sais que ces messieurs s'entendent fort bien en affaires ;'mais ces aCaires sont-elles honorables ?
M. Malabry réfléchit longtemps avant de me répondre; probablement il discuta en lui-même s'il devait essayer de me persuader que ce qu'il faisait était selon les lois de la justice et de la probité, ou s'il devait m'avouer franchement ce qu'il en pensait lui-même.
Je ne puis dire au juste à quoi il s'arrèta mais voici ce qu'il me répondit
11 y a beaucoup d'hommes honorables qui doivent leur fortune à de pareilles spéculations.
Je ne veux pas faire vis-à-vis de vous une vulgaire théorie de mauvais principes; mais, je puis vous le dire, sans doute' toutes ces affaires ne se font pas avec cet esprit d'étroite rigidité qui va si bien à certaines anecdotes et à certaines figures mais ces affaires se font comme toutes celles de notre temps. Pas plus que les femmes d'aujourd'hui ne sont de ces matrones romaines dont on disait Lanam fecit, doMum wt<MMi~ elle demeura à la maison et tila sa quenouille, aucun de nos banquiers, de nos négociants, de nos capitalistes, n'est homme à refuser une bonne affaire parce qu'un autre y perdra ce qu'il doit y gaguer. Burac n'est ni plus ni moins honnête que tout le monde, seulement il est plus habile, plus audacieux que beaucoup d'autres.
C'est possible, monsieur, lui dis-je, mais peut-être si. mes sœurs savaient comme moi quelle est la morale commode de leurs maris, ne les accepteraient-elles pas avec tant d'empressement.
Essayez de les éclairer à ce sujet, me dit M. Malabry, vous verrez à quoi vous réussirez.
Je le sais, monsieur à leur paraître méchante, envieuse ou folle.
Eh bien? me dit M. Malabry.
Eh bien! monsieur, répondis-je, j'avoue mon impuissance et je m'y résigne.
Une femme de votre caractère ne se résigne jamais, me dit M. Malabry avec gravité. Vous avez trop d'orgueil pour ne pas tenter encore quelque effort désespéré pour empêcher ces mariages; mais une femme comme vous change de route quand elle a reconnu que c'est son intérêt d'en changer.