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Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1912-02-05

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 05 février 1912

Description : 1912/02/05 (Numéro 18479).

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k240753c

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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SOMMAIRE

CHRONIQUE théâtrale, Adolphe Brisson.

2Pa.gr© ̃ISS

LA GUERRE ITALO-TURQUE A TRIPOLI L'AFFAIRE DE HODEÏDAH; -UN DISCOURS DE M. LLOYD GEORGE. NOUVELLES DE l'étranger.

Page S

LE VOYAGE DU- ROI D'ANGLETERRE AUX INDES, René Puaux. Armée ET marine. Journée PARLEMENTAIRE: Chambre, L'EMPRUNT TUNISIEN, LES VALEURS étrangères SÉNAT: LE BUDGET DE 1912. CHRONIQUE électorale. NOUVELLES DU JOUR.

JPao® •*

PROMENADES ET VISITES LES PETITS PAPIERS, Léon Lafage. HISTORIQUE DES «TRAVAILLEURS DE LA MER », J. L. Les DROITS DE L'ENFANT ABANDONNÉ, A. Chenevier. CHUTE MORTELLE d'un INVENTEUR DE PARACHUTE. ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.

Page 5

ART ET curiosité. Tribunaux. Théâtres. SPORT. BULLETIN commercial. MARCHÉS ÉTRANGERS.

Page s

SEMAINE FINANCIÈRE.

Paris, 4 février

BULLETIN V DE L'ÉTRANGER L'/NÇIPENT DE HODÈÎDAH

On trouvera plus loin les renseignements que nous avons pu recueillir sur l'incident de Hodëïdah bombardement par des navires de guerre italiens des ateliers et travaux de la Compagnie ottomane du chemin de fer Hodeïdah-Sanaa dont les constructeurs sont Français. Cette nouvelle a provoqué à Paris une émotion naturelle. Il convient pourtant de ne point porter sur la question de jugement prématuré et notamment de ne pas parler, comme l'ont fait certains journaux, d'une « atteinte au droit des gens », aussi longtemps du moins que cette atteinte ne sera pas établie.

Dans l'état des informations obtenues, les points à retenir sont les suivants

i° Blocus de la côte de Hodeïdah.

En vertu de l'état de guerre existant entre l'Italie et la Turquie, le gouvernement italien a proclamé le blocus effectif de.la côte ottomane de la mer Rouge. Cette déclaration a paru au Journal officiel de la République française le 23-janvier 1912 dans les termes suivants Vu l'état de guerre existant entre l'Italie et la Turquie, le gouvernement royal, agissant en conformité des règles du droit international, déclare qu'à partir du 22 janvier le littoral' ottoman de la mer Rouge, s'étendant du ras d'Isa, au nord de. Hpdeïdiahjusqu'au ras-de Goulaifac au sud,sera tenu en état de blocus effectif par les forces navales du royaume.

Les navires neutres auront un délai qui sera fixé par le commandant en chef de la force bloquante pour sortir librement des points bloqués. Il ggra procède centre tout bâtimeftl» qui teotéfftit de violer le blocus conformément aux règles du ̃ droit internationail et aux traités en vigueur avec les puissances neutres.

Ce faisant, le gouvernement italien a usé d'un droit incontestable. En fait il a motivé sa déclaration par l'importance des forces turques groupées dans la province de Sanaa, c'est-àdire en face de la colonie italienne de l'Erythrée et par la possibilité d'une agression (infiniment improbable, il est vrai, vu la situation maritime de la Turquie). Subsidiairement le gouvernement italien entendait se sauvegarder contre les risques de contrebande par la voie de la Haute-Egypte (hommes ou munitions). Enfin il se réservait, par ce blocus et ses conséquences, de porter préjudice au terrii toire ennemi, ce qui est le propre de la guerre. Ce sont ces diverses raisons qui l'ont amené à détruire le chemin de fer dont les travaux ont commencé l'an dernier.

2° Bombardement du chemin de fer.

La convention de la Haye de 1907, signée de la France et de l'Italie, a fixé comme il suit les droits des belligérants en matière de bombardement.

Article premier. Il est interdit de bombarder par des forces navales des ports, villes, villages,.

FEUILLETON nu %tttipS DU 5 FEVRIER 1912

~~O~MT~~ME

fe ̃•:̃̃̃•

GYMNASE L'Assaut, trois actes de M. Henry Bernsj, tein.

Comédie-Française Alkestis, de M. Georges Rivollet, d'après Euripide (reprise).

i Comédie-Royale Zubiri, un acte, de M. G. de Porto1; Riche (tiré de Victor Hugo). Pompette, deux 1 actes, de MM. Pierre Veber et Pierre Montrel. Un coup de cani f, un acte, de M. Lahovary. Champion de boxe, un acte, de M. Yves Mirande. | L'Œuvre La Charité S. V. P., trois actes, de p M. W. Speth.

