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Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1940-01-29

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 29 janvier 1940

Description : 1940/01/29 (Numéro 28625).

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

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Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

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Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/01/2011

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TONDATEUB. S A.u0-ust© NEPPTZBR (isai)

ANOIENB DIRECTEURS I ^ Adrien. XïÉBR-AJFtr) (1837-1914)

Htaiil© HiMRARD (leis-iezs)

.A-drien. H"Fi"RR,AJ5,X3 1025-1020) T, OUÏS-3S»TIT iT 1 (1929-1831)

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CHÈQUE POSTAL s Paris, Numéro 60

SOMMAIRE

PAGE 2

L'Agression soviétique contre la Finlande. - Nou- velles de l'étranger. - Académies-?-. Echos et informations. - A l'Hôtel-de-Ville.

« La Palu », roman (N° i.) JEAN BOSC.

PAGE 3

Nouvelles du jour. - Vie économique. - Théâtres. Cinémas. - La T. S. F. - Le Temps financier.

PAGE 4

LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - "Les Opé- rations militaires.- r : ' ? ... ' >' V \- Lettre de Suisse : le président Motta, EDOUARD CHAPUISAT.-. Chro- nique théâtrale, ROBERT KEMP.

Paris, le 28 janvier 1940

BULLETIN DU JOUR

LE DISCOURS DE M. WINSTON CHURCHILL

Le discours prononcé hier à Manchester par M. Winston Churchill traduit en termes im- pressionnants la volonté du gouvernement et des peuples de l'empire britannique de pour- suivre courageusement la guerre jusqu'à sa conclusion logique, qui est l'anéantissement de la tyrannienazie et. la victoire du droit et de la liberté* pour tous. Le premier lord de l'ami- rauté, dont on connaît la manière franche et parfois rude d'exprimer toute sa pensée, est certainement l'intérprète du sentiment de la nation britannique entière quand il rend hom- mage aux efforts déjà accomplis et quand il souligne la nécessité d'en accomplir d'autres plus grands encore, quand il appelle tous les hommes du Royaume-Uni et de l'empire au travail et à la bataille pour la plus juste, la plus noble des causes. C'est un langage fier qui sera compris par un grand peuple qui sait pourquoi il se bat et qu'anime, comme il se doit aux heures graves de l'histoire, le plus pur. esprit de sacrifice.

Les Allemands n'ont pas caché que leur in- tention est de détruire l'empire britannique, de ruinèr à jamais la puissance britannique ' dans le monde. Avec ce défaut de sens psy- . chologiquë qui les caractérise, ils ont cru , qu'une telle menace pouvait intimider les An- ' glais et les faire hésiter à aller jusqu'au bout de leur devoir envers eux-mêmes et envers les autres. C'est la même erreur de calcul, mais . encore aggravée, que celle commise par les dirigeants du III" Reich lorsqu'ils ont fondé tout leur jeu politique et diplomatique sur l'espoir insensé qu'il leur serait possible de dissocier : l'Angleterre d'avec la France et sur l'illusion, systématiquement entretenue par M. von Rib- bentrop, que les deux grandes démocraties occidentales n'interviendraient, pas si la Polo- gne était l'objet d'une agression non provo-

3uée et s'inclineraient devant le fait accompli 'un nouveau coup de force dans l'Est euro- péen". Tout la ressentîmënt dés maîtres de^ l'Al- lemagne nazie contre l'Angleterre 's'explique uniquement par la cruelle déception que leur a value, le fait que: leurs propres calculs se sont révélés totalement faux à la lumière des évé- nements. Leur haine pour le peuple anglais et son gouvernement et leur intention hautement proclamée de détruire la puissance britanni- que dans le monde n'ont pas eu d'autre effet jusqu'ici que de convaincre les peuples du « Commonwealth » que réellement dans cette guerre imposée par l'Allemagne à l'Europe ils défendent leur propre existence et leur propre liberté. Ainsi les Allemands eux-mêmes ont fourni l'argument décisif de l'effort britanni- que, ont créé en Grande-Bretagne la mystique patriotique sans laquelle l'évolution des esprits n'eût peut-être pas été possible de l'autre côté de la Manche. La haine allemande est certai- nement un des éléments essentiels de la réso- lution inébranlable des Anglais de soutenir la lutte jusqu'à la victoire finale.

Cette victoire, aucun esprit averti ne peut en douter. M. Winston Churchill a tracé hier, à Manchester, une fois de plus, un large ta- bleau des résultats acquis après cinq mois d'hostilités. Certes, il ne sous-estime pas la puis- sance de l'ennemi - la plus grave erreur que l'on puisse commettre est de croire que l'Alle- magne soit déjà chancelante, - mais il a constaté que d'ores et déjà M. Hitler a perdu sa meilleure chance. Gela ressort clairement, en effet, de la situation telle qu'elle est connue. Le Reiçh a dès à présent perdu la guerre sur mer. Sa campagne de sous-marins et sa cam- pagne des mines ont échoué. Il a perdu la moitié des sous-marins, dont il disposait au premier jour des hostilités et il n'a pas réussi à paralyser le ravitaillement et le tra- fic maritime normal des alliés. Non seulement ce trafic n'a pas été réduit, mais il s'est accru. Au contraire le commerce allemand a disparu des mers, les importations allemandes de ma- tières premières indispensables à la conduite des opérations militaires se. trou vent considé- rablement réduites et les exportations alle- mandes, par lesquelles le Reich se procurait encore des. devises, sont tombées presque à zéro. En fait, après cinq mois de guerre, l'Alle- magne a virtuellement perdu la partie sur les océans, tandis que, grâce. aux armées fran- çaises, auxquelles M. Winston Churchill a rendu un vibrant hommage, elle a été réduite à. l'inaction sur le terrain militaire. Faisant allusion à ceux qui s'étonnent que l'Angle- terre n'ait.pas encore été l'objet d'une attaque massive de l'aviation ennemie, le premier lord de l'amirauté , a ditque lui . aussi se demande si l'Allemagne se réserve en vue de quelque « orgie d'horreur », ou si simplement jusqu'ici elle n'a pas osé, redoutant la qualité . supé- rieure des appareils de combat britanniques.

