, quel est le

livre de science ou de Phîlôsophie qui, comparé à ^ensemble d'un journal pen- dant un trimestre seulement, pourrait rivaliser avec lui de valeur et d'intérêt ?

lit j ajoute : quel est le journaliste digne de ce nom qui, dans l'espace de vingt, de trente années, n'a pas fait une oeuvre équivalente à vingt ou trente volumes, éparse, sans doute, mais dé- passant en substance réelle, en études multiples, en bon sens, en esprit, l'oeu- vre bien plus restreinte de tel historien, de tel critique ou de tel romancier?

Dès lors, je le répète, pourquoi ne pas traiter le Journal aussi bien que les au- tres genres littéraires qui, sans l'éga- ler, comptent pourtant chacun plusieurs représentants dans le noble aréopage? Quoi 1 les journalistes auraient leur place dans les salons, dans les conseils électifs, dans les assemblées, dans le gouvernement, partout, excepté à l'Aca- démie française 1

On a attendu deux siècles et demi pour accomplir, à l'égard de Théophraste Re- naudot, ce que l'organe du gouverne- ment a justement appelé « un acte ré- parateur ». Attendra-t-on aussi long- temps pour reconnaître que la presse a conquis une place dominante dans la société contemporaine et que ses écri- i vains ont au moins autant de titres que I d autres a siéger au palais Mazarin?

L'Académie avait une belle occasion i d honorer le plus puissant instrument ! de la pensée moderne : c'était, puis- qu'elle avait une élection à faire le 8 juin, de nommer un journaliste à la place d'un journaliste, et au lendemain même de l'inauguration du monument de Re- naudot, de consacrer son oeuvre en cou- ronnant un de ses successeurs. La logi- que et l'opportunité y eussent trouvé une satisfaction égale.

Mais le siège était fait, parait-il : au ! lieu du journaliste indiqué, c'est un pro- fesseur - un de plus 1 - qui va rece- voir l'héritage du journaliste des Débats.

Remarquez que je ne discute pas 1 homme ici ; je pose seulement un prin- cipe.

A l'Académie des sciences morales, à 1 Académie des beaux-arts, il y a des sections ; on y fait la part des philoso- phes, des légistes, des historiens, celle des peintres, des musiciens, des sculp- teurs, en un mot, la part légitime et équilibrée des genres.

Pourquoi, à l'Académie française, ne ferait-on pas aussi équitablement la part de la Presse?

.Elle, qui est un Etat dans l'Etat, elle n a. modestement, à l'Institut, qu'un seul fauteuil sur quarante. - Est-ce assez?

Et ne serait-il pas un peu contradic- toire de lui décerner des statues dans l'Olympe des morts en lui chicanant des sièges parmi les vivants?

xx.

Au Jour le Jour

LA PEAU DU MALADE

On ne lit pas assez les journaux de médecine. Et c'est vraiment dommage. Je sais bien que, Molière n'ayant pas fait souche ni même école, ses successeurs ne seraient pas pro- bablement de taille à tirer de cette lecture tel profit que de droit. Mais, c'est égal I Abs- traction faite de la scène à faire, il y a dans ces revuès spéciales de quoi largement édifier le public profane, qui n'a pas l'air de s'en douter.

Vous devinez, en effet, que MM, les méde- cins, qui se croient là chez eux, en famille, loin des yeux fureteurs et des indiscrètes oreilles, y parlent la bouche ouverte, sans ménagements ni réticences. Or, moi qui vous parle, incité par le devoir professionnel - et aussi par un goût dépravé des choses médi- cales - à regarder par le trou de la serrure et à écouter aux portes de la Faculté, j'en ai parfois surpris de drôles...

En voici une, entre autres, « bien bonne », et qui date d'avant-hier. La chose se passe à la Société de Chirurgie, et c'est un hémorra- giste de Lyon, le docteur Gayet, qui en est le héros.

