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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1880-06-21

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 21 juin 1880

Description : 1880/06/21 (Numéro 173).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2775029

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SOMMAIRE

LA PLAINE MONCEAU Adrien Marx.

Echos DE Paris Le Masque de Fer.

Elbctio» Municipalb.

NommonsTrinquet -A, Rénal.

PARIS AU JOUR LE JOUR ET LA PRESSE étiungêiib Adolphe Racot.

Pouchkine D. >T^H«.

Nodvelles Diverses '.Jean de ParK^M »', >.

NOOYELLIi6 DIVERSES ~~8at6~ de Pai ,q m;

TÉLÉonAJiMES ET Correspondances/ Faits Paris ET AVIS utiles. d ,> Courrier des Théâtres •. Jules Prévëtt j) L\ '<

Feuilleton L'Equipage DU Diaélip F.î d^t fois-;

gobey. \K V"

LA PLAINE MONCEAU' Autrefois, -une maison, habitée par une seule famille, constituait un luxe accessible à quelques hauts personnages titrés, millionnaires et fastueux. Depuis quelque temps grâce à une foule de considérations trop longues à consigner ici, chacun veut avoir son hôtel. et les hôtelsimportants, moyens et minuscules, sortent de terre, drus et pimpants. Pour satisfaire ces appétits de construction, il fallut s'éloigner et chercher, en dehors des anciennes limites de la capitale, des hectares vacants. Il y avait précisément au delà des boulevards extérieurs, mais cependant à vingt minutes de la Madeleine, une immense plaine appeléelaPlaine Monceau- absolument dépourvue d'habitations.

Al'époque dontieparle (1850), ce territoire quasi suburbain se composait de champs de blé, de coquelicots et de bluets, sillonnés par des sentiers où s'égaraient les Juliettes des Batignolles au bras des Roméos des Ternes.

Seuls, quelques bâtiments fort laids se dressaient, isolés et séparés par des échoppes, sur la rive droite du boulevard de Courcelles. L'un de ces immeubles fut même célèbre sous le vocable familier de Patte de Chat. On y vendait de l'amour et des spiritueux de qualité inférieure.

Un jour, deux peintres, Decamps et Jadin, après une promenade au parc Mousseau (comme on disait alors, par corruption), se trouvèrent par hasard au beau milieu de cette thébaïde. Ils virent un écriteau indiquant que des lots importants étaient à < vendre. Les deux amis avaient; par chance, en poche quelques billets de mille francs. Désirant sauvegarder leurs modestes économies, l'idée leur vint de les appliquer à l'achat de ces arpents excentriques. Ils se rendirent donc chez le notaire des vendeurs et, lesoirmème, lemarché était conclu. Tout compte fait, leurs terrains leur revenaient à un franc cinquante le mètre superficiel. Après quelques années, Decamps trouvait à céder sa part au prix de six francs. Il n'hésita pas. M. Jadin, plus avisé, attendit. Au moment où l'on perça le boulevard Malesherbes, il vendit, a des entrepreneurs, le droit de décharger des terres et des matériaux sur son domaine, moyennant une redevance de trois francs par mètre carré. A ce compte, le sol qu'il avait payé, primitivement, un franc cinquante centimes, ne lui coûtait plusun maravédis et lui rapportai trente sous. Ce sont ces. terrains que M. Jadin a revendus, il y a deux ou trois ans, cent cinquante, deux cents et deux cent cinquante francs le mètre!

