Que voulez-vous dire ?
Ecoutez M. Victor Benoît vous plait, et votre intention est sans doute d'attendre votre majorité pour lui donner à la fois votre fortune et votre main?
J'avoue que je n'avais jamais pensé à cela, que mon amour pour Victor était resté dans ce vague des émotions du cœur qui ne va pas jusqu'aux exigences de la vie réelle. J'aimais Victor, j'en étais aimée, j'étais heureuse de cette occupation de mon âme; mais je n'avais jamais dit II sera mon mari, et pour y parvenir voilà ce que ferai. Sans doute M. Malabry me devina, car il laissa échapper un sourire moqueur. Mais je ne voulus pas passer à ses yeux pour une personne sans réilcxion, et je lui dis
Et quand cela serait vrai, monsieur, je ne pensais pas faire une faute que de nourrir cette espérance dans mon cœur.
Ce serait fort juste, me dit M. Malabry d'un ton patelin; mais vous avez longtemps à attendre.
Je le sais.
-Cette attente, je pourrais la réduire considérablement, en donnant mon consentement à ce mariage.
Victor, m'écriai-je avec 'vivacité, ne mettra point ma dot dans les spéculations de M. Burac.
Mou beau-père parut d'abord prêt à se fâcher, mais il finit par me rire au nez en me disant
Vous avez une idée fixe, Géorgina! Si je vous marie avec M. Benoît, je lui remettrai votre dot pour en faire tel usage qu'il voudra.
Mais alors quelle condition mettrez-vous à ce consentement ? lui dis-je.
-.Aucune, me répondit-il froidement.
Aucune? répétai-je après lui en le considérant avec étonnement.
Je vous comprends, reprit-il, vous vous êtes imaginé que je ne pourrais que vous le vendre.
Je ne lui répondis pas, et il se mit à parcourir la chambre avec rapidité, me lançant quelquefois des regards interrogateurs, prêt à parler en se retournant tout à coup enfin il s'écria
Eh bien! ce consentement, je vous le donne pour rien,