i" h' Assaut marque une étape dans la carrière i de M. Henry Bernstein. Cette pièce est d'une p autre qualité, d'une antre « essence » que ses ouvrages antérieurs; une autre atmosphère i'enveloppe, une autre impression en émane; i elle témoigne d'un nouvel effort, peut-être d'une 1 inquiétude nouvelle il semble en tout cas qu'une nouvelle orientation s'y.dessine, attestée par un certain souci de noblesse morale et comme par une soif d'élévation; elle exalte f, l'amour, mais l'amour chaste, dépouillé de toute f frénésie sensuelle, réduit au seul sentiment, capable d'immolation; elle exalte le scrupule et l'idée de sacrifice; elle exprime des vérités réconfortantes, offre au spectateur des tableaux consolants. L'auteur ne nie plus et s'attache à souligner les bons instincts de l'homme; il n'étale plus, avec une sorte d'ostentation perverse, ses défaillances, et s'il les excuse, il veut du moins qu'elles soient punies et que le coupable se juge tel et qu'il se condamne, et qu'il s'inflige une expiation.' Le héros du drame a 'un passé d'aventurier; il ressemble en ceci |à' maint personnage de l'ancien Bernstein, particulièrement au Brochard de Samson; il a une tare; mais cette faute initiale, chez Llui tant de circonstances l'atténuent que i ce n'est presque plus une faute; d'ailleurs des années de travail, de probité, d'honneur i l'ont rachetée. Finie l'apothéose de la force !brutale que le succès justifie; finie la vision I morne et complaisante des bassesses, des tur-

habitations ou bâtiments qui ne sont pas défendus.

̃ Art. 2. Toutefois ne sont pas compris dans cette interdiction les ouvrages militaires, établissements militaires ou navals, dépôts d'armes ou de- «làtériel de guerre, ateliers et installations propres à êbre utilises pour les besoins de la flotte ou de l'armée ennemie, et les navires de guerre se trouvant dans le port.. Le commandant d'une force navale pourra, après sommation avec délai raisonnable, les 'détruire par le canon, si tout autre moyen est impossible et lorsque les autorités locales n'auront pas procédé à cette destruction dans le délai fixé. Il n'encourt aucune responsabilité dans ce cas pour les dommages involontaires qui pourraient être occasionnés par le bombardement. Si des nécessités militaires, exigeant une action immédiate, ne permettaient pas d'accorder de délai, il reste entendu que l'interdiction de bombarder .la ville non défendue subsiste comme dans le cas énoncé dans l'alinéa premier et que le commandant prendra toutes les dispositions voulues pour qu'il en résulte pour cette ville le moins d'inconvénients possible.

Ce texte pose plusieurs questions auxquelles il est difficile d'apporter actuellement une réponse complète. La première est de savoir si la côte bombardée était « défendue ». Dans l'affirmative, le bombardement serait de plein droit. La seconde question est de savoir dans l'hypothèse où la côte n'était point défendue si les travaux bombardés sont du nombre de ceux dont le bombardement est licite. Il semble bien, quelque dommage qu'aient pu subir les intérêts français, qu'une ligne et des ateliers de construction de chemin de fer rentrent dans la catégorie définie par la convention de la Haye « ateliers et installations propres à être utilises pour les- besoins de la flotte ou de l'armée ennemie ». Or J'-article de la convention dé la Haye ne formule pas de restric- tion au bénéfice des neutres qui peuvent être intéressés dans ces « ateliers et installations ». II spécifie même que « le commandant d'une force navale n'encourt aucune responsabilité pour les dommages involontaires qui pourraient être occasionnés par le bombardement ». 3° Situation de la Compagnie du chemin de fer.

La compagnie lésée est-elle donc complètement désarmée dans la défense de ses intérêts ? Nous ne le croyons pas. Mais en l'espèce, ce n'est pas, semble-t-il, au gouveirnement italien, c'est au gouvernement ottoman qu'elle devra -demander réparation. Société ottomane, concessionnaire en vertu d'une décision de l'autorité publique ottomane, opérant sur le territoire ottoman, elle a pâti de l'état de guerre existant entre la Turquie et l'Italie. Elle en a pâti d'autant plus que par son origine et sa nature, quelle que soit la nationalité des constructeurs, elle apparaissait au gouvernement italien comme une émanation de l'Etat ottoman. Mais pour cette raison même elle est qualifiée pour réclamer audit Etat le dédommagement du préjudice subi. Elle l'est en droit public. Elle l'est aussi en vertu de l'article 4 de son contrat qui porte Article 4. Il est expressément entendu que si, pendant la période de construction, il se produit des troubles dûment constatés de nature à interrompre, les travaux, les intérêts intercalaires afférent à la période d'interruption resteront à la charge du Trésor ottoman.

"~l" tl'"

Ici 'encore le problème est complexe et veut être étudié de près. Quoi qu'il en soit, les intérêts français ne resteront pas sans recours. Telles sont les observations particulières qu'il importe de formuler dès maintenant, quitte à les'rectifier si, sur des points de fait, la suite de l'enquête en modifie les données. Il importe plus encore de rappeler à l'opinion française qu'en de telles matières le sangfroid et l'esprit critique sont particulièrement nécessaires. L'état de guerre a toujours imposé aux neutres de lourdes charges. La question n'est pas de savoir si ces charges sont pénibles elles le sont inévitablement, mais si elles sont légales. M. Poincaré vient de prouver dans l'affaire du Manouba, avec autant de fermeté que de mesure, que notre droit, quand il est indiscutable, est énergiquement défendu. Mais il serait téméraire d'espérer qu'un esprit juridique tel que le sien consentît à poursuivre la réparation d'un tort qu'il jugerait inexistant. Or dans le cas présent, et jusqu'à preuve du contraire, il n'est pas établi que l'Italie ait excédé son droit., C'est le cas de rappeler ici le principe de morale « Mon droit est ton devoir; ton droit est mon devoir-», et d'attendre avec calme la suite des événements.

