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Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1911-07-29

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 29 juillet 1911

Description : 1911/07/29 (Numéro 30).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2731307

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Sommaire

"Gustave FLAUBERT. Paysages de Grèce Notes inédites

J. DE Gastaudy. Le Problème

"̃̃•. de l'heure

,DORA Meleq ari. La Lettre

'• Nouvelle inédite

CASTON Deschamps Sonnets en l'honneur de Ronsard

H.-D. Davray. William Makepeace Thackeray

Georges BouRDON. A Stamboul André Beaunier A Travers les Revues Darlos REYLES. La Mort du Cygne Le livre du jour

Page Ji/fusicaie

JEdmoxd Diet. Silence.

Paysages de Grèce

EXTRAITS INÉDITS

DES NOTES DE VOYAGE

.1 DE GUSTAVE FLAUBERT

(HIVER 1850-1851)

D'ATHÈNES A ELEUSIS

Aujourd'hui mercredi 25 décembre, jour de Noël, nous sommes partis d'Athènes à huit heures du matin pour Eleusis (Lepsina).

'La route laisse celle <ïu Pirée à gauche et entre dans un bois d'oliviers un ciel bleu ardoise foncé, fait de couches épaisses les unes sur les autres avec des éclaircies d'azur, paraissait par grands morceaux entre la verdure vert gris des pliviers de l'eau à côté de la route et dans des carrés de terre cultivés entre les pieds des arbres de petits courants passent sous leur vieux tronc déchiqueté à gauche, le jardin botanique. Successivement nous passons sur trois ponts, trois branches du Céphise, le lit principal est, selon Aldenhoven, plus à droite et bu par les irrigations des jardins est le fameux pont où les gars d'Athènes venaient eng. les femmes se rendant aux Mystères ? Si mes Beuivfenirs ne me trompent, il y avait un .bois. •;âe;,la,uj:iers-r,pses à côté,, dans lequel les gens se cachaient; sur toute la route, je n'ai pas vu un seul làurierjrose 1

Après le bois d'oliviers, le sol est ineulte on ne rencontre que quelques petits bouquets épineux et que des bruyères beaucoup de pierres. Les montagnes entourant toute la plaine d'Athènes me paraissent ainsi: elles sont grises à leur sommet et sans Végétation.

Au bout de l'a plaine, on monste défilé du Gaidarion la montée est assez longue la roche paraît sous la route on descend vue charmante de la mèr le golfe de Lepsina, pris entre les montagnes, a l'air d'un lac; on ne sait de quel côté en est l'ouverture. La route descend tout droit en face comme si elle allait se jeter dans la mer •^ pentes douces de terrain à gauche à droite, dans le rocher i (à la place de Vénus Phile?) (Aldenhoven) sont taillées plusieurs petites excavations, la plupart ovales par le haut (un pied de hauteur environ) quelques-unes quadrilatéralesjet qui semblent destinées à recevoir des statuettes et des tableaux.

Nous rencontrons un troupeau de moutons les bergers portent dans leurs bras de petits agneaux qui ne peuvent marcher les hommes sont couverts de ces grands cabans en laine blanche et ont à la main de longs bâtons recourbés en croc chevelures fournies, bouclées, tombant sur les épaules au hasard la laine des moutons est très blanche et paraît fine.

Au premier plan, le troupeau à gauche, mouvement de terrain doux reJnontant vers les montagnes à droite, la roche, couleur de lichen verdâtre çà «jt sur elle et les cailloux.

Au deuxième plan, la route descendant puis la mer fuyant au large des deux côtés est fermée à l'horizon par les montagnes.

j. •̃•'̃.• •-•.• « t ••

PHALÈRE

A l'est du Pirée, un petit port ovale S. entrée étroite.

Sur le côté Est de ce port, restes de quais éboulés dans la mer les pierres sont très grises, quoique perpétuellement lavées par l'eau. Pour des bâtiments de petit tonnage, ce port devait 'être excellent.

C'est là Munychie.

