Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 4 sur 4

Nombre de pages: 4

Notice complète:

Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1910-07-11

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 137484

Description : 11 juillet 1910

Description : 1910/07/11 (Numéro 17909).

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k240176b

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77%.


%r~~ -̃•

Paris, 10 juillet

BULLETIN D^J/ÉTRAMER LA RETRAITE DE L'AMBASSADEUR D'ESPAGNE M. de Leon y Castillo, marquis del Muni, ambassadeur d'Espagne en France, sera prochainement remplacé dans ce poste par M. Perez Caballero, ancien ministre des affaires étrangères. Le marquis del Muni –par une marque de faveur sans précédent, croyons-nous reçoit de son souverain, à cette occasion, l'ordre de la Toison-d'Or.

Peu d'ambassadeurs ont réussi à prendre à Paris la place personnelle qu'y occupait depuis près de vingt ans ie représentant de la monarchie espagnole. C'est sans doute que, dans la fonction diplomatique, il avait conservé le goût de l'action politique qui avait caractérisé sa carrière d'homme d'Etat. Membre éminent du parti libéral au beau temps de son unité, orateur illustre et collaborateur intime de Sagasia, M. de Leon y Castillo s'était plié avec bonne grâce aux formules officielles des relations internationales. Mais les égards qu'il leur témoignait ne l'en rendaient point dupe. Il était profondément réaliste, traitant les affaires selon la loi de son tempérament, avec un minimum de convention et le sens pénétrant des intérêts en cause C'était, dans la négociation, un partenaire redoutable, à la défensive tenace, aux ripostes promptes, habile à1. découvrir le point faible de l'argumentation adverse et à concentrer sur ce point son effort. Joignez-y une connaissance parfaite du terrain, fruit d'une longue expérience, une bonhomie naturelle et acquise à la fois, où s'enveloppait un grand esprit de finesse vous concevrez les services içendus à son pays par le doyen du corps diplomatique.

Ces services peuvent se résumer d'un mot et ne sont pas moins appréciables du point de vue français que du point de vue espagnol. M. de Léon y Castillo a été le premier ouvrier du rapprochement heureusement réalisé aujourd'hui entre les deux pays voisins. Convaincu que les puissances latines et méditerranéennes ont plus d'intérêts communs que d'intérêts contraires, il réagit, dès sa première ambassade à Paris, contre les tendances qui jusqu'alors avaient prévalu entre Paris et Madrid, tendances qui, sans aller jusqu'à l'hostilité, excluaient la confiance et la solidarité. La régence de la reine Marie-Christine vit se dessiner cette évolution. La majorité du roi Alphonse XIII en consacra les résultats. Il n'existe aujourd'hui entre la France et l'Espagne point de question qui n'ait fait l'objet d'un examen sincère et amical. Les sentiments sont d'accord et les desseins aussi. Les points mêmes où, à de certaines heures, les ambitions respectives semblèrent difficiles à concilier, ont vu se réaliser l'harmonie des jpoints de vue et la concordance _4bs efforts.

L'affaire marocaine, plus qu'aucune autre, a occupé les dernières années de l'ambassade du marquis del Muni. Dès le premier jour des négociations, il avait fortement marqué l'importance non seulement matérielle, mais morale qu'attachait son pays au problème marocain, et le souci qu'il avait de réserver, aux aspirations espagnoles une large place compliqua parfois ces négociations. Mais il était profondément pénétré de la nécessité pour fa France et l'Espagne d'établir un programme commun, et après quelques mois de discussion parfois âpre, il arrêta, d'accord avec le gouvernement français, les bases de ce programme. Ce que furent les accords franco-espagnols de 1904, 1905, 1907 comment le premier, envisageant à la fois le présent et l'avenir, traça le rôle de chacun dans l'œuvre immédiate de réforme et dans l'œuvre éventuelle de police; comment le second précisa le premier en vue de la réunion imminente de la conférence d'AlgésIras comment enfin le dernier, conclusion logique des deux autres, enregistra la solidarité des intérêts et des vues entre Paris et Madrid aussi bien dans la Méditerranée occidentale que dans l'Atlantique Qriental, on le sait, et nous, n'y revenons que pour rappeler que les événements du Rif, pas plus que ceux de la Châouïa, n'ont mis en défaut ces accords.

M. de Leon y Castillo, en quittant l'ambassade de Paris, a donc la satisfaction, rare dans la diplomatie, d'avoir fait ce qu'il voulait et de laisser derrière lui une œuvre solide. Sa retraite prématurée de la carrière s'explique sans doute par des raisons de politique intérieure, et peutêtre cette même politique ressaisira-t-elle l'ancien ambassadeur plus vite qu'il ne le pense lui-même. De retour à Madrid, il entendra venir jusqu'à lui l'écho de la tribune qu'il honora naguère. Pourra-t-il rester sourd à cet appel- et ne pas user de son mandat de sénateur pour reprendre dans la direction des affaires publiques la place qu'il y tint avec éclat? C'est douteux, et tout permet de croire qu'on le retrouvera quelque jour aux bancs du gouvernement. La haute distinction que le

1FEUI3~.LETOIiT DU ~~ll>r DU 11 JUILLET 1910

CHRONIQUE THÉÂTRALE Comèdie-Fbançaise. Un cas de conscience, 2 actes de MM. Paul Bourget et Serge Basset les Erinnyes (reprise), 2 actes de Leconte de Lisle. Le répertoire et la troupe.

Les concours de tragédie et de comédie.

<A propos de Joconde, de M. Nozière.

Une inclination visible semble entraîner actuellement les hommes de théâtre vers cette forme de « tragédie moderne» dont Y Enigme de M. Paul Hervieu offre un parfait modèle, c'est-, à- dire vers le drame court, ramassé, réduit à l'essentiel. Il ne s'agit pas ici (établissons bien cette distinction) de la pièce du Grand-Guignol, qui n'est qu'un fait divers, le plus souvent dénué de toute recherche psychologique et mis à la scène brutalement, de façon à ébranler les nerfs du public, mais de l'étude condensée d'une crise morale, de l'analyse en raccourci d'un cas passionnel. L'action commence au moment où

îa passion est au paroxysme et s'achève en

p est au paroxysme et s'achève en

même temps que la crise. Elle ne comporte aucune superfluité, nul développement parasite. Cet art, par définition sobre et un peu nu, a des affinités avec l'art classique il accepte volontiers le joug des unités et non seulement il respecte les unités de temps et de lieu, mais il observe « l'unité de ton »; il bannit le divertissement des péripéties épisodiques, des vains dialogues, il ne recherche pas l'esprit pour l'esprit et ne le tolère que s'il se lie au sujet. Ces œuvres ne renferment point (comme les plus graves de Dumas, d'Augier, de Sardou) des scènes de comédie mêlées aux parties dramatiques; l'amusement et le pittoresque y sont réduits au minimum, sinon entièrement supprimés. MM. Henri Lavedan et Gustave Guiches en donnèrent un premier crayon, naguère, quand ils firent jouer chez Antoine leurs Quarts d'Heure, et parmi ces « quarts d'heure », une saynète ingénieuse et paradoxale intitulée Entre Frères et qui n'est pas sans analogie avec le Cas de Conscience de MM. Paul Bourget et Serge Basset.

>! Ce genre a ses avantages la rapidité, le moũJïeinenJ, la soudaineté et l'énergie des coups

roi lui accorde consacre le succès de sa mission et ce succès le qualifie pour d'autres tâches que son activité sans doute ne refusera pas. L'Espagne, retrouvera donc ce bon serviteur. La France regrettera sincèrement le départ d'un ambassadeur qu'elle avait appris à tenir pour un ami.

nouvel ambassadeur, M. Perez Gaballero, n'est pas un inconnu pour nous. Aux côtés du regretté duc d'Almodovar, il a représenté l'Espagne à Algésiras et nos diplomates voient en lui un très estimé compagnon d'armes. C'est un esprit clair, actif et résolu, un orateur de premier ordre, et l'on n'a pas perdu le souvenir du remarquable exposé qu'il fit à la conférence sur la police marocaine. Ami particulier de M. Moret, qui trouvera dans sa nomination à Paris une satisfaction, M. Perez Caballero s'inspirera de l'esprit de son éminent prédécesseur avec d'autant plus d'aisance que son action personnelle s'est depuis longtemps exercée dans le même sens. Il sera le gardien vigilant de cette entente cordiale dont M. de Leon y Castillo fut l'initiateur et qui répond aux intérêts permanents des deux pays qu'elle unit. C'est le vœu que tout le monde forme en France et auquel, nous le savons, s'associe l'Espagne amie.

DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES

DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps Berlin, 10 juillet.

Un télégramme officieux de la Gazette de Cologne dément que l'Allemagne, la France, l'Angleterre et les Etats-Unis aient fait à Pékin des démarches communes pour le règlement des indemnités qui leur sont' dues depuis les troubles du Hou-Pé et du Hou-Nan. « L'Allemagne, dit ce télégramme a réclamé'; mais l'attitude de la Chine n'est-pas de nature à justifrer-une mesure^ commune des quatre puissances. »

Madrid, 10 juillet.

Au Sénat ont été lus les projets de loi ratifiant la convention de Berlin du 13 novembre 1908, sur: la protection des œuvres littéraires, et déclarant que les taxes imposées par le conseil sanitaire de Tanger avec l'assentiment du représentant espagnol ne,sont pas comprises dans l'exemption d'impôts, dont les sujets espagnols au Maroc bénéficient en vertu du traité de 1861. L'Angleterre consentit la même exception au traité de 1856.

Budapest, 10 juillet.

Le parti du peuple (clérical) et le groupe des petits propriétaires ruraux, qui se rattache aux partis de l'indépendance, ont»présenté hier à la Chambre des projets particuliers de réponse au discours du trône. Le premier demande que la réforme électorale garantisse pour toujours le caractère national et l'unité de l'Etat hongrois, tandis que le second réclame l'introduction du suffrage universel égal 'pour tous, l'institution d'un impôt progressif, l'abolition d'une partie des contributions indirectes et la séparation douanière de la Hongrie et de l'Autriche.

Constantinople, 10 juillet

Le sultan fit hier une excursion à Marmara avec le grand-vizir, quelques ministres, les présidents de la Chambre et du Sénat.

L'enquête faite sur l'existence d'une association secrète aurait établi la formation d'un comité secret par quelques mécontents, auquel seuls des fonctionnaires, mis hors cadres pour mauvais antécédents, auraient adhéré en vue de jeter le trouble dans le pays. De nombreuses arrestations sont opérées par la police. La Yeni Gazetta dit que l'objet de l'association était un changement de forme du gouvernement, la réintégration des fonotionnaires congédiés, la dissolution de la Chambre et la préparation d'attentats contre quelques hommes d'Etat actuels. Le Tanîn dit que c'est un incident sans importance.

Le patriarche arménien a remis à la Porte un mémoire déolarant que les spoliations des Arméniens en Asie-Mineure par les Kurdes ont été commises sur vingt-sept églises, douze cimetières, quatre-vingts immeubles appartenant à la communauté et plus de six mille propriétés bâties, fermes, champs, cultures.

Lorient, 10 juillet.

Quatre cents hommes du bataillon de fusiliers marins de Lorient se rendront à Paris, sous le commandement du capitaine de frégate André Fouet et du chef de bataillon Le Corre, pour prendre part à la revue de Longchamp. C'est la première fois que les fusiliers marins défileront à Paris avec leurs canons de campagne et le matériel de débarquement.

Toul, 10 juillet.

Un crime vient d'être découvert. Un nommé Adolphe Vincent, soixante-neuf ans, jardinier, qui habitait à deux kilomètres de la ville une maison isolée, avait de fréquentes scènes avec sa femme qu'il maltraitait continuellement. Depuis mercredi on n'avait plus vu Mme Vincent, et son mari, interrogé, déclarait qu'elle s'était enfuie du domicile conjugal. Mais comme on remarquait ses allures suspectes, le garde champêtre fit une perquisition et découvrit le corps de la malheureuse femme caché dans un tas de paille. La tête était fendue d'un coup de hache. Arrêté, Vincent a fait des aveux, déclarant avoir obéi à un mouvement de colère. Le crime remontait à mercredi matin. (Service Haï»»)

Le nageur Cattaneo est entré dans le Tibre à 60 kilomètres au-dessus de Rome à trois heures du matin, pour s'entraîner en vue d'accomplir la traversée de la Manche. Cattaneo tentera d'atteindre Rome. Le temps est très favorable. Le nageur est escorté par des embarcations portant le jury et des membres de la presse.

théâtre et ses inconvénients l'obscurité, la nécessité où se trouve l'auteur, pour aller vite, d'abréger, de supprimer des développements indispensables. Le drame ainsi conçu revêt une apparence schématique; les personnages qui s'y meuvent risquent de paraître artificiels. Il faut une puissance de concentration extraordinaire pour les faire vivre. Et c'est là justement ce qui fait le mérite exceptionnel de l'Enigme c'est que malgré l'extrême rapidité de l'action, -les personnages y sont humains, frémissants de passion, et pour tout dire vivants. Dans la plupart des pièces bâties selon la formule de cette' œuvre type, l'écueil n'est pas évité. Le public suit avec une curiosité haletante les événements il s'intéresse peu aux caractères parce qu'il les comprend mal. Nous discernons beaucoup de ces qualités et quelques-uns de'ces défauts dans Un cas de conscience. La pièce est tirée d'une nouvelle de Bourget. Le célèbre romancier s'exerce volontiers à ce travail de transposition. C'est son délassement cela Je repose de tâches plus sévères il y déploie d'ailleurs des facultés surprenantes qui se sont révélées dans le. Divorce; il y goûte un plaisir évident il subit l'attrait prestigieux des planches, et quoiqu'il s'en défende, je crois que maintenant le voilà pris. Un tel don de renouvellement atteste les ressources de son talent si varié et si fort. Il aurait tort de résister au démon qui le pousse. Donc, avec la collaboration de M. Serge Basset, il a bâti ces deux actes, assez exactement calqués sur le récit. Suivonsles, nous réservant de formuler, chemin faisant, s'il y a lieu, nos objections.

Le jeune docteur Odru, délégué par son maître, un illustre professeur de la faculté de Paris, débarque en province chez un client inconnu.Il importe de pénétrer clairement son état d'âme, puisque cet état d'âme va constituer, par ses évolutions, le principal ressort de la tragédie. Tout d'abord quel est-il? C'estlatranquillitéjla sérénité professjonnelIe.Le docteur Odru accomplira son devoir de médecin, rien de moins, rien de plus. Il ne s'occupera que des soins à prodiguer à son malade, afin de le guérir, de le soulager, de le disputer à la mort. Il s'inspirera du serment hippocratique Nec visa, nec audita, nec intellecta. Ceci signifie que tout ce qui ne se rapportera pas directement à sa cure devra le laisser aveugle, sourd, indifférent. Dans la pratique ses principes fléchiront; ils seront en tout cas soumis à de rudes assauts; un douloureux conflit s'ensuivra. Nous allons assister à cette bataille.

Dès qu'il a franchi le seuil du château de Roc- aiieville, Odru devine que ses murailles abri-

'.j;>,o

Privas, 10 juillet,

La gendarmerie de Livron vient d'arrêter à Loriolle un ami de Lamarque, nommé Pelourson, recherche comme assassin de Laurent, d'Audance. Pelourson est père de cinq enfants. il est domicilié à Montélimar. {Agença Journier)

Monaco, 10 juillet.

Un drame dû à la jalousie s'est déroulé à Monaco. Depuis quelque temps, le concierge de l'hôtel BeauSite, nommé Jacques Crespo, était rainant d'une jeune domestique nommée Kally Riger, originaire de Russie. Cette dernière était en môme temps poursuivie par un autre amoureux connu sous le nom d'Allemagne, qui sous l'empire d'une violente jalousie lai tira trois coups de revolver dans la figure.

Le meurtrier, tournant son arme contre lui-même, se tira ensuite une balle dans la tempe. On état est désespéré.

DERNIERE HEURE Lé président du conseil a conféré ce matin au ministère de l'intérieur avec M. Milierând, ministre des travaux publics.

L'affaire Rochette

M. Yves Durand, directeur du cabinet du préfet de police, vient d'adresser à M. Lépine la lettre suivante

Monsieur le préfet,

En butte depuis plusieurs jours à une accusation odieuse, outragé, attaqué dans mon honneur,je ne puis attendre que crune enquête approfondie et complète la justice qui m'est due.

A cet eflet, je vous prierai.de bien vouloir me rendre ma liberté d'action en me mettant en disponibilité jusqu'à ce que la lumière soit faite.

Veuillez agréer, etc.

YVES DURAND. '.•.

On sait que M. Yves Durand a été mis en cause dans l'affaire Rochette comme ayant combiné, chez le banquier Gaudrion, la plainte déposée par M. Pichereau et qui amena l'arrestation de M. Ro-

chette. ̃ ̃̃

L'ambassade d'Espagne à Paris

Nous apprenons que M. de Léon y Castillo, marquis del Muni, ambassadeur d'Espagne, quittera prochainement son poste.

Le roi Alphonse XIII lui a conféré à l'occasion de sa retraite, l'ordre de )a Toison-d'Or.

M. de Leon y Castillo a été à deux reprises ambassadeur à Paris, une première fois de 1893 à 1895, une seconde fois du 27 novembre 1897 à ce jour. Depuis la mort du comte Tornielli, il était doyen du corps diplomatique.

M. Perez Caballero, qui doit succéder à Paris au marquis del Muni, a été second plénipotentiaire espagnol à Algésiras, ministre à Bruxelles, ambassadeur à Rome et ministre des affaires étrangères du cabinet Moret.

M. Albert Sarraut à Saint-Nazaire

Saint-Nazaire, 10 juillet.

Le sous-secrétaire d'Etat au ministère de la guerre a présidé aujourd'hui l'inauguration d'uni monument élevé aux morts pour la patrie. M. Sarraut a fait l'éloge de ceux qui se sacrifient à leur pays. La Bretagne seule fournit plus que d'autres son contingent de sacrifices au devoir patriotique. La mort n'effraye pas la race énergique qui puisa dans son sol rude ses qualités de ténacité.

Ce monument perpétue le souvenir des braves tombés sur la vaste terre, le souvenir des marins perdus, aveuglés par l'eau glauque et engloutis dans une épave, cercueil que l'homme dispute à l'Océan comme la plus pathétique, la plus désespérante, la plus affreusç de ses richesses.

Ce monument n'inspire pas d'autre mélancolie que celle qui vient des lois souveraines, ni d'autre sentiment que l'admiration sans fin pour les victimes fraternelles.

La semaine d'aviation de la Champagne (Dépêche de notre envoyé spécial)

Bétheny-Aviation, 10 juillet, 1 fi.

Le beau temps a présidé à l'ouverture' de la dernière journée du meeting d'aviation de la Champagne. Quelques nuages obscurcissent un peu lo ciel. Mais le soleil en triomphe par instants, faisant présager un bel après-midi. Toutes lés enceintes de l'aérodrome sont garnies d'un public nombreux. Les demi-finales et la finale de la course de Vitesse viennent de se disputer. Dans la première demi-flnale, l'aviateur français Morane a triomphé de son concurrent allemand Lindpaintner: La seconde a donné lieu à un tlight-over de Leblanc, son adversaire Labouehère n'ayant pas pris le départ. La troisième enfin a réuni trois concurrents, Latham, Olieslagers et Wagner; le pilote belge en est sorti vainqueur.

La finale a donc mis en présence Morane, Leblanc et Olieslagers, qui, tous trois sur monoplans, ont pris le départ dans l'ordre, de minute en minute, à partir de midi vingt. La lutte entre ces trois pilotes a été superbe. C'est à Léon Morane qu'est revenue la victoire. Ce pilote a couvert les quatre tours du parcours, soit 20 kilomètres, en 12 minutes 45 secondes 3/5, ce qui représente une vitesse moyenne de 93 kilomètres 960 à l'heure, et bat tous les records établis sur la distance.

Alfred Leblanc s'est classé second en 12 minutes 55 secondes 4 cinquièmes, et Olieslagers, troisième en 13 minutes 15 secondes.

En ce moment plusieurs aviateurs tournent sur l'aérodrome et couvrent kilomètres sur kilomètres pour améliorer leurs places dans le classement général des épreuves qui sera fait ce soir. Aux tribunes et au buffet surtout l'affluence est énorme; on ne trouve plus une place pour déjeuner. L'état de Mme de Laroche s'est amélioré. Un mieux sensible semble s'être produit; la température de la blessée est normale et n'augmente pas.

Rome, 10 juillet.

tent quelques mystères. Ils lui sont dévoilés par le médecin du pays, le docteur Poncelèt. Le comte de Rocqueville atteint d'un mal incurable hait sa femme une circonstance fortuite (une lettre à demi consumée arrachée aux flammes) lui a appris qu'elle le trompa jadis et que l'un des trois fils, aujourd'hui âgés de plus de vingt ans, qu'elle mit au monde-mais il ne sait pas lequel n'est pas de lui. Il désire avant de mourir acquérir une certitude, se venger de l'infidèle. Et c'est dans ce dessein qu'il a mandé le docteur Odru. Il compte ne pas recourir uniquement à son assistance de médecin, mais solliciter de lui des services d'un ordreplus délicat. Il voudrait à l'insu et contre legré de la comtesse, appeler auprès de lui les trois grands garçons qui portent son nom: André (un officier), Robert (un diplomate), Georges (un élève de l'Ecole polytechnique), et leur expédier dans ce but trois télégrammes urgents; il prie Odru de les écrire sous sa dictée, puis de les porter secrète-:ment àia poste du village. Premièrcas deconscience du docteur. Que fera-t-il? Il se souvient de ses solides principes. Il répugne à s'immiscer dans des affaires si épineuses, à devenir le secrétaire, le complice de M. de,Rocqueville. Ce dernier trace lui-même, d'une main fiévreuse et défaillante, les dépêches et supplie Odru d'en assurer l'expédition immédiate- et mystérieuse. Le jeune docteur lui oppose d'excellentes raisons.

Vous n'êtes pas d'accord avec la comtesse sur un certain point qui concerne vos rapports de famille. Vous obéir dans ces conditions serait prendre, parti. Cela sort de ma, mission médicale.

Et m'ausculter, est-ce en dehors de votre mission? s'écrie le comte. Ecoutez mon cœur; voyez dans quel état vous le mettez 1 Odru redoute les effets de son refus; il n'y persiste pas; il cède. en échange de la promesse que lui fait M. de Rocqueville d'être un malade docile. De semblables complaisances peuvent le mener loin; elles l'entraînent à des dissimulations incorrectes.

Mon mari ne vous a pas parlé de moi ou de ses enfants? demande Mme de Rocqueville. Non, répond-il.

Il s'est engagé à ne rien dire, il ne dit rien mais il encourt de ce chef une grosse responsabilité, il intervient dans des choses qui devraient lui demeurer étrangères.

Nous comprenons son scrupule, son embarras moins sa faiblesse. Il nous paraît qu'un médecin, en pareille occurrence, use de moyens dilatoires; endort par des paroles d'espérance la crédulité du patient, n'hésite pas. à mentir pour l'apaiser, pour lui restituer un calme) une,

-"Accident d'aviation "*•'«% f

-v Garid, 10 juillet. aviateur Daniel Kinet faisait ce matin des expérieeces-à la plaine Farman, lorsqu'en atterrissant il a heawtjfcjan. arbre. <.

L'aviateur a voulu sauter à bas de son appareil et s'acerpeher à une branche. Mais il est tombé sur le sol en même temps que l'appareil, qui l'a écrasé. Il a été transporté a l'hôpital dans un état désespéré.

10 juillet 1010.

LES LIVRES SCOLAIRES

Le conseil supérieur de l'instruction publique a commencé hier à examiner le projet de décret concernant la réglementation du choix des livres scolaires, dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs. Il s'agissait d'introduire dans la loi de 1880 et l'arrêté du 18 janvier 1887 deux modifications1 considérables, dont l'une tendait « à faire place quelque part aux pères de famille n et admettait deux délégués cantonaux, désignés par le conseil départemental, à la commission départementale qui revise les listes établies par -les conférences cantonales d'instituteurs. Cette innovation a été rejetée par le conseil à une grosse majorité. Que la solution fût bâtarde et l'indépendance non moins que l'influence des délégués cantonaux fort sujette à caution, nous l'avons indiqué ici même, dès que nous avons connu le projet. Mais cela ne veut pas dire que le principe n'en fût pas juste ni pressante la nécessité d'une solution pratique. L'opinion la réclame la raison l'exige; l'expérience des dernières années démontre jusqu'à l'évidence le danger du staht, quo.

M. Liard, remontant à l'arrêté de 1887, ainsi qu'à la circulaire du 7 octobre 1880, inspirée d'un libéralisme généreux, n'a pas hésité à reconnaître que le règlement n'avait jamais été appliqué. Nous l'avions dit dès le début de l'agitation que souleva cette question des livres. Car les conférences cantonales n'ont guère discuté ou motivé leurs choix; et la pression des éditeurs autant que les passions des partis n'ont pas laissé parfois d'y peser lourdement. Nul examen approfondi, nul rapport motivé. Enfin, ce premier ressort fonctionnait mal. Et il est acquis à cette heure que les deux autres (commission départementale et approbation rectorale) ne fonctionnaient pas du tout. Il faut le dire, puisque c'est vrai et qu'il est urgent d'y remédier. Entre les remèdes proposés par le ministre, l'un a été adopté sans difficulté. Le moyen de ne pas atteindre la liberté des instituteurs, et néanmoins d'organiser un contrôle efficace, était d'exiger un rapport motivé pour chaque addition ou suppression proposée. On l'a fait; et c'est bien fait. Les autres étapes du contrôle sont maintenues; Mais un essai de garantie en a été hier écarté. Dans cette première discussion, le conseil supérieur a supprimé le paragraphe 3 de l'article 2, qui faisait un semWani de place à la famille dans la commission départementale qui revise les listes cantonales. On conçoit la pensée qui a pu guider quelques membres de la haute assemblée universitaire. Edifiés sur l'utilité des délégués cantonaux, sur leur activité, sur leur influence, ils ont pu croire un instant à je ne sais quelle mystification. N'était-ce pas amuser le conseil aveu cette proposition comme on amuse les enfants avec des osselets,? Mais des raisons plus professionnelles qui ont été fournies en séanoq1 et largement approuvées à la fin, semblent indiquer que la majorité, sourde à l'opinion, a 'simplement cédé à l'esprit de corps. Tout contrôle préventif du dehors a paru insupportable. On accueillera les objections après, mais non avant; c'est-à-dire que les parents continuent à être exclus des conférences, commissions, conseils où leurs 'avis pourraient utilement se faire entendre. On ne trouve aucun moyen pratique de réaliser. cette collaboration; on ne le trouve point, n'étant point en goût de le chercher. Le principe même a été combattu hier ouvertement, le principe d'une intervention préalable des familles dans le choix des livres. Et voilà pourquoi on a décidé, comme entrée de jeu, de continuer à enseigner, rapporter, juger, trancher entre soi, et reconnu à la seule Université, à tous ses étages, dans toutes ses assemblées, le droit exclusif de se contrôler ellemême.