pitudes humaines. Le dramaturge reste pessimiste il l'est à la façon d'Alceste généreusement. Il flétrit la trahison, la duplicité, l'hypocrisie. Il chérit la vertu. Qui J'èût cru? Qui l'eût prédit ? M. Bernstein devient « idéaliste ». Notez qu'il aborde dans l'Assaut un sujet analogue à ses sujets préférés, qu'il y décrit une bataille aussi âpre, aussi farouche que celles de la Rafale, au Voleur ou de laGriffe, et qu'il y montre l'influence formidable de l'argent. Seulement il a soin, cette fois, de ne pas subordonner les affaires de cœur aux affaires d'intérêt, de ne pas les mélanger; et c'est une première innovation. Ensuite, usant d'une méthode que son école, jadis, réprouvait, il' ne supprime pas de parti pris les figures sympathiques il oppose à la meute des coquins le groupe uni et compact des braves gens. U se rallie en somme aux règles du vieux théâtre. Il ne change pas de genre, il change de « point de vue ». Son œuvre d'hier est moins audacieuse, moins dure, moins originale, moins personnelle que les précédentes; elle est plus saine, plus' discrètement émouvante, plus délicate, plus agréable. Et comme il y déploie ses rares qualités professionnelles il ne les a pas perdues son sens du mouvement, du relief scénique, de la vie, elle devait nécessairement réussir. Le public l'a saluée d'applaudissements chaleureux. Ce qu'il éprouvait était singulier et assez complexe le plaisir d'écouter une pièce adroite et pathétique; l'étonnement de constater l'évolution de l'auteur de le retrouver avec ses procédés, son tour de main habituels et de ne plus tout à fait le reconnaître. Que ressentait-il encore?. Il avait'l'illusion d'assister-à un spectacle déjà vu, d'entendre des voix depuis longtemps fa-, milières. Cependant ces mots se coloraient d'un accent inaccoutumé; ces choses revêtaient un. aspect inattendu; sur ces violences et ces colères flottait comme une odeur d'édification. Un paysage se métamorphose, selon que les rayons du soleil demeurent voilés ou l'illuminent. Ainsi les mêmes événements, les mêmes caractères, les mêmes scènes, selon les dispositions de l'écrivain ou du peintre, prennent une signification différente. L.4ssaut pouvait être eût été naguère un fait-divers dialogué, sinistre et barbare. Le « nouvel esprit » de M. Bernstein y a versé de la douceur, de la bonté. Si paradoxal que cela paraisse, la représentation de ce drame est un triomphe pour 1' « idéalisme ». Nous avons donc mille raisons de nous en réjouir.

Chef de parti, orateur acclamé, futur ministre, Méritai occupe dans le Parlement et le pays une situation considérable; il appartient à la race du « tribun » de Paul Bourget, de l' « apôtre » de Paul Hyacinthe-Loyson, auxquels on ne peut s'empêcher de le comparer;

DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES DES GORRESPONDANTS PARTICULIERS DU ^fttVpS k ̃ ;;Berïîn, 4 .février.

Un duel au pistolet a eu lieu hier à Grindemvald entre un lieutenant d'infanterie et un étudiant, des* dernier a été mortellement atteint d une balle au coeur. ̃ •"̃" :• Vienne, -4 février, •̃ L'empereur François-Joseph a reçu en' audience le commandant Lévêque, qui lui a présenté le commandant Henri Allier, le nouvel attaché militaire de France ii vienne.

Lisbonne, 4 février.

Les deux Chambres réunies ont résolu par 90 voix contré 62 de ne pas prorogeras travaux parlementaires néanmoins il est tacitement entendu que les deux Chambres s'occuperont de préférence à des travaux dé commission durant la période de suspension des garanties constitutionnelles. Constantinople, 4 février. Talaat bey est nommé ministre des postes et télégraphes, en remplacement de Soussa effendi, démissionnaire.

On dit que la Porte a décidé de faire des démarches auprès des puissances protectrices contreJes dernières manifestations qui se sont produites en

Crète..

Belgrade, 4 février.

Les facteurs de Belgrade, se sont.mis en grève parce qu'une augmentation de leur traitement mensuel,, qui est de 60 dinars,,ne leur a pas été, accordée.. ̃ 4 ̃

New- York, 4 février.

M. Myron T. Herrick serait désigné pour remplacer M. Bacon à l'ambassade des Etats-Unis en France.

M. Herrick, d'abord avocat, puis financier, viceprésident de l'Association des banquiers américains, est un ami intime du président Taft. Sa nomination ne paraîtra que quand elle aura reçu l'agrément du gouvernement français:

Hankéou, 4 février. Les pourparlers entre le vice-président de la République et les délégués du vice-roi ont eu le résultat suivant le vice-roi reconduira les troupes à Pékin il a par conséquent renoncé à combattre les républicains. On dit que les troupes ont déjà quitté la province du Houpé.

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DERNIÈRE HEURE

M. Pams dans les Vosges

M. Pams, dont nous avons annoncé le départ pour Neufchâteau, est allé ce matin visiter l'école pratique d'agriculture de Rouceux. Le ministre, qui était accompagné du préfet des Vosges, du général commandant le 20° corps d'armée, de MM. Dabat, directeur général des eaux et forêts; Reyrel et Blocq, du cabinet du ministère de il'agriculture, des <repré©entanits du département des Vosges et des départements voisins, a été reçu par le di- recteur de l'école, entouré de son personnel. M. Camille Picard, député de Neufchâteau, après avoir souhaité la bienvenue à' M. Pams, a fait ressortir la nécessité d'une éducation agricole professionnelle acquise dans des écoles où l'enseignement pratique vient compléter l'enseignement théorique.

