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Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1882-02-11

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 11 février 1882

Description : 1882/02/11 (Numéro 6).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2739784

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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isans peine chacune des localités l'ariistea pris ses modèles. Le contraste parfois très frappant, et les vêtements 'i diffèrent du tout au tout, dans la forma et dans les couleurs. A Kisano, par exemple, les hommes portent un large gilet gris et une veste soulachée de galon avec des boutons dorés, des bas Jblancs noués par des jarretières rouges et un fez rouge comme celui du Turc, mais dont.lo gland est en or, au lieu îd'être de- soie bleu sombre. Les armes passées à la ceinture sont très riches le -fusil est souvent damasquiné et a sa crosse incrustée de nacre. Assez près de la, à Dobrata, la veste, la culotte, les bas, la cravate, le bonnet, tout est noir, et le seul point coloré du costume est la légère broderie d'or qui décore le fez et le gîlet. Mais il y a une note discordante qui déitruit le caractère de l'ensemble c'est une cravate à l'européenne sur la chemise banale. Du reste, il y a en eux de l'Espagnol, du Grec et du Français le pantalon large ressemble beaucoup à la fustanelle. Il- va sans dire- que dans les ;ville,s:comn-ie Cattar© et Castel-Nuovo le ,costume des habitants est celui de tou-tes les viIles d'Europe il y a là d'ailleurs unmonded'employés quisontallemands, ^chèques, Istriens, etc. Lés femmes se distinguent surtout par la profusion des bijoux qu'elles portent. Des épingles évidées à jour et à têtes énormes sont fixées dans leurs cheveux; le cou est chargé de triples et quadruples colliers; elles placent au corsage des pendeloques de toute forme, sans compter la ceinture décorée de grosses piaques repoussées d'argent ou de cuivre, suivant leur état de fortune. Nous avons déjà signalé la- distance que te Morlaque et le paysan slave de l'intérieur de la Dalmatie mettent entre la femme et eux. Ici, dans les villages des Bouches, la différence est plus sensible encore on sent qu'on approche du Monténégro. Ou a attribué cette espèce de servage dans lequel ces Slaves du Sud tiennent la femme à l'habitude ̃qu'ils ont "de se réserver la défense du sol, aux travaux guerriers dont ils font la grande occupation de leur -vie ils abandonnent tout le travail à leur compagne, qu'on voit plier sous les plus lourds fardeaux et marchant sans cesse à travers la montagne, quand son maître et seigneur est à cheval ou monte la bête de somme, unique bien de la fanulle.

Charles Yriarte.

LA BOXE FRANÇAISE

•M. Charlemont, l'habile professeur de boxe française, vient de publier sur ce sujet, à Bruxelles, un traité fort bien fait. Ce livre, qui appelle l'attention de tous ceux qui aiment ce sport si entraînant, est précédé d'une préface signée Ch. d'A., un boxeur émérite maniant fort habilement la plume, auquel nous empruntons les lignes suivantes

La boxe française n'a pas de bien na])les origines-; elle est née vers 1832, de la savate, ce sport d'ordre bas, que pratiquaient, depuis longtemps les soutencurs dé filles et les habitués des bals de barrière. Il y a une vingtaine d'années on rencontrait encore quelquefois dans les assauts publics de vieux tireurs qui avaient conservé l'ancienne méthode et qui d'ailleurs généralement se faisaient battre. Dans la savate, la garde était très basse, les jambes écartées, les mains en avant et ouvertes. Les savatiers n'usaient guère que du pied bas et du ramassera ent de jambe; ils ne connaissaient pas les coups de pied de poitrine et de flanc; ils frappaient peu avec le poing tout au plus relevait-on le nez de l'adversaire avec la paume de la main c'était ce qu'on appelait donner une musette. Le plus fort tireur, le professeur le plus en vogue en ce temps là, était un certain Michel Pisseux, qui eut pour élèves, entr'autres, le duc d'Orléans et lord Seymour. Le comte d'AHonShée, dans ses Mémoires si curieux sur les premièros années du règne de LouisPhilippe, a esquissé le portrait de ce Michel, qui était la terreur de la Courtille. Il l'appelle Michel Crasseux. « Il pouvait avoir, dit-il, trente-six ans son visage était terne et marqué de la petite vérole, ses yeux gris pleins de ruse, ses membres étaient longs et osseux; ses grandes mains, ses doigts noueux semhlaient avoir la dureté du bois; ses gestes rapides et désarticulés rappelaient les mouvements de l'ancien télégraphe. 11 porlait une veste et un large pantalon en drap brun, une casquette d'où pendait sur le côté un énorme gland. »