Nous avons le sentiment que le conseil a commis hier une double erreur erreur de fait, car le passé révèle trop clairement qu'à mesure que les décrets vieillissent, on s'endort dans l'application erreur de diagnostic, puisqu'il ne paraît pas se rendre compte que la situation actuelle ne saurait durer, que l'opinion en est saisie et tout occupée. Si l'Université enfermée en elle-même méconnaît son devoir présent, et refuse d'accueillir au sein de ses commissions la voix de la famille qui lui confie ses enfants, c'est-à-dire de collaborer à l'apaisement nécessaire, d'autres se rencontreront pour en prendre le soin. Déjà des hommes de bonne volonté se sont concertés, ces jours passés, à l'hôtel des Sociétés savantes on a vu

confiance salutaires. Je sais bien que M. de Rocqueville on nous en a prévenus est un être exceptionnellement vigoureux, tenace, énergique, un féodal taillé sur le patron des héros de l'Enigme et desFossiles de M. de Curel, et que cet homme d'autrefois, vindicatif et violent, gouverné parune idée fixe, continue d'exercer sa volonté tyrannique, et que tant qu'il lui reste un souffle, il ne s'avoue pas vaincu. « Les gens à caractère difficile, fait remarquer.le docteur, ont souvent une vitalité déconcertante. » L'observation est très juste. Mais tout de même, Odru n'essaye pas assez de ruser avec lui; il agit de façon bien légère. Car enfin s'il pense qu'une émotion lui sera funeste, il doit tenter de la lui épargner et ne pas faciliter, par son intervention personnelle, une scène familiale pénible et meurtrière. On ne sent point flotter dans ce tableau l'atmosphère « ouatée » des chambres de malades, le charitable mensonge qui rôde aux chevets des mourants. Mais tout cela, nous n'y songeons qu'après que le rideau est tombé. Sur le moment, nous ne réfléchissons pas; l'action nous saisit dans son robuste engrenage, nous entraîne.

Au second acte, elle est plus rapide encore. L'étreinte se resserre, aboutit à l'angoisse. Un nouveau cas de conscience celui-ci tout à fait poignant se pose devant Odru. Les trois fils, obéissant aux ordres paternels, et àl'impulsion de leur affectueuse inquiétude (ils aiment leur père) accourent. La comtesse, avisée par eux, les attend dans l'épouvante. Elle incrimine fet non sans quelque raison) l'attitude partiale u docteur; elle le supplie d'empêcher la suprême entrevue d'où sortira.pour elle le déshonneur, pour les enfants la discorde. Mais il est trop tard. Comment interdire à de grands fjls, venus sur le désir exprès d'un père agonisant, de l'embrasser, de recevoir ses recommandations et ses adieux? Odru n'y peut rien. Il consent à écouter, derrière une porte, l'explication que le comte exige de la comtesse, avant l'arrivée des fils,- explication décisive et qui déterminera laconduite du mari justicier, explication dangereuse et dont la violence lui sera peut-être fatale. Jugez de l'embarras du docteur. S'il s'oppose à cet entretien, il déchaîne chez le malade un mortel accès de fureur. Il le tue s'il défère à sa volonté, et il le tue s'il la contrarie. C'est un petit cas de conscience à ajouter à tous les autres. La scène conjugale, a lieu. Elle élucide les caractères du comte et de la comtesse. L'époux pose un ultimatum à sa compagne. Ou bien elle lui livrera le nom de l'enfant adultérin, et il ne frappera que lui seul, lui retirant une part d'héritage h laauelle il ne saurait légiti-

,g~

se former sur ce terrain d'entente une réunion de personnalités aux opinions diverses, depuis MM. Buisson et Fournière jusqu'à MM. Maurice Barrès ou Denys Cochin, sans oublier MM. Boutrpux, Deschanel, Raymond Poincaré. Il faut qu'au plus vite l'Université impose à l'esprit dé' corps un sacrifice qui, à l'usage, ne peut que lui profiter. Le pays veut la collaboration de l'école et des parents. Cela se fera donc avec l'Université ou sans elle; et ce qui se fait sans elle, risque parfois de se faire contre elle. Heureusement, la discussion doit être reprise demain lundi. Nous espérons qu'elle produira de meilleurs résultats.

̃

EN :m:.a.:r,g-:e]

Les Grecs pensaient sagement qu'un très petit nombre de thèmes éternels devait suffire à l'inspiration des poètes. Il ne serait jamais venu à l'idée de Saphocle de confier à un archonte « J'ai un sujet de pièce auquel personne n'a encore songé. » Les grands tragiques disaient à leur public « Si cette histoire vous amuse, nous allons la recommencer.»Et les statuaires refaisaient sans cesse les images des mêmes dieux. Nous nous croyons plus intelligents et plus curieux que ces ancêtres, parce que nous exigeons toujours du nouveau. Nous n'en gardons pas moins une secrète préférence pour quelques contes d'héroïsme et d'amour. Certains êtres, imaginaires ou réels, conservent une immortelle actualité. C'est ainsi que Les belles palmes toujours vertes

Qui gardent les noms de vieillir

protègent contre la frivolité moderne la tombe d'Héloïse et d'Abélard.

On persiste à déposer sur la couche funèbre de ces amants illustres dès commentaires, des vers et des fleurs. Il ne faut point rire dès jeunes modistes qui offrent des bouquets de deux sous au monunient du Père-Lachaise; elles accomplissent un rite et ne font qu'imiter ingénument les gens de littérature. Elles donnent des muguets et des violettes aux tristes époux légendaires; d'autres pèlerins leur apportent des livres.

Deux écrivains viennent, après tant d'autres, de recommencer le récit de cette idylle cruelle. Mme Jean Bertheroy nous a redit les amours d'Héloïse et d'Abélard en un charmant livre ému et tout parfumé de miséricorde. C'est un poème, en noble prose rythmée, où un gracieux esprit féminin se, propose avant tout d'attendrir. Mais Mme Bertheroy est de son temps, d'un temps où les poètes eux-mêmes ont le devoir de se documenter. Héloïse et Abélard ont un dossier; nous possédons leurs lettres. Il est possible de les juger sur pièces authentiques. Mme Bertheroy a consulté consciencieusement le dossier de l'affaire. Elle conclut, après enquête, au double pardon. J'entends bien que sa prédilection est pour Héloïse. Néanmoins, bien que femme, parce que femme peut-être, elle ne garde point rigueur à Abélard. Elle accepte qu'un tel amour n'ait pris qu'un moment de sa vie. A-t-elle eu peur, en regardant trop avant dans cette âme, d'y découvrir du néant? Cette crainte pieuse," M. Maurice de.-Waleffe ne l'a point connue. Mme Bertheroy s'était tenue agenouillée devant la double sépulture; M. de Waleffe bouleverse le tombeau.

Il le fait hardiment, et presque joyeusement aussi. Comme un rude jardinier de vérité, il s'acharne sur le chiendent des légendes. Historien réaliste, il prétend comprendre et nous révéler ce que furent vraiment ces deux êtres embaumés de poésie. Il les évoque l'un après l'autre, et les interroge implacablement. Que lui arrive-t-il alors, à ce juge rigoureux ? Il s'éprend éperdument d'Héloïse. Et parce qu'il est homme, il se découvre contre. Abélard une haine où il entre de la férocité.

Sur la couverture même de son livre, M. de Waleffe nous prévient loyalement qu'il prend parti. Héloïse, amante et dupe d'Abélard, ce titre avertit le lecteur que l'infortuné Abélard va passer un vilain moment. Je ne me hasarderai point à prendre sa défense. M. de -Waleffe, « pour le traduire à la barre de l'opinion », s'est cuirassé d'arguments redoutables. Mais enfin, de cette barre de l'opinion, nous en sommes tous plus ou moins. L'avouerai-je à M. de Waleffe? Il m'a paru qu'il manquait un peu de mansuétude. Est-il légitime, parce qu'on est amoureux d'Héloïse, de dépasser le chanoine Fulbert en cruauté?

A en croire son plus récent psychologue, j'allais dire son dernier tortionnaire, il ne resterait plus rien du tout d'Abélard. En tant que conceptualiste, la barre de l'opinion lui demeurait bienveillante. Oh! que voilà un terrain de polémique sur lequel je m'interdis de m'aventurerl Je n'ai, hélas! que de vagues données sur les conceptions théologiques du grand écolâtre. Il me souvient d'avoir entendu notre professeur de philosophie le féliciter de son attitude dans la querelle des universaux. Je compris alors très médiocrement en quoi consistait la philosophie d'Abélard; aujourd'hui je le comprendrais moins encore. Je crois bien avoir lu aussi quelque part qu'Abélard doit être vénéré comme un précurseur du rationalisme. Là-dessus, j'ai des doutes et je flaire un excès de zèle. Honorer l'abbé de Saint-Gildas au cri de « A bas la calotte! » témoignerait, il me semble, de plus de ferveur que de critique. Si jamais cette manifestation s'organise,

mement prétendre. Ou bien si elle reste muette, il criera aux trois fils la vérité, leur dénoncera l'infamie de leur nière. La malheureuse femme gémit.

Je ne puis vous livrer mon enfant quand vous avez dans le cœur tant de haine; je ne parlerai qu'aune condition jurez-moi de ne pas apprendre à ses frères ce qu'ils doivent ignorer.

Le comte s'y engage, mais cette concession est illusoire. Retrancher l'intrus de sa succession, n'est-ce pas le désigner hypocritement, le chasser de la famille, Je flétrir? Mme de Rocqueville n'en est pas dupe et demeure impénétrable. La colère occasionnée par son entêtement provoque chez le comte une crise d'urémie convulsive. Et voici le troisième cas de conscience qui s'impose aux tourments du docteur Odru Qu'il soigne le moribond il prolonge son agonie, il lui restitue une heure de lucidité et lui permet d'assouvir sa vengeance. Qu'il laisse agir la nature c'est la mort immédiate, et pour la femme coupable la sécurité, l'impunité. Elle ose lui suggérer cette abominable solution. Il hésite une seconde et tout de suite se ressaisit il accomplit son devoir de médecin, d'honnête homme; il écarte momentanément la mort. Le comte rouvre les yeux, se redresse, tend les bras aux trois jeunes Rocqueville, presse sur son cœur l'aîné Georges, le benjamin André; devant le cadet Robert, il s'abstient, il devine en lui le bâtard et c'est bien lui en effet: depuis le premier acte, nous sommes dans le secret. Mais voyant ces frères si intimement unis, il n'a pas le courage de prononcer le mot qui les affligera, les divisera. Il se contient; la secousse qu'il en ressent est si forte qu'il tombe foudroyé. Il meurt, ayant sinon amnistié l'infidèle, du moins effacé les conséquences de sa faute par un généreux silence. Dans le livre, M. de Rocqueville exécutait ses menaces, partait pour l'autre monde en semant des désespoirs et des ruines. Les auteurs de la pièce ont craifft que cette catastrophe'ne parût mélodramatique. Leur dénouement, plus doux, est acceptable; on peut ad-

mettre que le plus haineux des hommes s'at-

mettre que:le plus haineux des hommes s'at-

tendrisse à de certaines minutes solennelles. L'imminence de la mort produit des miracles. Cette fin est impressionnante; tout le drame attache et remue, plutôt qu'il n'émeut. On en retire une sensation très particulière, celle d'un spectacle pathétique et incomplet. Il semble que l'on écoute une tragédie, à laquelle manquerait l'exposition. Dans ces actes absents, les caractères des personnages nous eussent été nettexnentexDliouês; nous aurions appris comment.

je compte m'abstenir. Toujours est-il qu'Abélar<J fut, dit-on, suspecté d'hérésie parce qu'il admet-? tait que l'Esprit-Saint avait pu se manifester ausj gentils et aux juifs. Je ne sais guère autre chose de sa doctrine, et cela suffit à me disposer favorable-. ment. Plus -heureux que moi, et mieux informé^ M. de Waleffe a lu Abélard. Il exige que nous M méprisions -comme philosophe. Ce n'était, dit-il, qu'un « cuistre ».

Quel homme fut-il et quel amant? Ici, il convient de laisser à M. de Waleffe la responsabilité d'un jugement qu'il traduit en langage sommaire. Cette: fois, le mot est plus dur encore. Il y a « mufle »« C'est même écrit à plusieurs reprises. Si nous insistions le moins du monde, je suis certain que l'ex^ pression serait retirée de très bonne grâce. Toutefois, la remarque subsisterait.

M. de Waleffe a bien senti qu'après un verdict à' ce point sévère, il était nécessaire d'administrer la; preuve. Aussi joint-il à son livre un appendice, la célèbre Epître d'Abélard à un ami, qu'a traduite M. Oddoul. « C'est, déclare-t-il, un document si fondamental, je m'y réfère si constamment, tirant des aveux mêmes du coupable les preuves de son indignité, que le lecteur a le droit d'avoir le texte complet sous les yeux. » Il faut bien l'avouer, ce document est une pièce à charge. En racontant à1 un ami son aventure de jeunesse, Abélard prend un petit air coquin assez irritant. C'est du Vaimont capétien. Et l'on songe, malgré soi, que là-bas, sous son voile, Héloïse se mourait d'amour. Elle avait vécu un poème sublime; lui, un fabliau. Aussi est-ce en trouvère gouailleur que M. de Waleffe o traite l'amant oublieux. Il redevient respectueux et lyrique pour parler d'Héloïse. Il cite avec complaisance le doux jugement du bon Etienne Pasquier « Car combien qu'elle se fust grandement oubliée de son honneur avecques luy, toutefois je me fais presque accroire que ce ne fut point tant par une passion desreiglée que pour les bonnes et signalées parties d'esprit qui étoient en Abélard. »i Et c'est justement ce qui rend M. de Waleffe Jnconsolable. Il déplore ce qu'il y eut chez Héloïse d'ardeur perdue. Il en veut même à son ami Fulbert car il aime Fulbert! d'avoir introduit chez lui un professeur entreprenant. Que n'a-t-on. marié Héloïse à un brave chevalier des croisades?: « Que d'aventures elle aurait eues alors, héroï-: ques ou galantes, peut-être favorite d'un basileus fourbe et raffiné dans le palais rouge et or du Boucoléoh, peut-être princesse dans. Antioche,: peut-être captive chez quelque émir d'Alep ou da Damas, peut-être rien de tout cela, mais du moinà aimant à sa guise, chevauchant, festoyant, chassant au faucon ou jouant de la lyre, divinement heureuse parfois, parfois malheureuse à sanglot ter, en tout cas utilisant un charme physique ctf une ardeur d'amour que la nature ne lui avait pas: donnés pour les ensevelir dans un cloître! » Ici éclate le cri de la passion vraie. Comment oserions-nous demander au dernier adorateur; d'Héloïse de pardonner à Abélard? M. de Waleffa: est trop épris de sa suave héroïne pour n'être pajL sauvagement jaloux..

HOUVXLLÏS DE L'ETE ATOïT

r-»jf

La question crétoise

La question crétoise est une fois de plus ajournée.; On craignait que le refus d'admettre sans serment les députés musulmans à l'Assembiée crétoise, qui se réunissait hier, n'obligeât les consuls des quatre puissances protectrices à faire débarquer les contingents des stationnaires mouillés devant la Canée. La note que nous avons pubiiéo hier à la suite du conseil des ministres était catégorique à ce sujet. Les Crétois ont tourné la difficulté. L'opposition s'est abstenue de paraître l'Assemblée. Le gouvernement n'est parvenu à réunir que 59 députés chrétiens sur 114. 55 de ces députés présents ont voté en faveur de l'admission sans serment des députés musulmans.

L'Assemblée a ensuite suspendu ses séances pour quatre mois. On a donc à la fois manifesté de la- bonne volonté à l'égard du désir des puissances et oiï; n'a pourtant rien fait de délinitif, car 55 n'est pas la majorité sur 114. La question reste entière. La Porte a charge ses ambassadeurs près des' puissances protectrices de protester contre iïmmixtion du roi des Hellènes et du gouvernement" grec dans les affaires intérieures do la Turquie par, les conseils adressés aux Crétois de céder aux désirs, des puissances.'

Aux nouvelles réclamations de la Turquie au sujet des préparatifs de guerre, la Grèce a répondu qu'il s'agit des périodes ordinaires d'instruction militaires. 7,000 hommes seront renvoyés mardi dans leurs foyers.

La Neue Freie Pres$e publie une interview ne M. Michelidakis, ancien président du conseil en Crete;' et chef de l'opposition crétoise_. M. Michelidakis pro*' teste contre l'emploi du mot « souveraineté » di? sultan dans la note des puissances protectrices, emploi qui causa, dit-il, une vive surexcitation parmi toute la population crétoise. Si les puissances de- vaient persister à parler des droits de « souveraineté », au lieu des droits de « suzeraineté » reconnus par le statu quo, des troubles éclateraient sans retard en Crète. Le peuple résisterait par tous les moyens à sa disposition à une tentative faite pour empêcher que, conformément à la Constitution oc* troyée, le roi de Grèce propose un haut commis^ sairo pour la Crète.

L'accord russo-japonais

On mande de Saint-Pétersbourg que dans les mî-2

pourquoi la comtesse avait trompé son mari, si c'avait été une amoureuse sentimentale, ou une coquette, ou une sensuelle, ou une passionnée, ou simplement une femme tyrannisée et à bout de patience; si elle avait été bonne mère, aimés de ses fils, ou une mère négligente, indifférente; ç nous aurions pu, sachant cela, être de moitié dans ses angoisses, lui accorder ou luî refuser, en connaissance de cause, nos sym^ pathies. Voilà ce que MM. Bourget et Bassec nous eussent dit, si leur tragédie avait eu cincj ou trois actes. Mais alors, c'était une autr& pièce ce n'était pas le drame intense et bref qu'ils ont écrit or c'est celui-ci qu'ils ontvoulii, faire et non pas l'autre. Etant donné les difficultés de ce genre qui ne me plaît qu'à' demi ils s'en sont tirés avec beaucoup d'art ils ont marqué de traits sommaires mais expressifs la figure du comte de Rocqueville. Leur esprit critique est attentif à pallier les invrai-] semblances, à prévoir, à résoudre les objections du public. Au premjer acte le docteur Poncelet révèle à son collègue parisien les mystères du foyer des Rocqueville, et lui désigne Robert comme l'enfant du péché. Nous nous demandons aussitôt Comment en est-il sûr, puisqu'il n'a pas reçu les confidences, de la comtesse. ? 2 Et tout de suite la réponse; arrive « Un médecin de province, reprends Poncelet, a des clientèles familiales; il dé-; couvre de ces petits signes de ressemblance' si profonds, si intimes qu'ils sont infaillibles. >>' Bonne ou mauvaise, c'est une explication. Jd cite ce détail comme un exemple de l'ingénio- 1 sité des auteurs; elle s'évertue à multiplier au-; tour du docteur Odru les circonstances qui motivent et justifient ses perplexités. Ce Cas de conscience est une petite pièce savamment combinée, quelque chose comme un jeu d'esprit, le passe-temps d'un grand psychologue, une sorte de « puzzle » dramatique que sa curiosité s'est divertie à construire. w

M. Paul Mounet a composé avec puissance le principale rôle. Son interprétation réaliste, n'est pas dénuée de noblesse et de style. Il rend les affres du malade guetté par la mort, mais il traduit aussi la fierté et l'orgueil rude et farouche du vieux hobereau, qui n'entend pas raillerie sur le point d'honneur. A le voir, on le sent irréductible. C'est un guerrier, un chasseur, un homme de proie. Il est de la race des Burgraves. Il est superbe. MlleRenéa: du Minil a très intelligemment dessiné la sil-,houette de la comtesse de Rocqueville. Et c'était une tâche assez ingrate. M. Alexandre^ sous les traits du docteur Odru -fait apprécier sa distinction sans fadeur et sa sincérité. L'excellent Siblot n'a pas frand'ebose à dire, M.


fieux informés, on assure que le Japon réussit à obtenir pendant les pourparlers relatifs à l'entente le consentement éventuel, de la Russie à, l'annexion de la Corée.

En revanche, la Russie aurait reçu la garantie

̃ formelle do l'inviolabilité de ses droits et privilèges

"tfans la'-Mandchourie du nord. ses droits et privilèges

Les affaires de Barcelone aux Cortès Notre correspondant de Madrid nous télégraphie Hier, à, la Chambre, M. de Lacierva, ancien ministre de l'intérieur du cabinet conservateur, a continué-son discours sur le procès Ferrer et les affaires de Barcelone. Il a cité, pour démentir la cruauté de la répression de Barcelone, des statistiques qui accusent 1,725 détenus, dont 500 furent acquittés et 5 exécutés, 107 expulsés (40 étaient étrangers) et la fermeture de lOOécoles, dont 80 n'étaient" pas autorisées, et toutes notoirement libertaires. Il a retracé ensuite les antécédents révolutionnaires de Ferrer comme organiseur de la « Solidarité ouvrière » et ses relations avec le chef radical Lerroux au moyen d'un code spcret.

Il a relevé ce fait, à son avis étrange, qu'un journal socialiste français parla de Ferrer à Montjuieli, alors qu'il n'était pas encore arrêté.

M. de Lacierva a dit ensuite qu'il est prouvé que Morral, l'auteur de l'attentat de la calle Mayor, à Madrid, en 1906, participa à l'envoi d'explosifs en vue de l'attentat de la rue de Rohan, à Paris, en 1905. Cmq jours avant l'attentatde Madrid, M. de Lã -cierva reçut de M de Leon y Castillo, ambassadeur d'Espagne à Paris, un télégramme lui recommanflant de surveiller Ferrer, au sujet duquel la police française avait reçu des confidences.

M. de Lacierva a montré Ferrer organisant le. prolétariat pour la révolution jusqu'aux événements de juillet. dont il fut l'instigateur et l'acteur. Il a ajouté qu'il n'est pas permis au Parlement de reviser le procès Ferrer, puisque la sentence a été rendue par un tribunal compétent et légitime. Il a comparé l'agitation ferreriste à celle qui a été faite en,faveur de Liabeuf et rappelé que les dépositions des radicaux, notamment d'Emiliano Iglesias,. ̃chargèrent Ferrer. Il conc'ut en disant que les aècusations portées contre lui-même et contre l'auditeur du conseil de guerre atteignent en réalité les ofiiciers juges que les radicaux, dissimulant leur antiiniiitarisme, n'osent pas attaquer directement, et il ajouta que cette campagne faite avec des appuis étrangers doit préoccuper le gouvernement actuel. Les conservateurs applaudirent et le radical Emiliano Iglesias monta à la tribune pour réfuter certaines allégations de M. de Lacierva. Il dit que les mesures de répression et la fermeture de coopératives sans caractère révolutionnaire furent illégales. M. Emiliano Iglesias a reçu une lettre de l'audi- teur du conseil de guerre Santa-Maria lui demandant au nom du corps de justice militaire des explirations sur ses attaques. Le député a répondu qu'il ne voulait nullement offenser collectivement ce

îorps. ̃

Le Saint-Siège et'la politique espagnole Notre correspondant de Rome nous télégraphie LeVatican accuse M. Canalejas de créer des incidents nouveaux en décrétant de sa propre autorité des réformes sur des cjueations concordataires au sujet

desquelles le Vatican accordait lui-même dans des

négociations les concessions demandées. Le Vatican accorde 1° que dans les maisons religieuses, le' nombre des religieux soit au minimum do douze; 2* qu'il faille demander desoi-mais l'autorisation pour ̃ ouvrir des maisons religieuses nouvelles 3° que les maisons religieuses soient soumises aux impôts généraux communs qui frappent les autres associations. p

cc 11 est évident, me dit-on au Vatican, que ces trois questions appartiennent à ce qu'on appelle matière mixte et que sous le régime concordataire, elles doivent être réglées par l'accord des deux contractants. Or, M. Canalejas décrète ces réformes lui Beul, tandis que les négociations ne sont pâs terminées et sachant bien que ces réformes constituent justement les concessions du Vatican. C'est donc une Incorrection formelle et une absurdité logique, car Je dilemme suivant se pose: ou le Concordat existe et M. Cana!ejas ne peut pas traiter les questions relatives aux congrégations religieuses sans accord avec le Vatican; ou le Concordat est rompu, et alors de ïjuel droit fixer le nombre des membres appartenant à une association n

Le Vatican estime que M. Canalejas veut ruser avec l'opinion, veut ôter au Vatican le mérite des concessions accordées au cours des négociations et faire croire que le Saint-Siège se soumet purement •-et simnlement aux décrets du gouvernement espagnol. D'autre part, si le Vatican proteste, M. Canalejas répondra Pourquoi protester puisque vous êtes en principe d'accord avec moi pour ces réformes? Le Vatican déclare encore « Nous voulons déjouer ces deux ruses en les signalant. Le SaintSiège proteste non contre le fond de ces décrets, mais contre le fait même de les promulguer avant la fin des négociations engagées. J'ai demandé à la personnalité tout à fait autorisée qui m'a fait ces déclarations si les négociations ne seraient pas compromises par l'incident actuel «Le Saint-Siège, me dit-il, mettra le plus de'patience possible pour éviter une rupture, mais l'attitude tracassière et incorrecte de M. Canalejas inspire de sérieuses inquiétudés. »

Mouvement diplomatique allemand ta. Gazette de l'Allemagne du Nord annonce que le docteur Rosen, ministre d'Allemagne à Tanger, sera désigné pour remplacer M. de Kiderlen-Wsechter à Bucarest. Le successeur de M. Rosen à Tanger serait le baron de Seckendorf, ministre à Caracas. Le baron de Seckendorf est un self made man. Il débuta au Japon comme professeur, fut employé à à la légation allemande de Tokio et devint interprète en Chine. C'est ainsi qu'il entra dans la carrière diplomatique.

Devenu consul en Extrême-Orient, il occupa les postes de son grade à Serajevo et à Prague où il défendit très énergiquement les intérêts allemands. Bu9

Enfin il partit pour l'Amérique du Sud et fut ftommé ministre à Caracas. Il revint en Europe pour -des raisons de maladie et fut envoyé à Sofia comme ministre intérimaire.

Le baron de Seckendorf est renommé dans la diplomatie allemande pour sa connaissance des questions économiques.

Le commerce extérieur de l'Angletèrre Notre correspondant de Londres nous écrit Les prévisions optimistes de M. Lloyd George semblent confirmées par les statistiques commerïialës publiées par le Board of Trade pour les six premiers mois de l'année 1910. Les importations présentent en effet une plus-value de 32,800,000 liv. st. sur celles des six premiers mois de l'année dernière; près des deux tiers de cet accroissement (soit exactement 19,300,124 liv. st.) sont dus aux

Joliet prête au serviteur du comte, l'honnête Bernard, la physionomie du bon Noël de la Joie fait peur.