En suivant le bord de la mer, ruines d'une chapelle où Sa Majesté vient se déshabiller quand elle prend des bains fro,ids.

A Munychie, une espèce de petit avantport ou d'arc très évasé le rivage rentre tout à fait et bientôt forme un cercle charmant.

C'est Phalère.

Ii y a dans le dessin de ce cirque naturel quelque chose de doux et de grave à l'entrée, un grand bloc, isolé, énorme, debout. On voit là-dedans entrer des barques peintes la nature avait tout fait pour ces gens-là

D'ATHÈNES AUX THERMOPYLES

i Samedi, 4 janvier 1851. Jusqu'à Daphné, rien que nous n'ayons vu'dans notre promenade à Eleusis. r De la hauteur qui domine Daphné, le soleil; qui a brillé très beau toute lajour-

i?.ée, nous permet de voir la mer.plus immobile qu'un lac et d'un bleu d'acier foncé à gauche, les montagnes de Salamine à droite, la pointe de Lepsina qui avance au fond, en face, les montagnes de Mégare, couronnées de neige. A.Daphné, halte sous un treillage sans feuilles, où Georgi (notre saïs) racommode la gourmette du cheval de Maxime les dindons gloussent le soleil me chauffe la joue gauche à ma droite un monastère grec nous descendons le ciel est sec et très pur nous tournons les lacs Rhétin à gauche nous passons entre la mer et les lacs la mer fait de grandes rides, efforts pour faire des flots comme c'est tranquille

L'atmosphère est bleu pâle verdure affaiblie des oliviers quelle femmes se sont baignées dans ces mers-là'! 0 antique

La plaine d'Eleusis (qui, lorsqu'on arrive au bord de la mer au tournant de la descente de Daphné, est vue en raccourci et paraît comme une bordure au pied des montagnes) insensiblement s'allonge, s'étend c'est tout plat, fort long nous chevauchons au pas –? un soleil traître nous mord l'occiput. Dans la direction du petit village de Mandra avant d'y arriver, un bois d'oliviers litdesséché d'un grand torrent (grand, respectivement) ce que j'ai vu de plus large comme lit de torrent, c'est à Rhodes et dans les environs de Smyrne. Dans ce village, on parle albanais enclos de pierres sèches village comme e tous les villages.

On monte– la route tourne entre de petits sapins et des chênes nains les montagnes grises, picotées ça et là de vert pâle, ont un glacis rose, léger, et qui tremble sur elles..

DE MANDRA A CASA v

Le pays consiste (en résumé) en deux grands cirques séparés par des montagnes on monte on descend plaine entourée de toutes parts de montagnes, l'on recommence. II faisait froid quand nous sommes arrivés ici (le soleil venait de se coucher) à l'ombre surtout.

En arrivant dans la vallée au fond de. laquelle se trouve Casa, on a en face de soi le Cithéron couvert de neige à son sommet. Comme il y a de petits endroits qui ont fait parler d'eux, mon Dieu 1

̃Logés dans un khan qui ne ressemble guère à un khan grande maison blanche près d'un poste de gendèrrmerie deux cheminées dans la grande, pièce nous sommes les Grecs paraissent redouter excessivement le froid à propos de gendarmes, le nôtre n'a voulu manger ni perdrix, ni poulet c'est carême (grec) il fait maigre quelle pitié cela ferait à un tourlourou

français! I e

'1

D'ERIMOCASTRO A PANAPANAG,IA,

Lundi, 6 janvier.

