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Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1932-11-09

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 137484

Description : 09 novembre 1932

Description : 1932/11/09 (Numéro 26007).

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k248986c

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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s o :m: i& .a. i :r e

PAGE 2

En Allemagne la Situation au lendemain des élections. Nouvelles de l'Etranger. Nouvelles du Jour. Revue de la presse,

PAGE 3

Le Musée d'Anderlecht, HENRY Bidou. Armée. Marine. Marine marchande. Académies. -y– Le ÎDécor de la vie Au Salon d'automne, LÉANDIIB VaILLAT.

La Musique, Henry Malherbe.

PAGE 4

Echos et Informations. Bulletin météorologique. Faits-divers.

Feuilleton « Elisabeth Gœthe et son fils », par Emilie et Georges Romieu. (N° 3.)

PAGE 5

A l'Hôtel de Ville. Tribunaux. Art et Curiosité. Sports. r Hippisme. Nouvelles conir̃ merciales. Théâtres. T. S. F.

PAGE 6

Le «; Temps » immobilier.

PAGE 7

La Journée financière.

PAGE 8

LA JOURNÉE DERNIÈRES NOUVELLES. La Conférence économique mondiale. Les Elections américaines. Le Voyage de M. Gœmbœs à Rome. Les Travaux du Parlement. L'Assentblée des présidents de chambres de commerce. Le Centenaire du docteur Guéniot. Nouvelles de tout Paris.

PariSjie SHovembre

1 1 DU JOUR

BULLETIN_DU JOUR

M. BENÈS ET L'ORGANISATION DE LA PAIX L'exposé que M. Benès, ministre des affaires s étrangères de Tchécoslovaquie, a fait hier de- 1 vant les commissions du Parlement de Prague offre un réel intérêt pour tous ceux que préoccupé justement la situation internationale. M. Benès est un des plus remarquables esprits politiques dé notre époque. Depuis douze ans, il a joué un rôle considérable, indépendamment même de sa charge, officielle, dans l'évolution de .la politique européenne. A Genève, son in- fluence s'est constamment exercée utilement en faveur d'une, large coopération des peuples. Saps jamais céder à un idéalisme facile, sans perdre de vue aucune des réalités auxquelles doivent faire face les peuples aux prises avec d'énormes difficultés de toute nature, il a tou- jours soutenu de son meilleur effort les initiatives qui ont été prises en vue de débloquer la situation, et depuis 1924 on lui doit, notamment en ce qui concerne l'organisation dé la sécurité, condition première de toute paix durable, quelques suggestions qui ont mûri dans l'ensemble de l'évolution de la politique interna- tionale et dont les principes se retrouvent, avec d'autres, dans ce qu'on peut raisonnablement envisager aujourd'hui pour résoudre le problème de la réduction -dés armements. C'est 'dire que lés id*ées"Q,é"M. Beixès ne sauraient laisser indifférents les hommes de bonne volonté qui s'appliquent, à la réalisation, pour le bien général, .d'une tâche particulièrement délicate.

Partant du principe que le sort de la conférence de Genève dépend de la solution du problème de l'égalité des droits en matière d'armements et de la solution du problème de la sécurité, ceci commandant cela, M. Benès exprime l'opinion que, soit en donnant satisfaction au désir de réarmement de l'Allemagne, soit en laissant celle-ci reprendre son entière liberté d'action après un échec éventuel de la coâf érence, on ouvrirait pour l'Europe une nouvelle période de graves crises politiques. C'est l'évidence- même, car ce serait une dérision de voir la conférence du désarmement aboutir en fait au réarmement des Etats dont les forces ont été limitées par les traités et ce serait aller délibérément au pire que de laisser l'Allemagne prendre prétexte d'un échec de la conférence pour réarmer librement en violation des traités. La thèse de M. Benès, qui s'accorde en cela avec la thèse de la France, est que l'égalité de droits doit exclure tout réarmement des Etats désarmés et ne peut être réalisée que par, la réduction progressive des forces de toutes les nations sur les bases de l'article 8 du pacte. Le ministre des affaires étrangères de Tchécoslovaquie constate que nul ne peut être assez partial pour ne pas reconnaître sincèrement que, dans l'état présent des choses, les craintes qu'a la France T)our sa sécurité sont justifiées, et qu'il est naturel que notre pays insiste;, sur. la nécessité d'organiser pratiquement la" paix quand on exige de lui de réduire ses moyens. militaires. Il souligne, d'autre part, qu'une Allemagne qui exécuterait loyalement les clauses militaires, n'avales et aériennes du traité de Versailles serait fondée à se sentir menacée dans sa sécurité si l'on n'exécutait pas l'article 8 du pacte de- la Société des nations, lequel, on le sait, recommande la réduction des armements au minimum compatible avec la sécurité et les obligations internationales de chacun. On peut en dégager logiquement que l'organisation de la -paix est nécessaire pour que la thèse française de la sécurité et la thèse allemande de l'égalité de droits mais sans réarmement puissent se concilier sincèrement dans la réalité des cÈoses. • j i