Puissent nos futurs agriculteurs des Vosges, a, dit en terminant M. Camille Picard, vous devoir Jes véritables champs d'exploitation et d'expériences qui leur man- quent, les instruments de travail dont la pratique est devenue courante et qu'ils doivent apprendre manier, un enseignement élargi qui les préparera plus efficacenient à l'exercice de leur profession.

Mais dès ce jour, à leur amour pour la République, dont le plus illustre des Vosgiens a. dit qu'elle sera la •République des 'paysans,. mes compatriotes |oignë»t-une- pensée d'affectueuse gratitude pour le ministre dont la visite leur est un si précieux réoonfort et un gage de sympathie bienveillante.

Après la visite à l'école de Rouoeux, le cortège ministériel est rentré à Neufchâteau et sest rendu à la sous-préfecturé, où M. Pams a reçu les corps constitues. En présentant au ministre les membres de la fédération des comités républicains démocratiques, M. Camille Picard a dit Soldats du devoir républicain et du progrès démocratique les membres de tous nos groupements politiques sont d'ardents patriotes. Dans une même et pieuse pensée ils confondent leur affection de la patrie et leur attachement à la République. Fidèles au souvenir de leurs aînés de Valmy, ils sauront' montrer à la première occasion qu'ils en possèdent toujours les qualités d'héroïsme et de vaillance!

Un banquet d'un millier, de couverts a eu lieu à une heure au quartier Rébevail, sous la présidence de M. Pams.

Dans l'après-midi, le ministre est allé inaugurer l'école communale de Liffol-le-Gramd. Mort d'un député

On annonce la mort de M. Perreâu-Pradier, député et conseiller général de l'Yonne, âgé de soixante-quatre ans. M. Perreau-Pradièr avait été élu pour la première fois en 1910, au deuxième tour de scrutin, dans l'arrondissement de Tonnerre. Il était inscrit au groupe de la gauche radicale.

à leur exemple, il forme de beaux rêves; il veut l'humanité libre, affranchie de toute iniquité, de toute oppression. Son fils Daniel, un jeune député laborieux et grave, le seconde; ils recherchent ensemble les moyens de réconcilier le capital et le travail et de prévenir, les grèves. Ces indications sont un peu vagues. M. Bernstein n'y a recours que pour préciser la condition des personnages; leur opinion .politique n'a pas d'importance; la pièce est ailleurs. Un cadet, Julien, une fille de dix-huit ans, Georgette, complètent la famille qui se presse autour du grand homme, dans sa villa de, Dinard. Georgette y a fait venir une: amie, Renée de Rould. Tout ce petit monde le vénère et l'adore. Méritai, découvrant en Renée un trésor d'intelligence et de sagesse, médite de la marier à son fils aîné. La jeune fille accueille froidement ces ouvertures; elle estime infiniment le caractère et le talent de Daniel, mais elle s'est juré de n'épouser que celui qui aura su vraiment se faire aimer d'elle. Méritai insiste, essaye vainement de l'influencer, de la fléchir. Après beaucoup d'excuses, de réticences et de détours, poussée à bout, elle laisse échapper l'aveu qui le stupéfie « Voulez-vous, lui demande-t-elle, que je sois votre femme? » II croit avoir mal entendu. Un barbon aux cheveux gris ne saurait inspirer de tels sentiments. Cependant Renée est si sincère qu'elle finit par le convaincre. Voilà quatre ans qu'elle pense à lui, qu'elle nourrit le projet absurde et charmant de devenir sa compagne. Il arrive que la gloire excite une admiration, qui dégénère en passion- amoureuse. Renée s'imagine que .cette, inclination est payée de retour. Méritai s'attache à la désabuser. Il proteste de l'honnêteté de ses desseins, de la correction de sa conduite envers elle. Il ne lui a donné a-t-elle pu s'y mépnendre?- que d'innocentes caresses et des baisers paternels. Certes elle lui plaît infiniment; elle est la vivante image de la femme regrettée, dont il portera toujours le deuil, et qu'il appelait sa « petite 'poésie ». Renée n'accepte pas ces défaites « Etes-vous sûr de ne pas,m'aimer? » demande-t-elle encore. Les dénégations embarrassées de Méritai, son émoi, ses larmes prêtes à couler sont une claire réponse. Et nous en sommes un peu étonnés, car nous avions été dupes de la fermeté de sa défense. Décidément il aime. Renée a surpris son secret; mais elle n'aura que cela de lui. Il ne cédera pas à la tentation criminelle d'unir ce frais printemps à son' automne. J'abrège le résumé de leur con.versation; elle est bien « filée.»; elle exprime tout ce que les deux personnages doivent sensément et logiquement se dire les craintes de la maturité vieillissante;' l'aveugle confiance de la jeunesse; les objections aussitôt réfutées; l'élan d'enthousiasme et de foi victorieux des obstacles.

Grève de conseillers généraux

Carcassonrié, 4 février.

Les membres de la commission départementale UallAuÂeïse sont mis en grève. Un conseiller gén«M seulement sur Ies"'sêpt que compté "commission s'est présenté à la réunion mensuelle. Deux autres conseillers, sur une deuxième convocation du préfet, ont consenti à -se- présenter. Mais le quorum n'étant pas atteint, il a été impossible à l'assemblée de délibérer valablement. Cette manifestation des conseillers généraux a son originerdans les incidents qui marquèrent les dernières élections sénatoriales. (L'Information.) Mort du capitaine Le Maguet

Nous relatons d'autre part 'l'accident dont a été victime hier à Saint-Cyr le capitaine Le Maguet élève aviateur.

