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Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1940-06-02

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 02 juin 1940

Description : 1940/06/02 (Numéro 28750).

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k264321x

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/01/2011

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Poitdatsub. i Auguste NEPFTZER. (îaei)

JSLITCIEITS Dirjscteub.3 t

Adrien KÉBRARD (1807-1914]

Emile .EïÉBR,.A.:R,ID (1015-1925)

Adrien HÉBRARD 1935-1929)

XjOXJIS-MIXJL, (1929-1931)

Dikecteurs :

Jacques OHASTENET et Emile XKJ33A.TJX

-, iin'onT-vu'

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CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60

Paris, le 1er juin 1940

BULLETIN DU JOUR

LE RÉVEIL AMÉRICAIN

L'Amérique s'éveille-à la dure réalité que crée pour elle, comme pour l'ensemble du monde civilisé, le péril allemand tel qu'il existe actuel- lement en Europe. Les Américains se rendent compte énfin qu'il ne serait pas possible aux peuples du nouveau continent de maintenir les conditions morales et politiques de leurs libres institutions si l'Allemagne hitlérienne venait à l'emporter dans la guerre actuelle. Il est désor- mais évident pour eux qu'aucune politique d'isolement systématique ne saurait préserver efficacement leur avenir, et qu'ils ont le devoir de se préoccuper sérieusement de l'organisation de leur défense en vue d'éventualités qui, dans l'état présent des choses, ne sont plus absolu- ment exclues à leurs yeux. La doctrine selon laquelle la meilleure- manière de se défendre pour les Etats-Unis est d'aider pratiquement les démocraties européennes en lutte contre le Reich gagne du terrain dans tous les milieux de l'autre côté de l'Atlantique. La thèse est, on le sait, qu'en contribuant à renforcer les possi- bilités pour la France et l'Angletérre d'agir victorieusement- les Etats-Unis s'assureraient les meilleures-chances de. ne pas être obligés, à lin-moment:-donné, de faire eux-mêmes la guerre pour défendre leur sécurité.

Le message que le président Roosevelt vient d'adresser au Congrès pour demander de nou- veaux crédits de réarmement s'élevant à un milliard de dollars est caractéristique à cet égard. Le président expose que les événe- ments, presque incroyables ^des deux dernières semaines en Europe, en raison surtout des ré- sultats de l'emploi de l'aviation et des moyens motorisés, exigent un nouvel accroissement du programme militaire dès Etats-Unis. Nul ne peut prévoir clairement l'avenir, a-t-il dit, mais tant qu'il existe une possibilité que, non pas un ou deux-continents, mais tous les continents soient entraînés dans la guerre mondiale, la prudence commande de rendre plus efficace la défense américaine. « Défendre nos institutions nationales et notre intégrité territoriale, a dé- claré M. Roosevelt, a cessé d'être un problème pour des hommes animés d'une détermination indomptable; mais la défense moderne com- mande que 'cette détermination soit appuyée par tous les moyens de notre capacité de pro- duction industrielle. Une des leçons les plus évidentes de la guerre d'Europe est la valeur du facteur vitesse. Il serait dangereux d'attendre que la guerre commence pour équiper et en- traîner complètement nos armées. » Aussi le président demande-t-il au Congrès l'autorité nécessaire pour appeler au service actif la garde nationale et le personnel de la réserve jugé indispensable. L'opinion américaine ap- précie pleinement ce message présidentiel, et constate que M. Roosevelt a parle franchement, pour la première fois, de la possibilité d'une extension du conflit européen, alors que jus- qu'ici l'idée prévalait que les États-Unis pour- raient rester à l'écart de la guerre. Des infor- mations de Washington signalent que dans les milieux du Congrès un mouvement se dessine en faveur de mesures dépassant même les ob- jectifs immédiats visés par le programme de réarmement du président, et préconisant des moyens extraordinaires pour armer sans délai non seulement les effectifs de la garde natio- nale actuelle, mais également un contingent d'un million d'hommes qui représenterait la force initiale que les Etats-Unis pourraient mobiliser dès les premiers jours de la guerre.

Dans un discours qu'il a prononcé hier, M. Pittmann, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, après avoir dé- noncé les méthodes employées par Hitler et avoir rendu hommage à l'armée française, n'a pas hésité à constater que le danger se trouve rapproché des Etats-Unis du fait même de Ja tactique nouvelle dans la guerre aérienne. La seule chose pouvant alléger la menace actuelle contre les Etats-Unis^ a dit M. Pittmann, se- rait la défaite de Hitler. La thèse.du président de la commission des affaires étrangères du Sénat est que « Hitler serait une menace pour les Etats-Unis même si la paix était conclue aujourd'hui; mais la situation serait encore plus critique si Hitler l'emportait sur l'Angle- terre et la France et prenait possession de leurs flottes. Nous rencontrerions alors Sans l'Atlantique une force navale bien supérieure à notre flotte totale, et dans le Pacifique une flotte presque égale à la nôtre ».

