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Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1880-06-06

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 06 juin 1880

Description : 1880/06/06 (Numéro 23).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k273891v

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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LëlGrand Prix de Paris 1880

Ayant les Courses

Si vous voulez, princesse, nous ferons deux tours?. On se souvient de ce mot de Dupuis, l'inimitable chef des carabiniers des Brigands, après qu'il venait de faire faire une p'tite manœuvre à ses hommes devant la princesse de Grenade.

Mon offre est la même si vous voulez, chers lecteurs, nous tenterons une seconde excursion dans le monde du turf, comme nous en avons fait une l'année dernière à pareille époque, à l'occasion du Grand Prix de Paris. Les mœurs des gens de courses sont variées, et je crois les connaître assez pour intéresser tout au moins le public spécial. D'ailleurs, le crayon toujours spirituel de Crafty m'aidera à mettre en relief les figures et les anecdotes que je vais réunir, et qui, bien entendu, seront tout autres que celles de mon supplément de 1879.

Les Coulisses du Turf

Une étude à laquelle je tiens avant tout à initier le lecteur, est celle des coulisses du turf. Je ne crois pas indifférent de lui révéler la vie d'entrainement. Nous ne sommes plus à l'enfance des courses; depuis longtemps le public a fait son éducation en matière de sport, mais il y a encore bien des gens qui ne savent pas comment on prépare un cheval en vue de le faire courir. On ne sait pas. que pour paraitre sur l'hippodrome, en bonne condition, chaque cheval est soumis à un travail quotidien, et que rien n'est plus actif et en même temps mieux réglé que la vie d'un che-val de pur sang.

Et tenez Il est quatre heures du matin, le jour nait à peine, la forêt est presque silencieuse, quelques chansons d'oiseaux très discrètes arrivent à peine dans une demi-teinte aux oreilles du promeneur qui traverse la pelouse, et dont l'attention n'est éveillée que par le passage rapide des hirondelles oule vol plus lent d'un corbeau attardé. Le ciel est un voile bleu pâle, prêt à se déchirer aux premiers rayons du soleil, et la brise est si tiède à aette heure matinale qu'on peut s'attendre à une après midi des plus chaudes. Mais nous voici à une porte ouverte devant une allée soigneusement sablée, nous pouvons pénétrer, nous sommes dans la cour d'une écurie d'entratnement.

̃ L'Écurie d'entraînement

Ce genre d'établissement a plus d'un point d'analogie avec l'institution dont le titulaire est connu sous la dénomination de marchand de soupe. La maison de l'entraîneur, c'est l'institution Béchardel, où nous avons tous plus ou moins fait connaissance avec les pions et les haricots rouges. A la place de haricots rouges il y a de l'avoine noire, et à la place d'élèves il y a des poulains. Les uns, intelligents et aptes au travail; les autres, ineptes et abrutis comme le dernier des cancres. Aussi il en est des chevaux comme il en est des élèves on en fait des aigles ou des idiots.

Les chevaux à tempérament d'aigle occupent spécialement l'entraîneur; troublent son repos et ses nuits les autres le laissent absolument froid. Mais de quelque dose d'in'telligence que le. sujet soit doué, l'instituteur a sa mission. 11 s'agit de gagner la pension, il faut que tout le monde trime. Donc, les bons et les mauvais ont leur exercice quotidien.

Le Head Lad

Nous disons qu'il est quatre heures du matin, mettons quatre heures moins dix. La cour est silencieuse et livrée aux pigeons du colombier qui glanent l'avoine égarée. Le head lad ne tarde pas à apparaître. Le head lad c'est comme qui dirait le censeur; c'est celui qui a mission de réveiller les garçons d'écurie et de faire exécuter les ordres du master. Le head lad est généralement très rangé, très attaché à la maison qu'il quitte rarement, même les jours de courses; il a les clefs des boxes et la distribution des fourrages; une responsabilité considérable pèse sur sa tète c'est un ministre responsable; c'est plus qu'un ministre responsable.: un sous-secrétaire d'Etat; on le sent bien à son air grave au moment de réveiller son personnel. Pénétrons avec lui dans

Le Dortoir des Lads

Ce dortoir est à peu près comme tous les. dortoirs, à cette différence près que les gamins y sont couchés deux par deux. C'est une sorte de corps de garde où il règne plus de propreté que dans les corps de garde militaires. Les murs sont ornés d'images sans importance, images arrachées aux journaux illustrés de Londres et représentant, pour la plupart, des sujets de sport, des chasses à courre, des scènes de chenil et des courses de lévriers. Chaque lit est modeste et garni d'un sim-

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pie sommier et d'une paillasse. A la tête du lit sont placées les malles vides des gamins, et le contenu de ces malles, composé de vêtements très usés et très en loques, est accroché au mur. Sur des planches voisines, un amas de bouteilles vides, de cartes à jouer anglaises et de vieux chandeliers indique que de temps à autre on passe la nuit à s'amuser. Dans un grenier qu'on est bien à quinze ans 1. J'allais oublier le cabinet de toilette de ces messieurs; c'est tout simplement un baquet en bois, ovale, de la dimension des baquets que les bouchers emploient pour faire baigner leurs têtes de veaux. C'est làdedans que les lads se passent à une eau de savon consciencieuse.