Une reprise des Erinnyes terminait la représentation. Le drame grandiose de Leconte de Lisle nous a été restitué dans l'un des décors et avec les costumes de la Furie. La tentative était neuve. Elle a déconcerté le public. L'oeuvre est barbare par le fond des sentiments elle -surenchérit sur la férocité d'Eschyle mais sa forme régulière et pure évoque invinciblement dans l'esprit du spectateur la majesté de la statuaire antique. Cette innovation gêne ses habitudes. Cette mise en scène lui semble inharmonieuse, profanatrice. On ne peut dire qu'elle soit déraisonnable, ni qu'elle trahisse absolument les intentions de l'auteur. Ouvrons le livre du biographe et du confident de Leconte de Lisle, M. Jean Dornis. « Le poète des Erinnyes estimait que la méthode historique devait replacer cette fable à l'époque même où elle s'était déroulée dans l'action, soit à la période de la civilisation mycéenne. JI jugeait qu'on ne pouvait prêter les mêmes raffinements de pensée, les mêmes expressions de passions aux Grecs primitifs et aux contemporains d'Eschyle. » II n'est donc pas absurde que les personnages de Leconte de Lisle s'offrent à nous sous un autre aspect que les héros de Racine. Le tout est d'opérer cette métamorphose avec goût. Le tout est de s'y accoutumer. Ce qu'il faut éviter, c'est la laideur; or quelques-uns de ces costumes sont bien laids.

Je ne commenterai pas un chef-d'œuvre deux fois fameux, et par le génie du créateur et par l'art prestigieux de l'adaptateur. Aujourd'hui je n'en ai pas le loisir. Je dirai cependant un mot de la musique. Certaines personnes, tout en admirant la partition de Massenet. ont paru regretter qu'elle fût jointe à la tragédie. J'estime qu'elle la tempère heureusement et la complète. Considérez que Leconte de Lisle n'a groupé dans les Erinnyes que tes deux premiers épisodes delà trilogie eschylienne, qu'il s^est assimilé ce qu'il y a dans VOrestie de plus violent, de plus sanguinaire, laissant de côté les Euménides c'est-à-dire la partie de l'œuvrel'inspiration du poète se détourne de l'horreur, pour aller vers l'induigence et la pitié. Cette note humaine, que Leconte de Lisle, plus inexorable qu'Eschyle, a volontairement retranchée de son drame, la mélodie caressante de Massenet l'y introduit; elle le prolonge, si l'on peut dire, elle annonce et rétablit le dénouement supprimé. Et d'ailleurs on ne peut soutenir qu'elle dénature entièrement ce drame sauvage. Si elle n'exprime pas les fureurs de Klytaimnestra et d'Orestes, j' •«.Ile traduit avec un charme délicieux les senti- I

achats de matières premières qui décèlent toujours la reprise de l'activité industrielle. Pour les exportations, l'accroissement est de 2'7,600,000 liv. st.; les exportations de produits manufacturés y figurent à elles seules pour 24,306,494 liv. st. L'ensemble des échanges, que l'on y comprenne ou non les réexportations, est supérieur à celui de n'importe quelle année précédente; il dépasse même celui de 1907. D'autre part, la situation financière du RoyaumeUni n'est pas moins satisfaisante. Bien que les entrées et les sorties d'or se soient soldées par une balance de 11,000,000 liv. st. en faveur de l'Angleterre, le Statist calcule que le public anglais a placé à l'étranger, pendant les six premiers mois de 1910, une somme de plus de 100 millions de livres sterling, ce qui est un record. Le même périodique évalue à 1,250,000,000 de francs l'accroissement depuis dix ans des revenus que l'Angleterre retire de ses placements à l'étranger. L'ensemble de ces revenus dépasserait dès maintenant 4 milliards de francs par an, et le moment ne serait plus éloigné où il atteindrait milliards.

Les suffragettes continuent

Plusieurs milliers de suffragettes ont manifesté hier après-midi à Trafalgar-Square, en faveur du bill Shackleton. La scène était pittoresque. Les manifestantes portaient des bannières surmontées d'une colombe ou d'un rameau d'olivier. Elles portaient également des baguettes .fleuries.

Parmi les assistantes, se trouvaient des déléguées de toute la Grande-Bretagne, les représentantes des universités d'Oxford, de Cambridge, d'Edimbourg, de Londres, des déléguées australiennes et américaines.

A propos de la récente encyclique Le chargé d'affaires des Pays Bas près du SaintSiège a adressé le 6 juillet au ministre des affaires étrangères, au nom du pape, une lettre pour le prier de déclarer à la reine que le pape a appris avec regret l'interprétation erronée donnée dans les PaysBas à l'encyclique.

Le pape tient à assurer la reine qu'il n'a "nullement visé les princes de la maison d'Orange, ni leurs ancêtres, ni les sujets non ëatholiques du royaume. -7- Le synode de l'Eglise chrétienne missionnaire belge a voté une énergique protestation contre l'encyclique Editx sœpe.

Alsace-Lorraine. >– Hier, après-midi, un officier français arrivant Nancy louait à Metz une automobile dans le but de faire une excursion sur les champs de bataille. Gomme l'officier -arrivait à Amanvillers, le ;commissaire spécial allemand l'arrêta, -lui demanda ses papiers et. le fit reconduire à Metz par le train. Allemagne. Par suite des pluies torrentielles de ces derniers jours, on signale des inondations dans l'Erzgebirge, dans le Vogtland et dans la vallée du Rhin. A -Cologne, la partie basse de la ville est sous l'eau' et la navigation est partiellement interrompue. La Haute Cour de Leipzig a rendu son jugement dans le procès d'espionnage contre les frères Luck, le Strasbourgeois. Weisskopf, la femme Zarlenga et la servante de brasserie Nauch, inculpés d'avoir vendu à un agent du bureau de renseignements militaires de Nancy un livre de signaux maritimes. L'un des frères Luck et le négociant Weisskopf ont été condamnés à quatre ans de travaux forcés, la femme Zarlenga et l'autre Luck à six et à deux àns'de la même peine. La servante de brasserie a été acquittée.

Angleterre.– On annonce la- mort, à l'âge de 46 ans, de" M. Harry W. Cox, victime des rayons X qu'il avait depuis une dizaine d'années passionnément étudiés. Il avait fallu lui couper successivement trois 'doigts de la main gauche, un doigt de la main droite, le bras droit tout entier.

Italie. Samedi matin, à dix heures vingt, une secousse de tremblement de terre a été ressentie à Bellune dans la direction nord-sud.

Au sommet du Vésuve on voitun énorme patiache de fumée. Une pluie de cendres rougeâtres poussées par le vent depuis le matin est tombée samedi sur les villages de San-Giuseppe et d'Orrajano. Les paysans, alarmés, ont abandonné leurs maisons et se sont réfugiés dans les églises.

Russie. Les gouvernements d'Iékatérinoslaf, de Kherson, de Poltava, le district de Sumy et le territoire d'Ostrogochk sont déclarés dangereux en raison du choléra; les gouvernements de Bessarabie, d'Astrakhan, de Simbirsk, de Riazan et la ville de Tiflis sont déclarés menacés du choléra.

LE DERNIER MOT SUR JEAN ORTH (Dépéche de notre correspondant particulier^ Vienne, 10 juillet.

L'archiduc Joseph-Ferdinand vient de faire présenter une requête au tribunal de l'office du grandmaréchal de la cour, afin di«btenir la déclaration du décès de son oncle, l'archiduc Jean-N.épomucène-Salvator, connu sous le nom de Jean Orth, et disparu sans laisser aucune trace depuis le mois de juillet 1890. Le Code civil autrichien prescrit ordinairement un délai de trente ans dans les cas semblables mais une loi spéciale, faite en 1883, à l'occasion de l'incendie du théâtre du Ring, où les cadavres de nombreuses victimes ne purent être retrouvés ou identifiés, permet de faire « la preuve du décès »

La requête de l'archiduc Joseph-Ferdinand résume d'une manière saisissante le singulier roman de la disparition de Jean Orth.

Né en 1852, il était le second fils du grand-duc Léopold II de Toscane; il entra fort jeune dans l'armée et fit la campagne de Bosnie, lors de l'occupation de cette province par l'Autriche-Hongrie en exécution du traité de Berlin. Au moment de l'abdication du prince Alexandre de Bulgarie, JeanSalvator négocia, dit-on, avec des personnalités bulgares pour devenir son successeur; il dut y renoncer à cause de la situation où un tel choix eût .pu placer son pays; c'est lui qui alors attira l'attention sur Ferdinand de Cobourg et le fit désigner il songea un moment à aller s'établir à Sofia sous ses ordres comme organisateur de l'armée, bien qu'il fût d'ailleurs en assez mauvais rapports avec le prince. Cette agitation inquiète et un certain nombre de brochures critiques, écrites par l'archiduc, sur des questions militaires, avaient provoqué « en haut lieu », pour employer la formule accoutumée, le plus vif mécontentement. Jean-Salvador fut relevé en septembre 1887 du commandement de la 3° division d'infanterie; il se retira de l'armée à la suite de cet incident et se mit à préparer l'examen de capitaine au long cours; il y fut reçu. En 1889, il renonça à son titr*, à ses droits et à son apanage d'archiduc, et prit le nom de Orth, d'après celui d'un château que sa mère possédait au bord du lac de Gmunden en Haute-Autriche. Il partit ensuite pour Londres, s'y maria régulièrement avec Mme Milly Stubl,

ments de Kassandra, son regret des jours heureux, son amour de laliberté et de la patrie, les soupirs de sa jeunesse enchaînée. Puisqu'il est question de Kassandra, je veux tout de suite louer,dans ce rôle, l'art et le souffle de Mme Weber. Elle y a été remarquablement belle d'attitude, de physionomie, de mimique,.d'éloquence, de douleur, de tristesse enflammée et prophétique. Elle a reçu de la foule une de ces ovations qui honorent l'existence d'une actrice et la payent de son effort. Mme Louise Silvain faisait Klytaimnestra. J'ai encore dans l'oreille la voix de cuivre de Marie Laurent, et quoiqu'il soit inique d'écraser les vivants avec le souvenir des morts, je ne puis celer que l'organe de la nouvelle interprète m'a paru bien essoufflé, son geste bien court. De la vigueur; certes elle en a, elle l'a prouvé avec éclat dans Electre ce qui lui manque, c'est l'ampleur, la plénitude des moyens, l'envergure. Il sera intéressant d'écouter dans ce même rôle MlleMadeleine Roch, mieux douée qu'elle par la nature sous ce rapport. M. Paul Mounet est un Orestes par trop rassis; il aurait sagement agi en cédant ce rôle son camarade Albert Lambert l'ayant félicité tout à l'heure, je suis à l'aise pour lui donner ce conseil.

Qui n'a pas l'emploi de son âge

De son âge a tout le malheur

De Mme Lara, je voudrais célébrer une autre qualité que son éternelle mélancolie. Elle n'est pas sans grâce; elle sait dire les vers. Pourquoi, dès qu'elle entrouvre les lèvres se sent-on pénétré de langueur? Cette nymphe de l'élégie, exquise dans les personnages faits à sa mesure amollit la physionomie d'Elektra. Il est agréable d'entendre et de voir Mlle Delvair, Mlle Robinne. Celle-ci réalise d'évidents progrès. Elle acquiert de l'aisance; sa diction s'affermit. Durant ce dernier mois, profitant des loisirs que nous procure la pénurie des nouveautés théâtrales, je suis souvent entré à la Comédie j'y ai passé quelques moments aimables; j'en suis toujours sorti plein de foi dans l'avenir, partageant en cela l'optimisme du public. Que ce public, surtout en été, et les jours de répertoire, est vibrant, enthousiaste I Il a, pour la Maison, l'attachement de l'ancien parterre 1 Comme il l'aime 1 De quel cœur il applaudit les chefs-d'œuvre 1 Jeudi il se pâmait aux incisives verdeurs de Tartuffe, aux scènes et aux intermèdes de la Comtesse d'Escarbagnas, dont je vous ai déjà longuement entretenus. Il ne dédaigne pas les ouvrages contemporains; sa sympathie va de préférence à ceux qui ont un petit parfum classique. Il se délecte encore au Demi-Monde. au Monde où l'on s'ennuie, à

une jeune Viennoise avec laquelle il était en relations. C'est un des faits nouveaux qu'établit la requête de l'archiduc Joseph-Ferdinand. En 1890, Jean Orth, avec sa femme, quittait Londres à bord du voilier Sainte-Marguerite, chargé d'une cargaison de ciment, à destination de BuenosAires. Arrivé dans un port, il congédia les trois ofliciers*du""bprd, et seul, avec un, équipage peu expérimenté,, il mit- à la voile le 10 juillet 1890 pour Valparaiso. Un capitaine anglais aperçut encore le navire le 12 juillet, à l'entrée de la ravde de la Plata. Jean Orth écrivit ce jour-là une lettre à son avocat, M. von Haberler, et la fit porter àHerre par un pilote :« Je mettrai à la voile aujourd'hui, écrivait-il, et je commencerai comme capitaine ce voyage, qui me fera doubler le cap Horn. » Depuis le 12 juillet- 1890, personne n'a aperçu la SainteMarguerite; ni -Jean Orth ni aucun des hommes de son équipage n'a donné le moindre signe de vie. L'hypothèse d'un naufrage où la Saintc-Marguei'ite se perdit corps et biens paraît s'imposer; la difficulté est qu'on est réduit à des conjectures, car il a été impossible, malgré d'actives recherches, de retrouver une preuve quelconque de la catastrophe. Un officier du Lloyd.de Hambourg, Erwing Knipping, a pu établir, en comparant des caftes "météorologiques de l'époque, que des tempêtes exceptionnelles ont balayé alors toute cette région ttmrine. C'est le 21 juillet 1890 que se déchaîna dans ces parages un ouragan-reste célèbre sous le nom d'd « ouragan du Cambyse », du nom du vapeur qui le -signala.' Selon Erwin Knipping, la -Sainte-Marguerite fut prise dans la tourmente en pleine mer avec son audacieux et peu éprouvé capitaine, fut chavirée par le vent et sombra. Deux explorations entreprises dans l'hiver -de 1800 ont eu des résultats négatifs. 'La première, dirigée par don Monsila, sur le vaisseau de guerre argentin Berrnejo, -dura quatre mois; don -Monsila revint, après avoir parcouru plus de cinq mille lieues marines, avec la seule information qu'un voilier en fer, dont le signalement répond à celui de la Sainte-Marguerite, disparut dans un cyclone du 3 au 5 août 1890 dans le détroit de Magellan, au large de l'îlot du Premier-Janvier. Une seconde expédition, entreprise par l'ingénieur chilien Garcia, retourna à Valparaiso sans avoir pu recueillir une seule information. Le Saint-Siège donna alors ordre à ses missionnaires vivant parmi les Indiens dans les îles du cap Horn de faire une enquête; elle n'aboutit point.

C'est alors que la légende commença à s'emparer de la figure de Jean Orth le bruit courut qu'il aurait abandonné clandestinement son navire à Montevideo et se serait rendu avec sa femme par terre à Valparaiso; cette, nouvelle se répéta avec tant de persistance que des recherches furent faites elles ne donnèrent aucun résultat. On prétendit même que Jean Orth se serait rendu au Japon; l'information fut lancée avec assez d'insistance pour donner lieu à des recherches; quelques-uns "affirmèrent même que le général Yamagata ne serait autre que Jean Orth! Mais la nature même de rimpétne'ux archiduc paraît être le plus ferme argument en faveur de sa mort. Actif,ambitieux, toujours désireux d'accomplir quelquehaute tâche, on ne voit point pour il aurait décidé soudain de disparaître, de se laisser tenir pour mort par ses amis. Avant son départ, il dit à son fidèle Giacpni « Quand je reviendrai, dans cinq ou. six mois, je te ferai signe »; et au journaliste Moriz Szeps « L'Autriche restera ma patrie aussi longrtemps que je vivrai. » -Il était parti de BuenosAires pour aller chercher à Valparaiso une enrgaison de salpêtre sur la vente de laquelle il fondait de grandes espérances; il avait de vastes projets d'entreprise industrielle et d'organisation financière, et il aurait subitement renoncé à tout, même -aux millions de sa fortune en Autriche. Rien de moins vraisemblable.

Le tribunal- de l'office dû grand-maréchal de la cour a décidé d'instituer une enquête tendant à établir la mort de Jean Orth. Un délai de six mois a été fixé pendant lequel le tribunal acceptera toute information sur le sort de l'ex-archiduc. L'édit paraît aujourd'hui dans la Wiener Zeitung.

«&>

AFFAIRES MILITAIRES

ARMÉE

LA Solde DES lieutenants. Lé ministre -de la guerre communique la note suivante

Les journaux ont publié à diverses reprises des informations relatives aux. intentions qu'aurait le ministre ûe la guerre au sujet de la date à partir de laquelle sera relevée la solde des lieutenants et souslieutenants.

Dans ces indications on a généralement perdu de vue que le ministère est lié par les crédits qui lui ont été accordés pour 1910.

En votant pour l'exercice courant une somme inférieure à celle que nécessiterait l'application du relèvement à une année entière, le Parlement lui-même a implicitement fixe la date point de départ de ce relè vement.

Il aurait fallu près de sept millions pour réaliser l'augmentation de toute l'année.

Le Parlement n'ayant voté, pour 1910, qu'un crédit inférieur à 3 millions, il en résulte que cette augrrentation ne pourra porter que sur quatre mois ou quatre mois et demi au plus. <r. La seule question qui peut se poser est donc savoir si ces tarifs seront mis en vigueur à partir du 16 août ou du 1er septembre. La question est actuellement à l'étude au bureau de la solde.

LA TENUE DES fantassins. On annonce que la veste et la tunique de nos fantassins seraient remplacées par une vareuse; les épàulettes seraient supprimées, la capote maintenue.

LE MARÉCHAL DA Fonseca A TOULON. Notre correspondant de Toulon nous télégraphie que le maréchal da Fonseca, président de la République du Brésil, assistera demain à Toulon à des tirs effectués dans la batterie du Peyras avec les nouvelles pièces do 240 à tir rapide.

MARINE

̃ Pour encourager LES POINTEURS. En raison de'la lenteur de l'avancement dans la spécialité du canonnage, le ministre a résolu, pour attirer et retenir dans te personnel pointeur des sujets de valeur, d'augmenter le taux des suppléments de solde prévus pour les pointeurs des pièces de gros calibre et détendre l'allocatipn de ces suppléments aux pointeurs des pièces d'artillerie moyenne. Un décret vient de sanctionner la concession de ces suppléments il apporte en outre des modifications au décret du 11 juillet 1908, en vue d'en préciser certains points.

OPÉRATIONS D'UNE FORCE NAVALE ET D'UN DIRIgeable. Au cours des manoeuvres d'automne de la marine allemande, des essais seront faits pour établir une communication radiotélégraphique entre un dirigeable militaire et la flotte opérant sur mer. L'amiral de Holtzendorf, commandant la flotte do haute mer, qui a étudié cette question, a pris part

Y Honneur et l'Argent. Il adore les pièces en vers. Il savoure les couplets de la FleUr merveilleuse. Dimanche, il acclamait la galanterie légère et ailée des Romanesques, la cordialité généreuse du Père Lebonnard. J'ai été frappé de la chaleur avec laquelle il accueillait ce drame bourgeois, si curieusement apparenté à notre théâtre traditionnel (Lebonnard est une figure de Sedaine) et animé d'un si large souffle d'honnêteté, de bonté. Ce n'étaient qu'ovations, que rappels sans fin. Il faut dire que Silvain y est admirable. Chaque comédien trouve dans sa carrière un personnage qui s'incarne en lui complètement, totalement. Lebonnard restera le rôle idéal de Silvain. Les défauts mêmes de l'excellent acteur, sa familiarité, son excès de bonhomie l'y servent, ne choquent point; ses qualités, sa conviction, son air de brave homme, l'autorité simple de son jeu s'y épanouissent, y prennent une force extraordinaire. A coté des doyens, des aînés, la jeune troupe se forme. Elle renferme des éléments variés et riches; elle est très supérieure à ce qu'elle était du temps de Perrin. Le talent y foisonne; il mûrit lentement, à l'ombre, puis tout d'un coup, la période de gestation la période ingrateécoulée, il émerge, ils'affirme. Nous avons ainsi des révélations soudaines. Considérez ce qu'étaient hier, ce que valent aujourd'hui M. Siblot, M. Dessonnes. Parmi les pensionnaires, nous en voyons poindre qui suivent diligemment la même voie. ;Ce sont les sociétaires de demain. On n'arrive que par le travail opiniâtre, continu. La maîtrise du comédien ne s'improvise pas.

Ceci m'amène aux concours du Conservatoire. J'en parlerai assez brièvement, l'espace m'étant mesuré. Je renvoie à une autre occasion les observations générales que peuvent suggérer les projets, assez vagues, ébauchés en vue du perfectionnement de l'Ecole. Je me borne'à passer en revue les lauréats.

Les jeunes tragédiens ont été faibles. On ne jugea aucun d'eux digne du premier prix. Un second prix seulement fut décerné à M. Baume, interprète trop nerveux, mais chaleureux, intelligent du rôle de Christian dans Struensée. Trois premiers accessits couronnèrent M. Charles Fontaine, un Pyrrhus raisonnable et bien disant, M. Mendaille, un fougueux Etéocle qui rugit les alexandrins purs et sonores des Phéniciennes, de Georges Riyollet, M. Rocher, un Don Carlos minuscule et délicat. La scène à'Hernani dépassait la taille de ce Chérubin-Empereur que nous retrouverons mieux à l'aise dans la comë«die.

Mlle Ducos a obtenu le premier prix. On l'a donné aux dualités qu'on lui connaît plutôt au'i

récemment à des sorties d'un dirigeable militaire allemand dans les environs de Berlin.

TOinrBLLES DU JOUR La Chambre doit élire demain au scrutin de liste avec représentation proportionrieTre la commission du suffrage universel. Voici telles qu'elles sont publiées aujourd'hui à YO/ficiel les cinq listes en pré-sence v Liste n° 1 (de la représentation proportionnelle) MM. Aynard, Braîbant, Buisson, Ceccaldi, Charles Benoist, Denys Cochin, Deschanel, Abel Ferry, Groussau, Groussier, Jaurès, Messimy, Painlevé, J. Reinach, Aubriot, Auriol, Georges Bonnefous, Chanot, Dansette, Delory, Duclaux-Monteil, Failliot, Heuzé, de La Porte, Lauche, Lefas, Gabriel-Ellen Prévot, Tournade, Vazeille, Vir.cent.

LISTE 2 (républicaine de réforme électorale) MM. Dessoye, Hector Depasse, Balitrand, Bar, Benazet, René Besnard, Paul Bignon, Bozonet, Chapuis (Jura), Chavot, Combrouze, Dariac, Drelon, Foucher, Justin Godart, Haudos, Jacquier, Larquier, Lauraine, Maunoury, Méqniliet, Noël, Noulens, Pelisse, Raoul Péret, Raynaud, Renard. Roden, Simonet (Creuse). LISTE n° 3 (républicaine antiproportionnaliste): MM. Modeste Leroy, Thierry-Cazes, Lemire, Colliard, Sireyjol, de Kerguézec, Beauqùier, Fitte, Albin Rozet, Babaud-Lacroze, Charles Baudet, Even, Chaussier, Pu, jade, Albert Gallot, Malavialle, Roret,Crepel. NouhaudLe Cherpy, Antony Joly, Tournan, Albert Grodet. Liste n» 4 (républicaine du scrutin uninominal avec péréquation des circonscriptions et diminution du nombre des députés): MM. J.-L. Breton, J.-B. Morin, Emile Constant, Gioux, Le Hérissé, Marc Mathis, Emile • Bender, Fernand David, Emile-Favre, Villault-Duchesnnis, Marc Réville, Cloarec, Louis Bnudet, liasly, Robert Surcouf, Dubuisson. Magniaudé, Amans Périer, Ch'aulin-Servinière, Grandjean, d'ïriart d'Etchepare, Le Rouzic, I.amendin, Péchadre.

Liste 5 (républicaine de la réforme électorale sans la représentation proportionnelle) MM. Camille Pelletan, Maginot, Tliomson, Bouffandeau, Simyan, Henri Cosrtjér, Henri Roy, César Trouin, Derveloy, Ponsot, Fayssat, le général Pedoya, Léon Periier (Isère), I.olh, Jules Brunet (Dordogne), Robert David (Dordogne), :Debaune, Demellier, Dreyt, François Fournier, Gillette-Arimondy, Lamoùreux, "Magniez, Mons, Simonet (Saône-et-Loire)i Dulau, Noguès.

Le groupe.parlementaire de la réforme électorale et le comité extraparlementaire de la représentation proportionnelle viennent d'organiser dans le Centre une tournée de conférences.

MM. Lefas, Aubriot et Doussaud, députés, Maurice Colrat, Calary et Georges Mauranges. avocats à la cour d'appel de Paris, ont fait acclamer la R. P. hier soir au cirque de Limoges. L'auditoire des plus enthousiastes a voté un ordre du jour invitant la Chambre à assurer la réalisation immédiate de cette réforme. Les mômes orateurs prendront la parole aujourd'hui dimanche, en Corrèze. à Tulle et à Brivè.

Dans la Creuse, MM. Varenne, ancien député, ancien rapporteur de la commission' du suffrage universel, B'ondont et J. Denis, avocats à la cour d'appel de Paris, ont donné hier, devant un public très nombreux, une conférence à Aubusson; ils seront aujourd'hui à Gueret.

Le comité de patronage des étudiants ottomans s'est réuni hier cinq heures à la Sorbonne, sous la présidence de M. Albin Rozet, député. Les ministres ottomans des finances et de la justice assistaient à la séance.

Après quelques mots de bienvenue du président et 1 exposé des résultats obtenus par le secrétaire général, M. Blondel, Djavid bey a prononcé en français une allocution où il a remercié la France de ce qu'elle fait pour les étudiants ottomans.

On nous télégraphie de Perpignan qu'à Prunet-etBelpuig (arrondissement de Prades), les élèves de l'école laïque se sont mis en grève pour protester contre le maintien de l'institutrice qu ils jugent insuffisante. Malgré, les démarches de l'inspecteur primaire de l'arrondissement, les écoliers, refusent de retourner à l'école avant le déplacement de leur maîtresse. •-•

LE CONTRAT COLLECTIF DE TRAVAIL

Voici le texte du projet de loi établissant le contrat .collectif que Je ministre du travail déposera demain à la Chambre

Article •premier. Les représentants d'un syndicat professionnel ou de tout autre groupement d'employés peuvent passer avec un employeur ou avec les représentants d'un syndicat professionnel ou tout autre groupement d'employeurs des conventions collectives déterminant certaines conditions auxquelles devront satisfaire les contrats de travail individuels dans lesquels fera partie l'un des adhérents à. la convention collective.

Sont considérés comme adhérents à la convention collective

Les employeurs ou les employés qui ont donné individuellement, par écrit, mandat spécial aux négociateurs pour traiter en leur nom;

2° Ceux qui, au moment où la -convention est passée, sont membres d'un syndicat professionnel ou d'un groupement partie à cette convention, si dans un délai de trois jours francs à dater du dépôt prévu à l'article 3 ci-après, ils ne se sont pas retirés du syndicat ou du groupement, par une démission donnée de bonne foi et notifiée au secrétariat ou greffe où le dépôt a été effectué; 3° Ceux qui, postérieurement au dépôt de la convention, entrent dans des syndicats professionnels participant ou adhérant à la convention.