M Benès considère que l'organisation de la paix est possible, encore qu'elle se heurte jusqu'ici à deux obstacles le refus de la GrandeBretagne et des Etats-Unis de participer effectivement à cette organisation et les défiances qu'éveille celle-ci chez les peuples qui furent vaincus dans la grande guerre et qui paraissent craindre que la situation créée par les traités de paix ne s'en trouve définitivement consolidée. Pour le premier obstacle, nous pensons qu'il, peut être surmonté ou écarté, car il n'est pas contestable que des progrès ont déjà été accomplis dans ce sens par le fait de l'interprétation donnée par M. Stimson au pacte Briand-Kellogg, et par le fait que l'Angleterre, signataire du pacte de la Société des nations, tenue par conséquent, par les stipulations de l'article 16,et signataire des accords de Locarno, est déjà effectivement associée la politique de sécurité de l'Europe. Quant aux méfiances des puissances qui furent vaincues dans la grande guerre, qu'elles imposaient d'ailleurs aux autres nations, le ministre des affaires étrangères de Tchécoslovaquie a parfaitement raison, quand il montre que le fait de se prononcer contre la signature d'un pacte de garantie commune de la paix continentale, sous prétexte que l'existence de celui-ci équivaudrait à perpétuer le statut actuel de l'Europe, conduit à supposer que ceux qui font ce raisonnement ont l'arrière-pensée de garder c^' moyen de recourir aux armes au moment qui leur paraîtrait le plus favorable pour modifier ce qui existe. Or, comme le fait ressortir M. Benès, ce moyen, tous les Etats signataires du pacte Briand-Kellogg se sont interdit d'y recourir en s'engageant à ne pas faire la guerre. « Il faut, déclaré M. Benès, qu'un pacte continental européen donne à cet engagement au moins autant de réalité vitale qu'en a le v pacte de Locarno. S'il n'est pas possible de conclure un pacte ainsi conçu, cela signifie tout simnlement au'il en est oui -veulent carder

la possibilité de recourir aux armes pour changer lé statut actuel, et que c'est par la menace de la guerre qu'on prétend amener certains Etats à consentir à la revision de l'état de choses présent. » M. Benès pense, au surplus, que la conclusion d'un pacte continental européen n'implique nullement la perpétuation sans retour du statut actuel, mais que la seulechose dont elle préjuge, c'est l'impossibilité d'une nouvelle guerre en Europe, chacun s'interdisant de prétendre désormais à la solution d'un conflit par la guerre ou par la menace d'une guerre. L'exposé de M. Benès vient entièrement à l'appui du plan constructif français tel que M. Paul-Boncour l'a défini l'autre jour, à Genève. Le ministre des affaires étrangères de Tchécoslovaquie, qui a formulé des réserves en ce qui concerne l'adoption intégrale des propositions du président Hoover, parce que, à son sens, la réduction préconisée ne remédierait en rien à la situation.de fait et aurait pour effet d'aggraver la nervosité des peuples qui se sentiraient le moins en sécurité, a salué en termes chaleureux l'initiative française, dans laquelle il voit une tentative sincère pour résoudre le triple problème de la sécurité, du désarmement et de l'égalité en droit de tous les Etats. C'est une adhésion précieuse aux thèses que les représentants de la France, défendent à la conférence de Genève et qui, il ne faut pas se lasser de le répéter, tendent à l'organisation durable de la paix pour toutes les nations, sans privilège particulier pour aucun pays.

DÉPÊCHES DU'ÉTRANGER Rome, .8 novembre.

IM. von Hassel, nouvel ambassadeur d'Allemagne à Rome, est arrivé hier soir,

Bucarest, 8 novembre.

M Titulesco, ministre des affaires étrangères, a reçu, hier, le ministre de France, M. Gabriel Puaux, et le chargé d'affaires de Pologne.

CERTITUDES

Le conseil de cabinet qui s'est réuni hier matin « a repris l'examen d'un certain nombre de mesures tendant à réaliser l'équilibre et précédemment réservées pour étude complémentaire ». Ces projets seront déposés cette semaine « pour être incorporés au budget de 1933 ». Sans doute, le conseil a-t-il senti la nécessité de ne pas retarder plus longtemps l'examen parlementaire des projets financiers. Les délais et peut-être les hésitations imposés par la politique n'ont déjà que trop duré. Nous ne prétendons pas que les uns et les autres n'aient eu leur raison d'être. Il va sans dire que, pour l'œuvre 'de redressement financier dont l'urgence n'échappe à personne, le large concours de l'opinion publique et celui no-tammenj du parti dont, les cl^iefs ont la respaiisabilité- du pouvoir paraissaient indispensables. Ce concours est depuis longtemps acquis en ce qui concerne l'opinion. Le succès des conversions l'a prouvé. Il l'est définitivement aujourd'hui en ce qui concerne le parti radical si l'on en juge d'après les débats du congrès de Toulouse et l'accueil fait à M. Herriot. Aucun obstacle ne s'oppose donc plus aux projets du gouvernement si ces projets se conforment aux désirs de l'opinion. Et la réalisation ne dépend plus que de l'énergie et de l'esprit de décision du gouvernement. Sera-t-il possible dans ces conditions d'obtenir pour la date normale du 31 décembre le vote de la loi de finances? Il serait infiniment désirable que les douzièmes provisoires pussent être évités. Mais, plus encore que la lenteur des débats, l'incertitude sur l'orientation et la fermeté du gouvernement serait néfaste pour l'ensemble de l'œuvre financière. C'est de cela en effet, autant que des projets eux-mêmes, que dépendent l'efficacité et le succès du redressement. On a eu jusqu'ici quelque peu l'impression que le gouvernement s'applique davantage à une sorte de grignotage du déficit budgétaire prévu, plutôt qu'à un vaste plan d'ensemble. De là ces hésitations que nous avons signalées, ces sondages de l'opinion, «es retards.. Mais, même avec cette méthode d'étapes successives, l'essentiel est maintenant de savoir, non pas? quelle est la longueur de la dernière étape, mais dans quelle: direction elle conduit, non-pas seulement, quel est le contenu des derniers projets, mais dans quel sens politique, avec quelle fermeté et avec quelle rapidité, ils seront appliqués.