On monte par une pente douce se rapprochant toujours de THelicon vu à sa base, l'Helicon a l'air d'un dos d'éléphant ou plutôt d'une carapace de tortue très bombée, verte, avec le dessus blanc; nous ne voyons que le versant oriental il a trois grandes rides paral- lèles qui partent d'en haut et coulent en bas, plus foncées comme couleur, pres- que noires, pleines d'ombre à travers la neige, nous voyons, aux deux tiers de son élévation; des pins très verts. A Panapanagia, quantité de pressoirs sur les maisons ce sont des bottes carrées avec des bras, comme serait une chaise à porteur renversée la tête en bas après le village, nous entrons dans une eglise à sales peintures grecques, où notre drogman (quel drogman miséricorde !) nous montre sur une colonne une inscription grecque illisible pour nous il nous dit que tous les voyageurs tiennent beaucoup à la voir. La route prend à droite on a l'air de quitter l'Helicon et de passer seulement entre deux collines puis tout à coup le sentier tourne brusquement et l'on est sur le versant d'une ravine escarpée le chemin qui court au flanc de la montagne en montant, en s'enfonçant, en se relevant, va parmi les pierres et les chênes nains au bruit du ravin qui coule en bas, au-dessous de vous le pan de droite à pic est décoré de rochers gris taillés comme des cristaux, tenus dans la terre rougeâtre avec des bouquets de chênes nains tout autour les chênes dépouillés sont plus grands ils se tiennent auprès de l'eau à côté de vous, partent de la roche, des fontaines qui se perdent entre les troncs des arbustes et vont tomber dans le torrent.

Un soleil chaud nous tiédissait on était étourdi du bruit des eaux on avait les yeux singulièrement réjouis par les couleurs des roches et du feuillage j'ai passé dans tout cela avec un sourire du cœur sur les lèvres une grâce pleine de majesté ressort du singulier dessin de cette ravine qui est comme un grand couloir bordé de séductions rustiques; j'ai vu de plus beaux paysages, aucun qui m'ait plus intimement charmé à droite, il y a des dévals de la montagne tout verts, faiblement creusés, s'évasant avec des trous noueux de chênes sans feuilles çà et là tapis pour les pieds des Muses quand elles descendaient boire au ravin peu à peu, cependant, cela s'élargit on monte les deux côtés s'abaissent. ZAGORA

Déjeuner par terre sur une couverture que des paysans nous prêtent la maîtresse du tapis a sur le dos deux grosses tresses de laine, tressées comme des cheveux et portant au bout quatre glands d'argent autour de sa taille, une énorme ceinture noire jupon très brodé en rouge sur le gros paletot de

dessus, broderies sous les aisselles et sur I les deux côtés de la broderie sortent horizontalement des peluches qui fontdes.étages successifs de -franges sur la tête, mouchoir d'une description difficile et que l'on nous promet de pouvoir acheter à Delphes par-dessus croise un voile blanc ce costume a été observé sur une fille blonde rousse, à cheveux épars autour des joues et qui nous rappelle en laid Mme Pradier..

Après Zagora, prairie quelques peupliers épars rares espacés aù bord de la petite rivière leur tronc ressemble à des têtards, et de là partent, en se dirigeant immédiatement en haut, les branches on entre bientôt dans un petit bois de chênes les arbres vous viennent à la hauteur du flanc on passe à cheval entre eux le terrain, ici, fait une grande courbe très adoucie, d'où il résulte que lé sommet du bois, exposé inégalement à la lumière, revêt des teintes différentes à droite, foncé clair devant vous -,tandis qu'à gauche, un glacis violet commence à ondu ler en nappe transparente sur la couleur de fer des feuilles.

.Avant le bois, entre deux gorges, nous apercevons^très loin une montagne toute blanche, dé la blancheur de la poudre d'iris, sur laquelle se joue une toute petite teinte rose ce sont les montagnes dé Corinthe personne silence com- plet pas de- vent- seulement.- temps à autre le bruit de l'eau.

.On monte encore, et voici que. devant vous s'ouvre un grand flot de terrain qui se courbe avec rapidité, se relève devant vous un peu et va s'écouler tout à fait à droite vers la plaine d'Orchomène que l'on commence à voir,-à àgauche, mouvement grandiose portant son bois de chênes brun rouge, violacé maintenant entre eux, larges pelouses qui descendent la lumière,, tranquille, tombant d'aplomb et d'en haut comme celle d'un atelier, donnait aux rochers et à tout le paysage quelque chose de la statuaire, un sourire éternel analogue à celui des statues. An premier plan, la descente; ,trace d'une ancienne voie devant vous, le terrain très creusé remonte en une haute montagne et qui; s'échancrant et finissant brusquement, laisse derrière elle, en perspective, voir' d'autres montagnes.

