Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 3 à 3 sur 8

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Figaro : journal non politique

Éditeur : Figaro (Paris)

Date d'édition : 1855-01-07

Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication

Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 164718

Description : 07 janvier 1855

Description : 1855/01/07 (Numéro 41).

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Description : Collection numérique : France-Brésil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2693800

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86%.


JUSTIN.

Monsieur le comte reçoit-il beaucoup de monde?

RAOUL.

Non. M'avez-'vous fait seller un cheval?

JUSTIN.

Oui, monsieur. L'Alezane, car j'ai ouï dire qu'elle avait eu l'honneur d'être remarquée par mademoiselle Anna, la fiancée de monsieur le comte.

RAOUL, qui lit toujours.

Vous ferez mettre sept couverts. (Réfléchissant, à luiTnêmo.)VoyOnS, monsieur Jules de Préval, d'abord.

JUSTIN.

Le frère de mademoiselle Anna, un conseiller d'Etat futur. RAOUL, sans l'écouter.

Aibéric deGrandchamp.̃̃

JUSTIN, jnùme jeu. a

ft)n fils àe famille, dont le grand nom se mange aux vers. RAOUL, même jeu.

Paul Gandin.

JUSTIN.

Uin écrivain qui n'écrit pas.

R'AOUL. '̃̃̃̃

Monsieur Martin.

MJSTBl.

Un acquéreur pour le château-de Rosny, que vend monsieur le comte.

.RAOUL, se levant et allant regarderipar non des portes latérales.

Ah ç& ces maudits tapissiers n'ont donc pas terminé leur besogne 't

JUSTIN.

Pas encore, monsieur le comte; mais ils ont promis de rendre pour ce soir les salons à la circulation.

RAOUL.

C'est insupportable! Ils ont.commencé tout à la fois! On ne peut plus mettre le pied qu'ici. (A Justin.) Vous avez dit que mon cheval était prêt ?

3USTIN.

Oui, monsieur le comte, il est devant-le perron. (un Domestique qui entre remet une lettre à Raoul.)

T)e qui ?. RAOUL, prenant la lettre.

De qui?.•

LE DOMESTIQUE.

De personne, monsieur le comte; c'est un commissionnaire qui l'a apportée.

RAOUL, riant, à part.

Insolent comme un parvenu. (Le Domestique s'arrête au fond et cause avec Justin. Apres avoir jeté les yeux sur la signature.) Ah ah c'est de Desgenais, un ancien camarade de collège. Il me demande un rendez-vous, il a besoin de ma protection. Il paraît que l'opposition ne lui a pas réussi. Encore un qui tourne de gauche à droite. Il voudrait une place de secrétaire chez monsieur de Préval. Secrétaire d'un banquier! Voilà donc où peuvent mener des convictions sincères? (nmnt.) Ce n'est pas encourageant. (Riant plus fort.) Ah! ah! ce pauvre Desgenais! je le servirai assurément! mais avant, il payera, pardieu! toutes les vérités qu'il m'a dites, à moi comme aux autres (A Justin.) Justin, mes gants, mon chapeau! (justin les lui présenc.) Si quelqu'un de ces messieurs voulait me rejoindre, je serai du côté du Ranelagh. (n sort.)

'•̃• SCÈNE IL ̃ JUSTIN, seul.

Du côté du Ranelagli.' Ah c'est vrai, c'est la promenade habituelle de madame de Préval et de sa fille, et monsieur va, comme d'habitude, faire sa cour au galop.

SCÈNE III. i

JUSTIN, JOSEPH.

JOSEPH, entr'ouvraiit la porte.

Je puis enter, n'est-ce pas?

DUSTIN.

Oui. monsieur le comte est parti. Eh bien! quelles nouvelles ?

JOSEPH.

Les fonds ont baissé.

JUSTIN.

Diable si nous vendions?

JOSEPH.

Non, pas encore; je flaire, je crois, une opération. JUSTIN.

Comment?

JOSEPH, à mi-voix.