M. Winston Churchill n'a pas hésité- à trai- ter la question de savoir si la Grande-Bretagne n'aurait pas dû prendre l'initiative de l'attaque. II . estime que la politique de guerre suivie jusqu'ici a été la bonne, car pendant ces cinq mois de répit relatif la préparation des alliés a pu réaliser d'énormes progrès. Alors que l'Allemagne avait consacré toutes ses ressour- ces à préparer la guerre au cours des trois, dernières années,. l'Angleterre, au premier jour dès hostilités, était en dessous de ses moyens de défense. Actuellement les réserves, ^alle- mandes de matériel et de main-d'oeuvre ne peuvent plus être très considérables, tandis que la Grande-Bretagne met en oeuvre toutes ses possibilités pour adapter à la guerre son activité générale. M. Winston Churchill a dit que ce n'est pas à présent le temps des aises et du confort, mais « le temps d'oser et d'en- durer ».. Sa thèse est - et il faut l'apprécier à toute sa valeur - que l'Angleterre et la. France, une fois qu'elles seront mises complè- tement en mouvement, se révéleront beaucoup plus fortes que l'Allemagne hitlérienne. Il a ajouté que « la Grande-Bretagne n'a pas l'in- tention d'attendre, indéfiniment les coups de l'ennemi », et qu'il espéré que le jour viendra où M. Hitler se demandera quel coup il va recevoir et où il sera porté. Il sera intéressant de noter les réactions que le discours du pre- mier lord de l'amirauté ne peut manques d? provoquer à Berlin.

BILAN IMPERIAL

Nous entrerons bientôt dans le sixième mois de la guerre. Si l'on dresse .le bilan des cinq mois écoulés au point de vue diplomatique et militaire, on peut dire qu'il autorise tous les espoirs; si l'on dresse ce bilan au point de vue « impérial », on doit dire qu'il les réalise. D'ores et déjà la solidité de l'empire français en période d'hostilités, le parfait loyalisme de ses populations ont le caractère d'un résultat acquis, d'un fait qui ne sera pas remis en question, d'une réussite totale et définitive; et nous avons le droit de les considérer non plus comme de^ inconnues, mais bien comme des données du problème.

La France apparaît donc, une fois pour! toutes, comme une entité impériale forte de l'unité et de l'indivisibilité de la métropole et des peuples placés sous sa tutelle, - unité et indivisibilité qui, ceci est capital, ne doivent rien à la contrainte, doivent tout à une libre et même enthousiaste adhésion de nos sujets et protégés. La solidité de l'empire français n'est pas due à une action préventive ou ré- pressive de la métropole, s'imposant unilatéral- ement par voie d'autorité, mais à un libre choix des peuples d'allégeance française, à une sorte de plébiscite muet. Les populations de l'empire ont pris le parti de la France.

La portée de ce fait est incalculable. En temps de guerre uni empire ; hésitant ou peu sûr pourrait être un fardeau ; un empire loyal et résolu apporte un surcroît de ressources" de ' telle ampleur et de telle importance qu'il cons- titue à lui seul une promesse de victoire. Nous n'avons pas à étayer ou soutenir la massé' des Frances d'outre-mer; nous pouvons au con- traire nous appuyer sur elle, en attendre un concours qu'elle ne nous ménage pas., un secours qu'elle nous prodigue. L'empire né met à notre charge aucun élément de passif, et verse au contraire à notre actif une somme de valeurs positives qui, au triple point de vue des effectifs, des facilités stratégiques et de l'apport économique, fait à elle seule pencher de notre côté la balance des forces en présence^

Un tel résultat, décisif, répétons-le, est dû d'une part à la sage politique "coloniale. dé la République, et d'autre part au caractère libéral et humain de la cause que nous défen- dons. Les grands coloniaux auxquels nous de- vons l'empire n'ont jamais envisagé lès rap- ports entre Français et indigènes autrement que sous l'angle de la politique d'association, c'est-à-dire de la collaboration entre puissance protectrice et peuples protégés, dans l'intérêt de ceux-ci, aussi bien que de celle-là et sur un pied de parfaite égalité raciale, la préro- gative de la métropole ne s'autorisant d'aucun « droit divin ». de conquérant ou de colonisant, mais d'une supériorité de civilisation qui, à vrai dire, impose autant d'e devoirs qu'elle con- fère de droits. De cette politique-là 1& France ne s'est jamais; départie elle a.'ainsi semé au cours d'un siècle # .plus une confiance èt une gratitude dont elle récolte aujourd'hui les'fruits magnifiques. - , ./ ' , , , V .. .

Mais ici confiance et .gratitude n'expliquent pas tout, et il ne suffirait-pas que nos popu- lations indigènes acquittassent une dette pour que leur adhésion à notre cause revêtît l'una- nimité et la ferveur que nous constatons. En réalité, notre cause est la leur;, elles, savent qu'en combattant pour nous elles combattent pour elles-mêmes et que si par malheur nous venions à succomber ce serait pour elles beau- coup plus encore que pour nous l'esclavage, l'oppression, le retour aux pires servitudes. Champions de l'égalité des hommes, nous ne le sommes pas moins de l'égalité des races, et ce que le régime nazi a fait des Allemands eux- mêmes ne permet pas d'envisager sans frémit ce qu'il ferait de nos indigènes. Ceux-ci le savent, et agissent en conséquence.

