Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Le Temps

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1902-04-10

Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication

Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 137484

Description : 10 avril 1902

Description : 1902/04/10 (Numéro 14911).

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : BIPFPIG69

Description : Collection numérique : France-Japon

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k237094n

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 74%.


Paris, 9 avril

BULLETIN DE L'ÉTRANGER

ALLEMAGNE

Au moment-où la vie parlementaire est sur le $ointde reprendre à Berlin, toutes les curiosités se dirigent vers-le grand parti du centre qui est, pour le gouvernement impérial comme pour les autres partis, l'arbitre des situations. De quel côté, finalement, le centre portera-t-il dans la question des tarifs douaniers son vote •d'où dépend le. sort du projet gouvernemental et, par contre-coup, le crédit, peut-être même l'existence d'un ministre ou d'un chancelier? Et ce corps d'armée d'où dépend la victoire, qui le «onduira désormais? Son leader le plus en vue, M. Lieber; vient de mourir. Cette mort sera-t*lle aussi la fin d'un parti dont ses adversaires prophétisent, depuis des années déjà, la dissoJution, sans que leur espérance se lasse du continuel démenti des événements? M. Lieber, que le centre vient de perdre, était depuis pas mal de temps éprouvé par la maladie. Auparavant même, sa situation de chef de parti n'était pas aussi absolue, aussi incontestée que fut celle de son prédécesseur Windthorst. L'ancien ministre hanovrien avait apporté au centre le prestige d'un homme qui, dans un Etat secondaire, a pourtant traité les grandes affaires. De plus, la «petite Excellence» était une physionomie. Orateur sans lyrisme, il avait au plus haut degré les qualités de causeur et dé debater moderne. Sa parole à la Tiiiers intéressait constamment et son escrime était redoutable.

M. Lieber n'avait ni ce passé ni ces dons qui 'attirent et retiennent. Il visait à l'éloquence, ce qui est désastreux chez les orateurs que la na!ture n'a pas dotés comme un Mirabeau, un Berryer ou un Lamartine il n'avait pas le trait, .le mot qui illumine une situation, fait flèche contre un adversaire, reste enfoncé dans celui qu'elle frappe et se grave dans la mémoire du -peuple. 11 était long, ce qui est accablant même -dans le sublime. Et cependant ce fut un chef. Sous sa direction, qu'il eût soubaitée plus exclusive car il avait le sens de l'autorité très .développé son parti ne s'est pas émietté malgré les éléments hétérogènes. 11 n'est pas resté sur place, il a progressé son influence a grandi. Qu'avait donc M. Lieber pour justifier sa primauté dont les adversaires du centre s'étonnèrent et qui ne désappointe guère moins plus d'un de ses amis politiques ? Il fut un vrai tacticien et il eut une idée.

Quand on dit qu'il continua Windthorst, ce n'est qu'une manière de parler superficielle et même totalement inexacte. Il fit la même chose par des moyens différents. Son idée fut tout à fait autre que celle de Windthorst. Pour la mettre en relief d'un mot, nous dirons l'ancien ministre hanovrien, plus ou moins sciemment, avait gardé le sens particulariste. M. .Lieber, quoique originaire d'une petite principauté que la Prusse.absorba en 1866, était affranchi de cet état d'esprit. De là la différence dans la politique que l'un après l'autre inspira à son parti.

Windthorst n'était pas dans le sens rigoureux du terme, comme Bismarck affectait de le dire et éut soin de le faire redire par sa presse, un ennemi de l'empire. Mais l'empire, son progrès, son prestige ne lui tenaient pas autrement au cœur. Il était, en politique, d'une autre génération, d'un autre idéal.

M. Lieber, avec son catholicisme et ses tendances démocratiques, n'avait aucune attache avec le passé, les anciens systèmes, les anciennes dynasties. Il jugea que le centre pouvait, devait même, accepter l'empire comme un fait qui portait en lui-même une grande puissance et assurait à l'Allemagne un grand ave-nir. Son idée fut donc la réconciliation de l'empire et du grand parti dont dépend l'édifice législatif.

M. Lieber orienta donc son parti dans le sens d'une collaboration positive à l'œuvre du développement de la puissance impériale. Il n'a pas toujours montré un empressement égal, et notamment pour l'un des projets qui tenaient particulièrement au cœur de Guillaume II, le projet de répression des menées subversives, il s'est montré intraitable. En revanche, il n'a pas marchandé son appui et celui de ses amis pour aider à réaliser les deux grandes pensées im"périales l'augmentation de la puissance militaire et la création de la puissance navale de 41'Allemagne. Il a ainsi donné au catholicisme allemand la marque nationale que ses adversaires s'efforçaient de lui dénier pour en conserver le .monopole; il a aidé le travail législatif quia complété les organes et les institutions civiles de l'empire; il a montré le parti catholique allemand en fonction de parti gouvernemental. Les organes libéraux rapportent avec humeur que, assez récemment, le ministère aurait -offert à M- Lieber soit un poste de président su:-périeur d'une des provinces de Prusse, soit un

fEiJii^iL.ET'ORr ou SDcmps Dt; 10 AVRIL 1902 (3)

l 1 1 W 1 n

_~lECHIEN JJM M~MnLLU

i\SH£ AUTRE HISTOIRE DE SHERLOCK HOLMES)

l-

II (Fuite)

Le docteur Mortimer replia son journal et le Ireplaça dans sa poche.

Tels sont les faits de notoriété publique, ̃^monsieur Holmes, dit-il.