Hier, en servant le thé a monsieur de Préval et à deux capitalistes de ses amis, j'ai cru deviner qu'il se mi' ,îlnait quelque chose.

JUSTIN.

Vraiment?

JOSEPH.

Je ne sais encore rien de positif; mais j'ai l'oreille aux écoutes. Je vous tiendrai au courant, et si uru bonne occasion se présente, et que vous ayez un peu d'argent mignon, nous pourrons à nous deux.

JUSTIN.

Comptez surmoi; j'ai en ce moment cinq ou six, mille francs dont jene sais que faire.

JOSEPH.

Fort bien. Moi, de mon ce en réalisant plusieurs créances, et entre autres celle de monsieur Jules de Préval. JUSTIN.

Comment le fils du banquier?.

JOSEPH.

Lui-même. Oui, vous comprenez? Son père lui tient la dragée haute, de sorte i^ne je suis parfois le trésorier du jeune nomme.

Ah ah ah! très-joli. JUSTIN, -riant. •••̃

JOSEPH.

Du reste, :jt- 't le vole pas plus que les autres.

JUSTIN, avec dédain.

V uçsru'nter à son valet de chambre Cela fait pitié! JOSEPH.

Ne m'en, parlez pas; nous vivons dans un tempsincroyable. Je ne sais où cela s'arrêtera.

JUSTIN.

Lé fait est qu'on n'a plus de respect pour rien.

JOSEPH.

On ne se respecte plus soi-même.

JUSTIN.

Plus de croyances!

JOSEPH.

Plus de poésie dans les actes.

JUSTIN.

La nation française périclite, monsieur Jeseph.

JOSEPH.

Elle s'aplatit, monsieur Justin.

JUSTIN, s'asseyaut à droite.

Ah mon cher ami, qu'il me tarde d'avoir une honnête aisance. gagnée n'importe comment!

JOSEPH.

Pour vous retirer du monde, n'est-ce pas? dans quelque coin ignoré.

JUSTIN, soupirant.

Oui, sur les bords de la Loire. c'est mon rêve.

JOSEPH, s'assejant aussi. i

11 se réalisera, monsieur Justin, il se réalisera

JUSTIN, avec sentiment.

Ah1! que le télégraphe vous entende (ils se serrent la main ayoc effusion.̃ ` SCÈNE IV.

LES MÊMES, MAXIME DE TREMBLE, UN DOMESTIQUE. (Le Domestique ̃ introduit Maxime.

MAXIME, en entrant.

C'est bien, j'attendrai. (Il s'assied à gauche.)

JOSEPH, bas à J'stin.

Tiens! c'est le jeune secrétaire de monsieur de Préval. JUSTIN, bas.

Comment s'appelle-t-fl ?

JOSEPH.

Maxime de Tremble.

JUSTIN.

Un beau nom.

JOSEPH.

Oui mais pas le sou, ça travaille pour vivre. Allons, à revoir. JUSTIN.

Allez-vous à l'Opéra, ce tantôt?

JOSEPH.

Non; nous sommes forcés de mettre un pied à l'ambassade ottomane. (ils remontent.)

JUSTIN, soupirant.

Ah quand donc nous sera-t-il permis de ne plus nous occuper de politique. Adieu!

JOSEPH.

Adieu! (n son.) ̃̃̃̃: SCÈNE V.

JUSTIN, MAXIME DE TREMBLE.

MAXIME.

Seriez-vous assez bon pour me dire si monsieur le comte tardera à rentrer ?

JUSTIN, à part, avec dédain.

Assez bon parler ainsi à un domestique faut-il qu'il soit bas (liant.) Mon Dieu, mon cher monsieur. (mouvement de Maxime) je sptvp's fort embarrasse pour répondre à votre question; car mon ar le comte me dit souvent quand il doit sortir, mais jamf quand il doit rentrer. Et mème, il serait peut-être plus prud:>;i de revenir.

` MAXIME.

Quand cela?

JUSTIN, négligemment.

Ah dame! demain, après-demain, un de ces jours. MAXIME.