Art. 2. L'engagement de chaque adhérent comporte l'obligation d'observer les conditions de travail déterminées par la convention collective dans tous les contrats individuels qu'il passerait, même avec des personnes étrangères à cette convention, pour le genre de travail qui en fait l'objet, à moins qu'il ne soit formellement stipulé que les conditions convenues sont obligatoires pour les adhérents, soit seulement dans leurs rapports entre eux et avec les tiers, soit seulement dans une région déterminée.

Art. 3: La convention collective doit être écrite, à peine de nullité. Elle est déposée au secrétariat du conseil des prud'hommes, au greffe de la justice de paix du lieu où elle a été passée et de tout lieu où elle est applicable.

Il en est donné gratuitement communication à toute partie intéressée.

Le dépôt a lieu aux soins de la partie la plus diligente, à frais communs.

On décret fixera les émoluments des greffiers, le mode de communication des contrats et le mode de recouvrement des frais honoraires.

Art. 4. La convention collective peut être conclue pour une période indéterminée. Dans ce cas, elle peut toujours cesser par la volonté de l'un des groupements participants, à charge, pour les représentants de ce groupement, de prévenir l'autre un mois à l'avance. Toute stipulation tendant à abréger ce dâlai est nulle. Si la convention collective est conclue pour une du-

celles qu'elle a révélées. Il a fallu les rechercher à travers une interprétation véhémente, forcenée de Camille. Elle semble avoir perdu, depuis l'an dernier, un peu de la grâce harmonieuse qui nous avait séduits. Cette grâce qui se déployait librement dans Ylphigénie de Racine, s'est brisée contre le rude airain des Roraçes. Néanmoins, je crois à l'avenir de Mlle Ducos; elle est frémissante; elle possède le don inestimable du foyer intérieur. Il y a de l'âme en elle.

L'âme ne manque pas plus que le souffle à Mlle Guyta-Dauzon, que la mauvaise qualité de sa voix a fait écarter du premier prix. Elle en a obtenu un second, vaillamment gagné dans une formidable scène des Erinnyes. Elle l'a partagé avec la douce Mlle Albane (une touchante Andromaque)et l'originale Mlle Revonne, que nous retrouverons tout à l'heure à l'occasion de son grand succès en comédie. Mentionnons les deux premiers accessits offerts l'un à Mlle Méthivier, ingénument émouvante sous les cheveux blonds de Juliette, l'autre à Mlle Marialise, 'bonne diseuse de vers.

Les comédiennes surpassèrent les tragédiennes. Mlle Revonne conquit d'emblée la suprême e récompense. Elle nous ravit, elle nous toucha par sa sensibilité. Elle joua en artiste la poignante scène de Y Autre danger où Madeleine découvre une rivale en sa mère; la pudeur offensée de la jeune fille, sa surprise, sa douleur, l'amertume de sa première déception, tout cela fut rendu avec une remarquable justesse, et sans cri, sans .exagération, sans artifice. C'était la nature même, c'était la vie. Je ne suis pas inquiet de Mlle Revonne. Elle est née pour le théâtre. Elle n'a qu'à s'abandonner à son sûr instinct.

Mlle- de France, plus jeune encore (elle n'a que dix-huit ans),semble également bien douée. Dans le rôle de la comtesse du Mariage sous Louis XV, elle a trouvé des accents, des mouvements, des intonations d'une vérité parfaite et qui ne devaient rien au professeur. Etre soi, cela est si rare 1 Le second prix de Mlle de France lui donne de grandes espérances pour l'an prochain. Quoi qu'on ait prétendu, Mlle Camey ne doit pas le sien qu'à sa seule beauté. Elle n'est dépourvue ni de qualités naturelles, ni de qualités acquises. Et je ne sache pas que le charme du visage et la grâce corporelle soient des causes d'élimination.

Pour le surplus, le jury s'est montré prodigue. Il a accordé cinq premiers accessits à Mlle de Chauveron, une robuste Dorine, cordiale et toutefois distinguée à Mlle Myriam Deroxe, qui interpréta avec force, en brûlant les planches, le rôle de Magda, merveilleusement adapté à son tempérament théâtral; à Mile Sylyiac. la

rée déterminée, cette durée ne peut être supérieure à cinq années.

A défaut de stipulation contraire, la convention durée déterminée qui arrive à expiration continue produire ses effets comme convention ~h durée indéterminée. Art. 5. Lorsqu'une convention collective a été conclue pour une durée indéterminée, tout participant peut, à ̃̃toute époque, se dégager en notifiant un mois à l'avance sa renonciation au secrétariat ou au greffe où le •^dépôt prévu à l'article 3 doit être fait, 'et en se' "retirant de tout syndicat professionnel qui resterait partie à la convention. ̃ ̃- Lorsqu'une convention est prorogée pour une durée dëtreminée par tacite reconduction,'tout participant peut se dégager dans les mêmes formes, dans la huitaine qui suit la prorogation.

Est nulle toute convention par laquelle un employeur ou un employé renoncerait à la faculté de répudier, dans les formes prévues par le deuxième paragraphe de l'article 1" ci-dessus, soit une convention collective, soit un mandat donné collectivement, ou, par laquelle il renoncerait, pour une durée de plus de cinq ans, à se dégager d'une convention en cours.

Art. 6. Lorsqu'un contrat de travail intervient entre un employeur et un employé qui doivent, aux termes de l'article précédent, être considérés comme soumis l'un et l'autre aux obligations résultant de la convention collective, les règles déterminées en cette convention s'imposent, nonobstant toute stipulation contraire, aux rapports nés de ce contrat de travail.

Art. 7. Lorsqu'un contrat de. travail intervient entre parties, dont une seule doit être considérée comme liée par les clauses de la convention collective, ces clauses s'appliqueront aux rapports nés du contrat de travail, à moins de stipulations contraires.

Mais en ce cas, la partie liée par une convention collective qui l'oblige, même à l'égard de personnes qui n'ont pas été parties à cette convention (article 2) et qui aurait accepté, à l'égard de ces personnes, des conditions contraires aux règles déterminées par cette convention, peut être civilement actionnée à raison de l'inexécution des obligations par elle assumées. Art. 8. Les syndicats professionnels d'employeurs ou d'employés ayant adhéré à une convention collective sont tenus de ne rien faire qui soit de nature à '.en compromettre l'exécution loyale.

Ils ne sont garants de cette exécution que dans la mesure déterminée par la convention.

Art. 9. Les syndicats professionnels ou les individus liés par la convention collective sont passibles, en cas de violation des engagements. contractés par eux, de dommages-intérêts qui peuvent leur être réclamés Soit par les syndicats professionnels ou les individus, membres de la collectivité avec laquelle a traité celle dont ils font partie;

Soit par les syndicats professionnels ou les individus, membres de la collectivité dont ils font' partie. ,A.rt. 10. Les syndicats professionnels qui sont intervenus comme partie à la convention collective peuvent exercer toutes les actions qui naissent de cette convention en faveur de chacun de leurs membres, sans avoir à justifier d'un'mandat de l'intéressé, pourvu que celui-ci ait été averti et n'ait pas déclaré s'y opposer. L'intéressé peut toujours intervenir à l'instance engagée par le syndicat.

Le syndicat peut également intervenir dans toute instance engagée par un de ses membres pour obtenir la réparation du préjudice à lui causé par une violation de la convention, en raison de l'intérêt collectif que la solution du litige présente pour tous les. autres. Art. 11. Sont valables les dispositions de la convention collective par lesquelles les adhérents remettent A des arbitres, désignés ou à désigner dans des formes déterminées, le jugement de tout ou partie des litiges que peut faire naître l'exécution de cette convention.

r 1

AU JOUR LE JOUR Le cinquantenaire de la réunion de la Savoie à la France

Les Savoyards de Paris ont tenu à participer aux fêtes organisées à l'occasion du cinquantenaire de la réunion de la Savoie à la France. Au nombre de deux mille ils se sont réunis aujourd'hui en un banquet que présidait M. Antonin Dubost, président du Sénat.

Le banquet a eu lieu à midi, dans le hall de la sculpture, au Grand Palais des Champs-Elysées. Toutes les sculptures du dernier Salon avaient été enlevées ou remisées au fond du hall; on n'avait laissé que le monument de Jules Ferry, et derrière la table d'honneur le monument de Desaix, qui sera placé à Thonon. Des trophées de drapeaux et des plantes vertes ornaient Me vaste hall.

M. Antonin Dubost présidait, ayant à sa droite M. Henri Brisson et à sa gauche M. Pichon. A la table d'honneur étaient assis les sénateurs et les députés de la Savoie et de la Haute-Savoie, MM. Etienne,. Gustave Rivet. Plissonnier, Chabert, Bonniard, Maurice Faure, Poincaré, Bellan. Nice était représentée par MM. Rouvier et Sauvan, sénateurs, Raiberti, Poullan et Fayssat, députés des Alpes-Maritimes.

Au dessert, après M. Dufayard, président du comité de» fêtes, M. A-ntome perrier, vice-p résident du Sénat, a pris la parole au nom des représentants de la Savoie au Parlement

Les fêtes du cinquantenaire à Paris, a-t-il dit, comme celles qui se préparent en Savoie au mois de septembre prochain, ont une double signification nous voulons affirmer une fois de plus notre attachement inébranlable à la France, et rappeler par notre passé glorieux que nous étions digne d'elle.

M. Mercier, sénateur, au nom de la Haute-Savoie et de ses représentants, a dit avec quelle joie il participait à cette manifestation patriotique. Il a rappelé l'inoubliable séance de la Convention où « après la lecture du décret prononçant que la Savoie faisait partie intégrante de la France, le président de l'Assemblée proclama Les deux nations seront 'unies éternellement, et que tous se levèrent, d'un même élan, tendant les mains vers les délégués allobroges, répétant Oui, éternellement, étemellement. M. Raiberti est venu associer Nice à cotte fête. « Il y a cinquante ans, pour la seconde fois, Nice et la Savoie se donnaient librement à la France. » Ce qui donne à cette date toute sa signification et toute sa portée dans l'histoire, c'est « l'accord de deux puissances pour affirmer solennellement, à la face du monde, et appliquer le principe proclamé par la Révolution française, que les peuples sont maîtres d'eux-mêmes et qu'aucun pouvoir ne peut disposer d'eux, en dehors do leur volonté librement exprimée ». Et envisageant l'avenir, M. Raiberti a ajouté

Le règne du droit n'est pas encore près, hélas 1 de remplacer le règne de la force. Mais à moins que le progrès ne soit le plus yain des mots et la civilisation le plus trompeur des mensonges, un jour viendra où la guerre n'aura plus déraison d'être parce que les peuples auront conquis le droit de choisir librement leur place au foyer des nations. Ce jour-là, la paix du monde ne sera plus l'inquiète accalmie que trouble à

spirituelle et délurée Catarina de la Mégère apprivoisée; à Mlle Dieudonné dont la'voixenfantine exprima naïvement les puérilités de la petite Arlequine de Marivaux à Mlle Marialise, chargée très lourde tâche de jouer une scène pathétique et complexe du Détour et qui s'en est fort bien acquittée. Il a réparti quatre seconds accessits entre la joviale Capazza, la languissante Borelli, la gentille Lyrisse, et l'élégante Roselle.

Du côté des hommes, nous avons eu d'abord un premier prix. M. Gerbault, prix de persévérance dû au labeur d'un parfait élève. M. Gerbault a-t-il en lui l'étoffe d'un Lérand ou d'un Silvain ? Je ne sais. Sera-t-il un raisonneur du répertoire, ou un acteur de composition ? Je ne me charge pas de tirer son horoscope. En tout cas sa diction est sobre, juste, vigoureuse. Beaucoup p 'lus spontané est M. Gronillet, le premier nommé du second prix. Imaginez un petit bout d'homme, vif comme salpêtre, portant toupet à l'exemple de Galipaux, et si comique qu'il ne peut faire un pas, esquisser une grimace, marcher ou s'asseoir, sans qu'aussitôt la salle éclate de rire. Il a fait de le lecture de Sénèque par l'Hector du Joueur un poème de fantaisie bouffonne. Deux autres seconds prix furent conférés au soigneux et correct M. Fontaine, au trépidant M. Baume, un incorrectmais très intéressant Max de Pogis du Dédale. Une pluie d'accessits est tombée sur M. Basseuil, un très honorable Alceste sur M. Morat, simple et vrai dans l'Octave de Monsieur Alphonse; sur M. Saint-Mars, le plus neurasthénique des Fortunio présents et passés, mais non le moins attachant. Je citerai, pour finir, l'unique titulaire du second accessit, M. Battendier, juvénile et naïf dans le Lélie de la Coupe enchantée.

Et je ne voudrais pas refuser un mot de consolation à quelques-uns des concurrents malchanceux. Je m'empresse donc de réconforter M. Praxy, M.Bergeron, Mlle Beauval,une aimable Rosine, Mlle Denise Hébert et Mlle De- lile, qui doit surtout à son extrême jeunesse de n'avoir pas été -couronnée.

En résumé, deux ou trois jeunes premières de comédie et de drame, une délicieuse ingénue, un franc comique, une demi-douzaine de raisonneurs, voilà ce qu'a produit le concours. Ceci n'est pas déjà si mauvais. Et nous serions ingrats de nous plaindre. Le résultat eût été meilleur si les candidats avaient choisi des morceaux appropriés à leurs moyens et non des morceaux trop forts. Useraient, en se gonflant, en s'époumonant, éblouir le jury. Je leur conseille de relire l'apologue de la ~&rèriouiUe et le Ëœuf.MaÀs àauoi bon? On ne les guérira pas

i chaque instant l'éclair de la tempête. Elle sera la cori? dition nécessaire etimmuable du monde parce qu'elle' sera la consécration matérielle de la victoire du droit et la forme permanente de l'équilibre naturel des; n&tions. M. Pichon, ministre des affaires étrangères, l'ap- pelte tout d'abord que la France n'a pas repris Nice et la Savoie «Elle' les a retrouvées, elle ne les a pas reconquises elle les a rendues, par le libre consentement do leurs habitants, à la nationalité da leur choix, » II poursuit en ces termes

Aussi ne sommes-nous pas réunis pour commémorer des victoires, bien que la part que nous avons prise à la résurrection de l'Italie soit assez glorieuse pour que nous ayons le droit d'en être fiers. Et il serait peu digne de nous de ne pas donner dans nos réjouissances une pensée de tristesse aux morts qui reposent pêle-mêle, Autrichiens, -Français et Piémontais, dans les champs de bataille qu'ont illustrés leur dévouement et leur courage.

Mais ce que nous glorifions avant tout, c'est le triomphe d'une idée de paix qui se fonde sur l'indépendance et sur le droit. Nous qui sommes des républicains, ce que nous retenons ̃ principalement des annexions effectuées après la guerre d'Italie, c'est le gage donne à la conscience morale des peuples par l'affirmation de leur souveraineté. °

C'est de son plein gré que le Piémont a reconnu à' Nice et à la Savoie le droit de disposer d'elles-mêmes; c'est de leur plein gré que Nice et la Savoie se sont proclamées françaises.

Sans doute, il est arrivé que des Italiens –-et parmi eux il en est dont la gloire est immortelle ont regretté le vote qui faisait passer leur pays d'origine sous la domination du second empire; mais quand le malheur voulut que la France, fût victime de l'-impéritia impériale, le plus héroïque d'entre eux vint noblement mettre son épée au service de la République, à laquelle l'instinct populaire avait eu recours comme à notre unique sauvegarde contre l'invasion de l'étranger.

La défense nationale consacra ce qu'avait fait dix ans plus tôt la volonté des citoyens. Toute la France. ancienne et nouvelle, se leva comme aux grands jours de la Révolution française. Elle fut vaincue dans celte lutte tragique, que l'aveuglement du pouvoir personnel avait rendue trop inégale. Mais de ses désastres sortit pour tous les Français une force nouvelle, faite des douleurs subies dans la même épreuve, des devoirs imposés par la même infortune et des sacrifices consentis avec une même abnégation.

La Savoie nous rappelait déjà, entre autres grands hommes, Je,in-Jaoq-ues Rousseau et Lamartine qui, sans être nés dans ses montagnes, lui doivent l'un et l'autre une si forte part dans la manifestation de leur génie. Depuis quarante ans elle -est attachée à nous par un lien nouveau celui du sang qu'elle a versé pour la défense de la patrie.

Quant à Nice, messieurs, souvenons-nous que c'est la ville Gambetta repose et où naquit Garibaldi. Et puissent ces deux noms, associés dans nos hommages, rester pour nous, au sortir de cette fête, comme le symbole et comme le gage de l'entente et de l'amitié entre les deux peuples, auxquels ces citoyens illustres ont consacré leurs vertus, leurs forces et leur vie 1 M. Antonin Dubost se lève ensuite. Le président du Sénat, après avoir rappelé comment, il y a cinquante ans, Nice et la Savoie vinrent librement à la France, dont elles ont partagé depuis les joies et les douleurs, ajoute

Cinquante ans Mais est-ce là seulement votre âge, et n'êtes-vous pas de plus vieux Français que cela? Pouvons-nous oublier notre propre histoire, et cette prodigieuse année 17P2, où parmi les intrigues de l'émigration, la retraite de nos armées, les troubles intérieurs, la trahison royale, le canon d'alarme, la fiÈvre des rues, les 'enrôlements volontaires, éclate soudain le coup de tonnerre de Valmy? La nation armée a vaincu les vieilles troupes de Brunswick, et des peuples entiers viennent s'Offrir à la jeune République et à la liberté (Applaudissements.)

Les premiers de tous, Chambéry, Nice, toute la Savoie, tout le Comté ouvrent leurs portes en chantant des hymnes révolutionnaires! Oui c'est bien là, parmi les convulsions de la patrie en danger et l'enthousiasme sublime de la victoire républicaine que vous naquîtes vraiment à la patrie française

Et de bien plus loin encore! N'est-ce pas, en effet, la terre elle-même qui dsns ses révolutions successives vous y appelait? En soulevant ses flancs dans leur immense éruption, les Alpes fixèrent sans retour et bien avant ses frontières politiques l'unité physique de la France et inscrivirent sur le globe son dessin correct et harmonieux. Le mont Blanc'surgit comme le noeud étincelant de ce magnifique éventail qui, des eaux claires du Léman au profond azur de Nice, étale, rayonne les puissants rameaux alpestres et les vertes allées de Hsère, du Var, de la Drôme, de la Durance 1

Ainsi, Français par la nature, Français par l'enthousiaste adoption révolutionnaire, Français par la régularisation des traités, vous avez retrouvé votre foyer et vous n'en serez plus arrachés I J'en atteste Nice, qui reçut en dépôt le grand cœur de Gambetta, et qui saura.it au besoin le défendre comme le palladium sacré de la patrie tout entière!

Réjouissons-nous donc ce soir, dans l'unanimité de ïros cœurs et de nos pensées, cTappaftënir a cette belle patrie dont la nature, l'histoire et le génie semblent avoir sculpté les contours, façonné les formes, embelli la face avec tant d'amour! Continuons surtout é. l'investir d'une beauté morale égale à sa beauté physique Nous reliant, par la République à la grande Révolution, aux Encyclopédistes, à la Renaissance, a Rome, à la Grèce, continuons la lutte pour l'affranchissement de la pensée, contre toutes les servitudes physiques et sociales, et sachons garder cette force de propagande, ce sens profond de l'humanité, qui font de la France « la plus haute personne morale qui soit au monde «

De nouveau, levons nos verres à la France, à la République 1

De longues ovations ont été faites aux orateurs par les deux mille convives.

Le monument Floquet à Saint-Jean-Piedde-Port

(Dépêche de notre correspondant particulierj J Saint-Jean-Pied-de-Port, 10 juillet.

La petite ville de Saint-Jean-Pied-de-Port a féftf aujourd'hui deux de ses enfants, Charles Floquet et Michel Renaud, un Basque catholique et républicain, qui représenta les Basses-Pyiénées au Sénat jusqu'en 1885. » C'est sur le pont d'Arnéguy jeté sur la Nive que les deux monuments ont été élevés. Ils se font face sur un spacieux rond-point. Celui de Charles Floquet. d'une exécution sobre et charmante, est l'œuvre du sculpteur Ducuing.

L'inauguration du monument Floquet a eu lieu à. dix heures. M. Barthou, garde des sceaux, prend le premier la parole.

M. Barthou félicite la ville de Saint-Jean-Piedde-Port de s'être souvenue qu'elle avait donné le

de ce travers qui prend sa source dans une ambition légitime.

Sous les ombrages de Maisons-Laffitte, dans ce parc, à proximité de ce château, évocateurs des grâces spirituelles et galantes d'autrefois, le comte de Clermont-Tonnerre nous a donné, ainsi que chaque année pareille époque, la comédie. Son poète attitré est M. Nozière. M. Nbzière travaille pour lui, comme Moiière pour Monsieur le Prince. Il lui compose des impromptus, des divertissements, des dialogues mêlés de chants et de danses. Ces légers ouvrages semblent (peut-être est-ce une illusion?) avoir coulé sans effort d'une plume agile et souple; ils ont le charme de l'improvisation mais ils ne sont ni vains ni superficiels. L'auteur y verse sa connaissance des hommes, son expérience du monde, sa lucidité, la fleur de son sceptisme. M. Nozière est un philosophe au sens où ce mot était jadis entendu. Pénétré de la fragilité des choses humaines, le sage ne croit pas plus à la durée des sentiments qu'à l'éternité des roses; il cueille les roses, jouit des sentiments, et quand il s'offre goûte le plaisir. Il éloigne de lui l'exaltation lyrique des tourments passionnels. Pourquoi souffrir?. A ces orages il préfère la fantaisie, le caprice, les formes les plus fugitives de i'at mour. Il condamne expressément la jalou« sie, legs des temps barbares, explosion d'una égoïste et sauvage fureur. Il s'endort sur le mol oreiller d'un dilettantisme voluptueux et délicat. Toutes ces idées, nous les connaissions:; l'adaptateurdeJocondeles a souvent exprimées; .il nous a été agréable de les retrouver dans sa nouvelle œuvre, assaisonnées d'une'infinité de traits piquants. L'ironie de M. Nozière est inexorable; rien ne la suspend, ne Tarrêle à la longue elle éveille une impression de sécheresse presque cruelle; on voudrait qu'elle laissât deviner parfois un secret élan de sensibilité, une émotion. Peut-être s'attend rira-t-elle, un jour. Elle est en tout cas fort savoureuse. Les plus jolies, les plus fines actrices de Paris, M (les Duluc, Dorziat, Coionna, Pascal, un hnbi,e comédien, M. Beaulieu, interprétaient ce badinage où La Fontaine et notre excellent confrère ont collaboré, sous les auspices d'un grand seigneur et au sein de la nature. Il m'a semblé que de loin, au fond d'une, allée, le bonhomme souriait. ~0~ BRIBSON:

Adolphe Brisson.

P.-S. Je signale pour finir une reprise dela Loi de pardon, de M. Maurice Landay, à la Gaîtc, et la publication d'un livre de M. Paul 1 Ginisty, la Féerie, suite de ses intéressants yj»lumes sur le théâtre.


four à' « l'un des fondateurs et "dès meilleurs ouitaiers de la République ». Par sa mère,' Mlle Efcicheverry, Charles Floquet était « un enfant du ̃terroir basque »; il "descendait d'une famille qui comptait dans ses rangs le maréehalHarispe. Sa famille était conservatrice et catholique. Il fut, dès sa jeunesse, libre penseur et républicain. Il est à croire que cette Séparation ne se fit pas sans déchirements, ni sans tristesses. Il faut une conviction bien forte pour r B'arracher aux traditions des siens et pour élever le devoir de la conscience au-dessus des suggestions et des habitudes de l'affection. Floquet, dont la vie devait toujours être désintéressée et exempte de calcul persônJiel, sut ménager dans cette crise, dure pour lui et pour d'autres, les susceptibilités de ceux qu'il aimait. Il était naturellement bon et il ne cessa jamais d'être tolérant. Un ne trouve, ni dans son œuvre écrite, ni dans ses discours, aucun mot susceptible de blesser une croyance ̃ sincère. La force d'une opinion se mesure au respect dont elle entoure les opinions d'autrui, et l'intolérance sst un aveu mal dissimulé de faiblesse.

Emancipé des dogmes dans lesquels il avait été élevé, floquet conserva une morale, une foi, un idéal. Il sy y attacha aveo une force de conviction et un zèle d'action dont la dignité ne fut pas toujours méconnue de ses adversaires eux-mêmes, et qui, à l'âge de vingt ans, le jetèrent derrière une barricade dans la lutte pour la liberté. A partir de ce moment, et toujours du même côté de la barricade de sa jeunesse, il ne cessa de combattre, par la parole et par la plume, se donnant tout entier à la réalisation de son rêve politique et social, ne séparait pas la République du suffrage universel, et ne concevant la République elle-même que comme !'instrument d'action d'une démocratie pleinement émancipée. ̃ ̃̃

Son rôle, se confond avec l'histoire du parti républicain, et il est impossible, sans écrire celle-ci, d'essayer de dégager et de préciser celui-là. La tâche, aujourd'hui, m'entraînerait trop loin pour que je l'entreprenne. D'ailleurs M. Clemenceau, qui-fut l'ami de Floquet, l'a remplie l'an dernier de telle façon, et avec une si souveraine éloquence, qu y aurait à y revenir une présomption dont je me garde bien de courir la téméraire aventure. Le garde des sceaux retrace la carrière politique 'de Floquet et son rôle comme président du conseil et comme président de la Chambre. Il termine ainsi

Les amertumes que l'injustice des partis n'avait épargnées ni à Gambetta, ni à Ferry, Floquet les connut à son tour. La tourmente lui enleva presque du même coup la présidence de la Chambre, et le mandat de député. J'ai vu, j'ai vécu ces heures tragiques dont le souvenir m'obsède encore. Certaines crises de vertu, quand elles s'abattent en rafale sur le Parlement, ressemblent mat k la pureté des intentions qu'elles affectent. Les rancunes y trouvent l'occasion de s'y satisfaire, comme les intrigues de s'y développer, sous le trop facile prétexte de l'intérêt public, et par une dérision amère, les pires iniquités tentent de se couvrir de l'idée de justice, qu'elles exploitent et avilissent au service des plus bas instincts. Les adversaires déshonorent ainsi, les uns contre les autres, une bataille qui devrait toujours conserver sa sincérité et sa noblesse, et les amis, pris dans le courant tragique, détournent trop souvent les yeux de celui auquel ils devraient plus que jamais le réconfort de leur loyale et publique poignée de main. Il semblait que toute une vie de probité, de haut et parfois hautain désintéressement, d'honneur public et privé eût dû épargner h Floquet une telle épreuve. Rien n'y fit, puisqu'elle était dans la loi de sa destinée. Il la supporta avec une dignité admirable, mais le souvenir de ses confidences mentirait en moi si je ne disais qu'il en éprouva une douloureuse surprise et une inguérissable tristesse. Certes, il ne prononça pas une parole d'amertume, et il se refusa à de faciles et trop légitimes représailles. « Je n'ai connu tout son «oeur, disait celle qui fut l'âme de sa vie, que le jour où bous avons connu toute la méchanceté humaine, » Mais précisément parce qu'il était un homme de cœur, on savait frapper pour l'atteindre, et la plaie était mortelle. Comme Jules Ferry, il mourut dans la mélancolie d'une atroce injustice. Mais comme lui, il. avait auparavant trouvé au Sénat une éclatante réparation; il y fut accueilli avec un respect dans lequel perçait l'aveu d'un remords, et une estime unanime, qui fut la première revanche de son honnêteté. Remis au travail, à la discussion, aux efforts pour démocratie, il pouvait se reprendre à vivre. A ses côtés, une femme admirable, dont l'intelligence et le cœur, la raison et la bonté vont toujours haut et de pair, lui faisait un foyer de douce et réconfortante tendresse.