On voit quelles sont les préoccupations qui existent à cette heure de l'autre côté de l'Atlan- tique. Aussi n'est-on point surpris que la presse américaine insiste surtout sur la né- cessité de fournir immédiatement' aux -alliés des avions. Certains journaux réclament « 5.000 avions pour les alliés tout de suite », et d'au- tres regrettant que le public américain n'ait pas été informé plus tôt des besoins réels en ma- tériel de toutes sortes des alliés. Dans tous les milieux américains, on réagit également avec vigueur contre la propagande allemande s'ef- forçant d'exploiter les succès militaires du Reich en: Belgique dans l'intention de persua- der l'opinion de l'autre côté de l'Atlantique que toute aide américaine aux alliés serait inu- tile parce qu'elle arriverait trop tard. Les ex- perts militaires américains contredisent for- mellement cet argument allemand, et soutien- nent qu'il faut aux alliés des avions pour les prochaines semaines, au cours desquelles se dérouler^. peut-être la bataille décisive. Il y a là un ensemble de symptômes de l'éveil des peuples de l'Amérique à des réalités qu'ils ne discernaient pas clairement jusqu'ici. Cela aussi peut être d'un grand poids dans la ba- lance pour le destin du monde civilisé.

SUR MER

Perte d'an croiseur britannique devant Narvik

L'amirauté britannique annonce la perte du Curiew, « coulé à la suite d'une attaque par bombes, il y a quelques jours, au large de la côte nord.de Norvège. ».

Au cours des récentes opérations qui se déroulèrent avec succès dans la zone de Narvik, dit le communi- qué, les bâtiments de Sa Majesté ont eu pour tâche de bombarder les positions de l'ennemi sur terre, et de protéger la région occupée de la côte. Ils ont été .exposés à des attaques aériennes incessantes, au cours desquelles de nombreux avions ennemis ont été déT truits. L'étroitesse des eaux et le danger qu'elles pré- sentent au large de cette côte limitent à tel point la liberté de mouvement que des pertes sont parfois inévitables. C'est pendant l'une de ces opérations très difficiles que le Curleui a été atteint par des bombes et 4 coulé.

Le torpillage d'un navire argentin

Le chargé d'affaires de la République Argen- tine à Madrid a confirmé que le nombre des man- quants du vapeur argentin Uruguay, torpillé paj un sous-marin sur lès côtes d'Espagne, est de 14. .

On sait que l'équipage, composé de 27 hommes, embarqua sur deux canots, l'un 13 hommes, l'au- tre 14, quand le sous-marin allemand coula le navire argentin.

TENIR, Gii QU'IL ARRIVE

Parce que nos armées ont réussi à déjouer en partie le plan d'attaque brusquée de l'Alle- magne, aucun d'entre nous ne se berce de l'illusion que les efforts accomplis jusqu'ici soient suffisants ni que l'épreuve redoutable, que nous supportons avec stoïcisme, touche à sa fin. Comme le combattant qui veille à son poste, le citoyen doit demeurer vigilant à la place que lui assigne le devoir commun. Il ne s'agit plus de professer l'optimisme ou le pes- simisme; il s'agit seulement de reconnaître que l'Allemagne n'ayant pas atteint immédia- tement son but, il lui est à peu près impos- sible de ne pas revenir à la charge, même si son élan est ralenti, même si ses forces agres- sives sont diminuées.

Dans le domaine militaire comme dans l'or- dre diplomatique, il est donc sage de prévoir que, sous une forme ou sous une autre, nous verrons se produire de nouvelles offensives allemandes. La ruse et la violence de nos en- nemis y joueront leur rôle; mais nous n'en sommes heureusement plus à nous en trouver surpris. Tout est prêt ou tout s'apprête à tenir tête à l'Allemand. Les fautes commises hier ont porté leçon. Des troupes aguerries ont derrière elles une population décidée à ne se laisser émouvoir par aucune menace ni même par aucun danger, et si nos armées nous ser- vent d'exemple, nous leur apportons en retour le réconfort de notre aide morale et de notre soutien matériel. La France est tout entière sous les armes, - car le non-combattant dis- pose lui aussi d'une arme invincible qui est faite de sa patience, de sa confiance, de sa fermeté d'âme.

Si ingénieuse qu'ait été l'Allemagne hitlé- rienne dans la perpétration de ses crimes con- tre la civilisation, elle a péché en sous-esti- mant à la fois et notre valeur militaire, et notre bon sens, et notre patriotisme. Par les mille et un moyens de sa propagande perfide, elle reprend contre nous depuis quelques jours son entreprise de terrorisation. Elle ne dit plus aux Fpançais qu'elle ne leur veut aucun mal, et que tout s'arrangerait entre Germanie et France si les Anglais n'existaient point .ou plutôt s'ils étaient anéantis. Elle annonce maintenant aux Français qu'elle est résolue à leur faire le plus grand mal, à ruiner leurs cités, à dévaster tout leur pays coupable de ne point se soumettre d'avance aux lois sa- crées du germanisme hitlérien.

Ainsi l'on espère encore nous affaiblir en nous communiquant l'épouvante que répan- dait Attila, selon la légende séculaire. Mais l'histoire dit aussi comment justice fut faite des cruautés du chef des Huns. Aujourd'hui comme jadis, la France arrêtera la marche du fléau. Aidée de sa vaillante alliée la Grande- Bretagne, elle redonnera la paix à l'Europe. Il n'est pour cela que de savoir attendre en travaillant et en combattant toujours plus, toujours mieux. Il n'est que de tenir. Cet effort suprême devra peut-être s'exercer avec une nouvelle ardeur, et un sang-froid pour ainsi dire retrempé, dans quelques jours ou dans quelques semaines. Nous le savons, et, le sachant, nous y sommes prêts.