Une telle conscience de la communauté d'in- térêts qui les lie à nous ne diminue pas la va- leur de leur concours; elle montre seulement que la politique d'association a eu pour abou- tissant et couronnement une association tout court. Elle ne :tendait pas à autre chose, et trouve dans les tragiques et grandioses cir- constances actuelles sa parfaite justification' en même temps que sa merveilleuse; ^récom- pense. . ;is , ;

L'ORGANISATION DE L'EUROPE FUTURE D'APRÈS UN JOURNAL SUÉDOIS

Stockholm, 27 janvier.

Le Social Demokraten publie un éditorial fai- sant ressortir que les offensives de paix qui se sont produites périodiquement se sont dissipées en fumée en- présence de la ferme volonté dès, démocraties occidentales.

Un traité de paix qui consacrerait la disparition définitive de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, .ainsi que l'absorption de l'Autriche, laisserait aux ambitions de conquête des pays autoritaires un vaste champ d'ac- tion pour l'avenir, dont les neutrès seraient les'pré-- mières victimes. .' >

La propagande allemande, en présence de cette atti- tude, a cherché à insinuer que la Franoe et l'Angle- terre aspirent à détruire l'Allemagne, à la ramener à l'époque du traité de Westphalie ou du congrès de Vienne. Il est de la plus haute importance de se faire, dès à présent, une idée de la manière dont les diri- géante des grandes démocraties entendent organise' l'Europe future.

Doit-on croire que cette Europe nouvelle, rêvée par MM. Daladier et Chamberlain, ressemblera à celle que Hitler aspirerait à diriger du haut; de sa demeure de Berchtesgaden? Sur ce point, nous avons des indi- cations.

Dan6 60n discours au, Sénat français, M. Daladier a nettement laissé entrevoir la possibilité d'établir un lien fédéral entre les nations européennes.-Ainsi, on peut constater que, pour les démocraties,. la guerre n'est pas une fin en soi, mais que la paix, une paix juste, reste le but vers lequel tendent leurs énergies. Le peuple français-a montré, par l'accueil qu'il a réservé ;aux paroles du président. Daladier, qu'il était prêt à- partager, cette idée. Cela ne,,doit pas nous surprendra, étant donné que l'opinion en France, du moins depuis dix ans, s'est toujours montrée favorable à de pareils projets, alors que les gouvernements français jusqu'à présent ont fait preuve d'une circonspection qui a parfois provoqué de l'étonnement.

Le Social '' Demokraten constate que les idées de M. Daladier ont eu uriÇsympathique écho en Angleterre, et rappelle à cet égard les articles de MM. Wickham Steed, Harold Nicholson, Wells, Norman Angell, etc. .

Après avoir analysé un article de Norman Angell, paru dans le Reynold News, qui constate ijue l'Allemagne a pratiquement soulevé contre elle toute l'Europe non germanique, le Social Demokraten écrit que les divers traités conclus récemment, soit par la France, soit par la Grande- Bretagne, soit par les deux pays simultanément, et toujours en plein accord, tels que le traité commercial franco-belge, le traité ae commercé anglo-suédois, le traité anglo-franco-turc, etc., n'ont jamais eu pour objet de causer du tort, à des tierces puissances, mais ont affirmé solen- nellement que tous les pays désireux de coopérer loyalement avec les pays signataires pouvaient participes à l'accord.,

Le silence impossible

...J'avais noté, pour ce' message hebdomadaire, deux ou trois sujets d'article possibles, qu'il me faut pourtant différer. J'ai dans l'esprit un grand tourment, dont je ne ferais point part, s'il, n'était personnel qu'à moi; mais je le vois partagé par d'autres, et il y a lieu d'en faire état... On nous dit, à nous, de l'arrière : « Continuez à travailler, remplissez votre tâche, poursuivez votre activité, là où vous êtes, ce sera votre façon de servir et de pousser à la roue... » D'accord, et si ce- n'est pas commode et agréable tous les jours, l'incon- vénient-est peu de chose. Mais, tout de même, il y a des moments où il est absolument intolérable de se sentir si peu en guerre,'si peu participant, de fait, à l'effort actif de la guerre; et, par son silence à son égard, d'avoir l'air d'être comme si elle n'existait pas, ou comme si elle se'menait sur une autre planète. Et voici la difficulté : en par- ler; les soldats n'aiment pas, cela, n'admettant ni d'être loués de ce qu'ils font, ni d'êtreplaints de ce qu'ils souffrent; mais ne rien dire,. :ou parler d'autre chose, est également impossible. D'autant plus qu'en fait il n'y a rien à dire, vu qu'il ne se passe rien, et qu'on ne sait rien, si ce n'est qu'il nous faut à tous attendre et avoir confiance en se taisant. L'alternative est donc d'un silence à soi-même odieux s'il peut être interprété comme le signe de l'indifférence - ou d'un verbalisme aussi haïssable, câr dès qu'on entend. pérorer, prophétiser, discuter et affirmer les gens élo- quents et Qui, ne sachant rien, veulent se donner rail" de tout savoir, si pacifique que l'on soit, on a envie de leur arracher'la langue ou de la leur rentrer dans la gorge, sans aucune, sorte .de ména- gement.. „ ' -