On sait combien il est difficile aux chirur- giens de retrouver dans le monde les malades sortis vivants de leurs mains et dont l'ulté- rieure nécropsie pourrait cependant être, le cas échéant, si intéressante. C'est un pur hasard quand on réussit à remettre la main sur un sujet précieux... M. Gayet, lui, a trouvé le bon «truc» pour parer à cet incon- vénient. Il marque ses clients, comme on mar- que les boeufs, pour s'en assurer la propriété, et c'est sur leur propre peau qu'il fait somma- tion à ses collègues quelconques de l'univers civilisé d'avoir, le moment venu, à fournir à la science les renseignements posthumes de ri» gueur. : *

Il avait eu l'occasion de traite*, yn brave ivrogne atteint, à la suite d'une blessure au crâne, d'uni fort anévrisme artério-veineux de

la carotide interne. Le cas était grave, mais il était précis. La compression payant rien pro- duit, M. Gayet s'apprêtait à essayer, de la li- gature, lorsque, tout à coup, son pochard s'avisa de guérir.Que fait mon docteur Gayet ? Il entortille si bien le bonhomme, que .celui-ci. consent à se laisser tatouer sur la face externe du bras cette'petite formule, aussi Simple que sùggestive : « Anévrisme artério-veïneux de la carotide interne et dit sinus caverneux. GUÉRI ! » ; ? :

? On ne dit pas s'il mit au-dessous, avec la date, son nom et son adresse.

En tout cas, désormais, le malade peut aller.

Il ne risque plus de perdre sa feuille d'ob- servation, étroitement cousue à sa chair. Où qu'il meure, il appartient à la Science, dont il porte l'ineffaçable estampille, et qui saura toujours découvrir, tôt ou tard, au fond de ses entrailles, comment et pourquoi il s'est per- mis, en violation des règles, de recouvrer la santé tout seul.

On n'est pas plus ingénieux.... Peut-être même y a-t-il là-dedans une idée à creuser, non pas seulement par les thérapeutes qui tiennent à connaître l'histoire pathologique de leurs clients, mais aussi par les novateurs qui rêvent d'une simplification des registres de l'état civil. Cela vaudrait presque' autant que l'an- thropométrie, cette science fin de siècle à la- quelle M. Bertillon,. son créateur, vient juste- ment de consacrer un livre - illustré - d'un si palpitant intérêt.

En vérité, je vous le dis, on ne perd pas son temps à feuilleter les journaux de médecine 1

Emile Gautier.

É C HO S

LA TEMPÉRATURE

Le baromètre est en hausse : 775mm, mais la tempéràture a sensiblement baissé sur celle de la veille ; ie thermomètre marquait hier à Pa- ris : 120 au-dessus le matin; 140 1/2 à dix heu- res; 170 à midi et îfto à deux heures; à Alger, 220.

Les pluies s'éloignent de nos logions ; elles tombent abondantes dans l'ouest de l'Angle- terre et en Allemagne.

Hier à Paris, belle journée, ciel nuageux, temps frais; dans la soirée, thermomètre : 18° au-dessus ; baromètre : 764mm. (Variable.)

LES COURSES

A deux heures, courses à Auteuil. - Gagnants de Robert Milton :

Prix de la Tamise : Noctambule.

Prix Mortemart : Icoglan.

Grande course de haies : Myrmidon,

Prix de Bretagne : Mirette.

Prix Fould : Alphonse.

Prix de VAubépine : Teddy. .

A TRAVERS PARIS

S. M. l'impératrice Eugénie part au- jourd'hui pour Farnborough.

Elle est allée hier rendre visite à M. Victor Duruy qui avait été souffrant pendant plusieurs jours et qui est heu- reusement rétabli. Dès qu'elle a appris l'indisposition de l'ancien ministre de Napoléon III, l'Impératrice a tenu, mal- gré ses propres fatigues, à monter les cinq étages de la maison de la rue de Médicis pour aller rendre visite à l'ami d'autrefois dont le dévouement ne s'est jamais démenti. M. Victor Duruy a été très touché de cette marque d'affection.