• S'il y avait des maîtres de savate, il n'y avait pas, à proprement parler, de salle que les gentlemen pussent fréquenter. On prenait leçon dans quelque bouge, dans l'arrière-boutique d'un marchand de vin. Or, la savate était devenue à la mode parmi les hommes du monde. Les jeunes gens qui, à la suite de lord Seymour ou du vicomte de Labattut,menaient la grande vie, avaient pris l'habitude d'envahir en bande les bals populaires. On se rappelle la légendaire descente de la Courtille. Sur ce terrain, les beaux du boulevard et les beaux de la barrière se rencontrèrent. Ces derniers n'étaient pas d'humeur à se laisser déposséder. Il n'y avait pas d'autre duel possible que la savate. On prit des leçons de savate comme on prenait des leçons d'armes. De là, la nécessité de salles convenables et où l'on pût aller sans » s'exposer à des centaets désagréables, à 'des relations compromettantes. C'est ce que comprit Charles Lecour, le créateur de la boxe française, qui commença à professer en US32, il avait vingt ans, et qui à l'heure présente donne encore leçon à la Société d'escrime de la rue SaintMarc. Alexandre Dumas père, dans son livre Mlles, l&rettes et courtisanes, raconie les commencements de Charles Lecour et de la boxe française.

« Les individus, dit-il, naissent en harmonie avec leur temps, Si les grandes époques manquent parfois aux hommes, il est bien Tare que les hommes manquent jamais aux ,grandes époques un homme de génie apparut.

» Cet homme, «'est Charles Lecour. » Charles Lecour commença par étudier la savate, et, arrivé- à une force supérieure d'écolier, il se fit maître, tout en convenant cependant ce qui est rare chez les professeurs que la savate, même comme il l'enseignait, était un art -incomplet.

̃•» II rêvait donc jour et nuit aux moyens de perfectionner cet art. Comme il était plongé au plus profond de ses calculs ihéûriques,il entendit parler de la boxe..

,̃.#. L'Anglais, daag ia.fcpxe ]a boxe

est la savate de l'Angleterre a perfectionné l'usage des bras et dos poings, tandis qu'il n'a considéré tes jambes et les pieds que comme des ressorts destinés à-rapprocher-le boxeur de son adversaire.

» Tout au contraire, dans la savate, qui est la boxe de la France, le Parisien avait fait de la jambe et du pied les agents principaux, ne considérant les mains que comme armes défensives. » Il en résulte quel'Anglais perd .toute la ressource qu'il peut tirer des pieds, tandis que le Français perdait toute l'aide qu'il pouvait espérer des mains.

» Charles Lecour rêva cette grande entreprise, cette splendide utopie, ce suprême perfectionnement de fondre ensemble la boxe et la savate.

» II partit pour l'Angleterre, et, sans leur dire qui il était, il prit, comme un écolier ordinaire, des leçons de Swift et d'Adams, les deux premiers boxeurs de Londres.

»;Puis,lorsquerécolier se sentit maître, il revint,à Paris et mit sa théorie en pratique, » >•̃ ̃ ̃' i; ̃ ̃̃ De cette combinaison par Charles Lecour, de la boxe anglaise et de la savate est née la boxe française, dont M. Charlemont donne aujourd'hui la .théorie complète et raisonnée.

Quelque temps après l'ouverture de la salle de Georges Lecour, arrivèrent à Paris deux professeurs de province, Loze de. Toulouse et Leboucher de Rouen. Loze s'était fait une méthode analogue à celle de Lecour; il avait relevé la garde, adopté le jeu droit et les coups de pied à la hauteur de la poitrine. Leboucher a surtout été un tireur de canne incomparable il avait les jambes trop courtes pour la boxe française; aussi tirait-il peu en public, mais il professait bien et il a fait d'excellents élèves. Sa méthode rie différait pas beaucoup de celle de Lecour.

Autour de ces trois hommes, Lecour, Loze et Leboucher, il se forma bientôt un grand nombre. de tireurs qui. donnèrent une incontestable supériorité à l'école de Paris. En même temps, la savate avait donné naissance dans le midi à ce qu'on appelle le jeu marseillais, qui a surtout été pratiqué dans les régiments. Peu de'coups de poing; on s'attaque par une série de coups de pied tournants qui, laplupartdu temps, se perdent dans le vide, attendu que les adversaires n'étant presque jamais de face ne se regardant pas l'œil dans l'œil, ne peuvent avoir le sentiment dejla distance. Quelquefois le hasard leur fait réussir un coup de pied de figure très brillant: Devant un jeu droit sérieux, l'école marseillaise ne peut tenir; c'est, si l'on veut, de la gymnastique, de la danse, de la clownerie; ce n'est pas du combat, ce n'est pas de la défense.