Qué dire, dans Ces conditions ? Y pensèr tou- jours, n'en parler jamais, suivant la formule célè- bre; ? Cela ne suffit guère, quand on voit précisé- ment que c'est une formule commode à certains "pour prendre leur parti des choses, et s'y installer, jep attendant qu'elles s'arrangent. Un certain optimisme béat est aussi détestable qu'un pessi- misme systématique. Le fait est que nous ne souf- frons pas - ou, si vous voulez, pas encore - des maux innombrables de la guerre totale dont on nous avait menacés. Nous ne souffrons que par personnes interposées, amis, parents ou anonymes, qui au front, sous les armes,veillent, gardent, com- battent, ou se gèlent, d'un froid sans comparaison avec celui qui occasionne nos pituites et nos enge- lùrés, au coin de nos mirus et de nos salamandres.' Que faire pour eux ? Ne pas les plaindre avec des phrases qui ne coûtent rien, puisqu'ils n'aiment pas cela; mais surtout ,ne pas sous-estimer leurs maux véritables en nous plaignant sans fin nous- mêmes de nos misères'vénielles. Et, somme toute, ne^ pas accepter, ne pas nous laisser devenir; mal- gré nous, absents de la guerre en l'écartant de nos pensées. Peut-être bien que l'ennemi, fertile èn ruses, compte aussi sur cette espèce d'absen-, téisme pour dissocier nos forces, désagréger len- tement l'union de l'arrière et de l'avant, inéga- lement intéressés aux jeux et dangers- de- la! guerre... Il suffit d'être prévenu; et ceci s'adresse moins d'ailleurs au soldat, dont le devoir précis est défini, qu'au civil, qui chaque jour et à toute occasion doit de lui-même entretenir sa discipline; vérifier ses résistances et recharger ses. accumu- laieurs...

,<i.' - - -i-'- ? ? ???? ...... ^

ji ' Peu de .choses, dans. ce qu'on écrit, font- ên ce moment plaisir à lire, à ceux du moins qui ;il^ lisent pas pour être distraits, ou pat; curiosité. . méthodique.Maisj'ai vu hier, dans les Nouvelles littéraires, des réflexions de M. G. de La Varende, qui'm'ont ému, car le thème en'étàit-voisin de celui qu'on évoque ici, sur les relations du civil et du militaire en temps de guerre, là disproportion: des efforts, et la solidité de l'armature intérieure; sur laquelle repose l'armée. M. de La Varende vît près de la terre paysanne, dont il connaît les durs; travaux, les exigences et les lois. C'est en regar- dant un laboureur silencieux, obstiné et sans ; plainte, peinant tout le jour sur son sillon pour une récolte hasardeuse et lointaine, qu'il a trouvé, l'exemple et la morale à proposer : < Le problème, dit-il, n'est pas en face des autres. Il reste en face: de nous-même. Il se pose ainsi : Avez-vous au-, jourd'hui accompli une oeuvre qui vous permette de relever le front ? Etes-vous digne du risque î qu'on va courir pour vous, .dans la nuit qui; tombe ?... » Il faudrait être bien content et bien sûr de soi pour répondre affirmativement. Mais se J poser seulement la question, de temps en temps, i avec modestie et sincérité, ce ne serait pas toujours î inutile, pour interrompre la prescription et nous remettre en face de la guerre.

?' EMILE HENRIOT.

Avant la conférence de l'Entente balkanique

La pression allemande

On télégraphie d'Amsterdam :

La prochaine conférence ' de l'Entente balka- nique, à Belgrade, doit clarifier, selon les milieux

folitiques allemands, la position des quatre Etats alkaniques fédérés-: Yougoslavie, Roumanie, ! Grèce et Turquie, à l'égard des trois autres .pays balkaniques : Italie, Hongrie et Bulgarie.

Conformément aux désirs exprimés à plusieurs ; reprises par le Kremlin à la Wilhelmstrasse, les ) dirigeants nazis font savoir de nouveau, à cette . occasion, que l'idée d'un bloc neutre des Etats balkaniques n'a jamais été envisagée d'un bon oeil i' à Berlin. ' t 1

A ce sujet, la Turquie est attaquée dans toute la .presse .nazie qui, d'autre part, accuse la France et l'Angleterre de vouloir entraîner les Etats bal- kaniques dans le conflit pour « élargir le champ ' de bataille ».. y' ? -'

On sait que cette notion d'élargissement du champ du conflit est la traduction dernière, en style national-socialiste, de la peur du blocus. Il est in- terdit maintenant aux journaux allemands de men- tionner cètte crainte, et les publicistes nazis ont trouvé cette nouvelle formule pour exprimer d'an- ciennes et vivaces appréhensions. La Turquie est accusée dans la National Zeitung d'Essèn, de. vop» loir obtenir la garantie mutuelle des États balka- .niques, non seulement pour leurs frontières réci.- ' proques, mais- aussi pour leurs frontières aveç ' d'autres Etats.non balkaniques. Ainsi,-la Roumanie, par exemple, serait garantie par tous les Etats de l'Entente balkanique contre une agression ger- mano-soviétique.

« Cela signifierait, écrit d'une façon catégori- que l'organe du maréchal Goering, que l'Entente balkanique pourrait être mêlée à des conflits sire tués èn dehors de sa sphère politique, »,

La presse nazie consacre de nombreuses consi- dérations à l'attitude de la Roumanie. Le corres- pondant à Bucarest de la National Zeitung dit tenir de source roumaine « exceptionnellement bien informée et compétente » que la Roumanie essaiera, à la conférence de Belgrade, d'obtenir une déclaration de neutralité.

De la même source très compétente, le corres- pondant nazi dit savoir que la Roumanie s'efforce d'obtenir de la Yougoslavie une attitude com- mune envers les problèmes soulevés par lés de<- mandes hongroises de revision.