La raison en est simple. Il n'est pas douteux que, de toute manière, une collaboration matérielle à l'œuvre entreprise sera demandée au public. Des emprunts sont en cours, d'vj- tres seront lancés. Un appel pour grands tra- vaux d'utilité nationale forme l'une des assises du projet lui-même. Mais, pour que cet appel soit entendu, il faut que cesse l'ignorance des directives politiques, que le public connaisse clairement ce que lui réserve demain. La base solide de l'édifice ne saurait être que la réduction des dépenses' publiques. Il conviendrait également que l'on se gardât de ces tendances d'étatisation plus ou moins camouflées que laissait pressentir récemment un exposé du ministre des travaux publics à propos de l'organisation des chemins de fer. Il y a un vaste problème d'ensemble à résoudre, dont toutes les données doivent être connues, et .dont les solutions ne peuvent être contradictoires.

La confiance du pays accompagne M. Herriot qui a parlé devant son parti en homme d'Etat. Le président du conseil avait d'ailleurs, avant d'être investi de la responsabilité du pouvoir, mesuré la lourdeur et les difficultés de la tâche quj,. s'imposait, el défini celle-ci dans une formule à remporte-pièce déflation budgétaire ou inflation monétaire. Cette dernière n'est pas à craindre si le rejet des idéologies marxistes se matérialise dans les actes. Mais la déflation budgétaire, si elle ne peut absorber tout le déficit, reste la condition primordiale de l'efficacité des autres procédés envisagés, la condition psychologique comme la condition matérielle. En d'autres termes, la confiance sera renforcée et deviendra indestructible si le pays a l'impression. d'une volonté réfléchie et tenace, s'il sait où le gouvernement veut aller et quelles voies il a choisies. De là dépend toute la solidité de l'édifice.

Le conseil de cabinet d'hier, on n'en doute pas, a eu le sentiment de cette attente de l'opinion. Le pays a apprécié, comme l'a déclaré un délégué du congrès radical, le patriotique courage p du président du conseil. Encore faut-il qu'il sache où le conduit, en définitive, le gouvernement. Il donnera son effort, 1 mais il souhaite aue l'Etat aussi donne le sien.

éiva-Sioists 1

Les récits d'évasions en Allemagne pendant la grande guerre suffiraient à remplir mine et. une nuits pendant lesquelles le rire se mêlerait au* larmes. On en a publié quelques-uns, fort peu encore, et qui concernent surtout les premiers rôles. ̃Mais combien resteront toujours inconnus 1 Dd temps à autre paraît un livre nouveau où sont contées ces aventures. Pauvres chers livres de souvenirs, doulcureux souvent, gais parfois, mais qui ne connaissent pas la vogue qu'auraient des ouvrages semblables. à condition qu'ils fussent publiés par des gens d'outre-Rhin. Imaginez un livre, si' banal et si faux qu'il puisse être, lancé par un soldat ou un officier allemand, avec des impressions de prisons et d'évasions en France. Quel magnifique succès Quels cris d'admiration 'Adopté par le cinéma,- il attirerait les foules. Tous les snobismes s'évertueraient autour de lui. Pour les nôtres, un brouillard d'indifférence les recouvre.

M. Henri de Versonnex, un brillant lieutenant, de la guerre, qui fut mon camarade dans les cellules d'outre-Rhin, tente de le percer, ce brouillard maléfique. La Cage (éditions Jules Tallandier). est un recueil, de notes vivantes et personnelles sur la vie des camps de prisonniers où il y eut bien des tristesses, bien des défaillances ou seulement des résignations trop humaines, mais aussi des héroïsmes, des sacrifices, une exaltation extraordinaire des plus nobles facultés. Les récits d'évasions vécues, ces tentatives d'évasions qui s'arrêtaient trop souvent à la frontière et trouvaient leur épilogue provisoire dans des prisons nauséeuses, prennent là une couleur intense. Pas de morceaux de bravoure trop faciles, pa,s de .littérature. une sincère simplicité aussi' bien dans les moments tragiques que partout ailleurs. N'est-elle point délicieuse cette histoire du lieutenant de'Versonnex qui s'en va à travers l'Allemagne, en uniforme, avec un simple manteau de caoutchouc pour cacher le bleu horizon? Le voici à Coblence, en pleine ville. Il se réfugie dans une .église. Un suisse passe avec une aumônière. « Je tire dix pfennigs de ma poche et les donne généreusement en offrande à saint Antoine en le primant do me faire trouver le chemin de la frontière. J'entends derrière moi un fou rire; je me retourne et vois une jeune femme tenant un mouchoir sur sa bouche pour étouffer sa gaîté. Je jette un coup d'œil rapide sur mes effets non, ce n'est pas ma tenue qui provoque cette hilarité 1 La quête terminée, le suisse monte à l'autel, re.tcurne son aumônière pleine de petits papiers, et j'entends, avec un frisson, une pièce de dix pfennigs sonner, sur le marbre. Le suisse prend sa pièce, va solennellement la déposer dans un tronc, puis le prêtre saisit l'un des papiers Maintenant nous allo'ns prier pour nos morts héroïques. Je comprends maintenant le fou rire de ma voisine j'ai mêlé, dans l'aumônière, mes dix pfennigs au nom des morts de la paroisse. » Ne trouvez-vous pas que Barrès eût aimé le rire de cette jeune femme de Rhénanie, qui ne savait pas qu'elle coudoyait un officier français, et cette scène plaisante et triste à la fois ? Quelques jours plus tard Versonnex nous retrouvait à !v prison de la caserne rouge à Aix-la-Chapelle où Garros avait été enfermé peu auparavant. Mais deux ou trois des nôtres venaient de passer la frontière et cela seul éclaitait l'horizon. Chers petits livres de souvenirs Il ~faut les prendre les soirs d'hiver, sous la lampe, quand $n\ peut', s'imaginer que co passé est un rêve, quand on peut croire que l'on a recouvré vraiment la liberté et que la vie elle-même n'est pas une amère rorison. P. F.

