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Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche

Éditeur : Le Figaro (Paris)

Date d'édition : 1906-02-10

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Description : 10 février 1906

Description : 1906/02/10 (Numéro 6).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2728474

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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nouveau, mes oreilles bourdonnent. Tout d'un coup, j'entends un sifflement aigu "c'est le pilote qui a tiré la corde de la soupape, dontlës volets de bois laissent fuir le gaz et se reforment en un bruit sec, comme celui d'une porte violemment poussée. Nous approchons du sol avec une grande rapidité, .ou plutôt c'est la terre qui vient vers nous à une vitesse extrême.

Le guidé -r ope vient de toucher le sol dont nous ne sommes plus, par conséquent, qu'à 80 mètres. « Voilà une jolie prairie, dit le pilote, mais il y a aussi ne rivière; c'est moins drôle tâchoiis d'atterrir avant. Madame, restez debout, tenez-vous aux cordages et soulevez-vous quand' la nacelle heurtera la I terre. » J'écoute ces recommandations et. j'ai l'impression que nous allons plonger dans la rivière.. Le pilote-coupe la corde d'ancre et la nacelle touche' terre." Mais le KatherineHamillmi, délesté des 18 kil. de l'ancre qui n'a pas mordu,' rebondit comme une balle. Nous passons: -.à- travers des peupliers dont les branchés craquent •' et nous voici au-dessus de la rivière. Hop! elle est franchie et sur le pré qu'elle traverse, nous faisons un second pouf au troisième, le ballon est mai-

trisé: ̃ f

NtitVe'attferrissage n'avait'eu d'autre témoin qu'une petite jeune fille, ébahie par nos bonds successifs. Puis, des paysans accourent et même des pompiers en uniforme, car c'est la fête- du\ village (Manthelon-Eure). De- divers côtés, se dépêchant de toute la vitesse de .leurs jambes, arrivent des femmes et des en- fants.- Pendant qu'on maintient la nacelle, nous mettons pied' à terré..

On procède au pliage du ballon.Avec quelle mélancolie j'ai vu sa belle forme sphérique se plisser et s'affaisser peu à pep, jusqu'au moment où, coucîiè à terre, il est devenu complètement inerte, comme un grand oiseau a a Marie-Anne Lafaurie.

^f^r^

x LECTURES ÉTRANGÈRES

Les Femmes et les élections anglaises

Si vous voulez découvrir le secret des dernières élections anglaises, cherchez la femme. Jamais les filles d'Albion ne s'étaient lancées avep autant d'ardeur dans la lutte des partis. Au moment où la période électorale allait s'ouvrir, Mme Wolstenholme; Elmy, l'une des plus ferventes apôtres du mouvement d'émancipation féministe, indiquait à ses compagnes la tactique à suivre pour exploiter-' d'avance dans l'intérêt de leur sexe, les résultats de la grande bataille jqui allait s'engager.

Prenez-vous l'engagement formel-,d'açcoriàer aux feipmes lés mêmes droits électoraux 'qp'ktix hommes? Telle était, à son avis, la seule

question qu'il fallait poser à un candidat. Nous rie pouvons-pas tolérer plus longtemps l'abominable injustice qui ne fait plus dépendre le droit de suffrage de telle ou telle condition de -propriété, de cens ou do domicile, mais d'un accident de sexe qui interdit l'accès des urnes de scrutin à la moitié de l'espèce humaine.

Et si le candidat refuse de prendre cet engagement?

Les femmes se mettront en grève. Il y avait-dans cette menace de quoi effrayer les Anglais mais au risque de compromettre le succès de sa cause, l'apôtre de l'émancipation féminine a eu soin de faire savoir, par l'intermédiaire de la Review of Reviews, que la grève annoncée resterait strictementlimitée sur le terrain électoral. Les femmes, disait Mme Wolstenholme Elmy, ne doivent travailler que pour les candidats qui leur promettront le droit de suffrage. Les femmes qui distribuent des manifestes électoraux, font de la propagande, à domicile, organisent des réunions publiques et y prononcent des discours, se cantonneront dans une grève absolue. Que cette tactique soit bien observée et le principe de l'égalité des deux sexes triomphera dans le prochain Parlement. Cet appel n'a pas été entendu. Avec un désintéressement qui leur fait honneur, les femmes anglaises ont relégué au- second plan les revendications de leur sexe et ne se sont engagées à fond dans la lutte électorale que pour défendre ou pour combattre les principes politiques ou sociaux qui leur paraissaient utiles. ou funestes à la grandeur et à la sécurité du pays. D'ailleurs., il ne pouvait être question d'une grève féminine même réduite à la distribution des manifestes des candidats ou aux préparatifs matériels des réunions publiques, du moment où un décret supérieur de la mode avait décrété qu'il serait très smart de s'occuperdes élections. On sait. qu'une chose qualifiée de smart dans les salons aristocratiques de Londres devient absolument obligatoire pour toutes les élégantes du Royaume-Uni. '̃•

