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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1879-07-16

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 16 juillet 1879

Description : 1879/07/16 (Numéro 197).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k277157p

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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̃•,̃ v.sQM.MAiftg x :;̃ j Le phincb Napoléon Ignotus. ><$f'fli\Vî'>' Echos DE PARIS Le Masque de FenKJZ^ liE UKl'TBN*KT CABBY. V ,J LES RESSOURCES DB LA Russie Dick de l. Gazette DE LA Chambre Albert Mttlaud.

Le' Sénat P. H.

LETTRES PARLEMENTAIRES Baron Grimm.

I/AVENIB DBMOS FILLES Alltl. Sepll.

Variétés. Souvenirs DU SECOND Empire: 4, Cramer de Oassagnac.

LES NOUVEAUX Conseillers d'Etat.

Lettre DE Bruxelles Perkéo.

PARIS Au Jour LB Jour Adolphe Racot.

DEUX VISITES AU PAYS DES GRECS Hogier. Nouvelles diverses Jean de Parts.

G*3«TrE des TRiBtiNAux Albert Rataille. LA Pbéssb étrangeri! Un Diplomate.

TÉUÉGRAHllES ET CORRESPONDANCES ATgUS. UNE PROTESTATION

LA BOURSE.

PREMIÈRES REPRÉSENTATIONS A<OMt6 ~<M.

REVUE BIBLIOGRAPHIQUE: Philippe Augusle Vitu.

Faits-Paris ET AVIS UTILES.

Courrier DES THÉATRES Jules Prêvtl.

Pauis-l'Eté Un Monsieur de l'Orchestre.

Sport R. M..

Feuilleton. Le crime DE l'0pér.a F. du Bo%s~gobey.

IE PRINCE NAPOLÉON « Qûe diriez-vous si tout à coup, par suite de la mort du Prince Impérial on peut sans mauvais goût faire cette supposition en face de cette charmante figure pleine de vie le prince Napoléon devenait l'héritier de la dynastie impériale ? Dieu nous a promenés d'étonnements en telles surprises qu'on peut imaginer cette nouvelle fantaisie divine, sans blesser Dieuque j'adore et devant qui je m'incline et je me couche comme un chien que bat son maître et qui ne sait pourquoi Donc que diriezvous, voyant cela? Moi, je dirais vers le Ciel: « Maintenant, ô mon Dieu, je crois » que vous n'inventerez rien de plus » tort! »

C'est ainsi que je terminais, il y a trois ans, dans le Figaro, une étude sur le prince Napoléon, jugé dans- son passé. Différents journaux viennent de reproduire mon étrange prophétie. Je devais la' remettre sous les yeux de mes lecteurs. Je viens dessiner aujourd'hui, avec la politesse que je dois à un prince et la vérité que je dois au lecteur, le profil du printe Napoléon, tel qu'il apparaît dans 1 heure présente.

Je n'ai besoin de revenir dans son passé qu'à grands traits. Il vint pour la première fois à Paris en 1846. 11 accompagnait son père qui réclamait du gouvernement de Louis-Philippe une pension militaire qu'il obtint. Il demeura rue Mogador, puis rue d'Alger. Le luxe n'était pas grand. Il ouvrait lui-même la porte au visiteur. Fils du plus jeune frère de Napoléon, il ne songeait guère à la couronne. C'eût été au delà des ambilions– dans les rêves! L'aigle impérial ne volait certes pas au-dessus de sa tête tle jeune homme. C'était plutôt l'alouette qui plane sur les sillons d'avril!

Il eut dans cette première vie de jeunesse un duel avec M. de X. qui vit encore. Ses- témoins furent le comte de Sussy et M. de Bainson. Puis, selon son expression, il voyagea pour se vider des idées vieilles et se combler d'idées nouvelles. C'est 1848. Le voici député de l'Yonne. Arrive le coup d'Etat dont il eut le profit sans en avoir la responsabilité.

