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Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1913-01-19

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 137484

Description : 19 janvier 1913

Description : 1913/01/19 (Numéro 18826).

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k2411066

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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11. Poincaré ÉLU président DE LA République le Congrès; les Scrutins; Après' le Congrès; le Départ de Versailles; A la gare des Invalides; A l'Elysée; Au domicile de M. Poincaré; la Soirée à Paris; M. Raymond Poincaré; M. Poincaré avocat. La Jeunesse de M. Poincaré, Fernand MOMMÉJA.

PAGE 3

l'Incident Poincaré-Clemenceau. Les P. T. T. et le Congrès. L'Impression en province, aux colonies et à l'étranger. LA GUERRE D'ORIENT VAction diplomatique; la Remise de la note collective. Alsace-Lorraine: l'Affaire Wetterlé. PAGE 4

Nouvelles de l'Etranger. Les Décorations du 1" janvier Agriculture; Armée. La Future demeure de M. Poincaré, François Ponsard. Le Crâne de Descartes. Faits-divers. Art et Curiosité Académie des inscriptions et belîeslettres. Courrier littéraire Gens et Choses de lettrés, Thédtres. Sport Miroirs pour routes, P. R.

Page 5

Bulletin commercial. In formations financières. Bourse.

PAGE 6

Dernières Nouvelles. Conseil des ministres DÉMISSION DU CABINET; LA CRISE ministérielle. Les Décorations duJ" janvier Justice, Travail. L'ELECTION PRÉSIDENTIELLE: l'Opinion en province et à l'étranger.

Paris, 18 janvier

BULLETIN DE L'ÉTRANGER L'ÉLECTION DE M. POINCARÉ ET L'OPINION ÉTRANGÉRE L'élection de M. Poincaré est commentée par l'opinion étrangère avec une attention, une curiosité, une faveur toutes particulières. Si nous ne savions que cette élection, loyalement préparée par la plus correcte des candidatures, marque, pour beaucoup de raisons, une date importante dans notre histoire, la lecture des journaux étrangers nous l'apprendrait. La chaleur amicale des uns, la courtoisie parfaite des autres nous sont en cette occasion fort agréables.

M. Poincaré est bien accueilli par l'Europe, parce que l'Europe le connaît et qu'il est de ceux qui gagnent à être connus. C'est une erreur de croire que nos voisins, nos amis, nos rivaux apprécient mal nos hommes politiques. En anglais ou en russe, en allemand, en italien, en espagnol, nous venons de lire sur le nouveau président de la République des articles excellents, pleins de sens, de tact, de mesure. Ceux qui ont écrit ces articles n'ont pour la plupart pas eu l'occasion d'approcher M. Poincaré. Ils jugent sur pièces. Le vote du traité francoàilomand soustrait par une volonté ferme aux luttes Me personnes et de partis qui en avaient altéré le caractère, l'organisation du protectorat marocain assurée par le choix résolu d'un chef autorisé, la conclusion du traité franco-espagnol réalisée sur une base équitable et avantageuse pour la France, l'effort européen et français à la fois dépensé depuis le début de la crise orientale, au service de nos intérêts et de nos devoirs voilà, en moins d'un an, les titres principaux que M. Poincaré s'est créés à l'estime des étrangers. Ce sont ceux-là mêmes que retient en sa faveur la reconnaissance de notre pays.

En outre, M. Poincaré représente, par son origine et par son caractère, les plus fortes et les plus dignes de nos vertus nationales. On sait très bien au delà de nos frontières tout ce qu'il y a de sérieux et de noble dans l'âme française. On affecte parfois, comme nous l'affectons nous-mêmes, de nous tenir pour un peuple léger. Ce peuple léger a fait d'assez grandes choses pour n'avoir pas besoin d'être défendu; mais le jour qu'il met à sa tête un homme, dont la vie laborieuse et probe pourrait servir à tous de leçon, on conçoit mieux dans le raccourci de l'exemple ce que vaut la moralité française, et la France est grandie par le choix de ses élus. Un chef d'Etat désigné par la représentation nationale doit être par définition le meilleur sans quoi l'élection perd sa raison d'être. M. Poincaré répond si parfaitement à cette définition que son succès fait honneur, aux yeux du monde, à là France et à la République.

Partout on a le sentiment que le Congrès a fait ce qu'il devait faire. Ce sentiment est plus vif et quoi de plus naturel? chez nos alliés et nos amis qui, sachant ce que nous valons, savent aussi que cette valeur peut être

FEUILLETON DU 3tttq)0 DU 19 JANVIER 1913 d»)

DDEL A_MORT VIII Suite

Comment arriver à ce but? Il chercha, étudia, compara, et bientôt son parti était pris: il tournerait ses pas vers l'Angleterre. Après avoir pioché à fond les moyens de faire fortune qui peuvent exister pour un homme doué de courage et de cervelle, il était venu à une conclusion monstrueuse, et qui seule pouvait prendre naissance dans une âme privée des barrières morales qu'un long atavisme a fortement enracinées chez l'Occidental il avait décidé que le crime scientifiquement pratiqué était la vraie, l'unique carrière ouverte pour lui au succès prompt et brillant; et une comparaison raisonnée l'avait convaincu que Londres était le théâtre désigné pour ses opérations.