« MAIN DE FER »

On montrait autrefois, dans le château des des- cendants de Goetz de Berlichingen, la main de fer, une belle mécanique, dont le fameux chevalier tint sa lance, après qu'il eut, au siège de Landshut, perdu sa main de chair. Il en menaçait ordinaire- ment les déloyaux et les traîtres. Je ne sais si les Allemands pensent souvent à elle. Le cours ordi- naire de leurs pensées s'est un peu détourné de ce symbole. On en pourrait tirer un conte. La main de fer, s'échappant de sa vitrine, et s'en allant, la patience à bout, souffleter les menteurs qui déshonorent le moyen âge allemand; et s'appli- quant enfin sur un jeune visage royal.

Ce Goetz n'est pas le héros de nos rêves! On sait de lui des traits, que Goethe n'a point effacés, et qui nous étonneraient beaucoup dans la biogra-

Ehie de son contemporain Bayard, par exemple, e voici sautant à cheval, pour une fière expédi- tion. Il fait nuit; les cavaliers avancent dans la forêt de Haslach. Un pâtre mène ses moutons. Cinq loups surgissent et s'en donnent à coeur joie. Bayard ou don Quichotte eussent foncé, lance basse, contre les loups. « Notre maître se prit à rire, et dit : « Bon succès, chèrs camarades! Bon » succès pour tout le monde, et pour nous aussi. » Et il se réjouit de cette rencontre de bon augure.

Ne nous faisons pas d'illusion. Le chevalier souabe, honneur de son pays, ne prendrait pas le parti des gens de Prague et de "Varsovie. « Bon succès^ chers camarades! » Nous avons peine à comprendre cette hilarité.

Mais, enfin, il est vrai que Goetz fut très brave, et tenait ses engagements. La pensée 4e trahir ses compagnons d'armes ne lui venait point. Prison- nier, il comparaît devant le Conseil d'empire. Pour bien tenir le sanglier, les conseillers ont convoqué à Heilbronn des forgerons, des tonneliers, des char- pentiers, « tous gens exercés aux coups de poing ». Le premier souci de Goetz, c'est de s'in- former du sort de ses amis, qui l'aidaient aux combats. « Où sont-ils? Que deviendront-ils? Où les avez-vous conduits? » Comme on ne le lui dit point, Goetz entre en fureur. Il ne pense pas un instant à se rendre aux forgerons, tonneliers et autres gens de poing. « Je vais vous apprendre comme on tient sa parole! » Et il lève « cette main de fer » dont un coup guérit « les maux de tête, les maux de dents, et tous les maux de la terre »!

« Qu'on me montre celui à qui j'ai manqué de parole », dit, quand il n'est pas loin de mourir, cet ancien Souabe. Vraiment, il attache à la trahison une importance extrême. Il respirerait mal, en ces années-ci. C'était un homme qui lorsque des in- termédiaires lui proposaient un renoncement, poussait des cris : « Ce coquin en habit rouge vient savoir si nous voulons être des lâches ! »

Aussi a-t-il une belle mort. Selon Goethe, voici ses dernières paroles, à sa sainte femme, qui s'ap- pelle Elisabeth : « Reçois mon âme, pauvre femme! Je te laisse dans un monde corrompu... Donnez- moi un verre d'eau. Air céleste... Liberté ! Li- berté !... »

Pourquoi cette scène me paraît-elle, aujour- d'hui, déchirante? Est-ce à cause de ce cri de « Liberté ! Liberté ! », auquel tant d'hommes de races diverses sont devenus insensibles; et qui n'en est, pour les autres, que plus exaltant?

Et Elisabeth. - l'épouse du baron chevalier - dit : « Liberté ! Elle n'est plus que là-haut, où tu es. Le monde est un cachot. » Alors, le chevalier Lerse, incliné devant le cadavre de son vieux chef, murmure : « Malheur à la postérité qui te méconnaîtra! »

Le vrai Goetz eut plusieurs enfants. Goethe ne lui donne qu'un fils, qui ne connaît « d'autre malheur que le retard de son dîner ». Je n'ai point lu que Charles de Berlichingen se fût, plus tard, mal con- duit. Son père n'avait grande foi en lui. 11 pro- nonçait ces phrases mystérieuses : « Il n'y a ja- mais beaucoup de lumière sans beaucoup d'om- bre... Nous verrons ce qu'il en adviendra. » Où poserons-nous ce bouquet de citations.?

ROBERT KEMP.

LA BATAILLE DANS Li NORD

Les forces françaises et britanniques poursuivent à Dunkerque une lutte acharnée pour assurer l'évacuation

COMMUNIQUÉS OFFICIELS FRANÇAIS DU 31 MAI (SOIR)

Dans le Nord, nos troupes ont poursuivi leur marche dans la direction de Dunkerque, où une partie d'entre elles est parvenue à s'embarquer sous la protection de la marine et dé l'aviation, malgré les efforts de l'en- nemi.

En dehors d'une certaine activité sur la Somme, il n'y a rien à signaler sur le reste du front.

