Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 3 à 3 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1925-11-14

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 14 novembre 1925

Description : 1925/11/14 (Numéro 345).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2736137

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67%.


lement à se peindre, il a pensé ne pas s'élever au-dessus de lui-même, et c'est pour cela justement qu'il est grand. Sa modestie se plaît à dire qu'il n'a fait évoluer que «de tout petits personnages autour de petites historiettes ».

Cette modestie est sincère, car ces personnages, si grands à nos yeux, peuvent sembler «tout petits », à celui qui les vit de si haut. »

'̃̃'•« Maurice, Diamant-Berger.

CJ^Lii«lid[atTuir>es

acaLdénolcpiea

FANTAISIE INÊDITg. v,-( '-y.iy.fl ç

'̃' li> ?i ̃̃•• ̃ ? ,;jrr-2Nyv,j84|fi(-; (iOflBUJia !3f

••̃>' ;:i i -•̃<v.j ;)̃.];>• tH.f'H», ,\ci*v.j "j

̃ <r t}Air (Mademoi^Ufi éçoH^-miîi.^wc^^

̃U. .1 '̃<̃̃! -V. tEÇONTE DR ^ISLE, Mad'moiselk, écoulez-moi donc, < “]' voudrais, s'il Vous plaît, vous dir' quelque chose, Mad'moiselle, écoutez-moi donc,

]' voudrais un fauteuil dans votre maison.

i. ̃ ..L'ACADÉMIE

Non, monsieur, je n vous écout'pas ;̃̃-̃ Je n'aime pas les Vers, je n'aime que la prose. Non, monsieur, je n'vous écout'pas Je n'prends pas d'poète entre mes repas. BARBEY D'AUREVILLY i,

Mad'moiselle, écoutez-moi donc,

J' cours depuis dix ans après oof sourire,' < ` Mad'moiselle, écoutez-moi donc,

Pour entrer chez vous comment s'y prend-on ? *• L'ACADÉMIE .•

Non, monsieur, je n'vous écout'pas

Je n'aim' pas la pros' quand on sait l'écrire Non, monsieur, je ne vous écoute pas,

J'appelle Legouvé si Vous fait' un pas. CATULLE MENDÈS

Mad'moiselle, écoutez-moi donc

J'suis amoureux d'vous comme un' petit' bête Mad'moiselle, écoutez-moi donc

.Laissez-moi r'hoer le bas d'vot' jupon.

̃ •• >' irK'L' ACADÉMIE/

Non, monsieur, je !hivousKtëeoûl\.pa&ii.<, ̃ ̃ Votre styl' fleûri;m'fait>mal.à:la;t4ie;O^ ̃ > Non, ̃ monsieur, < je n Whsj 4cmi IPfÇ, à'j mes jupons pudm'li sur .rfies. pas. ^ftoNSE DAUDET Mad'moiselle, écoutez-moi donc, `"

J'biûY de vous avoir, il faut que j'vous l'dise, 'Mad'moiselle, écoutez-moi donc,

Qu'on doit être bien sous voire édredon.

l'académie

Non, monsieur, je n'vous éçout' pas,

J'aime pas les jeun'gens, ils font trop d'bêtises, Non, monsieur, je n'vous écout pas,

J'aim' qu'on m'laiss' dormir tranquille en mes draps.

THÉODORE DE BANVILLE

Mad'moiselle, écoutez-moi donc,

Sur votre épaul' blanch' j' veux poser ma tête Mad'moiselle, écoutez-moi donc,-

Je veux me r'poser dans votre giron,

L'ACADÉMIE

Non, monsieur, je n'vous écout' pas,

,'Fichez-moi la paix, j'oeux^ pas qu'on m'embête, Non, monsieur, je n' vous écout' pas,

Si vous insistez, j'vous jett' mon 'cabas. '.̃ EMILE ZOLA

-̃̃ Mad'mpiselle, écoutez-moi donc, je mets à vos pieds Gervaise et Pot Bouille Mad'moiselle, écotitez-moi donc. Je mets à vos pieds Eugène Rougon.

r:w·!9" ti;tt.ttioA'MJ~q ,lH1/J b:ttltü) j.

•UU'A'-Nbn;' mohsiew>j'*je ̃n'aaas'ïÏBClUtù'.iposvUi

ïnij'oous prie 'de -Maissei; voupAétë» une afidawlle.u ̃ •• Non, monsieur, ̃ je n't)Qusl:écaut.l-ïPa& .'i j ̃ J'ai l'évêque d 'Autun,. j' Deux l' êvêque d [Arras. '̃̃'̃ ̃-̃'• GEORGES OHNET

Mad'moiselle, écoutez-moi donc, J *< Je suis l'heureux pèr' de Serge Panine, Mad'moi.selle, écoutez-moi donc,

̃̃̃•• ̃•'̃ s ̃ X' Académie ̃" .• '"• Montez' donc chez mai, mon joli garçon I Georges Çourteline.

:UN-Y0iTAMPEO-C0IWU

C'est le Voltaire patriote. La gloire du, tra^ gédien, du philosophe et de l'homme d'esprit avait un peu éclipsé cet aspect de son génie. Son amitié pour le roi de Prusse n'altéra jamais l'amour qu'il portait à son pays. Les passages qui suivent, et que cite M. Georges Grosjean dans son livre récent, la- Politique rhénane de Vergennes, en sont une vivante épreuve. Ils nous montrent Voltaire sous un jour où on n'est pas accoutumé à le voir.

