Eh bien me v oici où sont mes juges ?
Que voulez-vous dire? répondit Victor alarmé et me considérant avec une inquiétude étonnée calmez-vous, Géorgina, calmez-vous!
Un affreux pressentiment, un frisson mortel, une de ces lueurs funestes qui vous épouvantent, tout cela sembla me frapper à la fois. Je me rappelle que je tournai un moment sur moi-même, comme une folle, regardant de tous cotes, comme pour appeler ces terribles figures qui devaient prononcer ma mort; et alors, ne voyant rien que la stupéfaction de Victor, je m'écriai:
Mais pourquoi donc suis-je ici?
Mais, me dit Victor avec cette réserve effarouchée avec laquelle on parle à quelqu'un dont la raison s'en va par.ce que vous l'avez voulu.
Moi? lui dis-je en le regardant à mon tour avec effroi. Mais n'est-ce pas. là ce que vous m'avez écrit ce matin? Je vous ai écrit? lui dis-je.
Il chercha une lettre parmi d'autres papiers jetés sur une table, et moi, doutant de moi-même et de ce qui s'était passé, m'agitant comme dans un rêve pénible, je m'écriais à chaque instant:
Je vous ai écrit? moi! je vous ai écrit?
Voici cette lettre, me dit-il.
Je la regardai sans la voir, et il me la lut.
Victor, disait-elle, attendez-moi cette nuit dans votre » maison de Versailles. Je me confie à votre honneur vous seul pouvez me sauver de l'abîme où on veut me conduire. J'ai écrit cela! m'écriai-je en lui arrachant la lettre, et sans être bien sûre que ce ne fùt pas la vérité. Mais vous voyez que ce n'est pas mon écriture
H me regarda encore comme si j'étais folle, et me dit avec l'impatience d'un homme qui croit à une comédie: Mais alors pourquoi êtes-vous venue?
C'en était trop, ma force y succcomba; je m'évanouis. Quand je revins à moi, il faisait grand jour, et j'étais encore à Versailles. Un médecin était près de moi Victor l'aidait dans les soins qu'il me donnait. Je fus bien longtemps sans reprendre la pensée des événements de la veille; peu à peu ils se représentèrent à mon esprit. Lorsque j'en eus la conscience, je 9.