NN. SS. Lecot, archevêque de Bor- deaux, et Bourret, évêque de Rodez, ont reçu le billet, c'est-à-dire l'avis de la cour de Rome les informant qu'ils sont nommés cardinaux.

Ce sont les seuls cardinaux français qui seront nommés dans le consistoire que tiendra le Pape Léon XIII, le 12 juin prochain.

On ne * croit , pas , qu'il puisse être, pourvu, a cette date, aux sièges d'arche- vêques et d'évêques actuellement vacants dans l'épiscopat français. Lès négocia- tions entamées -à ce sujet ne sont pas, en effet, assez avancées.

On annonce que M. Herbette, notre ambassadeur en Allemagne, quittera Pa- ris dimanche pour rejoindre son poste à Berlin.

Sur les instructions du ministre des affaires étrangères, notre représentant à Londres a renouvelé auprès du chef du Foreign Office les demandes faites antérieurement en vue de faire donner une solution à la question de l'extradi- tion de Cornélius Herz.

Lord Rosebery a répondu que le gou- vernement anglais allait faire procéder à une nouvelle visite médicale de Cor- nélius Herz afin de constater si celui-ci peut être transporté devant le Tribunal de Bow street, qui doit prononcer sur la demande d'extradition.

Le président du Sénat donnera, le 28 juin, un dîner suivi de réception.

C'est aujourd'hui qu'aura lieu la gar- deri party donnée par lord et lady Duf- ferin à l'ambassade d'Angleterre.

Les voitures entreront par le faubourg Saint-Honoré et reprendront, à la sortie i les visiteurs du côté de l'avenue Gabriel.

L'Académie française, sous la prési- dence de M. François Coppée, a décerné hier ses derniers prix.

Sur le concours de Jouy, dont le mon- tant est de 1,500 fr., 1,000 fr. sont attri- bués à M. Philippe de Massa, pour son étude de moeurs intitulée : Zibeline, et 500 fr. à M. Vigné d'Octon pour le Roman d'un Timide ;

Le prix Vitet, de 5,800 fr., est décerné sans partage à M. Guy de Maupassant ;

Le prix Toirac, de 4,000 fr., à M. Jean Richepin, pour son drame en .vers, Par le Glaive ;

Deux prix de 500 fr. chaque, l'un à M. Mon val, l'archiviste de la Comédie- Française, pour sa publication des Let- tres d'Adrienne Lecouvreur ; l'autre à M. Alfred Soubies, pour ses derniers volumes de Y Almanach des Spectacles ;

1,000 francs, provenant de la fonda- tion Monbinne, sont attribués à M.Char-

les Simond pour l'ensemble de ses notices dans la Bibliothèque Populaire ; Enfin, la Compagnie a décerné les prix de 600 fr. à M. Robert Vallier; 500 fr. à M. Théodore Véron, et 500 fr. à M. Pierre Maël. ". v

Le général de division Lecocq-Pacha, qui est en ce moment à Paris, a été reçu hier par le Président de la Républi- que. ; . « .< -

Le meilleur'accueil a été réservé par M. Carnot à cet ancien officier de notre état-major qui, comme nos correspon- dants de passage à Constantinople l'ont souvent constaté, est très apprécié par le souverain ottoman et par son gouver- nement.

Dans le monde.

Très élégante réunion, hier soir, chez la comtesse de Pourtalès, pour la se- conde représentation de Madame Sga- narelle, de M. Georges Feydeau, inter- prétée par Mme Réjane, et de Les Aban- donnés, comédie de M. H. Meilhac, in- terprétée par Mme Réjane, M. Dumény et M. Gildès. Deux gros succès de plus à l'actif de « Ma Cousine ».

Cette soirée avait été précédée d'un dîner, dont les convives étaient :

Duc et duchesse de Doudeauville, comte et comtesse R. Potocki, comte et comtesse de Talleyrand, marquis et marquise de Bre- teuil, comte et comtesse Louis de Montes- quiou, prince et princesse d'Hénin, comte, et comtesse Le Marois, marquis èt marquise de Loys, prince Giovanni BorghèSe, baron de Dammartin.