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La plaine Monceau présente, à l'heure actuelle, un spectacle que oncques on ne vit, même au beau temps de la fièvre Haussmannesque. En deux ans, une ville immense s'est dressée et se dresse journellement. Certaines parties non terminées sont encore la proie d^une myriade d'ouvriers de toutes sortes, et rien n'est curieux lorsque sonne l'heure des repas– comme d'assister a la débâcle de maçons, tailleurs de pierre, peintres, menuisiers, et serruriers que c'est un vrai bouquet de lïeurs Ces artisans se répandent dans le quartier, à la recherche du bouchon restaurateur, car le marchand de vins en boutique est rare encore. On voit alors tout ce monde attablé au dehors ou en dedans de cahutes provisoires en planO'ies. Je me suis laissé dire que l'une de ces tavernes sert des gibelottes dont on se lèche les doigts jusqu'à l'épaule. Avant de se remettre à l'œuvre, les travailleurs vont fumer une pipe ou lire un journal (qui n'est généralement pas la Revue des Deux-Mondes) à l'ombre aristocratique des marronniers du parc hionc au, étonnés, sans" le manifester du reste, d'abriter tant de bourgerons poudreux et de blouses plâtreuses. Un des premiers habitants de ces parages fut Detaille. Extrêmement jeune, il Joua, rue Legendre, une maisonnette isolée. La voie était tracée, mais elle était veuve de trottoirs, de pavés et de becs de gaz aux alentours, des steppes vagues et silencieux! Quelques mois après, De- faille bâtit et habita boulevard Males- herbes, l'hôtel qu'il occupe aujourd'hui. La demeure du jeune maître a été surnommée « la Petite-Roquette », à cause de sa similitude extérieure avec la prison lles jeunes détenus; elle oflre cette particularité que la pièce qui devait servir d'atelier est si spacieuse, et surtout si haute,.qu'elle est inhabitable en hiver. Un vrai vaisseau de cathédrale avec galeries et escaliers intérieurs! Detaille en a fait un musée plein de belles -raretés. Les murs sont couverts desplehdides tapisseries, mais, en tous temps, le jour y est défectueux, en sorte que ne ouvant peindre dans son atelier, (c'était bien la peine de se donner tant de mal ) Détaille s'est réfugié dans une remise, au fond de la cour. Cela ne veut pas dire qu'il ait remisé son talent! Somme toute, cet at home est fort intéressant à visiter, tant par sa disposition pittoresque que par son ameublement, sa galerie de tableaux, ses bronzes japonais et les innombrables croquis du seigneur de céans. Aussi, dès qu'un personnage de distinction arrive à

Paris, il va frapper à la porte dti cachot du boulevard Malesherbes. Le prince de Galles y manque rarement.

Récemment, un ami de Détaille lui amena une dame qu'il présenta sous un nom inconnu et étranger. Detaille lui faisait, avec sa bonne grâce etson urbanité habituelles, lés honneurs de la maison, lorsq ue le duc et la duchesse de xConnaught, fils et bru de la reine d'Angleterre, entrèrent dans l'atelier. A lavue :-aes nouveaux venus, la première visilïejuse se troubla légérement et les deux •Altesses Royales semblèrent, de leur oèté, un peu interdites cependant les 4rois personnages se rapprochèrent et causèrent pendant quelque temps en langue anglaise. Les étrangers partis, Détaille, assez intrigué de l'incident, en demanda l'explication à l'ami qui lui avait amené l'inconnue et il ne fut pas peu surpris d'apprendre qu'elle n'était autre que la princesse impériale d'Allemagne, fille, comme chacun sait, de la reine Victoria, et par conséquent sœur du duc de Gonnaught. L'embarras momentané, manifesté par. les augustes hôtes du peintre, venait de ce que, voyageant les uns et les autres incognito, ils étaient dans une ignorance réciproque de leur mutuel séjour à Paris.

La maison mitoyenne de celle de Detaille appartient à l'illustre Meissonier.Construit dans des proportions imposantes, cet hôtel est connu dans le quartier sous le nom de La Mairie, à cause de son architecture copiée sur celle des monuments municipaux.

M. Meissonier, dévoré de la passion de l'agrandissement, a augmenté les proportions primitives de son royaume (disons « sa république » pour ne pas froisser ses opinions ) tant et si bien qu'il a fini par enclaver le pavillon de Neuville qui joue un peu, dans ce vasto ensemble, le rôle du moulin de. Sans Souci. Pour en finir avec ce coin, racontons que dernièrement on put voir, au grand soleil, sur une galerie-terrasse, dépendant de « la Mairie » se promener le mousquet au bras, un soldat espagnol, du temps de Philippe II. Sa silhouette se découpait en vigueur sur le ciel. Grand ameutement des badauds Quel était ce reître barbu et armé jusqu'aux dents? Renseignements pris, c'était un modèle qui se délassait d'une pose prolongée, par une promenade en plein air.