Son pays d'origine fut sa dernière pensée. L'homme retourne souvent quand sonne l'heure suprême aux lieux où il naquit et où le bercèrent les premières caresses de sa mère. Et voici que sa statue s'élève, témoignage de la reconnaissance publique, sur la place même qui fut le témoin de ses premiers pas et de ses premiers jeux. Quand les enfants de nos écoles passeront à leur tour et joueront auprès d'elle, je veux simplement qu'on leur dise « Ce Basque dont vous voyez l'effigie, fut un brave homme et un homme brave. •Il fut sans peur et sans reproche. Il servit avec une passion désintéressée la France et la République, dont H contribua à faire les destinées indissolubles. Res̃ çeolcz-l<3 et aimcn-ÎG. u

M. René Renoult, sous-secrétaire d'Etat aux finances, qui fut le- chef du cabinet de Floquet, prend ensuite la parole.

Il évoque tout d'abord la figure de Charles Floquet,. « vivante expression de la glorieuse lignée des grands révolutionnaires de la Constituante et de la Convention; auxquels il avait voué un culte profond »..

Comme eux, éloquent, brave et désintéressé, comme eux ardemment patriote, il avait comme eux le cœur débordant de générosité humaine; il était des leurs par toutes les libres de son être, par toutes les aspirations de sa conscience droite et probe. Il avait avec eux comme une ressemblance physiqae et de profondes affinités morales. « Voici FIoquet, s'écriait Gambetta au café Procope, voici Floquet, beau comme Saint-Just et pur comme Robespierre. »

M. René Renoult rappelle ensuite le discours prononcé à la cérémonie du centenaire de la Révolution française, le 22 septembre 1892, par Floquet, en qualité de président de la Chambre.

« Il s'agit, disait Floquet, d'aborder résolument ces questions sociales qui, de tout temps, ont été la préoccupation ardente des républicains, et qui paraissent ̃ aujourd'hui l'objet de la curiosité universelle. Il faut les aborder avec sincérité et travailler pour que la misère ne grandisse pas autour de la richesse qui augmente. Il faut les aborder avec l'esprit d'équité et d'un cœur fraternel. Il faut les résoudre dans la paix, sans violence ni faiblesse, en faisant la part légitime et ̃exacte de la liberté, qui est la loi de la Révolution et de la solidarité qui est la garantie des faibles. »

M. René Renoult ajoute

Charles Floquet ne s'est point contenté de nous indiquer le but à atteindre, de définir l'idéal de justice sociale, digne de solliciter l'effort des générations qui s'élèvent à. la vie publique sous l'égide des lois républicaines. Il a dit aussi le moyen employer, l'instrument à utiliser.

C'est celui-là même par lequel ses amis et lui avaient pu fonder la République, la défendre victorieusement contre des périls sans cesse renaissants et aussi jalonner la route déjà parcourue de lois importantes de progrès et d'émancipation.. Cet instrument, c'est l'union des forces républicaines. Il la préconisait lorsqu'en 1888 il prenait courageuse- ment le pouvoir à l'heure où la République traversait la crise aiguë du boulangisme.

« Le gouvernement fait appel, disait-il, à l'union de tous les républicains mais ce n'est pas dans l'immo- bilité, encore moins dans un retour en arrière, que le < pays veut et que nous comprenons la conciliation des républicains; c'est dans la marche en avant, dans îe développement régulier de nos institutions. » 1

Il faisait encore appel à l'union des républicains, à la fin de sa vie, le 25 février 1894, dans le discours de Saint-Mandé, qui est comme son testament politique, I Après avoir rappelé les bienfaits de l'entente des repu- 1 blicains, après avoir dit les calamités qu'ont invaria- i blement déterminées les divisions et les luttes intestin mes, il montrait dans un tableau d'une rare éloquence f les néfastes effets que depuis l'an V la politique de a ralliement a de tout temps provoqués; haute leçon c d'histoire que des républicains seraient impardonnables ç d'oublier! 1 c C'est y demeurer fidèle que de rappeler au parti ré- 1 publicain par des exemples tels que celui de Charles t Floquet que la loyauté et la générosité honorent sans n doute ceux qui en usent dans les luttes politiques, mais <j qu'elles ne désarment jamais les rancunes haineuses ni c les calomnies de la réaction. t C'est lui demeurer fidèle aussi que d'entretenir dans notre parti l'esprit de cohésion, de discipline et de vigi- <3 lance de donner confiance et crédit à ceux qu en 1894, t sous le patronage et avec la chaleureuse approbation i* de Charles Floquet, d'Henri Brisson, de René Goblet, de s Léon Bourgeois, nous avons groupes dans la France s entière en fondant le Comité d'action républicaine; à e ceux-là qui n'ont cessé de défendre et de propager nos idées sans craindre d'encourir les persécutions de nos adversaires; à ceux-là mêmes enfin auxquels rendait éloquemment hommage dans la mémorable séance du 28 juin dernier le président du conseil, lorsqu'il les désignait ainsi « Ces militants admirables dans leurs efforts, dans leur vaillance, dans leur zèle, qui sont dans la bataille, toujours dans la bataille pour la défense de nos idées, et qui méritent toute notre estime. » C'est encore demeurer fidèle à la pensée de n Charles Floquet, continue M. René Renoult, que F de consolider et d'étendre les conquêtes laïques » ( et de « poursuivre la réalisation de la justice C( fiscale par l'établissement de l'impôt personnel et rf progressif ». Enfin, le moment est venu de réa- K liser les plus nobles aspirations de Charles Floquet: V Il avait en effet rêvé pour son parti la gloire d'ac- 5' eomplir dans la paix sociale, lorsque serait atténuée l'acuité des luttes violentes où pendant si longtemps si l'existence même de la République fut en jeu, l'ouvre r intégrale de solidarité. Ce bonheur qu'il n'a pas connu e' nous échoit enfin. di %*̃ u°? oe heures a lieu l'inauguration du buste de K Michel Renaud. MM. Barthou, garde des sceaux, et ai *orsans, sénateur des Basses-Pyrénées et maire de E Biarritz, prononcent des discours qui provoquent le des acclamations. Les Basques poussent leurs cris ui jrtridents, nmnzina. m A midi a lieu un banquet de 700 couvert* ce

'.Ç.¡,y. "Ji-~

La Ssmaine d'aviation de la Champagne (Dépêche de notre envoyé spécial)

•̃ Reims, 9 juillet.

Le. cent, kilomètres à l'heure dépassé; un vol de trois cent quarante kilomètres sans escale; une autre randonnée aérienne de cent kilomètres avec trois passagers à bord d'un monoplan c'est le bilan glorieux de la journée d'hier. Ainsi, vol à vol, l'atmosphère est conquise, et ce sera la gloire de ce meeting de Reims que d'avoir été la cause utile qui fait réaliser cet espoir attendu des cent kilomètres à l'heure.

Lorsque, hier après-midi, nous avons vu Morane, après un départ foudroyant, s'en aller comme une flèche lancée autour de l'aérodrome, nous avons eu l'impression qu'une grande chose s'était accomplie, et quand les chronométreurs officiels eurent fait connaître que les montres accusaient 2 minutes 56 secondes pour 5 kilomètres de parcours, soit plus de 105 kilomètres à l'heure, ce fut la joie et l'enthousiasme général. Mais il faut aller plus vite encore, parce que la vitesse seule permettra, avec des appareils plus solidement construits, d'affronter des vents nuisibles avec les appareils d'aujourd'hui. Il faut que nos ingénieurs, nos techniciens nous donnent l'appareil. Il sera probablement métallique et fera au moins ses trois kilomètres à la minute, soit 180 ou 200 kilomètres à l'heure. Alors qu'importeront les rafales de 15 ou de 20 moires à la seconde? L'aéroplane, lancé comme un bolide, ne sera plus influencé, ne perdra plus son équilibre, il passera; on n'aura plus que le risque de la mauvaise construction ou de la rencontre, comme en automobile, en chemin de fer ou en bateau. Ce sera Paris-Bordeaux en trois heures par la voie des airs, ou Paris-Marseille en quatre heures. La prochaine génération verra s'accomplir ce qui apparaît déjà comme une chose très possible dans un avenir peu éloigné. L'appareil dont s'est servi Morane hier pour accomplir son. rapide parcours est un nouveau monoplan qui a seulement 12 mètres carrés de'surface portante, et qui est actionné par un moteur rotatif Gnome de 100 chevaux à 14 cylindres. C'était' son premier essai, sa première, sortie. Un autre bel exploit,. c'est aussi celui que réalisa, dans l'après-midi, toujours sur un monoplan, un pilote hardi, M. Mamet, ayant pris à son bord deux passagers. M. Mamet prit le départ pour le prix des Passagers, destiné à récompenser le pilote aviateur qui d'abord aurait à son bord le plus grand nombre de passagers, et qui ensuite couvrirait la plus grande distance. Celle accomplie par M. Mamet, qui constitue un record du monde, encore un pour le meeting de Reims, se chiffre par le total respectable de 92 kilomètres 750 mètres. Nous n'avons pas besoin de souligner, toute l'importance d'un pareil voyage aérien au point de vue militaire. L'appareil qu'utilise M. Mamet est aussi remarquable pour l'armée, parce que de faible encombrement (à peine 10 mètres de large et 6 mètres de long), 'parce que les ailes du monoplan peuvent se démonter, et le tout avec le fuselage trouvant facilement place sur'une voiture automobile.

Signalons aussi qu'un autre vol remarquable, mais avec un passager seulement, a été accompli par M. Aubrun, qui a volé pendant 137 kilomètres. Enfin ce fut la grande performance du jour, le record du monde ou le plus grand vol sans escale battu par Labouchère une nouvelle fois. On sait qu'Olieslagers, le tenant, actuel, avait accompli jeudi dernier un vol de 255 kilomètres. Labouchère rêvait de ravir ce trophée à son concurrent. Il partit une première fois vers onze heures du matin; mais il dut s'arrêter par suite d'une fuite à un tuyau d'essence. Il revint alors à terre pour le réparer, et à midi 43 il s'élançait à nouveau dans l'atmosphère, et régulièrement se mettait à tourner, s'établissant à une altitude d'environ 40 mètres pour n'en plus bouger. Une heure, deux heures passèrent, puis les trois heures sonnèrent, et Labouchère s'était adjugé le record pour cette durée avec 217 kilomètres 750 mètres. Il continuait toujours, battant bientôt le record de son camarade belge et ne s'arrêtait plus qu'après 4 heures 39 minutes de vol. Il avait couvert 340 kilomètres. On l'applaudit, on l'acclama quand il atterrit. Mais il se refusa aux félicitations, fit garder son appareil, reprit en hâté de l'essence et repartit pour un second vol de 85 kilomètres.

Nous avons pu voir dans la soirée le nouveau recordman. C'est un grand garçon assez fort, de vingt-cinq ans environ. Il est le cousin d'Hubert Latham; depuis plus d'un an, il est attaché à l'école de pilotage du camp de Châlons. Il nous a ainsi raconté ses impressions

« J'avais le grand désir de m'approprier le record de la plus grande distance, de réussir le plus long vol possible, et lorsque je suis parti, à midi quarante-trois, j'emportais avec moi un énorme réservoir capable de fournir cinq heures de vol. J'ai emporté aussi de quoi déjeuner en l'air, pas grand'chose, c'est certain, mais j'ai eu faim par deux fois et j'ai été très heureux d'avoir du pain, du chocolat, des friandises et des fruits. Cela m'a permis de ne pas trop m'ennuyer là-fiauC.

» La première heure a passé très vite. Après, j'ai mangé une première fois, et c'était très agréable, je vous l'assure. Ensuite, je me suis intéressé aux signaux que l'on hisse sur les mâts pour tenir le public au courant. J'avais bien remarqué celui qui était particulier à mon appareil, une boule rouge, un diabolo rouge aussi; mais je ne voyais rien de hissé à côté. Enfin un autre signal fut monté c'étaient les 100 kilomètres. Je m'en doutai en regardant ma montre. Puis les 150 et les 200 kilomètres passèrent. Je m'en rendis compte encore par les' signaux, car il m'est impossible de compter le nombre de tours que j'accomplis. Alors seulement je pensai que je pourrais peut-être battre le record, et je tournais toujours. Il me semblait que mon impatience faisait avancer mon appareil plus vite. Et tout à coup, je vis à côté du diabolo rouge ah! je vous assure que je me la rappellerai! cette boule blanche. C'était moi le recordman du monde. J'étais content, j'étais heureux, et je me mis à manger encore un peu de mon pain et de mon chocolat, comme pour me récompenser.

» Vous savez le reste. J'ai continué autant que j'ai pu. Quand j'ai vu qu'il y avait plus de quatre heures et demie que je volais, je suis descendu volontairement, pour éviter d'être pris par une panne d'essence, qui aurait pu me forcer à atterrir en plein champ. C'est toute mon histoire. »

Trente autres aviateurs, ils sont trop pour tous les nommer, disputèrent aussi leurs chances hier. Quelques-uns volèrent des distances considérables. On en trouvera la liste sur le résumé des prix gagnés dans la journée, que nous publions ci-âpre1?, et en tête duquel figure le résultat du Grand Prix des Constructeurs, doté d'une allocation unique de 50,000 francs destinée à la maison dont trois appareils auraient totalisé à ce jour le plus grand nombre de kilomètres. Voici ces résultats Grand Prix de Champagne (prix des Constructeurs). 1" prix (50,000 francs) Société Antoinette, 2,591 kilomètres non classés, Louis Blériot, 2,263 kilom.; 'Henri Farman, 1,707 kilom. G55.

Prix des Passagers. 1er prix (5,000 francs) Mamet, 92 kilom. 750 (trois personnes à bord, dont l'aviateur) non classé, Aubrun, 80 kilom. (doux personnes à bord, dont l'aviateur).

Prix quotidien de Distance (résultats). 1° Labouchère, 340 kilom (record); 2° Tétard, 185 kilom.; Cattaneo, 145 kilom.

Prix quotidien de la Totalisation des distances. •1° Labouohère, 425 kilom.; 2° Weymann, 405 kilom.; 3° Olieslagers, 360 kilom.

Prix quotidien de la Hauteur (résultats). 1" Morane, 741 mètres; 2° de Baeder, 229 mètres; 3° Nieuport, 228 mètres.

La journée se terminait après l'hécatombe de records que nous avons dite, lorsque, très haut dans le ciel, au nord-est de Reims, un double trait minuscule noir apparut. C'était le lieutenant Camerman, qui, sur un biplan, arrivait du camp de Châlons par la voie aérienne pour prendre part aujourd'hui au prix de Vitesse réservé aux officiers désignés par le ministre de la guerre pour concourir au meeting de Champagne. Très rapidement, l'aéroplane grossissait à nos yeux. Al?. lorgnette, on distinguait nettement un officier en tenue assis au siège du pilote. Le lieutenant Camerman se dirigea droit sur l'aérodrome audessus duquel il vint planer, puis il redescendit, car il était environ à 400 mètres d'altitude, fit un tour de la piste et atterrit tranquillement près des hangars. Le voyage de Châlons à Bétheny venait d'être effectué en 24 minutes. Comme nous félicitions le lieutenant Camerman de l'heureuse issue de son voyage, et que nous lui demandions s'il s'était accompli normalement, il nous répondit simplement ceci « J'étais en service commandé », et modestement il s'éloigna. Paul Rousseau.

L'agitation syndicaliste

LES AGENTS DES P. T. T. TIENNENT UN 'MEETING MOUVEMENTÉ

Le déieuner récemment offert par M. Millerand, ministre des travaux publics, aux délégués élus du personnel des postes semble avoir provoqué parmi les agents adhérents à l'Association générale une certaine agitation.

Il a sufti, en effet, que l'on fasse, au cours de la réunion organisée hier soir par le conseil d'administration de l'A. G. pour, rendre compte des tiavaux du récent congrès de Marseille, une allusion à ce déjeuner, pour déchaîner un tumulte indescriptible. Le président de séance, M.Cabardos, avait résumé ses impressions sur le congrès de Marseille par cette formule pompeuse « L'oeuvre de ce congrès est sans précédent. Il a constitué la fédération de P. T. T. qui est un pas décisif vers la confédération générale des fonctionnaires. Le prolétariat adminisuatif est en marche et rien ne l'arrêtera. » Et il allait donner la parole aux orateurs inscrits, lorsqu'on lui fit passer un petit billet qui contenait une vingtaine de signatures au-dessous d'une « demande d'explication oui était libellée è, peu près en ces termes lib llee peu nres en

Certains membres de FA. C se sont émus du compte rendu publié par les journaux d'un déjeuner .offert par M. Millerand aux délégués du personnel.. Est-ce que les délégués mandatés par l'A. G. ont répondu à l'invitation?

Il importe que-nous soyons fixés sur une démarche qui, dans la circonstance présente, constituerait une faute grave. Et aussitôt le tumulte est déchaîné. Plusieurs administrateurs essayent de dominer le bruit. Mais il n'y a que là voix de M. Subra qui puisse se faire entendre

Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, dit-il. Quand nous discuterons la question des délégués, nous examinerons quelle sanction mérite l'attitude de nos mandataires. Il y aura alors très probablement des sanctions à prendre. (Applaudissements.) Pour ma part je suis certain qu'il y aura lieu à. blâmé. Cette promesse de blâme, dans un avenir prochain, calme un peu l'orage. i p

M. Provost, secrétaire général de l'A. G., fait un long exposé des travaux du congrès de Marseille. Il s'étend, en particulier, sur une motion que le congrès a décidé d'envoyer à tous les présidents de groupes de la Chambre pour les prier d'intervenir immédiatement pour qu'il soit sursis à la mise en application du décret du 25 avril 1910 qui n'aurait eu d'autre but, d'après les signataires, que d'augmenter de 3,000 francs les appointements des directeurs sans le contrôle du Parlement.

M. Borie a ensuite la parole pour exposer les décisions du congrès sur la question des délégués du personnel. L'orateur dit que l'institution desdélégués n'est qu'un piège tendu par M. Millerand au personnel aes postes M. Briand arépc*,du hier à M. Georges Berry et aux députés de Paris qui vennient lui demander d'autoriser les gardiens de la paix à s'associer « Je leur accorderai des délégués permanents. Mais d'association, jamnis. C'estdonc que l'on sait qu'avec les délé-gués on peut s'arranger, tandis qu'avec les associations qui contrôlent leurs représentants, il n'y a pas moyen.

A ce moment le délégué des travailleurs des chemins de fer, M. Emile Escabasse, prend la parole Nous la connaissons bien cette question des délégués qui vous préoc*upe Si tort. A notre tour nous allons démontrer à M. Millerand que nous en avons assez d'être bluffés. Nous sommes décidés à rompre d'une façon radicale avec ces politiciens qui nous tendent une main tandis que de l'autre ils essayent de nous étrangler.'

Faisant allusion aux menaces de grève des cheminots, il dit:

Nous sommes sûrs de la victoire. Avec les moyens scientifiques dont nous disposons.

Comme les assistants rient et applaudissent à ces mots « moyens scientifiques », l'orateur insiste ̃

Oui, nos moyens scientifiques. On verra que les gueules noires » n'ont pas des intelligences si rudimentaires, si mal dégrossies.

1 Nous sommes en train, ajouta-t-il, de commencer des pourparlers avec les organisations d'inscrits maritimes et avec les mineurs pour un plan de bataille d'ensemble. Nous voudrions aussi avoir votre concours. Par une action commune de ces quatre corporations qui détiennent toute la vie économique du pays, nojjs verrons si nous ne pourrons venir à bout de nos exploiteurs.

Comme il termine en criant « Vivent nos organisations et à bas tous les pouvoirs publics on entend au milieu des applaudissements une rumeur de colère qui monte.

C'est que l'assistance vient de voir apparaître M. Pauron, le secrétaire général du syndicat national des ouvriers des P. T. T., qui est l'objet d'une certaine hostilité depuis qu'il a signé, pendant :a période électorale, une affiche favorable à la candidature de M. Millerand.

Conspuez Pauron! crie-t-on. A la porte le vendu A bas le traître l

M. Montbrand, qui a pourtant une grande influence sur ses camarades, les adjure inutilement de ne pas créer un malentendu avec les-ouvriers des lignes, qui sont les seuls juges de la conduite de leur secrétaire général. « Les fautes individuelles n'engagent que les individus », dit-il.

Un orateur propose à l'assistance de quitter la salle si M. Pauron ne se retire pas.

Et comme l'exode paraît en eflet devoir se produire, tous les administrateurs font appel en termes pathétiques « à la raison de leurs camarades. On reste pour acclamer un délégué du groupe de l'Orne qui s écrie

Alors que je croyais venir acclamer avec vous l'union de toutes les catégories postales, je constate qu'on admet sur cette tribune un homme qui a trahi.

Fort à propos arrive dans la salle M. Jacquesson, le secrétaire adjoint du syndicat des ouvriers des P. T. T. Il explique que M. Pauron n'a été maintenu à son poste qu'après avoir fait des excuses devant une assemblée générale;. il adjure l'assistance de ne pas se préoccuper de l'homme et de ne voir que le représentant de l'organisation.

Après divers incidents la président donne la parole au «représentant des ouvriers des lignes ». M. Pauron peut donc paraître à la tribune. Il veut essayer de s'expliquer sur son affiche. Mais on lui coupe la parole. ·

Et la réunion prend fin par un ordre du jour par lequel « les agents 'des P. T. T. approuvent hautement le congrès d'avoir dénoncé le danger évident des délégués ministériels et d'avoir repoussé à l'unanimité cette institution ».

LA GRÈVE DES GAZIERS A TOULON

Les employés de la -Compagnie d'éclairage gaz et électricité à Toulon se sont mis en grève hier soir. Au cours d'une entrevue que le prélet maritime a eue avec le sous-préfet, il a été décidé que l'on s'efforcera d'assurer le service avec des chauffeurs et des mécaniciens de la flotte.

FAITS DIVERS 1

LA TEMPÉRATURE

Bureau central météorologique

Dimanche 10 juillet. La pression barométrique a baissé légèrement sur l'ouest de l'Europe et ce matin deux minima peu importants se tiennent sur là Gascogne et le golfe du Lion.

La dépression de la Russie se comble lentement, tandis que les fortes pressions du nord-ouest s'étendent vers la Scanuinavie (Christiansund 766 mm.). Le vent est faible ou modéré d'entre nord et est sur nos côtes de la Manche et de l'Océan, des régions est en Provence.

La mer est belle généralement.

Des pluies sont tombées en Allemagne et sur le nord du continent.

En France, on ne signale que quelques averses dans le Sud-Ouest.

La température reste un peu basse dans l'ouest de l'Europe en France elle est inférieure de 2° à 3° à la normale.

On notait ce matin 8" à Uleaborg, 12° au Havre, 13° à Paris, 14° à. Lyon, 15° à Toulouse, 18° à Marseille, 19° à Saint-Pétersbourg, 27° à Alger, et dans les stations élevées 11° au puy de Dôme, 8° à l'Aigoual, 5° au Venteux.

En France, un temps généralement frais est probable avec quelques ondées dans le Sud-Ouest. A Paris, hier, la température moyenne (14°8) a été inférieure de 3°3 à la normale (18°1).

A la tour Eiffel, température maximum 14°4, minimum 9°8.

Observatoire munieinal (région parisienne) Le ciel, nuageux l'après-midi d'hier, est ce matin couvert par vent faible de nord-est à nord. La température fraîchit encore aujourd'hui, l'écart sur la veille est de 2°5 à 9 heures.

La pression barométrique, en baisse lente, accuse à midi 761 mm. 4.

La crue de la Seine. La Seine est aujourd'hui étale.

Au service hydrométrique on nous a donné les renseignements suivants:

La Seine a monté hier de vingt-cinq centimètres, puis elle a baissé pour remonter encore; ce matin, la cote est 3 m. jiO comme hier matin. Ainsi la cote de 4 mètres que nous craignions ne sera atteinte ni de- main ni après-demain.

Cependant, il y aura une montée d'ici à la fin de la semaine. Que sera-t-elle ? Nous ne pouvons le prévoir avec exactitude. En ellet.les nouvelles que nous recevons de Hr'ay et de Damery annoncent une montée de la haute Seine et de la Marne pour mercredi ou jeudi. Par contre, l'Yonne est en baisse. Nous espérons que cette baisse persistera et compensera le Ilot qui va arriver par suite de la crue de la haute Seine et de la Marne. Pour conjurer tout danger, il suffirait qu'il n'y eût m orages ni pluies jusqu'à la semaine prochaine. Les météorologistes sont optimistes à cet égard. Bien que la navigation ne soit arrêtée que lorsque la cote est 3 m. 70, la Compagnie des bateaux parisiens a dû suspendre hier le service sur la rive gauche entre l'Hôtel de Ville et Auteuil. Sur la rive droite plusieurs escales ont été supprimées, notamment celles du pont de Tolbiac, des Invalides et de l'Aima.

En banlieue, la situation n'a guère varié à Vitry, l'eau a envahi les terrains qui se trouvent le long de l'avenue du Chemin-de-Fer,

A. propos de l'arrestation de Rochette. a On a beaucoup parlé dans le temps de bénéfices réa- ]'•lisés par quelques spéculateurs qui, quelques heures $~\ ¡ ou même qùelques jours avant l'arrestation de Rochette,- surent jouer opportunément à la baisse sur les valeurs émises par le financier. On ne doute pas au parquet que des indiscrétions ont été commises au profit de quelques initiés et une instruction vient d'être ouverte pour découvrir les auteurs et les bê- néficiaires de ces indiscrétions.

M. Briànd, président du conseil, reçu" hier M. Lépine, préfet de police, et M. Manier, procureur de la République à Paris. "̃•' Ils se sont entretenus de l'affaire Pochette, qui doit être discutée demain à la fois à la Chambre et î au Conseil municipal.