La série des réceptions de la comtesse de Pourtalès sera close vendredi pro- chain par une soirée dansante.

Le vicomte de Lavaur Sainte-Fortu- nade, conseiller d'ambassade à Rome, vient de se fianceravec la jeune baronne Joseph de La Bouillerie, fille du comte et de la comtesse de Poix.

On nous demande si la famille du marquis de Luppé à laquelle appartenait le malheureux comte Maurice de Luppé, chef d'escadrons au 19° d'artillerie, à Nîmes, a une origine commune avec la famille Mayol de Lupé.

Réponse : Non, aucune parenté n'existe entre les deux familles.

Les conséquences de l'impôt sur les opérations de Bourse.

On a constaté hier, au bureau du télé- graphe de la Bourse, une légère dimi- nution dans le nombre dès dépêches et communications téléphoniques èntre Londres et Paris.

Ordinairement le montant des re- cettes de ce bureau varie entre 8 et 9,000 francs par jour, à moins d'événe- ments extraordinaires. Hier, la recette a un peu faibli, mais ce n'est qu'au bout d'un mois ou de six semaines qu'il sera possible de vérifier si l'application du nouvel impôt aura eu pour résultat de diminuer le nombre des dépêches en- voyées ou reçues pendant les heures de Bourse.

A la suite d'un article publié par M. Gérault-Richard , dans .Germinal, au sujet de la déposition de M. Salles, lieu- tenant au 76" de ligne, au cours du procès Baudin, une rencontre à l'épée a eu lieu hier matin, à onze heures, dans l'île de Neuilly.

A la deuxième reprise, M. Salles a reçu dans le creux de l'aisselle, à la paroi an- térieure du grand dorsal, une blessure en séton le mettant dans un état d'in- fériorité manifeste. . ..... .. ,

Les témoins de. M. Gérault-Richard étaient MM. A. Maujan et Paschal Grousset; ceux de M,. Salles étaient MM; de Marcillac et L. de La Baume, lieutenant : et sous-lieutenaut au 76« de ligne.

Charlet et son OEuvre, par Armand Dayot, publié chez May et Motteroz, est un élégant album avec étude biographi- que et critique, qui reproduit fidèle- ment plus de cent lithographies, pein- tures, sépias, aquarelles et dessins iné- dits du grand leader de l'épopée impé- riale ; ce coquet ouvrage, d'une acquisi- tion facile, restera comme le livre d'or du maître, destiné à en perpétuer le sou- venir.

M. Osiris, dont le concours, aussi éclairé que généreux, est acquis à toutes les questions d'art ou de charité, vient de prendre une initiative qui lui vaudra de nouveaux remercîments. Voici la lettre qu'il a adressée l'autre semaine à François Coppée à propos d'an des récents articles du Figaro :

Paris, Ie' juin 1893,

Monsieur François Coppée, membre de VAcadémie française

. Monsieur, .. V, /V-.

Je lis dans le Figaro d'hier, au cours d'un article sur Charlet; un fragment de l'un de vos écrits relatifs à Alfred de Musset et à l'indifférence dont on entoure aujourd'hui sa

mémoire,

C'est, avez-vous dit, « un scandale que Musset, mort il y a trente-trois ans, n'ait pas encore son image de marbre ou d'airain sur une de nos places publiques ».

Cette protestation de l'éminent poète contre l'oubli dans lequel on laisse une des gloires poétiques de ce siècle serait de nature à laisser croire â l'ingratitude des Parisiens pour l'un de leurs poètes favoris, si les Parisiens méri- taient ce reproche.

Il n'en est pas ainsi :

Depuis déià trois ans le monument de marbre d'Alfred de Musset est confié à deux des plus illustres statuaires de notre époque : Antonin Mercié et Falguière. La Ville de Paris en a accepté l'offre de votre serviteur, et dans quelques mois il se dressera en plein coeur de Paris, sur la place Saint-Augustin.