De l'autre côté du boulevard Malesherbes, on remarque un hôtel élégant, quoique un peu maniéré; grande porte cochère, en fprme de portique, avec armes et couronne de marquis. C'est la demeure de Mlle Valtesse de la Bigne qui a tenu jadis avec autorité, au théâtre des Bouffes Parisiens, l'emploi des pages et des demoiselles d'honneur. Mlle Valtesse a une foule de signes particuliers. Elle est rousse sans teinture, affable sans intérêt, jolie sans artifices, spirituelle sanseflort, et artiste sans leçons -je veux dire qu'elle peint, écrit et pianote naturellement, sans avoir eu d'autre professeur que sa volonté. Mlle Valtesse a même fait de'la politique. Les fêtes qu'elle donnait, au 15 août, à Ville-d'Avray sont restées célèbres la dernière, qui fut la plus brillante et la plus bruyante, faillit être l'objet d'une interpellation à la Chambre. On traitait alors la châtelaine de Ville-d'Avray de Valtesse Impériale Signalons, en rem oh tant le boulevard, les logis charmants du peintre Beaugnies, dont les réunions intimes sont fort suivies, de M. le comte" de Roydeville et de la fameuse modiste Mme Virot, qu'Hippocrate n'oublierai pas s'il refaisait chose improbable –son chapitre des chapeaux.

A l'entrée de la place Malesherbes se dresse un palais, encore en construction, mais dont on peut admirer déjà les proportions à la fois délicates etgrandioses. Ce palais reproduction exacte du château de Blois- appartient à M. Emile Gaillard, richissime banquier de Grenoble et sera certainement une des merveilles de Paris.

Le côté droit de la place Malesherbes est connu, dans le quartier, sous le nom de rue des Nations. En eflet, la diversité de forme et de style qu'affectent les constructions en ce point rappelle la fameuse rue des Nations de l'Exposition de 1878. Parmi ces hôtels, -se trouve celui de l'architecte Pigny, style Henry II. Le second étage de ce manoir est occupé par la famille de Gounod, dont M. Pigny est le beau-frère et le propriétaire. Gounod a, pour cabinet Se travail,- une immense pièce de huit mètres de hau- teur, garnie de très belles orgues de Cavaillé-Coll, mues par un appareil hydraulique, et, sur le buflet desquelles le sculpteur Franceschi, a placé une tête de Christ qui est un pur chef-d'œuvre d'expression! Une bibliothèque musicale renferman t troisou quatre millepartitions ou ouvrages musicaux, une autre bibliothèque, pleine de livres de science et de philosophie, des objets d'art en nombre .infini, offerts,, pour la plupart, par des admirateurs, et une cheminée monu- mentale, ornée de superbes bas-reliefs, complètent la décoration de ce hall immense.

Gounod y travaille présentement à une œuvre de longue haleine, une trilogie sacrée, intitulée « Rédemption. » Les vers, forts beaux, du reste, ont pour auteur le maître lui-même qui, s'il n'était un musicien de génie, serait un poète de premier ordre.

Mais ce qui désespère le maëstro, appelé par Rossini « l'auteur de Mireille», c'est le peu d'instants qu'il arrive à consacrer au' travail. Sans être franc, à la façon du vieux Chérubini qui avait écrit sur sa porte « Ceux qui viennent me voir me font honneur, ceux qui ne viennent ̃pas me font plaisir, » Gounod déplore amèrement le temps que lui soutirent les fâcheux.

Le soir venu, etlqrsqu'il a pu échapper au déluge d'invitations qui remplit journellement sa boîte aux lettres, Gounod, ayant à ses côtés sa famille femme, enfants, frères^ sœurs, nièces et neveux, fait

avec délices et,lepluspatriarcalement du monde, sa pipe aux lèvres, une partie de dominos ,t- jeu pour lequel il a une passion ardente et jamais assouvie. Grounodadescheveuxblancs. Il les doit plutôt aux double-six qu'il n'a pu passer qu'a ses labeurs nocturnes.

Une particularité que les biographes de Gounod n'ont, croyons-nous* jamais relevée au jour de sa naissance, son père et sa mère avaient, a.. eux deux, plus de cent ans. Qu'on vienne dire, après cela, que les enfants issus de gens âgés sont cacochymes et obtus 1