Malgré les conditions atmosphériques dé- favorables, notre aviation a effectué des re- connaissances profondes, à la suite desquelles notre aviation de bombardement s'est livrée, dans la région du Nord, au harcèlement de l'ennemi et a coopéré au ravitaillement de nos troupes.

DU 1er JUIN (MATIN)

Les forces françaises et britanniques de terre, de mer et de l'air poursuivent à Dun- kerque, en pleine solidarité, une lutte achar- née pour résister à la poussée allemande et assurer l'évacuation.

L'ennemi, montrant l'importance qu'il atta- che aux passages de la Somme, a contre-atta- qué dans cette région. Cette contre-attaque a été repoussée.

Réunion du conseil suprême

La présidence du conseil communiqué';

Le conseil suprême s'est réuni à Paris, le 31 mai. Y assistaient :

Du côté britannique : MM. Winston Chur- chill, premier ministre de Grande-Bretagne-, et Attlee, lord du sceau privé, accompagnes par Sir Ronald Campbell, ambassadeur à Paris, le général'-Sir ' John BiU et- le y'

Du côté français : M. Paul Reynaud, prési- dent du conseil, et le maréchal Pétain, vice-pré- sident du conseil, accompagnés du général Weyaand, de l'amiral Darlan et de M. Paul Baudouin.

Le conseil a procédé à un examen général de la situation et a arrêté d'un commun accord toutes les mesures qu'elle commande.

La réunion a permis de constater que les gouvernements et les peuple alliés sont, plus implacablement résolus que jamais à pour- suivre, dans l'union la plus étroite, la lutte engagée, jusqu'à la complète victoire. »

Sur le front du Nord

L'évacuation des troupes alliées

La B. B. C. a donné, vendredi au début de l'après- midi, le résumé suivant de la situation :

Les armées française et britannique dans les Flandres, aidées par la marine de guerre et par l'aviation, sont engangées dans l'exploit le plus glorieux que l'histoire militaire ait jamais connu.

Devant une masse énorme de troupes ennemies et devant les unités motorisées, non seulement elles se maintiennent solidement sur leurs posi- tions, mais encore elles font subir à l'ennemi dés pertes épouvantables. Chaque pied de terrain pris par l'ennemi lui coûte des milliers de morts.

Les navires de guerre ont appuyé de leurs tirs d'artillerie les opérations alliées, causant à l'en- nemi de graves dégâts.

Les alliés ont la maîtrise absolue de la mec dans la région de Dunkerque.

Dunkerque résiste d'une façon magnifique. '=:-

Un certain nombre de troupes alliées ont été évacuées par le port de Dunkerque.

Les inondations dans cette région produisent leur effet. Au cours de ces dernières heures, des milliers de tonnes d'eau ont déferlé sur le pays. La profondeur des eaux varie de 45 centimètres à plusieurs pieds et rend impossible l'accès à l'in- fanterie et aux unités motorisées.

L'esprit des troupes franco-britanniques éva- cuées en Angleterre est excellent. Parmi elles se trouvent un certain nombre d'officiers et de sol- dats belges qui ont déclaré avoir été stupéfaits par l'ordre de se rendre à l'ennemi. Ils ont refusé de déposer les armes et déclarent que des mil- liers de soldats belges sont résolus à ne pas sui- vre les instructions données par Léopold III.

L'aide de la marine britannique aux troupes du Nord

On mande de Londres, le 31 mai :

Il est encore impossible de donner tous les dé- tails sur le rôle gigantesque rempli par la marine royale anglaise, mais on peut dire qu'en sauvant des dizaines de milliers de vies humaines la flotte a accompli une lâche sans précédent dans l'his- toire sur une telle échelle, grâce à l'organisation minutieuse et aussi au courage surhumain des équipages.

La flotte a opéré au milieu de difficultés in- concevables, sous les bombardements et les feux de mitraille incessants, dans des eaux soumises aux marées, et, inévitablement, dans l'obscurité.

LA GUERRE AÉRIENNE

Communiqué du ministère français de l'air

Dans la soirée du 30, jusqu'à la tombée de la nuit, des avions de chasse ont effectué une recon- naissance à très haute altitude dans la région de Dunkerque et ont survolé le territoire occupé par l'ennemi, au retour, en vol rasant, sans inci- dent.

Deux groupes de bombardement ont attaqué des éléments ennemis sur l'axe Abbeville-canal de la Somme. Les objectifs ont été atteints, en particulier une batterie de D. C. A. très active près d'Abbeville. Tous les avions ont rejoint leur base.

Les objectifs ennemis au nord de la Somme avaient été également attaqués et harcelés par deux autres groupes de bombardiers. Un avion n'est pas rentré.

Au cours de ces différentes missions, plus de vingt- tonnes de bombes ont été lancées avec succès.

Dans la nuit du 30 au 31 mai, nos avions de bombardement ont ravitaillé en munitions et en vivres les troupes alliées de la région de Dunker- que.; Grâce à leur expérience du vol sans visibilité

nos équipages ont atteint sans difficulté les points à survoler et ont lancé leur ravitaillement par parachute. V-, ,

Au retour ils ont pu relever, en volant extrê- mement bas, des indications très importantes sur les ' mouvements des Allemands, qui se croyaient en sécurité parfaite sous le ciel très bas.