Votre souhait se trouve donc réalisé, et Musset aura sa statue sur l'une de nos places publiques.

Si Balzac ne jouit pas déjà du même hon- neur, depuis longtemps; la Société des gens de. lettres pourra rendre le témoignage qu'il n'a pas dépendu dè moi que cet hommage fût rendu plus tôt à l'auteur immortel de la Comédie humaine.

Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

Osiris.

L'Etat vient d'acheter le joli tableau d'André Brouillet, Intimité,qui avait été si remarqué au Salon des Champs-Ely- sées.- , ; 1 '. ;

Il est probable que cette toile ira au Luxembourg après la clôture du Salon.

HORS PARIS

Mme Auguez de Saarcy, l'aînée des filles de Mme la générale Boulanger, est heureusement accouchée d'un garçon.

L'événement s'est produit, hier, à Ver- sailles.

Un des sportsmen les plus connus en son temps, le marquis de Montécot, vient de mourir au château de La Rousselière, dans l'Orne, chez sa nièce, Mlle de Lab- bey. Avec son frère aîné, mort depuis plusieurs années, il était l'un des orga- nisateurs des premiers steeple-chases courus en France, à Avranches et à la Croix-de-Berny. Il fut également l'un des fondateurs du Sporting-Club, dont il resta jusqu'à la fia vice-président.

Le marquis Doynel de Montécot ap- partenait à l'une des premières familles de Normandie. Son grand-père, qui avait épousé Mlle...de la Ferté-Sénecterre. était, avant la Révolution,premier cham- bellan de M. le comte d'Artois. Son père, marié à-Mile 4e Franclieu, soeur du dé- puté royaliste bien connu, fut gentil- homme de la chambre du roi Charles X. Un Doynel figurait à la conquête de l'Angleterre aux côtés de Guillaume-le- Conquérant.

En 1695, la terre de Montécot fut, par lettres patentes héréditaires, érigée en marquisat en faveur d'un Doynel._

Le marquis de Montécot, qui vient de mourir, n'était pas marié. Son titre passe sur la tête de son cousin, le comte Doy- nel de Saint-Quentin, qui a épousé, il y a quelques années, Mlle Liégeard, fille de notre ami, M. Stéphen Liégeard, le charmant poète de la Côte d'Azur et des Grands Coeurs.

NOUVELLES A LA MAIN

Guy-Bolard n'a pu arriver à se désha- bituer de certaines phrases toutes faites, ou simplement à modifier, comme l'exi- geraient les progrès modernes, des ex- pressions consacrées.

C'est ainsi qu'il se plaignait dernière- ment, en ces termes, de recevoir de nombreuses visites :

- Du matin au soir il y a du monde pendu à mon bouton de sonnette !...

Le Masque de Fer-

. - - «w- ' . . r-

LE DISCOURS DE TOULOUSE

M. DUPUY, à son secrétaire. - Quoi de nouveau dans les journaux, ce ma- tin?

LE SECRÉTAIRE, timidement. - Le discours de Toulouse a été couvert d'applaudissements.

M. DUPUY, se frottant les mains. - Ah ! ah ! j'en suis ravi. Je savais bien qu'on finirait par me rendre justice.

LE SECRÉTAIRE. - Les journaux di- sent de plus...

M. DUPUY. - Parlez ! Parlez 1

LE SECRÉTAIRE, embarrassé. - ... Que l'orateur est un homme de gouverne- ment.

M. DUPUY, très joyeux. - Très bien 1 Après ?

LE SECRÉTAIRE, de plus en plus gêné. - ... Et qu'il présidera aux élections géné- rales...

M. DUPUY, exultant. - A la bonne heure ! Mais ce sont les journaux d'il y a quinze jours que vous me lisez là!

LE SECRÉTAIRE. - Ce sont ceux de ce matin. ? ? . -, . ?' ; ' -,

M. DUPUY. - C'est bien du discours dé Toulouse qu'ils parlent, cependant ? - -

LE SECRÉTAIRE. - Oui, du discours de M. Constans.