*# ,"•

La grande période de la boxe française se place de 1845 à 1855. Il y eut là une dizaine d'années d'un éclat incomparable. C'est l'époque des assauts publics organisés au Cirque par Charles Lecour et son frère Hubert, puis à la salle Montesquieu par Leboucher. Je n'ai jaJ mais vu tirer Charles Lecour qui, dès 1848, céda sa salle du passage des Panoramas à son frère et ne parut plus en public. Toute notre génération a connu Hubert Lecour, leprofesseur par excellence, le véritable gentleman. Il était de petite taille.sonjeu était le plus serré.leplus rapide que j'aie vu. Son coup de poing à l'anglaise était terrible, son coup de pied bas d'une rapidité foudroyante. Personne n'exécutait comme lui les coups d'arrêt. Dès 1850 d'ailleurs, il cessa de figurer dans les assauts publics, mais chaque année il donnait dans sa salle, au bénéfice de son prévôt Etienne, un assaut où les plus forts tireurs étaient convoqués. A côté de Lecour, je trouve dans mes souvenirs de cette époque, et pour ne citer que les maîtres de première force, que les étoiles de la salle, Montesqmeu, Curel un petit méridional, leste comme un singe, Tessïèr un tireur froid et dangereux entre tous, Charles Ducros, RambaudditLaRésistance,etenfinVigneron, que tout le monde a connu sous le nom de l'IIomme-Ganon. Charles Ducros professe encore aujourd'hui; le jour, il est entrepreneur de peinture, le soir, Il donne leçon dans sa salle du faubourg Saint-Antoine, qui est fréquentée surtout par lesbons bourgeois, par les commerçants du quartier.

Il tire encore quelquefois en public la boxe anglaise, dont il s'est fait une spécialité il est le seul de nos professeurs qui ait pu se mettre en face des boxeurs anglais. Un jour, à l'étonriement général, il fit égalité avec le célèbre Crible. Il était un peu rageur. C'est lui qui, à la salle Montesquieu, jeta ses gants au visage de ce colosse de Vigneron qui, abusant de sa force, ne s'était pas arrêté après un coup touché. La scène fut très comique.

Vous étiez touché, vous deviez annorteer le coup, monsieur Vigneron, s'écria Leboucher, qui dirigeait l'assaut. Vous, répondit Vigneron, je vous en rends dix-huit de vingt.

Je crois bien, riposta Leboucher de sa voix au timbre enchanteur, parce que i vous avez de grandes jambes I Charles Ducros et Vigneron finirent par s'embrasser, aux applaudissements du public. Ducros a eu beaucoup de bons élèves, dangereux surtout au coup de poing, en raison de l'étude approfondie qu'ils font de la boxe anglaise. Rambaud,qui avait pris ce surnom bizarre de La Résistance,de son métier était ouvrier boulanger; beau garçon, grand, bien découplé, c'était -la grâce et l'élégance dans la force. La Résistance fut le favori du public jusqu'au jour où parut Louis Vigneron, qui lui adressa un défi. Il tirèrent deux fois. Le résultat du premier assaut fut indécis. La seconde fois, Vigneron battit complètement son adversaire. Vigneron est le tireur le plus redoutable qu'on ait connu. Sa haute taille, sa force colossale le mettaient hors de pair. On lui reprochait-d'avoir le jeu 1 large et de-manquer de vitesse.' Il est certain qu'il paraissait moins rapide que Lecour, Ducros et Charlemont, le dernier venu mais ses partisans répondaient qu'obligé, en raison de sa forée extraordinaire, de modérer la détente de ses coups, il ne pouvait donner toute sa vitesse. La vérité est que pour juger ce que Vigneron était capable de faire, il aurait fallu le voir dans un combat sérieux en face d'un tireur de sa taille et de son poids.

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Les assauts de la salle Montesquieu eurent, sous la direction de Leboucher, plusieurs années de vogue. Le boxeur anglais Crible, qui s'était fixé a Paris, y paraissait de temps à autre, et ce n'était pas une des moindres attractions de la soirée, qui se termittaittou jours par des luttes à main plate. C'était aussi la belle époque de la lutte etavant que Marseille [-aîné, le m.eupierdeJaPa]u<L 'U'eûtsliêep'

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sport admirable en y introduisant la fâchéuse habitude des prises à terré. Mais ceci n'est pas de mon sujet. VersiSaô, la préfecture de police eut la singulière idée d'interdire -les luttes; en même temps elle refusait le visa aux affiches où l'on annonçait des assauts de boxe. Il fallut remplacer les mots boxe française et anglaise, par adresse française et ~an* glaise. A peu près à la môme époque, la salle Montesquieu fut transformée en restaurant. Leboucher se découragea il organisait bien de temps à autre un assaut, mais la mode n'y était plus et les éléments de succès faisaient défaut. Vigneron donnait aussi chaque hiver une ou deux séances, et Lecour avait son assaut annuel, très recherché des amateurs, au bénéfice de son prévôt. Le personnel -de la, salle Montesquieu s'était d'ailleurs dispersé beaucoup des meilleurs tireurs avaient disparu, et, pendant plusieurs années, ni Lecour ni Vigneron ne rencontrèrent un adversaire capable de leur tenir tête' dans une partie sérieuse. Les choses allèrent ainsi.jusqu'en 'l86£ A cette époque, un' nouveau tireur parut. Vigneron, qui' avait annoncé un assaut publie dans la' salle du Vauxhall, reçut, quelques jours; avant la séance la visite d'un jeune soldat, qui venait lui demander de figurer dans l'assaut c'était Charlemont, l'auteur de ce livre.