,Si vous tournez la tête, vous apercevez la plaine d'Orchomène toute plate avec lé lac de Kopaïs s'étetidant dessus en large à rives basses au milieu des sables.

̃̃Nous-descendons sur dès dos de verdure– troupeaux de chèvres; la première que j'ai vue .tout à coup était couleur isàbelle et portait une grosse clo- chette de fer.

Max est loin devant nous deux dogues vigoureux, blanchâtres, à queue fournie, s'élancent sur mon cheval en aboyant les pasteurs les rappellent à eux avec un cri guttural qui me remet en tête ceux des muletiers de la Corse tde, tde

Sur les versants, sont des enclos en paille; ovales et dont les murs sont très inclinés en dedans -c'est pour les moutons dont nous voyons ici de grands troupeaux laine singulièrement blanche- et assez propre pour figurer dans une idylle; ce que j'attribue à leur habitude de toujours vivre en plein air à côté de ces parcs, grandes huttes pour le berger je remarque un enclos presque'rond où il y a dedans d'autres plus petits, l'un est pour les brebis, un autre pour les béliers, sans doute, tout comme au temps de Polyphème quand il trayait son troupeau sur le seuil de sa caverne. Descendant toujours par un versant qui incline pour nous de droite à gauche, nous arrivons bientôt au village de Kotomoula.

(Dans une chambre voisine du Khan où nous sommes, une vieille femme chante un air dolent et nasillard une autre voix s'y mêle– je continue.) Nous tournions dans les rues du village quand nous avons entendu des voix en chœur et, tout à coup, sur une place, nous avons vu un chœur de femmes avec leurs vêtements bariolés, qui dansaient en rond, en se tenant par la main loin d'être criard comme des chants grecs, c'était quelque chose de très large et de très grave elles se sont arrêtées dans leur danse pour nous voir passer.

Le chemin était entre la place et un mur au pied du mur se chauffant au soleil, d'autres étaient assises ou couchées par terre, vautrées, comme si elles eussent été sur des tapis rêve du bonheur, de Papety l'une d'elles, la tête sur les genoux d'une autre, se faisait chercher ses poux petit enfant avec un bonnet de drap brodé, couvert de piastres d'or avec des gales lie-devin sur le visage.

Quand nous avons été à une portée de carabine en bas du village, notre guide nous a fait revenir sur nos pas la route était défoncée nous avons revu sur la hauteur l'essaim colorié de toutes ces femmes qui. nous suivaient de l'œil. elles auront repris leur danse sans doute?

•'• « ̃

Nous tournons brusquement à gauche y a-t-il un autre chemin vers la route ? Est-ce là la place du chemin fourchu d'OEdipe? Tombeau de Laïus, où es-tu ?

A midi moins le quart nous arrivons au Khan Gemino près d'une petite fontaine où nous voyons un. âne, une Anglaise à grand chapeau et en veste de tricot, deux Anglais et un Grec qui voyage avec eux et les exploite, selon Georgi, et qui fait du haut de son mulet la conversation avec nous.

Comme nous sommes aux fêtes de Noël, le Khan est fermé déjeuner sur la fontaine avec un maigre poulet et les re-éternels œufs durs du voyage la pluie tombe- nous saluons le Parnasse en pensant à la rage que sa vue aurait

excitée à un romantique de 1832, et nous repartons la pluie nous empêche, à vrai dire, de voir le pays jusqu'au village d'Arachova de loin, en apercevant les murs blancs de ses maisons, j'ai cru que c'était des plaques de neige sur l'herbe. le village est grand, situé sur un coteau avancé à peu près dans la position de Zafid en Syrie. Après le village, champs de vignes en haut, des carrés de vignes sur les bords du chemin, des cuves en maçonnerie dont le fond très incliné se deverse par une petite ouverture longitudinale dans une sorte de puits d'où l'on retire le jus de la grappe.