Je vous remercie, dit Sherlock, d'avoir rappelé mon attention sur ce cas, certainement 1 intéressant par quelques points. Ainsi donc cet ^article résume tout ce que le public connaît? \j Oui.

Apprenez-moi maintenant ce qu'il ne conj. naît pas.

I Holmes se renversa de nouveau dans son ? fauteuil et son visage reprit son expression grave et impassible.

| En obtempérant à votre désir,, fit le doc;teur Mortimer, qui commençait déjà à donner les signes d'une violente émotion, je vais vous raconter ce que je n'ai confié à personne. Je me suis tu devant le coroner, parce qu'un homme de science y regarde à deux fois avant d'endosser une superstition populaire. Moi aussi, je crois qu'il serait impossible de louer Baskerville hall, si quelque chose venait en augmenter l'horrible réputation. Pour ces deux raisons, j'en .ai dit moins que je n'en savais- il ne pouvait en résulter pratiquement rien de bon. Mais avec vous je n'ai plus les mêmes motifs de garder le silence.

Et Mortimer nous fit le récit suivant

« La lande est presque inhabitée et ceux qui vivent dans le voisinage les uns des autres sont étroitement liés ensemble. Voilà la raison de mon intimité avec sir Charles Baskerville. A j l'exception de M. Frankland, de Laf ter hall, et de M. Stapleton, le naturaliste, il n'y a pas, à plusieurs milles à la ronde, de gens éduqués. » Sir Charles se plaisait dans la retraite; mais sa maladie opéra entre nous un rapprochement qu un commun amour de la science cimenta rapidement. Il avait rapporté du sud de l'Afrique un grand nombre d'observations scientifiques 8t nous avons passé ensemble plus d'une bonne Reproduction interdite»

poste de sous-secrétaire d'Etat, la présidence, de la Cour des comptes. Ils demandent post mortem un démenti; il leur paraît extraordinaire, anormal, dangereux qu'on ait offert au chef du parti catholique une haute fonction publique. Cet émoi est bien caractéristique. Il indique bien le chemin parcouru par le centre depuis le temps où il était, malgré sa force, traité en ennemi, jusqu'au point où la direction de M. Lieber l'a amené, à savoir que nul maintenant ne peut gouverner ni contre lui ni sans lui.

DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES

̃ DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps Rome, 9 avril, 9 h. 50.

M. de Bülow est reparti hier soir de Venise il s'est dirigé sur Vienne, tandis que sa femme et sa belle-mère sont allées à Rome. M. Zanardelli rentrera prochainement sans avoir vu le chancelier allemand.

M. Prinetti a repris la direction des affaires étrangères il va répondre, à la Chambre, aux interpellations relatives à une prétendue expédition à Tripoli.

.Coiïstantinople, vid Sofia, 9 avril, 10 h. 15. La commission financière ayant terminé l'étude du projet Rouvier a remis son rapport au grandvizir qui communiquera prochainement à M. Rouvier les desiderata du gouvernement, relative"nent aux modifications du projet.

La Porte a appris de source autorisée de Sofia, que le chef de bande bulgare Veltchef se prépare à passer sur le territoire ottoman pour onlever et rançonner un consul étranger.

Près dé Kirdjali sur la frontière rouméliote une bande de cent individus a essayé de paaaor, mais a du reculer devant les forces turques.

Vienne, 9 avril, 8 h. 35.

La Chambre, après trois semaines-de vacances-, s'est rouverte hier pour continuer la discussion du budget, toujours sous l'impression de l'affaire du gymnase slovène de Cilli et surtout de la décision prise la veille par le parti allemand populiste de faire au gouvernement une opposition systématique « aussi longtemps qu'il n'aurait pas obtenu satisfaction et des garanties pour l'avenir ». Néanmoins, à rencontre de ce qu'on aurait pu croire, la séance s'est passée d'une façon très calme. Le député Hofmann de Wellenhof, allemand populiste, a exposé dans un discours très véhément l'état d'âme de son parti.

«Nous avons prouvé autrefois, s'est-il écrié, au moment des ordonnances Badeni, qne nous étions capables d'entraver tout travail parlementaire; nous sommes en état de renouveler cette expérience. » M. de Kœrber a répondu que le gouvernement ne s'était en rien départi de son programme, quia pour but l'apaisement des esprits et l'accord entre les différentes nationalités; il s'efforcera donc d'aplanir le différend de Cilli en tenant compte des susceptibilités des Allemands, sans que pourtant les Slovènes aient à en souffrir.

Budapest, 9 avril, 8 h. 15.

A la Chambre des députés, M. Lukacs, ministre des finances, a défendu hier le projet de loi présenté relatif à la conversion d'obligations 4 0/0 en rentes sur la couronne.

« C'eût été, a déclaré le ministre, une faute politique de la part du gouvernement, que de repousser l'offre d'un groupe financier puissant concernant la circulation de titres-couronnes sur le marché européen. La conversion serait en môme temps un succès pour la réglementation des valeurs. » Vingt députés de l'opposition ont demandé, après le discours de M. Lukacs, une séance à huis clos afin de prendre connaissance du projet de traité de conversion.

Dans cette séance, M. Rakowsky, député de l'opposition a demandé si le parti du gouvernement n'a pas stipulé, dans le traité qu'une certaine somme serait secrètement attribuée au parti pour augmenter son fonds politique.