« Il faut, affirmait-il dans la lettre fameuse

LE cmNETDU BOUQimimB

'̃'̃'̃ t- .̃̃• 1 > <.•̃ !̃,•̃. i, ,i'.i' S -i.'l" iJt; -̃>'• ••\ .n-, -i 1 r, 't

Allegra oq lftpos des Loisirs [ ̃̃̃'• par Alfred de Tarde

Edition du Siècle

Une brève notice de l'éditeur nous apprend que le regretté Alfred de Tarde travaillait depuis près de vingt ans à cet ouvrage- lorsqu'il mourut prématurément, à La Roque-Gajac, le 3 avril 1925, emporté par une crise d'urémie. Outre les fameuses enquêtes d'Agathon, publiées en collaboration avec Henri Massis, il laissait un premier roman Hors la vie, paru en 1907; une thèse fort remarquée: L'Idée dit Juste prix; une étude; économique sur les conséquences de la guerre L'Europe court-elle à sa ruine? Un livre sur le Maroc école d'énergie enfin le résultat d'une, enquête menée en collaboration mec Robert de Jouvenel sur La Politique f aujourd'hui.

C'est. à la fois sans doute pour se dépasser des graves problèmes qui occupaient son esprit et pour fixer sous une: forme romanesque les réflexions que lui inspiraient le spectacle de la vie et l'idée le la destinée humaine qu'Alfred de Tarie a écrit Allegra ou le Clos des Loisirs; L'œuvre est charmante; Elle fait tourna 'our songer, à jin cont,e de -fées, d'où ile

..fleryeiileiix .serait banni et à un ppriteî

VhilosophiWe d'Où 1 ii'pïie serait exclue*,

')hiIQsopl)ni~è ée ~~e'" p`ô~sie' serait hé1

route baignée Wp'oèsiè/ "et M r'êvé.V'eîle

nele adroitement la réalité et la fiction t se sert tantôt de l'une, tantôt de l'autre, tour nous guider, à travers les mirages de 'idéal, sur les chemins de la raison et de 1 sagesse.

Une vaste et magnifique demeure -iso- ée dans la campagne et qu'environne un >arc immense enclos de murs infran•hissables. C'estqu'Allegra a grandi ̃ntre le vieillard qui est son père et Ca'cau, sa vieille nourrice au cœur sim)le. Fine et jolie comme une de ces staruettes de Tanagra dont le nom rime Ivec le sien, Allegra a quinze ans et ses .eux ne se sont jamais posés que sur es trésors d'art qui peuplent la maison 't sur toutes les splendeurs de la nature lui l'entourent. Une défense absolue lui i toujours empêché de franchir le mur d'enceinte et même il ne' lui est jamais arrivé de s'aventurer jusqu'à lui. Ainsi l'a voulu le vieillard qui l'a élevé et que e les gens de la ville ont surnommé « L'Ermite ».

où il remercie Rousseau de l'envoi que celui-ci lui a, fait du Discours sur l'inégalité parmi les hommes', il faut aimer sa patrie, quelques injustices qu'on y y essuie. » En 1743, contre des juges sévères parmi lesquels le maréchal, de N pailles il' avait, pris la défense de l'armée battue à Dottingen il n'est pas vrai de dire que les Français ftnt, mangue --jje, içpurage « les sous-mousquetaires, au nombre de deux cent cinquante, ont percé; cinq lignes des An1 glais. e.t n'ont ;guère cédé qu'en mourant; la grande; quantité de notre noblesse, tuée ou j blessée, est une preuve de^vaieyii assez incon-

stestabje. ».•̃ ̃.̃ ̃ >.•!> y ̃>[]<̃'<.{<,

Ses-relations avec Vauvenargues et M. de Guilbert lui avaient inspiré pour les officiers français upe admiration qu'il ne ménage pas. .De tant-.de .peuplesjidemgR^e-trîljjflft est-il un qui pij~eJV¡¡.fitf;p dl<:a!:mmvÍ4i¡ :mJ:¡mi1~ ~:J,do-, litres de leur.,btaheur et: de cejiji, de leur sou- verain, bravant de sang-froid la mort avec toutes les raisons d'aimer la vie, quittant gaiement les délices de la société pour les fatigues qui font frémir la nature, humains, généreux, compatissants, tandis que la barbarie étincelle de rage partout, alentour; nés pour les douceurs du monde, comme pour les dangers de, la guerre, aussi polis que fiers, ornés souvent par la culture des lettres et plus encore par les grâces de l'esprit à ce portrait, les nations étrangères ̃reconnaissent nos: '#|f ieiérsfpEHesWotient surtout que lorsque lé\ premier feu trop ardent de leur jeunesse est tempéré par un peu d'expérience, ils se font aimer même de leurs ennemis. Mais si leur grâce et leur franchise ont adouci quelquefois les esprits lés plus barbares, que n'a point fait leur valeur? Ailleurs, on sert pour faire sàr-4ôMu»e^vWsi>i!fertnr nous, on prodigue sa fortune pour servir; 'là, on trafique de son sang, avec des maîtres étrangers, on marche parce qu'on est payé ici, on vole à la mort pour être regardé de son souverain, et l'honneur a toujoiffs* fait "^ék'pltts" grandes choses que l'intérêt. » y

Ecoutez cet Eloge funebve des officiers morts dans la guerre de 1741 (Edition Beuchot, t. 39):, <•

« O mémoire, ô noms d'un petit nombre d'hommes qui oi# b|e^ servi. rEtat^vivesjéter-,nellement. Mais^urfout^ne* 'périssez pas1 tout' entiers, vous, guerriers, qui êtes ftiorts \pour nous défenàt'~I(5.'<tI>tI'1votre-satig'qui\;nÓus,a ~vahl des victoires ;• c'est sur vos çorps déchirés et palpitants que .vos, compagnons ont marché à l'ennemi et qu'ils ont monté à tant de remparts. »

Et relisons ce fëuilïèï d'Essai "sur lès mœurs (Edition Beuchot, ,t. ij,r paça 216) i Ceux qui de S^â^oiîf^omJ1ffflMné contre « l'histoire bataille pourraient retenir l'appréciation ci-après de Voltaire

« On se sait guère, dans l'oisiveté des gran-

des villes, H~~ls,e(f,l?s.t&jl,~Atc9,w~,J?our ras-

des villes, quels ^fiçrl^Jl^^e^c^fe^pour ras-

sembler des vivres dans '^n pays quf'Çn fournit

à peine à ses habitants; pour avoir de quoi payer- le «oldat, pour lui donner le nécessaire sur son crédit; pour garder des rivières; pour enlever aux ennemis des postes avancés dont ils se sont emparés. C'est un plaisir digne d'un bon citoyen d'examiner .Dar quelles iiessources on a chassé dans rè^meme' terrain 'It dans les mêmes occasions deux armées victorieuses. Cependant il eût été, plus beau de les empêcher d'entrer que de s.'3pipjagdip1de_,Ie,s "voir sortir. » Les pauvres gens des dix plus beaux départements français dévastés de 1914 à 1918 sont, certes, de cet avis.

