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Titre : Les quatre soeurs / par Frédéric Soulié

Auteur : Soulié, Frédéric (1800-1847). Auteur du texte

Éditeur : Michel-Lévy frères (Paris)

Date d'édition : 1858

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31388513b

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 307 p. ; in-18

Format : Nombre total de vues : 310

Description : Collection : Collection Michel-Lévy

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k213604t

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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parut se décider, et me tendant une pièce de cinq francs, il me dit d'une voix rude et sombre

Mademoiselle, voulez-vous aller à ce village m'acheter un pain et une bouteille de vin, et me les rapporter ici? Mais je ne sais pas où vous acheter cela, lui dis-je aussi embarrassée que choquée de cette proposition; et peut-être trouverait-on bien extraordinaire dans le village qu'une des demoiselles de Mandrcs allât chez le boulanger. Vous avez raison, dit-il en baissant la tête.

Puis il ajouta après un moment de réflexion

Si seulement'j'avais un chapeau, j'oserais bien y aller moi-même mais dans l'état où je suis, c'est impossible. Je ne peux pourtant pas mourir ainsi, reprit-il avec énergie. Je n'aurais pas voulu quitter cet homme sans le secourir, et je ne savais comment faire. Il se remit à me considérer, et me dit alors avec une sorte de désespoir

–Voulez-vous me sauver?

Certainement, monsieur, lui dis-je toute tremblante. Dites-moi oû est votre maison.

Mais, en voilà le mur au bout de cette allée. Eh bien! mademoiselle, rentrez chez vous, et là-bas, au coin dé ce grand arbre, jetez un morceau de pain pardessus le mur, je serai là pour le ramasser. Oh', certainement j~ vais le faire, lui dis-je les larmes aux yeux.

Je ne peux pas. vous le payer à vous, ajouta-t-il avec un air singulier de fierté, je ne peux pas vous payer un morceau de pain, mais je ne veux pas le recevoir à titre d'aumône, ajouta-t-il en tirant une poignée d'argent de ses poches e~ en la jetant à travers la route; mais je le paierai aux malheureux, qui 'doivent aussi errer quelquefois dans cette foret, poussés par la faim et le désespoir. Dieu fera, je l'espère, que cet argent ne profitera pas au crime.' Je le regardai dans un muet étonnement et avec un sentiment inexprimable.

Vous oubliez que j'ai faim, me dit-il douloureusement, comme s'il prononçait à regret ces paroles que Im arrachait une souffrance qu'il eût voulu avoir la force de maîtriser. J'y cours. j'y cours, m'écriai-je.

Mais me jetterez-vous ce pain? me dit-i).