M. de Szell, président du conseil, a démenti résolument ce bruit.

La conversion a été votée.

l»l

H&TIQNAUSmE ET UH10M RÉPUBLICAINE Le Gaulois, qui est l'un des premiers inventeurs et des principaux soutiens du fameux bloc antiministériel, assiste sans philosophie à l'effondrement de ce bloc, qui n'avait jamais été bien résistant, sous l'action chaque jour plus décisive des réalités politiques. Ce qui remplit le Gaulois de stupeur, c'est que les républicains progressistes ne se laissent pas bloquer et chambrer par la réaction. On revient à l'union républicaine, on reparle même de concentration. « Progressistes et radicaux se font de mutuelles concessions, » constate le Gaulois. Et notre confrère s'écrie, dans un mouvement de dépit un peu naïf « Ainsi donc, M. Jules Lemaître et la Patrie française, M. Piou et l'Action libérale, M. Méline et son comité d'un côté, de l'autre tous les comités conservateurs auraient créé dans ce pays un grand mouvement d'opinion depuis plusieurs mois on a parcouru la France,

soirée à discuter l'anatomie comparée du Bushman et du Hottentot.

» Pendant les derniers mois de. sa vie, je constatai la surexcitation progressive de son système nerveux. La légende que je viens de vous lire l'obsédait à tel point que rien au' monde n'aurait pu l'amener à franchir la nuit la grille du château. Quelque incroyable que cela vous paraisse, il était sincèrement convaincu qu'une terrible fatalité pesait sur sa famille et, malheureusement, les archives de sa maison étaient peu encourageantes.

» La pensée d'une présence occulte, incessante, le hantait. Bien souvent il me demanda si, au cours de mes sorties nocturnes, je n'avais jamais aperçu d'être fantastique ni entendu d'aboiements de chien. Il renouvela maintes fois cette dernière 'question et toujours d'une voix vibrante d'émotion.

» Je me souviens parfaitement d'un incident qui a précédé sa mort de quelques semaines. Un soir, j'arrivai au château en voiture. Par hasard, sir Charles se trouvait sur sa porte. J'étais descendu de mon tilbury et je lui faisais face. Tout à coup ses regarda passèrent pardessus mon épaule et j'y lus aussitôt une expression de terreur. Je me retournai juste à temps pour distinguer confusément, *au détour de la route, quelque chose que je pris pour un énorme veau noir.

» Cette apparition émut tellement sir Charles qu'il courut à l'endroit où il avait vu l'animal et qu'il le chercha partout des yeux. Mais la bête avait disparu. Cet incident produisit une déplorable impression sur son esprit.. » Je passai toute la soirée avec lui et ce fut pour expliquer l'émotion ressentie qu'il confia à ma garde l'écrit que je vous ai lu. Ce petit épisode n'a. d'intportance que par la tragédie qui a suivi; sur le moment, je n'y en attachai aucune et je jugeai puérile l'exaltation de mon ami. » Enfin, sur mes instances, sir Charles se décida à partir pour Londres. Le cœur était atteint et la constante angoisse qui le poignait quelque chimérique qu'en fût la cause-avait une répercussion sur sa santé. Je pensais que les distractions de la ville le remettraient promptement. M. Stapleton, consulté, opina dans le même sens.

» Au dernier instant la terrible catastrophe se produisit.

» La nuit du décès de sir Charles Baskerville, Barrymore. le valet de chambre qui avait fait la lugubre découverte, m'envoya chercher par un homme d'écurie. Je n'étais pas encore couché et, une heure plus tard, j'arrivais au château.

» Je contrôlai tous les faits mentionnés dans l'enquête je suivis la trace des pas dans l'allée

semant partout la bonne parole, réveillant tes endormis, encourageant les timides, dans le seul but de ressusciter une vieille formule C'est pour galvaniser la République parleméntaire, usée, flétrie, condamnée, que nous livrons bataille!» »

Notons d'abord que M. Méline a tous les droits à n'être pas rangé dans cette coalition nationaliste, qui le combat sans merci dans sa propre circonscription et contre laquelle il a pris en main avec une belle énergie le drapeau républicain. Le cas de M. Méline est précisément un dès plus significatifs. M. Méline est l'homme d'Etat qui a le plus fait pour rallier les conservateurs à la République, et ses efforts n'ont pas été vains en ce qui touche les masses, mais ils ont si complètement échoué avec les états-majors réactionnaires que ceux-ci essayent de lui prendre son propre siège de député. Dans combien d'autres circonscriptions les choses se passent de la même manière! 1 Voici, par exemple, le premier arrondissement de Paris où un républicain progressiste, M. Muzet, avait vaincu le parti radical dans la personne d'un de ses chefs les plus éminents et les plus respectés, M. René Goblet. Aujourd'hui M. Muzet est combattu par un nationaliste, dont l'intervention risque de faire retomber la circonscription au pouvoir des radicaux. Si nous insistons sur ces faits, qui pourraient en eux-mêmes n'intéresser que quelques candidats, c'est qu'ils ne sont pas isolés, c'est qu'ils sont les indices d'une situation politique dont l'intérêt est général. « J'ai été aussi libéral qu'on peut l'être, disait l'autre jour M. Méline, mais on ne me pardonne pas d'être resté républicain. » Tout est là. Les nationalistes arborent sans doute volontiers l'étiquette républicaine, et cette attitude est un hommage à la force et a Ta popularîté~;de la République, mais ce n'est qu'une attitude. Le nationalisme est un néoboulangisme, réunissant dans un même espoir de bouleversement tous les adversaires des institutions républicaines et de l'esprit républicain, tous les plébiscitaires, antiparlementaires, césariens, monarchistes et cléricaux. En s'attaquant aux républicains progressistes, les nationalistes sont dans leur rôle. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils se soient flattés de s'annexer les progressistes.