La route a toujours été inclinant sur la droite on a maintenant le Parnasse derrière soi on l'a tourné.

Bientôt, dans la perspective d'une ravine très profonde entre les montagnes, on aperçoit un bout de mer-- la ravine s'agrandit on arrive sur elleà dix pas de la route, ruines grecques mur en pierres sèches carrées la construction fut quadrilatérale nous avons marché tout à l'heure sur des tronçons d'une voie antique, beaucoup plus large que celle d'hier et de ce matin en partant de Livadia à distances rapprochées les unes des autres, deux ou trois mètres"au plus, des lignes transversales qui sortent du niveau du pavé pour arrêter les pieds des chevaux.

Au" fond du raVin, coule, blanc comme une anguille de nacre, un ruisseau qui se tortille entre un bois d'oliviers; il va s'épatant ensuite dans la plaine que nous devons passer demain à gauche, le golfe de Salona s'avance dans les terres après le golfe, montagne après, une autre puis une troisième, noyée dans la brume, et' de côté d'autres qui se. pressent comme des têtes de géants qui se pressent pour voir.

DELPHES

Au premier plan, montagne de Delphes deux pics en arrivant (taillés à facettes comme un acculement infini de piliers décapités, étages tout du long), de' ton brun rouge, avec des bouquets de verdure sur les sommets plats de chaque fût de roche c'est un paysage inspiré 1 il est enthousiaste et lyrique rien n'y manque la neige, les montagnes, la mer, le ravin, les arbres, la verdure et quel fond nous passons près de la fontaine Castalie ou plutôt au milieu le bassin est à droite et la chute à gauche, laissant de ce côté des oliviers à grande tournure et d'un vert splendide.

Nous descendons dans une maison il n'y a pas de cheminée, nous allons dans une autre où, dans la chambre qu'on nous destine, deux couvertures sont étendues par terre de chaque côté de la cheminée qui le soir nous abîme de fumée 1

Où étaient les Thermopyles ? Notre guide et Buchon sont d'accord. Quand Giorgi nous a dit: Vous y êtes! cela nous a paru absurde'. Pourquoi les Perses n'entraient-ils pas plus au delà, par la montagne que nous avons descendue ce matin ? Qui les forçait de venir jusqu'ici? Comment se fait-il que, selon Hérodote, Perses tombaient dans la mer? La n'est pas là elle est à plus d'une lretre!– faut-il entendre par mer, marais? Alors les Grecs auraient été sur cette colline couverte d'épines nous nous sommes déchirés tantôt pour voir s'il y avait un défilé par derrière défilé que nous n'avons pas vu le marais est traversé par un grand cours d'eau est-ce le Sperchius ? Je n'ai pas vu les les restes du mur de Justinien dont parle Buchon.

Les Thermopyles ne seraient-ils pas la gorge étroite au haut de laquelle est Budanitza ? Alors je comprends que pour arriver à ce sommet les Perses aient mis toute la nuit. Quel est le sens du mot précis traduit par défilé dans Larcher? En résumé, c'est là, à l'extrémité Nord de cette longue colline que devait se trouver le passage ou c'est la gorge de Budanitza. Dans cette hypothèse, les Perses par le flanc auraient pu tomber dans la mer et c'est bien là un défilé et qui s'ouvre par en bas, qui a une « place plus large. » Mais l'objection revient toujours. Pourquoi les Perses se sont-ils obstinés à venir par là? tandis qu'au delà des sources d'eau chaude, il y a une grande entrée dans la montagne.

r Samedi 11.

La pluie et le vent n'ont cesse toute la nuit Giorgi a demandé à coucher dansla même chambre que nous,toute la,famille qui l'habite a passé la huit dehors avec les muletiers et l'ironique cuisinier dont les chalouars! blancs sont maintenant noirs de boue aussi le matin, les femmes et l'affreuse nichée d'enfants viennent-ils en grelottant se chauffer à nos tisons. A travers la crasse qui les couvre, on distingue quelquesuns de leurs traits, qui seraient beaux peut-être, s'ils n'étaient si sales, mais quelle saleté 1 Cela dépasse tout ce que j'ai vu jusqu'à présent La jeune femme du lieu met son marmot dans son berceau, tronc d'arbre creusé, à peine dégrossi, et le dandine auprès du feu la forme de ce berceau me rappelle les pirogues de la Mer rouge.