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J'ai dit sa vie au Palais-Royal. Il réussit à conquérir une vraie impopularité. La légende inexacte, qui concerne, son rôle de soldat, prouve seulement qu'il était bien impopulaire. Même son ennemi, le duc de Morny, a dit « Plutôt lâcheur que lâche » Cependant plutôt homme d'Etat, il n'a pas l'aptitude militaire. Il ne ressemble pas à-ces magnifiques soldats, les princes d'Orléans.'Il ne sera jamais le Napoléon de la colonne Vendôme, qui porte sur son poing de bronze une statue de la Victoire. Au contraire, la légende de libre-penseur qui s'est faite sur lui est exacte. Je ne dis de lui que ce que l'archevêque de Bourges disait du jeune évêque d'Àutun, Taïleyrarfd « C'est un esprit supérieur mais je crois qu'il ne croit pas » Ses partisans s'attachent surtout aujourd'hui ;i détruire cette légende. Ce sont des hommes politiques. Je suis un portrai- tiste, faisant un portrait difficile

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Le prince Napoléon prit tout d'abord parti pour la politique de M. Emile 0111vier. On sait qu'elle consistait à remplacer par des fascines la digue de granit -opposée à la Révolution. Au début de la guerre, il fut envoyé par Napoléon, auprès de Victor-Emmanuel, pour obte- nir un secours de cent mille hommes. Après l'internement de l'Empereur, en Prusse, il lui écrivit pour lui demander ] la permission de s'enfermer avec lui. Il ( est nommé en Corse, député. Le libre- < penseur apparaît à la tribune. On doit dire que le Prince est un spiritualiste. Sa libre pensée n'a pas un vol illimité. Aux élections suivantes, une lettre 1 *lu Prince Impérial empêcha la réélec- 1 tiondu prince Napoléon. De là, sa vive ~< Irritation contre M. Rouher. Depuis que J l'Impératrice avait paru prendre parti ï pour les Patterson, il ressentait contre l îlle quelque amertume. Bientôt, il quitta ( son appartement, dont les fenêtres don- laient sur le parc Monceaux. Il vient s'é- } îablir avenue d'Antin, n° 10, où nous i allons le voir, d'autant mieux qu'il est ( plus isolé. Le Prince avait reçu toutes ces < variations du destin– impassible, comme i une statue du jardin des Tuileries, de- < vant les variations de l'atmosphère. Je f ne dirai pas que c'est un sage mais 1 s'est un philosophe 1

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**#

C'est à Trouville que le Prince reçut la 1 nouvelle de la mort du Prince Impérial. 1 Elle lui a été envoyée par dépêche, de ( Paris, dans la matinée du vendredi. Il i ne revint à Paris que le lendemain. On < lierait donc pas de quelle façon le Prince 1 ;eçut le titre d'héritier, de la main du 1 ̃aie génie de la mort. Il revint dans son i

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entresol de l'avenue d'Antin, loué, Je crois, 8,000 francs par an L'antichambre est petite et obscure. Une petite lampe J l'éclairé même pendant le jour. Le salon a un aspect étonnant et comme troublant. II est tout tendu en rouge, à l'enrtour, huit bustes de Napoléon Ier, à différents âges, détachent leur blancheur marmoréenne sur ce fond de pourpre! Ici, portrait du Prince par Flandrin. Tres artiste,il aime surtoutl'artclassique. Là est la bataille de l'Alma^av Horace Vernet, où apparaît le Prince. Le principal meuble est une grande armoire vitrée qui est remplie des souvenirs de Napoléon I" et du roi Jérôme. On est reçu par une sorte d'huissier, ou par des domestiques en petite livrée vert et or, avec passementeries noires sur l'or livrée spéciale de la branche cadette. Le Prince a conservé dans sa vie et dans son appartement de garçon ses plus vieux domestiques, cinq hommes et deux femmes. Je ne sais s'il ferait bon d'être le sujet de Napoléon Jérôme mais assurément il fait bon d'être son domestique!

A côté du salon est le cabinet de travail qui sert de bibliothèque. Sur la plus haute des planches en ebène, sont rangés les livres, on voit les bustes de sa famille. Là sont annotées par lui les œuvres de Napoléon Ier. Il les lit assidûment, comme faisait Napoléon III. Il n'y a pas trouvé, ce me semble ce qu'y trouva son cousin C'est là que le Prince reçoit d'ordinaire. Il tend au visiteur sa main, petite et potelée une main de prélat! #*#

L'oeil long est aujourd'hui unpeu voilé. Mais il se dévoile en même temps que la pensée. Les mouvements des paupières suivent le geste. Cet œil, souvent doux et charmeur, brille tout à coup à la façon de l'œil corse. La bouche un peu sans lèvres est fine. Les coins ont le. trait sensuel bien connu des peintres. Le centre de cette bouche fait parfois la moue particulière aux cœurs hautains. Plus grand que Napoléon et plus grand que son père, il ressemble aujourd'hui plus à son père qu'à Napoléon. C'est vrai d'ajouter que le roi Jérôme avait une ressemblance extraordinaire avec l'Empereur. Le ton de la face est comme doré. La peau est pleine de soleil. Mais parfois, le matin, elle prend la nuance de cire, qu'avait la face de Napoléon à Sainte-Hélène! La voix de baryton a un beau timbre métallique. Sa parole est saccadée. Sa pensée est hachée. On pressent cependant un esprit fort et serein. Serait-ce la sérénité de Lucrèce ?