LtGALITE DES BROITS AUX ARMEMENTS et le plan français

UN EXPOSÉ DE M. BENÈS

M. Benès, ministre des affaires étrangères, a fait lundi après-midi, à Prague, devant les commissions des affaires étrangères des deux Chambres tchécoslovaques, un exposé sur la situation internationale. Cet exposé sera publié en brochure sous le titre: « Le dilemme européen. L'a guerre ou la paix ? ».

̃M. Benès- est d'avis que le sort de la conférence de Genève pour la réduction et la limitation des armements dépend de deux conditions 1° la solution du problème de l'égalité de droits en matière d'armements; 2° la solution de la question de la sécurité et de l'organisation de la paix. Tout le reste peut découler automatiquement de ces deux solutions.

Il fait donc l'historique de la revendication allemande en faveur de l'égalité de droits, rappelle l'accueil fait à cette demande par les autres puissances et conclut ainsi sur ce point

Je pense quant à moi que soit en donnant satisfaction au désir de réarmement de l'Allemagne," soit en là, laissant reprendre sa pleine liberté d'action en matière d'armements, après l'échec éventuel de la conférence de Genève, l'Europe irait à une période de nouvelles

et graves crises politiques dont le premier résultat se- I rait une nouvelle course aux armements et peut-être, j 1 en fin, de compte, une nouvelle guerre inévitable. '̃/L'égalité de droits ne doit pas être réalisée par le réarmement des Etats désarmes, mais par le désarme- ment progressif des autres, selon l'article 8 du pacte de la Société des nations. Or, il faut pour cela plus de compréhension et de bonne volonté mutuelle. Nul, sans doute, ne sera assez partial pour ne pas reconnaître sincèrement que la France, étant données ses relations actuelles avec l'Allemagne et l'Italie, et son épuisement consécutif à la guerre, a de justes craintes pour sa sécurité et son avenir, et qu'il est naturel quand l'on exige d'elle de désarmer qu'elle demande l'organisation durable de la paix en Europe. Mais nul non plus ne peut être assez partial pour rie pas reconnaître qu'une Allemagne qui exécuterait ioyalement les clauses de désarmement du traité de Versailles serait fondée à se sentir menacée dans sa sécurité si l'on n'exécutait pas l'article 8 du pacte. Toutes les deux ont besoin de garanties de sécurité. Le ministre tchécoslovaque des affaires étrangères ne dissimule pas que l'organisation de la paix, qui doit être également avantageuse et acceptable pour tous, se heurte, à deux obstacles principaux: le refus de l'Angleterre et des EtatsUnis d'y prendre part et lès défiances qu'elle' éveille chez les Etats vaincus en 1918, qui y voient un effort pour éterniser les traités de paix. L'attitude négative dés Etats anglo-saxons se justifle par leur désir de ne pas se rendre dépendants de la politique trop incertaine et trop peu équilibrée des Etats du continent. Elle se justifie aussi par le caractère mondial de leurs intérêts et par leur empirisme politique traditionnel qui leur interdit de s'engager à l'avance à telle ou telle attitude. Mais un conflit européen aurait très probablement. comme on l'a vu en 1914, des conséquences auxquelles ces deux Etats ne pourraient guère échapper et au contraire la paix européenne faciliterait la solution du conflit d'Extrême-Orient. L'Angleterre s'est déjà écartée à Locarno de ce prinoipe de non-intervention. Il s'agirait maintenant non,pas d'étendre Locarno au reste de l'Europe, mais de faire savoir à. l'Europe que l'Angleterre ne resterait pas indifférente, le cas échéant, dans un conflit continental, qu'elle soumettrait la question à son Parlement pour qu'il décide s'il y a lieu d'appliquer l'article 16 du pacte et si l'empire britannique s'engage à ne pas soutenir par son commerce et son exportation celui qui a provoqué la guerre. Ce serait aussi essentiellement ce qu'on demanderait aux Etats-Unis.

Le deuxième obstacle est l'attitude négative des vaincus de 1918 qui pensent, soutenus par l'Italie, que la signature d'un pacte de garantie commune de la paix continentale équivaudrait à consolider, à perpétuer le statut actuel de l'Europe.

Il n'est pas possible de supposer que ceux qui tiennent ce raisonnement ont l'arrière-pensée de garder, en dépit de leur adhésion au pacte Briand-Kellogg, la possibilité de recourir aux armes, au moment où la situation leur paraîtrait favorable.

Tous les puissances se sont, en signant le pacte Briand-Kellogg, engagées à ne pas faire la guerre. 11 faut qu'un pacte continental européen donne cet

engagement au moins autant de réalité vitale qu'en a le pacte de Locarno. S'il n'es*, pas possible de conclure un pacte ainsi connu, cela signifie tout simplement qu'il en est qui veulent garder la possibilité de recourir aux Mmes pour changer le statut actuel et que c'est par la me- nace de la 'guerre qu'on prétend amener certains Etats à consentir k la revision de l'état de choses présent. La conclusion d'un pacte continental européen n'implique nullement la perpétuation sans retour du statut actuel. La seule chose qu'elle préjuge, c'est l'impossibilité d'une guerre en Europe à l'avenir, l'impossibilité pour quiconque de menacer un autre de guerre ou de violence.