Si Voltaire se, laisse aller à commettre quelques vers dont, en effet, il y a lieu d,'av,oir

.1~'?~ ~F

hRntp wu)' ltji¡ il q~ même pu. rougit. Ifopr

i~ ~9,~i9~~ylzqu'~ :nl~j#~a aûX')~sp~~nôls

Í g¡,qA G) it.RPNt84,¥ cj~~14, a ,i}Hf"i',$~1}$¥ s

.contre, s^nfoi, adjes_se, a^son.ami djArgental ,cétte.j9r.ofessipn;;de,1foi ̃ '•̃lj\.i « Je ne m'intéresse à aucun, événement* que comme Français, je n'ai d'autre, intérêt et d autre sentiment que .ceux que la France 'm'ins<pire; j'ai en France mon bien et mon coeur. »

.Le voici ima.gjî\an$; un. mgi^yde, guerre. Il

.g~i fait.part.au marq~a,,c~r~Ior~tr.e minis- Il

^ri fait.part au ma,rqm'i)de.,plorjafii!I,e minis-

tère, .de la guerre le fait exécuter en réduction avant de l'adopter: « Si cela réussit, écrit à Ri.chelieu l'heureux inventeur, ,il y; aura de quoi étouffer de rire, cessait P8~)~auteur de cette machine .destr,uctive.£e^y;Q'udi;ais que vous commandassiez l'armée et que vous tuassiez force, Prussiens avec mon petit secret. » ,Et ne voulant pas, tant que la guerre est contraire, être applaudi, ay théâtre, il dit « Point de comédie, çj,uafld,prjjnc|iis*.|iat et qu'on se .moque, de nous^.Atteq^onSj^es; Hivers plus agréables. » Déplorant que f Opéra ne chôme pas alors que les armées souffrent et périssent, il s'écrie

« La chose peut devenir sérieuse et vos sybarites peuvent un jour gémir. »'

Alors apparaît-îrtt^oltairErprêiitant Y Union sacrée, vouant à l'exécration pessimistes et dé-

isÀecabIë> jadis par une grande douleur,- le !'père Allegra^ $\utU8«tf«:u en effetede la firesérver à jamais de la souffrance, /avant nommée Allegra, c'est-à-dire joyeuse, il l'a formée alors selon son cœur et il lui a enseigné les. trois vertus

qui comptent V(^diWs|u^mq.nde, les

seules qui important .penentl^nt. « fLa première, c'est 'là '/biè,1' rôdeur exquise des âmes vivantes la seconde est la vie intérieure' ou le loisir, l'aliment vrai de l'esprit, la rivière où baignent toutes les grandes œuvres du monde et la troisième, la plusMuievP'l'éJftn^du cœur, c'est la tendres,s es.^ j, ^Vr^h' Mais c'est en vain, helas î que l'esprit prétend commander à la nature. Allegra devient femme et sa curiosité l'attire jusqu'au mur d'étranges questions lui brûlent les lèvres la fièvre de .savoir la tourmente. Son pèrei-,mevu-t.et elle entraîne sa vieiller(n<>6yrice\,yprs.la vie. • Allegra va faire l'expérience de la misère humaine. Le iils de Cateau, Philippe, son frère de lait, habite la ville voisine. Il est bpulanger de son état et, bien qu'héritière d'une imn!«y| fp'rturiy; Allegra, qui ignore la richesse', s'epreiî'd' de lui. Compromis dans une grève, Philippe s'enfuit. Elle le retrouve à Paris, où il s'est réfugié à sa sortie de prison. Il est traqué par la police eU tous, deux,, se .cachent. Une jeuïnei femmes Lise, martyrisée, ^par un mari

pervers,; jpint son sort ,a,u, leur et tous trois

f ^vacfént.1 "ils., achètent, ,uAe( fûulpttç et, acteiirs ambulants, narcouretit le pays en jouant ici et dés T éerié's tife "leiir composition. Philippe, âme d'élite, pur chevalier dr l'Esprit, n'est toujours qu'un frère pour Allegra. Mais la nuit où elle se donne a lui, ̃Philippe est assassiné:

Alors Allegra' réalisera Je, projet que, peu à peu, elle a conçu dans la douleur, le rêve de,sa vie. Elie fera construire le Clos des Loisirs, le Moustier aux trois enceintes qui sera, sinon l'Abbaye du Bonheur, du moins le Temple., de la Vie Intérieure. Quiconque y pourra pén'étrer^et' après un séjorir dans la seconde enceinte, accéder aux 'cellules centrales s'épanouit et rayonne le génie, où voisinent dans une communauté fraternelle les serviteurs de la science et de l'art.

Allegra,; qu'ennoblit une maternité récente, est la souveraine spirituelle de ce petit royaume, de cet asile de la pensée, et si les êtres qui l'habitent n'y sont pas parfaits, tous, du moins, tentent à le devenir soutenus par l'espérance.

faitistes. « Voilà de plaisants .citoyens! Qp'}ls

y viennent sur la frontière. Plus de dispussion sur les impôts ni, sur' aucune matière ,administrative on s'en occupera quand la paix sera faite. Pour le moment, il ne s'agit pas de critiquer le gouvernement; tout bon citoyen doit s'unir à lui. Prenez garde, vous ne voyez pas les choses à Paris et à' Versailles comme on les voit au milieu des étrangers. Je les.vois comme elles sont, et c'est avec la plus grande douleur. » II discerne l'erreur de Frédéric, qui sera celle de Guillaume, « c'est de n'avoir jamais rendu justice ni aux rois qui peuvent l'accabler ni aux généraux qui peuvent le battre. Il regardait les Français comme des marquis de comédie et se donnait le ridicule de les mépriser .en se donnant celui de les copier ». '•̃ Paul Taponnier.