On oublie le bridge! s'écrie avec douleur une des collaboratrices du Lady's Realm. Plus de divertissements! plus de gaieté dans les conversations! Les plus jolies femmes de la haute société britannique renoncent aux futilités de la vie mondaine pour se faire l'illusion de croire qu'elles s'intéressent aux questions politiques du moment. Les salons sont abandonnés pour les réunions publiques et les plus charmantes têtes du monde élégant de Londres se condamnent aux tourments de la migraine pour:comprendre les problèmes d'économie sociale qu'elles auront à expliquer devant les électeurs.

La politique ayant été mise au premier rang des sports les plus smart de la saison d'hiver de cette année, les pairesses du Royaume-Uni qui portent les

::r; prière "Si^BJ: -• "̃'̃ poésie Henri Bataille •̃̃̃̃;̃̃̃ ̃ .• ̃ MÉLODIE INÉDITE DE GABRIEL GROVLEZ ̃ Chantée par jtfUe Cécile Jhêvenei

noms les plus retentissants de l'histoire d'Angleterre se sont engagées à fond dans l'arène électorale. Elles n'ont plus porté que des toilettes aux couleurs de leur parti sans se demander si la nuance des nœuds de rubans dont elles étaient obligées de se parer convenaient à leur teint et à leur âge. Des duchesses sont allées de maison en maison, mendier des voix pour leurs protégés sans oser pourtant employer les irrésistibles moyens de persuasion dont la belle duchesse de Devonshire faisait usage en faveur de Fox auprès des bouchers de Londres.

Les femmes des candidats n'ayant plus à redouter les anciens préjugés qui interdisaient les émotions de la mêlée électorale à la plus aimable- moitié du genre humain ont fait avec entrain la campagne pour le compte de leurs époux. Il est vrai qu'elles n'avaient pas, en général, les talents de parole des pairesses en renom qui, faute de pouvoir faire des rois comme du temps de la guerre des Deux-Roses, s'exercent dans l'art de faire des députés, mais les metteurs en scène des élections anglaises ont trouvé ̃un moyen de suppléer à l'insuffisance oratoire des femmes de bonne volonté. Lorsque l'auditoire se divise en deux camps ennemis et que la réunion publique devient houleuse, dit le Lady's Realm, le président fait un signe à une jeune femme assise sur l'estrade au premier rang des spectateurs privilégiés. C' est.la femme du candidat. A peine est-elle debout qu'un tonnerre d'applaudissements éclate sur toute la ligne. L'assistance, agréablement surprise de ne pas voir une vieille habituée de reunions publiques, aux cheveux grisonnants et au nez à lunettes, mais une élégante à la fleur de l'âge, esquissant un geste gracieux d'un bras ganté jusqu'au coude, ne ménage pas à la débutante les manifestations de sympathie et admire son éloquence avant qu'elle ait ouvert la bouche. En quelques petites phrases assaisonnées d'une légère pointe d'humour et récitées, le sourire aux lèvres, avec un peu

d'émotion dans la voix, la jeune femme invite ses auditeurs au calme, et son interven'tion est irrésistible. Les applaudissements qui l'ont accueillie avant qu'elle ait prononcé une seule parole deviennent frenétiques lorsqu'elle est arrivée à la fin de son petit discours. Ce n'est plus de l'enthousiasme, c'est du délire. La partie est gagnée, la victoire est certaine, une majorité foudroyante parait assurée à un candidat si bien secondé. La déception, hélas est complète le jour du scrutin. C'est en vain que la fleur de l'aristocratie unioniste s'est engagée à fond dans l'arène électorale. Toute la bonne grâce et toute l'éloquence des plus grandes dames de la société anglaise ne pouvaient prévaloir contre l'attachement de nos voisins d'outre-Manche au principe du libre échange et contre le spectre de la main-d'œuvre chinoise au Transvaal.

