2550. À SA NIÈCE CAROLINE. LOV
[Paris], dimanche matin, [30 août 1874].
C'est le moment de « te montrer sublime », ma chérie. Néanmoins ton pauvre mari préférerait sans doute se priver d'un aussi beau spectacle (celui de la sublimité). Je le plains énormément, car il n'est pas habitué à souffrir et l'impossibilité de se rendre « à ses affaires » doit le mettre en rage. Je suis curieux de savoir jusqu'où ira la liaison avec Mme Carvalho. Elle est très aimable et je la crois pleine de raison; mais elle n'a pas pour moi le charme de Mme Viardot.
J'ai hier passé tout mon après-midi au-théâtre Cluny. Il est probable que mes répétitions commenceront vers le 10 novembre. On a engagé deux ou trois artistes que je ne connais pas, entre autres une demoiselle Kléber, qui vient d'Égypte, et dont Weinschenk est enthousiasmé. J'irai demain voir jouer deux de mes acteurs. J'ai réglé les appendices à mettre à la fin de Salammbô. On les imprime et l'édition paraîtra dans très peu de jours, ainsi qu'un nouveau tirage de Madame Bovary. On m'a envoyé de Strasbourg une traduction de Saint Antoine avec préface et biographie de l'auteur 1. La préface est très élogieuse bien entendu.
[Ce que tu me dis de mes amis Lapierre me désole. Voilà un temps infini que je n'ai entendu parler d'eux. A propos, dis-moi donc où il faut envoyer des cartes à Mme de La Chaussée!]
Calme plat dans le bon Paris.
Bouvard et Pécuchet ont du revif, à distance. Ce que j'ai fait me paraît mieux, et le reste se tasse.
[Donne-moi des nouvelles d'Ernest. Engage-le à la patience et soigne-le bien.
Ta vieille
Nounou
te bécote tendrement.]
i. Bernhart Endrulat Die Versuchung des heiligen Antonius.. mit einem Vorwort und Erlauterer's Anmerkungen. — Strassburg, Wolff, 1874. Gr. in-8°. (Note de l'éd. Conard.)
2551. À GEORGES CHARPENTIER.
[Paris, jeudi matin, septembre 1874.]
Mon cher ami,
J'ai vu hier au soir Renan, qui m'a fait part de ce qu'il voulait exécuter pour moi. Je crois son idée excellente1. Venez donc demain matin, à l'heure qu'il-vous plaira. Je vous conterai la chose. De plus, je dois ce soir me trouver avec quelqu'un de fort influent aux Débats.
S'il en est encore temps, une remarque pour Toussaint dans le Buddha, « un homme appelé Simon », c'est Siméon 2.
Apportez-moi ce que vous avez de journaux. Il importe que la collection