Ayant reconstitué avec ténacité la somme endommagée par de fâcheuses spéculations, muni de tous les renseignements et références nécessaires, il arriva un beau jour a LondTes avec un modeste capital et de vastes projets, s'établit en un quartier « respectable », gardant tous les dehors de l'aristocrate un peu hautain, mais généreux, dédaignant les relations banales, uniquement épris de science, et sans tarder, se mit à l'œuvre avec méthode. Etudiant et pesant le crime en toutes ses ramifications, il en était venu promptement à constater la surprenante faiblesse, l'incroyable sottise du criminel typique, et cette constatation le réjouit. Aucun n'arrivait à une grosse fortune; aucun ne réussissait à s'assurer l'impunité; et la raison était qu'en dépit de 'leur adresse et de leur astuce grossières, ces gens, d'une part manquaient de cervelle, de l'autre se laissaient invariablement gouverner par leurs passions. Or, le marquis se jugeait non seulement cerveau d'élite, mais il se savait supérieur aux ordinaires défaillances de la fragilité humaine. Il se frotta les mains. W£fpa4Q0tkn inteniUe.

augmentée ou diminuée par les hommes qui en ont la garde. Or M., Poincaré leur a inspiré confiance. Il a comine chef de gouvernement, damsêÈrifmi&rpSpft^^ine allure de fidélité élégante particulièrement appréciée. Grâce à lui on compte sur nous et l'on compte avec nous. Il a toujours et partout défendu nos droits. Mais toujours et partout il nous a montrés prêts à remplir nos devoirs. On lui en sait gré à Saint-Pétersbourg et à Londres et on nous le dit en fort bons termes. Ainsi l'élection de M. Poincaré n'accroît pas seulement notre prestige intellectuel et moral. Elle resserre nos alliances, nos ententes et nos amitiés. L'opinion française est reconnaissante à la presse étrangère d'avoir si bien compris les raisons qu'a notre pays d'aimer le chef qu'il s'est donné. M. le président de la République, en méritant cet hommage unanime si honorable pour la France et pour lui, rend un service de plus à la cause nationale et inaugure sa magistrature sous les plus favorables auspices.

DEPECHES TÉLÉGRAPHIOUES DIS CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Btemp» Madrid, 18 janvier.

Le gouvernement aurait décidé d'abroger la loi dite « des juridictions », déférant aux tribunaux militaires les crimes et délits contre l'armée et la patrie. Constantinople, 18 janvier. Kouyoumdjian, le nouveau gouverneur du Liban, est parti pour Beyrouth.

Il a été salué à son départ par MM. Boppe, conseiller, et Ledoux, drogman de 1 ambassaae de France.

̃ Santiago (Chili), 18 janvier.

Le ministre des affaires étrangères du nouveau cabinet a déclaré à la Chambre des députés que le gouvernement désire une entente définitive avec le Pérou et poursuivra les négociations jusqu'à ce que le différend avec ce pays soit résolu.

L'ÉLECTION DE M. POINCARÉ Notre joie de citoyens et de républicains prime aisément, dans ce jour, notre fierté d'avoir toujours désiré l'élection de M. Raymond Poincaré à la première magistrature de l'Etat, d'avoir combattu presque quotidiennement pour elle et d'y avoir peut-être un peu contribué. On a beaucoup discuté le rôle de la presse dans la période qui a précédé la réunion de l'Assemblée nationale. Il est exact que la plupart des journaux républicains se montraient favorables à la candidature de M. Poincaré. Mais les journaux ne sauraient, en si peu de temps surtout, créer un courant irrésistible égal à celui qui vient de porter le président du conseil à l'Elysée. C'est l'honneur de la presse de ne pas suivre aveuglément tous les courants d'opinion, de résister à un engouement passager ou à une mode de penser sans lendemain, et d'en appeler sans emphase à la réflexion de ses lecteurs. Mais quand elle se détermine dans le sens de l'opinion publique, elle en décuple la force, parce qu'elle J'empêche de se lasser ou de se distraire, et parce qu'elle ramasse et concentre toute l'attention vers un seul sujet.

Souvenons-nous qu'au lendemain de la crise d'Agadir, la France a souhaité d'être gouvernée par des hommes de sang-froid et d'expérience éprouvée. Selon le vœu de la nation, ces hommes devaient être animés d'intentions pacifiques et ils ne se laisseraient pas aller à de vaines jactances mais connaissant l'état de l'Europe, ils ne se feraient pas d'illusions, et ils sauraient qu'on éloigne les chances de guerre d'autant plus qu'on est moralement et matériellement prêt à les affronter avec honneur. Ces hommes devaient être, compétents, laborieux, unis par un égal dévouement à la chose publique. En toutes questions, il s'inspireraient de l'intérêt national; car tel est le meilleur, sinon l'unique procédé pour fortifier le régime républicain. Ils tiendraient tête aux intrigues parlementaires qui se nouent dans les couloirs. Tel était, dans ses grandes lignes, le gouvernement que la France souhaitait.