Sur le côté gauche de la place Malesherbes aboutissent trois chaussées nouvelles auxquelles on a donné, en souvenir de notre pauvre Alsace les noms de Logelbach, Thann et Phaïsbourg. Le choix du nom d'une rue voisine, a causé bien des hésitations. Le propriétaire des terrains, fanatique des arts et des artistes, voulait d'abord l'appeler rue Rachel, mais on trouva que ce nom immortalisé par une sublime tragédienne, avait été partagé par elle avec une foule de notoriétés scabreuses. Le nom de Rachel abandonné, on songea à celui de Mlle Mars; rue Mars, ça ne faisait pas mal, mais le propriétaire des terrains s'appelait M. Avril –d'où pouvaient résulter de regrettables méprises. D'autant mieux qu'il y a, dans ces parages, une cité Février et l'habitation d'en M. Janvier. L'année entière y aurai t passé! Plusieurs autres noms d'artistes dramatiques et lyriques furent mis en avant sans succès. Les choses en étaient là, ..quand on vit, un beau matin, les ouvriers posant, aux coins de la rue jusqu'alors innommée, des plaques bleues portant en lettres blanches « Rue Montchanin ». Grand émoi des. habitants Comment, disait-on," les noms de Rachel, Mars, Malibran, Taglioni, ont été repoussés, et, ce que l'on a refusé à de sublimes artistes, on l'accorde à une simple danseuse de l'Opéra, à Mlle Montchanin

Sans vouloir rabaisser le talent et la situation de cette aimable chorégraphe, on trouvait généralement l'honneur un peu excessif. Mais bientôt tout fut expliqué Montchanin est le nom d'une bourgade (Montchanin-Ies-Mines), où le propriétaire de cette zone avait jadis une importante fabrique de briques et de tuiles.

Dans la rue Montchanin, je trouve des .contribuables qui s'appellent MM. Frank Perrin et Roger, conseillers la Cour des comptes, M. Thors, le sémillant directeur delà Banque de Paris, M. Fœder, directeur de Y Union générale, etc. etc. A côté, sur l'avenue de Villièrs, l'habitation fort élégante d'une ancienne camarade de Mlle Montchanin, Mlle CoralieBrach qui, outre son hôtel, possède un fort grand jardin où il y a, parait-il, un verger, qui permet d'y cueillir la fraise. -'̃' Tout proche, l'hôtel du banquier américain Seligmann dont les fêtes ont une réputation de luxe bien méritée. En face les peintres Leloir et de Traz et" le sculpteur Saint-Marceaux. Plus loin et toujours sur l'avenue de Villiers, MM. Maurice Poirson et Duez, puis le fameux « angle » de Mlle Sarah Bernhardt. On a tant de fois décrit cette merveille d'architecture qu'il serait oiseux d'y revenir. On, a vu, du reste au Vaudeville, dans le Nabab, la reproduction à peu près exacte de l atelier de l'ex-sociétaire de la Comédie-Française. Ajoutons que la demeure de Mlle Bernhardt a été surnommée la Boîte à mouches, à cause du bourdonnement continu résultant du vaet-vient des visites.

Passons au voisin M. Munkacsy, dont l'hôtel rempli, jusqu'à l'exagération, de belles choses, a, comme celui de Mlle Bernhardt, été bien souvent dépeint, lors des bals qu'y a donnés le célèbre'maître hongrois. Signe particulier Mme Munckacsy est la châtelaine parisienne qui reçoit le mieux son monde; En continuant on passe devant le 'bel atelier de M. Roger Jourdain, puis, un peu plus loin, on arrive à la deméure de M. Alexandre Dumas, tellement pleine de toiles célèbres qu'il y en a sur trois rangs, jusque dans l'escalier. Pour désencombrer un peu sa maison, l'académicien a fait transporter, dans son jardin le chalet alsacien de l'Exposition de 1878, et il en a fait une sorte de Louvre qu'il augmente, chaque jour, de tableaux choisis avec flair et achetés avec discernement. Dans les environs, Clairin, dont la palette est au service de toutes les bonnes œuvres, et Berne-Bellecour, dit «le père Gigogne». L'auteur du Coup de canon a huit enfants 1 mais ne plaignez pas ce « pauv'père de famille». Grâce à sa palette, ses héritiers seront millionnaires.

Mentionnons encore, au hasard de la plume, et sans nous préoccuper de leur position topographique, les propriétésdes peintres Jacquet, Fichel, Gombies, Bastien-Lepage, Jadiufils, Lambert, Va yson, etc., du sculpteur Christophle, de MM. le comte Rosan, le baron de Billing, Georges Berger, Paul Poirson, Emile Perrin, directeur de la Comédie-Française.