Interviewé par Paris-Journal sur les attaques dont il est l'objet de la part de certains journaux, ] M. Prevet, ancien sénateur, a répondu j J'ignore et je veux ignorer ces attaques. J'ai dé- posé devant le tribunal et compte m'en tenir là. Je < n'entamerai donc pas de polémique. ] Si jamais le gouvernement était intervenu dans cette < circonstance, il n'aurait lait qu'avancer l'ouverture 1 d'une instruction qui traînait depuis plus d'un an et que beaucoup de membres du Parlement trouvaient bien j lente, avec raison. Quant à moi, je n'ai jamais vu M. Clemenceau au sujet de cette affaire. La plainte du candidat évincé. La plainte l en fraude électorale deposée.contrele gouverneur de r la Guadeloupe par MM, Delmont et Cicéron au nom t de M. René BoisneUf, candidat aux dernières élections législatives, n'a pas été reçue par le juge t doyen, M. Bouissou. Certaines formalités n'ayant 1 pas été remplies, la plainte devra être renvoyée au t procureur de la République la Guadeloupe, c Le Bras économique de l'Eglise. M. 1 Drioux, le juge chargé de l'instruction, a reçu hier s quelques documents intéressant Dupray de la c Mahene. Ils ne concernent d'ailleurs que des faits c remontant aune époque:assez éloignée et ne sont utiles à l'instruction que comme éléments d'appré- c ciation de la moralité de l'inculpé. r En 1899 Duprày de la Mahérie fut poursuivi pour c escroquerie par un M. Rebatte!, qui lui avait prête s une somme de 18,000 francs pour un but déterminé. = Pour obtenir ces 18,000 francs, Dupray lui avait donné une délégation de deux millions sur une somme de quinze millions qu'il affirmait avoir en dépôt chez les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul. Informé que ce dépôt n'existait pas et se voyant dupé, M.Rebattel poursuivit son débiteur et une instruction fut ouverte. Au cours de l'information, Dupray de la Maherie, grâce à l'intervention de a Mgr Sisson, restitua les 18,000 francs et l'instruc- e tion se termina par un non-lieu. r Un commerçant chilien, M. Wilshaw, a été vie- C time des manoeuvres de Dupray et a perdu cent r mille francs dans l'aventure. L'inculpé lui avait i montré le testament que le comte de Crouy-Cha- d nel, le prétendant au trône de Hongrie, avait fait en L sa faveur il avait ainsi capté la confiance au Chilien. Ce testament servit d'ailleurs au chevalier E d'industrie pour faire beaucoup de dupes. Il conte- t nait une clause fort amusante il exigeait que le s légataire Dupray de la Mahérie, pour faire preuve t de ses sentiments d'humilité chrétienne, servit p comme domestique chez des personnes désignées. fi Le prévenu a-t-il accompli ces cinq années de ser- d vitudi: volontaire ? On ne sait, mais il est certain u qu'il se fit délivrer par la préfecture de police un livret spécial à la domesticité. ji

Le legs Barbel-Batifol. La commission chargée de désigner la bénéticiaire de la fondation Barbet-Batifol, en 1910, s'est réunie sous la présidence de M. ArmandBernard, secrétaire général de la préfecture de la Seine.

Cette fondation consiste en une somme de quinze mille francs qui doit être remise chaque année à une [ jeune ouvrière célibataire, en vue de son établissei ment. La commission a désigné Mlle Ferrand, modiste. Le préfet de la Seine a aussitôt ratifié ce choix.

̃ Accident à la gare Montparnasse. Hier, après-midi, à 4 h. 20, le train de voyageurs venant de Clamart arrivait à la gare Montparnasse lorsque par suite, croit-on, du mauvais fonctionnement des freins, la locomotive vint heurter violemment le butoir. Les vitres des portières volèrent en éclats, s blessant onze voyageurs. Ceux-ci furent soignés à une pharmacie voisine, mais tous ont pu regagner leurs domiciles.

M. Briand, président du conseil, a fait prendre, ce matin de leurs nouvelles.

Le mécanicien du train a déclaré que de Paris à Clamart ses freins avaient fonctionné normalement, mais qu'au retour, à l'arrivée en garo Montparnasse, ils n'avaient point suffisamment serré.

Meurtre et suicide. Ce matin,vers une heure, un garde républicain du 3e escadron, caserné à la Cité, Lucien Allègre, se présentait 28, rue de la Huchette, dans un hôtel garni, en compagnie d'une jeune femme de 22 ans, Mlle Louise Boudar, et demandait une chambre pour y passer la nuit. Quelques instants après, le garçon d'hôtel accourait au bruit d'une double détonation et trouvait deux cadavres.

Le garde républicain avait tué son amie d'un coup de revolver et s'était ensuite logé une balle dans la tête.

M. Guernet, commissaire de police du quartier de la Sorbonno, a ouvert une enquête sur ce drame intime, dont les causes sont encore inconnues. Attentat. A Lacourt, dans l'Ariège, des inconnus ont placé une cartouche de dynamite près de l'usine à plâtre de M. Sibra et ont tenté de faire sauter le bâtiment. Les dégâts sont importants; mais il n'y a pas eu de blessé.

Le crime de Leers. Après six mois de détention les inculpés du crime de Léers viennent de bénéficier d'un non-lieu. Quatre d'entre eux ont été remis en liberté, les deux autres demeureront à la maison centrale de Loos pour y purger des con- damnations pour vols.

La principale inculpée, Célina Renoir, plus connue sous le nom de la Femme aux pieds gelés, a appris à sa sortie de prison qu'elle était divorcée depuis le matin et que le divorce avait été prononcé au profit de son époux.

INFORMATIONS DIVERSES

Le banquet annuel de la Jeunesse républicaine du 2' arrondissement de Paris a eu lieu aujourd'hui, sous la présidence de M. Trouillot, ministre des colonies. M. Constant Verlot, député des Vosges, président de. l'association et président de l'Union des Jeunesses républicaines de France, a parlé surtout de l'œuvre de l'enseignement populaire. Il a démontré que tout était à faire en ce qui concerne l'éducation de l'adolescence et le développement de notre enseignement technique et professionnel.

M. Trouillot a insisté sur la nécessité de défendre l'école laïque.

Lte ministre des colonies a remis ensuite les distinctions suivantes

Officiers de l'instruction publique: MM. Alexandre "Strauss, Tune.

Officiers d'académie MM. Grosges et Reydellet. Chevaliers du Mérite agricole MM. Henri Mayer, Etienne Mascré et Camille Charles.

Le préfet de la Seine a inauguré aujourd'hui à Clichy un nouveau jardin public et une école. A cette occasion, il a remis les palmes académiques à MM. Porcher, conseiller municipal; Granger, administrateur de la caisse des écoles; Bachelet, délégué cantonal Eustorge, trésorier du cercle choral Schlachter, président de la Société de secours mutuels Mlle Gayte, directrice d'école; la croix de chevalier du Mérite agricole à MM. Guillaume, Braux, Bordier.

M. Seré de Rivières, le conseiller bien connu à la cour d'appel de Paris, vient d'offrir au comité du génie, pour la salle de ses délibérations, le portrait peint par M. Teissier, fils du général du génie, de son père, le général Seré de Bivières, qui couvrit d'une ceinture fortifiée notre frontière de l'Est, et dont on n'a pas oublié le rôle dans le procès Bazaine.

Le congrès international de sautevage et de secours publics se tiendra à Bruxelles du 22 au 25 juillet. La section française de ce congrès est placée sous le haut patronage du ministre de la marine, de M. Paul Beau, ministre de France à Bruxelles de M. Chapsal, commissaire général du gouvernement français à l'Exposition; de MM. de Selves, Dupont, Gomot, Noël, R. Poincaré, Deschanel; des docteurs Beurnier, Cunéo, Delaunay, etc.

Le comité d'organisation de la section française a pour président le docteur Paul Cornet, médecin en chef de la préfecture de la Seine; pour délégué général, le docteur Grunberg, médecin de la Compagnie du Métropolitain pour secrétaire général, le docteur André May; pour trésorier, M. Garros.

Ce congrès comprend quatre sections

1° Sauvetage et secours sur la voie publique, théâtres, voies ferrées, grands magasins;

Sauvetage fluvial, sauvetage maritime, sauvetage et secours en temps de guerre

3» Secours dans les usines, les accidents du travail agricole et secours dans les mines

40 Secours dans les montagnes, dans la navigation aérienne.

Pendant le congrès, un concours de sauvetage et de secours publics aura lieu à Ixelles.

Adresser les adhé-ions et toutes communications ou demandes de renseignements, 5, boulevard de Clichy, au siège du comité d'organisation.

En raison des services extraordinaires qui auront lieu le mardilà juillet àl'occfision du voyageduroi et de la reine des Belges, des modifications seront apportées a cette date au service des trains des lignes de ParisSaint-Lazare à Auteuil-Boulogne et à Paris Invalides (par l'avenue Henri-Martin) et de la Petite-Ceinture. En outre la gare de l'avenue du Bois-de-Bou:ogne sera fermée à tout service de 11 heures du matin à 4 h. 30 ] du soir.

A l'occasion de la revue des troupes qui aura lieu 1 au bois de Boulogne le jeudi li juillet, des trains supplémentaires seront mis en circulation, de Paris-Saint- 1 Lazare de 6 h. 43 à 8 h. 25 matin et de Paris-Invalides 1 de 7 h. 10 à 8 h. 12 matin. 1 Au retour, trains supplémentaires pour Paris-Saint- ] -L,a?are et Paris-Invalides de 10 h. 1/2 à midi

«ï>

r- conseil municipal

,7

!n i. ̃̃̃̃:

SÉANCE DU 9 JUILLET

La Séance est ouverte à trois heures. M. Maurice Quentin préside. ̃

LA CIRCULATION dans Paris.– M. Emile Massard présente son rapport sur les mesures à prendre en vue de modifier la réglementation de la circulation dans Paris. Il importe, en effet, que le Conseil municipal se prononce afin de permettre au préfet de poiiee de prendre une nouvelle ordonnance. Personne, d'ailleurs, dans l'assemblée, ne s'oppose aux conclusions de M. Emile Massard. De son côté, le préfet de police se déclare très heureux d'être lui aussi d'accord avec le rapporteur.

M. Lépine ajoute, pour répondre à certaines préoccupations, que son ordonnance n'est pas dirigée contre les cochers et les chauffeurs, mais contre les embarras de la circulation. Il donne l'assurance qu'elle sera appliquée avec le plus grand esprit de justice, d'autant plus que dans les premiers temps, certaines infractions ne pourront être que le résultat d'une ignorance très excusable.

Au surplus, pour faire droit à la demande do M.' Elienne'Oudin, iepréfetconsentà fixer entre ladate de la promugation de son ordonnance et celle de son application un intervalle de quinze jours, ce qui permettra aux intéressés de se mettre au courant des modifications: apportées à l'ancienne réglementation.

Le Conseil adopte ensuite les projets de délibération présentés par Mi Massard, invitant, d'une part, la préfecture de police. à assurer l'application de toutes les mesures susceptibles d'améliorer la circulation et à imposer aux candidats élèves cochers. des connaissances aussi complètes que possible de leur métier; d'autre part, la préfecture de la Seine à accélérer l'exécution des travaux sur la voie publique, à tenir compte des méthodes nouvelles de circulation dans l'exécution de ses plans'ct projets. Le débat terminé, le oréfet de police est allé présider la commission de circulation, qui dans cette dernière séance a procédé à la mise au point de l'ordonnance en tenant compte des observations présentées à la séance du Conseil municipal. NECROLOGIE

Le docteur Bamberger

Le docteur Edouard Bamberger, dont le Temps a annoncé la mort à l'âge de quatre-vingt-quatre ans et dont les obsèques ont eu lieu ce matin, à Paris, n'étaitplus guère connu des jeunes générations. Cependant cet homme de science, que les événements de la guoire de 1870 ont jeté dans la vie publique, mérite plus qu'une sèche nécrologie, car à deux reprises son intervention dans les débats parlementaires a amené des décisions historiques. Né à Strasbourg en 1825 dans une famille israélite, Edouard Bamberger, qui après avoir été reçu docteur en médecine s'était d'abord destiné au professorat, partit en 1858 pour Metz, où il se maria. Attaché aux idées libérales, il fut des premiers à répondre à l'appel de Jean Macé et à coopérer à la fondation, au mois de juin 1867, de ce cercle messin de la Ligue de l'enseignement bientôt cité comme un modèle, et qui eut pour président le professeur Vacca et pour secrétaire le lieutenant du génie Farion, hier encore député du Pas-de-Calais. Aux cours du soir ouverts par le cercle, le docteur Bamberger enseigna la botanique, Edmond Goudchaux la comptabilité, et un lieutenant du génie voué à une destinée tragique, Louis Rossel, la grammaire. Au mois de mai 1870, le docteur Bamberger prit la parole dans une grande réunion pour combattre le plébiscite et contribua ainsi au mouvement d'opinion à la suite duquel la ville de Metz vota non en majorité. Lorsque la guerre, qu'il avait prévue, eut éclaté et eut pour théâtre la campagne même de Metz, le docteur Bamberger consacra la meilleure partie dé son temps aux blessés et aux malades entassés par milliers dans les ambulances de l'île Chambière. Envoyé à l'Assemblée nationale par le département de la Moselle, le docteur Bamberger lit entendre le 1er mars 1871, à Bordeaux, une véhémente protestation contre ces préliminaires de paix dont l'adoption devait avoir pour conséquence d'arracher à la patrie française l'Alsace, son pays natal, et la Lorraine, son pays d'adoption. C'est alors qu'une parole de lui visant l'ex-empereur donna lieu à l'incident fameux à la suite duquel, à l'unanimité moins six voix, l'Assemblée nationale confirma la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie, déjà prononcée par lo suffrage universel, et le déclara responsable de la ruine, de l'invasion et du démembrement de la France.

Le docteur Bamberger, qui avait quitté l'Assemblée avec les autres représentants du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle à la suite du vote des préliminaires de paix, reprit son siège lorsqu'après le 18 mars M. Thiers appela à Versailles tous les élus du 8 février sans distinction. Il était d'autant plus autorisé à le faire qu'un lambeau du département de la Moselle, avec Briey. avait été conservé à la France. Il vota avec la gauche républicaine. Au mois de septembre il adressa à M. Thiers une touchante lettre, qui a été publiée récemment, et par laquelle il demandait la grâce de l'infortuné Rossel. Au commencement de l'année suivante, il déposa une proposition ordonnant la publication des décisions des commissions d'enquête sur les capitulations et dont l'adoption eut pour conséquence la mise en jugement et la. condamnation de Bazaine. Elu député de la Seine pour la circonscription de Neuillv-Clichy en 1876, le docteur Bamberger, qui avait été un des 363, fut réélu à une très grande majorité le 14 octobre 1877. Mais en 1881, les électeurs lui préférèrent un candidat de nuance plus accentuée, et il rentra dans la vie privée. Il accepta un peu plus tard les fonctions de bibliothécaire adjoint au Muséum et les remplit avec le plus grand zèle jusqu'à son dernier jour.

Le docteur Bamberger avait une grande culture littéraire. Sa conversation était marquée au coin du meilleur esprit français. Au temps de l'Assemblée nationale, il avait fréquenté le salon de M. Thiers, et il racontait de piquantes anecdotes sur quelquesuns des hommes politiquesde cette époque. M. Thiers lui-môme s'entretenait volontiers avec lui, orale!ment et par écrit, des graves questions de la politique. Avec le docteur Bamberger disparaît un nes derniers survivants de cette gauche de l'Assemblée nationale, qui à travers les plus grands obstacles a réussi à faire de la République le gouvernement légal de la France. Lucien Delabrousse. On annonce la mort, à J'àge de soixante-quatre ans, de M. Hornez, directeur des haras au ministère de l'agriculture, officier de la Légion d'honneur. Il occupait ces fonctions depuis 1902.

]

TRIBU.NAU

Un écho do la grève des serruriers. L'ouvrier serrurier Michel Berthet était poursuivi, hier, devant la 9e chambre correctionnelle pour entrave à la liberté du travail avec violences. Pendant la grève, il avait frappé à coups de poing un de ses camarades, Jambu, qui persistait, malgré ses exhortations, à vouloir se rendre à son travail. Pour sa défense, Berthet a déclaré qu'il n'avait fait que .suivre, dans la circonstance, les instructions de son syndicat

Quand une grève a éclaté, a-t-il dit, le syndicat désigne chaque matin les ouvriers grévistes qui doivent aller débaucher ceux qui travaillent. Il leur est recommandé d'user de la persuasion, et s'ils n'obtiennent pas satisfaction, de recourir à l'action directe, c'est-à-dire aux moyens violents. On leur indique le point où ils doivent se tenir par groupes et des grévistes de la "région désignent aux camarades étrangers à la localité les ouvriers qui passent, allant au travail.

Pour avoir obéi à ces prescriptions syndicales, Michel Berthet a été condamné à un mois de prison.

L'assszsiris! de {'astronome. Le docteur Brengues, de Nîmes, accusé d'avoir tué son beaufrère, l'astronome Charlois, à Nice, vient d'être renvoyé, par arrêt de la chambre des mises en accusation d'Aix-en-Pi ovence, aevant la cour d'assises des Alpes-Maritimes dont la session s'ouvre le 1er août prochain.

L.

T5TT3T TffcPTS Fk "OTXYTT1

i3ii3JuiUb!-Jn.AJ'iiii!j

Bulletin mensuel des récentes publications françaises (Bibliothèque nationale), année 1909. Paris, Champion, 1 vol. in-8", ix-1,147 p. plus 80 p. de supplément.

Les fonctionnaires de !a Bibliothèque nationale rivalisent de zèle et d'activité pour faciliter les re- cherches des travailleurs, les rendre plus rapides, plus sûres et plus complètes. Jadis, le public était tenu au courant par un bulletin mensuel des livres qui entraient au département des imprimés de la Bibliothèque nationale; cette publication qui se poursuivit de 1882 à 1908 avait l'inconvénient de n'offrir qu'un classement alphabétique et d'obliger le lecteur, lorsqu'il s'agissait de rechercher les ouvrages d'un auteur, à manier douze tables alphabétiques.

On'a voulu parer à ce double inconvénient en présentant, d'un seul coup, en un volume, qui indépendamment de son utilité pratique demeurera un instrument bibliographique précieux, le tableau des volumes entrés dans notre grand dépôt.

L'ouvrage, pour lequel M. A. Vidier a écrit une préface bonne à lire et qui est publié six mois à peine après la fin de l'exercice écoulé, classe les livres reçus suivant un cadre systématique qui permet de se renseigner au préalable, suivant la matière sur laquelle on travaille.

Il comprend en outre une table des noms d'auteurs une table des matières qui donne tous les détails, que le cadre de classement inséré en téte do la publication ne permet pas de fournir; une liste, par ordre alphabétique, des périodiques nouveaux ^arus en 1909: un supplément contenant la descrip- 1

tîon des' livres anciens entrés au cours de l'annéa" écoulée et la liste des cartes et plans.

Cette publication est donc appelée, par la clarté et la commodité du plan de son exécution, à rendre les' plus grands services aux travailleurs de la Bibliothèque nationale et aux érudits de tous pays.

SPORT ̃

Courses d'Enghien

L'écurie Trarieux a remporté hier un double event ? 'a. Engliien, gagnant le prix de, la Côte-d'Or (haies, 3,000 fr., 3,200 m.) avec Ypsilanti (F. Hardy) pari mutuel 22 fr. 50 et 15 fr. 50: et le prix du Forez (haies, 3,000 fr., 2,800 m.) avec Le Flic, également monté par F:Hiirdy; pari mutuel 37 fr. et 23 fr. Cette derniers victoire a été plutôt heureuse, car R. Sauvai, qui montait Dahabic, au vicomte cie Fontarce, s'est laissé surprendre, ayant ralenti sa pouliche après le dernier obstacle, et s'est fait battre d'une tête. Les commissaires l'ont puni d'une mise à pied jusqu'au septembre inclus.

L'écurie J. Hennessy a gagné le prix du Rhône (steẽple-chas'e, 4,000 fr., 3,7000 m.) avec Per Bacco (Hawkins); pari mutuel 14 fr. 50 et 7 fr.

Les deux courses de haies qui suivaient ont été remportées le prix du Char- .lais (4,0,in fr., 3,000 m.) par Consolation, à M. Archdeacon (C. Bartholo'rheW) pari mutuel 21 fr. et 12 fr. le prix Valois (10,0(0 fr.. 2,500 m.) par Vaisseau Fantôme à M. Deutsch (A. Carter); pari mutuel 73 fr. et 38 fr. ̃- ̃ v- •̃ Le prix de la Bourgogne (steeple-chnse, handicap, 5^000 fr., 3,4' >0 m.) a été gagné par Génésareth à M. Gûut (Head); pari.mutuel 30 fr. 50 et 25 fr. L. G.

AVIATION

s ~DE 2.1 H9UTEUR

> LE RECORD DE LA. HAUTEUR

i Une dépèche d'Atlantic-City (Etats-Unis) annonce que l'aviateur Brobkings, pilotant un biplan, a atteint hier une hauteur de 6,100 pieds, c'est-à-dire 1,859-niôtres. Si cette dépêche est exacte, Brookings détient le record du monde de la hauteur.

BOXE

UN NOUVEAU MATCH JACK JOHNSON-TOMMY BURNS On annonce de San-Francisco que In boxeur Jack Johnson qui vient de triompher de Jeffries disputera • bientôt un nouveau match.

Le champion nègre aura comme adversaire Tommy Burns et le combat aura lieu à Londres, probablement dans l'arène de l'Olympia. Il se disputera en 20 reprises avec des gants de six onces.

'̃̃•'̃̃ CYCLISME

LE TOUR DE FRANCE

1 François Faber a encore triomphé dans la quatrième étape Belfort-Lyon, couvrant les 3('9 kilomètres en 9 h. 4i m. 2e Azzini 3° Trousselier; 4e Godivier

Biaise.

V Le classement général s'établit maintenant comme .1 suit 1er F. Faber, 8 points; 2e Garrigou, 23 points 3" Van Houvaert et Cornet, 31 points; 5» Lapize, 33 t points.

Demain, cinquième étape Lyon-Grenoble (311 kil.). YACHTING

LES RÉGATES DE HEKLEY

Les finales des régates de Henley sont revenues aux Anglais. Le Stewards Challenge Cup a été gagné par le WinnipegrlîowlngXlub, qui a battu facilement l'équipe allemande du Alainzer Ruder Club de Mayence. t L'équipe anglaise du Leander Club a remporté les Cil.ver Goblets, après avoir pris trois quarts de lons gueur à l'équipe hollandaise Amstel Rowing Club d'Amsterdam.

La grande épreuve «le la journée, le Diamond Challenge Seuils, a été gagné par un Anglais, Kinnear, du Kensington Rowing Club, qui l'a emporté de six longueurs sur son concurrent Rudolphe Lucas, du Club à la rame de Mayence.

Enfin, dans le Grand Challenge Cup, Magdalen Collège a battu Jesus College, de Cambridge.

e8~n.N-'Y .r,f.i.Yf~i~n.

LIBRAIRIE

BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE SCIENTIFIQUE Dirigée par le docteur Gustave Le Bon.

Stanislas MEUNIER

professeur au Muséum national d'histoire naturelle Les Convulsions de l'Ecorce Terrestre 0 Un volume in-18, orné de 35 illust. documres. Prix: 3 f r. 50 Ernest Flammarion, éditeur, 26, rue Racine, Paris. Tous les amateurs de sciences voudront connaître le dernier mot de la géologie quant à l'explication des tremblements de terre et des volcans, et apprécier le rôle de ces terribles phénomènes dans l'har- monie de la nature.

Les Dévoilées du Caucase Vient de paraître les Dévoilées du Caucase, par la duchesse de Rohan, un beau et curieux livre d'impressions de voyage, qui sera très remarqué. Je lis OUTRAGEE de Céoiie Cassot

,1 édition.

THÊATBBS

Au Conservatoire

Hier, de midi à six heures, concours d'opéra. Le jury était composé de MM. Gabriel Faufe, président; Saint-Saëns, Broussan, Wormser, Hue, Pierre Laio, Bemheim, d'Estourne!les de Constant, Isola, Gunsbourg, Renaud, Delmas, Escalaïs, e* Fernand Bourgeat, secrétaire.

Il a décerné les récompenses suivantes

Hommes.- Premier prix MM. Carrié (classe Di>~peyron) et Chah-Mouradian (Isnardon).

Deuxième prix M. Clauzure (Isnardon).

Premier accessit MM. Hugo Fontaine (Bouvet), Jourde (Melchissédec) et de Laromiguière (Dupey«, ron).

Deuxième accessit M. Godard (Bouvet).

Femmes. Premier prix Mmes Wiltz (nouvel et Wuiliaume-Lambert (Bouvet).

Deuxième prix Mlle Guillemot (Isnardon). Premier accessit Mlles Calvet (Melchissédec), Kirsch (Isnardon) et Charrières (Dupeyron), Deuxième accessit Mlles Lubin (Isnardon), Hemmler (Melchissédec), Lalotte (Isnardon). Aujourd'hui, concours de flûte, hautbois, clarinette, basson.

La direction des ballets russes a décidé d<j donner quelques représentations supplémentaires entre le 15 et le 20 juillet.

Comme chaque année, la tour Eiffel sera ouverte le soir, les mercredi 13 et jeudi 14 juillet. Nous rappelons à ce propos que c'est la plus belle tribune pour jouir du spectacle féerique de Paris illuminé. [Voir à la i' page le tableau des théâtres.)

c -r

BULLETIN COMMERCIAL

̃ ̃

BEVUE DU MARCHÉ DES SOIES ET DBS SOIERIES

(De notre correspondant particulier)

Lyon, 9 juillet. n

La récolte des cocons touche à sa fin à peu près partout, et à part la France, quelques régions de la Haute-Italie, l'Anatolie (Brousse), qui laisseront un déficit sur l'année dernière, le Japon qui donnera, au contraire, un excédent, le résultat semble avoir été peu différent de celui de 1909. Finalement la récolte mondiale se rapprochera beaucoup de celle de l'an dernier. soit entre 24 et 25 millions de kilogrammes de soie. Les marchés de cocons ont fini aux plus hauts prix en France, soit aux environs de 3 25, exceptionnellement 3 50 dans les Cévennes, et on a payé à peu près les mêmes prix dans la Drôme et le Vaucluse, c'est-à-dire proportionnellement plus cher, étant donné la qualité des cocons. En Lombardie, les contrats de cocons à. livrer faits aux conditions de Milan se régleront sur la base de 2 65 environ, plus des primes variant de 40 à 60 centimes. Les prix dé revient s'approchent des cours actuels, ne laissant aucune marge aux lllateurs. Dans l'Italie centrale la moyenne des prix oscille suivant les marchés autour de 3 livres. C'est à peu près le prix qu'on a payé en Syrie et à Brousse.

La fabrique continue à acheter au fur et à mesure des besoins de ses métiers, et comme elle a peu contracté à livrer, que d'autre part elle est en général pourvue de commissions, que tout son outillage est en activité, il y a toute probabilité pour que le niveau des affaires se maintienne pendant la saison d'été. Aussi les prix font-ils preuve de fermeté, et la hausse et la baisse se heurtent à d'égales résistances, soit des acheteurs, soit des détenteurs.