Il est à noter que les journaux nazis renfor- cent actuellement leur pression sur les Etats neu- tres pour les amener a sortir de la Société des nations, et qu'ils ne cachent pas leur désir de voir le prôblème discuté par la' prochaine "conférence de 1'Entente balkanique.

LES OPÉRATIONS I MILITAIRES

COMMUNIQUÉS OFFICIELS FRANÇAIS DU 27 JANVIER (SOIR)

Rien à signaler.

DU 28 JANVIER (MATIN)

Rien à signaler.'

SUR MER

Un pétrolier hollandais heurte une mine

On mandé d'Amsterdam, le 27 janvier :

Le pétrolier à moteur hollandais Mamura, jau- geant 8,215 tonnes, de la compagnie La Corona (filiale de la compagnie des pétroles Royal Shell), a heurté, vers 14 neures, une mine, à une distance d'une heure, et demie des Downs.

L'explosion, quoique très violente, na pas occa- sionné le naufrage du navire, qui essaiera de ga- gner les Downs par ses propres moyens, '

Le Mamura, qui avait à son bord- quarante-cinq membres d'équipage, faisait route, .de Curaçao vers Rotterdam.

Sans nouvelles du « Sylvia »

On mande de Stockholm, le 27 janvier :

Les armateurs du vapeur Sylvia (2,300 tonnes) sont sans nouvelles du navire, qui a quitté Hull le 9 janvier, pour son port d'attache, Goeteborg. Les recherches, le long de la côte norvégienne, sont restées sans résultat.

On craint que le Sylvia n'ait été victime dun accident. Son équipage se compose de vingt hommes.

Naufrage d'un chalutier

. On télégraphie, de Tokio, le 27 janvier :

Le chalutier anglais Merisia a heurté, la nuit dernière, des récifs près de Ramsey (île de Man). Les douze membres de son équipage sont consi- dérés comme perdus.

L'incident de I1 « Asama-Maru »

La réponse du gouvernement britannique

On télégraphie de Tokio, le 27 janvier :

Le bureau d'information du ministère des affai- res étrangères a publié le communiqué suivant touchant l'entretien du ministre avec l'ambassa- deur de Grande-Bretagne à propos de l'incident de l'Asama-Maru.

L'ambassadeur de Grande-Bretagne a remis au mi- nistre des affaires étrangères une note contenant la réponse-du; gouvernement britannique à la protestation japonaise touchant l'incident de l'Asama-Maru.

Uflé "discussion de l'ensemble de cette affaire a eu lieu, chaque partie maintenant son point de vue. ii Il.à été décidé d'un commun accord que des échanges de vues seront poùnsùivis lar -semaine prochaine-, et que le texte de la note britannique sera publié simultané- ment à-.Tokio et .à Londres, dans quelques jours.

Commentant l'affaire de l'Asania-Maru, le porte- parole du ministère des affaires étrangères a fait la remarque, suivante :

La note- britannique remise par l'ambassadeur, Sir Robert Craigie, à M. Arita, quoique constituant un do- cument copieux, ne contient rien qu'un exposé juridi- que du point de vue du gouvernement anglais. . Dans l'entrevue qu'il a eue samedi avec l'ambassa- deur, le ministre des affaires étrangères, sans s'attarder à discuter les aspects juridiques de l'affaire, a vigou- reusement attiré l'attention de Sir Robert Craigie sur la position du Japon et a réclamé, de la part du gou- vernement britannique, une revision de son attitude, .d'Un point de vue plus large.

Démenti au communiqué naval allemand

On mande de Londres :

Le communiqué allemand du 27 janvier affir- mait : 1° que « la guerre navale continue à obte- nir des succès considérables pour l'Allemagne »; 2° que plus de 20,000 tonnes ont été coulées dans la journée du 25 janvier; 3° qu'un sous-marin allemand avait coulé deux navires naviguant dans un convoi britannique au large de Porto.

On indique dans les milieux maritimes de Lon- dres que, jusqu'à présent, aucune nouvelle de ce genre n'est parvenue ici. Deux navires neutres, le Gudveig (l.âoo tonnes), et le Everene (4,434 ton- nes), furent coulés ce jour-là par des mines ou des torpilles, mais le premier de ces navires était, norvégien et le second letton, et leur tonnage total est à peu près le cinquième de celui que les Alle- mands prétendent avoir détruit.

L'odyssée du « City-of-Flint »

On télégraphie de Baltimore :

Le cargo américain City-of-Flint a mouillé à midi (heure -locale), dans le port, terminant ainsi une odyssée qui a duré près de quatre mois. > ) On se rappelle que ce navire fut capturé, dans l'Atlantique, par le cuirassé allemand Deutschland et conduit, bar l'équipage de prise,-à Mourmansk, ! en U. R. S. Si, puis dans le port norvégien d'Hauge- sund, où les autorités libérèrent l'équipage amé- ricain et internèrent les Allemands.

Le City-of-Flint séjourna plusieurs semaines , dans. ee port, puis il entreprit un long voyage de ' retour par le nord. Mais il fut encore retardé par une collision avec un vapeur britannique.

Le navire avait quitté New-York le 31 octobre : 1939.

Le contrôle de la contrebande

On dément catégoriquement dans, les milieux officiels britanniques que le contrôle britannique .de la contrebande ait arrêté ou retardé des car- gaisons d'armes ou d'avions ou de pièces déta- chées d'avions à destination de la Finlande, en provenance des pays neutres, et, en particulier, . des Etats-Unis.