Certains équipages ont tenu l'air près de cinq heures. , .

Un groupe de chasse, dans la journée du 31, a attaqué un groupe de Messerschmitt. Un des nôtres n'est pas rentré.

Au cours de cette journée, des missions de cou- verture ont été effectuées par la chasse.

Communiqué du ministère de l'air britannique

On télégraphie de. Londres, le 31 mal (soir) ' :

Hier et la nuit dernière, des bombardiers de la Royal Air Force, qui se relayaient, ont main- tenu leur pression sur les lignes de communica- tion ennemies. Des ponts, des colonnes motorisées, des tanks et des troupes ont été l'objet de bom- bardements intenses et ? d'attaques qui ont faci- lité les opérations de de retraite des troupes alliées. Un de nos appareils est porté manquant.

Les opérations de bombardement ont été pour- suivies durant toute la journée d'aujourd'hui avec une grande intensité.

Des formations de nos appareils ont continué leurs patrouilles offensives, hier, sur la région de Dunkerque. Les conditions atmosphériques étaient défavorables et ont amené un ralentis- sement de l'activité de l'aviation ennemie. Un avion de bombardemènt Dornier a été, abattu. Les patrouilles se poursuivent.

D'après les rapports que nous avons reçus, nous avons détruits 42 appareils ennemis et nous en avons endommagé 3.

A part cette activité de la Royal Air Force sur la région des Flandres, où a été concentrée une grande partie de notre effort, nos bombardiers lourds, la nuit dernière,- ont fait de_s opérations offensives contre les objectifs militaires dans le Nord-Ouest de l'Allemagne.

AUX PAYS-BAS

L'installation de Seyss-lnquart comme statthalter du Führer

La légation des Pays-Bas communique iï

Les stations de radiodiffusion néerlandaises, actuellement aux mains de l'envahisseur allemand, ont fait connaître le texte du discours prononcé par Seyss-lnquart, le nouveau maître provisoire des Pays-Bas, lors de son installation comme statthalter au nom du Fiihrer.

Cette installation a eu lieu dans la salle des Chevaliers, à la Haye, et le représentant de Hitler a parlé de la même place où, chaque année, à la rentrée des Chambres, Sa Majesté la reine des Pays-Bas lit son discours du trône.

, A ce sujet la radiodiffusion officielle néerlan- daise * Libre ?& - laquelle^- le gouver. nement français veut bien .accorder line large hospitalité, s'est prononcée de la façon suivante :

Seyss-lnquart a choisi comme théâtre de ce qu'il a dû oonsidérer comme une cérémonie extraordinaire notre salle des Chevaliers. Personne n'a pu l'en em- pêcher. Probablement cette salle glorieuse, rappelant nos souvenirs historiques les plus beaux et les plus précieux, lui était nécessaire pour satisfaire une mes- quine vanité. On ne peut vraiment pas s'attendre qu'un intrus montre la moindre délicatesse. Mais a-t-il pensé un instant que dans cette salle se sont réunis les dirigeants d'une nation libre et fière, qui se trou- vait déjà à la tête de la civilisation, traversait les océans, découvrait des mondes nouveaux, fondait des empires coloniaux, lorsque ses ancêtres n'avaient pas enoore dépassé le stade le plus primitif de l'économie domestique?

Ce retour en arrière ne lui a-t-il pas donné la con- viotion que son séjour chez nous ne pouvait être que passager, et qu'il retournera bientôt au néant de l'oubli dont il est sorti? Nous ne pouvons le savoir, mais nous l'espérons pour lui. Car cela prouverait qu'il n'a pas perdu complètement tout sens de la réa- lité, ni toute compréhension de l'histoire.

En tout oas nous devons prendre connaissance aveo une certaine satisfaction de la nomination de Seyss- lnquart. Ce n'est pas lui qui nous fera oublier que nous vivons en servitude. Où qu'il aille, quoi qu'il fasse, il sera l'étranger, qui nous fera aspirer vers l'heure de la délivrance. Le rouge de la honte nous serait monté à la figure si l'envahisseur avait choisi pour ce poste quelqu'un de notre propre nationalité. Cette honte au moins nous a été épargnée. Sans doute, les derniers temps nous avions parmi nous de soi-disant Hollandais, membres de la Ligue nationale- socialiste aux Pays-Bas, dont le désir insatiable d'hon- neurs et de domination espérait ne s'assouvrir que par l'arrivée de l'envahisseur étranger. Pour hâter sa venue, la plus lâche trahison ne leur faisait pas peur. Mais voilà que le vieux dicton se confirme : L'assail- lant aime la trahison, mais il hait le traître.

Ainsi, heureusement, personne chez nous ne pourra dire que c'est un Hollandais qui représente le tyran étranger. Cela sera, cela restera un étranger, homme au passé indélébile, qui a commencé par livrer sa propre patrie, et dont le nom servira encore à qua- lifier les traîtres quand lui-même aura disparu .depuis I longtemps.

EN NORVEGE

Après la prise de Narvik

Le haut commandement norvégien dans la Nor- vège septentrionale communique qu' « après la prise de Narvik et de la montagne Taraldsvik par les troupes alliées, le nettoyage se poursuit vers l'est, le long de la voie ferrée et dans la ré- gion au sud de Narvik ».