On a tenté cette nuit de transporter le malheureux officier, dont l'état était désespéré, à l'hôpital militaire de Versailles, mais il est mort en y arrivant. ̃ ̃

La date des obsèques n'est pas encore fixée. L'emménagement de M. Cochon M. Cochon, secrétaire du syndicat des locataires, a trouvé, comme nous l'avons dit, un logement. Le transfert de ses meubles de la rue de Pontoise où ils étaient depuis cinq jours en fourrière, à son nouveau domicile, rue Mademoiselle dans le 15', a eu lieu ce matin. Ce fut le prtëxte d'une nouvelle manifestation des locataires syndiqués qui étaient venus en grand nombre, la boutonnière ornée de la clochette en bois symbolique. Des musiciens attendaient le cortège à l'entrée du 15° arrondissement et l'ont accompagné jusqu'au bout. M. Morin, conseiller municipal socialiste, a prononcé une allocution; après quoi les manifestants se sont dispersés sans incidents.

liBS -INCIDENTS FRANCO-ITALIENS L'affaire de Hodeïdah

L'arrestation d'un Français à Milan

(De notre correspondant particulier)

Rome, 4 février.

Voici les renseignements que j'ai pu recueillir dans les milieux informés sur les deux incidents signalés hier.

Quant au bombardement du chemin de fer de Hodeïdah, on ne connaît pas encore exactement les faits, mais on fait observer que la compagnie est turque, et par conséquent, s'il est reconnu que l'Italie a agi conformément au droit international, c'est à la Turquie que ladite compagnie devra adresser ses réclamations. On fait remarquer que de gros intérêts italiens sont aussi engagés avec les capitaux français dans cette entreprise, et, que c'est une raison de plus pour que, étant doné les dispositions notoirement bienveillantes des deux gouvernements l'un envers l'autre, l'affaire de Hodeïdah se règle certainement à la satisfaction mutuelle et selon les conventions internationales dans lesquelles il n'y a aucune obscurité.

En ce qui concerne l'arrestation à Milan du docteur Maublanc, citoyen français, des précisions ont été demandées. Le motif de cette arrestation aurait été, disait-on tout d'abord, que ce voyageur français, qui se rend en Egypte, était porteur de contrebande de guerre destinée à la Turquie, vu qu'on avait découvert dans ses bagages un revolver et une carabine. Il paraît peu vraisemblable ruYçela puisse passer pour contrebande de guerre et 11' semble plus probable qu'il s'agirait seulement de fraude' commise à la douane par la personne en question, qui n'aurait pas déclaré ces armes

prohibées.

{faite, arrestation remonterai* au M& janvier. Or ̃la .procédure italienne .n'autorise pas la détention d'un inqividu au delà de vingt-quatre heures sans un "arrêt du juge compétent. D'autre part, s'il s'agit d'un sujet étranger, l'intervention consulaire est indiquée.

Oïi ne s'expliquerait l'arrestation et la détention, nomcohfirmée jusqu'ici, que par un excès de zèle d'un agent ;subalternej qui s'il y a eu arbitraire, aura à en répondre.

<>̃̃ L'arrivée des Turcs à Tunis

c Tunis, 4 février. Les passagers turcs du Manouba sont arrivés ce matin au port. Le service d'ordre, très important/ était fait par la police, des zouaves et des chasseurs à cheval. Une grande foule d'indigènes se pressaient sur les quais.

Les passagers turcs ont reçu des délégations françaises et musulmanes leur apportant des souvenirs provenant d'une souscription. Ils repartiront pour Sousse et Sfax à une heure de l'après-midi. De Sfax, les membres de la mission gagneront la frontière en automobile, puis, à l'aide des moyens de transport du pays, ils rejoindront devant Khoms le corps turc auquel ils sont affectés.

L'ouverture de l'exposition d'hygiène sociale V de Rome

Rome, 4 février. L'exposition internationale d'hygiène sociale a

« Infléchissez, mon enfant, s'écrie Méritai. Non. » il a suffisamment lutté; il saisit le bonheûi; qui s'offre. Les accords sont scellés. Et riptjîs remarquons en pasasnt combien cet ent.retieri;,a été pur, dénué de toute excitation volupfueûse, empreint de grâce séraphique et d'ivresse .Spirituelle. Une étreinte timide; pas de baiser sur les lèvres. La tendresse de cette fian.fiée^estç filiale. Il y a tout de même du père en ce fiancé.