Oh ce que j'ai à dire à monsieur le comte ne peut souffrir un aussi long retard.

JUSTIN.

Oh quant à cela, monsieur, il y a par jour trente personnes qui, comme vous, ont toutes à dire à monsieur le comte des choses qui ne souffrent aucun retard, et cependant. SCÈNE VI.

LES MÊMES, DESGENAIS.

DESGENAIS, dans la conlisse.

Comment, monsieur le comte n'y est pas?

JUSTIN, à Maxime.

Tenez quand je vous le disais! encore un qui est pressé. MAXIME.

N'importe, j'attendrai! (II remonte un fond gaucue.)

DESGENAIS, entrant par la droite sans voir Maxime.

Ah c'est fâcheux! car j'aurais vivement désiré parler sur-lechamp à monsieur de Pintré. (A lui-même.) Allons, Desgenais, mon ami retiens bien ta langue et salue tout le monde, même le chien du logis. (n saine Justin.) .)

JUSTIN, q»i s'est avancé.

Monsieur veut-il dire son nom?

DESGENAIS, riant.

Mon nom hélas j'en ai si peu que ça ne vaut pas la peine d'en parler mais je cherche à m'en faire un, et des qu'il sera fini, je vous le contierai avec plaisir.

JUSTIN, avec hauteur.

Mais, monsieur.

DESGENAIS.

Oh ne vous fâchez pas, je vous en prie. (II passe à gauche.) JUSTIN.

Mais. e'est que vous avez tout l'air de vous moquer de moi. DESCENAIS, s'assied.

Me moquer de vous?. Ah! ma foi, non.

JUSTIN.

Savez-vous, monsieur, que je suis le factotum de monsieur le comte?

DESGENAIS.

[ Non, je l'ignorais.

JUSTIN, prenant son chapeau.

Son bras droit, monsieur, et que je ne souffrirai pas. DESGENAIS, avec une politesse outrée.

Croyez bien, monsieur, que je n'ai jamais eu l'intention de vous blesser, et permettez-moi d'attendre monsieur le comte. JUSTIN, insolemment.

Oh c'est inutile! il ne rentrera pas!

DESGENAIS, très-poli.

Jamais

JUSTIN, même jeu.

Jamais (justiu va mettre son chapeau sur sa tête, Desgenais le lui fait sauter des mains.)

DESGENAIS, éclatant.

Chapeau bas!faquin!

Monsieur £ JUSTIN, étonné.

Desgenais! MAXIME, apercevant Desgenais, à part.

DESGENAIS, redressé de toute sa hauteur.

Ah drôle.! vous méprisez ceux qui vous traitent comme des hommes vous respecterez donc ceux qui vous traiteront comme des chiens. Sortez

JUSTIN, ébaubi.

Mais, monsieur. ̃ DESGENAIS, plus impérieux.

Sortez, vous dis-je

JUSTIN, intimidé.

J'obéis. (A part.) Une telle insolence! ce doit être un des amis de monsieur. je crois que j'ai fait une boulette, (n sort.) SCÈNE VII.

DESGENAIS, MAXIME.

DESGENAIS, qui n'a pas encore vu.ïlaxùne, à part riant.

« Chassez le naturel il revient. » Ah je ne me suis pas longtemps tenu parole et me voilà^éjà fâché avec le chien du logis, (Il passe à droite.)

MAXIME, qui est descendu souriant.

Incorrigible!

DESGENAIS, se retournant et l'apercevant.

Maxime! Maxime de Tremble! Eh quoi! c'est vous, mon cher enfant? Mais embrassez-moi donc, sacrebleu! que je suis aise de vous revoir Et la famille va bien ?

MAXIME.

Très-bien. et elle ne vous oublie pas.

DESGENAIS «mu.

Vraiment?

MAXIME.

Non, car, là-bas, dans les longues veillées, j'ai entendu murmurer bien souvent contre l'oublieux Desgenais.

DESGENAIS.

