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Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1855-07-29

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 29 juillet 1855

Description : 1855/07/29 (Numéro 70).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k269410w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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CHRONIQUE PURlSlENlteri.

REVUE DE LA SEMAINE

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La Vogue de l'Emprunt. Développement du goût de la Rente dans les classes indiaentes. Emprunt Privat-d'Anglemont.-Les Astecz.Tarif croissant d'heure en heure. Le Musée des Parapluies. Le Jonc phénomène, Histoire à propos de ce dernier. Le Gascon et le perroquet. Paris prix réduit. Théâtre de la Porte-St-Martin, encore et plus que jamais Paris.-La Pièce, les Acteurs.– M. Bocage. M«ie Guyon. M' Arnault. Variétés. –Le Palais de Chrysocale. Paris présente depuis huit jours un spectacle consolant la vogue de l'emprunt national, les queues de souscripteurs nocturnes, formées aux abords des mairies, attestent le développement de la richesse publique même on peut s'étonner que les cuisinières, les porteurs d'eau, les marchands de coco, les marchands de contremarques et les ramasseurs de bouts de cigares soient en position de s'inscrire au grand livre des rentiers. On a arrêté et conduit au bureau d'un commissaire de police un homme suspect de vagabondage et de mendicité. « Moi mendiant! moi vagabond!» a dit cet homme, au magistrat; apprenez que depuis trois jours j'ai acheté six mille livres de rentes. On a pensé, mais bien à tort, que ces prolétaires opéraient' pour le compte des vaudevillistes et des journalistes, c'est une erreur l'homme de lettres ne prête pas à l'État, il emprunte.-Notre collaborateur Privat d'Anglemont, témoin de la déception des capitaux évincés des listes de souscriptions, a résolu de leur offrir un refuge -il a dénoncé, sur la place, un emprunt de cinq cent mille francs et depuis ce temps, penché à sa fenêtre, il attend patiemment que les queues se dessinent autour de son domicile. Les queues se dessinent lentement, à la vérité, mais il faut donner le temps la confiance publique de s'établir. Jusqu'ici l'emprunt du trésor a plus de faveur que l'emprunt Privat d'Anglemont; -c'est absurde, sans doute; mais les capitalistes ont toujours eu des préjugés et des manies routinières.

Le plus grand succès du jour après celui de l'emprunt, c'est celui des Astecz. Ces petits monstres ont été d'abord donnés au public comme des échantillons d'une race normale, perdue et retrouvée au Mexique. Il résulte aujourd'hui d'une enquête, que ces deux avortons ne représentent pas plus une race mexicaine que les nains et les géants, que l'on montre dans nos foires, ne représentent la race européenne.– Quoiqu'il

en soit, les Astecz obtiennent une voèue qui grandit de jour en jour et on peut dire d'heuré^n heure. Pour voir les Astecz à l'Hippodrome de se.f|à huit heures du soir, il n'en coûte que vingt sous, pais- de huit heures à dix heures, le tarif est de trois cents francs, et de mille francs de dix heures à minuit. II est probable que si un amateur voulait voir les Astecz après minuit, au moment où ces intéressants phénomènes font queue autour de l'emprunt, il lui en coûterait cinquante mille francs.

Pendant que l'Exposition universelle semble centraliser tous les produits de l'industrie, on est encore étonné de rencontrer en boutique des choses rares et merveilleuses qui ont dédaigné de passer sous les yeux du jury des récompenses. Il y a dans le passage des Panoramas un marchand de cannes qui a fondé ce qu'on peut appeler un musée historique de parapluies. Toutefois, cette intéressante collection ne remonte pas au délà du xvne siècle. L'histoire est muette sur le parapluie de Charlemagne on ne sait presque rien sur le parapluie que portaient les Croisés partant pour la Palestine. Le parapluie du siècle de Louis XIV présente deux physionomies bien distinctes -de 1643 à 1650 le parapluie est tourmenté, précieux, enclin au colifichet et au mauvais goût il sent l'hôtel de Rambouillet. Plus tard le parapluie devient sévère et majestueux; sa carcasse se soumet aux lois d'Aristote, -c'est le parapluie Cornelien.-La régence manque,peut être ne pleuvait-il pas sous la régence. Nous passons au parapluie bleu surmonté d'un anneau de cuivre,- il porte la date de 1765. C'est du plein Louis XV, c'est joli, c'est rococo.