! Dans les mêmes milieux on rappelle que le contrôle s'exerce partout, car il est naturellement , essentiel de vérifier la destination de tels envois, mais qu'en ce qui concerne la Finlande, les opéra- tions de vérification sont au contraire considéra- blement accélérées. Le service de contrôle n'a en tout cas. jamais arrêté d'avions ni de pièces déta- chées d'avions. - :

yt RATIONNEMENT EN ITALIE

On mande de Rome, le 27 janvier: i .Après le rationnement du café et du sucre en (Italie, les bruits persistants d'un rationnement prochain d'autres produits de première nécessité pnt déterminé une véritable ruée d'acheteurs dans |es magasins.

: ..Cette situation n'est pas sans préocuper les au- torités fascistes, qui craignent en particulier que les achats- massifs de produits ménagers ne pré- cipitent le.renchérissement de la vie dans la pé- ninsule. Aussi les journaux s'efforcent-ils de ras- surer l'opinion en affirmant que la production nationale est suffisante pour couvrir l'ensemble de la consommation normale. Mais, pour mainte- nir une situation normale, que commande l'inté- rêt collectif, les consommateurs doivent faire montre de discipline. Et les feuilles italiennes d'inviter le public à ne pas accaparer les mar- chandises.

La Stampa déclare que de tous les pays euro- péens, belligérants ou non, l'Italie est celui qui dispose des plus grandes quantités de produits alimentaires, ce qui lui permet d'en exporter dans le-monde pour quelques milliards de lire.

. En ce qui concerne les textiles également, l'Ita- lie n'a pas de préoccupations,

UN DISCOURS DE M. WINSTON CHURCHILL

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M. Winston Churchill a prononcé, samedi après- midi, un grand discours au Free Trade Hall de Manchester, devant une très nombreuse assemblée. Ce discours entre dans le cadre des exposés faits chaque semaine par lés membres du gouverne- ment britannique au peuplé anglais et aux audi- teurs étrangers.

Le premier lord de l'amirauté a montré tout d'abord que l'un des phénomènes les plus remar- quables dans l'histoire de la Grande-Bretagne était

I égalité d'âme avec laquelle le peuple du royaume savait faire face à toute éventualité et accepter l'inévitable, aujourd'hui, et d'autant plus que « cette guerre n'a pas été décidée ou entreprise par un gouvernement, une classe ou un parti ».

Il rappelle que le premier ministre avait en- traîné le pays derrière lui, « comme un seul grand corps dans la lutte contre l'agression et l'oppression, contre les méfaits du manque de bonne foi et de la cruauté, lutte qui ne souffre aucun retour én arrière ».

Il est impossible de prévoir comment la guerre évo- luera; mais le gouvernement est persuadé qu'à la fin le droit remportera la victoire, que la liberté ne sera plus foulée aux pieds, que le progrès le plus réel fera son- apparition dans le monde, et que la justice mieux diistribuée régnera.

Instruit par une dure expérience, j'eus toujours soin de ne pas céder à un optimisme excessif, ou de ne pas me livrer à d'extravagantes,prédictions de succès; mais je crois que vous serez d'accord aveo moi pour penser que, jusqu'aujourd'hui, notre flotte n'a pas déçu la confiance de la nation;

M. Churchill rappelle que le peuple britannique doit se rendre compte que « nous aurions à payer un inexorable tribut pour la maîtrise des mers ».

II évoque les succès remportés dans la guerre maritime : le commerce allemand a disparu des mers; les importations allemandes de matières premières essentielles à la conduite des opéra- tions militaires ont été considérablement rédui- ies; les exportations allemandes sont tombées presque à zéro; la première offensive des sous- marins du Reich a été combattue et le Reich a perdu environ la moitié des submersibles dont il disposait au début du conflit; ses constructions actuelles « jusqu'ici sont restées bien en deçà de ce que nous estimions tout d'abord ».

Le ministre ne doute pas que la menace des mines ne soit grave et que ce ne sera pas sans peine qu'on parviendra à la vaincre. Mais il croit que la Grande-Bretagne dispose, en matière scien- tifique, de ressources supérieures à celles de l'en- nemi et il est convaincu qu'en fin de compte, ce danger disparaîtra. M. Churchill montre en parti- culier que le système de convois fonctionne avec un tel succès que les pertes subies par la flotte marchande britannique sous la protection de son escorte sont inférieures à 1/500.

Le système des convois se perfectionne de jour en jour. Le flot des échanges commerciaux est non seu- lement régularisé, mais accru. Les vapeurs ennemis capturés et les vapeurs construits par le gouvernement britannique ont compensé à peu près les pertes subies par le Royaume-Uni, et de nouveaux renforts vont ve- nir augmenter le tonnage de la marine marchande.

Nécessité du rationnement et de l'effort de production

Le premier lord explique que le système du

-rationnement était ;.nécessaire, car. - il-, convenait

d'économiser le plus possible les moyens de trans- port du pays, afin de les consacrer le plus large- ment possible aux importations nécessaires à la conduite de la guerre et aux exportations qui per- mettent à la Grande-Bretagne de supporter le fardeau des dépenses entraînées par le conflit, « afin que toute l'énergie vitale de la nation bri- tannique, de l'empire et des alliés, puisse être consacrée jusqu'à la dernière once, jusqu'au der- nier pouce, à la .tâche que nous, avons entre- prise. »

Ce n'est pas à présent le temps des aises et du con- fort, c'est le temps d'oser et d'endurer. L'effort natio- nal de la Grande-Bretagne exige de la part du pays l'énergie employée aux activités directes et multiples.

M. Winston Churchill rappelle que chaque homme, chaque femme, a une tâche à remplir, que chacun peut « servir d'une façon ou d'une autre ».