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J'ai, dans mon livre, parlé de l'orateur. Très instruit sur la plupart des choses, il a deviné le reste. Il eût été un grand orateur et même un grand artiste. Autoritaire par tempérament, il semble être libéral par occasion.

Chez lui, il parle de préférence en marchant et en fumant des cigarettes et en tenant une ou deux mains dans ses poches. Puis il s'arrête devant le visiteur. Sa parole s'anime et devient véhémente. La phrase est pleine d'imprévu, de coloris et de pittoresque. Il ne rit jamais il sourit. C;est un anecdotier très spirituel.

Le prince Napoléon est fidèle dans ses amitiés privées. II' a encore aujourd'hui ses amis MM. Philis, Emile Angier, Renan, Darimon, le baron Boyer, Maxime Ducamp, le général de Chanal, l'amiral delà Roncière, Emile Ollivier, le général Ragon, le colonel StoffeI,Adelon, Maurice Richard, Alfred Arago,etc.Quann il reçoit à dîner, le Prince revêt l'habit noir, couvert cie la plaque et des trois médailles, militaire, de Crimée et d'Italie. Il sort souvent à pied. On le reconnaît de loin a son chapeau, dont les bords sont larges,-et au lorgnon. Il va, glissant un peu les pas parfois doucement et tout à coup très vite, selon l'allure de sa pensée. Le matin, il monte à cheval surtout le jeudi avec ses deux fils. Alors il a un chapeau rond, une culotte claire et des bottes molles. Mais, quoique bon cavalier, il n'est pas plus brillant à cheval, que son cousin l'Empereur ne l'était à pied

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J'ai fait, par hasard, dans le mêmecompartiment dewagon, un voyage de Paris à Versailles avec le prince Napoléon et ses deux fils. Le Prince était assis à l'un des coins. Rêveur, il regardait le tableau du paysage traversé par les fils de fer du télégraphe Son profil estencore puissant. C'est toujours l'évocation du premier Napoléon! Cependant les joues sont un peu pendantes. Les traits grossis s'estompent. C'est une magnifique médaille un peu usée par le frottement du temps. Le menton s'avance un peu trop en galoche. Le frent est dégarni, quoique les cheyeux ne soient pas teintés de gris. Le Prince a cinquante-sept ans. Telle quelle, cette tête est une superbe tète de prince et de penseur. Seule la dépasse en beauté princière, la tête du comte de Chambord.

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Les princes Victor et Louis étaient à l'autre coin. Ils causaient ensemble. Le prince Victor est grand. Il porte plus que son âge dix-sept ans. Le teint est d'un brun imperceptiblement doré. Le haut du visage est un visage de Napoléon. Le bas du visage rappelle un archiduc d'Autriche. Le front est au père -la bouche est à la mère. La mère, cette femme admirable, que j'ai vue jeune fille à la cour de Turin. Je reparlerai d'elle dans mes futurs portraits de. princesses. Le prince Victor est calme, intelligent et réservé. Il doit rappeler le « doux entêté qu'était à son âge Napoléon III Ses camarades de collége lui dirent, l'autre jour « Tu vas être empereur » II répondit « Ah, laissez! mon pauvre cousin » Et il pleura.

Le prince Louis atreizeans. Il est encore plus petit que son âge. Il a un teint blanc. Son visage qui n'est pas encore formé ne rappelle aujourd'hui personne de ces royales familles dont il.estrenfant. Ses cheveux très noirs, bien alignés et couchés à plat sur le front, ont de loin l'air d'une petite calotte de velo^noir. [1 est très vif très intelligent infiniment gentil de figure et de cœur. Mais

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il me paratt un peu moqueur. Un mo que dit son frère le fit rire aux larmes II se leva et alla le raconter à son père en italien, pour que je ne comprenne point vous n'avez pas eu de chance Monseigneur!,Le prince Napoléon avaii fermé les yeux. ~II eut un imperceptible mouvement de sourire comme ce frémissement que cause une mouche sur la face- d'un homme endormi Le petil prince Louis est très paresseux. Il est souvent en retenue. Mais, hélas,41 s'est déjà aperçu de la mort de son cousin i] est mis moins souvent en retenue, quoiqu'il ne travaille pas davantage

