RENTRÉE
9 octobre i~i/)..
Mon retour à Paris, d'où j'étais parti fin juin fort
innocemment, n'est un événement que pour moi, mais
c'en est un tout de même, car j'en avais longtemps
désespéré. Jusqu'à ces derniers jours, les trains étaient
si rares et si mal commodes sur les lignes transversales,
qu'il n'y fallait pas songer pour un homme à qui sont
interdites la marche et les longues stations dans les
courants d'air. Un vieux poète bohème, souvent sans
gîte, disait un jour de lui-même « J'étais prisonnier
dans la rue. » Pour moi, j'étais prisonnier dans la cam-
pagne. Petit mal, cause tout au plus d'ennui et d'éner-
vement, si on le compare au destin infiniment dur de
tant d'autres Ah que je les ai vécus et que je les vis
encore, ces maux écrasants Ces hordes n'ont pas pié-
tiné que les populations qui se trouvaient sous leur che-
min, elles ont marché sur le cœur même de la France
et l'angoisse a été ressentie partout à la fois. Comme
elle pesait hier, cette angoisse unanime, sur les effusions