̃̃̃ Le Gérant: QihîstÂrd. Imprimerie du Figaro; 26, rue Drouot, Paris.

la dépopulation de la Grèce

La Grèce n'aurait-elle reconquis son indépendance que pour devenir un désert ?

Les Hellènes, dit M. Lascaris, dans le Chambers Journal, ont commencé à émigrer en 1893. Les premiers qui sont allés en Améque ont eu de la peine à trouver du travail et un grand nombre d'entre eux sont revenus découragés ;,mais ceux qui avaient persévéré ne tardèrent pas à envoyer de l'argent à leur famille et à faire venir leurs amis. Le grand courant d'émigration s'établit pendant la période comprise entre 1898 et 1901 au lendemain de la guerre gréco-turque qui avait complètement ruiné le pays.. Chaque année,, le nombre des Hellènes qui vont chercher fortune aux Etats-Unis est de dix à douze mille. '̃̃ ̃•̃ Ce n'est pas à la densité de la population qu'il faut attribuer cet exode. La Grèce ne compte pas plus de trente-six habitants par kilomètre carré alors que l'Italie en a cent treize. Les différences de climat et de fertilité qui peuvent exister entre les deux pays ne suffisent pas pourexpliquer un écart aussi énorme. Le taux légal de l'intérêt, qui est de huit pour cent, rend les grands travaux d'irrigation peu près impossibles dans toute la partie du territoire hellénique où il suffirait d'un peu d'eau pour fertiliser le sol; les impôts sont lourds, et les salaires maigres, aussi le jeune paysan ne résiste pas à la tentation de chercher fortune aux Etats-Unis. Les premiers temps sont durs, le nouveau venu étant incapable d'exercer un de ces métiers rémunérateurs qui exigent un apprentissage technique, est obligé de brosser des habits ou de cirer des chaussures. Mais au bout de quelques mois, grâce à des miracles de frugalité et d'économie, le Grec de New-York ou de Chicago a amassé un capital suffisant pour acheter

un fourneau portatit' ou une petite voiture. Il n'en faut pas davantage pour arriver à la fortune, mais le chemin est parfois un peu long. Les uns fabriquent des gaufres sur la voie publique, les autres vendent des fruits et des légumes aux ménagères qui n'ont pas le temps d'aller au marché. Les moins fortunés installent le long des routes les plus fréquentées des étalages en plein vent où ils offrent aux cyclistes des glacés, de la limonade et des sodas. Mais c'est surtout le commerce des fleurs qui attire une race dont les instincts artistiques résistent aux épreuves de la plus cruelle pauvreté. l Un de mes amis tout récemment -revenu d'Amérique, dit M. Lascaris, me racontait qu'il avait vu dans les rues .da. New- York plus de mille Hellènes qui vendaient des

fleurs. Ils étaient presque tous d'acciens pêcheurs d'éponges et se félicitaient d'avoir sensiblement amélioré leur sort.

Dans la métropole maritime des EtatsUnis, envahie chaque jour par de nouveaux émigrants, les petits métiers qui s'exercent sur la voie publique sont trop encombrés pour que la colonie grecque puisse se développer outre mesure.; aussi la plupart des Hellènes préfèrentils s'établir dans les grandes villes de l'intérieur. A Chicago, ils sont au nombre de soixante-cinq mille. Le Pirée et Patras n'ont plus le droit de se disputer le premier rang après Athènes ce n'est plus sur les rives du golfe de Salamine ou de la mer Ionienne qu'il faut chercher la seconde ville de la Grèce, elle est sur les bords du lac Michigan.

La fabrication des gaufres et le commerce des fleurs conduisent rarement à l'opulence, mais les' Hellènes savent se contenter de peu. Dès qu'ils ont amassé un capital qui varie de six à douze mille francs, ils s'empressent de revenir au pays natal. Les ambitieux seuls restent en Amérique pour y fonder soit des salons où l'on cire des chaussures, soit des magasins où l'on vend des olives, des raisins secs, de l'huile, du fromage, du poisson salé et autres produits d'origine hellénique, soit des confiseries où les élégantes de Chicago viennent prendre du chocolat à la crème et croquer des bonbons d'Orient.