»**

On m'a rapporté ce mot récent de M. Dufaure. « Après César, on a eu Auguste, puis Marcellus on aura Tibère » Moi aussi j'avais dit que le Prince Impérial était Marcellus. Je ne crois pas au gros mot de M. Dufaure. M. Dufaure ne parle plus,il revit dans son passé. C'est désormais un vieux et magnifique ruminant. D'ailleurs qui pourrait prophétiser? Le lendemain détruit les projets de la veille. Vendredi, c'est la mort du Prince Impérial. On se dit que vient de s'éteindre à jamais une de ces étoiles que la France semble avoir pour réserves lampes où elle entretient ses espoirs! Samedi l'émotion généreuse de la France est telle que si l'enfant fût ressuscité comme Lazare, il fut peut-être allé de plain-pied de la tombe au trône! Dimanche, on affirme que la personnalité du prince Napoléon perd tout! Lundi ses amis croient qu'elle peut encore tout sauver Mardi, on ne saura plus! Le lecteur sait que je suis de ceux qui seulement regardent Mais, en dehors de la compétition des partis, restes de tant de gouvernements tombés, la grande masse du peuple français conservateur attend un homme un homme qui soit quelqu'un De là cette ardente curiosité quand les partisans du Prince onttlit: « Voici l'homme »

« 0 Seigneur, dites enfin qui vous voulez Entourez la tête d'un prince de l'auréole, comme dans les tableaux d'église Vous le voyez, le peuple se divise il va à celui-ci et à celui-là! Seigneur, si vous ne voulez personne c'est-à-dire la République eh bien, dites-le! »

Et le parti bonapartiste entoure le prince Napoléon comme le chœur antique entourait le héros de la pièce, en disant la phrase classique du drame « Qui est-il? Qui sera-t-il? »

i #*#

Il est celui que j'ai dit que j'ai vu avant qu'il ne mette sur sa face le mas-' que du prétendant. Les uns disent « un libre-penseur, roi de notre peuple aujourd'hui matérialiste ce serait un aveugle dirigeantun aveugle Ils tomberaient tous deux dans l'abîme? «Les autres diront « Le chemin du trône sera pour lui le chemin de Damas! » Il serait sur- tout utile de savoir ce que Dieu dit. 11 ne dit rien. Il sourit, comme je l'ai écrit il y a trois ans. Que ce sourire divin qui tombe d'en haut se reflète en nous Etre souriant n'est pas être sceptique C'est croire qu'ici bas tout est vain! Dieu seul existe Je me rappelle un mot de Cavour! Il étonnera. Mais le duc de Gramont (l'éloquent écrivain qui signe Memor) à qui, l'autre jour, je racontais ce mot, y a bien reconnu le comte de Cavour. C'était après le traité de Villa- franca. IL était venu en Savoie; je fus seul avec lui pendant deux jours. Il me dit « Bah! nous autres hommes d'Etat, avec tous nos plans et toutes nos visées dans ces tempêtes remuées par Dieu nous ressemblons à des gens qui jouent aux boules sur le pont d'un navire » Ignotus.

Échos de Paris La Température. Une hausse barométrique se produit lentement sur l'Europe occidentale. Les vents tournaient hier au NordOuest sur nos côtes. Les pluies continuaient encore hier matin sur le versant océanien et s'étendaient jusqu'à la Baltique il résulte néanmoins de l'ensemble des observations que la situation va s'améliorer sur nos régions, quoique quelques grains soient encore probables.

Paris. Après-. une nuit et une matinée pluvieuses, le ciel s'est éclairci dans la journée, et la soirée a été fort belle. Le thermomètre n'a point remonte.

Vichy. Temps nuageux. Th. i30, kj0. Pougues. Ondées, éclaircies. Th. 120, ao°. Dieppe. Ciel clair. Th. max. t g°.

Contrexéville. Averses fréquentes. Th. 14»,– 17°.

Mont-cDore. Pluies intermittentes. Th. ii°, i5».