Nous devons labourer la terre et organiser l'agri- culture à la même éohelle au moins qu'en 1918. Nous devons faire croître davantage de plantes comestibles, et nous habituer autant que possible à manger ce que nous pouvons faire croître chez nous.

Le ministre montre qu'il est nécessaire d'éviter la hausse du coût de la vie en simplifiant les besoins de chacun.

Pourquoi l'aviation allemande n'a-t-elle pas encore attaqué l'Angleterre ?

Ici, M. Churchill, traitant de la conduite des opérations, constate que beaucoup de gens se sont étonnés que la Grande-Bretagne n'ait pas encore

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été attaquée par l'aviation ennemie. Il se pose lui-même cette question :

Moi aussi, je me demande si l'ennemi se réserve, en vue de quelque orgie d'horreur qui bientôt s'abattra sur nous, ou si simplement jusqu'ici il n'a pas osé. Est-ce parce qu'il redoute la qualité supérieure de nos appareils de combat? Quoi qu'il en soit, ce n'est pas par humanité que l'ennemi s'est abstenu jusqu'ici de porter les coups les plus terribles à la Grande-Breta- gne.

Une autre question se pose, celle de savoir si la Grande-Bretagne aurait dû commencer elle- même. « Aurions-nous dû, au lieu de démontrer le pouvoir de nos forces aériennes en faisant pleuvoir des tracts sur de nombreuses régions alle- mandes, faire pleuvoir des bombes? » M, Churchill répond : « Je suis absolument certain que notre politique a été la bonne. » En effet, le ministre rappelle que le répit qui fut donné aux alliés a été employé à des préparatifs considérables, et que des progrès « énormes » ont été réalisés à la fois dans les moyens de protection de la popula- tion civile et dans les moyens de contre-attaque

Hitler a perdu sa meilleure carte

Depuis plus de trois ans, l'Allemagne a fait des préparatifs fiévreux, et il est probable qu'elle y em- ploya toutes ses forces et toutes ses ressources, en sorte que ses réserves de main-d'oeuvre ou de matériel ne peuvent être très considérables. Sa marge disponible est nécessairement inférieure à celle des alliés.

Au contraire, la Grande-Bretagne était au-dessous de ses moyens quand la guerre a commencé. Il fallait transformer radicalement la vie du pays pour l'adap- ter à la guerre. Pourtant, il y avait encore en Angle» terre 1,300,000 chômeurs, dont la moitié au moins, avaient un rôle à jouer. Le gouvernement s'emploie au-i jourd'hui à les intégrer dans l'activité du pays.

Pour toutes ces raisons, je ne doute pas que ces mois supplémentaires de préparation ne nous aient été un don du ciel et que, quoi qu'il advienne dans l'avenir, pourvu que nous ne relâchions pas notre vigilance* Hitler a perdu déjà sa meilleure chance.

L'expansion considérable de la main-d'oeuvre, parti- culièrement des ouvriers spécialisés et semi-spécialisés, sera nécessaire : des millions de travailleurs seront nécessaires et plus d'un million de femmes devront être embauchées dans l'industrie de guerre : munitions, aviation, eto.

Si les syndicalistes, pour des considérations patrioti- ques, par scrupule de conscience, mettent de côté pour la durée de la guerre certains usages professionnels qu'ils ont élaborés avec tant de soin, ils ne doivent paa craindre que ceux-ci ne leur soient complètement res- titués après la victoire.

Sans l'extension du travail, poursuit M. Churchill, et sans permettre aux femmes de la Grande-Bretagne d'entrer dans la lutte, nous faillirions totalement à sup- porter notre part du fardeau que la France et la Grande-Bretagne ont assumé ensemble et que nous devons maintenant conduire jusqu'au bout, si nous ne voulons périr misérablement dans l'esclavage et la ruine.

Le premier lord de l'amirauté exprime son ad- miration pour la quasi unanimité avec laquelle les contribuables britanniques ont accepté « un budget si lourd, si féroce, qu'il a modifié de façon décisive le mode de vie des citoyens ». En vérité, affirme-t-il, dans le domaine financier, le chance- lier de l'Echiquier est en train de construire une véritable ligne 'Maginot de force financière et de confiance. »

M. Churchill est intimement persuadé que l'Al- lemagne impériale de 1914 était une plus forte communauté'que l'Allemagne d'aujourd'hui.

Le régime de partisans hallucinés que les nazis ont fait naître de la défaite et de la haine peut fonctionner quelque temps aveo une terrible précision, reconnais M. Churchill, mais il reste à prouver s'il a la même solidité et la même puissance en réserve qu'avait l'Alle- magne de l'ex-kaiser. Il nous appartient d'en faire l'épreuve.

Le ministre est également intimement persuadé que l'empire britannique et la République fran- çaise, une fois qu'ils se seront mis complètement en mouvement, se révéleront beaucoup plus forts, physiquement aussi bien que moralement, que l'Allemagne de Hitler.

Donc, allons ! Accomplissons notre besogne. Mettons- nous à la tâche et à la bataille, conclut M. Churchill. Chacun à notre place, chacun à notre mission I Que les rangs des armées s'emplissent; dominons les airs; que les munitions se multiplient à foison l Etranglons les sous-marins ennemis; balayons les mines des mers; labourons la terre 1 II faut construire des navires; il faut veiller à la sécurité des rues; il faut secourir les blessés; il faut encourager les défaillants et honorer les braves 1

En avant I Tous ensemble, dans toutes les parties de l'empire, dans toutes les parties de l'île I II n'y a -plus une semaine; il n'y a plus un jour; il n'y a plus une minute à perdre 1

Incidents

IM. Churchill a été interrompu, au milieu de son discours, par un voix qui criait : « Nous voulons Mosley ! Nous voulons Mosley 1 »

Un peu plus tard, des bruits confus, provenant du fond de la salle, forcèrent M. Churchill à s'in- terrompre pendant quelques minutes, jusqu'à ce que le calme fût rétabli.