En accédant à un pacte européen, chacun serait obligé de se dire que cet acte lui interdit désormais de prétendre il la solution d'un conflit, politique ou autre, par la guerre ou par la menace de guerre, mais qu'il no supprime pas encore les différends politiques car nul contractant ne renoncerait par là à aucune de ses vues, ni il aucune de ses revendications, non plus qu'au refus qu'il, oppose aux prétentions des autres. A ceux qui objectent qu'il faut d'abord abolir les prétendues injustices des -traités et qu'ensuite il sera facile d'organiser la paix, M. Benès répond: Tous les Etats du monde ont signé le pacte BriandKeilogg qui qualifie la guerre de crime. Tous ont mis la guerre hors la,loi sans subordonner cette condamnation à aucune condition. Nul n'a le droit de lier à une condition, quelle qu'elle soit, la question de savoir s'il fera ou non une politique belliqueuse.

M. Benès conclut.ainsi sur le «désarmement II n'est possible aujourd'hui (le désarmer que par degrés et dans une certaine mesure. La solution du seul problème technique du désarmement, mettons l'adoption intégrale du plan Hoover de réduction d'un tiers des armements ne changerait rien à la situation européenne. Au lieu de se menacer avec les trois tiers de leurs armements, les Etats européens se menaceraient avec les deux tiers qui leur resteraient, et certains Etats qui se sentiraient moins en sécurité n'en deviendraient que -plus nerveux. LeN calme de l'Eurape (•n'y., gagnerait nullement. J'

La situation est telle aujourd'hui que si les hommes politiques et ies hommes d'Etat veulent vraiment sauvegarder la paix, ils doivent s'attacher à la solution du problème dans son intégralité, c'est-à-dire désarmer progressivement et résoudre simultanément la question de la sécurité pour tous sans distinction et en appliquant le principe de l'égalité générale des droits. Celui qui prétend que c'est impossible nie la possibilité du désarmement.

C'est pourquoi le gouvernement tchécoslovaque accueille avec joie le plan du gouvernement français de MM. Herriot et Paul-Boncour, parce qu'il y voit une tentative sincère de résoudre tout le problème de la paix en Europe et la vraie issue de toutes les difficultés de ce continent désarmement, sécurité et égalité en droit do tous les Etals sans distinction.

La presse allemande

et les déclarations de NI. Herriot

La plupart des journaux allemands reproduisent les déclarations de M. Edouard Herriot à Toulouse, au sujet des relations franco-italiennes, ainsi! que l'exposé de M. Benès à Prague. Pour la Bœrsen Zeitung, national allemand, M. Herriot viserait à rallier l'Italie au plan français de sécurité et de désarmement, ce qui ne saurait modifier l'attitude de l'Allemagne au sujet de l'égalité des droits.

Sans le Reich, dit ce journal, aucune issue favorable de la situation actuelle n'est possible.

Le Kreuzzeitung, organe des Casques d'acier, déclare « qu'aussi longtemps que durera le statu quo européen tous les plans de désarmement et de sécurité profiteront automatiquement à la France ». Aussi ce journal national-allemand metil eiv garde le gouvernement von Papen contre le Ranger de- reprendre place à la table des .négociations genevoises et de se priver ainsi de sa liberté d'action. `

Le Berliner Tageblatt, démocrate, estime qu'à son retour de Madrid, M. Herriot a voulu éviter que le succès de son voyage en Espagne ne donne l'impression que la France a « assuré diplomatiquement la liaison de son territoire avec son empire colonial africain et son réservoir de troupes ». Il invite l'Allemagne à suivre attentivement l'évolution des relations franco-italiennes,. « ce point ultra-sensible de la politique européenn ». La visite à Rome de M. Norman Davis On mande de Rome

M..Norman Davis, chef de la délégation américaine à la conférence du désarmement, a eu lundi après-midi une longue et importante conversation avec M. Mussolini.

M. Norman Davis s'est refusé à toute déclaration, se bornant à exprimer sa complète satisfaction de cet échange de vues.

Il est évident que la partie la plus importante de la conversation a porté sur le désarmement, par.ticulièrement sur le plan français.

Dans les milieux américains de Rome, d'autre part, on reconnaît l'apport incontestable de ce plan à la solution du problème international. Surtout, on voit dans ce plan la preuve indiscutable d'une volonté de solution.

La question du désarmement naval, plus encore que celle du désarmement terrestre, a nécessairement été' traitée par M. Norman Davis et M. Mussolini. Tout laisse croire que le délégué américain a pu sur ce terrain également, être satisffit. La presse fasciste rappelait il y a peu de jours que le gouvernement fasciste avait adhéré et demeurait fidèle à la proposition Hoover de réduction des armements, en particulier en matière d'armements navals.

LA CONFÉRENCE ÉCONOMIQUE MONDIALE

Lundi à la Chambre des communes, M. MacBônald a annoncé que le gouvernement britannique ne s'associerait pas à une demande d'ajournement de la conférence économique mondiale qu'il souhaite voir se réunir avant Noël.

On mande de Genève

La commission préparatoire de la conférence économique et financière va clore sa première session. Elle a siégé jusqu'au bout à huis clos. Elle tiendra une seconde session, après que les gouvernements auront délibéré sur les propositions des comités monétaire et économique.