Notre bagage part en avant, devant nous précéder à Thèbes nous partons après lui à onze heures, couverts de nos peaux de bique et de nos couvertures de bédouin mises par-dessus et sattachées avec une corde sur le devant de la poitrine, à la manière d'un bournous la pluie tombe sur nous sans discontinuer pendant deux heures.

La route monte une montagne –puis la redescend en face de nous, nous ,apercevons Livadia le Parnasse à droite noyé dans la brume et dans la pluie. `

Le bagage s'était arrêté au khan

Livadia et les agayaturs déclarent qu'ils J ne veulent pas aller plus loin -la bêtise l de notre drogman s'en mêle, force nous est donc de rester à Livadia!

Nous passons la journée à faire sécher nos couvertures et nos hardes et à fumer sur nos lits en bas, dans l'écurie par où l'on monte à notre chambre, c'est un pêle-mêle de chevaux, de mulets et d'hommes.

Le torrent qui passe devant Livadia grossit toujours toute. la plaine est noyée d'eau. la pluie rebondit sur les tuiles le vent chante à travers les planches du khan.

La soirée fut employée par nous à recoudre nos peaux de bique et à y ajouter des genouillères en flocate.

Lundi, 3 février.

La vallée va du nord au sud, contrairement au sens dans lequel nous y arrivons ce n'est pas une vallée proprement dite, mais une portion de pays que nous dominions hier au soir, et qui, pour nous, couverte de mamelons et de petites, vallées, s'en va vers notre gauche. En partant d'Andvitzeno, la route descend d'abord montagnes stériles, grises, couvertes d'une, verdure rare puis des chênes de temps à autre une fontaine.

Une place sur une pente, comme une petite prairie inclinée- au bout, un bois d'arbustes le chemin' sous la voûte, verte. Comme devant, nous, François, y entrait, en est sorti un troupeau de chèvres.

.A propos de chèvres, sur une grosse pierre à pans presque à pic (je m'étonne toujours à considérer comment elles peuvent se tenir sur des pentes semblables) elles étaient posées, immobiles, quand nous sommes passés, chacune dans sa posture, comme si elles eussent été de bronze. Nous nous trouvons au bord d'un fleuve éparpillant ses eaux en plusieurs branches sur des grèves blanches étendues il est bordé d'arbustes sans feuilles, à couleur grise, lavande, ligaria, etc. de temps à autre un sycomore dont le tronc bleu saillit de loin.' Des deux côtés de la vallée où tourne paisiblement le fleuve, montagnes de hauteur moyenne, d'un ton généralement roux ce fleuve, c'est l'Alphée nous le passons à gué, ayant de l'eau jusqu'au-dessus du genoux l'eau m'entre par le haut de mes bottes le courant pousse nos chevaux je tra- vaille le mien à coups d'éperon –à force dé bonds, je l'amène à l'autre bord. Nous-, longeons quelque te.mps. la rive droite du fleuve le soleil est chaud. Çà ëtflà un bouquet d'arbres sans feuilles sur une hauteur, le petit village de Hagios Joannis (emplacement d'Herea). -De Hagios Joannis jusqu'ici (Polignia), c'est une charmante route paysage classique s'il en fut- tranquille on a vu cela dans d'anciennes gravures dans des tableaux noirs qui étaient dans les angles, à la place la moins visible de l'appartement.

Nous traversons deux fleuves le Ladon-Giorgi, notre moukre reste en arrière nous sommes obligés de payer un paysan qui va avec son cheval le chercher; il était resté sur un îlot de sable caillouteux. Dans le courant de l'eau et arrêtés, troncs d'arbres sur la' rive du fleuve de l'autre, côté, des paysans assis.