Nous avons, dans cette aride et longue nomenclature, passé en revue presque tous les habitants notables de ce nouveau Paris; nous avons cité artistes, hommes de lettres, financiers, hommes politiqués, etc. Mais il est une classe sociale dont nous n'avons encore rien dit. Cette classe, qui tient une grande place morale dans la vie parisienne, tient une grande place matérielle dans la plaine Monceau. Nous voulons parler des « Belles-Petites qui se sont installées d'abord rue de Prony. On peut remarquer, à ce sujet, que les «BellesPetites » s'abattent sur les quartiers neufs. La poudre de riz succède à la poudre déplâtre; après le blanc de céruse le blanc de perles.. Les cocottes veinardes affluèrent donc rue de Prony ce fut une rage Les unes

louèrent, les autre! achetèrent et l'end&B&ï en fut, à ce point encombré, quel Mlle Léonide Leblanc, une ar- tiste sérieuse, qui y possédait un hôtel sérieux, et recevait une société sérieuse, fut scandalisée du voisinage, vendit son hôtel et alla s'installer non loin de là, rue Fortuny. Mme Deveria qui eut un si grand succès de beauté dans les Turcs, et Mlle Elluini la plus riche des impures, mais la meilleure et la plus charitable des femmes l'imitèrent et s'en furent porter plus loin leurs pénates dorés.

Depuis cette époque, la rue de Prony, tout en conservant ses charmantes habitudes des premiers jours, est devenue demeilleuraloi. Quelques graves immeubles se sont accolés aux anciens, et l'on pourra bientôt dire que l'on y est domicilié sans qu'un mauvais plaisant vous tapesurleventre en vous appelant « gros débauché 1 »

Adrien Marx.

Échos de Paris La Température. Il n'y a point de modification importante à signaler dans la situation. La journée d'hier a été très chaude et assez belie. Le ciel est resté nuageux, et une forte averse est tombée, vers cinq heures, sur l'ouest de Paris, mais à peine y a-t-il eu quelques gouttes d'eau dans les autres quartiers. LëSob-, Nouvelle averse. Le baromètre ne s'étant point relevéj on doit s'attendre à de nouvelles pluies et a la continuation de la période orageuse.

Les thermomètres parisiens se sont élevés, dans la journée, à 27».

A TRAVERS PARIS

Aujourd'hui, à 2 h. 1/2' courses à Maisons-Laffitte, Grand-Military, steeplechase. Train spécial gare'Saint-Lazare, à 1 h. 15.

Voici le complément du mouvement préfectoral que nous avons donné dans notre précédent numéro et qui a paru en même temps au Journal Officiel: M.'Périyier, chef de cabinet de préfet, est nommé secrétaire général de la préfecture de la Haute-Saône.

M. Billout est nommé sous-préfet de Gray; M. Jules Belleudy, sous-préfet d'AptjetM.Devojsins, sous-préfet deLargentiere.

Le ministre de l'intérieur a reçu hier matin le procureur général d'Aix et le préfet des Alpes-Maritimes, qui venaient prendre ses ordres relativement à l'exécution des décrets du 29 mars.

A partir du 29 juin, leur a dit textuellement le ministre, pourchasses les Jésuites. Quant aux congrégations, je vous ferai connaître ultérieurement les décisions ministérielles.

Or, c'est surtout dans les Alpes-Maritimes que la question des congrégations est particulièrement intéressante. Lors de l'annexion de ce département à,.la France, le gouvernement a pris visà-vis de ces congrégations l'engagement de les protéger. et même de les subventionner, conformément à d'anciennes lois sardes.

Cet engagement a été d'ailleurs l'objet d'un traité inviolable.

Le ministère pourra donc appliquer partout les fameux décrets Ferry excepté dansles Alpes-Maritimes. N'est-ce pas que c'est au moins curieux ?

Jeudi prochain sera célébré, à l'église de la Madeleine, le mariage de M. le comte de Béarn, sous-lieutenant au 130° de ligne, avec Mlle Marie-Antoinette Valéry, fille du comte Valéry, sénateur de la Corse, décédé l'an dernier. S. G. Mgr l'évêque d'Angers donnera la bénédiction nuptiale aux jeunes époux.

Dernier écho de l'incident de Melun. C'est M. de Freycinet qui, au nom de l'importance de la question de l'amnistie, a décidé M. Grévy à retarder son voyage. Le Président, toutefois, comprend l'importance de l'engagement qu'il a pris vis-à-vis des Melunois.

Le concours régional est fini depuis hier, mais l'intéressante Exposition universelle de Melun sera ouverte jusqu'à la fin d'août. M. "Grévy compte donc bien- trouver d'ici là un jour pour s'y rendre.

Nous recevons la lettre suivante qui a trait au fragment d'un journal de la première Révolution, publié par nous, hier. ̃ Paris,20 juin 1880.

