Cependant une réflexion s'offre à moi c'est que si le sérieux de la vie est la première chose qui sollicite mon attention, ce n'est peut-être pas seulement parce que cette proposition naît pour ainsi dire de la question; c'est aussi et surtout peut-être parce qu'elle répond à une des préoccupations les plus pressantes de ce temps. Je me suis recueilli en moi-même pour méditer, mais je ne veux pas pour cela demeurer étranger aux préoccupations contemporaines; je l'ai déclaré dès le début. Or, une des opinions les plus en vue sur la vie, à l'heure qu'il est, c'est celle qui la répute vaine. Beaucoup d'hommes, aujourd'hui, ne voient dans la vie qu'une sorte de jeu ou un spectacle propre à intéresser les gens intelligents et cultivés, et à leur procurer d'esthétiques jouissances. Je le sais. J'entends ces discours, et si cette idée de la vie n'est pas toujours énoncée distinctement, elle se retrouve sans cesse inspirant d'une manière tacite les jugements, les sentiments, la conduite. C'est en partie pour cela, je n'en doute pas, que le sérieux de la vie m'apparatt comme le premier objet d'examen et d'étude que je doive choisir. Le dilettantisme étant pour ainsi dire dans l'atmosphère intellec-