~7 t;a;v,·, v

Lectures françaises ·~ QUELQUES REVUES

Qu'est-ce qu'un voyage ? Une bienfaisante école, pensaient jadis nos aïeux, et le complément nécessaire de toutes les éducations. Fi des livres pour qui ne vérifiait pas leurs enseignements, en essayant ses yeux sur ce qu'on appelait alors, non sans pompe, le « grand livre du monde». A le déchiffrer, Montaigne, après Rabelais, ne faillit point en son. âge mûr, il quitta, plus d'un an, le quiet asile de sa «librairie », pour chevaucher courageusement par les chemins calamiteux de l'Allemagne et les grandes routes, poussiéreuses de l'Italie il y fit mainte découverte, plus soucieux ̃ d'enquêtejr sur les hommes que de béer devant les paysages. Les romantiques bavaient. changé tout cela ̃ à1, ylesd croire', le « grand livre du monde » n'était plusrien qu'un livre d'images s'y.caresser le regard, rien de plus- enivrant c'est un repos pour l'esprit; mais quel enf'içbisslèj^entr,2;.KV, freut-etrè, que, sar^s1, rien sacrifier de \rexal,tatipn, de pos pë-o 3 res, il serait temps de revenir à la ,sagecuriosité de. nos aïeux et de demandera aux voyages, en plus du plaisir pittoresque, mille et une profitables leçons. LA FIN DES BEAUX VOYAGES C'est tout juste l'avis* de ce grand imagier au lyrique et robuste bon sens, M. Louis Bertrand,1 à l'instant qu'il-revient de courir les chemins et la mer. Sa fantaisie ne le mena pas très loin à Alexandrie seulement, au Caire et à Athènes. Il conte, dans1 -les Œuvres Libres, qu'au début de cette année il s'embarqua pour l'Egypte il n'avait cure que de rendre visite au tombeau du « trop fameux Tout-Ank-Amon», et aussi aux étincelants souvenirs d'un premier voyage effectué en 1906 sur la terre des Pharaons. Hélas en Egypte, au lieu de ses beaux souvenirs, il trouva la confusion sourde d'un pays et d'un peuple agités par une transformation politique adieu l'étourdissant mirage Jusqu'en Orient l'Européen doit se résigner à subir la politique, à réfléchir sur les bouleversements périlleux amenés par la guerre dans les âmes. j\3 *yn, Qàe'dfeH'Teirf Hàh'S'tôi'it cela le beau voyage romantique. ?«•• Bêlas hijîe n'iest plus qu'un mirage impossible. Vague souvenir des siècles révolus Nous avons été gâtés comme peut-être ne le fut aucune des générations qui nous ont précédés. Nous vécûmes des années uniques, incomparables, sans connaître notre bonheur. Nous fûmes l'Enfant Prodigue qui trouva là table toute servie. A présent, c'est fini notre pain blanc est mangé Nous étions des maîtres, nous étions quatre ou cinq grandes nations hégémoniques qui faisions la pluie et le beau temps du monde. On tremblait devant nous, devant nos armées et nos flottes. Notre crédit était intact et prestigieux. Nous étions l'homme riche, et nous étions l'homme fort. Comme tous ces Orientaux s'âgenoùillaient devant notre livre'sterling et devant notre pièce de vingt francs Et quel respect pour l'heureux détenteur de ce bel or Quelle crainte devant nous Comme nos vies étaient précieuses! Ah! oui, en ce temps-là, l'univers pouvait être un spectacle! Pénétration pacifique Un casque de liège et Un complet de flanelle, voila tout l'appareil du conquérant morderne C'était charmant!"

Quand on conspiré ,n Il.

il par Raymond Escholierv ̃>> 's1 lv! .'Bernard Grasset, -êdiièUbu'A i\ II y' avait bifen des' années" qu'Ange Pitou1 ne chantait plus, et Clairette, elle-même, était déjà tres vieille sans doute lorsque commence cette histoire dont le titre rappelle discrètement un 'cb.œur., célèbre- de. La Fille de Madame Aiigot. jÇlle sç' tléroule; en effet, en 1858, dans, unq petitç ville de l'Ariège, à Saint-Gaudéric. qui est lôr' patron des laboureurs si l'on veut,^ plus exacten'f-nt, à Mirepoix. Les 'passiohsi politiques ( .-lient alors ardentes et met?»1, taient aux prises avec les bohapartistesyr les Henriquinquistes, partisans du comtej, de Chambord, les orléanistes restés fidèles au Roi-Citoyen, et enfin, les Jacobins,, les anciens révolutionnaires! de 48, les1' défenseur de la République Une et Indivisible. •̃' Dans un des trois cafés de Saint-Gau-' deric, le café Esquirol, naguère encore' réservé à l'aristocratie, les rouges tiennent leurs réunions secrètes. Ils s'assemblent,dans une des caves profondes de cet ancien couvent des Cordeliers et conspirent avec fureur. Leur groupe, qui s'intitule', ( « Société- des Labours et vrais amis fidèles », forme un épi de la moisson future,' et il n'attend que l'aiguillon mystérieux' qui viendra le féconder et le faire* mûrir.' Une riuit, «L'aiguillon» » paraît. Messager du Comité parisien, il apporte aux bons Ariégeois une dague de pur style renaissance, \Ct l'ordre de désigner, cejuj^ d'entre, eux qui la plongera dans la ppiv. trine de l'empereur et qui délivrera la France de son tyran. Le sort désigne1 Faustin Pescaire, un séduisant jeune hoiii-'5 me dont les allures romantiques intri- guaient'fort le pays, ces derniers temps,, et qui, sous son vrai npm de Bastide, est- bien connu de la police.