Monsieur le Rédacteur en chef,

En réponse à la demande d'un do vos lecteurs, relative à une citation d'un journal de la Révolution, je m'empresse de vous transmettre le renseignement suivant La feuille du matin ou le Bulletin de Paris est une petite feuille în-8° quotidienne qui parut du 24 novembre 1792 au 24 avril 1793. Elle reprit le genre satirique du Journal général de la. cour et de la ville, connu sous le nom du Petit Gauthier et qui avait cessé de paraître à la suite du 10 août. C'est un journal royaliste dans son acception la plus prononcée, violemment hostile à la Révolution, attaquant sans relâche les hommes et les institutions du moment, et ne reculant devant rien de ce qui pouvait les rendre ridicules ou odieux, inventant au besoin des faits invraisemblables, dans une liberté de langage et une crudité d'expressions qu'atteignent à peine aujourd'hui, et ce n'est pas peu dire, certains de nos journaux actuels si quelque chose peut excuser le ton do ce Père Duchesne royaliste, c'est le courage avec lequel il s'adressait aux gens qui détenaient le pouvoir, a quelque titre que ce fût. Les Girondins ne sont guère mieux traités que les Montagnards. La chanson dont vous citez les premiers vers, parodie de la Marseillaise et précédée d'un préambule ironique, se trouve en entier dans le i\° 2 (daté du z5 novembre 1792). La seconde citation est un entrefilet, comme on dit aujourd'hui, du 33 (mercredi 6février 1793). Aux noms qu'il indique, il faut ajouter celui de Momoro, imprimeur, membre fougueux du club des Cordeliers, et le mari de Ta citoyenne Momoro, qui représenta plus tard le rôle de la Déesse Raison. Elle était assez jolie, au dire d'un contemporain, « mais elle » avait des dents affreuses. » C'est simplement une plaisanterie d'un goût douteux; Marat et ses compagnons ont la conscience assez trouble pour qu'on n'y ajoute pas les

Vapeurs de l'iv¥éMê. Dti reste, oe journal est aussi curieux que rare.

Agréez, monsieur, l'assurance de ma considérât jpn distinguée. ̃

UN DEVOS PLUS ANCIENS ABONNÉS.

A propos du cinquantenaire de la conquête d'Alger, on a lu dans notre Supplément littéraire une anecdote des plus pittoresques. Comme contraste, voici quelques souvenirs malheureusement authentiques et moins gais.

Nous les trouvons dans le Journal d'un ministre, memento écrit au jour le jour, en 1830, par M. de Guernon-Ranville, l'un des derniers ministres de Charles X. A la date du 9mai, on lit:

Les journaux de l'opposition attaquent avec e fureur l'expédition d'Alger et semblent conspirer avec l'ennemi pour la faire échouer. Nous avons examiné si la législation n'offrait aucun moyen de répression contre cette conduite vraiment criminelle. Malheureusement il n'en existe pas.

Et le lendemain, M. de GuernonRanville écrit: `

Enfin, le télégraphe a donné la nouvelle que l'embarquement a commencé ce matin. Il est temps que notre flotte s'éloigne. Les journaux do l'opposition redoublent d'efforts pour dépopulariser l'expédition qu'ils signalent comme impraticable et injuste, et surtout pour démoraliser le soldat, soit en ébranlant sa confiance dans son chef, soit en l'effrayant par la peinture exagérée dos dangers et des privations qui l'attendent.

Ce sont là des choses utiles à rappeler à ceux qui oseraient parler du patriotisme de l'opposition d'alors. Craignant de voir consolider la royauté par une conquête, elle en était à souhaiter la défaite de nos troupes, défaite qui eût hâté le renversement du trône 1 Dans une des villes du sud de l'Angleterre, un de nos abonnés a eu entre les mains le prospectus in-folio d'un ouvrage illustré, avec cartes, plans de batailles, etc., etc.

Le dessin, très soigné du reste, qui sert de spécimen pour tous ceux de l'ouvrage, porte cette légende au moins inattendue:

HOISTING THE GERMAS STANDARD ON VALÉRIEN Et, en eflet, on voit un officier prussien plantant le drapeau de l'Allemagne sur le haut d'une forteresse, aux acclamations enthousiastes d'une foule de soldats prussiens qui occupent tout le fond et le bas du tableau

Cette façon d'écrire l'histoire est bizarre.

