cette noble faiblesse qui, au dire des galanteries romanesques fait notre force, lorsqu'elle n'est souvent qu'une occasion de rodomontades à certaines lâchetés.
Cependant ce soir-là je fus forcée de rentrer dans ma chambre sans rien savoir.
Le lendemain j'étais dénoncée à ma mère, j'étais une fille à moitié perdue vis-à-vis de laquelle il fallait employer la plus stricte sévérité pour prévenir de mauvais penchants, et je reçus l'ordre de rester chez moi et de ne pas paraître au salon.
Cet ordre me fut transmis par .la fille qui m'avait trahie. Je ne vis ni M. Malabry ni mamère et, le soir venu, je prévis que Victor allait revenir et qu'il remettrait à Joséphine une lettre qui sans doute le compromettrait davantage. Au risque d'une esclandre publique, je résolus de braver 'la défense de ma mère. Je m'étais déterminée sur cette idée que ce n'étaient pas moi et Victor seulement qui nous trouvions compromis par la supercherie de M. Malabry, mais encore les intérêts de tout un parti. Je pensais surtout que ce parti voudrait tirer vengeance de l'indiscrétion d'un de ses plus ardents adeptes, et qu'il fallait à tout prix avertir Victor de ce danger.
Je m'habillai, je quittai ma chambre, je me présentai le cœur irrité et tremblante. M. Malabry adressa à ma mère un regard qui semblait lui dire
« Vous voyez jusqu'où elle ose pousser la révolte. Mais on ne me dit rien, on ne me fit aucune observation. Je m'étais préparée à une scène, et j'étais accablée dé cette. indifférence apparente. La soirée se passa pour moi dans une attente continuelle. Victor ne parut point.
M. Malabry l'avait-il exclu de sa maison, et ne devais-je plus le revoir? mais alors pourquoi me faire écrire la veille une lettre qui demandait une réponse? Je no savais que faire. Je fus sur le point de prendre une de mes sceurs pour confidente, mais je sentais que je ne ferais que donner des armes à leur antipathie pour moi.
'M.. Malabry quitta le salon plusieurs fois. Malgré son grand art de dissimuler, je le vis d'abord rentrer désappointé et furieux. Aux regards irrités qu'il me jetait, je vis qu'il s'étonnait peut-être autant que moi de l'absence de