M. Raymond Poincaré le lui a donné. Il a confié les portefeuiles importants à des collaborateurs du plus grand mérite, les uns déjà consacrés, les autres affirmant de jour en jour leur maîtrise. Lui-même a assumé la tâche écrasante de diriger la politique générale du gouvernement, et en même temps, la politique étrangère. On ne l'a pas vu las un seul moment. A peine au sortir de la -terrible bataille de la représentation proportionnelle (qu'il a gagnée à la Chambre et qu'il aurait également gagnée au Sénat), les circonstances extérieures sont venues offrir au président du conseil d'autres soucis en guise de repos. M. Raymond Poincaré a subi glorieusement cette nouvelle épreuve. Son autorité et son prestige ont passé la frontière.

Restait à décider à quelle branche il devait s'attacher afin d'atteindre au sommet rêvé. Le cambriolage en grand fut bientôt écarté. Pour plat et insuffisant qu'il jugeât le policier européen, il savait qu'une longue tradition lui a enseigné quelques principes utiles; qu'il est assez redoutable notamment lorsqu'une simple question de vol est en jeu. Il y a de beaux coups à tenter en ce genre, mais il y a aussi fort à parier que des limiers bien dressés sauront rattraper le voleur et lui arracher sa proie avant même qu'il ait eu le temps d'y mettre la dent Tel est du moins le spectacle qu'on voit tous les jours. Examiné sans passion, sans remords comme sans vain dégoût, le vol ne lui parut donc pas la ligne à suivre pour lui. Toute autre était la carrière du meurtre. Non seulement elle était beaucoup moins encombrée, mais ses adeptes n'agissant guère que par soubresauts, leurs actes étaient plus difficiles à analyser, à classer, et par conséquent moins bien connus que ceux du voleur.

L'indécision, et la gaucherie caractérisaient toujours les recherches de la police devant une affaire de meurtre. Et la maladresse du justicier n'était égalée que par celle du criminel. L'empoisonneuse versant l'arsenic à l'époux, le médecin complice, le brutal assassin usaient .tous des mêmes grossiers moyens, se trahis-, saient par une sotte étourderie, se perdaient par leur puérile défense. Un homme de tête devait trouver des leçons dans chacune de leurs fautes, se fortifier de leurs faiblesses. Tout bien considéré, l'assassinat poursuivi avec science et méthode lui parut être la route large et rapide qui s'offrait pour arriver au but, et il s'attacha à exceller en cet art; le meurtre était resté jusqu'ici entre les mains de l'amateur: il serait désormais dans celles d'un virtuose.

Avec ses fortes connaissances techniques (entre temps il était devenu docteur ès sciences de l'université de Boston), aidé d'une vive imagination, et cuirassé d'une absolue indifférence quant aux souffrances d'autrui, il devait faire en peu de temps, de grands progrès dans cette voie: ses premiers pas furent des pas de géant. Autre chose cependant est de tuer, et même de tuer impunément, autre chose de rendre son crime fructueux.

Côte à côte avec l'étude des moyens à suivre pour supprimer un individu sans laisser de traces, avait marché la recherche minutieuse des personnes qu'il pourrait être utile de faire

C'est le moment où s'approchait l'échéance des pouvoirs présidentiels. L'opinion publique ,a. pense que M. Poinearé, qui s'était montré Capable, de.f<3,,ire un si bon ministère, ferait luimême un excellent président de la République. Cette idée toute simple, jaillie de l'instinct national, a fait son chemin. Elle est devenue populaire et il n'y eut jamais de popularité plus saine. Ce n'était pas la fièvre ou l'ivresse, c'était la perception tranquille d'une vérité évidente. L'homme dans la rue, comme disent,les Anglais, l'artisan devant son établi, l'iniellecluel dans son cabinet ou dans son laboratoire, le commerçant ou l'industriel à son bureau, tout le monde disait « Le prochain président de la République ? Poincaré, évidemment. » Et cela dit, chacun retournait à son ouvrage. Plébiscite ? Non pas, si l'on entend par là ces mouvements irraisonnés qui entraînent la foule et l'ont trop souvent égarée. C'était plutôt le consentement universel à quelque chose de clair, de droit, de fertile et d'ordonné quelque chose enfin où le pays voulait reconnaître sa propre image.