M. DUPUY.-Alors, l'orateur applaudi, ce n'est pas moi?

LE SECRÉTAIRE. - C'est M. Constans.

M. DUPUY. - L'homme de gouverne- ment?...

LE SECRÉTAIRE. -M. Constans.

M. DUPUY. - ... Qui présidera aux élections...

LE SECRÉTAIRE. - M. Constans.

M. DUPUY. - Il m'embête, celui-là ! De deux choses l'une : ou il est premier ministre, ou le premier ministre c'est moi... si c'est moi...

LE SECRÉTAIRE. - Bravo I Bravo I Victoire I

M. DUPUY. - Qu'est-ce que vous

avez ?

LE SECRÉTAIRE. - Eh bien ! vous venez de vaincre M. Constans comme vous avez vaincu déjà le socialisme.

M. DUPUY. - ???

LE SECRÉTAIRE. - Vous venez de l'en- fermer dans un dilemme I

. Brieux.

LA GUERRE AQ DAHOMEY

Cotonou, 10 mai 1893.

îî ne s'est produit, hélas ! aucune amé- lioration, aucun changement dans la situation politique et sanitaire du corps expéditionnaire, depuis le départ (j'allais dire le rappel) du général Doods.

Toujours même incertitude dans notre ligne de conduite. Le gouvernement di- rige tout de Paris et continue à vouloir que tout soit pour le mieux dans la meilleure des colonies. Il n'en est pas de même du sieur Behanzin Ai Djery.

Ce monarque déchu nous a envoyé le 28 avril deux messagers, Candido Rodri- guez, le fameux métis qui a confectionné le traité de 1890, et un cabécère de pre- mière classe, le nommé Tcheulingou, sorte de conseiller intime. Ces am- bassadeurs sont arrivés escortés de vingt guerriers, sans armes. Ils étaient affu- blés de fortes chevelures, ce qui signifie la volonté de rester libres et, indépen- dants; ^ ' . '

Je suis sûr que Clovis Hugues eût été

ému en voyant ces têtes mérovingiennes couleur d'ébène.

Le Tcheulingou a dit de vive voix sa récade (message) devant le colonel Lam- binet, le nouveau commandant supé-

I rieur, après avoir exhibé le bâton royal, grosse trique ornée de gris-gris en ar- gent, serpents, crânes, fétiches divers. : « Behanzin salue M. Carnot, tous les » ministres, tous les officiers et tous les » Français. Dieu a voulu la guerre. Be- » harizin est vaincu. Il demande la paix » et se livre à la France. Il espère qu'on » lui laissera Abomey. »

On dit que le colonel Lambinet n'est nullement partisan d'une nouvelle expé- dition. Cet officier supérieur, qui a com- mandé, en 1892, le régiment d'infanterie de marine de Paris, et dont les talents militaires ont été très appréciés par le général Saussier, a transmis les propo- sitions de Behanzin avec avis favorable. Le commandant supérieur estime qu'il faut traiter, ce que déjà voulait faire le général Dodds, à Cana, le 10 novembre 1892.

Recommencer les opérations, c'est s'exposer à poursuivre un ennemi insai- sissable, dans un pays inexploré. Nous n'avons ni bêtes de somme, ni porteurs.

II faut au moins mille mulets, ci: un mil- lion de francs de première mise. Il est vrai que ces animaux ne coûteront pas très cher à nourrir. La deuxième divi- sion Ues colonies a envoyé au Bénin,

pendant lapremière colonne, du foin et de l'orge pour deux mille chevaux pendant deux ans, alors qu'il y en avait cent-cin- quante présents à l'escadron de spahis. On ne rencontre. sur la plage de Koto- nou que sacs d'orge et bottes de foin. Quelques têtes de moutons ou de boeufs feraient mieux notre affaire.

L'amiral ministre de la marine n'a pas pensé comme le colonel Lambinet. Ordre est arrivé de Paris de rompre les négociations et de renvoyer les messa- gers qui sont repartis avec la canne royale et leurs cheveux longs.