L'histoire se recommence sans cesse. Dans les périodes de paix intérieure, les progressistes et les radicaux peuvent être plus frappés de ce qui les divise, tâcher à constituer deux partis opposés et à former des ministères homogènes, comme le ministère radical de M. Bourgeois et le ministère progressiste de M. Méline. Mais chaque fois que la réaction tente un nouvel assaut contre la République, progressistes et radicaux sont bien obligés d'oublier leurs dissentiments et de s'unir pour la défendre. L'union républicaine, la concentration républicaine, tel fut le résultat des agressions réactionnaires du 16 Mai et du boulangisme Comment le Gaulois a-t-il jamais imaginé que le nationalisme pût aboutir à autre chose?

LE CHANGE ESPAGNOL

Au directeur du Temps

Paris, 9 avril.

Mon cher directeur,

Vous avez publié il y a quelques jours une lettre très remarquable de M. Henri Germain sur le change espagnol. Il nous a été donné là une étude magistrale sur les changes en. général. Les observations sur l'importance d'une division appropriée des coupures sont aussi justes que neuves et originales; la lettre de M. Germain, n'eût-elle traité que ce seul point de vue, aurait rendu les plus grands services. Permettez-moi, toutefois, de trouver que l'auteur est trop absolu en affirmant qu' « il n'y a qu'un facteur qui exerce une influence décisive sur le cours du papier-monnaie, c'est l'abondance plus ou moins grande de ce papier ».

Certes, l'excès de la circulation est la principale des causes de dépréciation; le papier-monnaie obéit à la loi économique universelle de l'offre et de la demande. Mais bien d'autres influences entrent aussi en jeu; M.Germain me paraît notamment se tromper quand il dit que la balance du commerce n'exerce aucune action sur le cours du change. Cela pourrait, à la rigueur, se soutenir si, de nos jours, il iallait, comme autrefois, entendre par balance du commerce la différence entre, les importations et les exportations des marchandises passant par la douane. Or, aujourd'hui, il faut tenir compte, et très grand compte, des valeurs mobilières et de leurs coupons, qui sont une véritable marchandise il ne faut pas négliger non plus la grande importance des touristes et voyageurs qui apportent dans certains pays des quantités considérables de numéraire et de capitaux sous des formes diverses. C'est l'afflnrince de ces touristes qui, à mon avi">, a permis à l'Italie de traverser sa crise de papier-monnaie avec un agio relativement modéré; c'est au contraire le froid accueil que les Espagnols réservent aux étrangers, touristes ou capitalistes, qui a été une des causes de la dépréciation intense de sa circulation fiduciaire.

Quand M. Germain dit que la proportion de l'en-

des Ifs et je vis à la grille l'endroit où lo défunt s'était arrêté. A partir de cet endroit, je remarquai la nouvelle forme des empreintes. Sur le sable fin, il n'y avait d'autres pas que coux de Barrymore; puis j'examinai attentivement le cadavre auquel on n'avait pas encore touché. » Sir Charles était étendu, la face contre terre, les bras en croix, les doigts crispés dans le sol et les traits tellement convulsés sous l'empire d'une violente émotion que j'aurais à peine osé certifier son identité.

» Le corps ne portait aucure blessure. Mais la déposition de Barrymore était incomplète. Il a dit qu'auprès du cadavre il n'existait nulle trace de pas. Il n'en avait pas vu. Elles ne m'ont pas échappé, à moi. nettes et fraîches. à quelque distance du lieu de la scène 1. » Des empreintes de pas?

Oui, des empreintes de pas.

D'homme ou de femme? 2

Mortimer nous considéra une seconde d'une façon étrange. Sa voix n'éb.it plus qu'un faible murmure, quand il répondit °

Monsieur Holmes, j'ai reconnu l'empreinte d'une patte de chien gigantesque 1

III T

LE PROBLÈME

Je confesse que ces mots me causeront un frisson. Il y avait dans la voix du 'docteur Mortimer un tremblement q-i prouvait que son propre récit l'avait profondément ému. Penché en avant, Holmes l'écoutait avec, dans les yeux, cette lueur qui décèle toujours chez lui un vif intérêt.

Vous avez vu cela ? interrogea-t-il. Aussi nettement que je vous vois.

Et vous n'en avez rien dit ? P

Pourquoi en aurais-je parié ? 2

Comment expliquez-vous que vous soyez le seul à avoir remarqué ces empreintes? '1 Elles commençaient seulement à une vingtaine de mètres du cadavre. personne n'y avait fait attention. Si je n'avais pas connu la légende, il est probable que j'aurais agi comme tout le monde.

Y a-t-il beaucoup de chiens de berger sur la lande?

Beaucoup. Mais celui-là n'était pas un chien de berger.

Vous dites que vous le jugez de grande taille .:>

Enorme.

Et qu'il n'avait pas approché le cadavre I Non.

Quelle nuit faisait-il f

Humide et froide.