La patrie de Thémistocle et de Périclès n'est pas de celles qu'un homme emporte sous la semelle de ses souliers. Tandis qu'un Italien partant pour le nouveau monde ne se sépare a aucun prix de sa femme et de ses enfants, au risque de les exposer à la plus effroyable misère, le Grec réserve pour lui seul les épreuves de l'émigration. C'est qu'au fond du cœur, il ne renonce jamais à revenir au pays natal. En attendant qu'il ait amassé le petifpéculedont il s'est fixé lui-même le chiffre, il envoie à ses proches toute la part qu'il peut prélever sur ses économies.

Bien que les fonds envoyés par les Hellènes du nouveau monde, dit le collaborateur du Chambers Journal, arrivent en général par sommes microscopiques de vingt-cinq ou de cinquante francs et atteignent bien rarement le chiffre de mille francs, tout cet argent accumulé finit par représenter à la fin de l'année un total de bien près de vingt-cinq millions.

Grâce à l'attachement qu'elle inspire à ses fils et à cet esprit de famille qui est la vertu dominante de la race hellénique, la Grèce, loin de maudire l'émigration comme une cause de ruine, la considère a bon droit comme un élément de richesse et une source de revenus. G. Labadie-Lagrave,

PHRIS D'HIER ET D FIUJOURDHUI

LA FERME MAGU

Par les soins du Comité des « Inscriptions parisiennes », un immeuble tout flambant neuf, à l'angle du rond-point' de Longchamp et de la rue des Belles-Feuilles, entre le Trocadéro et le lycée Janson-de-Sailly, a reçu une belle plaque de marbre blanc portant, en lettres rouges, l'inscription suivante f CETTE MAISON OCCUPE L'EMPLACEMENT

DE LA FERME MAGU U

OU BOILEAU ET LA FONTAINE SE RÉUNISSAIENT POUR BOIRE DU LAIT PUR

A LA CAMPAGNE'

La « ferme Magu » jouait un peu, au début du dix-huitième siècle, le rôle de notre « Pré-Catelan ». La propreté de ses étables, l'élégance de sa laiterie et l'excellence de sesproduitsavaientun juste renom. Il était du meilleur ton de s'y rendre, le dimanche principalement. Boileau y allait en voisin il demeurait à Âutèuîl après avoir entendu la messe chez les « Bonshommes » de Chaillot, dont le Trocadéro occupa l'emplacement exact.

Le Comité des « Inscriptions parisiennes » a bien fait de rappeler ce souvenir.

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Pour mettre en place un échafaudage « rapide », comme on dit, on a dû jeter bas, devant le porche de Saint-Gervais, tout un lot d'arbres qui faisaient à la belle église, où fut enterré Scarron, une verdoyante avenue. Nous avons, de ce chef, à déplorer la perte définitive du célèbre « orme de Saint-Ger- vais » qui inspira Reynaud

Attendez-moi sous l'orme,

Vous m'attendrez longtemps 1

et à l'ombre duquel le bailli de la juridiction et les juges pe'danés ainsi dénommés de ce qu'ils rendaient la justice à pied, debout « venaient jadis y accommoder, sans frais, certains différends entre les habitants du quartier.

],a justice fut toujours lente-en France, et ce n'est pas d'aujourd'hui qu'elle se fait attendre. Comme, d'autre part, l'orme de Saint-Gervais servait souvent, en dehors des heures d'audience, à abriter des rendez-vous galants, on comprend que l'expression, devenue proverbiale -.Attendez-moi sous l'ormel 1 est juste à un double titre.

L'orme de Saint-Gervais fut: longtemps très populaire à, Paris. Il figure, en guise d'enseigne, gravé dans la pierre, sur la facade d'une vieille maison, toute voisine, do la rue du Temple et, pour achever de démontrer son caractère traditionnel, ajoutons qu'il sert toujours d'en-lètc et d' « armes parianr tes » aux imprimés administratifs et au pat pier à lettre dont se sert le clergé de la pa. roissc Saint-Gervais.

Hector Hogier.