Contre cette solution, on a vu se dresser tous ceux qui, dans la République et surtout au Parlement depuis une vingtaine d'années, se sont taillé des fiefs, des privilèges, des sortes de majorats. Car le parlementarisme faussé a sa féodalité absorbante et tyrannique. On l'a bien vu, l'autre soir, lorsque les anciens présidents du conseil nouveaux burgraves ont eu l'audace d'aller demander son désistement à M. Poincaré. Que représente, dans la République, un syndicat d'anciens présidents du conseil qui ne s'aiment point au fond, qui se sont renversés les uns les autres, parfois même dans des circonstances quasi tragiques, :et qui ont porté les uns contre les autres des accusations capitales ?' Leur rencontre éphémère, trust cimenté par les plus douteux sentiments, constitue la manœuvre la plus puérile. Ajoutons qu'elle offre à l'opinion publique un spectacle peu moral. Si accoutumés que nous soyons au scepticisme de certains chefs, nous n'avons pas heureusement assez de souplesse et de rapidité pour suivre des évolutions si hardies et si désinvoltes. Les affaires de la France méritent d'être traitées sérieusement et non point comme la danse d'un quadrille où l'on change de partenaire suivant la figure. C'est l'honorable M. Pams, sénateur des Pyrénées-Orientales, qui, par une aventure singulière et dont il fut surpris lui-même tout d'abord, portait contre M. Poincaré le drapeau du vieux parti radical socialiste, le plus étroit et le plus borné. Dans cette bataille furieuse où les coups n'ont pas été toujours très mesurés, M. Pams ne pouvait espérer qu'on le ménagerait. La vérité est que ce parfait galant homme, courtois, est très pourvu d'intelligence et de finesse. Son obscurité relative avait surtout pour cause sa modestie. Il est assez ancien dans le Parlement et il avait d'assez puissantes amitiés pour devenir et redevenir ministre presque à son gré. Il s'était contenté jusqu'à présent d'un rôle de spectateur avisé et assez narquois. Il semble être entre dans les ministères d'abord pour élargir son champ d'observation. Les circonstances l'ont transformé en champion, parce qu'il était agréé de beaucoup de personnes, et que de tous les candidats possibles contre M. Poincaré, c'est le nom de M. Pams Qui divisait le moins. Nous ̃ne dirons pas que M. Pams n'avait avec lui que les « mauvais garçons » du Parlement; mais tous les « mauvais garçons » se rangeaient sous sa bannière par hostilité contre M. Poincaré. Sectaires, jacobins, pêcheurs dans la « mare stagnante », bonapartistes et royalistes d'hier transformés en défenseurs de la République (de la République spéciale dont ils profitent), tous ceux qui veulent « faire marcher la France » sur l'ordre des comités, tous les stratèges de couloirs et d'antichambres, tous les collectionneurs de fiches, tous les destructeurs, tous les faiseurs de surenchères, tous ceux qui veulent imposer au peuple français (et, naturellement, sans y croire eux-mêmes) une sorte de syllabus démagogique très abêtissant, tout le système d'oppression et de tracasserie qui se résume dans ce mot le combisme, tout cela et tous ces gens-là, tous ces mauvais souvenirs et toutes ces menaces s'abritaient derrière la physionomie souriante et au demeurant sympathique de M. Pams.

La bataille a été rude. Il a fallu toute la ténacité de M. Poincaré, son républicanisme incontestable, l'autorité de ses services, toute la force que lui donnait la confiance des meilleurs républicains pour qu'il pût se dégager des manœuvres que les cornbistes décorent du nom de discipline, et que d'ailleurs ils n'observent jamais. Il nous semble entendre encore M. Clemenceau, alors président du conseil, et combattu par les combisles, s'écriant à la tribune de la Chambre « Je ne veux pas être étranglé pas les muets du sérail! » Et nous avons vu jeudi soir M. Clemenceau, devenu le chef des combistes, le chef des muets du sérail, apporter à M. Poincaré le lacet. Qu'est-ce donc qui a pris à M. Clemenceau de ne pas rester lui-

disparaître. Parmi les mystères que recélait l'esthétique demeure de Crown square, on aurait pu trouver certaines listes où les fortunes, les familles, les âges, les intérêts de la grande société londonienne se trouvaient classés et catalogués de façon à faire frémir plus d'un, s'il avait pu jeter les yeux sur ces sinistres docu-' ments. Et ce fut une chose à peine croyable mais certaine qu'en ce vingtième siècle si fier de ses progrès et de son indépendance, un monarque de l'assassinat vînt s'établir en pleine ville de Londres et la tyranniser comme peu de despotes ont jamais été capables de le faire. C'est qu'au-dessous du vernis que la civilisation étend sur la société il avait trouvé les moyens par lesquels on gouverne les hommes. Sous cette croûte fragile s'agitaient et grouillaient, aussi vivaces qu'aux jours primitifs, les antiques passions qui de tout temps ont possédé le coeur humain l'avarice, la luxure, l'envie, la haine n'avaient rien perdu de leur force; seule l'occasion manquait la plupart du temps pour satisfaire ces vices. Et voici que se montrait le démon tentateur avec qui on pouvait faire pacte. Point n'est surprenant si plus d'un, de ces pactes fut signé 1

L'adresse la plus consommée entoura ses ma-' nœuvres. Rien que la divination combinée de deux esprits supérieurs en pouvait pénétrer le, mystère, et sans l'alliance de Saltus et du solicitor, elles seraient pour toujours restées ignorées sans doute.

De même que pour l'alliance de ces deux hommes de bien, il s'était formé d'ailleurs du côté du crime une redoutable conjonction de talents, une communauté d'action qui en doublait la force.

Eternellement soupçonneux de ses sous-ordres, ne se confiant jamais à eux, forcé de partager et de disséminer leur coopération à ses actes, afin de n'être pas deviné par eux, Matsumi chercha vainement d'abord l'instrument qu'il lui fallait, l'agent capable de tout comprendre, de tout exécuter, sans jamais le trahir ou se trahir soi-même; et il désespérait presque de trouver un outil de pareille valeur, lorsque le hasard lui fit rencontrer Julia Albemarle. En l'une des rares occasions où il consentait à dîner à son ambassade, il fut placé à table à côté de cette jolie femme, et du premier coup il pressentit en elle des capacités pour le mal que nul dans son entourage n'avait soupçonnées. Une enquête savante confirma cette intuition.

même ? Sa jonction avec M. Caillaux, avec M. Combes, avec M. Moais lui a enlevé un peu de sa physionomie si originale. .et elle ne lui a. pas porté bonheur.

