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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1863-11-26

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 26 novembre 1863

Description : 1863/11/26 (Numéro 916).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k270260r

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SUR LA SELLETTE

Je demande bien pardon an lecteur de lui parler de moi. Ce n'est pas sans une vive répugnance que je subis la nécessité extrêmement délicate, au lien de discuter des idées, de venir discuter ma personne devant lui. Mais on m'a fait une situation que je ne puis ni ne dois accepter, sous peine de passer pour un monsieur qui fait un vilain métier de sa plume.. Discuté dans ce journal par M. Barbey d'Aurevilly, discuté avec vivacité, je l'accorde, M. Buloz a enveloppé, dans le procès qu'il intentait à cet écrivain, le rédacteur responsable du Figaro. L'affaire, plaidée à la première chambre du Tribunal civil de la Seine, s'est terminée mercredi dernier. MM. Barbey d'Aurevilly et B. Jouvin ont été condamnés, solidairement et par corps, à deux mille francs de dommages-intérêts onvtrs M. Buloz. Le Tribunal a fixé à deux années la durée de la contrainte par corps.

Je me borne à enregistrer ce résultat dans le Figaro. Sur le terrain du journal je n'ai pas la parole. Mais je n'ai épuisé devant les tribunaux que la moitié de mon droit, et M. Buloz n'a gagné que la moitié de sa cause. Ls procès reviendra en Cour d'appel, où je n'arriverai pas désarmé. Dans l'intervalle, je me propose de publier et de soumettre aux lumières de la Cour un Mémoire aussi complet, aussi développé que possible, dans lequel je dirai toute la vérité et toutes les vérités sur cette affaire.

Le Peintre de la Vie moderne

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LE BEAU, LA MODE ET LE BONHEUR.

II y a dans le monde, et même dans le monde des artistes, des gens qui vont au musée du Louvre, passent rapidement, et sar.s leur accorder un regard, devant une foule de tableaux très intéressants, quoique de second ordre, et se plantent rêveurs devant un Titien ou un Raphaël, un de ceux que la gravure a le plus popularisés puis sortent satisfaits, plus d'un se disant « Je connais mon musée. Il existe aussi des gens qui, ayant lu jadis Bossuet et Racine, croient posséder l'histoire de la littérature.

Par bonheur se présentent de temps en temps des redresseurs de torts, des critiques, des amateurs, des curieux qui affirment que tout n'est pas dans Raphaël, que tout n'est pas dans Racine, que les poetœ minores ont du bon, du solide et du délicieux; et, enfin, que pour tant aimer la beauté générale, qui est exprimée par les poètes et les artistes classiques, on n'a pas moins tort de négliger la beauté particulière, la beauté de circonstance et le trait de moeurs,

Slais si je dois laisser le soin de me justifier à un Mémoire adressé aux magistrats qui vont prononcer en dernier ressort entre la Revue d<s Deux-Mondes et le Figaro; si je me repose avec une légitime confiance et une entière sécurité sur l'équité de la magislrajure française, devant laquelle la qualification de a grande revue » et de « petit journal » ne signifie absolument rien, parce que, pour eux, ilne saurait y avoir de grande et de petite justice, je ne puis oublier que j'ai encore d'autres juges -A que je comparais en ce mome..t devant un autre tribunal.

L'issue du procès Buloz m'a fait auprès des abonnés du Figaro la situation d'un accusé (je devrais dire d'un coupable, si le droit suspensif de l'appel n'existait pas pour moi). Il faut que je sorte de ce tribunal défer-d,u,et-<ibsous il le faut, je l'espère, et j'ajoiite, avec un orgueil qui n'est que l'attestation d'une bonne conscience j'ea suis sûr. Je me présente donc assisté de mes deux défenseurs l'écrivain et l'homme. Je serai très bref sur mon passé. Quand on saura comment j'ai écrit, on saura comment j'ai vécu. Je suis entré dans les lettres par la grande porte, celle de la pauvreté. Je n'en suis pas humilié; je n'en suis pas fier non plus. C'est une destinée corrnmne à bien d'autres que moi et qui valaient mieux que moi mais elle ne devait être aussi rude pour personne. L'apprentissage de cette -vie, qui consiste à ne pas vivre d'abord, fut si long et fi difficile, que me laissant aller au découragement et m'endormant dans l'apathie, je dus le croire sans i^sue. Je me trompais à ce chemin où je ne franchissais un obstacle à chaque pas que pour rouler dans une fondrière, il y avait une issue, et si je ne pris pas de ce côté, c'est que dans l'impuissance d'agir, il me restait la faculté de rûver un caractère naturellement insouciant et heureux me voila l'inévitable catastrophe. Ce fut un hasard dont je dois grandement remercier la Providence. Aujourd'hui, qu'à défaut de la réputation littéraire, j'ai conquis la paix d'une existence honorable,

Je dois dire que le monde, depuis plusieurs années, s'est un peu corrigé. Le prix que les amateurs attachent aujourd'hui aux gentillesses gravées et coloriées du dernier siècle prouve qu'une réaction a eu lieu dans le sens où le public en avait besoin; Debucourt, les Saint-Aubin, et bien d'autres, sont entrés dans le dictionnaire des artistes dignes d'être étudiés. Mais ceux-là représentent le passé; or, c'est à la peinture des mœurs du présent que je veux m'attacher aujourd'hui. Le passé est intéressant non-seulement par la beauté qu'ont su en extraire les artistes pour qui il était le présent, mais aussi comme passé, pour sa valeur historique. Il en est de même du présent. Le plaisir que nous retirons de la représentation du présent tient non-seulement à la beauté dont il peut être revêtu, mais aussi à sa qualité essentielle de présent.