Et moi, cher, j'ai bien souvent pensé à vous, et à votre sainte famille dans mes jours d'orage, ma pensée a volé bien souvent vers le port où l'amitié m'avait offert un refuge, vers la tranquille vallée où le grand cœur de M. de Tremble a été cacher ses souvenirs et ses regrets.

MAXIME.

Et sa pauvreté.

DESGENAIS.

Sa pauvreté ?

MAXIME.

Vous savez, mon ami, que mon père fut un de ceux qui suivirent un jour l'empereur proscrit, après l'avoir suivi si longtemps victorieux.

DÈSGENAIS.

Oui.

MAXIME.

Eh bien, quand le génie de la France eut fermé ses ailes, lorsque l'aigle fut endormi, mon père revint en France; mais il refusa de prendre du service. Le pays, d'ailleurs, n'avait plus besoin de son bras. Mais il avait encore besoin de son intelligence, mon père se fit donc manufacturier en dix années, il avait amassé une brillante fortune. La révolution la lui prit en un mois; M. de Préval, le banquier de mon père, fut ruine aussi à cette époque, mais il se rallia prudemment à la royauté nouvelle, dont les munificences le mirent à même de rétablir son crédit ébranlé. Mon père aurait pu l'imiter, il ne tenait qu'à lui de tendre la main, comme M. de Préval, comme tant d autres, et il eût pu encore être riche, heureux.

DESGENAIS.

Et ingrat

MAXIME.

II a préféré rester pauvre et fidèle.

DESGENAIS, avec éclat. v~

Et il a bien fait, morbleu car, au moins en mourant il léguera à ses descendants le respect de tous, même de ceux qu'il a refusé de servir. Noble héritage, Maxime Ah! tenez, c'est bien, c'est une grande chose, et qui console des petites. (Riant.) Ah dame, vous le savez, mon jeune ami, je suis fanatique, je l'ai toujours été. ç'a été mon patrimoine, à moi, le seul, en vérité. Je suis un enfant d'un autre siècle, un homme d'autrefois, et je m'incline avec respect devant ceux-là qui gardent comme une relique, jusqu'à la tombe, les grands souvenirs qui ont entouré leur berceau. Mais pour en revenir à ce qui vous concerne.

MAXIME. Ils s'asseyent n droite.

Mon Dieu, mon cher Desgenais, c'est bien simple j'ai deux sœurs, et j'étais venu à Paris pour tâcher de leur gagner une dot. J'ai fait bien des efforts déjà; j'ai même essayé dé la littérature.

DESGENAIS.

Pauvre garçon

MAXISIE.

J'ai une pièce reçue au Théâtre-Français, une grande comédie, c'est mon dernier espoir.

DESGENAIS.

Bath courage, cher enfant' il en faut dans cette bataille de la vie; j'en sais quelque chose, moi, qui ai tenté de déchiffrer cette grande énigme du minotaure parisien. Vivre honnêtement, en ne cessant pas d'être honnête, et en disant leurs vérités aux hommes. ·

MAXIME, souriant.

Oui, je sais.

DESGENAIS.

C'était bien ambitieux n'est-ce pas? mais je vous l'ai dit, j'ai toujours aimé l'extraordinaire, l'impossible. Du reste, ce svstème, je dois l'avouer, me réussissait assez mal. Eh bien cela ue me décourageait pas. tant que je ne jouais que mon propre bonheur à ce jeu dangereux que l'on nomme la franchise, et je laissais caracoler la mienne à sa fantaisie, fouettant sans pitié toutes les mesquineries, toutes les petitesses qui me faisaient sourire. (Gaiement.) Ah! morbleu c'est si bon de jeter toutes leurs vérités à la face de ces pantins sérieux dont l'égoïsme et l'hypocrisie tiennent les fils, et de leur dire d'avance le mot de la comédie pour laquelle ils ont mis du clinquant sur leur dos et du rouge sur leurs joues! 1

MAXIME.

Desgenais.

DESGENAIS.

Vous avez raison, il doit y avoir des pantins ici, il y en a. partout, et ces pantins, j'en aurai besoin pour une représenta-