CONFÉRENCE DU DESARMEMENT

La 'question du contrôle

En attendant le dépôt du plan français de désarmement et de sécurité, le bureau de la conférence pour la réduction et la limitation des armements poursuit ses travaux en procédant à la discussion d'une question essentielle, celle du contrôle par le moyen d'enquêtes sur place. La résolution votée le 23 juillet dernier par la conférence du désarmement comportait une disposition favorable à l'institution d'une commission permanente du désarmement chargée du contrôle de la mise à exécution de la convention. Or, lundi après-midi, après trois jours de discussion, le bureau,1 sur le rapport* de' M. Bourquin (Belgique) est tombé virtuellement d'accord sur la proposition suivante

Une commission permanente, composée de délégués gouvernementaux de tous les Etats contrac'tants assurera l'exécution de la convention générale de désarmement. Elle aura qualité pour procéder à toutes enquêtes sur place, soit de sa propre initiative, soit à la demande d'un Etat. Tout Etat pourra demander qu'une enquête sur place ait lieu sur son propre territoire. En outre, les Etats qui seraient parties à une convention régionale du genre de celles que' prévoit le plan français pour l'assistance mutuelle, pourront convenir entre eux de mesures de contrôle particulières complémentaires.

L'accord est à peu près complet sur tous ces points. Il reste toutefois à préciser un certain nombre de détails importants, par exemple quelle majorité, relative, absolue, ou des deux tiers, sera requise pour que la commission permanente décide une investigation. Mais il est à noter que de grandes puissances, en particulier les puissances anglo-saxonnes, naguère absolument réfractaires à tout système de contrôle, acceptent aujourd'hui le principe du contrôle.

L'idée mise en avant par les délégations espagnole et soviétique d'associer la classe ouvrière à l'organisation du contrôle reste à l'ordre du

jour. M. Massigli a fait remarquer que cette proposition est" précisément à l'étude en ce moment au sein des commissions spéciales qui s'occupent de la fabrication privée des armes et de l'interdiction de la guerre bactériologique, chimique et incendiaire.

r1r

UNE GRAN DE JOURNÉE ÉLECTORALE aux Etats-Unis

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE et renouvellement du Congrès

Une grande journée électorale se déroule aujourd'hui aux Etats-Unis. Le peuple américain est, en effet, appelé à élire un président, un viceprésident et 34 gouverneurs d'Etats. Il s'agit également de renouveler la Chambre des représentants et le tiers du Sénat.

Enfin, à New-York, aura lieu l'élection du successeur de M.. James Walker, maire démissionnaire.

Les candidats à la présidence sont au nombre de huit, à savoir MiM. Hoover, républicain; Franklin Roosevelt, démocrate; Thomas, socialiste; Foster, communiste Upshaw, partisan du régime sec intégral; enfin, trois candidats représentant des groupes divers.

Les candidats républicain et démocrate, les seuls qui comptent, affrontent la lutte avec une égale confiance, et, malgré tous les pronostics favorables au candidat démocrate, certains républicains affirment que la partie est loin d'être jouée. C'est ainsi que le sénateur Hebert se déclare convaincu que M. Hoover réunira 289 suffrages. A signaler également l'opinion de M. David Lawrence, du United States Journal, journal officiel -du Congrè's; qui, sans affirmer que M. Hoover l'emporter.a, estime que dans de nombreux Etats la majorité ne dépendra que de très peu de voix. Le mécanisme des élections

A proprement parler, le choix du nouveau président n'a pas lieu aujourd'hui. Le scrutin porte simplement sur la désignation des délégués chargés de choisir le nouveau chef de l'Etat. Mais comme les délégués recevront un mandat impératif, l'élection du président, qui aura lieu le premier mercredi de janvier 1933, devient une simple formalité.

Le nombre des délégués est de 531. Quatre cent trente-cinq de ces délégués sont élus au prorata de la population, à raison d'un par 280,760 habitants. Les quatre-vingt-seize autres sont élus à raison de deux par Etat, afin d'éviter la prédominance des Etats les plus peuplés. Ces délégués s sont choisis en dehors des députés, des sénateurs et des fonctionnaires.

Ces 531 délégués se répartissent par Etats de la façon suivante

Alabama. 12 Nebraska 8 Arizona. 3 Novada. 3 Arkansas 9 New-Hampshire 4 Californie 13 New-Jersey. 14 Colorado. 6 New-Mexico 3 Connecticut 7 New-York 4o Delaware 3 Caroline du Nord. 12 Floride 6 Dakota du'Nord. 5 Georgie 14 li Ohio 24 Idaho. 4 Oklahoma 10 Illinois 29 Oregon 5 Indiana la Pennsylvanie. 38 Iowa 13 Rhode Island -5 5 Kansas 10 Caroline du Sud 9 Kentucky 13 Dakota du Sud 5 Louislaiie 10 Tennessee. 12 Maino 6 Texas HU Mar~and.< 8. Utah.r. A ~lassacliuselts 18 Vermount 4 A4ichigan 15 Virginie 12 Minnesota 12 Washington 7 Mississipi. 10 Virginie de l'Ouest.. 8 Missouri 18 Wisconsin 13 Montana 4 Wyoming 3

La majorité requise est la moitié plus une, soit 266.

Le chiffre des électeurs

Le nombre des électeurs, hommes et femmes. est d'environ 60 millions. Sur ce nombre, environ 47 millions seulement se sont fait inscrire, mais tous ne voteront pas car dans plusieurs Etats on a élaboré des règlements tendant à éliminer les indésirables.

En Pennsylvanie, notamment, le droit de vote est subordonné au versement d'une taxe qu'en raison de la crise actuelle, beaucoup se sont refusés à payer.