Pleuvait-il î;

caîsse'n'a aucune Influence sur la valeur du papier* monnaie, il devrait ajouter quil eà est ainsi lorsque ce'ptpioi1 est très déprécié, mais la question est tout autre lorsque, pour diverses raisons, et notamment grâce à une encaisse or de plus en plus élevée, l'agio devient modéré. A-t-on jamais prétendu que le papier pouvait valoir le pair sans avoir derrière lui une très notable proportion de numéraire? La composition.de cette encaisse n'est point indifférente non plus; Mo Germain rappelle qu'en 1890 l'encaisse de la Banque d'Espagne s'élevait à 260 millions de pesetas, représentant 35 0/0 de la circulation du papier-monnaie et que le change était à 104, tandis qu'en. 1901 l'encaisse s'élevait à 800 millions, représentant 49 0/0 de la circulation, et néanmoins le change était à 137. Il aurait dû ajouter que plus de la moitié de ces 800 millions se composait dé pièces d'argent et que l'argent métal perd aujourd'hui la moitié de sa valeur nominale. Une encaisse en argent n'est plus elle-même qu'une valeur fiduciaire; la monnaie d'argent est devenue un billet de banque métallique. De toutes les erreurs faites par certains ministres des finances d'Espagne, la plus grosse, à mon avis, a été d'acheter de l'argent fin très bon marché peur en faire frapper des pièces de 5 pesetas et de prétendre faire croire ainsi à l'existence d'une encaisse garantissant les billets.

J'ai cru devoir, mon cher directeur, vous exposer les quelques observations que m'a suggérées la lettre de M. Germain, parce que j'ai toujours considéré la question du change comme l'une des plus intéressantes à étudier, mais aussi comme l'une des plus difficiles; ce n'est donc point pour le plaisir d'émettre quelques critiques que j'ai pris la plume, c'est uniquement pour chercher à être utile à ceux de vos lecteurs qui s'occupent de ce genre d'études et c'est en toute sincérité, au contraire, que je rends 's hommage et.même que j'admire la lettre si remarquable de M. Germain, et que je vous remercie de ne pas* -craindre d'ouvrir vos. colonnes à dés ques. tions si spéciales et si ardues.

*Recevez, etc.

JACQUES SIEGFRIED.

LA GUERRE DU TRANSVAAL

Les négociations

On attend des nouvelles, il n'en vient point. Il semble à certains symptômes, à l'attitude des journaux financiers anglais surtout, qu'il en résulte en Grande-Bretagne un certain énervement. L'acquittement de Kruitzinger même agite l'opinion publique, non qu'on la désapprouve,' mais on fait remarquer que le procès de ce chef bôer a commencé le 14 février dernier et qu'en général les délibérations d'un conseil de guerre- même on temps de paix ne durent pas si longtemps.

Il y a six semaines, pour la. presse ministérielle anglaise, Kruitzingo? était un sujet rebelle et un assassin. On avait même annoncé la condamnationà mort de ce général, pris blessé sur un champ de bataille. Aujourd'hui on annonce que le ministre de la guerre a adressé une dépêche à lord Kitchener l'invitant à traiter le général Kruitzinger avec les plus grands égards. Dans les milieux officiels anglais, on témoigne d'une grande admiration envers le chef boer. Il est intéressant de noter que le roi Edouard et la reine Alexandra se sont enquis à plusieurs reprises de l'état de sa%té du blessé; qui a reçu indirectement un témoignage de la sympathie que lui portaient les souverains.

Il y a eu une « saute de vent n qui a contribué à sauver la vie au général boer. Il est assez raisonnable de croire que la conduite de Delarey à*l'égard de Methuen, le mécontentement grandissant dans la colonie du Cap et les négociations en cours y sont pour quelque chose.

On dit que M. Krüger a reçu récemment d'Afrique du Sud des rapports intéressants écrits par un certain nombre des chefs.de la défense nationale. Il serait bon qu'on en communiquât des résumés ou des extraits à la presse continentale. C'est du bruit dont nous parlons que l'agence Laffan se fait l'écho, dans une dépêche reçue hier de Cologne

M. Krùger a fait savoir, par l'entremise d'un interprète, à une' délégation d'instituts ouvriers rhénans et westphaliens, qu'il se tient en communication régulière avec lo Transvaal et qu'il est plus que jamais convaincu qr.e la guerre aura une issue heureuse.

M. Krüger dit que les Boers conserveront certainement leur indépendance, dont ils feront toujours la première de toutes les conditions de la paix. Pour obtenir l'indépendance, le gouvernement boer serait prêt à céder aux Anglais le district du Rand. En terminant, M. Krüger déclare que les Boers disposent à l'heure actuelle d'un plus grand nombre d'hommes qu'au début de la guerre.

D'après le Times, dans une entrevue qu'il aurait eue avec un journaliste américain à Berlin, M. Kuijper a déclaré que les Boers pourraient encore continuer leur résistance une dizaine d'années. Les Boers en campagne

Dans une dépêche datée d'Heilbron, 7 avril, le correspondant de la Daily Mail raconte que, d'après le récit d'un soldat de Delarèy, les Boers mènent une vie très gaie dans les Iaagers ils sa livrent aux sports, font des courses, tiennent des réunions où d'excellents discours sont prononcés sur les sujets les plus divers, par exemple sur l'inutilité de se raser, sur les avantages d'une famille nombreuse, etc.

Le général Delarey lui-même préside parfois les réunions et prend part aux débats.

Le correspondant des Central News attaché à la

Non.

Décrivez-moi l'allée des Ifs.

-Elle est formée par une double rangéo de vieux ifs, hauts de douze pied: et absolument impénétrables. On se promène sur la partie comprise entre les arbustes, large de huit pieds. Entre les if3 et cette partie, sablée sans doute, n'y a-t-il rien ? 2

Si. Il existe, de chaque côté, une bande de gazon d'environ six pieds.

La bordure d'ifs, m'avez-vous dit, est coupée par une porte ? 7

Oui. qui donne accès sur la lande. Il n'y a pas d'autre ouverture?

Aucune.