2° Le second fleuve que nous traversons est l'Erymanthe.

Ces trois fleuves Alphée, Ladon (Ruphia) Erymanthe (Doàna) ces deux derniers affluents du premier, ont le même caractère seulement, quelque temps avant d'arriver ici, l'Alphée qu'on retrouve est un véritable fleuve il est large (à peu près comme la Seine à Nogent).

Cheminant par beau soleil sur l'inclinaison d'une pente, ce sont sans cesse des chemins dans des bouquets de.lentisques verts par places, des pelouses d'herbes de temps à autre un. grand arbre. 0 art du dessinateur de jardins à notre droite, la montagne à notre gauche, au bas de la lisière du bois, coule le fleuve, gris, sur son lit blanc de l'autre côté, prairie arbres à tons roux à cause de l'absence de feuilles et après, les montagnes.

Partout le paysage a ce caractère de simplicité et de charme on sent de bonnes odeurs là sève des bois s'infiltre dans vos muscles- le bleu du ciel descend en votre esprit on vit tranquillement, heureusement.

Mercredi, 5 février.

La journée courte et peu fatigante (six heures de marche) n'a eu qu'un épisode, mais qui fut charmant, à savoir le passage du Jardanus, rivière située à une heure i3t demie de Pyrgos environ .toute la nuit une pluie torrentielle avait sonné sur les tuiles de notre logis et dégouttait à travers elles sur nos têtes nous sommes néanmoins partis, à la grâce de Dieu.

Dix heures du matin. Le temps se décrasse un peu et je retire de dessus mon dos mon affreuse couverture pliée en double et qui me pèse horriblement nous marchons dans la plaine nue sous le ciel gris par un temps doux. Passage du Jardanus. François's'avance le premier bientôt son cheval perd pied et va à la dérive.- Maxime et moi passons côte à côte son cheval, plus faible que le mien, est poussé par le courant; il en a jusqu'au milieu des hanches et moi seulement jusqu'aux deux tiers des cuisses sensation de l'eau froide quand elle vous entre par le haut des bottes.

Enfin nous arrivons sur l'autre bord, ayant lâché la bride à nos bêtes qui s'en sont tirées comme elles ont pu. Restait le bagage nous l'attendons conseils et délibérations le parti fut vite pris, à savoir de traverser quand même– des bergers nous indiquent un endroit un peu plus bas il y avait

une sorte de petit radeau de branchages; et deux îlots d herbes. On défait le babage que l'on portera à la main et les bêtes nues traverseront à la nage Maxime et François remontent.pour assister à la natation des chevaux, tandis, que je reste avec, Dimitri (le cuisinier) Giorgi (le saïs) et un, jeune berger qui nous aide lui et moi nous faisons la chaîne glissant avec mes grosses bottes sur le talus boueux du fleuve, j'allais dans l'eau jusqu'au bout du petit pont'où le berger, ayant du fleuve jusque par-dessus les genoux, m'apportait le bagage, que nous avons ainsi passéun a un. Pendant que nous étions occupés à cela, arrive un troupeau de moutons embarras, résistance des bêtes à cornes qui foutent le camp de tous les côtés; les bergers gueulent et courent. après. Muni d'un long roseau, j'aide à cacher'ie bétail on prend les premiers par la laine et on les passe de force Is autres suivent, moitié sautant, moitié nageant ou barbottant. Après quoi, nous avons recommencé notre exercice de facchino je m'enfonce dans le pont et j'y reste "accroché par un éperon; la mécanique s'était détraquée sous; le poids des moutons,- à partir de ce moment, je me suis contenté de rester au talus mon compagnon de fàrdage m'apportait le bagage, jusque-là. Maxime et François reviennent avec les chevaux de bagage mouillés- -jus-- qu'aux oreilles -ce n'a pas été non plus facile il pleut nos selles sont" tferfl- pées je les bouchonne avec l'écharpe péloponésienne que j'ai achetée dimanche à Dravoï et nous repartons. La plaine est viable la pluie se calme à gauche, la mer bleu gris sale avec Zante dans la brume plus près de nous, Gastuni sur une montagne, en acropole nous rencontrons,, allant dans le même sens que nous, de bons gendarmes dont l'un tombe de cheval en voulant sauter un fossé large de dix-huit pouces. Avant d'arriver à Dervish-Tchéleby, clôture d'aloès; ils sont fort beaux, touffus avec leurs grandes palmes épais- ` ses, recourbées.