A TRAVERS PARIS

Notre correspondantdeChislehurst n'a pu nommer ni les six mille français présents, ni la dixième partie des notabilités les plus connues. Cependant, parmi ces omissions inévitables, il en est une que nous devons réparer, c'est le nom de M. Basset de Bellavalle, ancien fourrier de logis de l'Empereur, qui a épousé Mlle de gxekler, ancienne demoiselle d'honneur de l'Impératrice. Le Prince Impérial portait à' M. et Mme Basset de Bellavalle une àfïection toute particulière qui s'était affirmée et augmentée dans l'exil.

Nous recevons la lettre suivante, relative, comme on le verra, à" une note parue il y a quelques jours dans le Rappel, et dans laquelle il était question de Mme Morel, morte à l'hôpital Saint-Louis 'Monsieur le Rédacteur,

La femme Morel, dont il est question dans le Rappel, est morte à l'hôpital Saint-Louis, après avoir, sur sa demande formelle et réitérée, en présence de témoins, reçu les sacrements de l'Eglise.

Je puis ajouter qu'elle est morte dans des sentiments admirables de foi et de résigna-

tion

̃ « Je suis prête, maintenant je puis partir », a-t-ellc répété plusieurs fois son mari. Et c'est le corps de cette libre-penseuse que les amis ont conduit civilement à sa dernière

demeure!

Il faudrait au moins avoir la pudeur de pré-

venir, dans ce cas, les frères et ajnifl, qu'on leur fait jouer la comédie.

Veuiljez agréer, etc. V~r,~a.

,<, B. V«A*iiaB.

Deuxième aumônier de l'hôpital Saint-Louis. Sur la couronne oflerte par la Reine d'Angleterre et déposée par elle sur le cercueil du Prince Impérial, il y avait une carte portant, en français, l'inscription suivante:,

En témoignage desijmpathie et a"* admiration de la part de Victoria, regina

̃ :̃> v-

Hier matin, une messe a été célébrée en l'église Saint-Germain-des-Prés en l'honneur de la Saint-Henri, fête de M. le comte de Chambord.

Plus de deux mille personnes remplissaient l'église, et parmi les notabilités du parti légitimiste nous avons enregistré la présence de Don Carlos, comte de Beaufort, duc de la Rochefoucauld, comte Albert de Mun, baron de Lareinty, marquis de la Tour-du-Pip, baron Ernoul, Pouyer-Quertier, de Blacas, marquis de Bouille, comte de Damas, de CarayonLatour, de Morancé, comte de Chevigné, comte d'Osmont, comte Greflulhe duc de Montesquiou, F. Nicolaï, H. Wallerand, Denis Cochin, de Beaurepaire, comte de La Valette, etc.

A la sortie de la messe, l'affluence était si grande que la place Saint-Germain-des_Prés est restée obstruée pendant près "d'une demi-heure.

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Plusieurs banquets politiques ont eu lieu hier, 15 juillet, à l'occasion de « la Saint-Henri. »

Citons entre autres celui qui a été organisé au Palais-Royal par M. le comte de Chevigné, et auquel prenaient part les royalistes des 1er et 2e arrondissements de Paris.

M. le baron de Moracin avait, de son côté, organisé celui du 8e arrondissement. MM. les comtes d'Osmond et d'Adhemar et Royer, avaient également recueilli de nombreuses souscriptions pour le banquet du 16e arrondissement, ainsi que M. Bretonneau de Moydier pour celui du 17°.

Nous avons mis sous les yeux de V Evénement le procès-verbal de la première séance de la Convention aux Tuileries, le 21 septembre 1792.

V Evénement n'admet pas la preuve et semble même douter un peu de l'exactitude de notre citation.

Nous tenons ce document à sa disposition. L'Evénement fera bien de le con-' sulter pour y apprendre

l°Que la. première réunion des con.ventionnels dans la salle des cent suisses n'a pas eu lieu le 21 septembre, comme il le croit, mais la veille, et qu'il confond la séance préparatoire du 20 avec la séance^installation officielle du 21, où la Convention a rendu ses premiers décrets. 2° Que ce n'est pas le 22 septembre, comme il le prétend, mais le 21, dans l'après-midi, que laConventioiï fut reçue au Manège par la Législative que nous n'avions pas citée, parce que nous n'avions aucune raison pour le faire. Total deux dates, deux erreurs Enfin, la prise de possession des Tuileries, par la Convention, pour y faire acte de souveraineté, le 21 septembre 1792, est un fait tellement évident que l'Evénement lui-même, dans son trouble, s'oublie à le constater.

« C'est le 21 septembre, dit-il, que la Convention a établi aux Tuileries le siége de ses séances,)) »

Eh bien alors, c'est donc ce jour-là qu'elle s'y est installée

Nous ne pousserons pas plus loin ce débat qui, en somme, est d'un médiocre intérêt pour nos lecteurs.