De telle sorte qu'on n'arrive àl'allée des Ifs que par la maison ou par cette porte? On peut également s'y rendre par une serre construite à l'extrémité de l'allée. Sir Charles a-t-il poussé sa promenade jusque-là?

̃ Non, cinquante mètres le séparaient encore de cette serre.

Maintenant, voudriez-vous me dire, docteurMortimer-et ce détail a son importancesi les empreintes que vous avez relevées se trouvaient sur le sable de l'allée ou sur le gazon ?

Je n'ai pu distinguer aucune empreinte sur le gazon.

Existaient-elles seulement surle même côté que la porte ?

Oui, sur le bord de l'allée sablée, du même côté que la porte.

4i Vous m'intéressez excessivement. Autre chose, cette porte était-elle fermée?

Fermée et cadenassée.

Quelle est sa hauteur?

Quatre pieds.

Alors quelqu'un aurait pu la franchir t Facilement.

Près de la porte, y avait-il des marques, particulières?

Non

Ah A-t-on fait des recherches de ce côté? 2

Personne autre que moi.

Et vous n'avez rien découvert?

Sir Charles avait dû piétiner sur place. Evidemment, il était resté en cet endroit cinq ou dix minutes.

-Comment le savez-vous? Parce que, deux fois, les cendres de son cigare se sont détachées.

Très bien déduit, approuva Holmes. Watson, reprit-il, voici un collègue selon notre cœur. Mais ces marques?

-Le piétinement les. avait rendues confuses. En dehors de l'empreinte des pas de sir Char-

colonne Rimîngton écrit que récemment des fem-^mes, habitant une ferme à Vmknest lui racontèrent que la veille De Wet avait adressé un discours à quelques centaines de burghers, les exhortant à continuer la lutte parce que l'armée anglaise manquait de vivres et serait bientôt forcée de quitter l'Afrique du Sud.

Renforts anglais

Une dépêche de Sydney aux journaux dit que, pour satisfaire la dernière demande de 2,000 hommes de renfort destinés à l'Afrique du Sud, faite par le gouvernement impérial, ,on va être obligé au système de recrutement territorial.

Les autorités éprouvent beaucoup de difficultés pour trouver des recrues, à cause de l'impression générale que la guerre vc être bientôt. terminée. D'après les Central News, le War office a demandé au gouvernement canadien d'augmenter le contigent qui va être envoyé de quatre régiments, de façon à porter la force totale de ce contingent à 2,300 hommes.

M. Piet De Wet, frère du général et qui, on le sait, s'est rallié depuis longtemps à l'Angleterre, a été autorisé par lord Kitchener à lever un corps de burghers pour l'Etat d'Orange.

Le camp anglais aux Etats-Unis

On dit qu'on demandera au gouvernement des Etats-Unis d'ouvrir une enquête au sujet du camp britannique d'approvisionnements, à Lathrop, dans le Missouri. II. y a en ce moment au camp cinq mille chevaux et mulets destinés à l'Afrique du Sud. 55,830 chevaux et 10,949 mulets sont passés par le camp et ont été dirigés sur l'Afrique du Sud. Il y a au camp dix officiers britanniques et vingt et un soldats. p q

D'après M. Brown, un ingénieur qui s'est rendu dans l'Afrique du Sud afin de faire une enquête au sujet du traitement accordé aux conducteurs de mulets américains, sur soixante-cinq conducteurs de mulets qui se trouvaient à bord du steamer qui les transportait en Afrique, quarante et un auraient t été obligés à s'enrôler dans l'armée britannique -avant d'atteindre l'embouchure du Mississipi. i, q Sur les soixante-cinq qui se trouvaient à bord d'un autre steamer, le Drys^n, trente se seraient enrôlés dans l'armée britannique avant de quitter la Nouvelle-Orléans. M. Brown se déclare convaincu que les Anglais maintiennent un poste de recrutement à Port-Colotte. En terminant, M. Brown assure qu'à son avis M. Chamberlain a fait de véritables efforts pour améjiorer le sort des habitants des camps de concentration.

Petites Nouvelles

Nous avons reçu pour le Sou des Boers de M. Leblond 5 francs que nous envoyons à la trésorière de l'Œuvre, 48, rue de Vaugirard.

»

AFFAIRES COLONIALES Par décret, est rendue applicable aux colonies la loi du 30 mars 1902 relative à la répression des fraudes en matière électorale.

Algérie

(De notre correspondant particulier)

Alger, 9 avril.

Le gouverneur général s'est entretenu avec le procureur général et le directeur des affaires étrangères indigènes, au sujet de l'application du récent décret sur les tribunaux répressifs indigènes. Des instructions relatives à son application seront adressées, sous peu, aux juges de paix et aux administrateurs. p g

Le gouverneur général vient de prendre un arrêté convoquant les délégations financières pour le mercredi 14 mai.

Les membres du congrès géographique sont arrivés hier à Aïn-Sefra, où se trouvait déjà M. Hanotaux.

Malgré des bruits pessimistes, la caravane est partie pour Duveyrier. M. Hanotaux et le général Cauchemez l'accompagnaient.

Aujourd'hui est promulguée la loi autorisant l'Algérie à emprunter, à un taux d'intérêt qui n'excéera pas 3 50 0/0, une somme de 50 millions de francs, destinée à assurer l'exécution des travaux d'ouverture de routes et chemins, d'amélioration des ports de commerce, d'hydraulique agricole, de création et amélioration des centres Je colonisation, de construction de maisons forestières, reboisement et mise en valeer des forêts.

Tunisie

Tunis, 9 avril.