On croit que ce parapluie, quoique non signé, a été peint par Boucher. Il est probable qu'en pressant un peu le manche il jouerait le Devin du village. Le parapluie de la révolution est tricolore comme les rubans du bonnet de madame Roland et de Charlotte Corday. 11 est évident, en effet, que les massacreurs de septembre ne pouvaient aller à leur besogne avec un parapluie rose tendre ou cuisse de nymphe émue. Il y aurait tout un système à construire sur ces éléments, et il est bien évident que le. parapluie est l'expression de la société. Ace point de vue, le marchand de cannes du passage des Panoramas rend de très grand services aux études historiques. Pour les temps contemporains, le marchand de cannes a mis en montre trois parapluies rouges, forme parasol, avec cette étiquette: commandés par le grand, Sultan, empereur de toutes les Turquies. Le grand Sultan aurait pu tout, simplement emprunter sur le boulevard du Temple le parapluie d'une marchande d'oranges il serait arrivé au même résultat et au même parapluie. Le marchand de cannes, collectionneur de para-

pluies historiques, avait pour enseigne, il y a une quinzaine d'années au Jonc phénomène. Dans un étui garni en velours, on voyait en effet un très beau jonc tigré de six pieds de haut, côté à 3,000 francs. Un jour deux amateurs, après un dîner trop fantaisiste, entrèrent chez le marchand de cannes et s'informèrent avec anxiété si le jonc phénomène ne consentirait pas à une réduction

« Peut-être en effet pourrait-on s'arranger, dit le: marchand voyons vos offres, messieurs. » Les deux amateurs se consultèrent à voix basse et I'uip d'eux finit par formuler en ces termes le résultat de-: la délibération « Monsieur, votre jonc n'est pas une canne, c'est un objet d'art, la valeur en est arbitraire et relative aux ressources de l'acheteur, nous ne pouen donner que quarante sous mais vous seriez payé comptant, demain avant midi, par les mains de notre intendant.

Le marchand, un peu blessé, répondit par un sourire dédaigneux en replaçant avec amour le jonc phénomène dans son étui.

Les deux chalands s'éloignèrent, puis revinrent « Monsieur, reprit l'un d'eux, nous ne tenons pas » à posséder le jonc phénomène dans toute sa lon» gueur et sa majesté. Un prince ou un Nabab pour» rait seul se permettre un pareil luxe, consentiriez» vous à le détailler?

» -Qu'appelez-vous le détailler? dit le marchand da. » plus en plus dédaigneux.

» En donneriez-vous pour cent sous ?

» Pourquoi, répliqua le marchand, n'allez-vous. » pas demander si on voudrait vous donner pour trente- » sous du Régent ou du Sancy ? » »

On ne put pas s'entendre, et le jonc phénomène continua pendant quelques années à figurer à l'étalage. Il a disparu, et je me réveille fréquemment la nuit pour me demander ce qu'il est devenu.

La dernière proposition des deux amateurs de jonc me rappelle une vieille histoire qu'enfant je lisais dans les vieux almanachs, et qui, aujourd'hui encore, a le privilége de m'épanouir. Un Gascon était entré dans une auberge on lui offre veau, bœuf, mouton, volaille; mais le Gascon est blasé il lui faudrait quelque chair plus inédite pour réveiller son appétit. Il avise un perroquet dans sa cage. « Bonne femme, dit-il à. l'aubergiste, il y a fort longtemps que j'ai envie de manger du perroquet, faites-moi cuire celui-ci. » Mon perroquet mon pauvre Jako » dit la bonne femme en se signant Mais bientôt une ten-, tation diabolique traverse son esprit. Cet étranger- qui mange du perroquet ne peut être qu'un prince dé-, guisé. Il va faire la fortune de l'auberge.- Avant de