Celle-ci, d'ailleurs, n'est point demeuT rée inactive. Elle a pour représentant à Saint-Gauderic un certain Sylvain Lagarde, pseudo-peintre, qui s'est affilié au complot, qui déploie l'éloquence la plus incendiaire et qui, sous les dehors d'un révolutionnaire farouche, n'est qii'urt mouchard et déjà– un agent provocateur. Pescaire-Bastide. a donc fait sernierA ide s'acquitter de sa mission meurtrière. Mais, auparavant, l' «' éj)i » de Saint-Gadderic doit délivrer Dulaurens, « le; Bavard 'de la démocratie pyrénéenne », et ses compagnons enfermes au château de, Mon|gaillard.

Le plan a été soigneusement étudié et l'entreprise a, semble-t-ïL. toutes chances

Mais, avec upe autorité que Bossuet -nk;$t .point èdésavoué|M. Louis Bertpâïîrî dénoncé la perversité de cette concupiscence des yeux

En réalite, c'était tenter Dieu que de croire à la possibilité de cet Eden terrestre, et de considérer le monde comme un pur objet contemplation esthétique. C'était immoral et contre nature. Déjà les plus chrétiens des romantiques l'avaient compris. Baudelaire, malgré sa grande admiration pour Th. Gautier, ne peut s'empêcher de noter l'espèce de rire qu'il y a dans cette manie pittoresque. Au fond, n'est-ce point la dépravation de Néron qui

se fait un spectaclç même de la nudité de

sa mère '? Nous nous sommes, fait un spectacle de'là misère et de la nudité du Bar-

bare.1 ̃̃̃ '̃'̃•̃ ̃̃ | ̃'•̃̃, -̃̃

,u3^i, pâi't'p.uf, sur ïa terre orientale, ïes Barbares, qiii- semblaient dçgrrair sous ^nps yeux,; se sont éveillés1 ils nous jugent et ils, nous méprisent, affirme M LouisiBertrànd

A leurs yeux, nous avons perdu la face. vL'Qccidental s'est. affaibli et appauvri. Les quatre ou cinq^grandes nations qui faisaient la police du monde sont mises en état d'infériorité en' se jetant dans une guerre fratricide elles ont gaspillé irrémédiablement leurs forces. Le pire, c'est que nous n'avons pas pu nous défendre tout seuls, que nous avons dû faire appel .ail Barbare.. C'est l'Islam, disent-ils, qui nous a sauvés. Ils se l'imaginent, ils en s,o.ht convaincus. Ils raisonnent comme l'ouvrier européen, qui est persuadé qu'il 'jî'a pas besoin dés patrons ni des ingé"«ïeufs' pour menèrtoute l'usine. Ëst-il vrai que dé l'Egypte et de la Turquie jusqu'à l'Extrême-Orient un mysticisme redoutable fermente ainsi >aii1 fond des âmes et que, représentée par l'Europe, la.yièiile hégémonie de la 'rais1^ soit peut-être en danger ?.

:)0\ ,{

vXuo-> "̃' §QJ&?LIZ'' SIGNE

\& -A DR FRANÇOIS, D'ASSISE l %&' civilisation a connu de pareilles vmëna'c'es Ou 'de pirçs.M. Louis. Gil^ètV'dans1 la Revue des Deux ^Mondes, ^Bftr'cp'uS lî'unp etùflè ((ué lui -suggère un

'livre du célèbre i écrivain anglais Gilbert

'Kl "Chesterton consacré à saint François d'Assise, rappelle l'une de ces crises dont le souvenir est au moins opportun celle que l'inégalité des fortunes et des misères infligea à l'Europe entière au treizième siècle. Les pauvres allaient, se dresser, et peut-être une révorufîdn sociale s^àccomplir quand parut François d'Assise

Mais le point surprenant, c'est que cette explosion n'ait produit nul désordre, n'ait pas développé des conséquences d'anarchie. Notez qu'elles y sont bel et bien contenues qui nous parle du « droit » qu'ont J«s pauvres « de prendre dans la masse commune ce qui leur est nécessaire » ? Qui tient ce langage de partageux ? C'est Bossuet, au Panégyrique de saint Francois d'Assise. Cet éyêqije ne mâche pas ses mots. Il nomme les pauvres les tresoriers et les receveurs de Dieu, chargés de lever en son nom l'impôt sur la richesse et de toucher « l'argent qui entre dans ses coffres ». Impossible d'être plus net. Il serait facile de tirer de là une théorie du droit divin de la révolution.

Mais cette révolution, François d'Assise sut l'enfermer dans les âmes grâce à lui, elle fut tout intérieure d'accord-avec, l'enseignement de l'Evangile, ̃*i4-Téussit "'à^a déli<èr.*l'és1prit'<«ans maudire les biens matériels » faut-il s'étonner que l'homme qui gouverne ^aujourd'hui l'Italie ait décrété fête nationale la fête de saint François, à l'occasion de son sept centième anniversaire ? L'Europe, après sept cents ans, aurait plus d'une leçon à demander au thaumaturge de la pauvreté. L'HOMME DE RESERVE

En profiterait-elle ? Et peut-on définir, d'ailleurs, le travail secret qui modèle les âmes et, lentement, les change;? Les hommes de l'avenir, c'est dans la pénombre qu'ils s'élaborent comme Lamartine l'écrivait cinq ans avant les grands mouvements de 1848, à son .Gomident Aimé Martin, en l'une de ces lettres inédites que M. Louis Barthou et la Revue de Paris achèvent de publier, tandis que sur le devant de la «cèrfè les 'premiers acteurs s'usent en .de magnifiques discours, « l'homme de réserve » se prépare

ai .i~' i '.1

4 réussir. Hélas les conjurés ont été Ut'tirés dans un piège. Les gendarmes surïvifennent, .les. cerneait et les capturent. Seul Pescaire-Bastide parvient à'; échapper. JE|£ureusementt,pour lui encore, il est ai-

'inè de Miiè"îs'aure''Splére; une riche héri-

^'tière, une amazone intrépide et romanesque, et l'amnistie survient à point pour permettre leur mariage.