Nous extrayons, en la copiant textuellement, l'annonce suivante du Borsenblatt, moniteur officiel de la librairie allemande, à Leipzig

cuniEux!

Le soussigné a à vendre et prie de lui adresser des offres:

Le livre d'inscriptions du château de SaintCloud qui a été soumis a tous les visiteurs pendant les années 1855-1870.

Ce volume contient sur quarante-cinq feuilles in-folio les inscriptions autographes d'un grand nombre do personnes parmi lesquelles les noms lesplus célèbres de l'histoire do France contemporaine.

La reliure a été arrachée et perdue. Mais les feuilles elles-mêmes sont restées complétement intactes.

W. 0. Link,

Antiquaire à Postdam.

On voit que ce que nous avons perdu ne l'est pas pour tout le monde. NOUVELLES A LA MAIN

Cueilli dans un prospectus relatif à l'emploi d'un biberon nouveau modèle, dont l'inventeur espère d'excellents résultats

Lorsque l'enfant a fini de téter, il faut le dévisser soigneusement et le mettre dans un endroit frais, par exemple sous- une fontaine l

Terrible! si la nourrice confond l'enfant avec le biberon, comme ce serait un peu son droit.

Fable renversée.

Un aventurier expliquait l'autre jour à un boulevardier, le projet qu'il avait conçu d'entreprendre n'importe quoi, pour devenir roi n'importe où.

Oh! fait le boulevardier, j'ai entendu parler des grenouilles qui demandent un roi; mais, toi, tu os de ces rois qui demandent des grenouilles Dernières nouvelles

On nous affirme de la façon la plus formelle, et sous toutes réserves, que le ministre de la guerre est dans l'inten- tion de supprimer les chevaux de la ca- valerie.

Il n'était que temps, au train dont vont les choses.

Mme A. voit son domestique entrain de couper des bougies neuves en trois ou quatre morceaux.

Que faites-vous donc là? lui ditelle.

Dame monsieur m'a dit d'utiliser les bouts de bougies pour les bougeoirs. Et, comme il n'y en avait pas, j'en fais Le Masque de fer.

+

ÉLECTION MUNICIPALE XXe A^ROnDissEumiiQuartierdu Père-Lachaise) Inscrits, 7,422. Votants, 4,533

Suffrages exprimés, 4,321

MM. Trinquet 2 358 Elu Letalle IV. 1897

Depardon ;•?.• 7

Divers ̃ 59

Nuls et blancs. 212

1 1

0 :7

ÉLECTION LÉGISLATIVE i«> Cireonscription de Lorient

Scrutin de ballottage

1 MM. Mathieu, rad 3 978 Boy, rad.. 2 355

(Manquent 11 communes.)

NOMMONS TRINQUET C'est fait; nous l'avons nommé. –Et maintenant remontons, s'il vous plaît, de quelques années en arrière, jusqu'à ces temps cruels où bien loin de s'acharner à l'amnistie des chefs de la Commune, l'Etat et tous les braves gens ne songeaient t qu'à demander le juste châtiment de leurs crimes. Que nous sommes déjà loin de ces jours abominables La Saint-Barthélemy, les dragonnades, les massacres de septembre, c'était hier; à la seule pensée de cesférocités historiques, nous sommes encore saisis d'horreur; mais là guerre civile le pillage, les incendies et cette superbe orgie de pétrole qui déborda sur nos palais et sur nos demeures, qui réduisit tout en cendres mais les1 gendarmes, les prêtres, les magistrats, les prélats, les moines massacrés toutes les barbaries qui révoltent l'humanité et la déshonorent, commises dans Paris du 18 mars au 22 mai 1871, comme c'est vieux! comme ça se perd dans la nuit des temps!

Vers cette époque reculée, un conseil de guerre siégeait à Versailles, aux Petites-Ecuries, dans la grande salle du manège. Passant d'un accusé à un autre accuse, d'Assi à Billioray, de Grousset à Charnpi, de Régère à Courbet, le colonel. Merlin, président de ce conseil, était arrivé à cet homme trapu, rude et tanné dont nous parlait avant-hier la citation faite dans le supplément duj Figaro. De sa voix quelque peu railleuse, le colonel fixant ce personnage lui avait dit « Accusé Trinquet levez.vous ».- L'accusé Trinquet se leva; il déclara ses noms son âge, sa profession de cordonnier et sa qualité démembre de la Commune. Il ne fut point trop difficile sur l'aveu de ses crimes. Il était bien loin de rougir de ses actes; ce qui l'étonnait et ce qui l'indignait un peu, c'était de voir que les beaux messieurs qui siégeaient à ses côtés n'avaient point le même courage. Il le leur dit en face* en pleine audience « J'aurais voulu mourir sur les barricades; je n'aurais pas eu le regret de voir mes collègues renier leurs actes. »