« Voilà des gants, lui répondit Vigneron voyons ce que vous savez faire.» Après quelques passes:

Celaira, dit Vigneron, mais il faudra venir travailler tous les jours avec moi. Et je tirerai à votre assaut? Vous tirerez. Avec qui? Avec moi. » Charlemont n'avait pas tant espéré. Du premier coup d'oeil, Vigneron avait reconnu que ce jeune soldat, qui manquait d'école, de méthode, qui, pour ainsi dire n'avait pas eu de maître, était merveilleusement doué, qu'il avait une vitesse, une agilité exceptioimelle. L'assaut fut très brillant. Vigneron, qui était bonhomme au fond, tout en ménageant-un peu son jeune adversaire, lui donna l'occasion de développer ses qualités naturelles de rapidité et d'à-~ propos. $

A dater de ce-jour, Charlemont fut classé parmi les tireurs de première force en quelques mois, il acquit ce qui lui manquait, et dès l'année suivante, Vigneron n'eut plus besoin de le ménager. Rien n'était plus curieux que devoir ce jeune homme leste, vif, bien découplé, aux prises avec ce colosse aux poings formidables, à la jambe paissante comme une catapulte. Pourtant, il faut bien le dire, il avait une telle disproportion de taille, de poids et de force musculaire que l'assaut ne pouvait pas être très sévère. Aussi les amateurs, pour juger définitivement Charlemont, désiraient-ils le voir en face d'Hubert Lecour. Cet assaut, qui était attendu avec une extrême curiosité, eut lieu en 1866, dans la salle du passage des Panoramas. Les élèves et les amis de Lecour avaient pleine confiance « on ne peut refuser à Charlemont, disaient-ils, de la vitesse, de la légèreté mais il est habitué à tirer avec Vigneron, qui a le jeu large, qui est devenu un peu lourd et qui manque d'haleine; il sera battu, n En effet, les premières passes lui furent défavorables il fut pris trois fois de suite, au coup de pied bas.

Un tireur ordinaire aurait perdu la tête et n'aurait plus rien fait de bon. Mais Charlemont ne sè troubla pas; avec le sang froid et la sûreté de coup d œil qui en font un adversaire dangereux, il vit sur l'heure comment il fallait combattre Lecour; séance tenante il modifia son système d'attaque, serra son jeu et, dans la seconde partie de l'assaut, il eut l'avantage.

Sa réputation était faite. Après avoir organisé dans plusieurs régiments le travail de la boxe et de la canne, il prit son congé et ouvrit une salle au quartier latin. ..> •.̃̃̃̃.

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De ces trois maîtres de la boxe française, Hubert Lecour, Louis Vigneron et Joseph Charlemont, il ne reste que le dernier. Lecour est mort peu de temps après la guerre. Vigneron, à la môme époque, s'est brisé les reins à Boulognesur-Mer, en exécutant son travail du canon. Il est mort au champ d'honneur t

Charlemont professe à Bruxelles. La salle de Lecour a été reprise par M. Raynal, celle de Vigneron par M. Emile Rive, son ancien prévôt. Je citerai encore parmi les tireurs parisiens, Chauderlot, qui a été souvent le partenaire de Charlemont au gymnase Paz et à l'Hippodrome, et Duruthy, le prévôt de Charles Ducros. Ce dernier professe toujours la boxe française et la canne, mais il ne tire plus en public que la boxe anglaise et encore rarement. Charles Lecour, depuis la mort de son frère, a repris les gants. J'ai déjà dit qu'il donnait des leçons à la Société d'escrime et dans des cercles,

Jusqu'ici il n'avait pas été publié de traité de la boxe française. Je ne compte pas une brochure de quelques pages, tout-à-fait insignifiante, qui a paru sous le nom de Leboucher. Le livre de Charlemont vient combler cette lacune. C'est un système complet de défense personnelle on ne se borne pas au travail des jambes; toute une partie est consacrée aux exercices tirés de la boxe anglaise une autre aux prises de corps et aux coups de lutte.

Charlemont,d'ailleurs, ne se pique pas d'avoir inventé sa méthode de toutes pièces. Il a profité de l'expérience de ses devanciers. Il à fondu la méthode de Vigneron et celle de Lecour, en les rectifiant et les complétant par ses observations personnelles. C'est ainsi qu'il est arrivé à offrir au public la, théorie systématique et raisonnée de la boxe fran-

çaise.

çaise.. Ch. d'A..