> uGe 1 roman pittoresque *et dramatique, où ti'éniptiom se .nuapçe dironie et qui fait ^é.fil,en sous nos. yeux, .unç suite d'images ^ejiarmantes,; e^t tout" à fait savoureux. L'ÎHtrigue en ,est captivante, les personnages vigoureusement' campés et peints éri 'vives boùleurs. D'un bout à l'autre, ̃Tœuvre atteste lés rares qualités de con^teiur> de l'auteur, de O.antegril..

La paix des champs .•.•̃̃'̃̃. par auguste Dupouy

Ferenczi, éditeurs

1 'M. Auguste Dupouy est Breton, et ce nouveau roman lui assure décidément une plice de choix au premier rang des écrivains qui, tels Anatole Le Braz et Charles Le Goffic, ont aimé la Bretagne avec une ferveur perspicace, avec une intelligence subtile de son véritable caractère. Est-ce en lui, est-ce autour de lui, dans son canton natal, sur la côte âpre du Finistère où, chaque année, il va se retremper au plein vent de mer, que M. Auguste Dupouy a ,ob- servé le héros pathétique de la Paix des champs ? Il a su lui communiquer, en tout feas, l'âme de1, la vieille Armorique, ses pu\d«frirs,. ses'flerfés un peu-, farouches, ses. j4lans généreux, sa, se.nsibilifé secrète et jSB.ns cesse içiurm^ntée. Il .est, c^f Hervé^Meri-' ^guy, bien pareil encore aux personnages '^ae l'Affligé et du Chemin de Ronde, ces "deux livres qui, depuis la guerre, ont réVélé en M. A. Dupouy l'un des écrivains à qui la 'Bretagne d'aujourd'hui a fait ses confidences. II les domine cependant par fa richesse de sa vie intérieure, par l'tronie désabusée et cependant alerte de sa philosophie, par le tumulte orageux de ses instincts, par le détachement superbe qui, aux heures critiques, lui fait choisir, d'un coup de cœur, ou d'un coup de tète, le parti le' plus dangereux, mais aussi le plus ̃beau; pourquoi Rostand a-t-il fait de Cy>rano un Gascon ? Le Gascon avait certainement dés aïeux, celtiques.

(JLa trentaine, passéje, Hervé Mcnguy est à ^àrîs un écrivain tout près de « percer comme on dit de nos jours maitres et maîtresses, camarades et protecteurs, il plante tout ,ià pour aller vivre

^auprès, y/un petit pdf t du Finistère, su

:a,uprès, 1:1; un petit I,Jdrf' d.u FiJ?i.s,tère, sur

jiropïiiété «i'tiri, oncle à moitie paralytique, qui lu}, fait aussitôt donation de

Quant à ce que je révèle de mes idées, et que cela me nuit, laissez dire ces genslà, tout spirituels qu'ils sont, n'ont aucune idée de "ce-<nie je veux faire. Ils croient bonnement que je veux être ministre de ceci ou de cela avec MM. Guizot et compagnie. Laissez aller et n'en croyez rien. Je n.e pense çgS; être ministre de longtemps. Mais je jense à quelque chose qui se réalise beaucoup mieux qu'ils ne le croient, à prendre force dans le pays pour lui être utile un jour dans les extrémités. Je veux créer un homme de réserve. Je vous l'ai dit sans cesse. Vous ne voulez pas me croire, /Eh. bien cela s'exécute à souhait. Je voudrais que vous fussiez dans mon cabinet depuis un mois. Vous entendriez l'écho de l'esprit public des provinces et des partis. Tous viennent à moi et qui/ suisse*? Un pauvre vigneron de Milly sans crédit -laissez, faire cet, échange de confiance pendant quelques années laissez tomber Thiers sur Guizot, B^rot sur Thiers, et-youspme direz sj j'ai, mal; dessiné

le chemin de. mon opinion, Ce qui im-

porte, c'est que la masse de ma pensée répçmae à d'autres. Elle y répond, je vous l'affirme. La preuve, c'est que je n'ai pas unn journal et que tout le monde me lit, m'apilIaiiiditijOiiflTie critique en France. Est-ce' $i; bête ?•

En même temps que l'àme de Lamartine, l' homme de réserve » s'élaborait ainsi au fond de toutes les âmes de bdïme 'volonté* qui, à la date de cette belle lettre en 1843 s'inquiétaient des événements et de la trompeuse indolence où s'endormait le pays. L'imagination du poète devinait l'avenir avec la -'niêitie 'aisance qu'elle transformait le passé.1.. liM.1 .̃•̃•