Les Anglais sont très soigneux de leur hygiène et se livrent à des lavages qu'on ne soupçonnerait pas sous l'apparence négligée de leur mise.

L'usage des baquets est'moderne on a inventé les baquets ovales pour éviter que les gamins se servent de leurs seaux d'écurie. Ils s'y lavaient autrefois, et les chevaux, très justement dégoûtés, refusaient de boire leur eau. Les gamins, une fois réveillés, le head lad redescend et met

Les Clefs sur les Portes

Je le répète pour la troisième fois, il est quatre heures, et les chevaux, habitués à une exactitude ponctuelle, attendent l'arrivée de leur valet de chambre. Quand je dis valet de chambre en parlant du lad, je sais le terme que j'emploie. Je parierais volontiers, en effet, qu'il y a peu de jeunes gens du high-life aussi bien traités par le domestique auquel ils donnent les appointements d'un sous-préfet que le plus modeste pur sang n'est servi par son lad. Je le prouve. Le head lad a mis la clef sur chaque porte

d'écurie, et derrière chaque porte il y a un museau impatient de voir son petit bonhomme. Les portes s'ouvrent, un hennissement amical du cheval accueille l'entrée du gamin qui se met à exécuter entre ses dents le sifflottement indispensable au pansage régulier de sa bête.

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La Matinée du Cheval.

PREMIÈRE PARTIE `

Le premier soin du lad est de faire la litière de son cheval qui a été détaché pendant la nuit pour avoir la faculté de se coucher à l'aise. La litière faite, le gamin donne un bon coup de brosse à son élève, lui met la selle et la bride, et le sort. Tous ces préparatifs-là durent une quarantaine de minutes. Les chevaux partent ensuite en file comme des écoliers et marchent au pas pendant une demi-heure.

Au pas succède le trot pour, dégourdir les jambes. Les chevaux qui sont en plein travail marchent au pas pendant trois quarts d'heure, prennent un petit trot et ensuite leur bon galop. Cette première promenade varie de une heure et demie à deux heures. On rentre à l'écurie; le lad ôte la bride, donne une poignée de foin et commence la toilette de sa bête par la tète et l'encolure. Dès que le cheval est sec, on lui donne à boire, on lui lave les pieds et les jambes, puis on passe au pansage du corps. SECONDE PARTIE

Il n'est pas loin de huit heures quand ces premières opérations sont terminées; on refait la paille du cheval; le head lad lui apporte son avoine qu'il lui offre avec la correction d'un garçon de chez Bignon ou du Café Anglais qui servirait un client riche. On ferme la porte à clef pour permettre à monsieur cheval de goûter en paix les douceurs du cabinet particulier, et on le laisse en repos jusqu'à midi. A midi, chaque garçon revient près de son quadrupède, lui attache la tête, le bouchonne agréablement comme un employé du Hammam, lui refait la tète comme un barbier de qualité, lui sert foin et avoine et l'enferme de nouveau jusqu'à cinq heures. De cinq à huit heures, le cheval est attaché. A huit heures, on refait son lit, on le détache, et le voilà libre de dormir pleinement jusqu'au lendemain.

Les poulains de deux ans font le même manège seulement, ils ne sortent qu'à huit heures et demie ou neuf heures.

Telle est en peu de mots l'existence du cheval de course nous allons examiner maintenant le reste de l'écurie.

Les Chambres des Jockeys

A côté du dortoir des lads sont les chambres des jockeys; l'ameublemement n'est guère plus somptueux, mais il est plus soigné et relevé par de petits accessoires tels quo cravaches, hottes à revers et petits objets offerts par des parieurs heureux: il y a aux murs des photographies et des Jfho'iogravuïes dé che-

vaux célèbres, des portraits de jockeys en renom, en un mot tout ce qui concerne la profession; Le système de lavabo des jockeys est le même que celui des lads; toujours le baquet ovale propice au savonnage du corps, un tub excellent.

A côté des chambres de jockeys se trouve la

Salle de pesage pour les essais Les essais, voilà une opération qui joue un rôle dans une maison d'entralnement 1 La petite pièce où on les prépare ressemble à une sellerie; c'est en effet une sellerie avec une balance au milieu et un appareil d'éclairage, car tout se passe la avant le lever du jour. Chaque entraîneur connaît naturellement le poids de ses hommes; pour le compléter et le rendre conforme au poids qu'il veut mettre sur chacun des chevaux qu'il va mesurer, il a à sa disposition, des selles, des carrés et des ceintures, dont seul il connait la pesanteur.