Un témoin oculaire mande à l'agence Reuter, de « quelque part en Norvège » i:>

Des centaines de soldats allemands ont été faits prisonniers à la suite de la chute de Narvik. On croit que les autres se sont échappés sous des vê- tements civils.

Les Allemands ont commis de nombreuses des- tructions avant d'abandonner la ville; ils se sont aussi efforcés de rendre inutilisable le chemin de fer allant à la frontière suédoise; ils ont détruit sept locomotives électriques et fait sauter des aiguillages et des signaux. La gare, cependant, est toujours debout.

Les Norvégiens déclarent que les Allemands ont épuisé leur provision de trinitrotoluène.

La précision du tir des navires britanniques a été démontrée par le petit nombre des victimes civiles.

RUPTURE DES NÉGOCIATIONS ANGLO-ITALIENNES

sur le contrôle maritime

On mande de Londres à l'agence Havas, le 31 mal

Le gouvernement italien, malgré son accepta- tion de principe, la semaine dernière, a rompu, le 28 mai, les négociations tendant à amener un accord sur le contrôle maritime et un accord commercial.

Notre correspondant particulier à Londres nous télé- graphie, sur ce sujet, le 1" juin :

La décision du gouvernement italien de répu- dier l'accord de principe intervenu la semaine dernière, touchant la contrebande et le droit de visite, a suscité de l'étonnement à Londres, où l'on considérait que cet accord dissipait les griefs italiens.

Aucune explication n'est donnée 4 Rome.

AUX ETATS-UNIS

Un message du président Roosevelt au Congrès

On mande de Washington :

Le président Roosevelt a envoyé un message au Congrès demandant des crédits supplémentaires, environ un milliard de dollars, pour le programme de la défense nationale. On y lit notamment .:

Les événements presque. incroyables des deux der- nières semaines du conflit européen, en raison surtout de l'emploi de l'aviation et des moyens motorisés né- cessitent un nouvel accroissement de notre programme militaire. Aucun individu, aucun groupe ne peut pré- voir clairement l'avenir. Cependant, tant qu'il existe une possibilité que, non pas un continent ou deux continents, mais tous les continents soient entraînés dans la guerre mondiale, la prévoyance commande que la défense américaine soit rendue plus efficace-

Une des leçons les plus évidentes de la guerre d'Europe est la valeur du facteur vitesse. Il serait dangereux d'attendre, pour donner ordre d'équiper et d'entraîner complètement nos armées, que la guerre commence...

En concluant je désire particulièrement qu'avant son ajournement le Congrès me donne l'autorité d'appeler en service telle portion de la garde nationale qui peut être nécessaire à maintenir notre attitude de neutralité et à sauvegarder la défense nationale.

L'impression sur l'opinion publique

On télégraphie de New-York :

Le 31 mai sera une date importante pour la politique américaine. Après le message du prési- dent Roosevelt au Congrès, les journaux annoncent sur huit colonnes que la guerre menace l'Améri- que qui craint la guerre mondiale.

Dans l'esprit du public, le pas qu'on reprochait au président Roosevelt de n'avoir pas franchi, di- manche dernier, l'a été. .

Il semble que ce qui a frappé davantage le public est l'annonce du rappel d'un certain nombre de réservistes, de 40,000 marins et d'éléments de la garde nationale qui, comme on le sait, sont en temps normal astreints seulement à quelques heures d'entraînement par mois.

Le président n'hésita pas à parler franchement de la possibilité d'extension du conflit européen, alors qu'il y a un mois à peine il déclarait à la presse qu'il croyait toujours que les Etats-Unis pourraient se tenir « physiquement » à l'écart.

D'autre part la majorité des sénateurs et repré- sentants se prononcent en faveur de toutes les mesures contenues dans le message. Dans cette majorité, le sentiment est également favorable à l'accélération de l'aide aux alliés et à l'élimination des mesures administratives qui s'opposent à cette accélération.

Déclaration de M. Pittman

On télégraphie de Washington :

Parlant à la réunion de l'Ecole des mines de Mon- tana, M. Pittman, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, a montré les effets de la guerre européenne sur les Etats-Unis. Il a montré combien le danger se trouvait rapproché des Etats-Unis du fait de la nouvelle tactique de guerre aérienne.

La seule chose, a-t-il dit, qui pourrait alléger la me- nace actuelle contre les Etats-Unis serait la défaite de Hitler. Comme je l'ai déjà dit, Hitler serait une menace pour les Etats-Unis, même si la paix était faite aujour- d'hui; mais la situation serait encore plus critique si Hitler battait l'Angleterre et la France et prenait pos- session de leurs flottes. Nous rencontrerions alors, dans l'Atlantique une flotte bien supérieure à notre flotte totale et une flotte dans le Pacifique presque égale à la nôtre. Disons qu'une telle éventualité n'est pas même à envisager, il. est cependant du devoir des, hommes d'Etat, dans un gouvernement représentant la nation, de ne pas courir de chances hasardeuses.

Je doute que Hitler, même allié à d'autres gouverne- ments, essaye d'attaquer les Etats-Unis directement dans un avenir prochain. Chacun des gestes de son gouver- nement indique que Hitler désire les grandes ressour- ces naturelles de l'Amérique du Sud.