LES « FAUSSES CONFIDENCES », PAR ANATOLE FRANCE

telle [ ct'ftaralote France ne lui cé'dait erarien :l0rsqu?il s'agissait d'accommoder la réalité complaisante c'est bien à tort, affirme M. Paul Ballaguy dans la Reuue, Universelle, qu'on l'accusa et France juirmême fut le premier accusateur d'être, courte,, sans halejne et sans vastes perspectives. iBlle avait, au contraire, cette imagination, bien des fit~gssgst,gt ~l'a.r'tes audaces M. Paul Ballaguy n'a pas de peine à le démontrer en étudiant comme, avec le secours de cette faculté flexible et fallacieuse, A, France a joliment transfiguré ses propres origines familiales. Il a conté ses souvenirs avec art or, il a pris soin d'en avertir en souriant « Qui dit art dit arrangement, dissimulation, mensonge. » Dans le Livre de mon ami, il se dit originaire du Bas-Maine dans Pierte Noziqrei il se donne pour un fils de l'ïle-de-Frànce et du Valois. Or, on n'ignore plus, depuis les recherches de M. "A. Le Moy, qu'il était Angevin et que « la vraie patrie de ses aïeux est le petit village de Saulgé-l'Hôpital » En ce pays de Saulgé, M. Paul Ballaguy s'est promené, il a scruté les registres paroissiaux conservés au greffe du tribunal d'Angers il a retrouvé ainsi, en remontant jusqu'en 1668, tous les aïeux d'% Fr.ance,y tous les Thibault de la pàrériîiTou flu cousinage, qui furent grands « bescheurs » et honnêtes vignerons parmi eux, une grand'tante qui se w prénommait « présagieusement n Serène, un arrière-cousin par alliance qui se nommait Coignard.Mais en vain: chercha-tril le ^grand-oncle Claude, le Chouan> dont l'écrivain a conté Kaventure dramatique au chapitre XII du Livre de mon ami blessé à mort, il alla se cacher dans un arbre creux dit én^otisse; il y expira, et « le 24 février 1849 », un coup de tonnerre qui fendit l'arbre en deux fit apparaître brusquement son squelette entre son fusil et son chapelet. Ni oncle, ni cousin, ni aïeul à qui pareille aventure ait pu survenir. Alors ?.

Nous chercherions sans doute encore si un livre poudreux d'Emile Souvestre, feuilleté sur les quais, ne nous eût soudain offert la clef de l'énigme. Ce vieux recueil populaire, paru en 1857 dans la collection Michel Lévy, à un franc le volume, s'intitule Scènes de la Chouannerie, et s'ouvre par une description du Bas-Maine et des arbres étêtés, les émousses, qui bordent les routes. On y lit, page 11

« A l'angle le plus apparent (du carrefpijr) s,'élevait un de ces arbres garnis, depuis l'a base 'jilkqu'au sommet, de branches qne^l^jatélilânde tous les trois ans, et qui bordent les routes du Maine d'une double

tous ses biens. Sur cette donnée, un disciple' ffe Rousseau eût écrit une bucolique marine c'est une bucolique aussi qu'on trouve d'abord dans le romani de M. A. Dupouy >;• Hervé! Menguy s'enivre de tous les charmes du pays natal qùytifl.e^fïé.Jiiyeiïilfe enfant, Perrine, la fille de son fermier, résume pour lui en un pudique amour. Mais à ces ivresses, quelle amertume se mêle Hervé chérit son pays d'une tendresse farouche et ombr^geuseA Jj^l ftpufft'e de le voir envahi p'àrVUe^ bâ^tisseu^s de villas en stuc et d'usinés en c ment armé lui et son oncle 's'engagent dans une guerre impitoyable d'épigrammes et de tracasseries contre les mauvais touristes qui perdent l'âme et gâtent le, vrai caractère du pays. Par^jteVpj bouche, la verve de l'auteur triomphe elle révèle en lui un humoriste nourri des plus classiques souvenirs. Mais l'idylle penche bientôt vers le drame grâce à une originale « anticipation ». M. A. Dupouy suppose que, déchaîné soudain en France, le bolchevisme^ provoque en Bretagne un violent mouvement séparatiste Hervé Menguy, dépouillé de ses terres, trahi même par sa 'gentille Perrine, supporte d'abord avec la sérénité gouailleuse d'un Antisthène d'être réduit à pêcher et à vendre soiiripdisBOtt ipour vivre puis, un nouveau coup de tête le lance dans une conspiration il meurt sur l'échafaud, à Qpimper, immolé à la République soviétique armoricaine. Jusqu'au dernier instant, il eût pu se sauver Il ne le veut pas. Fatalisme ? Ironie' suprême ?. On n'en peut décider qu'aprèà avoir 1. ̃ee.Jivi-.e plein î de substance,, rétincelant de yèrve' et de talent, un peu ainer -toutefois, ^quq; son,, auteur a pris visiblement un plaisir, supérieur à écrire. Masques et visages

rr; vil. «opar Laurent Tailhade

Editions du Monde Moderne

Il y a un peu plus de six ans exactement le mardi 4 novembre 1919 que quelques, pmis de la dernière heure (ils étaient. .douze) accompagnaient Laurent Tailhaaç1 à l'asîle du repos, dans un cimetière de banlieue.

Le grand pamphlétaire avait accumulé autour de lui bien des haines. Seuls lui étaient restés fidèles les amis de jeunesse qui savaient le secret de ce cœur uniquement épris de beauté et qui vibrait, pour les lettres, d'un amour exclusif. A cette passion, il avait tout sacrifié. Il s'était mis lui-même, de propos délibéré, en posture d'isolé. Ce sacrifice lui était d'ailleurs aisé. Robuste fils des Pyrénées, descendu aux

colonnade de verdure. Je fus frappé de la j présence d'une croix clouée à son écorce et au-dessous de laquelle une jeune paysanne était agenouillée. Mon compagnon s'en aperçut

» Ah vous regardez la grande émoiisse. Vous verrez que le tronc est creux. Pendant la guerre, c'était la meilleure cachette pour les Chouans, et il y a quelques années que l'on a trouvé dans l' « émousse » que vous voyez le sqaelette de l'un d'eux, avec son fusil et son chapelet. »

La deuxième partie du volume (pages 89 et suivantes) relate longuement les exploits de Louis Treton, dit Jambe-d'Argent, dans la bande duquel se serait enrôlé Claude Nozière, alias Claude Thibault. Aucun doute n'est possible voilà bien la source France a puisé.