M. Pichon et Mme Pichon sont arrivés hier à. Tunis, à neuf heures et demie, sur le paquebot Yille-de-Bragance.

Les maisons étaient pavoisées et illuminées en leur honneur. Les cloches de la cathédrale sonnaient à toute volée.

A la s'ite des coups de vents du sud ressentis en mars, quelques vols de sauterelles ont dépassé la ligne des chotts. On a signalé la présence des acridiens le 12 mars à Mahris et le 13 mars aux Souassi. Quelques vols assez importants ont passé les premiers jours d'avril aux environs de Eloudiane et Gafsa; plusieurs ont avancé ces jours derniers jusqu'à Priana et les environs de Maktâr et Cherichera.

Aucun dégât n'a été commis jusqu'à ce jour. Partout les lieux de ponte ont été repérés soigneusement par les contrôleurs civils en vue de la destruction des criquets dès l'éclosion.

les, il m'a été impossible d'en distinguer d'autres.

De sa main, Sherlock Holmes frappa son genou dans un geste d'impatience.

Encore si j'avais été là s'écria-t-il. Le cas m'apparaît d'un intérêt palpitant. Cette page de gravier sur laquelle j'aurais pu lire tant de choses, la pluie et le sabot des paysans curieux l'auront fait indéchiffrable. Ah 1 docteur Mortimer, pourquoi ne m'avez-vous pas appelé ? Vous êtes bien coupable 1

-Je ne pouvais vous appeler, monsieur Holmes, sans révéler tous ces faits, et je vous ai déjà donné les raisons pour lesquelles je désirais garder le silence. D'ailleurs. d'ailleurs. Pourquoi cette hésitation?

Dans certain domaine, le detective le plus expérimenté et le plus subtil demeure impuissant.

Insinuez-vous que ces faits appartiennent au domaine surnaturel ?

Je ne le dis pas positivement.

Mais vous le pensez évidemment.

1 Depuis le drame, monsieur Holmes,. on m'a raconté divers incidents qu'il est malaisé de classer parmi les événements naturels. Par exemple?

J'ai appris qu'avant la terrible nuit plusieurs personnes ont vu sur la lande un animal dont le signalement se rapportait à celui du démon des Baskerville. L'animal ne rentre dans aucune espèce cataloguée. On convient qu'il avait un aspect épouvantable, fantastique, spectral. J'at questionné ces gens un paysan obtus, un maréchal ferrant et un fermier. Aucun n'a varié sur le portrait de la sinistre apparition. Elle incarnait bien exactement le chien vomi par l'enfer, d'après la légende. La terreur règne dans le district en souveraine maîtresse, et il pourrait se vanter d'être téméraire celui qui s'aventurerait la nuit sur la lande. Et vous, un homme de science, vous admettez une manifestation surnaturelle? Je ne sais que croire.

Holmes haussa les épaules..

Jusqu'ici, dit-il, j'ai borné mes investigations aux choses de ce monde. Dans la limite de mes faibles moyens, j'ai combattu le mal. mais ce serait une tâche bien ambitieuse que de s'attaquer au démon lui-même. Cependant, il vous faut bien admettre la matérialité des empreintes ?

-Le chien originel était assez matériel pour déchiqueter le cou d'un homme et néanmoins il était bien d'essence infernale?

Je vois que vous avez passé aux partisans du surnaturel. Maintenant, répondez encore à ceci Puisque vous pensez ainsi, pourquoi êtesvous venu me consulter? Vous me demandez en

DANS L'EXTRÊME ORIENT Signature de la convention mandchourienne Nous avons, il y a quelques jours, donné le toxty de la convention mandchourienne, telle que l'ont ac-, ceptée la Russie et la Chine. Cette convention a été signée par le ministre de Russie à Pékin, le prince Tching, et Ouang Oùen Tchao, hier après-midi. Le dernier paragraphe stipule que le traité devra être ratifié dans un délai de trois mois. La Russie propose de rétrocéder le chemin de fer quand les Anglais abandonneront la direction militaire du chemin, de fer du Tchi-Li. Le ministre d'Angleterre à Pékin. est en train de négocier un accord avec le directeur des chemins de fer, afin d'assurer aux Anglais une large part dans la dir~ttion et le contrôle après *1& rétrocession de la ligne aux Chinois.

A propos de la signature de la convention mandchourienne, la Morning Posl constate que la crise est arrivée à sa fin et que le gouvernement anglais peut renouer maintenant les fils rompus d'une politique permanente en Chine. Il reste à obtenir du gouvernement chinois l'accomplissement de ses obligations relatives à la protection du commerce. Les Daily News disent que la nouvelle convention met fin à une politique indirectement hostile aux intérêts anglais.

Quels que puissent être les motifs qui ont fait agir la Russie, on peut d'ailleurs être certain que la pression générale exercée par elle en Chine n'est diminuée que temporairement.

•̃

Les troubles

Nouvelles émeutes dans le sud de la Mongoliti chinoise près de Tchao-Yang. Même cause que pour les émeutes récentes dans le sud du Tchi-Li perception d'indemnités locales au profit des chrétien* indigènes.

Au Japon

Certaines indiscrétions commises à Pékin ont, comme on sait, révélé que le ministre de Chine à Tokio déconseille l'envoi d'étudiants chinois au Japon. Il croit qu'ils y prendraient une tournure d'esprit révolutionnaire. Cette -révélation a mis le Japon fort en colère.

