cevables de l'esprit, en voyant la misère de M. Malabry, j'avais complètement oublie la réclamation que Géorgina avait à lui faire et cependant, en parlant d'elle à madame Malabry, il me semblait toujours que je lui ramenais une fille à laquelle son héritage demeuré intact permettait de venir en aide à sa mère.
Ce que je venais d'apprendre, ce que j'eusse dû deviner 'dès le premier moment me remit en face des choses. Malabry ruiné et qu'une poursuite du reste inutile ne pouvait rendre ni plus misérable ni plus déshonoré; Géorgina sans ressources, et, d'après ce que j'entrevoyais, ses sœurs dans une position non moins désespérée: cela me fit réfléchir à la tache que j'avais si légèrement acceptée. Je restai quelques instants sans prononcer une parole, incertain du parti que j'avais à prendre. Madame Matabry reprit ses larmes, et me dit avec un accent déchirant:
Amenez-la ici, qu'elle voie ma misère; je lui dirai que j'ai appris ce qu'était la faim, et elle me pardonnera. Ah m'écriai-je, brisé par cette pensée, c'est affreux! cela ne sera pas, cela ne peut pas être. Vous allez venir chez votre fille, vous la verrez, vous la protégerez de votre présence et elle vous consolera.
–.Merci, mon ami, me dit madame Malabry avec effusion, menez-moi près d'elle elle me recevra bien, n'est-ce pas? Tous les sentiments avaient changé de place oans le ccenr de cette pauvre mère. A force de malheur, elle se croyait la seule coupable.
IV
J'envoyai chercher un Sacre, et, pendant que la servante était sortie, il se passa une de ces petites scènes de misère, si joyeuses quand je les voyais autrefois dans la mansarde de notre quartier Latin, si tristes chez cette femme jadis si belle, si riche, si honorée. Pour trouver un châle, un chapeau, un mouchoir, il lui fallut ouvrir des tiroirs vides, des armoires saccagées. Mais elle était si heureuse de la pensée de revoir sa fille, qu'elle le fit sans honte et sans trouble.