iLâ nouvelle de l'élection de M. Raymond Poincaré a communiqué à. la France entière un frisson de joie et de juste orgueil. Il règne au-:jourd'hui, dans toutes les classes de la société, un optimisme général, un grand contentement des autres et de soi-même. La France envisage avec espoir et confiance la période de sept années qui va s'ouvrir. Elle ne sera pas déçue. Répondant hier aux félicitations du président de l'Assemblée nationale et à celles de M. Aristide Briand, le nouvel élu disait « Je demeurerai le » gardien fidèle de la Constitution et des lois. Je » maintiendrai au-dessus de toute atteinte les » intérêts de notre défense nationale et je veil» lerai, d'accord avec les ministres résponsa» blés, à l'unité de notre politique étrangère. » 11 y a dans ces paroles comme un accent nouveau.

Le président de la République ne doit pas être, en effet, une sorte de divinité asiatique qu'on ne puisse aborder et qui se désintéresse de tous les problèmes nationaux sous prétexte d' « irresponsabilité ». Il ne doit pas être un instrument généralement inerte qui ne fonctionne qu'aux changements de ministère et qui jette à la foule un nom de nouveau président de conseil comme ferait un distributeur automatique ou un oracle. Il faut qu'on sente qu'il vit de la vie du pays, et que sans s'immiscer dans les décisions ministérielles, il suit avec attention le travail des gouvernements qui se succèdent, reliant ce qui ne saurait être interrompu sans péril pour l'honneur ou la sécurité du pays. On voudrait que le président de la République n'entendît pas parler pour la preftîière fois des affaires quand elles viennent au conseil et qu'il prît la peine d'en étudier d'abord les documents afin que son avis impartial et désintéressé rende un maximum d'efficacité. On voudrait qu'il fût l'arbitre des intérêts économiques locaux qui, se contre-balançant, se nuisent les uns aux autres et font que pour l'outillage commercial et industriel, la France, pourtant si riche, se laisse reléguer au dernier rang des grandes nations. Pour réaliser ce commencement de programme, si normal et si constitutionnel, il faut un homme d'intelligence très vive et d'habitudes très laborieuses M, Raymond Poincaré sera celui-là.

Heures d'Histoire

Bonne chance!

J'ai bon espoir.

Ces paroles, rapportées par un de nos confrères, furent échangées hier vers midi entre un pas- sant et le président du conseil, tandis que l'automobile de M. Poincaré gravissait, sans hâte et d'une allure volontairement modérée, la côte de Saint-Cloud.

Ce bref dialogue résume à souhait les heures historiques très agréables que nous venons de traverser. La journée d'hier fut une journée de confiance affectueuse et d'espérance cordiale. Les soucis qui surchargeaient le front de certains radicaux et radicaux socialistes, obscurément no'toires et plus fameux au fond des «Oùlisses parlementaires que dans le vaste et lumineux décor de' la place publique, n'ont pas empêché les nuages de se dissiper sous le souffle d'une brise déjà printanière. Après une matinée quelque peu brumeuse et pluvieuse, le soleil a brillé joyeusement dans l'azur clair. Cette charmante éclaircie mettait en valeur, par un vif rayonnement, les nobles lignes et les harmonieuses perspectives du château de Versailles. La magnifique élégance des colonnades et-des pavillons, ainsi dégagés du brouillard et teintés d'ombres délicatement bleues, enchantait les yeux des spectateurs épris des belles architectures, et communiquait à l'âme des multitudes une sorte de sérénité, conseillère de patience et avantcourrière des résultats attendus par l'immense majorité des Français. S'il y eut quelques tempêtes sous des crânes d'arrondissementiers bouleversés par l'écroulement subit de tout leur échafaudage d'intrigues plus ou moins burlesques ou moroses, en revanche la foule, tranquillement massée sur la place d'Armes et docile aux consignes d'une armée qui se sent de plus en plus unie à l'ensemble de la nation, donna, pendant cette longue attente, l'exemple d'une douceur et d'une discipline que les observateurs et les théoriciens de la psychologie populaire ont pu considérer d'emblée comme un présage de favorable augure. Toutes les conditions sociales se mêlaient fraternellement dans cette assemblée, réunie en plein air, et infiniment plus calme que le Congrès convoqué à l'intérieur du château de Louis XIV par les questeurs de la Chambre et du Sénat. Le Travail y coudoyait sans rancune le Capital. La « lutte des classes » était visiblement suspendue par une trêve tacitement consentie. Les automobiles étincelantes voisinaient sans difficulté avec les modestes « tapissières » venues de Paris et des environs pour amener à c'e spectacle rare une innombrable cargaison de

et tout de suite il s'attacha à faire sa conquête, entreprise qui eût paru chimérique à plus d'un, étant donné d'une part le physique de Matsumi, de l'autre le caractère irréductible qu'on prêtait à la jeune veuve. Mais le Japonais ne douta pas un instant du succès. Il avait étudié son sujet et sut attaquer les cordes voulues. Il avait deviné en elle le goût de l'intrigue, l'amour des aventures, le désir du pouvoir, l'orgueil secret de manier de grandes forces et de grosses sommes d'argent, une étrange absence de sentiment moral qu'elle dissimulait par bienséance, mais que sa perspicacité avait pénétré d'emblée. Il se complut avec une habileté diabolique à développer, favoriser, affermir ces tendances; et en lui procurant la rare satisfaction de se sentir comprise, de s'entretenir sur le pied d'égalité avec un esprit de premier ordre, il se l'attacha fermement plus même qu'il n'aurait voulu. Car cette femme réputée froide et insensible s'éprit bientôt avec une violence perverse de ce magot qu'aucune de ses pareilles n'eût voulu honorer d'un regard favorable, mais qui à ses yeux prenait les proportions d'un surhomme, d'un maître du monde.