Dans notre propre intérêt et en raison de notre ad- miration et de notre amitié pour les Etats de l'Amérique du Sud, de l'Amérique centrale et du Mexique, nous sommes obligés de les aider contre toute conquête ve- nant de l'extérieur ou de l'intérieur.

M. Pittman a conclu à la nécessité de faire con- fiance au président. « Il n'y aurait pas le temps suffisant, dit-il, pour envoyer des soldats pour participer à la guerre actuelle, même si nous le dé- sirions, mais le président et le Congrès n'ont pas un tel désir ou une telle intention. »

M. Roosevelt reçoit un nouveau message du Duce

On télégraphie de Washington H

Le département d'Etat annonce que M. Kirk, chargé d'affaires américain à Berlin, actuellement à Rome, reviendra aux Etats-Unis par le clipper de Lisbonne pour prendre ses vacances.

M. Early, secrétaire du président, interrogé à ce sujet par les journalistes, a indiqué que M. Roosevelt avait reçu. un nouveau message de M. Mussolini, ajoutant qu'il se produisait un échange de message presque incessant entre le président Roosevelt et les chefs d'autres gouver- nements.

La flotte américaine à Honolulu

On télégraphie de Washington

Le département de la marine annonce que la flotte restera à Honolulu jusqu'à nouvel ordre, sans donner d'autre explication.

Bombardement allemand d'un cimetière américain en France

!Les journaux américains reproduisent une cor- respondance du front français rendant compte du bombardement par l'aviation allemande d'un cimetière américain en France. Il s'agit du cime- tière américain de Romagne, lit-on, dernière demeure de 25.000 des nôtres tombés sur les champs de bataille de l'Argonne pendant la pre- mière guerre mondiale.

EN GRANDE-BRETAGNE

Audiences royales

On télégraphie de Londres, le i" juin :

Le rpi a tenu un conseil privé avec M. Neville Chamberlain, lord Denman, Sir Lancelot Sander- son et Sir William Jowitt.

Il a reçu le général Sir Edmund Ironside, à la suite de sa nomination comme commandant deâ forces intérieures, et M. Hugh Dalton, ministre de la guerre économique.

L'appel de deux nouvelles classes

L'appel de deux nouvelles classes de .conscrits anglais au mois de juin portera à 2.800.000 le nombre des jeunes gens appelés sous les dra- peaux. Certains d'entre eux recevront des affec- tations spéciales dans les industries de l'arme- ment.

Ce chiffre ne comprend naturellement ni les effectifs des armées régulière et' territoriale, ni la marine, ni l'aviation, ni les antiparachutistes dont 4OO.0OO se sont déjà enrôlés.

EN ROUMANIE

Renforcement des mesures de sécurité

On télégraphie de Bucarest, le 31 mai :

Le décret-loi pour la mobilisation économique de la nation en temps do paix signé jeudi par le roi Carol, et que le Temps d'hier a annoncé aux Dernières nouvelles, assure à l'Etat }é contrôle de l'économie nationale tout entière.

Ce sont de véritables pouvoirs dictatoriaux qui sont ainsi conférés au ministre de l'économie na- tionale. D'autre part, le gouvernement roumain exerce un contrôle de plus en plus rigoureux sur les étrangers résidant dans le pays. Tous ceux qui ne peuvent justifier leur présence sont conduits à la frontière. En une seule journée, trente expul- sions ont été effectuées, dont quatre Allemands et cinq Italiens* ^

Les opérations militaires

LA BATAILLE AUTOUR DE DUNKERQUE

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Aucun événement considérable ne s'est pro-. duit dans le Nord, depuis vingt-quatre heures.; C'est une constatation extrêmement réconfor- tante, quand oni pense aux conditions d'une lutte où les restes des armées alliées du Nord ont à résister à l'action concentrique, de forces très supérieures.

Le camp retranché de Dunkerque, très bien organisé et placé sous l'énergique comman- dement de l'amiral Abrial, résiste à la pres- sion ennemie. La garnison a été renforcée de deux grandes unités françaises, en très bon état, qui appartenaient à l'armée Prioux et ont pu rejoindre Dunkerque.

Les marines française et britannique, fai-. sant preuve d'autant d'activité que d'abné- gation, continuent à se multiplier, agissant par le feu des navires de guerre contre les troupes allemandes sur le littoral, amenant vivres et munitions, et transportant vers la côte anglaise tous les éléments qui ont pu être dégagés de la bataille.

Les aviations des deux nations alliées se dépensent avec un dévouement sans bornes,; apportent aux troupes une aide inappréciable, attaquent les formations de bombardement allemandes et frappent les colonnes qui en-, travent le repli de nos unités.

Les Allemands ne paraissent pas avoir; mené d'actions particulièrement violentes ayee leurs forces terrestres. Mais ils renouvellent sans cesse leurs bombardements " par'avions contre les bâtiments alliés; ils posent des mi-, nés de toute nature et mettent en oeuvre des vedettes lance-torpilles. Mais malgré toutes ces tentatives faites en vue de détruire les navires alliés ceux-ci ont pu continuer leurs opéra-, tions avec des pertes assez légères.