On croit gcnéralernen^que la famille Bonaparte est très nombreuse et qu'elle compte surtout beaucoup de princes de ce nom. Il y a peu de jours, notamment, un journal en désignait seize. Or, voici exactement la liste de la famille; nous ne mentionnerons pas les femmes, puisqu'elles perdent leur nom en se mariant Du prince Charles,fils de Locien BonaPARTE, deuxième frère de Napoléon Ier, sont nés

Les princes ÎMcien Bonaparte, cardinal, et Napoléon-Charles, ancien président du Conseil général de la Corse.

Louis-Lucien, ancien sénateur, qui ha.bite Londres.

Pierre-Napoléon, ayant un fils, le prince Roland Bonaparte, élève de l'école SaintCyr.

De Jérôme-Napoléon, fils de Jérôme, quatrième frère de Napoléon Ier, les princes Victor et Louis.

En tout huit Bonaparte, trois neveux et cinq petits neveux du premier empereur.

Où le fanatisme va-t-il se placer Un des invités de M. Gambetta lui a remis son portrait, brodé en soie, travail remarquable, paraît-il, oflert au Président de la Chambre par Mlle Julie Giraud, une de ses admiratrices marseillaises. Question de jurisprudence domestique posée par un lecteur qui, évidemment, n'est pas satisfait de sa livrée.

La gent domestique, rongeuse et vicieuse, jouit d'immunités sans nombre qui justifient et encouragent ses ravages. Nous parlons surtout des aimables petites bonnes. Dans ce monde, le sexe fort a plus de retenue.. « Voici le cas ̃•-̃.•

Une bonne doit quitter ui'O tav.k elle est entrée de la veille. t~a liiailrcssc a laissé entre ses mains une somme mi.nime pour payer un petit compte de fruitière. La bonne ne paye pas la fruitière, s'approprie l'argent et disparaît. Le commissaire de police est avisé du méfait; il déclare gravement n'y rien pouvoir; il invite la partie lésée à déposer une plainte. 11 pousse la bonté jus-

I qu'à dicter lui-même les termes de la plainte.

Le parquet est saisi. Quinze jours, un mois, deux mois s'écoulent: On n'entend plus parler de la petite affaire.

La maîtresse se dirige vers le Palais de Justice. Un substitut aimable lui apprend que, pour une aussi petite somme, iepaxquetne poursuit jamais; gue. du reste, la bonne interrogée a déclare mensongère l'allégation de sa maîtresse et a ac«cusé celle-ci des faits les plus honteux. Humiliation de la maîtresse.

Triomphe, apothéose de la bonne. Le récit qui précède n'est nullement imaginaire. Nous avons le nom et l'adresse de tous les intéressés, sans en excepter le commissaire de police. Notre collaborateur. Ignotus nous adresse la note suivante

Je dois remercier encore les personnes qui ont envoyé de nouveaux dons, 253, faubourg Saint-Jacques, à l'Hospitalité de nuit pour les femmes.

En dehors des apports do linge, vêtements, etc., un anonyme, avocat, a envoyé 100 francs. J'

Un anonyme de Montmartre, 4 francs. Un anonyme, un paquet et 20 francs. Mme S. 100 francs.

M. Louis Aubert, Nancy, 100 francs. M. de Laterrière a envoyé un lit de surveillante (total du don 13 lits).

Les 220 francs que veut bien me faire remettre Mme la baronne Salomon de Rothschild seront distribués aux femmes en bons de dessert.. «

On se lassera de donner avant que je ne me lasse de remercier I

En voyant hier M. Gambetta pendre la crémaillère dans sa somptueuse résidence, nous nous le rappelions, il y a juste dix ans, dans ce même Palais- Bourbon, aspirant-député, moitié journaliste, moitié avocat, un des hôtes quotidiens de la salle des.Pas-Perdus, où il s'était comme cantonné, en attendant que la porte de la salle des séances s'ouvrît toute grande devant lui.