1 Une des causes de l'ascendant qu'il prit sur elle fut 'le mystère dont leurs relations s'entburèrent dès le début. La destinant à exécuter ses œuvres, de ténèbres, il dut écarter aux yeux du'public toute apparence d'intimité entre eux; et pour cette femme éprise des voies tortueuses, il y eut une joie toute particulière à travailler dans l'ombre avec son professeur en intrigue. Cependant il lui fallait une récompense plus grande que l'appât de l'or ou du pouvoir. Matsumi dut s'incliner, promettre à l'amoureuse la vie que rêvait son imagination dévoyée, l'existence idyllique au pays du lotus et des chrysanthèmes, les honneurs partagés aux côtés du samouraï revenu au berceau de ses aïeux. Il gouverna dès lors sans conteste sa volonté, et l'association marcha sans un accroc. Elève merveilleuse d'un maître sans pareil, elle apprit à exécuter sans hésitation et sans défaillance les plus petits comme les plus terribles de ses ordres. Partout reçue et bien accueillie elle put corroborer, confirmer, étendre les observations de Matsumi, préparer la voie à de nouveaux attentats. En quelques années ils se multiplièrent, insoupçonnés. Par son subtil ministère, les ambitieux, les assoiffés de vengeance, de plaisir, de pouvoir, de fortune ajœrireut qu'il existait des moyens de

curieux. On voyait des artistes, des gens de lettres, préférant ce libre va-et-vient et ces entretiens variés aux stations prolongées dans une salle close où Ton ra pouvait voir-ee- son»» <qu'un~défilé de sénateurs et de députés, causer familièrement avec des ouvriers, mettre leurs, impressions en communauté sympathique avec les sentiments qui se manifestaient dans les paroles et s'exprimaient sur les visages de ces braves gens qui étaient venus là émus d'une même pensée. On cause sans façon et sans contrainte, à cœur ouvert. On n'a point d'inquiétude sur le résultat du scrutin. C'est qu'on n'admet pas un seul instant que le vote solennel de l'Assemblée nationale puisse être contraire au vœu spontané de la nation. Devant la grille du château, sous le ciel pur que l'approche du crépuscule commence à colorer des plus douces nuances de la pervenche et du bluet, la foule attend toujours la décision de l'Assemblée. Le premier tour du scrutin ne laisse aucun doute sur l'issue de cette lutte inégale. On est content. La satisfaction des cœurs apparaît dans la tran- quillité des gestes et aussi dans la discrétion des causeries qui se tiennent presque à mi-voix, comme si l'on se réservait pour l'acclamation de joie patriotique et de concorde française qui sera la conclusion paisible et superbe de ces heures fraternelles. Pas le moindre énervement dans les remous de cette multitude qui se porte, sans désordre, vers la haie des soldats, toutes les fois qu'un message de bonne nouvelle semble venir du fond de la cour d'honneur où se dresse la statue équestre du Grand-Roi, Le service d'ordre, assuré par quelques brigades de gendarmes bienveillants et par plusieurs compagnies du 5° régiment du génie, n'a pas besoin d'intervenir, excepté au moment où une sorte de carriole charlatanesque, pavoisée de banderoles qui portent des inscriptions sottement anarchistes, essaye de s'introduire sur la place d'Armes, malgré les barrages de la police. Alors un cri retentit

Vivent les gendarmes

Exclamation aussi cordiale que suggestive, où l'on peut voir le symptôme d'une évolution nouvelle dans la mentalité populaire. Décidément le peuple français, frondeur par nature, mais discipliné par sagesse, ne veut plus qu'au grand guignol de la vie réelle le commissaire soit bafoué ou rossé par Polichinelle. Les temps sont changés. Nous avons tellement souffert de l'incohérence grégaire et de l'anarchie égoïste, que nous éprouvons la nostalgie d'une autorité gardienne de la sécurité individuelle et sociale.

Et maintenant, c'est fini. Après diverses cérémonies, prévues par le protocole et dont le public ne se soucie pas, voici la première sortie du nouveau président de la République au milieu 'du peuple assemblé. C'est, en quelque sorte, son premier contact avec la nation impatiente d'acclamer, au premier rang de la hiérarchie républicaine, un homme, un Français, un républicain, vraiment digne de ce rang suprême et de la plus haute dignité de l'Etat.

Ce fut une ovation à la fois formidable et douce, une acclamation où l'accent d'une amitié collective infiniment noble se mêlait à la notification impérieuse de la volonté d'un peuple enfin souverain. Ceux qui ont vu ce beau spectacle, à la lueur des lampes électriques illuminant les ombres de la nuit commençante,. parmi le salut étincelant des épées, au milieu des éclairs jetés par les casques et les lances des cavaliers de l'escorte, dans cette grande fraternité du peuple et de l'armée, unis pour honorer et acclamer un bon citoyen, vraiment digne de cet honneur et de ce bonheur, garderont à jamais le souvenir de cette minute inoubliable.