En tenant compte de ce déchet, on estime que 40 millions d'électeurs voteront cette année. Aux dernières élections de 1928, le nombre de votants avait été de 37 millions contre 30 millions en 1924 et 27 millions en 1920.

Comme ill sied au pays d'Edison, le vote est électrique. Pas de bulletins de vote ou d'urne?. L'électeur, après avoir été introduit dans l'isoloir, presse un bouton correspondant, au nom du candidat. Les votes ainsi enregistrés sont totalisés automatiquement, de sorte que le dépouillement est aussi simple que rapide.

Le scrutin, ouvert à 8 heures du matin, soit 13 heures (heure française) sera clos à 18 heures, soit 1 heure du matin (heure française). A noter que les Etats de l'Ouest n'ayant pas la même heure que ceux de l'Est, les heures d'ouverture et de fermeture du scrutin ne seront pas partout les mêmes. Les résultats seront proclamés dans l'Est alors que l'on votera encore dans l'Ouest.

Selon toute vraisemblance, les résultats complets ne seront pas connus en Europe avant mercredi midi (heure française). Toutefois, il est possible que l'on ait avec certitude le nom du vainqueur dans la nuit de mardi à mercredi, si l'un ou l'autre des deux concurrents a réuni', avant qu'on connaisse l'ensemble des résultats, les 266 suffrages nécessaires à son élection.

L'AMNISTIE EN ITALIE Notre correspondant particulier de Rome téléphone mardi matin

Dans l'amnistie qui vient d'être proclamée, il convient de relever, d'abord au point de vue de la peine, qu'il if est fait, dans le texte, aucune différence entre les délits politiques et les délits de droit commun. Le fait provient de ce qu'avec le nouveau code pénal, le délit politique est interprété comme lésant des intérêts publics aussi importants que le fait un délit de droit commun. Il ne jouit donc d'aucun traitement de faveur. Quiconque agit contre le régime commet une infraction qui ne se différencie d'aucune façon des autres délits. C'est pourquoi aucune distinction n'a été admise. L'amnistie, pour les délits communs et politiques, embrasse toutes les peines jusqu'à cinq ans. Pour les délits comportant des peines supérieures à cinq ans et inférieures à 10, la remise de peine est de trois ans. Pour les délits comportant des peines supérieures à dix ans, la remise est de cinq ans. Le décret d'amnistie ne parle pas des condamnés à la relégation, c'est-àdire au « confino ». La raison en est que les personnes frappées par cette peine n'ont pas été condamnées par les tribunaux, mais n'ont été que l'objet d'une mesure d'ordre public, c'est-à-dire de simple administration, et de ce fait révocable par le même moyen.

Une note communiquée à la presse annonce que, sur un millier de relégués au «confino», 595 exactement seront libérés. Le cas des émigrés politiques n'est pas abordé. L'opinion générale était cependant que l'amnistie serait applicable implicitement à certaines catégories de « fuoresciti ». On parlait même, à l'égard des condamnés politiques, d'une amnistie générale et complète. Il semble, en effet, qu'il y ait eu un courant de ce sens, contre lequel, dit-on, se seraient élevés certains hauts fonctionnaires.

Entre ces deux tendances, l'une comportant une amnistie plus large, l'autre plus restreinte, on aurait finalement tracé une moyenne. Quoi qu'il en soit, les grandes manifestations du 10e anniversaire du régime se terminent par une mesure de générosité dont bénéficient 15,000 condamnés de droit commun (le chiffre exact n'a pas encore été établi) et 1,234 condamnés politiques, y compris les 595 confinés. En tout état de cause, il s'agit d'un acte de clémence auquel le cœur et la raison ne peuvent qu'applaudir.

Cet acte n'était nullement, nécessaire à la pacification du pays qui est pleine et entière. Et ce fait en rehausse la portée morale.

TRIBCNE LIBRE

Paysans et salariés d'État

s Justement inquiet d'avoir à penser que les intérêts des fonctionnaires, des ouvriers et des paysans pourraient s'opposer entre eux si, comme nous le craignons, les uns se trou^vaient privilégiés au détriment des autres par une stabilité de salaires sans rapport avec le rendement du travail, M. Léon Blum accusa « la presse de réaction » qui chercherait, d'après lui, à dissocier les classes sociales eiv proposant la déflation budgétaire.

« La presse de réaction », ce doit être nous) sans nulle vanité. Mais comme nous essayons d'aligner des raisons qui soient valables pour tous les hommes de bonne foi, nous ne saurions « réagir » que contre l'illusion. Passons. La polémique est trop facile pour ne pas être indifférente, et nous ne retenons de M. Blum que ses arguments toujours présentés avec maîtrise.

« Une réduction générale des traitements e.6 salaires (fonctionnarisés) entraînerait, dit M. Léon Blum, une nouvelle diminution du pouvoir d'achat de l'ensemble des consommateurs. On verrait baisser la demande des pnn duits agricoles et, l'offre restant égale à ellej même, on n'échapperait pas à un nouvel effon^ drement des cours (des denrées). »

M. Léon Blum, pour soutenir l'agriculture, veut donc éviter d'atteindre la capacité d'achafi des consommateurs, en leur fournissant des moyens monétaires. D'où il suit, en i)onne lo-T gique, que le salut des paysans dépend du, maintien et même de l'augmentation des trai-, tements et salaires supportés directement et même indirectement par le Trésor. Pourquoi, dès lors, nous arrêter en si bon chemin? En, poussant à l'absurde la thèse du leader socia-. liste ce qui est, pour en dégager le sens, une méthode classique, les travailleurs libres assureraient d'autant mieux leur prospérité, qu'ils contribueraient à des dépenses publiques plus élevées. Le paysan serait en somme appelé par faveur à payer des impôts. Il devraiii ainsi entretenir à sa table, avec une joie pleine d'espérance, un agent du fisc auquel il serait tenu de fournir du blé en se félicitant da l'en voir toujours manger davantage, quitte <^ réduire lui-même sa propre ration.