Il y tenait une sorte de cercle qu'il animait de sa faconde et de sa verve bonenfant, petite séance à côté de la grande, où il broyait des aperçus politiques et parlementaires. Dans le groupe de fidèles qui l'entourait, législateurs à sa suite aujourd'hui, ou hauts fonctionnaires de la République, se trouvaient MM. Dréo, Spulier, Allain-Targé, Guyot-Montpayroux, Arthur Picard, Pallain, directeur au ministère des finances, Gautier, Charles Simon, Charles Quentin, etc., etc. Les députés ne dédaignaient pas de venir se mêler à cette parlotte législative le grand Magnin s'y montrait assidu, et M! Jules Simon s'y familiarisa avec J'idée qu'il aurait bientôt, avec ce parleur toujours en haleine, à la verve endiablée, un collègue, et peut-être un rival.

NOUVELLES A LA MAIN

Un précepte

«Quand un artiste avide son sac,il faut qu'il ait le bon sens de le ployer en quatre et de s'asseoir dessus. »

Un grand chirurgien qui nous a prié de ne pas dire son nom nous racontait hier l'anecdote suivante

Un millionnaire parisien, atteintd'une affection déclarée mortelle, obtient de ce célèbre praticien de l'opérer.

Le millionnaire guérit, et demande au chirurgien combien il lui doit, en ajoutant vous m'avez sauvé la vie Vous me devez trois mille francs, répond le chirurgien.

Oh! que c'est cher! ne pourriezvous pas me passer cela pour quinze cents francs ?

Vous estimez votre vie quinze cents francs! Comme vous devez savoir mieux que moi ce quelle vaut. J'accepte

Un enfant trop gâté et déjà blasé, c'est le petit garçon de la comtesse de V. Chaque jour, en allant aux ChampsElysées, l'enfant goûte chez un pâtissier en vogue; et presque toujours, en sortant, il distribue quelques friandises aux deux ou trois petits pauvres qui rôdent autour de la boutique, et qui les dévorent à belles dents.

Hier, il dit à sa mère

Si tu voulais, petite maman, demain, pour aller goûter, tu m'habillerais en petit pauvre. Je suis sûr que les gâteaux seraient encore plus bons1. Nous avons relevé les deux phrases suivantes, dans deux récits relatifs à la prise de la Bastille

« Trois pièces de campagne placées vis-à-vis la porte d'entrée, etc. (Louis Blanc.)

2° « La situation était terrible et dénuée de peu d'espoir. » (Michelet.) Le comble du scrupule dans le devoir militaire

Porter les armes devant une façade fraîchement décorée

Mme X. qui est, en ce moment, aux eaux, a des oreilles immenses aussi sa meilleure amie, qui ne manque jamais l'occasion de souligner cet inconvénient disgracieux, disait-elle hier, au Casino Vous savezqu'on doit jouer demain, ici, de la musique de Wagner?Mme X. qui est une fanatique de lui, s'en lèche déjà les oreilles

Le Masque de fsp=

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Un jeune compositeur, élève du Conservatoire, M. Maurice Cohen, vientd'imiter en français et de mettre en musique quelques fragments du poète roumain Alexandri, son compatriote.

Nous donnons aujourd'hui un échantillon de- ces gracieuses compositions dont le recueil vient de paraître chez l'éditeur A. O'Kelly.

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LE LIEUTENANT CAREï

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Nous avons reproduit les dépositions dea quatre .cavaliers qui accompagnaient le Prince impérial dans la reconnaissance où il a été tue. Voici le rapport du Conseil d'enquête ©' la déposition du lieutenant Carey

Le Conseil convoqué sur la réquisition du lieutenant Carey, est d'avis que celui-' ci n'a pas compris son rôle de supérieur vis-à-vis du Prince et, par conséquent, qu il ne s'est pas rendu compte de la res- ponsabilité qui lui incombait.

Il blâme sévèrement le lieutenant Ca- rey d'être parti seulement avec une par- tie de l'escorte prescrite par le colonel Harrison.

Le conseil ayant examiné les lieux déclare que l'endroit choisi pour une halte était entouré de fourrés favorables à une surprise de l'ennemi, et qu'il dénote un déplorable défaut de prudence militaire chez le lieutenant Carey. Le conseil regrette profondément qu'aucune tentative n'ait été faite pour,, rassembler l'escorte, pour combattre et pour protéger la retraite. Conformément à cette enquête, lord' Chelmsford a ordonné la convocation d'un conseil de guerre pour juger la lieutenant Carey, prévenu de mauvaise conduite devant l'ennemi, lorsqu'il commandait l'escorte accompagnant le prince Louis-Napoléon, qui faisait une reconnaissance dans le Zululand d'avoir fui quand le Prince et l'escorte furent attaqués de n'avoir rien fait pour rassem- 1 bler ses hommes et défendre le Prince. Le Conseil de guerre

Dans le conseil de guerre présidé pat le colonel Glyn, le colonel Harrison dé- clare que le Prince lui fut donné comme officier d'ordonnance. Il ne lui avait pas été dit de le considérer comme un per-. sonnage royal, mais on lui avait recommandé de prendre toutes les précautions nécessaires contre tout' danger possible. Le docteur Scott, médecin du Prince, déclare qu'il a. été tué par dix-huit coups d'assagaïe, dont cinq étaient mortels. Le corps ne portait trace d'aucun coup d' feu.