̃'̃ C'est ce que l'on peut-appeler une jolie découverte de source, et -un: habile coup de baguette divinatoire. A. France avait-il plus de lecture? ou plus d'imagination ? On en discutera dans les thèses futures. L'artificieux Ulysse, observe M. Paul Ballaguy, avait ainsi le don de débiter « des mensonges redoutables à la vérité »; M. Bergeret n'aurait-il pas été l'Ulysse de notre époque, toujours prêt à reprendre son périple à travers les croyances, les idées et les âmes, l'oreille toujours ouverte à la voix des Sirènes, afin de dérober le secret de leur chant?.

Maurice Levaillant.

^f^-é?~-

LES LIVRES DE DEMAIN PLATON

.5.

Les lignes suivantes sont extraites de Platon, ie nouveau livre d'Abel Hermant, qui va paraître tout prochainement chez Bernard Grasset cet ouvrage est le premier d'une collection destinée à familiariser le public avec les grands écrivains grecs et latins. •'>

J'approche de cet autel avec u^e .confiante humilité. Si je ne me croyais pas indigne, c'est alors que je tremblerais. Tous les philosophes stresseraient et, faisant trêve à leurs rivalités d'écoles, proclameraient contre moi l'union sacrée, si je me mêlais de discuter parmi eux ou dans ma solitude la doctrine du bienheureux Platon mais elle est pour moi une religion que l'on croit d'abord ou que l'on ne peut croire et qui repousse l'examen, ou plutôt il est un homme-dieu, dont je ne veux être que le serviteur crédule et le prêtre passionné.

Non plus que Socrate, le maître de mon maître, je ne me flatte d'aucune compétence en matière de philosophie. Je ne serais pas plus incapable qu'un autre de me mettre au courant, puisque toute science est infuse dans la mémoire, d'où il suffit de la tirer, avec un peu d'aide, et j'ai une mémoire excellente mais, à l'exemple de Socrate, il ne me soucie d'être ni un savant ni un sage, et je ne suis fier que de savoir aimer.

Ma part me semble la meilleure, et les savants ni les sages de profession ne s'aviseraient de me l'envier tout n'est-il donc pas pour le mieux ?

J'ai secrètement idée que je suis plus près du cœur de mon maître il avait de trop solides convictions pour ne pas souhaiter de les communiquer à ses disciples sérieux ;inftis il.a.yîu't surtout un grand désir de plaire ct/ûjà,, tendre, désir d'être aimé. .>,̃ f t ̃'̃<̃< ;Les philologues sourient quelquefois, mais leur sourire est sans grâce. Cette expression de physionomie, qui traduit chez les autres hommes une joie décente, trop mesurée pour- provoquer le franc rire et, à plus forte raison, le rire homérique, semble n'être sur leur visage que lé signe pincé du mépris. Je mériterais leur sourire au pire sens du mot, leur terrible et méprisant sourire, si je ne me défendais de l'exégèse et de la critique des textes aussi résolument que de la philosophie. Je proteste que je n'y entends rien. Je ne saurais avoir, pour une leçon ou pour une autre, une préférence raisonnée et en rendre compte. Les chicanes sur l'authenticité des dialogues m'importunent et m'attristent d'autant qu'elles aboutissent presque toujours à des conclusions négatives. Que resterait-il de Platon, s'il en fallait croire ceux qui savent ? Par bonheur, je ne sais rien. J'aime bien ce mot d'un professeur (je ne les citerai pas souvent) « Nous possédons toute l'œuvre de Platon, et même quelque chose de plus. » Pour moi, je ne trouverai jamais qu'il

rives de la Seine à l'âge d'homme, et campe au quartier Latin, il était, àjija fois par volonté et par tempérament,; iresté étranger à tout ce qui fait l'esprit' dé Paris. Même lorsqu'il s'éloigna de ses amis de jeunesse, les Moréas et les Verlaine, on peut dire dans une formule un pcu'trop étroite, mais synthétique, que jamais, «il ne passa les ponts ».

Cette posture, favorable à l'épanouissement de son merveilleux talent, mais néfaste à ses intérêts, lui permit de cribler ses contemporains des traits les plus acérés. Faut-il lui en faire un crime? Armand Silvestre, dans la préface qu'il a écrite pour le Pays du mufle, a dit « Le souffle me manque pour suivre dans leur vol, là où elles vont frapper, même au travers de mes sympathies personnelles, les flèches de sa verve éperdument acérée. » Les siècles seuls peuvent juger un pamphlétaire. Avec les années, les personnalités disparaissent. Le jugement ne s'exerce plus que sur la cohérence des opinions de l'auteur et sur la beauté de son œuvre. Sur ce dernier, point, tout au moins, on peut être certain que la postérité mettra Laurent Tailhade à sa vraie place celjc d'un des plus grands artistes de ce temps. Ce passionné, d'ailleurs, était souvent clairvoyant. Pour frapper fort, il prenait des points d'appui solides. Les diverses études qu'on a réunies dans le livre Masques et Visages en sont un vivant témoignage.

Dans cette forme impeccable, avec cette richesse d'expression, ce tour vigoureux et ramassé qui n'appartiennent qu'h lui, il parle successivement de >Becque « dont Tœuvre simple et forte, amère et cordiale, a; conquis les esprits 'lucides' et 'les âmes de bonne volonté de Racine, dont il dit que le théâtre d'abstraclioa, de raisonnement est le plus vrai du monde » de don Juan, dont il campe le portrait le plus vivant et le plus juste. Le chapitre La poésie et l'art pendant la guerre de 1870, lui est une occasion facile de cribler de ses justes flèches des artistes et des poètes qu'il n'aime pas. Mais quel est, parmi les plus farouches patriotes, celui qui ne louerait pas ces lignes avec lesquelles il parlait pendant la récente guerre 11 s'adresse aux combattants « Poursuivez l'œuvre terrible et salutaire Moissonnez il le faut moissonnez les épis ensanglantés de la bataille, puisque le droit nouveau se fonde sur le meurtre, puisque la Force, aujourd'hui, peut seule préparer l'avènement de la concorde et, pour les hommes à venir, édifier un habitacle de paix, de justice, d'amour et de fraternité l- >̃̃

Jacques Patin.