Ainsi, la défense du camp retranché de" Dun-. kerque s'est renforcée. Malheureusement, une fraction importante de l'armée Prioux n'est pas encore parvenue à Dunkerque. On peut se de- mander si la route ne lui a pas été coupée. On est sans nouvelles du général Prioux.

Sur la Somme. Vennemi a adopté unie attitude beaucoup plus active que celle qu'il avait eue jusqu'ici. Hier il a exécuté, sur la rive nord* une attaque locale appuyée par l'artillerie, et qui a échoué. Il a renouvelé sa tentative sur le même point, dans la soirée, en utilisant .cette fois des chars. Il a été encore repoussé.

Au cours des événements de ces trois der-; nières semaines, les mouvements du groupe d'armées du Nord n'ont pas été révélés par le commandement, à cause: de l'importance atta- chée au secret de toutes les dispositions d'ordre militaire. Actuellement encore, on ne connaît que dans ses très grandes lignes l'historique des opérations en Belgique, Jusqu'à plus ample informé, voici comment, dans l'ensemble, elles paraissent se présenter.

Très peu de temps après que la Belgique eut fait appel au concours des armées française et britannique pour coopérer à sa défense contre l'agression: allemande, notre groupe d'armées de gauche, comprenant une partie du corps expé- ditionnaire britannique

abandonnant ses fortifications, comme l'a fait connaître, dans ses déclarations du 21 mai, M. Paul Reynaud, se porta dans la plaine belge.

Quand il parvint dans la région est de Bruxelles, la défense du canal Albèrt était déjà] tombée. Il prit alors position, sur la Gette, à la date du 13. Son front s'étendait, en y compre- nant l'armée belge, d'Anvers à Sedan.

La sûreté des forces alliées dè Belgique exin geait que leur droite et leurs arrières fussent solidement couverts sur la Meuse, qui, de Namur à Sedan, forme un flanc débordant dé plus de 100 kilomètres. Nous ne connaissons pas exactement les conditions dans lesquelles la position de la Meuse put être forcée par les Allemands. Le com mandement comptait sans doute sur les retards que devaient causer à: l'avance ennemie les destructions préparées par les Belges, dans le massif forestier des Ardennes. Mais ces destructions ne purent être effectuées. D'autre part, aucune entente n'avait

Eu être réalisée à l'avance avec l'état-major,

belge, pour fixer dans le détail leê dispositions à prendre en commun pour tenir la ligne de la Meuse. Un certain désordre a certainement résulté de cette absence de prévisions. Il a été accru par la surprise causée par l'arrivée im-. prévue des colonnes blindées allemandes.

Jusqu'au 15 au matin, le commandement ne paraît pas avoir considéré la situation sur la Meuse comme vraiment dangereuse. C'est le soir de ce jour, après la percée des forces mé- caniques ennemies, près de Dinant, et leur avance profonde, à l'ouest de Sedan, que fut donné au groupe d'armées de Belgique l'ordre général de repli.

La 9° armée, qui tenait la Meuse, de Sedan à' Dinant, était très éprouvée. Il est probable, que des forces ont été promptement remontées pour garder la Sambre, face au sud, de Namur à Maubeuge, en vue de couvrir lé flanc droit des armées en retraite.

Celles-ci, de la Gette à la Somme, avaient à parcourir près de trois cents kilomètres. Le 17, les arrière-gardes repoussent une attaque en- nemie à Louvain. Le 18, Bruxelles et Anvers sont abandonnés.

Nous ne savons pas comment se sont opérés les mouvements de repli. L'armée belge .paraît avoir pivoté autour de Gand, puisqu'on la re- trouve, le 20, derrière l'Escaut, là gauche à cette ville.

Pour utiliser le plus grand nombre possible de routes, le groupe d armées était forcé de s'étaler sur un large front. C'est sans doute la raison pour laquelle sa gauche se trouvait sur le front de Cambrai-Arras, quand le mouve- ment dut être suspendu, le 20, à la suite de l'avance des colonnes motorisées allemandes vers la côte, sur la rive droite de la Somme.

Quand la bataille des Flandres s'est engagée, le groupe d'armées alliées occupait donc un profond saillant, dont la base, le long de la côte, allait de Gand à l'ouest de Boulogne, et dont la pointe allait jusqu'à la Scarpe.

Deux circonstances funestes expliquent la tournure particulièrement grave prise par les événements. D'une part, la droite alliée, débor- dée par les forces mécaniques, ennemies, à l'ouest de Boulogne, n'était appuyée à aucun obstacle solide. De l'autre, la partie gauche du dispositif s'effondra brusquement, à la suite de la capitulation belge acceptée par le roi Léo-, pold.

LE SURVOL DU TERRITOIRE SUÉDOIS

On télégraphie de Stockholm :

Un grand avion étranger a survolé le territoire suédois (province de Vaesterbotten), près de la' frontière norvégienne.

La D. C. A. suédoise a tiré contre cet avion qui se trouvait à 800 mètres d'altitude. L'avion dis- parut alors dans la direction de la Norvège.

Un autre télégramme de Stockholm dit

A la demande du gouvernement suédois, la; Reich a examiné les cas où l'on a signalé le sur-* vol du territoire suédois par les avions alle- friands. Le gouvernement allemand a pu assurer, d'après les rapports, qijg les survola n'ont oa» kété intentionnels.