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Titre : Oeuvres complètes de Gustave Flaubert. 10, Par les champs et par les grèves ; Voyages et carnets de voyages. [1] / Gustave Flaubert

Auteur : Flaubert, Gustave (1821-1880). Auteur du texte

Éditeur : Club de l'honnête homme (Paris)

Date d'édition : 1973

Contributeur : Société des études littéraires françaises. Éditeur scientifique

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34294076b

Relation : Titre d'ensemble : Oeuvres complètes de Gustave Flaubert

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb351133616

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (614 p.-16 p. de pl.) : ill ; 22 cm

Format : Nombre total de vues : 656

Description : Collection : Club de l'honnête homme

Description : Contient une table des matières

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k26953w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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et avant tout point de corset, mais que la taille soit bien faite. Cet engagement pris, me voilà lié moi-même et je suis forcé d'avoir le style d'un honnête homme.

La campagne de Paris est triste, l'œil va loin sans rencontrer de verdure; de grandes roues qui tirent les pierres des carrières, un maigre cheval flanqué d'un petit âne tirant des tombereaux de fumier, du pavé, le cliquetis des glaces et cet indéfinissable vide d'esprit qui vous prend aux moments du départ, voilà tout ce que j'ai vu, voilà tout ce que j'ai senti. Certes, je ne demandais pas mieux que de me fouiller l'esprit pour penser au xvie siècle en passant par Longjumeau, et de là par une association d'idées me laisser couler dans Brantôme et en plein Médicis, mais je n'en avais pas le cœur, de même qu'à Montlhéry la tour ne m'a point rappelé de souvenirs. Expression des plus charmantes surtout comme il en arrive dans la bouche de ceux qui ne savent rien et qui l'adoptent par passion historique.

Quand je me suis réveillé le lendemain matin, la campagne avait changé; il y avait de grands champs de vignes, éclairés du soleil levant, et c'était l'air frais du matin, à cinq heures, dans le mois d'août. Insensiblement le terrain s'abaisse et par une pente douce vous mène aux bords de la Loire que vous longez sur une chaussée de dix-sept lieues, depuis Blois jusqu'à Tours. Honnête pays, paysages bourgeois, nature comme on l'entend dans la poésie descriptive; c'est là la Loire, mince filet d'eau au milieu d'un grand lit plein de sable, avec des bateaux qui se traînent à la remorque la voile haute, étroite et à moitié enflée par le vent sans vigueur. D'un autre côté, et sous un certain point de vue de symbolisme littéraire, ce pays m'a semblé représenter une face de la littérature française. A mesure que vous avancez, la vallée se déploie, les arbres de l'autre bord se mirent tranquillement dans l'eau, les coteaux boisés disparaissent les uns après les autres; on aimerait ici à mettre pied à terre, à s'étendre sur l'herbe, à écouter le bruit de cette pauvre eau paisible, que je n'appelle pas onde; ce n'est ni grand, ni beau, ni bien vert, mais c'est, si vous voulez, un refrain de Charles d'Orléans, pas plus, où la naïveté seule a une certaine tendresse qui n'est pas même du sentiment, tant c'est faible et calme, mais tranquille et doux.

Il ne faut rien moins que la vue de Blois pour faire penser à quelque chose de plus vigoureux et vous remettre en mémoire la cour d'Henri III. Hélas je n'ai point vu le château où Henri se vengea de sa peur, ni ce lit, comme dit Chateaubriand, où tant d'ignominies firent mourir tant de gloire; la rapidité de ma course m'a à peine laissé la vue des murs extérieurs.

Si j'avais été un beau gentilhomme tourangeau comme ceux à qui je pensais alors, marchant dans son xvie siècle, les mains dans les poches et le large chapeau sur les oreilles, ou s'acheminant sur sa mule aux États de Blois, je n'aurais pas manqué de relire mon Rabelais à l'ombre