M. le colonel Bellairs, chef d'état-ma.jor général, dit au Conseil que, à la suite de ces événements, le lieutenant Carey a été rayé des cadres de l'armée. Déposition de Carey

M. Carey, après avoir fait observer qu'on l'a puni avant de l'avoir entendu, dépose en ces termes

Le 31 mai, je fus informé par le colonel Harrison, assistant du quartier maîtr général, que le Prince Impérial devait le lendemain 1er juin, parcourir, à che" val, la route désignée par moi pour les mouvements de la colonne et choisir un camp convenable pour le 2 juin, Je demandai alors la permission ûi l'accompagner, connaissant les lieux ev désirant vérifier certains points topographiques. Le colonel Harrison le permit me rappelant que le Prince allait, sur si demande, faire ces études topographiques, et quejene devais pas m'en mêler. Six soldats du corps BeHington et six Basutos furent désignés pour l'escorte. Les six soldats furent passés en revue à neuf heures du matin, mais les Basutos, par suite d'un malentendu, n'étant pas préts, et, le Prince désirant partir de suite, nous allâmes sans eux.

Arrivés sur l'arête, qui sépare l'Itelezi. de l'Incenci, je proposai d'attendre les Basutos. Le Prince me répondit: «Oh! non, nous sommes assez nombreux, » Nous continuâmes notre reconnaissance, nous arrêtant au sommet de la colline pendant uno heure, pour permettre au Prince de dessiner la vallee d'Ityotyozi. On pouvait découvrir le pays à une lonsue distance, et aucune trace cl 'on n p.-

mis n'était visible; alors nous.descendîmes dans la vallée, puis, après avoir visité le kraal, nous fîmes halte et lâchâmes nos chevaux enrènés par les genoux. v D'après l'aspect désert du pays/malgréle champ de maïs qui était à notre droite, ,nous ne soupçonnions aucun danger en campant là.

Si quelqu'un est à blâmer, sur ce point, c'est moi, qui partageais l'opinion du Prince sur la sécurité de l'emplacement. J'ai parcouru ces lieux deux fois sans apercevoir âme qui vive, et le brigadie." major de la brigade de cavalerie y a chevauché avec deux ou trois hommes. Il se moquait de moi de prendre une escorte aussi nombreuse. Nous avions avec nous un Zoulou domestique, qui me dit qu'il n'y avait pas de Zoulous par là. Je le crus, sans cesser pourtant d'avoir l'œil au guet et la lorgnette à la main.

Après une halte d'une heure, vers trois heures quarante minutes après midi, le Prince ordonna de seller les che- vaux. Nous allâmes les chercher dans le maïs, ce qui nous prit bien dix minutes. Pendant que nous sellions les chevaux, le Zoulou domestique nous dit qu'il avait aperçu un Zoulou à quelque distance, mais comme il ne paraissait pas effrayé, je ne pensai pas qu'il y eût du danger.

Comme le cheval du Prince était sellé, je me mis en selle, les hommes bridaient leurs chevaux alors le Prince demanda, s'ils étaient prêts, et sur leur réponse aillrmative il donna l'ordre .• Prépare to tnount. (Préparez-vous à monter.) En ce moment je me retournai et vis le Prince le pied dans l'étrier, regardant les hommes se mettre en selle. En même temps, mes yeux aperçurent environ vingt figures noires, apparaissant dans le maïs, à vingt ou trente yards de distance. Je vis le feu de mousqueteric et entendis la détonation et les cris sauvages de Usuta. Ce fut une panique. Deux hommes me dépassèrent et je suivis, emporté par mon cheval. Je no croyais pas qu'il y eût quelqu'un de blessé, n'entendant aucun cri.

Je donnai l'ordre « Prenez à gauche, passez le donga etrallions derrière.» En même temps, je vis d'autres Zou lo'usdans le maïs, sur la gauche, qui ta-» chaient de nous couper la retraite. •'