A vrai dire, telle qu'il la présente, la thèse de M. Léon Blum ne manque pas d'être sédui-: sante et captieuse. Au point qu'elle séduisit et capta, avant la lettre, le ministre des finances lui-même. Etant donné la valeur d'une masse de blé et une égale somme de salaires, toute diminution de celle-ci se répercutera sur celle-là.

Seulement, ce que M. Léon Blum oublie, et ce que leministre ne sauraitoublier,c'est qu'una. bonne part des salaires est irréelle et fictive, puisqu'on n'a pas la possibilité de la payer; sans s'adresser précisément à ceux qui, déte-. nant le blé, doivent prélever sur leur récolte uiï impôt dont le montant vient réduire les prix de vente. Or, à l'heure actuelle, dans des condi-, tions ..fiscales déterminées, ces prix de vente sont déjà inférieurs aux prix de revient. Qu'en serait-il demain si ces prix de revient étaient- grevés d'un surcroît de charges fiscales? Vous entendez bien que, dans l'esprit den socialistes, le problème ne se pose pas sous cette forme. Il ne s'agit ni d'accabler le paysan ni de retrancher quoi que ce soit des traite-,ments et salaires. L'argent doit encore une fois: être pris « là où il est ». Cependant, comme tout le monde semble s'accorder à reconnaître que les budgets ont atteint les limites de leurs exigibilités, il faut bien admettre que l'argenti n'est plus nulle part. Le capital, lui aussi, a sa capacité d'achat amoindrie, d'abord par la1 dévalorisation de la monnaie et ensuite par une fiscalité telle qu'en dehors de l'impôt gêné-, ral sur le revenu, les actionnaires d'une société ne touchent que 27 0/0 du bénéfice réalisé par leur entreprise, l'Etat prenant le reste (72 0/0) et se trouvant ainsi, sans aucun risque, pro-. priétaire des trois quarts de tous les actifs; sociaux.

Il faut donc revenir à la réalité. Le capital, étrillé et pressuré, ne peut plus rien « restii tuer », sauf à disparaître complètement et à

provoquer une crise de crédit dangereuse pour tous les travailleurs. Les ouvriers libres subissent, par le chômage et la réduction effective! des salaires, une compression de leurs moyens d'existence. Restent les fonctionnaires et ou-, vriers fonctionnarisés qui sont exceptés des lois de l'offre et de là demande par la tutelle de l'Etat.

Certes, il est bien tentant de leur promettre la consolidation de leurs avantages et de ramasser d'un seul coup de filet dans, les nasses de tel où tel parti l'ensemble des cheminots, des postiers, etc. Réunir des bulletins de vote n'esfj toutefois que de maigre profit. Le candide électeur, qui croit disposer d'une toute-puissanca' favorable à ses intérêts, ignore que son élit sera aux prises avec des difficultés économH ques et financières en face desquelles sa souveraineté pèse bien peu quand elle veut s'affranchir de la raison. Qu'un parti ait la. majorité dans le pays, il n'en devrait pas moins constater avec évidence que les salaires des cheminots et autres ouvriers d'Etat sont fi l'indice 8,2, par rapport à 1914, alors que les produits agricoles sont au-dessous de l'indice 5,- et le prix de la vie à Paris à peine un peu; au-dessus.

Ces chiffres inscrivent le Mané,Thécel,Pharès sur le « mur d'argent » de tous les partis efc nul n'est libre de les négliger. Ils prouvent que les valeurs d'échange des produits et des services se'mesurent avec des mètres inégaux et partant injustes.

On peut, certes, se replier sur soi-même, vivre en économie fermée, et favoriser tel clan social aux dépensées autres, comme on le fait en Russie pour l'armée, la police et certaines catégories ouvrières. Mais alors, instituez la dictature. Car, avec la liberté, ces disparités. outrancières et outrageantes conduisent à la guerre civile. Economiquement, elles sont indé-,fendables et poussent à la mort les sociétés' qui s'y abandonnent. Un pays en économie fermée dans de telles conditions est compa-, rable à une ferme dont le propriétaire, entretiendrait des serviteurs pour son agrément; (cochers, cuisiniers, etc.) à côté de quelques esclaves attachés à la culture, à l'élevage et au tissage. Au bout de peu de" temps, les réserve? des silos et des coffres épuisées, il faudrait bien en venir à une distribution plus rationnelle et moins luxueuse du travail parce que les esclaves ne pourraient plus nourrir le personnel domestique en surabondance.

En résumé, il nous apparaît que la contribua tion du pays aux frais généraux de l'Etat ayant atteint son maximum, une compression néces-. saire doit s'effectuer sans crainte pour l'éco-, nomie générale, au contraire. Procéder autre-, ment, ce serait agir comme une maison de commerce qui rachèterait ses propres mar. chandises pour les donner en salaire à ses employés. Nous n'ignorons point qu'une telle pratique est celle du communisme marxiste. Mais, même sous ce régime, il y a des victime-* et ce sont précisément les paysans. Seulement, tandis qu'en république bourgeoise ils peuvent se défendre, en république soviétique ils sont écrasés par les fonctionnaires, les militaires, les policiers et « l'appareil d'Etat ». La voilà, 1 i la guerre de classes. Edouard Julu»