LA CONSTRUCTION AÉRONAUTIQUE EN RUSSIE

On mande d'Helsinki :

Un ingénieur américain, qui a résidé pendant longtemps en Russie, a fourni au correspondant du journal finlandais Ilta Sanomat, d'intéressan- tes précisions au sujet de l'évolution de l'orga- nisation de l'industrie aéronautique en Russie au cours de ces dernières années. Voici la substance de l'article du journal finlandais :

« L'U.R.S.S. a commencé à produire des avions en série en 1937. A cette époque, les dirigeants firent appel à quelques ingénieurs américains pour organiser la production. Ils avaient jusque- là bénéficié du concours de techniciens alle- mands, qui durent quitter le pays en raison de l'état des relations germano-soviétiques. v » Sous leur direction, on avait uniquement procédé à la construction dé « Junkers », mais les Soviets se montraient désireux de posséder des avions américains, car ils considéraient l'évo- lution de la technique aéronautique aux Etats- Unis comme particulièrement rapide et satis- faisante. Staline, d'après ce témoignage, tenait personnellement à recevoir des modèles amé- ricains.

» Des licences furent acquises, et la produc- tion commença à la fin de 1937. Les fabriques les plus importantes étaient situées à Voronege, à Moscou et à Taganrog.

» Dans les usines de Moscou travaillent actuel- lement 20,000 ouvriers. A Voronège on en compte 15,000, et à Taganrog on évalue leur nombre à 10,000. Cette* dernière fabrique" se consacre prin- cipalement à la construction d'hydravions.

» A leur arrivée en Russie, les ingénieurs amé- ricains furent frappés de l'ignorance des ingé- nieurs et des techniciens russes en ce qui tou- chait précisément leur Spécialité.

» Ils se rendirent rapidement compte que leur formation technique avait été détestable. Cepen- dant, si les méthodes de travail modernes étaient absolument inconnues dans les usines soviéti- ques, les ingénieurs américains purent apprécier 1 équipement des usines, qui possédaient un ma- tériel abondant et excellent.

» Sous . la direction des ingénieurs étrangers, les Soviets se consacrèrent d'abord à la fabri- cation d'avions d'entraînement. On produisit en- suite des appareils du type « Junker », et, fina- lement, on commença sous la même direction à se livrer à la construction d'appareils sur des plans américains.

» Les usines de Moscou fabriquent des avions de bombardement et des avions de chasse du type « Martin », et à Taganrog on se livre à la construction d'avions du même type que ceux produits en Amérique, à San-Diego. Les moteurs

de ces appareils sont importés des Etats-Unis, l usine fabrique uniquement les cellules.

» L'an dernier, les usines soviétiques reçurent 1,000 moteurs des Etats-Unis, qui furent dé- barqués à Léningrad. L'un des navires qui trans- portaient ce matériel s'étant échoué près de Tallinn, les Soviets réussirent à sauver une par- tie de la cargaison qui leur' était destinée.

» Les avions soviétiques du type américain sont modernes. La vitesse des appareils de chasse est très élevée; mais leur rayon d'action est, en revanche, assez réduit. Les avions de bombarde- ment développent théoriquement une vitesse de 420 kilomètres à l'heure.

» Il est à noter que les Soviets, qui, pour ces appareils, prirent une licence en Amérique, né- gligèrent complètement de se procurer l essence spéciale qui doit être employée comme carburant.

» Ayant souvent utilisé le carburant ordinaire, ils ont pu constater des réductions de vitesse con- sidérables.

» A cet égard, on a signalé récemment les diffi- cultés que les Soviets éprouvaient pour l'appro- visionnement en carburant de cette nature, ajou- tant que les Russes ne pouvaient plus en recevoir que par les pays baltes, et que, par conséquent, toute livraison d'essence spéciale adressée aux pays baltes renforçait l'action des avions soviéti- ques contre la Finlande.

» D'après le même correspondant, les usines dé Moscou produisent également des avions de type russe, mais leur qualité est inférieure. En dépit des nombreux ouvriers sur le chantier, la produc- tion de ces appareils est plutôt faible : on cite le chiffre moyen de trois avions par four.

» L'armée rouge posséderait actuellement do quatre à cinq mille avions de première ligne, cinq mille avions de seconde ligne et trois mille appa- reils dits d'entraînement dont certains d'ailleurs ont un fuselage de bois.

» Contre la Finlande, on estime que les Soviets ont engagé de 22 à 25 formations, soit près de deux mille appareils. Sur cette masse de manoeu- vre, les Soviets ont déjà perdu 250 à 300 appareils} et il est compréhensible que les chefs de l'aviation russe se montrent quelque peu inquiets, étant donné que ce sont les meilleures machines et les pilotes les plus éprouvés qu'ils ont mis en ligne en_ premier lieu. Ce sont ces formations qui ont été frappées par les plus grosse pertes. »

L'ingénieur étranger qui rapporte ces faits émet, en outre, l'avis que l'armée rouge, si elle devait faire face à un autre adversaire plus important, ne serait pas en mesure de faire usage de 1 armée aérienne sur le même rythme qu'elle le fait en Finlande, étant donné que l'U. R. S. S. a déjà en- gagé un tiers de ses forces aériennes dans la guerre actuelle,