LE DEBIT DE J.-JL- -ROUSSEAU

«(tTTpi-OÏ.^ÎÎ-

J'ai éprouvé dans ma jeunesse des moments de délire inconcevable, où je n'étais plus moi-même. En voici encore un des plus marqués. Pour comprendre h quel point la tête me tournait alors, il ne faut que voir combien tout à la fois j'aecurmiiais dîexi-r$vagances. Je m'étais fait à chanter sans savoir déchiffrer un air; car, quand les six mois qtïo-j 'avais passés avec Venture m'auraient profité,, jamais ils n'auraient pu .suffire; mais outre cela j'apprenais d'un maître c'en était assez pour apprendre mal. Parisien de Genève, et catholique en pays protestant, je crus devoir changer mon nom ainsi que ma religion et ma patrie. Je Rapprochais toujours de mon grand

modèle autoJLgu'U mutait possible. Il

1 LA ROBE BLANCHE JNOUVKIXE

Les Brésiliens au teint couleur jus de. tabac, garrottés de chaînes d'or et dont le portefeuille est gonflé de comptes de réis, s'imaginent connaître Paris quand ils ont assisté à une & première » d'opé- rette, fait le tour du « persil » au Bois de Boulogne et soupé dans un restaurant de nuit et nous sommes de tels fanfa- rons de viceque nous donnons volontiers le titre de Parisien à quiconque comprend vite un calembour et sait le prix d'une fille à la mode. En réalité, la vie tout entière d'un observateur ne suffirait pas pour explorer à fond la monstrueuse capitale, dont chaque quartier, chaque rue même, a sa physionomie personnelle, son caractère original. La différence des types qu'on y rencontre est si tranchée que leur déplacement semble impossible. Quelle surprise pour le flâneur, s'il voyait un coulissier juif des environs de la Bourse traverser les paisibles cours de l'Institut 1

Cette infinie variété d'aspect des rues de la grande ville est pour le véritable Parisien, pour le Parisien de;Paris, une source inépuisable d'intérêt et entretient chez lui, pourvu qu'il soit doué de quelque puissance imaginative, la fraîcheur et la vivacité d'impressions du voyageur débarqué de la veille. Moi-même, qui suis né à Paris, qui l'ai toujours habité et qui pourrais me plaindre, comme Alfred de Musset, d'en connaître tous les pavés, je suis encore étonné bien souvent des découvertes que j'y fais dans mes promenades aventureuses. N'ai-je pas trouvé la silencieuse mélancolie d'un canal de Venise derrière 'la manufacture des Gobelins, et dans Grenelle, à deux pas du Champ-de-Mars,une;place publique du Caire, brûlée de soleil, un excellent décor pour le meurtre du général Kléber, percé de six coups de poignard par le fanatique Souleyman-elHabbi?

Quand je vins habiter le coin perdu du faubourg Saint-Germain où je vis depuis une dizaine d'années, je me pris d'affection pour la très calme etipres^ue champêtre rue Rousselet, qui s'ouvre juste devant la porte de ma maison. Au dix-septième siècle, elle s'appelait l'im- passe des Vaches et elle n'était sans doute alors qu'un chemin à fondrières mais quelques seigneurs avaient déjà construit de ce côté, leur « maison des champs », et c'est là qu'est morte Mme de la Sablière, l'excellente amie de La Fontaine, dans son logis, « près des Incurables. » Un hôtel du siècle dernier, situé au coin de là rue Oudinot, est devenu l'hôpital des Frètes Saint-Jean-de-Dieu, et les arbres de leur ito^u jardin dépassent le vieux mur effrité qui Occupe presque tout le. c:ôté droitde la rue î^usselet. De l'autre, côté s'éiend une rangée à^e.z pauvres maisons, où logent des artisan» & des. petits employés, et qui toutes jouisSb^4

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s'était appelé Venture de Villeneuve, moi je fis l'anagramme du nom de Rousseau dans celui >de Vaussore, et ,je m'appelai Vaussore de Villeneuve. Venture savait la composition, quoiqu'il n'en eût rien dit; moi, sans la savoir je m'envantai à tout le monde, et, sans pouvoir noter le moindre vaudeville, je me donnai pour compositeur. Ce n'est pas tout ayant été présenté à M. de Treytorens, professeur en droit, qui aimait la musique et faisait des concerts chezlui, jevoulus lui donner un échantillon de mon talent, et je me mis à composer une pièce pour son concert, aussi effrontément que'si j'avais' su' eomment m'y prendre. J'eus la constance de travailler pendant quinze jours à ce bel ouvrage, de le mettre au net, d'en tirer les parties, et de les distribuer avec autant d'assurance que si c'eût été un chef-d'œuvre d'harmonie. Enfin, ce qu'on aura peine à croire, et qui est très vrai, pour couronner dignement cette sublime production, je mis à la fin un joli menuet qui courait les rues, et que tout le monde se rappelle peut-être encore, sur ces pa-* roles jadis si connues- Quel'capricel 1 ̃ ̃̃.̃

'Quelle injustice l •' ̃••'

Quoi! ta Clarisse Trahirait tes feux etc.