Depuis le passage du fleuve jusqu'à notre arrivée, je m'exerce à faire le hurleur François y excelle et me donne des leçons; le soir, j'étais arrivé à une certaine force, mais j'avais, comme disait Sassetti à propos des chevaux* qui trottaient dur, « l'estomac défoncé »; Pendant que nous sommes sur le 'balcon de notre maison à Dervish-Tchebely, attendant notre bagage, nousvoyons un maître chien noir aboyer ap'Fèsv- âstt* ho m mes et les pou.rsùivre r~- ce, son tdes musiciens ambulants; l'un joue du' biniou, et l'autre'le suit en portant un énorme bissac accroché à son côté ils viennent à nous tous deux couverts de ces lourds manteaux blancs des paysans grecs, si pesants qu'on ne met jamais les manches et le capuchon, seulement dans les cas extrêmes. Le premier, jeune homme de vingt ans environ (coiffé comme l'homme de Chéronée) a ses sandales de toile noires de pluie, de vétusté et de crasse pendant que l'air s'échappe de sa vessie, il regarde de droite et de gauche, et de temps à autre, il abaisse la bouche sur le bout de la flute engagée dans Toutre pleine son compagnon n'a pas plus de douze ans il le suit et porte le 'bissac. Dans une maison voisine, une femme lui donne quelque relief qu'il met dans. son sac de toile. Après qu'ils nous ont eu joué'leur air, ils partent, et le chien se, remet à hurler et à les suivre.

Pourquoi le vagabond, musicien ambulant, me séduit-il à ce point? contemplation de ces existerices.errantes et qui semblent maudites partout (il s'y mêle du respect pourtant) me' tient au cœur j'ai vécu quelque part de cette, vie, peut-être ? ô Bohème Bohême tir es la patrie de ceux de mon sang Il y avait sur eux (les Bohèmes) quelque chose de mieux à faire que la chanson de Béranger Walter Scott sentaitfortement (sous le rapport du pittoresque surtout) cette poésie-là Edic o.kiltres etc.

En face de nous, dans cette maison servante bossue avec de gros seins ,dè quel côté la prendre si son mari aime les tétons durs?

VISITE A CANARIS

Mercredi, 22 janvier."

Petite maison jaune, à rechampis blancs autour des fenêtres intérieur très propre. Reçus par Mme Canaris, en costume psariote une bavette à bandes d'or sur la poitrine sorte de turban roseincliné sur l'oreille gauche, et recouvert de la draperie d'un voile blanc. Grosse petite femme dodue, rieuse, aimable, parlant haut d'une voix aigre, riant beaucoup.

M. Canaris était au Sénat. ̃' Salon à meubles d'acajou et de noyer ameublement, salon d'un médecin. <|è petite ville verres de couleur sur dés morceaux de tapisserie à bordures e"n peluche- gravures modernes aux murs. Canaris entre, en nous donnant une poignée de main petit homme trapu, y gris blanc nez écrasé et de côté par le bout figure carrée air brutal doux pas de front il reste la jambe droite étendue de |côté, le genou rentré, le pied en dehors, étant assis sur son fautenil.

Ne fait que parler de M. Piscatory qu'il paraît admirer beaucoup rompt les chiens toutes les fois,qu'il est question de lui a entendu parler de Victor Hugo je lui ai promis de lui envoyer les pièces qui le concernent petits yeux placé assez loin de lui, je ne puis voir le jeu de sa figure.

Un petit portrait de lui à l'huile, exécrable, où il est représenté avec un compas et une carte.

Vrai bourgeois! visite triste 1 voilà