Le point noir, au point de vue de la cote, est l'abstention persistante de l'Amérique. Par contre la mode universelle continue à manifester ses préférences a l'étoffe de soie, et la confection des costumes tailleur en soie semble gagner du terrain, ce qui ouvrirait à l'industrie de larges perspectives de consommation. On a coté celte semaine

Grèges Cévennes extra titres fermes, 49 fr. France 1er ordre 11/13, 45-46 ir.; Italie 1er ordre titres fermes, 46 fr. Syrie 9/11, 41 à 44 fr., suivant mérite Brousse titres fermes, 40 à 43 fr., suivant mérite.; Japon fila-


tares 1 àl 1/2 9/11, 44 50-45 fr: 1 1/2 10/12, 42 5W» «^ 1 1/2 à 2 13/15, 40 fr. 50 Chine filatures 1 9/11, 43 50« fr 1 1/2 à 210/12, 42-42 fr. 50 ;• Canton filatures no 1 9/11, 46-46 fr.5O; n° 2 11/13, 43-43 fr. 50. Organsin Syrie 1" ordre, 50 à 52 fr., suivant titres organsin Brousse titres fermes 2° ordre, 45 à 47 fr. Wgansin Japon 1" ordre, titres uns, 50-51 fr. La condition des soies de Lyon pendant le premier semestre a enregistré 3,997,950 kilogrammes, contre

SPECTACLES DU DIMANCHE 10 JUILLET THÉÂTRES

Opéra, relâche.. Lundi: Rigoletto Coppélja. Mardi Roméo et Juliette. Mercredi Soirée de gala. Jeudi (mat. gratuite) Aida; la Marseillaise. Velidredi: Tannhæuser.,

Français. 8 h. 1/2. -La Rencontre.

Lundi, samedi Un cas de conscience les Erinnyes. Mardi: Je Marquis de Priola; le Songe d'un soir d'amour. Mercredi, vendredi la Fleur merveilleuse. Jeudi (ma.t gratuite): le Mariage de Figaro; la Marseillaise.

(Gymnase, 9 h. Miquette et sa mère. Vaudeville, 9 h. 1/4. Le Secret de Polichinelle. Gaîté-Lyrique, 8 h. 3/4. La Loi du Pardon. Renaissance, 9h.LeMariagedeMueBeulemaBs.Porte-Saint-Martin. 8 h. 1/2. Chantecler. Athénée, 8h. 1/2.– Un Enlèvement; le Danseur inconnu.

Bouges-Parisiens, S h. 3/4. La Dame de chez

Maxim's. ̃ »

Ambigu, 8 h. 3/4. Le Reportage de M. Plouf; Bagnes d'enfants.

Foiies-Dram.8 h. 1/2. La Villa Cupidon; laConscrite.

Th. Awollo, 9 h. La Veuve Joyeuse. Marigny, h. 1/2. La Revue de Marigny. Déiazet. 8 h. 1/2.– La Mainde ma fille; le Papa du régiment.. •̃;

Enghien, sources sulfureuses. Etab» thermal.

Casino.

SPECTACLES-CONCERTS

Grands Magasins Dufayel. 2 h. 1/2 à 6 h. Concert et Cinématographe tous les jours, sauf le dimanche.

Nouveau Cirque, 8 h. 1/2. Attract. En Vacances, bouff. nautique.

Tuileries, 8 h. 1/2. ftfardi, jeudi, samedi, dimanchc Concerts symphoniques avec chœurs et orchestre. 1 éta é.

T'Eiffel. de 10 h. àlanuit. Restaur. au 1er étage. Théâtre.

Jardin d'Acclimatation. -Attractions diverses. ALCAZAR. AMBASSADEURS. Ciçai.e. CirQUE Medrano. JARDIN DE Paris. LUNAPark. Moulin DE LA Galette. MOULINRouge. SCALA.

ae ~g §sns ~T'§f~a PAR LY~ PGtJ~J 6FFtXkIIX IJu (ori valume rfahemeat relid r,onten~at r XtVV01 I~RAN4O COYTitn o PRAXC~

flAR.,n,' n riu a- 1..8 J>LuaOI..AΠ1 t~ ma~lterrre~ Mllthot!,S Ae nlarntnent, Ch" HAM8URGER" RENOUVIN

~U!UË.M~B SMU&OE~ ,A. HAMBURGER t,~ ft.Uè3 UUM ~BT!~ son ifUIIf'.8..t l'a,.1 ~e e'1 ~2ë.Hu. tSnUlOo-Satellère.J>o.r1a

SEMAINE FINANCIÈRE «

i j

10 juillet 1910. La Bourse a été franchement, mauvaise cette semaine. Les liquidations de gros- t ses positions d'acheteurs ont continué, notamment t sur le marché du Rio et des mines d'or, et elles ont i influencé d'autant pkis les cours que les contre- v parties ont fait et font encore presque absolument défaut. Quelques intermédiaires essayent chaque £ jour de repasser au marché. une portion des titres c dont ils ont dû se charger, à défaut de leurs clients défaillants,' et l'on conçoit que ce ne soit qu'au moyen de concessions successives sur les cours que 1 les positions puissent s'alléger. r Le marché financier américain, d'où est parti lo l pignal de là baisse, n'est pas encore disposé à se £ remettre aux affaires. Les pertes y ont été trop sensibles. D'autre part, les circonstances ne sont ( guère favorables encore à une reprise. La législa- ( tion sur les chemins de fer, l'excédent des im- I portalions sur les exportations, les revendications 1 1 Ouvrières, l'augmentation des prix des denrées né- jcessaires à l'existence, et par conséquent l'aug- ( inentation des salaires, les abus de la spéculation sous toutes les formes, l'accroissement des dépen.ses courantes des Américains sont autant de motifs pour restreindre les transactions économiques et financières. Toutefois, la récolte qui joue un si grand rôle dans la situation matérielle des EtatsUnis, est en réalité moins défavorable qu'on ne ( l'avait fait prévoir tout d'abord; les exportations j pourraient tout de même se trouver améliorées do I ce chef, encore qu'il ne faille pas perdre de vue que la terre de l'Amérique du nord commence à s'épuiser au régime des ensemencements consécutifs sans engrais. Il faudra bien que les Américains songent à amender une terre qui n'est plus vierge s'ils veulent suffire à l'alimentation d'une population qui augmente chaque année d'environ un mil- liori d'habitants. La Bourse de Paris n'est pas seulement occupée 1 de la liquidation d'une spéculation à la hausse quelque peu téméraire; elle est préoccupée de l'agitation ouvrière, du personnel des chemins de fer notamment,

Aussi marque-t-elle peu de dispositions àsoutenir la faiblesse de nos rentes et des actions de nos grandes compagnies de chemins de fer, malgré les objurgations des littérateurs du socialisme qui ne cessent de fulminer contre les capitaux français qui font de l'internationalisme en matière de placements, comme d'ailleurs le socialisme en fait lui-même dans l'ordre politique et social. Si toute cette agitation aboutissait à l'apaisesement auquel travaille si sincèrement le ministère actuel, les choses changeraient de face dans ce pays. Ce ne sont pas les capitaux qui lui font défaut. A la Bourse, l'échéance des coupons de juillet est une nouvelle occasion pour les statisticiens d'en faire le compte. L'Etat n'a pas non plus à se plaindre des contribuables qui dans le premier semestre de l'année 1910 viennent de lui fournir une augmentation de recettes de 75 millions. Et cependant, les 150 millions de plus-values que promet l'exercice entier, et qui concourront à l'équilibre des budgets futurs, ne suffiront pas pour les équilibrer. Des impôts nouveaux deviendront nécessaires pour satisfaire des appétits toujours grandissants.

De nombreuses liquidations de positions ont pesé sur nos rentes et ont déterminé une chute profonde des cours. Au comptant le 3 0/0 a été très offert les achats des caisses publiques, qui se sont élevés à des chiffres importants, n'ont pas suffi à absorber ces ventes dont le reliquat a dû être pris par "le terme. Le 3 0/0 a reculé de 97 92 à 97 45, l'Amortissable de 97 30 à 97 25.

Les fonds russes ont été résistants. La cote de ces londs demeure sous l'influence des prévisions d'une bonne récolte. Le traité passé avec le Japon en vue d'assurer à ce pays et à la Russie le statu quo territorial en Extrême-Orient agit également très favorablement sur le crédit des rentes russes.

Le 5 0/6 se retrouve à 104 45 au lieu de 104 50, le 4 1/2 0/0 a varié de 102 à 101 90, avec un coupon de 2 fr. 25 à détacher la semaine prochaine, le 3 0/0 1891 s'est tenu de 80 80 à 79 50, ex-coupon, le 3 0/0 1896 de 78 95 à 78 45, le Consolidé 1" et 2° séries de 95 80 à 94 75, ex-coupon.

"Les fonds japonais sont resté fermes le 5 0/0 de 105 30 à 105 50, le A 0/0 de 95 75 à 95 80.

Les fonds égyptiens ont été en bonne tendance l'Unifiée de 101 à 101 15, la Privilégiée de 9755 à 97 65.

Le 1'urc est resté calme de 94 40 à 94 22. Le ministre des finances de Turquie, en visitant cette semaine la Bourse, a dû le constater.

L'Extérieure qui a détaché son coupon trimestriel est revenue à 94 45, au lieu de 95 92. La politique sociale et religieuse continue d'agiter ce pays.- L'Autrichien A 0/0 est à 101 et le Hongrois A 0/0 à 97 30. Le gouvernement austro-hongrois en use aujourd'hui véritablement trop à son aise avec les industries et les capitaux étrangers. Oubliant, nous l'avons dit, que c'est avec l'argent étranger que la plupart de ses chemins de fer ont été construits, il n'a pas hésité jusqu'à présent à accumuler les, difficultés devant lâ Compagnie du Sud de l'Autriche afin.de la réduire à quia pour l'absorber peut-être dans les meilleures conditions de prix. Maintenant C'est aux Etats-Unis que le gouvernement en a à propos d'une société américaine la « Vacuum Oil Company dont il oblige les usines à suspendre leur exploitation, après avoir usé du même procédé à l'égard d'une société similaire française. Les EtatsUnis sont d'ailleurs résolus à user chez eux de représailles vis-à-vis des sujets autrichiens. En attendant, on signale des ventes nombreuses de valeurs austro-hongroises. Un gouvernement a bien vite porté atteinte à son crédit, lorsqu'il offre si peu de sécurité aux capitaux étrangers.

L'Italien a été ferme, mais calme, de 105 25 à 103 40, ex-coupon, le Portugais de 68 50 à 66 75, excoupon, ï

Le Brésilien A 0/0 a été ramené de 90 80 à 90 30 pour se relever à 90 .60.

Nous croyons savoir qu'un groupe financier important de notre place, qui avait soumissionné, à l'occasion d'une demande d'emprunt de la province de Buenos-Aires, s'est vu enlever l'affaire par un groupe allemand.

La seule raison de l'échec des banquiers français :est la différence des frais de timbre exigibles respectivement en France et en Allemagne.

Alors que chez nous les droits à payer au fisc", à 1'occasion des emprunts étrangers négociés sur notre place, sont de 2 0/0 du montant nominal, cea Sroits ne sont Que de 0,60 0/0 en Allemagne

3,660,628 kilogrammes en 1909 pendant la période cor- I respondante. Ces chiffres reflètent assez exactement 5, l'allure de la consommation en matière première de la H fabrique lyonnaise, s DÉPÊCHES COMMERCIALE B

New-York. 9 juillet.

Changes sur Paris 5 21 •/»; sur Londres 4 83 3/4; sur Berlin 95 »/»•

L'excès des droits en France prive ainsi le Tré- 1 1 sor d'un encaissement, l'épargne d'un placement à t la condition qu'il soit avantageux, et les banquiers e d'un bénéfice.

Nous ne voyons toujours pas ce qu'en la circons- < tance gagne le pays, puisque l'argent qui y demeure c ne va guère, pour des raisons maintes fois signalées t ici, aux placements nationaux et se réserve pour £ une autre occasion de placement étranger. On ne saurait trop regretter aussi les retards qui sont apportés à là cotation sur. le marché offi- t ciel des emprunts étrangers dont l'autorisation a été donnée par les ministères compétents. Aucun emprunt de cette nature ne peut avoir lieu en France sans l'assentiment du gouverne- 1 ment. Or lorsque l'émission de cet emprunt a eu lieu, ( a notoirement réussi, qui s'oppose à l'ouverture l immédiate des négociations sur le marché officiel ? Est-ce la crainte de certaines critiques? QueK peuvent ces critiques contre le fait accompli de l'émission? Et puis, qu'a-t-on à redouter? Com- poser avec ces critiques n'est-ce pas reconnaître qu'elles ont quelque chose de fondé ? La logique serait alors qu'on refusât purement et simplement l'émission en France des emprunts étrangers dont on doit ensuite retarder ou suspendre l'admission à la cote. Le Serbe 4 0/0 reste à 87 07, ex-coupon semestriel, au lieu de 89 02.

Les fonds bulgares sont en légers progrès le 5 0/0 4902 de 511 à 513, le 5 0/0 i90i de 502 à 504 75, le i 1/2, 0/0 i 907 de 479 50 à 481. V Argentin A 0/0 1896 s'est tenu de 98 80 à 96 fr., coupon détaché de 2 0/0.

Dans une étude fort intéressante publiée dans la Revue (nos des 1" et 15 juin), M. Maurice Lewandowski, un des directeurs du Comptoir d'escompte, dont on connaît les beaux travaux sur la République Argentine, conclut que ce pays, avant de franchir une autre étape de développement, doit marquer un peu le pas pour avoir Jo temps de former quelques épargnes au lieu d'absorber sans arrêt de nouveaux capitaux du dehors. L'Argentine a surtout besoin aujourd'hui de consolider sa prospérité sous un régime de paix intérieure et extérieure, de prudence et d'économie, et en évitant les abus de crédit qui ont abouti en d'autres époques à d'inévitables réactions.

La conversion de l'emprunt mexicain 5 0/0 1899 en rente 4 0/0 qui s'effectue en ce moment aux ,guichets des grandes sociétés de crédit appelle l'attention sur la vie financière et économique depuis une quinzaine d'années de cette république nord-américaine.

Le temps n'est pas loin où le Mexique était au régime monétaire de l'argent. Il devait donc subir tous les inconvénients, disons plus exactement la crise qu'allait produire dans tous les pays à monnaie d'argent la dépréciation de ce métal. Le gouvernement du Mexique vit alors toute l'étendue des désastres qui pouvaient ruiner le pays s'il restait inébranlablement attaché au régime barbare de l'argent.

Avec une décision qu'on ne saurait trop louer, le président Porflrio Diaz et son éminent ministre des finances M. Limantour réalisèrent en l'année 1905 la réforme monétaire. Elle consista à abaisser le prix d'échange de la piastre argent contre de l'or, au taux de 2 fr. 59, moitié de la valeur du dollar américain. Ce taux de stabilisation fut confirmé par les événements, et résista aux crises économiques subséquentes. Il avait fait ainsi ses preuves Le crédit financier du Mexique fut assuré du même coup, les capitaux étrangers ayant constaté que le mouvement d'échange de la nouvelle piastre stabilisée contre de l'or n'avait pas subi un seul arrêt depuis 1905.

Le Mexique, fort de la commandite de l'étranger, pouvait songer à mettre en valeur les richesses de son sol et de son sous-sol et à développer ses industries. Il n'y a pas manqué, et c'est ainsi que depuis une quinzaine d'années, à la faveur du rétablissement de l'ordre intérieur, les voies ferrées se sont multipliées dans le pays le nombre des kilomètres exploités est passé de 6,000 à près de 25,000.

Le commerce d'importation dans le même temps (de 1896-1897 à 1906-1907) s'est élevé de 80. millions de piastres argent, taux de stabilisation; à 233 millions, tandis que le commerce d'exportation a progressé de 111 millions de piastres à 231 mil- lions.

Pour le dernier exercice 1908-1909,. l'excédent dès exportations a été de 74 millions 1/2 de pias- tres (numéraire non compris).

Cette excellente situation économique a eu une conséquence directe sur le rendement des douanes, qui sert de gage à l'emprunt 5 0/0 1899 et sera .délégué à la rente 4 0/0 1910 qui lui" succède. En 1900-1901, le produit de douanes a été de 28 millions 1/2 de piastres; en 1908-1909, il a été de 40 millions 1/2..Or, lé service du 5 0/0 1899 n'exigeait qu'une somme annuelle de 12 millions 1/2 de piastres. Celui du 4 0/0 nouveau devant nécessiter une annuité moindre, on voit que la garantie des créanciers du Mexique se trouvera améliorée dans une mesure très sensible. Ce court exposé permet de suivre les étapes par lesquelles s'est affirmé si rapidement l'essor écot nomique du Mexique, et l'on peut en conclure que L la conversion de la rente mexicaine 5 O/Qr en rente l -4 0/0 est la reconnaissance légitime de:l'amélio"ration d'un crédit laborieusement mais sûrement i conquis.

BANQUES

] Banques d'émission. La Banque de France 3 est sans changement à 4,220.

3 La dernière situation hebdomadaire a fait ressortir une diminution de 7,137,061 francs d'or et de 807,102 franés d'argent dans les encaisses. Le portefeuille a fléchi de 284,061,443 francs, tandis que les avances ont augmenté de 25,115,620 francs. Les particuliers ont retiré 155,137,493 francs à j leurs comptes et le Trésor 45,168,994 fr. au sien. La Banque de L' Indo-Chine reste à 1,480, coupon détaché, au lieu de 1,510. La Banque de l'Algérie k s'est ténue de 1,641 à 1,645.

® e SOCIÉTÉS DE CRÉDIT Sociétés de crédit françaises. Le compartis ment do ces valeurs a subi l'influence de la faiblesse générale.

Le Crédit foncier de France, qui a détaché un couà pon de 15 francs, finit à 805 au lieu de 810. Nous avons dit la semaine dernière que les ac8 tionnaires de cette société avaient été réunis en as• semblée extraordinaire le 2 iuillet jkjut iarpcédecà à

Cotons. Recettes de ce jour: 6,300 balles contre 5,100 l'an dernr. Middling Upland 1545, hausse 5/100. Marché calme. Ventes nulles. “̃“• Futurs: cour. 15 47; sept. 13 40; nov. 12 66. Marché

soutenu. o t t rs: cour: 6 S5: se t. -7 »:;

Cafés. Rio Fair n» 7. futurs: cour. 6 85: sept. 7 ».; nov. 7 »». Marché soutenu. Ventes 83,000 balles. New-Orléans, 9 juillet.

Cotons. Middling 14 87, baisse 7. Marché soutenu. Ventes nulles. ̃

LU CERNE HOTEL IV! ON TAN A Haison do fer ordre dans situation élevée, tranquille et exempte de poussière. RehO au quai des Etrangers par propre ascenseur de montagne. Durée du trajet 1 minute. Ouverture: 15 juin. Prospectus par:Michel, ancien' hôtel Altenberg.–Sc!iraeniIi,h6telEuler,Bâle«

Les annonces sont reçues chez MM. Lagrange, Cerf et Cie 8,PLACE DE LA BOURSE, 8, PARIS

la modification de plusieurs articles des statuts, no- i i: tamment de ceux qui visent l'importance du capital n et du chiffre des dépôts du public. l Sur la proposition du gouverneur et du conseil d'administration, l'assemblée a décide de porterie n capital social de 155 à 200 millions en vertu de l'ar- t ticle 4 des statuts et d'autoriser le conseil à l'élever, 1 en tant que de besoin, à 250 millions de francs, r Eile a aussi modifié le paragraphe II de Tarticle2 2 s des statuts en ce qui concerne la faculté de recevoir 1 des dépôts d'argent. ï Le conseil d'administration avait demandé au Conseil d'Etat l'autorisation d'élever la faculté de I réception de ces dépôts do 100 à 150 millions. L'autorisation n'a été donnée que pour 125 millions. On ne s'explique guère la limitation des dépôts au Cré- J dit foncier, et à plus forte raison la fixation à 125 c millions au lieu. de 150 millions de leur maximum. 1 Dès l'instant que ces dépôts sont employés par le 1 Crédit foncier, comme le font très prudemment les 1 sociétés de crédit, en papier de commerce à courte. échéance ou en reports de valeurs cotées au parquet, en avances sur rentes et obligations garanties par l'Etat, français, il n'y a pas de raison j pour què la faculté pour lui de recevoir des dé- < pots n'ait de limite que celle des convenances ( du public. Liniite-t-on les dépôts à la Banque c de France et <1»tib les sociétés de crédit? S'il s'agit 1 de sauvegarder les intérêts du public, il nous ] semble qu'il n'y a aucune raison pour établir une i limite au Crédit foncier, où le contrôle de l'Etat f et des actionnaires est particulièrement minutieux 1 et sévère, quand aucune mesure n'est opposée aux { autres banques de dépôts. Nous dirons plus afiran- ( chir le Crédit foncier de cette obligation, serait indi- l i rectement travailler à la décentralisation, à un meil- leur partage des dépôts d'argent du public. s Le nouvel article 4 des statuts détermine explici- 1 tement l'emploi du capital social pour un quart au ] moins par des rentes françaises ou autres valeurs, J du Trésor; pour un quart au plus par des immeubles destinés au siège -social, par des prêts coloniaux ou i de protectorats, par des titres admis à la Banque de France comme garantie d'avances; pour le surplus, par des prêts hypothécaires et communaux, des ou- vertures de crédit hypothécaire, par des obligations foncières et communales, par des reports ou avances sur des titres admis à la Banque de France comme garantie d'avances, par des lettres de change ou effets, de commerce revêtus de deux signatures au moins et passés à l'ordre de la société, soit enfin par les avances de fonds nécessaires pour couvrir les semestres d'annuités, dus par les emprunteurs ou-le prix des domaines acquis. conformément aux statuts après expropriation.

Sur une question d'un actionnaire, le gouverneur a déclaré qu'il avait la certitude que les tribunaux se prononceraient dans le courant du mois, c'est-àdire avant les vacances, sur la contrainte décernée au Crédit foncier par l'enregistrement et sur le pourvoi en cassation contre l'arrêt de Bordeaux, ces deux litiges se rapportant, on s'en souvient, à la question des mainlevées d'hypothèque sans mention de payement et de quittance. -Bas a

La Banque de Paris et des Pays-Bas a. varié de 1,839 à 1,781, ex-coupon de 55 francs; le Crédit Lyonnais de 1,412 à 1,409.

La Société générale se retrouve à 732 le Comptoir national d'escompte a passé de 841 à 839.

La Gazette de Voss annonce d'Athènes que les négociations du vice-gouverneur de la Banque nationale grecque, M. Valooritis, pour obtenir une avance de 50 millions au cours de 84 sur un emprunt futur, ont abouti avec la maison. Erlanger de Londres, le Comptoir d'escompte de Paris et le groupe Bleichrœder de Berlin. ..j. Le Crédit industriel el commercial a progressé de 711 à 714; la Société marseillaise de crédit industriel et commercial est restée ferme à 900 et 899. La JSanque de l'Union parisienne, a passé de 1,042 à 1,009, exdividende de 30 francs; la Banque française pour le commerce et l'industrie de 315 à 313.

Le Crédit mobilier français, qui a détaché un acompte de 12 fr. 50 sur son dividende annuel, a baissé de 718 à 696; la Banque privée de 432 à 428. Les négociations entamées depuis quelques mois par la Banque privée avec la Compagnie du VoigaBougoulma et la chancellerie de crédit de l'empire russe ausujet de l'émission d'un emprunt obligations de la Compagnie du Volga-Bougoulma ont définitivement abouti.

La compagnie a été autorisée à créer un emprunt de 101,200,000 francs, divisé en 202,400 obligations 4 0/0 de 500 francs, destiné à permettre la construction d'un prolongement de sa ligne principale. Ces obligations, qui rapportent un intérêt annuel de 20 francs net de tout impôt russe et français, sont garanties capital et intérêts, d'une manière absolue, par le gouvernement impérial de Russie.L'amortissement aura lieu en soixante-seize ans à dater de 1911 par voie de tirages au sort, ou de rachats sur le marché.

Les titres sont munis de coupons semestriels payables les 1er juin et 1er décembre (nouveau style).

Des certificats provisoires au porteur, munis d'un coupon intérimaire de 6 fr. 65 net à l'échéance du décembre 1910, seront délivrés aux souscripteurs en échange de leur récépissé de versement. Le prix d'émission est fixé à 452 fr. 50 par obligation de 500 fr., payables 100 fr. en souscrivant et 352 fr. 50 à la répartition.

La souscription aura lieu à la Banque privée Lyon-Marseille le 21 juillet, à Paris, Lyon, au siège social, à Marseille et dans toutes les agences de la banque.

L'admission à la cote officielle de la Bourse de Paris sera demandée.

La Compagnie française de Mines d'or et de l'Afnque du sud a passé de 88 50 à 89.

5 Sociétés de crédit étrangères. La Banque iles Pays-Autrichiens s'est traitée de 532 à 530 50; la 3 Banque ottomane de 724 à 693, ex-coupon de 22fr.5O; 1le Crédit foncier égyptien de 749 à 750; la Land Bànk o/ Egypt de 213 à 210.

La Banque nationale du Mexique finit à 1,160, au lieu de 1,167; la Banque Russo-Chinoise a détae ché un coupon de 25 francs et clôture à 609, au lieu de 630.

La Banque de Commerce privée de Saint-Pétersbourg s'est relevée pendant la semaine et finit à 586 francs. Le marché de Saint-Pétersbourg est actuellement en excellente tendance, grâce aux très bonnes noul- velles reçues des différentes régions de la Russie concernant la récolte.

i- Les actions de la Banque de V Union, à Moscou, sont à 775.

à 1 -.La Banaue. de rUoion parisienne s'est assure Jine.

Futurs: cour. 14 95; sept. 13 15; nov. 12 62. Marché

*•̃̃ Rio, 9 juillet.

soutenu. Rio, 9 jùillet~.

Cafés. Recettes: 6.000 sacs. Marché ferme. Stock 160.000 sacs. Bio 7, 4,700 reis, hausse 2d, Change 16 3/4, inchangé.

Cafés Recettes: 4S.000 sacs. 'Marché soutenu. Stock 1,702.000 sacs.

Standard n» 7, 3,950 reis, hausse 50.

j~~S~j;~jaNt~<W~t!W~~<<<.<M~ -III

Chemins de fer du Nord, dm South Eastern J and Chatliaiii Railway. I 4 JOURS EN ANGLETERRE j DU VENDREDI AU MARDI

Les touristes pourront se procurer tous les vendredis, samedis ou dimanches, à la gare do Paris-Nord et dans les bureaux et agences, des billets d'aller et retour de 1

PARIS à LONDRES anx prix TRÈS RÉOMTS ci-agrès s classe V& fr. S»5 | 2e classe fr. 3= classe 3* fr. «O

Ces billets ne sont pas valables pour tous les trains.

EXCURSION EN TOURAINE Billets d'excursion prix réduits, valables 15 jours, délivrés toute l'année, par les gares du réseau de l'Etat (lignes du bud-Ouest), et pouvant être prolongés de deux fois 15 jours moyennant un supplément de 10 0/0 pour chaque prolongation.

classe «8 francs. 2e classe 20 francs. classe i3 francs.