Les adversaires de M. Poincaré, en se séparant de lui si bruyamment et en poussant de tels cris que l'ancienne chapelle du Luxembourg, choisie pour être le lieu de leurs vociférations, en est encore tout ébranlée, risquaient de s'exposer, par ce tapage, à certaines représailles populaires. Mais la foule, qui d'ailleurs les connaît peu, se montra généreuse en les épargnant. On se contentait, quand l'un d'eux franchissait, en voiture ou à pied, le seuil du château, de lui crier en pleine figure « Vive la France Vive la République Vive Poincaré » » On remarqua, entre autres, un sénateur qui, évidemment scandalisé par ces exclamations qui ne sont pourtant point séditieuses, répondit aux manifestations de la foule en se voilant la face, et en faisant de la tête et des mains, par une sorte d'ébrouement effarouché et de gesticulation éperdue, des gestes de dénégation violente. La bonhomie du peuple, trop satisfait pour être cruel, s'amusa simplement de cet intermède. Et la mimique du père conscrit eut un vrai succès d'hilarité.

L'homme qui eut la profonde joie de recueillir ainsi sur son passage, à Versailles et à Paris, les marques de cette popularité de bon aloi, n'est pas de ceux on le sait de reste qui sont exposés par leur caractère à abuser de leur triomphe. Acclamé par les élites et par les multitudes, il éprouvera sans doute un délicat plaisir à se rappeler dans le recueillement de ses méditations coutumières ces mots que lui disait M. Lavisse en le recevant à l'Académie française « Une force est en vous, qui peut devenir une puissance, le jour où vous croirez, comme vos amis vous le dir-

contenter leur torturant désir; que l'obstacle placé entre eux et le but pouvait être écarté moyennant un sacrifice. Et il n'était pas besoin de leur recommander le secret! Une fois qu'ils avaient payé, en détournant la tête, les vastes sommes réclamées, ils se hâtaient d'oublier le pacte infamant, ignorant la plupart du temps les moyens qui les avaient servis, et ne désirant point les connaître.

Au moment où se produisit l'intervention de Saltus, Matsumi approchait de la réalisation de son rêve. Il s'était fixé le chiffre de fortune qu'il jugeait nécessaire pour relever et maintenir le lustre de sa maison; ce chiffre était presque atteint. Il s'occupait déjà sous main du rachat des terres qu'il avait tant à cœur. Huit ans seulement s'étaient écoulés depuis qu'il entreprit son abominable tâche; il était encore jeune, plein de vigueur; il aurait amplement le temps de réaliser le plan qui avait été le rêve de toute sa vie. Une seule chose le gênait à cette période de sa carrière l'existence de Julia Albemarle. Elle n'était pas de celles avec qui on peut se dispenser de compter, et elle attendait, tenace, la récompense promise. Son incommode passion n'avait fait que croître au cours des années; elle rêvait comme lui de la grande existence féodale qu'il voulait ressusciter il avait dû. promettre de l'y associer, et elle n'en démordrait pas, il le savait. Or si Julia était éprise jusqu'au fond de l'être de cette idole japonaise, Matsumi n'avait pour elle ni amour ni amitié. Sa brune beauté le laissait froid, les droits que lui avaient acquis ses services l'importunaient, et l'idée seule de l'emmener là-bas lui était odieuse. Que ferait-il, le moment venu? Il ne voyait guère qu'un moyen la supprimer. Mais il était plus facile d'imaginer cet hideux expédient que de l'exécuter. Julia, il s'en assurait tous les jours davantage, lui était indispensable. Aucun des plans tracés par lui ne réussissait que si elle y mettait la main. Et comment éluder l'observation d'une personne si fine, si adroite, en possession de tant de terribles, secrets? Comment surtout se passerait-il de son aide, ainsi qu'il faudrait le faire si elle même était la victime désignée?

Ce fut sur ces entrefaites qu'arriva l'évasion d'Arthur Hughes, et toute la couleur de sa vie fut changée. La terre tremblait sous ses pieds. Il avait trop de finesse pour ne pas voir d'emblée la portée et les conséquences d'un

sent, qu'à certains moments et nous sommes à ce moment-là, n'est-ce pas ? la politique veut et vaut tout son homme. » G. D.

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élu rs m e de a République M. Raymond Poincaré a été proclamé président de la République hier soir, à six heures quarantecinq, à l'Assemblée nationale. L'élection a donné lieu à deux tours de scrutin; en voici les résultats: PREMIER ~TOUR

Inscrits 892. Votants 872

Majorité absolue 437

MM. Raymond Poincaré. 429 voix. Pams. 337

Vaillant. 63

Deschanel. 18

Ribot. 16

Bulletins blancs et nuls. G

DEUXIÈME TOUR

Inscrits 892. Votants 870 `

Majorité absolue 436 ̃•

MM. Raymond Poincaré. 483 ~Lû Pams. 296 voix, Vaillant. 69 'i Bulletins blancs et nuls. 11

LA SÉANCE DU CONGRÈS Nous avons donmé hier le compte rendu complet de la séance de l'Assemblée nationale jusqu'au résultat du premier tour.