S'ils étaient immédiatement heureux la pièce serait finie. C'est l'instant où il faut que la catastrophe éclate. Elle naît d'un incident assez vraisemblable, d'un de'ces scandales qui sont la monnaie courante de la vie parlementaire. Le sénateur Frépeau, accouru de Paris en toute hâte, apporte à son collègue le numéro d'une feuille obscure, le Stentor, qui se livre contre lui à d'odieuses attaques. Un article signé Marc Lebel raconte que Méritai commit autrefois une action déshonorante, qu'étant clerc chez un avoué de Grenoble, il lui déroba quatre mille francs, et ne fut soustrait à la police correctionnelle que par la pitié de son patron que cependant une plainte dont les traces;.sub.sistent fut déposée; qu'ainsi l'existence de ce'« leader a considéré, puissant, redouté, de ce citoyen intègre, s'échafaude sur l'escroquerie et le mensonge. Méritai ne se soucie pas de .relever, l'agression d'un individu notoirement avili, d'un écumeur de la presse; il juge plus habile de lui opposer le silence et le mépris. Il soupçonne son ignoble détracteur d'être l'instrument d'un ennemi politique, d'un envieux ou d'un rival qui voudrait l'entraîner à une polémique salissante et rete|^issante. Il ne tombera pas dans ce piège. Il ge "mira. Frépeau '"combat sa résolution; il es^-pariisiafl- de l'offensive, du dé^at -au grand joijc; il allègue et l'argument a du poids que la calomnie est une plante vivace dont lesvféuilles repoussent jusqu'à ce qu'on l'ait déracinée.

C'est pour cela, ajoute-t-il, que dès ce matin, dans notre propre journal, le Défenseur, j'ai cru devoir signaler cette infamie. 6onc, par l'excès de zèle de Frépeau, le conflit se.trouve engagé, le procès inévitable. Méritai lui reproche violemment cette imprudence, ce manque d'égard. Comment a-t-il agi de la sorte sans le consulter? Et nous concevons sa stupeur, sa colère. Et toutefois cette irritation est si vive, elle se traduit en termes si peu mesurés, elle décèle une telle agitation, une telle fièvre, un malaise et un effroi si visibles qu'elle. nous devient suspecte. Il n'y a pas de doute Méritai « a fait le coup ». Il n'ose affronter les risques d'un procès qui révélerait à l'univers son indignité et ruinerait sa fortune. Il redoute le naufrage. Pourtant, broyé dans un fatal engrenage d'événements, il y

été inaugurée solennellement en présence des souverains, de plusieurs ministres, des autorités etde nombreux membres du Parlement.

La conférence des sucres

̃•'̃̃'̃ Bruxelles,. 4 février..

La situation à la conférence' dés sucres est jusqu'à ce jour stationnaire. Elle est .néanmoins assez tendue par le fait de l'absence des deux délégués de fabricants de sucre allemands, qui depuis deux séances ne participent plus aux reunions. 1 On prête aux délégués russes l'intention de faire, une proposition toute nouvelle.

Le retour des souverains anglais

Londres, 4 février.

Le yacht royal Medina, escorté par la première division de la Home Fleet est arrivé à Spithead.

«

LA RÉFORME 'ÉLECTORALE Le président du conseil et le ministre de l'intérieur se rendront demain à la commission du suffrage universel pour donner l'avis du gouvernement sur les amendements au projet de réforme électorale.Nous ne saurionstrop avertir les partisans sincères de la représentation proportionnelle et les mettre en éveil contre les manœuvres des adversaires de toute reforme. Ceux-ci ont remporté jusqu'à présent des avantages qu'ils ont la discrétion de ne pas célébrer, mais qui n'en sont pas moins très sérieux. Ils se sont ingéniés à défigurer la réforme, a diviser entre eux ses partisans, à décourager les plus brillantes espérances, à, propager l'obs- curitç et la confusion. Que nos amis fassent bonne garde! On veut, par fraude ou par trahison, combiner, sous le nom de représentation proportionnelle, un quelque chose d'innomable qu'il serait ensuite trop facile de faire rejeter en bloc par le Sénat. Voilà ce que la majorité proportionnaliste de la Chambre ne saurait permettre. Voilà ce que la commission du suffrage universel et le gouvernement devront empêcher.

Certes nous comprenons parfaitement que des transactions s'imposent. Si nous voulons sincèrement aboutir, il faut que le projet qui' sortira des délibérations de la Chambre arrive au Luxembourg avec l'adhésion du plus grand nombre possible de républicains. C'est une question de loyauté, et même de probité politique. Parmi ceux qui n'avaient à l'origine aucun goût pour la représentation proportionnelle, quelques-uns et non des moindres ont compris qu'il était sage de donner une satisfaction à l'opinion publique. Lorsqu'un homme comme M. Léon Bourgeois (qu'on ne peut pas soupçonner de'vouloir être ministre a tout prix!) donne un tel exemple de libéralisme et d'ouverture d'esprit, beaucoup d'autres pourraient faire quelques sacrifices sur leur parti pris. C'est l'intérêt évident du régime. Si les antiproportionnalistes intransigeants triomphaient par malheur, les élections générales prochaines seraient dominées par la question de la représentation proportionnelle. Un grand nombre d'adversaires de la République se feraient élire avec cette seule promesse en guise de tout programme. Il faut leur enlever cette plate-forme si commode.

t Nous faisons appel à la clairvoyance de tous les républicains. Qu'ils aident le gouvernement et la commission du suffrage universel à trouver une formule claire et loyale à laquelle les partisans sincères de la réforme, quelle que soit leur couleur politique, puissent se rallier! Qu'ils écartent surtout les complications et qu'ils se défient des surenchères! Le gouvernement, qui n'est pas responsable de certaines déviations du débat actuel, a toute latitude, en ce qui concerne les modalités de la réforme. Il est libre de ne point s'engager sur des idées et des propositions adventices ou secondaires. Il doit concéntrer sa force et son autorité, ne point les gaspiller dans les embuscades, ne les employer qu'à bon escient. Si les adversaires de toute réforme réussissaient complètement dans leur entreprise de rendre le projet inapplicable, absurde et surtout contraire au principe dont il s'inspirait, alors le gouvernement devrait venir devant le Parlement avec un texte nouveau, qui serait le sien, et qu'il défendrait jusqu'au bout. Nous savons que le gouvernement n'hésiterait pas à faire son devoir, parce qu'il l'a promis et parce qu'il est composé d'hommes dont la conscience égale le talent. Puisse la Chambre qui a manifesté quelque contentement et même quelque fierté d'être dirigée par cette élite donner au pays la réforme électo-