Venture m'avait appris cet air avec la basse sur d'autres paroles infâmes, à l'aide desquelles je l'avais retenu. Je mis donc à la fin de ma composition ce menuet et sa basse, en supprimant les paroles, et je le donnai pour être de moi, tout aussi résolument que si j'avais parlé à des habitants de la lune.

On s'assemble pour exécuter ma pièce. J'explique à chacun le genre du mouvement, le goût de l'exécution, les renvois des parties j'étais fort affairé. On s'accorde pendant cinq ou six minutes, qui furent pour moi cinq ou six siècles. Enfin, tout étant prêt, je frappe avec un beau rouleau' de papier sur mon pupitre magistral les cinq ou sixcoups duprenez garde à vous. On fait silence je me mets gravement à battre la mesure; on commence. Non, depuis qu'il existe des opéras français, de la vie on n'ouït un semblable charivari. Quoi 'qu'on eût pu penser de mon prétendu talent, l'effet fut pire que tout ce qu'on semblait attendre. Les musiciens étouffaient de rire; les auditeurs ouvraient de grands yeux et auraient bien voulu fermer les oreilles, mais il n'y avait pas moyen, Mes bourreaux de symphonistes, qui voulaient s'égayer, raclaient à percer le tympan d'un quinze-vingts. J'eus la constance d'aller toujours mon train, suant, il est vrai, à grosses gouttes, mais retenu par la honte, n'osant m'enfuir et tout planter là. Pour ma consolation, j'entendais autour de moi les assistants se dire àleur oreille, ou plutôt à la mienne, l'un « Il n'y a rien là de supportable » » un autre « Quelle musique enragée 1 » un autre « Quel diable de sabbat » » Pauvre Jean-Jacques, dans ce cruel moment, tu n'espérais guère qu'un jour, devant le roi de France et toute sa cour, tes sons exciteraient les murmures de surprise et d'applaudissement, et que, dans toutes les loges autour de toi, les plus aimables femmes se diraientà demivoix « Quels sons charmants 1 quelle musique enchanteresse! tous ces chantslà vont au cœurl »

Mais ce qui mit tout le monde de bonne humeur fut le menuet. A peine en out-on joué quelques mesures, que j'entendis partir de toutes parts les éclats de rire. Chacun me félicitait sur mon joli goût de chant on m'assurait que ce menuet ferait parler de moi, et que je méritais d'être chanté partout. Je n'aipas besoin de dépeindremon angoisse, ni d'avouer que je la méritais bien. S.-J. Rousseau^

Rousselet est très mal pavée, le luxe du trottoir n'y apparaît que par tronçons; l'une dos dernières, elle a vu disparaître l'antique réverbère à potence et à poulie. Peu de boutiques, et des plus humbles l'échoppe du cordonnier en vieux, le trou noir de l'Auvergnat marchand de charbon, le cabaret d'angle avec l'enseigne classique Au Bon Coing, et de tristes épiceries où vieillissent dans un bocal des sucres d'orges fondus par vingt étés: et gelés par vingt hivers, à côté d'images d'Ëpinal, une page de hussards dans leur uniforme de 1840 ou le portrait authentique et violemment peinturluré du Juif-Errant; encadré des couplets de la célèbre complainte.-Des linges sèchent aux fenêtres, des poules picorent dansle ruisseau. On se croirait dans un faubourg de province très reculée, un de ces faubourgs qui s'en vont vers la campagne et où la ville redevient village. Comme il passe à peine une voiture par quart d'heure dans la rue Rousselet, on y laisse jouer les enfants, qui sont nombreux dans les quartiers populaires car les pauvres gens sont prolifiques et. ignorent les doctrines de Malthus. Ils n'ont point le souci de doter le « gosse »̃ ou la fillette, qui entreront en apprentissage à douze ans et gagneront leur vie à seize, et dans aucun ménage d'ouvriers, on n'a jamais entendu dire, comme dans Gabrielle