L'effet de cette politique ne s'est pas fait attendre. Behanzin, qui n'est nullement déchu de son autorité morale et de sa puissance occulte, a envoyé ses émissai- res aux corps de partisans qu'il a semés un peu partout. Le 2 mai, à l'ouest de la Lama, à cinquante kilomètres de Why- dah, à vingt kilomètres au sud-ouest d'Abomey, donc en territoire pacifié, un détachement du bataillon d'Afrique a été attaqué, sur la route de Toffo à Huansuko. L'affaire a commencé à huit heures. Elle s'est terminée à deux.

Le lieutenant Courte, commandant l'avant-garde, a résisté héroïquement sans être atteint par les balles que fai- saient pleuvoir 800 guerriers embusqués derrière - des fourrés impénétrables. Dans le carré, le capitaine Mangin reçut huit balles. Le lieutenant Aigret eut la cuisse traversée. Le sergent Bianconi et un chasseur ont des blessures légères. Vers deux heures, manquant d'eau et n'ayant ni brancards ni moyens de transport, les « joyeux » durent se re- plier sur Toffo.

Les blessés viennent d'arriver à Whydah. On espère sauver le capitaine Mangin dont l'état est grave. Les autres seront rapatriés le 18 mai par le Taygète.

Ce combat a causé une vive émotion dans la colonie. Il faut envisager froide- ment la situation.

Rien n'est désespéré. C'est un petit Tonkin. Partout des pirates, des dissi- dents.

Nous avions fortement entamé la puis- sance dahoméenne. Mais nous n'avons pas achevé la victoire. On a cherché vainement un successeur à Behanzin, on n'a trouvé personne.

Aucun noir, aucun créole ne veut être roi de Dahomey. Si l'on ne rétablit pas l'ancien royaume des Fous, il faut se résigner à une occupation permanente, coûteuse, et peut-être s'exposer à des mécomptes fréquents, car on n'impro- vise pas des administrateurs africains.

Il y a dans toute cette malheureuse affaire beaucoup d'inexpérience politi- que, beaucoup de légèreté. La marche sur Abomey, le pillage de cette capitale n'ont rien produit, rien du tout.

Continuera-t-on? Ira-t-on au pays des Mahis? Au Niger?Que le gouvernement se décide 1 Actuellement, nous sommes réduits à l'impossibilité absolue de faire oeuvre militaire efficace.

Les compagnies sont réduites de moi- tié. On estime à 29 0/0 les pertes cons- tantes des effectifs, par suite de mala- dies et rapatriements successifs, depuis cinq mois.

Le gouvernement aura beau chercher à éviter les effets des télégrammes, à cause des élections qui approchent, il ne peut rien. Il faut qu'il prenne vite une décision ferme pour éviter de plus grands malheurs.

Le commerce se plaint beaucoup. Les maisons françaises ne font rien et par- lent de liquider leurs factoreries.

Dans ces conditions, il y a peut-être une sage mesure à prendre : s'en aller 1 Osera-t-on seulement la proposer au Parlement? L'exemple des Anglais est là, cependant! L'évacuation n'est pas impraticable.

Un Solda».

LËS MOEURS DU TEMPS

Les tableaux de moeurs contempo- raines que j'accroche de temps en temps aux colonnes de ce journal me valent très fréquemment des lettres intéres- santes, propres à révéler l'état d'âme do mes lecteurs et de mes lectrices.

Les uns dont la curiosité est particu- lièrement piquée par ces récits, dont la fond est toujours vrai, me demandent la nom véritable de mes personnages et da qui j'ai voulu parler. Les autres vont plus loin encore. Ils me sollicitent de les présenter auxdits personnages, « dési- rant leur faire une communication im-. portante ».

C'est ainsi qu'ayant raconté récem- ment une aventure très douloureuse ar- rivée à une grande pécheresse, retiré® aujourd'hui de la circulation après for- tune faite, j'ai été prié de la disposer & commànditer une affaire industrielle.

En une autre circonstance, on aurai»