sera malgré lui précipité. C'est là le drame. L'attitude du politicien, après le départ du léger ou peut-être du perfide Frépeau (nous supposons qu'une trahison de ce côté est possible), ne'le blanchit pas. Ses paroles à Renée, à Georgette; à Daniel fortifient au contraire l'hypothèse de sa culpabilité. Citons approximativement ce petit discours qui élucide la situation et précise l'idée générale que l'auteur tenait par-dessus tout à mettre en lumière. « Chaque fois, dit Méritai, qu'un homme tente de sortir du rang, au moment où il livre son plus rude combat, à la veille de l'effort qui lui vaudra sa plus brillante conquête, à cet instant, toutes les haines, toutes lés jalousies, toutes les rancunes qu'il a semées en marchant se dressent, s'entr'aident, se concertent, se coalisent, se ruent contre lui. S'il tombe, il est piétiné. S'il résiste, s'il raidit les poings et ne perd pas l'équilibre, l'assaut repoussé, il poursuit sa route et recommencer à monter. L'heure de la crise va sonner pour moi. » »

Il supplie Renée de consentir à ajourner leurs projets. Puis il inspecte l'horizon, ramasse ses forces, dresse son plan, évalue ses ressources, et comme l'athlète, s'apprête à descendre dans l'arène.

Cette exposition rapide, intelligente, conduite de main d'ouvrier, éveille la curiosité, la laisse en suspens, s'achève sur un point d'interrogation. C'est de l'excellent travail. C'est du théâtre bien fait. M. Bernstein est en pleine possession de son art; il observe les lois essentielles qui le régissent et qui n'ont pas beaucoup varié depuis Aristote. Les dramaturges tout neufs s'insurgent contre elles; leur gaucherie se dissimule sous une feinte témérité. Dès que l'expérience les a instruits, ils y reviennent. Il n'y a pas dix façons de disposer les fils d'une intrigue, de raconter une histoire, de l'interrompre au bon endroit, de se concilier l'auditoire, de le tenir en haleine. M. Bernstein exécute supérieurement cette besogne. Il se montre « malin à l'égal d'un Soulié, d'un Dumas, d'un Sardou.

Voici la minute critique Lebel va comparaître devant les jurés de Tours. Méritai sortira de l'audience lavé par la condamnation ou couvert d'infamie par l'acquittement du maître chanteur. Il se recueille avant l'épreuve suprême. Tandis que la populace surexcitée hurle sous ses fenêtres, il s'isole. On dirait qu'il fuit ses enfants. Daniel, glacé par ce mutisme, hésite à solliciter des confidences. Il aurait besoin cependant d'être rassuré. Les allures de son père, la révélation de certains détails, de certaines coïncidences fâcheuses, les menaces persistances et l'étrange assurance du diffamateur le troublent extrêmement. Il ne sait plus que penser. Méritai s'abandonne davan-

rale réclame et dont les ministres, partisans ou non à l'origine, ont compris enfin la nécessité!

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fflPRIT iflSIEI ET LES LIBERTÉS COLOIEES Comme sanction à la confiance qu'elle avait manifestée la veille à l'administration tunisienne, la Chambre lui a voté hier l'autorisation de contracter un emprunt de 90,500,000 francs. La Tunisie ayant occupé neuf séances de la Chambre, celleci était lasse. Aussi le débat a-t-il été court, trop court à notre avis, car une question d'une extrême importance n'a pas été traitée.

Des dépassements considérables se sont produits dans les travaux entrepris par la Tunisie au moyen de ses derniers emprunts. La Chambre les a blâmés, et elle a demandé qu'à l'avenir des projets étudiés de plus près lui fussent présentés. Elle est là dans son rôle. M'ais elle en sort lorsque, sous prétexte des garanties à prendre, elle tend à ligoter la Tunisie dans un formalisme étroit.

A quel point de vue se sont placés les orateurs qui ont demandé qu'on mit des entraves à l'administration tunisienne? Au point de vue des contribuables tunisiens. On va, dit M. Piou, les accabler de charges nouvelles. Or ces charges, on qublie que ce sont eux qui les ont réclamées. L'administration tunisienne se fût contentée d'un emprunt.de 50 millions; c'est la conférence consultative, organe à la fois des colons et des indigènes, qui a réclamé qu'il fût porté à 90,500,000 francs, afin de donner un développement plus rarpide aux constructions de chemins de fer, et c'est .elle qui a voté des impôts nouveaux pour le gager. Qu'on ne prétende donc pas protéger les con- tribuables tunisiens malgré eux; ils sont les meilleurs juges de leur intérêt.