Si tout va de la belle façon,

Nous pourrons nous donner le luxe d'un garçon. Aussi, dans le renfoncement du vieux mur, sous la charrette abandonnée, il y a de fameuses parties de billes, allez I C'est enrayant ce qu'on y use de fonds de culottes! et, à quatre heures, à la, sortie de l'école des Frères de la rue Vaneau, la rue grouille de moutards. J'ai fini par les connaître à force de passer là, par m'intéresser à eux, par leur sourire. Pour eux non plus je ne suis pas un inconnu, et souvent il me faut interrompre ma rêverie et répondre à un « Bonjour, M'sieu », que me lance une; gamine en bonnet rond ou un jeune drôle en pantalon trop large. A la Fête-Dieu, j quand ils établissent des petites chapelles devant les portes, avec une serviette blanche, uue Bonne-Vierge en plâtre, trois rôses dans son verre et deux petits chandeliers en plomb, ils me poursui- vent en secouant une soucoupe, où ma pièce de deux sous sonne joyeusement. Enfin, ils me traitent en voisin, en ami, moi, le passant absorbé et inoffensif. Par les jours de septembre où il fait du vent, les galopins écartent devant moi la ficelle de leur cerf-volant, et, les soirs d'été, la petite fille qui saute en demandant « du vinaigre » s'arrête pour me laisser enjamber la corde. ̃̃̃ **«

C'est ainsi que j'ai remarqué la petite boiteuse. II y a bien longtemps de cela, je venais de m'installer dans le quartier et elle pouvait avoir alors huit ou dix ans. Ce n'était pas elle, hélas! qui aurait pu demander du « vinaigre ». En grand deuil, son père, un compagnon charpentier, venait de mourir, elle s'asseyait sur une borne, sa petite béquille dans sa jupe, et elle regardait jouer les autres. Elle m'attendrissait, avec son air triste et sage, ses grands yeux bleus dans sa figure pâlotte et ses bandeaux châtains sous son béguin noir, A la longue, elle avait vaguement deviné ma pitié dans mon regard elle y répondait par un sourire mélancolique. Je lui disais au passage Bonjour, mignonne 1- ̃ ̃

Du temps s'écoula, deux ou trois ans passent si vite, et, un jeudi matin du mois de mai, où le jardin des Frères de Saint-Jean-de-Dieu embaumait la verdure nouvelle et où des fils de la Vierge flottaient dans 1 air, je m'aperçus, en sortant de chez moi, vers onze heures, que la rue Rousselet avait un aspect de fête inaccontumé. Parbleu c'était le jour de la première communion des enfants. L'ouvrier, qui mangeait tous les soirs du jésuite en lisant son journal, avait eu beau déclamer. « On n'est pas des païens », avait déclaré la maman, et les enfants étaient tout de même allés au catéchisme. Et puis, la première communion des gamins, c'est une occasion de « caler l'atelier », do faire une petite noce; et le savetier radical, qui fumait sa pipe sur le seuil de sa. boutique, pouvait bien hausser les épaules et murmurer entre ses dents « Ah! malheur! » la rue n'en avait pas moins son air des dimanches. Eh là-bas, la petite blanchisseuse, qui courez on portant sur vos deux mains une chemise d'homme empesée comme une cuirasse, dépêchezvous La pratique a fini de se raser devant le miroir attaché à l'espagnolette de la croisée, et l'on s'impatiente. Il y a de la presse aussi chez le pâtissier de* la rue de Sèvres dès hier soir, on commandait des godiveaux, et la fruitière du n° 9 est en train de faire une scène, parce qu'on a oublié son nougat. Chez le perruquier, par exemple, la boutique peinte en bleu, où le plat à barbe en cuivre frissonne au vent printanier, ça empeste encore le cheveu brûlé, mais l'ouvrage est fini depuis longtemps; toute la marmaille était frisée dès sept heures du matin. Maintenant c'est une affaire bâclée, on revient de l'église et le monde se met aux fenêtres pour voir passer les communiants

Superbes, les garçons, avec la veste neuve et le brassard de satin à franges d'or, excepté Victor pourtant, le fils de l'ébéniste, qui vient d'attraper une paire de calottes. (Aussi quelle idée de laisser tomber sa tartine de raisiné sur son pantalon Cet animal-là n'«n fait jamais d'autres; ça lui apprendra.) Mais ce sont les petites en blanc qui sont jolies! Les blondes surtout! Le voile de mousseline leur sied à ravir. Elles le savent bien, les coquines, et elles baissent les yeux pour se donner une mine plus virginale et aussi pour regarder leurs gants de filoselte, les premiers qu'elles aient mis de leur vie. Pour les brunes, elles ont un peu l'air de mouches tombées dans du lait, mais n'importe, leurs mamans ne sont pas les moins pères. Oh! l les pauvres mamans elles se sont faites belles pour la circonstance, et eîles ont arboré des toilettes qui révèlent des poèmes de misère et d'économie. Voilà uue pélerine de veloursqui doit dater de l'Exposition de 1867, et voilà un cachemire français qui connaît certainement le chemin du Mont-de-Piété. Bah! les fillettes qui les accompagnent sont quand même habillées tout battant neuf et lorsque la pèlerine dit au cachemire « Elle est joliment forcie, votre demoiselle », le cachemire repond d'union satisfait « Que voulez-vous? A va sur ses treize ans. » Et la pèlerine conclut « Comme ça nous pousse! » Enfin c'est un beau jour pour tout le mondé, et les pères, ces hommes I ça ne croit h rien 1 peuvent « blaguer » la cérémonie chez ^es marchandj de vins, il n'e§t pas jnpins

1

vrai que tout à l'heure, à la parôlssô, quand l'orgue jouait en sourdine et quand les enfants ont marché vers l'au* tel, en file indienne, les garçons d'un côté, les filles de l'autre, le cierge allumé à la main, toutes les mamans ont pleuré.