J'ai sous les yeux une série de gravures de modes commençant avec la Révolution et finissant à peu près au Consulat. Ces costumes, qui font rire bien des gens irréfléchis, de ces gens graves sans vraie gravité, présententun charme d'unenature double, artistique et historique. Ils sont très souvent beaux et spirituellement dessinés; mais ce qui m'importe au moins autant, et ce que je suis heureux de retrouver dans tous ou presque tous, c'est la morale et l'esthétique du temps. L'idée que l'homme se fait du beau s'imprime dans tout son ajustement, chiffonne ou roidit son habit, arrondit ou aligne son geste, et même pénètre subtilement, à la longue, les traits de son visage. L'homme finit par ressembler à ce qu'il voudrait être. Ces gravures peuvent être traduites en beau'et en laid; en laid, elles deviennent des caricatures; en beau, des statues antiques. Les femmes qui étaient revê.tues de ces costumes ressemblaient plus ou moins aux unes ou aux autres, selon le degré .de poésie ou de vulgarité dont elles étaient marquées. La matière vivante rendait ondoyant ce qui nous semble trop rigide. L'imagination du spectateur peut encore aujourd'hui faire marcher et frémir cette tunique et ce schall. Un de ces jours, peut-être, un drame paraîtra sur un

s'il m'arrive de jeter un regard en nmère et d'interroger de lointains souvenirs, il me semble que je sors d'une vision. Je suis tenté de m'écrier c'est le cauchemar! Je me considère comme un homme qui serait tombé en plein Océan atlantique, à égale distance de l'ancien continent et du Nouveau Monde, et qui se serait par miracle repêché lui-même.

Dans cette lutte d'où j'allais sortir victorieux en restant obscur, une idée irrévocablement arrêtée s'était dégagée de mes irrésolutions et de mes défaillances. Je ne fais le procès à personne je suis aussi éloigné de me poser en héros d'indépendance littéraire que j'ai peu de goût à jouer les martyrs de « l'apostolat de la presse n mais je m'étais dit que, du jour l'oce%Bipn me mettrait une plume à la main, je dirais toujours la véutè ou ce que, je croirais Ure la vérité. -Et je me suis tenu parole.

Un journaliste qui, depuis un certain nombre d'années, n'a chômé ni de plumes, ni d'encre, ni de papier, a été sollicité de dire son mot sur toutes les idées originales ou énormes, enfantées par une époque profondément troublée sur tous les hommes nouveaux en quêle d'un piédestal sur toutes les œuvres vivement attaquées d'un côté, chaudement défendues de l'autre, qui se sont produites sous la forme du livre, du marbre, du cadre et du théâtre. Je suis ce journaliste, le moins autorisé d'entre mes confrêr. s. Mes opinions de chaque jour, jetées par moi au vent de l'actualité, si peu qu'elle pèsent, ne se sont pas envolées bien loin. On peut les rassembler toutes et en forger mon acte d'accusation. Mes ennemis, à supposer que quelqu'un me fasse l'honneur de l'être, ont le droit de les passer au crible de la malveillance. Cela fait, s'il est une seule ligne que je lise en baissant la tête; s'il est une seule phrase pour laquel!e je demande grâce s'il est un mensonge auquel j'aie donné impudemment, et de propos délib ré, le visage de la vérité, une seule de ces trois choses, entendezvous ? eh Lien, je me déclare atteint et convaincu d'impro-

théâtre quelconque, où nous verrons la résurrection de ces, costumes sous lesquels nos pères se trouvaient tout aussi enchanteurs que nous mômes dans nos pauvres vêtements (lesquels ont aussi leur grâce, il est vrai, mais d'une nature plutôt morale et spirituelle), et s'ils sont portés et animés par des comédiennes et des comédiens intelligents, nous nous étonnerons d'en avoir pu rire si étourdiment. Le passé, tout en gardant le piquant du fantôme, reprendra la lumière et le mouvement de la vie, et se fera présent.

Si un homme impartial feuilletait une à une toutes les modes françaises depuis l'origine de la France jusqu'au jour présent, il n'y trouverait rien de choquant ni même de surprenant. Les transitions y seraient aussi abondamment ménagées que dans l'échelle du monde animal. Point de lacune, donc point de surprise. Et s'il ajoutait à la vignette qui représente chaque époque la pensée philosophique dont celle ci était le plus occupée ou agitée, pensée dont la vignette suggère inévitablement le souvenir, il verrait quelle profonde harmonie régit tous les membres de l'histoire, et que, même dans les siècles qui nous paraissent les plus monstrueux et les plus fous, l'immortel appétit du beau a toujours trouvé sa satisfaction. C'est ici une belle occasion, en vérité, pour établir une théorie rationnelle et historique du beau, -en opposition avec la théorie du beau unique et absolu pour montrer que le beau est toujours, inévitablement, d'une composition double, bien que l'impression qu'il produit soit une; car la difficulté de discerner les éléments variables du beau dans l'unité de l'impression n'infirme en rien la nécessité de la variété dans sa composition. Le beau est fait d'un élément éternel, invariable. dont la quantité est excessivement difficile à déterminer, et d'un élément relatif, circonstanciel, qui sera, si l'on veut, tour à tour ou tout ensemble, l'époque, la mode, la morale, la passion. Sans ce second élément, qui est» comme l'enveloppe amusante, titillante, apéritive, du divin gâteau, le-premier élément serait indigestible, inappréciable, non adapté et non approprié à la na-