Il est utile que le Parlement rappelle, à l'occasion, à la Tunisie comme à nos autres colonies qu'elles doivent travailler économiquement, encore que la Tunisie paraisse n'avoir pas si mal employé son argent jusqu'ici puisqu'elle a, en somme, construit un réseau de près de 2,000 kilomètres qui est le plus beau et un des moins coûteux des réseaux coloniaux. Mais il est non moins utile qu'on laisse aux pays neufs qui ont tout leur outillage à créer la possibilité d'agir vite. Sous prétexte d'améliorer ce qui existait, on ôte à la Tunisie cette liberté d'allure qui était le secret de son rapide développement. A quoi rime cette obligation qu'on lui impose de revenir devant le Parlement chaque fois qu'elle aura à modifier les affectations de crédit spécifiées dans le projet d'emprunt? Le Parlement i£a pas le temps de s'occuper de pareils détails, 'et. on condamne ainsi la Tunisie aux plus énervantes lenteurs. C'est à l'assemblée locale, à la. conférence consultative, qu'on eût dû laisser l'examen de ces modifioations. Il eût suffi de prescrire qu'aucun changement ne pourrait être apporté à l'emploi des crédits sans son approbation pour se garantir contre tout arbitraire de l'administration.

On affecte une grande sollicitude pour les contribuables tunisiens, et on porte atteinte à une de leurs plus précieuses prérogatives qui est leur liberté financière. On est unanime, en principe, sur les bienfaits de la décentralisation en matière coloniale mais dans la pratique, on la ruine. Nous regrettons que personne ne se soit trouvé hier pour relever cette contradiction et rappeler à la Cham-

bre les vrais prrmrtpes.

La fin des Cafés littéraires Dans ses amusants Souvenirs d'un enfant de Paris, garnis de succulentes anecdotes sur Victor Hugo, Théophile Gautier, Flaubert, Alphonse Daudet, Paul Arène, Leconte de Lisle, Anatale France, et combien d'autres, M. Emile Bergerat prononce une fois de plus l'oraison funèbre du boulevard, du boulevardisme et du tortonisme, de ces fameux cafés blancs et de ces apéritifs éminemment littéraires que les générations nouvelles n'ont pas su conserver. Il existe bien toujours uns large voie plantée d'arbresT et fort animée, entre l'Opéra et la rue Drouot, et 'l'on y aperçoit encore de nombreux cabarets'bien achalandés. Mais ce n'est plus cela! Tout le mondèpasse sur le boulevard on n'y a plus ses habitudes. Les brasseries remplacent les anciens cafés à la française. Et l'on s'y arrête pour se restaurer ou se rafraîchir on n'y tient plus bureau d'esprit Tortoni ne renaîtra pas de ses cendres Auréhen Scholi est bien mort, et poui" longtemps. Il avait eu un successeur digne de lui, en la personne de Catulle Mendès, qui fut aussi le centre d'une réunion quotidienne de gens de lettres, à l'heure de

tage devant Renée; il se réchauffe au feu de cette tendresse qui le réconforte et le console. « Il n'y a que cela de grand et de beau », soupire-t-il. Il confie à la jeune fille ses déceptions, ses amertumes; il sait maintenant de quelle main part le coup dont il est blessé. Frépeau, qui lui prodigue les assurances de son dévouement et fait semblant de le défendre, mène la campagne afin de se débarrasser d'un compétiteur trop populaire et de le remplacer à la tête du parti. Mais on va s'expliquer. Le camarade Garancier un fidèle, celui-là est allé quérir à Paris ce tartufe, et bon gré, mal gré, il l'amène. Les deux adversaires sont face à face, tels deux lutteurs qui se défient du regard, s'étudient avant de s'étreindre, et brusquement tombent en garde. M. Bernstein se complaît à ces duels sauvages; son ardeur bouillonnante, impétueuse, prompte à la fureur, son humeur naturellement guerrière s'y ̃épanouissent; on sent qu'en les réglant il t s'y mêle, et qu'il a l'illusion de se battre pour son propre compte. Tout de suite Méritai et Frépeau croisent le fer. « Puis-je quelque chose pour vous être utile, demande doucereusement ce dernier. Rien, c'est moi qui vais vous rendre service.» Et il lui rappelle une aventure oubliée, l'affaire du canal,de Corinthe où tant d'hommes politiques furent compromis.Sur la liste des députés «chéquards » disqualifiés, un nom manque, celui du fameux Z. dont l'identité ne fut jamais établie. « N'a-t-on pas insinué, Frépeau, que c'était vous? Peut-être, j'ai des ennemis. Etes-vous sûr qu'ils se soient trompés? » Frépeau sourit, mais il devient nerveux. Sa souple échine de renard cherche une issue. Méritai ne le lâche pas; nous le devinons armé; nous pressentons sa victoire.' Cette séance de boxe nouSfCaptive- au plus haut point. « Frépeau, vous avez touché un pot-de-vin de cinq cent mille francs des lettres de l'agent de la compagnie, qui m'ont été livrées, l'établissent nettement. Voulez-vous les feuilleter? La preuve existe. » Frépeau se voit pris; il ruse, il plastronne; finalement, il subit les exigences du plus fort. On lui donne une heure pour agir sur Lebel, l'amadouer et obtenir la promesse d'une rétractation publique. Frépeau capitule; il aura comme salaire, si le procès se termine bien, les papiers accusateurs. Cette scène, nous en avons l'équivalent dans Sarnson, dans le Voleur, dans la Griffe c'est du très bon Bernstein première manière ». Celle qui suit est due au nouveau Bernstein, au Bernstein « idéaliste ». Conséquemmentdes choses plus fines, plus nobles y sont contenues. Méritai, allégé de son tourment, lève vers Renée des yeux pleins d'espoir et de joie Dans quelques moments, je vais faire condamner ce scélérat.

Je le savais, dit René.