J'avais bien vite reconnu ma petite boiteuse dans le nuage blanc des communiantes. Etait-ce une béquille noire sur. laquelle elle s'appuyait pour sautiller, ou à cause de la robe de veuve de sa pauvre vieille fémine de mère qui la tenait par la main ? Mais elle me sembla plus immaculée, plusjjure, plus blanche que les autres. Elle me parut aussi plus émue, plus recueillie-que ses compagnes.; son visage enfantin avait une expression naïve et mystique, oui eût tenté le pinceau d'HoIfasin.

Ce jour là, j'accentuai pour «ne mon bonjour amical, et j'étais tout heureux, en m'éloignant, de penser. qu'elle aussi avait eu sa robe blanche. Une robe blanche l'idéal de la parure :pourles filles du peuple! 1

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Depuis 'lors, plusieurs printemps ont fleuri et, par de belles matinées du mois de mai, plusieurs fois le vent parfumé a fait flotter les voiles blancs des communiantes dans la rue Rousselet. Des années ont passé., des années avec leurs printemps, mais avec leurs hivers aussi; les choses ontchangé, des gens ont vieilli dans le paisible quartier. D'autres enfants jouent encore aux billes sous la vieille charrette, mais 'lo perruquier a fermé boutique le savetier radical fume toujours sa pipe sur le seuil de son échoppe, mais sa barbe a grisonné; enfin on a lu, un jour, un billet bordé de noir, collé avec quatre pains à cacheter sur les volets fermés de la fruitière du numéro 9, et maintenant c'est une blanchisseuse qui s'est établie la, pour faire concurrence à l'ancienne, qui demeure en face. Mais cela ne réussira pas, car la mère Vernier, la femme de ménage, une langue d'enfer dont je vous conseille de vous méfier prétend que la nouvelle patronne est une sans-soin qui lui a perdu une camisole, et que ses ou- vrières sont des rien du tout, qui batifolent avec le sergent de ville. Vous savez, le grand blond médaillé, celui qui a une si belle moustache tombante de buveur d'eau -de-vie. Malgré tout, la rue Rousselet a conservé à peu près sa physionomie d'autrefois, et le mur des frères Saint-Jean est plus dégradé que jamais par les saxifrages.

Mais la petite boiteuse ? î ||

Hélas 1 elle a très peu grandi, 'bien qu'elle soit une jeune fille à présent et qu'en comptant sur mes doigts, je découvre qu'elle aura bientôt vingt ans. Quand je la rencontre, sautillant plus lourdement sur sa béquille, une béquille neuve, un peu plus haute que l'ancienne, je n'ose plus dire « Bonjour, mignonne Il et je me contente de lui tirer mon chapeau. D'ailleurs, elle sort rarement. Sa mère est maintenant concierge dans la maison du brocheur, et la fenêtre de la loge, qui donne sur la rue, est placée trop haut pour que je puisse y jeter un regard en passant mais la présence de ma petite amie se trahit par le bruit incessant de sa machine à coudre. Elle travaille pour la confection et il paraît qu'elle gagne d'assez bonnes journées. On m'a assuré qu'elle est bien plus infirme que je ne croyais et qu'elle a une jambe toute séehée. Elle ne se mariera pas. Quel dommage 1

Cependant, presque toutes ses camarades de première communion ont déjà mis leur seconde robe blanche., celle du mariage. L'autre samedi encore, l'épicière a marié sa fille à son premier garçon. (Je me doutais bien que ça finirait par les dimanches soirs, quand la mère prenait le frais sur le pas de sa porte et quand les jeunes gens jouaient à la raquette, ils envoyaient toujours le volant dans l'allée du n" 23, qui est noire comme un four, et ils disparaissaient en- semble, censément pour le ramasser. Comme c'est malin !) 011 l'épicière a bien fait les choses on est allé autour du lac en grande remise et l'on a dîné, à la Porte-Maillot. Eh bien 1 au moment où là mariée est montée en voiture, avec sa traîne de soie blanche et sa fleur d'en ranger dans les cheveux, elle a l'ai t insolent, cette grande rousse 1 j'ai aperçu ma pauvre petite boiteuse, qui se, tenait à quelques pas de là, appuyée sur, sa béquille, et qui regardait d'un œil d'envie.

Hélas! il n'y aura bientôt plus qu'elle, de toutes les filles de son âge, dans la rue Rousselet, qui n'aura mis de robe blanche qu'une fois dans sa vie ¡ François Coppôe.

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