Ce qui rabattit un peu la fierté de Trinquet? ce fut sa condamnation aux travaux fonces, non pour ses crimes politiques ou pour ses lubies révolutionnaires, non pour avoir pratiqué trop à la lettre les discours entraînants de Ifi. Gambette dont il chauila la première candidature à Belleville, non pour avoir trempé dans la révolte contre Versailles, non pour s'être employé au progrès social, à l'autonomie de la Commune et à l'affranchissement des travailleurs mais pour avoir été l'auteur, l'instigateur et le complice de vols commis dans les églises et chez les' particuliers, crimes vulgaires -et de droit commun où sombraient l'homme et le prestige du malheureux cordonnier.

Comme il eût préféré le sort de Théophile Ferré, condamné à mort pour assassinat des otages Dans la petite baraque en planche, contigiie à la salle du Manège ou les accusés furent ramenés après avoir entendu la lecture, de leur arrêtjce n'était plus, comme à l'audience, Trinquet qui relevait la tête. 11 avait porté haut son crime sa condamnation le rendait tout honteux. Acetteheurecruelle l'espoir delaréhabilitation lui échappait. Pauvre âme accablée! comme elle se fût montrée plus ferme et plus fière si elle eût prévu la réparation éclatante qui lui était réservée! Qu'on ne nous parle plus de ces pillages politiques, assimilés méchamment parle colonel Merlin à des vols qualifiés dignes tout au plus de Cartouche ou de Mandrin Qu'on ne nous parle plus de^ hontes de l'île Nou, ni des peines afflictives et infamantes! Le crime fait la honte, et non pas l'échafaud. Il n'appartient plus au président du conseil de guerre de dire « Accusé Trinquet, leve^-vous » Les électeurs de Belleville, prenant la parole à leur tour, lui enjoignent de se lever, non pour répondre à des accusations, mais pour recevoir un éclatant témoignage de leur estime et de leur confiance. Le suffrage universel casse, un à un, les arrêts des conseils de guerre; il élève, après dix ans, dans de radieuses apothéoses, ce que la vulgaire justice à flétri. Celle-ci a voulu faire de Trinquet un forçat; l'élection en fait un conseiller municipal do Paris, le propre successeur de M. Quentin, de ce m ème Quentin qui, après- avoii touché de très près à la Commune et traversé les prisons de Versailles, est pré posé aujourd'hui à la direction de l'Assistance publique. Une réhabilitation succède à l'autre; le gouvernement rivalise avec le suftrage universel; mais celui-ci le dépasse et l'entraîne.

Le gouvernement avait caressé' Io rêve insensé, en faisant décréter l'amnistie, de détourner les voix du vingtième aivon dissement sur un autre que sur Trinquet. Il était le premier à réhabiliter ce communard en même temps que tous les autres, et il voulait que les électeurs ne suivissent point son exemple Ceux-ci auraient nommé Trinquet conseiller municipal, alors qu'il ne pouvait remplir son mandat, et maintenant que l'accord de nos trois ou quatre pouvoirs publics va le rendre à la vie civile et politique, ils l'auraient mis de côté Les gens de Belleville ne sont point si sots que M. Gamhetta veut bien le croire et ne se déjugent pointa si courte échéance. D'ailleurs, à l'heure où ils ont voté, l'amnistie n'était que proposée elle n'était pas encore décrétée. Il y a tant de promesses qu'on a faites et qu'on n'a point tenues

Ils ont donc nomméTrinquet; c'est ce qu'ils pouvaient faire de mieux après 1 exemple, parti de haut, qui leur a été donné dans la dernière séance de la Chambre des députés. Maintenant, quoi qu'il arrive, Trinquet est sacré. Il est au bagne; qu'importe! Dans peu de jours il pourrait siéger à lHôtel-de-Ville, s'il n'avait aidé à le brûler; mais il siégera au pavillon de Flore; à deux pas des ruines auxquelles il n'est pas étranger et qui contribuent à sa gloire. Il ne représente plus le pillage; il ne représente plus le vol; il représente une idée un principe, tout aussi bien que M. Gamb&Ua