Voici le compte rendu sténographique in extenso, d'après le Journal officiel, de la fin de la séance. M. Antonin Dubost, président, vient de proclamer les chiffres du premier tour; il ajoute Aucun des candidats n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, il y a lieu de procéder à un deuxième tour de scrutin.

Quelqu'un demande-t-il une suspension de séance ? (Non non Si 1 si !)

M. Massabuau. C'est dans les couloirs que l'on a demandé cela

Le président. Si l'on formule une demande de" suspension. (Réclamations.)

Mais, messieurs, la suspension n'est pas de droit et c'est l'Assemblée nationale seule qui pourrait l'ordonner. (Très bien très bien !)

Si personne ne demande la suspension, il va être immédiatement procédé à un deuxième tour de scrutin. (Vifs applaudissements.)

Ouverture du, second tour

Le deuxième scrutin est ouvert.

(Le scrutin est ouvert à quatre heures vingt minutes. Le vote a lieu à la tribune. L'appel nominal commence par la lettre>T.) Le président. L'appel nominal est terminé. Il va être procédé au réappel.

(Cotte opération a lieu.)

Le président. Personne ne réclame plus le vote ?.

Clôture du second tour

Le scrutin est clos.

Il va. être procédé au dépouillement du scrutih. Si l'Assemblée y cotosent? la séance sera suspendue pendant cette opération. (Adhésion.) (La séance, suspendue à six heures, est reprise à sept heures moins un quart.)

Résultat

Le président. La séance est reprise.

Voici, messieurs, le résultat du dépouillement du deuxième scrutin pour l'élection du président de la République

Nombre des votants 870

Bulletins blancs ou nuls. 11

Suffrages exprimés 859

Majorité absolue 430 1

Ont obtenu

M. Raymond Poincaré. 483 suffrages. (Applaudissements prolongés à gauche, au centre, à droite et acclamations. Bruit à l'extrême gauche et sur quelques bancs à droite.)

M. Pams 296 suffrages. (Vifs applaudissements sur un grand nombre de bancs à gauche.)

M. Vaillant 69 suffrages. (Vifs applaudissements à l'extrême gauche. Bruit.)

Divers il M. Dominique Delahaye. Lisez les noms des divers, s'il vous plaît. (Mouvements divers.) Le président. M. Raymond Poincaré ayant obtenu la majorité absolue des suffrages. Voix à gauche. Avec la droite! (Oui! Oui! à droite.)

M. Brager de La Ville-Moysan. Eh bien, oui, nous l'avons nommé, malgré vous!

Le président. je Vie proclame président de la République française, (Interruptions sur quelques bancs à gauche. Protestations et applau- dissements) pour sept ans à partir du jour où prendra fin le mandat du président en exercice. (Longs applaudissements. Cris « Vive la Ré-

pareil fait. II était joué, lui, Matsumi! Tandis qu'il se croyait intangible, assuré de l'impunité, qu'il s'attardait à arrondir sa fortune, parfaire ses projets l'ennemi le sapait dans l'ombre, minait l'édifice, en ébranlant les fondements

Pour un homme moins résolu, moins orgueilleux, moins sûr de soi, la fuite immédiate eût été le seul recours, et il n'était pas sans avoir pris depuis longtemps des mesures pour opérer en cas extrême une sûre retraite, sauver une partie sinon la totalité de ses immenses profits. Mais justement ce recours lui répugnait aujourd'hui de façon indicible. De toute sa force, il admirait l'homme qui osait lui faire échec. Il trouvait en Saltus, comme il le disait à Julia, un adversaire digne de lui, et il ne pouvait se résigner à quitter la place, à « rompre », à tourner les talons en plein assaut. Il voulait croiser le fer avec Saltus, lui faire sentir le poids de son bras, ou, s'il devait succomber, que ce fût au moins avec les honneurs de la guerre. Non, il ne se retirerait pas avant d'avoir tenté le suprême effort! Comme il méditait ainsi, longeant le bord du fleuve, il arriva en vue d'une maison de campagne datant évidemment de l'époque de la reine Anne, un peu effritée aujourd'hui, mais présentant encore une belle apparence. De grands murs entouraient le parc. Par une haute grille en'fer forgé, on apercevait au bout de l'allée la bâtisse en brique rouge caractéristique des premières années du dix-huitième siècle. Deux pilliers de pierre flanquaient la porte; sur chacun d'eux on voyait sculpté un lion « rampant » à moitié couvert de mousse, et près de la sonnette les mots« Lion House »>i )i étaient encore lisibles quoique un peu effacés. Le Japonais tira le bouton; un tintement lointain lui répondit; puis un pas traînant se fit entendre sur le sable de l'allée et une grande femme, extraordinairement obèse, au visage rouge et énorme, aux yeux pâles, à la lèvre rusée, vint ouvrir.

Eh bien? demanda Matsumi, laconique. Elle est en sûreté, monsieur, fit la créature d'une voix doucereuse. Mais plus tôt vous la verrez, mieux il vaudra, je crois. Ou je me trompe fort, ou celle-là nous vaudra des difficultés.

̃ (A sxmrej. GUY Thornb.