Le ministre de Chine nie l'authenticité de la dépêche. Il déclare avoir simplement recommandé de bion choisir les étudiants; mais, ait le correspondant du Times, ce démenti vient trop tard pour mériter une complète confiance, étant donné surtout son caractère non officiel.

NOUVELLES DE L'ÉTRANGER

Alsace-Lorraine

Les élections pour le renouvellement des conseils municipaux en Alsace-Lorraine sont fixées au 15 juin prochain.

Les listes ont été déposées dans toutes les mairies pour être revisées.

On prête au gouvernement l'intention d'opérer des remaniements de circonscription dans les villes et de faire voter par sections et non au scrutin de liste, de manière à obtenir par le moyen de sectionnements savants, mais peu scrupuleux, l'élection de candidats immigrés agréables à l'administration. A Metz, notamment, cette question est de première importance pour la constitution de la prochaine municipalité. Il y a quelques mois, M. Strœver, allemand émigré, fut élu maire pour une durée, de six ans; il lui serait donc loisible d'éviter de de- » mander aux électeurs le renouvellement de son mandat.

Le gouvernement lui conseille, dit-on, d'éviter de recourir à cette formalité électorale; les électeurs messins, au contraire, estiment qu'il doit se soumettre à une réélection qui ne pourrait que lui donner une autorité plus grande auprès de ses administrés, au cas où cette réélection le porterait à nouveau à L. mairie.

Allemagne

La Gazelle nationale prétend que le traité de la Triple Alliance expire non pas le 12 avril 1902, mais le 6 mai 1903 et qu'il n'est nul besoin de le renouveler un an à l'avance.

Le 70e anniversaire de la naissance du comte de Waldersee a été solennellement célébré hier à Hanovre. L'empereur a fait féliciter le maréchal par son aide de camp, le lieutenant-colonel de Bœhn, et lui a fait remettre un servies de table en argent. Dans la journée, l'empereur a encore adressé au maréchal un télégramme de chaleureuses félicita- · tions.

L'empereur François-Joseph a aussi expédié au comte de Waldérsee un télégramme d'une teneur des plus cordiales. g

La commission des tarifs douaniers a repris hier ses travaux, huit jours avant la rentrée du Reichstag. Elle tiendra deux séances par jour. Au cours de la discussion, le comte Posadowsky, secrétaire d'Etat à l'intérieur, a déclaré controuvée l'information d'un journal d'après laquelle le comte de Bûlow aurait fait à M. Prinetti des concessions spéciales. Il dit que cela est impossible, puisque ni le Parlement allemand, ni le Conseil fédéral n'ont pris jusqu'à présent de résolutions concernant le tarif douanier.

Le ministre engage Je nouveau la commission à ne pas rendre difficiles les négociations relatives aux traités de commerce en adoptant des droits de douane trop élevés.

Il communique à la commission des renseignements confidentiels et la prie d'adopter le projet. Il dit que, si les droits de douane étaient trop élevés, le gouvernement allemand serait dans une fausse position vis-à-vis de l'étranger, parce que l'on supposerait que les droits du tarif autonome ne doivent pas être pris au sérieux. Il ajoute que cela serait

même temps de ne pas rechercher les causes de la mort de sir Charles Baskerville et vous me priez de m'occuper de ces recherches. Je ne vous en ai pas prié.

Alors en quoi puis-je vous aider?

En m'indiquant l'attitude que je dois garder vis-à-vis de sir Henry Baskerville, qui arrive à Waterloo station ici le docteur Mortimer tira sa montre dans une heure un quart. Est-ce lui qui hérite ? 3

Oui. A la mort de sir Charles, nous avons fait une enquête sur ce jeune homme et nous avons appris qu'il se livrait à l'agriculture, au Canada. Les renseignements fournis sur son compte sont excellents à tous égards. Je né parle pas à cette heure comme le médecin, mais comme l'exécuteur testamentaire de sir Charles Baskerville.

Il n'y a pas d'autres prétendants àlafortune du défunt, je présume?

Pas d'autres, le seul parent dont nous ayons pu retrouver la trace se nomme ou mieux se nommait Roger Baskerville il était le troisième frère de sir Charles. Le second frère, mort jeune, n'a eu qu'un fils, Henry on considéraitle troisième frère, Roger, comme la brebis galeuse de la famille. Il perpétuait l'ancien type des Baskerville et continuait, m'a-t-on affirmé, les errements du vieil Hugo. Le séjour de l'Angleterre lui paraissant malsain, il s'expatria dans l'Amérique centrale, où il mourut de la fièvre jaune, en 1876, Henry est donc le dernier des Baskerville. Dans une heure cinq minutes, je le rencontrerai à Waterloo station. Il m'a télégraphié de Southampton qu'il arriverait ce matin. Que dois-je faire, monsieur Holmes ?

Pourquoi n'irait-il pas dans fa demeure de ses ancêtres ? 2

Cela semble tout naturel, n'est-ce pas? Et cependant il faut se souvenir que les Baskerville qui ont habité le château ont tous péri de mort violente. J'ai la conviction que, si sir Charles avait pu me parler avant son décès, il m'aurait instamment recommandé de ne pas y conduire le dernier représentant de sa race et l'héritier de sa grande fortune. D'autre part, il est incontestable que la prospérité de ce misérable pays dépend absolument de la présence de sir Henry. Tout le bien commencé par sir Charles sera perdu, si le château reste désert. Je suis venu.vous demander un avis, monsieur Holmes, parce que je crains de me laisser entraîner pa* mon intérêt, trop évident en l'espèce.

A. CONAN DOYLE.

Traduit de l'anglais par Adrien de Jassau» (A $uivre-\