Itinéraire Saumur Montreuil Bellay Thouars, Loùduri, Chinon, Azay-le-Riueau f Tours, Châteaurenault, Monto.ire-sur-le-Loir, Vendôme, Blois, Pont-de-Braye, Saumur. (Faculté d'arrêt aux gares intermédiaires). Billets spéciaux de parcours complémentaires pour rajoindre ou quitter l'itinéraire du voyage d'excursion comportant 40 0/0 de réduction sur le prix des billets simples.. La demande des billets doit être, faite à la.. gare de départ trois jours au moins à l'avan-. ce. Ce délai est réduit à deux heures pour les billets demandés à Paris-Montparnasse et à Paris-Saint-Lazare.

importante représentation dans le conseil d'admi- a a nistration [soviet), ainsi que dans la direction (prav- s lenie) de cette institution. C'est. ainsi que MM. Octave Homberg et Philippe Vernes, tous deux admi- é nistrateurs du la Banque de l'Union parisienne, font .1; partie du conseil d'administration de la Banque de 3 l'Union, à Moscou, dont M. Octave Homberg a été nommé vice-président. De plus, les intérêts français d sont représentés, dans ce même conseil, par M. Ch.- c R. Wehrung, également de la Banque de l'Union parisienne, et par M. Brocard, et dans la direction, 6 j>ar M. Paul Giraud, vice-président, et par MM. P. r Darcy et Boutry. 1 La Banque française du Rio de la Plata est à 820. r Le placement des actions nouvelles à, laquelle la l Banque de l'Union Parisienne procède en ce moment 1 obtient le plus favorable accueil. Depuis l'année t 1900, la Banque française, du Rio de la Plala a vu du ( reste ses opérations sociales progresser, et depuis S 1904 des dividendes se sont établis à 9 0/0 par an. CHEMINS DE FER

Chemins de fer français. Les recettes de nos grandes compagnies pour la 25e semaine sont toutes en augmentation, sauf pour le réseau do l'Etat (Ouest). On s'est ému dans le public de la menace de grève des cheminots. Si c'est à ce résultat que les meneurs ont entendu aboutir, ils semblent avoir ( réussi. Mais si le public doit souffrir de la mise à exécution de cette menace, il saura se défendre. Il t suffit de rappeler les incidents de la grève des pos- ( tiers pour reconnaître que le commerce avait coura- j geusement pris son parti de l'événement et avait j commencé à organiser des services privés pour sup- pléer à la défection des fonctionnaires du service des postes. Le commerce ne manquerait pas de s'ingénier une seconde fois pour parer à la déser- ] tion des chauffeurs et des mécaniciens et pour aider le gouvernement dans les mesures qu'il pourra prendre en la circonstance. Les grèves trop souvent répétées n'ont plus, com- me-autrefois, la sympathie du publie, et l'expérience des postiers montre que les grévistes sont les pre- mières victimes de ceux qui les incitent à cesser brusquement le travail. Il est probable qu'ils reconnaîtront un jour qu'ils ne sont en réalité que des instruments dans la main de certains politiciens ne songeant qu'à élever leur fortune sur la ruine do tous.

Le Nord a reculé de 1,723 à 1,652, ex-dividende de 52 francs; le Lyon de 1,275 à -1,266; l'Orléans de 1,372 à 1,355; le Midi a varié de 1,155 à 1,152, coupon détaché de 25 francs; l'Est a réagi de 900 à 886; l'Ouest de 943 à 940.

Chemins de fer étrangers. Les Chemins autrichiens ont détaché un coupon de 20 50 et s'inscrivent à 787 50, au lieu de 812; le Sud de l'Autriche (Lombards) s'est un peu relevé de 106 à 113. Le compartiment des chemins de fer espagnols, depuis longtemps occupé par la spéculation haussière s'appuyant d'ailleurs sur des achats suivis du comptant, devait payer son tribut, à la faiblesse générale.̃• Le Saragosse a passé de 417 à 401, ex-dividende de 18 pesetas.; le Nord de l'Espagne s'est tenu de 379 à 368, ex-coupon de 16 pesetas; les Andalous qui ont détaché un dividende de 5 fr. 89, clôturent.à a 239, au lieu de 241.

Le produit net de l'exercice 1909, défalcation faite des dépenses d'exploitation, a été pour cette compagnie de 8,963,765 pesetas. Une fois les charges fixes déduites, il est resté une somme de 3,009,191 pesetas qui permet de payer en 1910, dans son entier, le coupon des obligations variables Séville-XérèsCadix et Andalous 1" et 2e séries et de distribuer aux actions une prime de gestion de 5 pesetas 06 net d'impôts.

Les actions de seconde préférence des Chemins de fer nationaux du Mexique ont bénéficié du découvert qui s'était formé sur leur marché; elles ont progressé de 140 à 142.

L'action de préférence de la Brazil Railway a conservé une tenue satisfaisante à 508 fr., ex-coupon de 7 fr. 12.

Le vaste ensemble de terrains que possède la compagnie le long des voies du chemin de fer de Saô- Paulo-Rio Grande et qui doit s'étendre sur deux millions quatre cent mille hectares environ est re- couvert, en grande partie, de forêts de pins et de bois durs. On procède actuellement à la délimitation et au mesurage de ce domaine, en vue de sa mise en valeur.

VALEURS INDUSTRIELLES

Canaux et p orts. Le Suez, qui a détaché un coupon de 97 53, est très ferme à 5,411, au lieu de 5,485.

Les recettes de la compagnie restent en plusvalue do près de 7 millions sur celles de l'an dernier. Il est possible que cet accroissement s'accentue en raison des avis d'Extrême-Orient, et d'une façon générale du progrès des relations commerciales internationales.

Transports et transmissions. Les Messageries maritimes ont passé de 175 à 173 la Compagnie gé1 nérale transatlantique de 238 à 229, ex-dividende de

12 francs.

Les Chargeurs réunis sont restés fermes de 486 à 485; la Compagnie internationale des loagons-Uts de 1 41 1' à 414 50; la Compagnie générale française de tramways de 580 à 581 les Tratmvays-Sud à 172, sans changement.

1 Les Omnibus se sont alourdis de 347 à 336; les s ;Chemins de fer Nogentais sont plus fermes de 515 h 1 520; le Métropolitain a reculé de 592 à 565, ex-divi}" d'onde de 20 fr. le Nord-Sud de 315 à 302. La Compagnie générale des Voitures à Paris a été calme de 261 à 245, coupon détaché de 12 fr. 50. Les Tramways de Rouen ont conservé une bonne, tenue de 700 à 698, les Tramivays (le Bordeaux à

s 258 et 257.

1 La Thomson-Houston a été plus faible de 802 à 788. Les Ateliers de constructions électriques du bord et de rc, l'Est se retrouvent à 425.

f Au commencement de l'année, les commandes étaient supérieures d'un demi-million à celles d'il y a un an. La perspective des gros travaux à exéa cuter pour la Compagnie des omnibus et les Tramways de Paris et du département de la Seine entretient sur ces titres une fermeté légitime. à Gaz, Electricité, Eaux. La Société. du Gaz. de rt Paris a détaché un coupon de 8 fr. 12, et se retrouve à 294, au lieu de 302; le Gaz de la banlieue a e varié de 252 à 250, ex-dividende de 7 fr. 50; le Gaz pour la France et l'étranger de 837 à 835, la Société i. 1 Gaz et Eaux est sans variation à 625. 1 La Distribution parisienne d'électricité, qui a détaie I chô boû coujjon annuel do 10 francs, clôture à 38Z.

Santos, 9 juillet.

DÉCLARATIONS DE FAHXITESV

̃ î;

(Jugements du juillet) 1

Laborde, nég. en produits chimiques et pharmaceutiques, 97, rue de Richelieu.

Bondon, commissionnaire en marchandises diverses, 62, av. des Belles- Vues, à Bois-Colombes.

Appay, épicier, 214, rue du Faubourg-Saint-Honoré.

Chemins de fer de l'Etat.

CiieisideFerleiieain du CENTH-E

(FBBROCARRIL UEXICÂHQ DE\- CENTRO)

Capital-Actions,: $3.000.000 (7.500.000') La Société a pour o! jet la çolîstppation et l'exploitation du Chemin de fer ijul, ]v>A«U)t'/ls ÇO-mjioliO sur le Cliemin de fer Central Mexicain, m-emlïlvi 4 ttotiaun avec «n embranchement partant do Cedio.4 et (iriKipitt (lu U Salavwna en passant

par Mazapll.. ^i'I

par CONSEIL DY.WêWlSTfiATIOK

Do* Francisco .MaijKÇ/* A^iuJùistrateur de ta Banque

Centrale Mexicaine, Jixfiiitefcf.

Do» tUnn.'I.l»3jiKV&. W.paté. AU<nlnlstr«l«ur do la Banque Centrale Hcxlcàini!. Vice-Pi éstdent.

DoB<3nsTivo7»lii>SBo,ln(înttrieliiMotiterrey-de-Nuevo-ueon.

DoN ni)i)0Lro J.Oircu, Dîrécieul-Oéront de la Banque oe

Nuevo-Leon.

Don Alfoxbo MitiEEo.mdastrleltiMonterrey-de-Nuevo-Leon ÊMISSIOH ~POKIQUE. DE

27.000 Obligations fie 100 Piastres (258 ir.) PREMIÈaE HYPOTHÈQUE 5

avec aarant/e (!̃ 'intérêt l'Etat de Zacafecas (Heiique) Remboursablos à 258 francs le i" MAI 1930. PRIX D'ÉHISSIQM 232^60

Dotioliloc I 100 franc» ta poscr'naal

Payables 1 :1.00 francs en souscrivent;

raydOicS ( i32feo u tiiumîm (du k « îs Jiïh«i iimo). OABfl-îrïïBa. a'Etat da aaoatooas, par une convention en date du 7 avril 1910, complétée le 18 juin 1010, à donné' une garantie d'intérêt de 5% a un emprunt do a.900 COo piastres a créer par la C" et î-epvéSBiiW pa)v 34,000 obligations de 100 piastres cliacuijo (483 l.r.),

En outre, ces ohligu'U^ns.' sont garanties en capitaTet intérêt pdV tous lès biens meubles et immeubles da la -C0rt)ns(îi)io.ct çpiicialement par une première Ij-ypotiièquè sûr le chemin de fer et ses dépeudadeçs.' ̃̃'i-i, ̃.•̃̃ '•

Sur cet emprunt Ja Compagnie émet seulement dès maintenant û^.âoo'ôliïlj&titjiudeiooplastres, les 12.00" f'n «•̃ "stnnt eh réserve dans les caisses de la Compagnie.

revenu.– Le revenu annuel de chaque obli-

au lieu de 399 le Secteur Popp s'est aloui di de 775 à 764.

La Compagnie générale de distribution d'énergie électrique s'est élevée- de 430 à 434. L'Energie électrique du littoral méditerranéen a été ramenée de 397 à 392.

Les Forces motrices du Rhône ont été bien tenues de 660 à 655, ex-dividende de 13 f rancs la part a été demandée do 765 à 808. t

Les actions Mexico Tramways Company cotent 640. Le conseil d'administration, en présence des résultats obtenus par la compagnie et par sa filiale, la Mexican Light and Power Company, Limited, du- rant les cinq premiers mois de l'exercice en cours, a pris la décision de majorer à 1 3/4 0/0,. soit sur la base de 7 0/0 l'an, le coupon trimestriel se rapportant à la période d'avril, mai et juin de cette année. Ce dividende sera payable le 1" août prochain par 9 fr. 03 à la Société générale.

Mines, métaux et divers. Cours des différents

métaux

2 juillet. 9 juillet. (

Cuivre. 549/16 54 7/16 ] Etein 149 58 U9»/» Zinc •• 22 1/4- 22 1/4 Plmni, 13 1/8 13 »

Le Creusot se retrouve à 1,869; .les Ateliers et Chantiers de la Loire ont été fermement tenus de 1 1,755 à 1,760; les Forges et Aciéries de la marine et d'Homécourt ont passé de 1,495 à 1,486; les Forgés et Aciéries du Nord et de l'Est se sont avancées de j 2,025 à 2,099 les Chantiers et Ateliers de Saint- Nazaire (Penhoët) de 990 à 1,002 la Compagnie ( française des métaux de 706 à 707. ] La Briansk a perdu une partie de sa dernière avance de 32i à 319; la Sosnowice de 1,526 à 1,494 le Naphte de Bakou de 748 à 734.

Le RioTinio a été encore la victime de la Bourse cotte semaine. Il a baissé de 1,653 à 1,625 le Boléo de 692 à 690; la Tharsis de 136 à. 135 VUtah Copper dé 230 à 224.

L'ac tion El Bueu Tono a été ferme de 510 à 512. Les Mines de fer de Larrath ont reculé de 390 à 372. On annonce que la compagnie terminera fin août les livraisons do son premier contrat de 100,000 ton- nés au prix de 17 fr. la tonne et commencera immédiatement après l'exécution de son second contrat de 50,000 tonnes à 20 fr. la tonne. Le prix de revient, ajoute-t-on, s'établit à 7 francs, tous frais et amortissements compris, plus 1 fr. 25 de redevances. Mines d'or et divers. Lo marché minier vient d'enregistrer un nouveau recul. La baisse amenant la baisse, il est facile de se rendre compte que les engagements spéculatifs avaient été portés à un chiffre tel qu'une réaction s'imposait, et cela malgré l'abondance monétaire et les renseignements favorables concernant les valeurs dirigeantes.

Les plaies devenant plus profondes, il a fallu liquider les positions de quelques gros spéculateurs, et cet 1 afflux de titres arrivant sur un marché déjà mal influencé par les nouvelles financières de New-York, ne pouvait qu'accentuer le mouvement de baisse. La plupart de ces positions se composaient en grande partie d'un chiffre exagéré de titres légers, qui ont pris directement le chemin de Londres, où quelques grosses maisons se les sont appliqués sans hésitation. La période d'achat ne parait jamais devoir finir, parce que la hausse répond au sentiment général des capitalistes, et lorsque la baisse survient, déterminée par un incident qu'on doit toujours prévoir, on trouve les jours de liquidation bien longs et l'on s'étonne de ne pas en voir tout de suite la fin. Il faut pourtant donner aux acheteurs à terme médiocres le temps de défaire leurs positions.

Les rendements du mois précédent ressemblent, à peu de choses près, à ceux du mois de mai, sauf pour la Crown Mines, qui annonce 50,762 onces au lieu de 52,634. Si l'on considère que le rendement quotidien ressort à 1,692 onces en juin, contre 1,697 en mai, on voit qu'une différence de 5 onces par jour est presque négligeable.

Quant la question de main-d'œuvre, les nouvelles reçues de Johannesburg font ressortir une diminution de 800 indigènes seulement pour l'ensemble des ouvriers employés aux mines. Ce sont des résultats appréciables et qui seront encore meilleurs lorsque le gouvernement disposera complètement des moyens propres à assurer le recrutement sur toute l'étendue de la Confédération sud-africaine.

Les actions privilégiées Mines d'or d'Auvergne sont à 200. On dit qu'à Pont-Vieux, la première de ses filiales, le minerai commence à s'accumuler sur le carreau, et qu'un laboratoire d'essais sur place y a été installé. La seconde filiale, la Société minière de Nades, va bientôt recevoir, ajoute-t-on, son matériel de recherches et son matériel de grosse extraction.

On sait que la Société centrale des banques de province, et les banquiers membres du Syndicat des banques de province procèdent en ce moment au placement de 40,000 obligations 4 0/0 de 500 "r. de la Caisse hypothécaire canadienne. Le prix de vente est de 475 francs par obligation, jouissance juillet;, l'intérêt, est de 20 francs par an, nets d'impôts actuels, payable en deux coupons semestriels à échéance des 1" janvier et 1er juillet. ̃ ̃ L'inscription à la Cote officielle de la Bourse de Paris sera demandée.

Le placement des obligations de 500 francs de la Compagnie générale de Rio-de-Janeiro, qui a son siège social à Paris, se poursuit. Ces titres procurent un revenu net de 5 0/0, et qui au cours d'introduction de 447 fr. 50, constitue un placement de 5 65 0/0, sans compter la prime de remboursement à 510 francs. La direction de la compagnie vient de s'assurer la collaboration de l'ancien sous-directeur de la grande 1 raffinerie de Rosario, dans la République Argentine. La seule considération qui nous guide est-il j besoin de le dire? dans la recherche des moyens les meilleurs pour redonner un peu de vie à la j Bourse de Paris, c'èst la nécessité de-la soustraire à l'omnipotence des organes financiers qui ont grandi à ses dépens, sous le régime de la liberté, et d'en fafre le contrepoids de leur puissante cen- .j tralisation des capitaux. Il est en effet de l'intérêt public que les négodations de titres se fassent plus nombreuses à la i lumière des enchères, au lieu d'être combinées dans ljombre où la concurrence de l'offre et de la demande est presque abolie.

Ces'grandes sociétés de crédit n'ont-elles pas, elles-mêmes, intérêt à ce qu'un large marché financier subsiste, pour que leur clientèle puisse trouver à vendre facilement et sans perte les titres 1qu'elles lui ont vendus à des prix non débattus, acceptés sans discussion, puisque leurs émissions sont toujours couvertes? C'est sous l'influence de la même préoccupation que nous voudrions aujourd'hui examiner rapidel ment par quel défaut pèche un autre compartiment du marché financier, celui du marché en banque des valeurs à terme, qui on ne saurait le contester concourt, ou devrait concourir pour une bonne part, à l'ampleur de la Bourse de Paris. La liquidation du 30 juin, qui fut fort laborieuse I et donna lieu à des exécutions nombreuses et à des

Hirschler, repr. de commerce, 51, rue du Faubôuc*; Poissonnière. UQUIDATIONS JUDICIAIRES

(Du 9 juillet)

Schlesinger, nég. en pierres et perles fines, 70,ruy Lafayette.

gation est de 12 fr. 90.

Ce revenu est absolument NET, la Compagnie prenant a sa charge tous impôts Mexicains et Français présents ou futurs.

Sur le prix d'émission de 232 fr. 60 le taux da placement ressort ù 5 Ir. 54 NET s:ms tenir compte de la portion du coupon courue depuis le 1" Mai 1910 et de la prime do remboursement s'élevant à 25 fr. 50 par obligation.

Le rendement net de ces obligations correspond a un revenu brut do G, impôts français a déduire. Les Coupons sont payables tes 1" Mai et 1" No-, venibre dechaquoannée:au Mexique.nux Caisses de la Société à Zacatecns et d Montcrn-y. en Fronce aux Caisses de la Comp1"1, a Paris, 20. Hua Saint-Georges, ou aux Guichets de tout litablissèment qui pourra être ultérieurement désigné. Le premier Coupon est à i'cohéanoo du 1 "Novembre 1910 Les SoB&rlpthDS sont rtçass da 4 n 11 MM f aux Guichets du Chemin de Fer fàexicain du Centre, 20, Rue Saint-Georges, à Paris.

On peut aussi souscrii-e par l'intermédiaire de tous Établissements de Crédit, Agents de Châtia* et Banquiers.

ON PEUT SOUSCRIRE DÈS HAÎSIÎNA8T PAR CORRESPONDANCE. Si les demandes dépassent le montant des Titrea offerts, il y aura lieu à réduction.

La Cote de ces Obligations d la Bourse de Paris sera demandée aussitôt après l'Emission. D<*claratfon faite à l'EnreHistrement, Les publlenllona légale» ont été raites au Bulletin annexe du Journal OJJlckti du 6 Juin 1910.

R)H~Msa~SMN~s~asM~s~!SSSa~~

CHOPY k G16 banquiers, 18, rue SUlarc. PARIS Ordres de Bourse, Négociation directe d'actions d'assurances ideValeurs industrielles

"AH" .¡'t:o ri,

icp souimee venucura co u.~ 1 nu"Õ:t 1)' ~u.uu~~ .H'

5 Phénix (inc.) 3200 5 Générale (inc.) 4525 4 France (inc.) 1300 G Nationale (inc.) 211K! 3 Aigte (inc.) 4300 4 Union (inc.) 3150 10 Paternelle (inc.) 3125 10 Providence (inc.) «50 4 Abeille (inc.) 2075 10 Métropole 800 10 Foncière (inc.) 1095 I 2 Union (vie) C00O 3 Générale {vie) "îlOOi 4Nationale (vie) 0ï0O 10 Urbaine (vie.) 1. 1290 25 France (vie) 445 8 Préservatrice 1825 I 20 Foncière (vie) 1d0 20 Secours 230 20 Soleil (ac.) oi;5 15 Abeille (erôle) 430 25 Urbaine et Seine 9oO 10 Providence (ac.) 10*0

défaillances, nous fournit l'occasion de formuler ici quelques observations.

Sur ce marche en banque sont négociés plusieurs emprunts d'Etat., quelques valeurs de banque, et surtout des actions de mines d'or, de territoires et d'entreprises diverses.

Là aussi, on se plaint de la disette des affaires et l'on aspire après la réforme de la loi de l'abonnement des valeurs étrangères qui permettrait l'introduction tout à la fois sur le marché en banque et au parquet de titres de sociétés étrangères de premier ordre. Certes, de ce chef les transactions sur le marché en banque prendraient pour un temps une animation réparatrice. Mais sur ce marché, comme sur le marché officiel, l'organe de négociations est-il suffisamment préparé à recevoir un afflux de nouvelles valeurs? Nous rie la croyons pas.

Pour qu'un marché de valeurs réalise les avan- tages d'ampleur et de sécurité indispensables, il faut que les opérations à terme puissent être assurées d'y être prorogées sans difficultés. Il convient que les reports de positions s'opèrent eouramment.. Or, l'établissement d'une seule liquidation mensuelle sur le marché en banque ,est le principal obstacle, nous l'avons constaté jadis, à son activité et à sa solidité.

Les intermédiaires de ce compartiment de la. Bourse de Paris semblent perdre de vue que d'amples opérations en valeurs sujettes à de grosses fluctuations, impliquent des risques qu'on doit s'efforcer de diminuer pour la sécurité de tous ceux qui s'y aventurent, ou mieux s'y intéressent. L'avantage du public, en l'espèce, consiste-t-il à' avoir devant lui une seule échéance mensuelle ou deux liquidations de quinzaine?

Il a surtout intérêt à voir ses ordres exécutés par des intermédiaires solides, ayant les moyens de reporter leurs positions jusqu'au moment où il lui conviendra -de les liquider. -IV -doit désirer avoir devant. lui un marché actif et bien achalandé. jj Or. le nerf de ce marché, c'est l'argent, c'est-à-" dire les facilités de reports. Il vaut mieux pour un spéculateur avoir deux échéances à subir dans le mois, mais sans difficulté de report, que da vivre avec le régime d'une seule échéance mensuelle, dans l'incertitude à l'égard de la prorogation de ses engagements. Est-ce que le fréquent règlement des opérations de Bourse à Londres et à New-York entrava l'activité des négociations?

Faire un moins long crédit au spéculateur, c'est en assurer davantage à l'intermédiaire et finalement. donner plus de garantie, inspirer plus de confiance.. au public.

C'est une erreur de comparer les crédits qui se font dans le commerce avec ceux qui sont consentis aux opérations à terme dans une Bourse de valeurs mobilières ou de marchandises. Quand on fait un crédit de trois mois à un négociant, on le lui fait en raison de ventes réelles de marchandises dont la contre-valeur est assurée en argent à l'échéance fixée.Quand on fait crédit à un spéculateur, c'est à des prévisions plus ou moins fondées, à des risques détoute nature, à la personne méme du spéculateur. que ce crédit est accordé. Peut-on raisonnablement maintenir longtemps un crédit livré à tant d'aléas ? Liquider deux fois par mois des engagements de Bourse constituerait une mesure de prévoyance élémentaire. ) C'est d'ailleurs la condition sine quet non de se procurer dans les grands magasins de capitaux l'ar-' gent nécessaire aux reports des positions, et d'évi- ter que le prêteur exige une marge sur le titre reporté.

Aucune considération, encore une fois, ne prévaut' à la Bourse contre la .nécessité de trouver un crédit facile. C'est la clef même d'un marché à terme. Aujourd'hui un intermédiaire du marché en banque à terme est obligé d'attendre un mois pour en«; caisser de son client une différence pouvant avoir une' grosse importance. Si la liquidation de quinzaine était établie, il aurait l'avantage de ne pas voir sa contre-partie payer à Londres le 8 ou le 10,^ payer au parquet le 16, payer à Londres le 23 avant" que lui puisse encaisser cette différence. i Et maintenant peut-on s'arrêter à l'objection de la besogne doublée pour l'intermédiaire, des frais aug-' mentés pour le client? '•; La première objection ne tient pas devant la considération d'un crédit fortifié et de l'augmentation du: chiffre des affaires. La seconde n'est guère pour arrêter le spécula* teur. L'exemple de Londres, où les courtages sonf plus élevés qu'à Paris et où la spéculation est tou-; jours très vive, doit tranquilliser les adversaires de la double liquidation mensuelle. ;) D'ailleurs, qui empêcherait do faire cette liquida* tion de quinzaine franche de courtage, de n'eiÉ faire qu'une liquidation de différences, sans mouvût, ment de titres? Cette façon d'opérer serait on n'en peut dou-, ter envisagée favorablement par les sociétés de crédit qui reportent, puisqu'en cas de déprécia- tion dés titres reportés, elles encaisseraient .un« différence le 15. Cette différence deviendrait en quelque. sorte une marge sur les reports consentis par elles au début du mois, et il serait possible qu'elles consentissent à augmenter le volume de:, capitaux mis à la disposition du marché libre. C'est la condition essentielle pour assurer lam-: pleur d'un marché de valeurs. On ne saurait trop; le répéter l'introduction sur un marché à terme i de valeurs nouvelles doit avoir nécessairement i comme complément un accroissement des facilitée i de reports. La double liquidation mensuelle peut les procurer. J; On se rappelle qu'au cours des réflexions qud, i nous a suggérées la situation du marché officiel, nous avions émis l'idée, pour la vulgarisation! 1 des cours des valeurs, d'un affichage mécamqua sur les colonnes intérieures de la Bourse. >; A ce propos, un de nos lecteurs nous çommuni- que la découverte qu'il a faite dans le Monde illus- tré du 21 juin 1862 H serait question, assure-t-on, d'établir un mécanisme ingénieux au moyen duquel, pendant la durée de la Bourse, les cours de la rente, au lieu d'être transmis au publie par le crieur, apparaitraient dans un transpaj rent haut placé, visible pour tout le monde et des pointa les plus éloignés de la salle. » Ce mécanisme aurait l'avantage de prévenir *«£ 1 coup d'erreurs "et d'empêcher de nombreux mécomptes dans la négociation des effets publics. i ̃ Est ce vraiment se montrer trop exigeant que de demander qu'une réforme ébauchée en 1868. aboutisse après un demi-siècle d'attente? î j £^1TpaRi8ET, imp-Eérantr^o^/d^sltaieBlI