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Titre : Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique.... T. 11 MEMO-O / par M. Pierre Larousse

Auteur : Larousse, Pierre (1817-1875). Auteur du texte

Éditeur : Administration du grand Dictionnaire universel (Paris)

Date d'édition : 1866-1877

Sujet : Encyclopédies et dictionnaires français -- 19e siècle

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb33995829b

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 17 vol. ; in-fol.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : France-Japon

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k205363w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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au progrès de l'humanité et à la victoire définitive des idées libérales; cependant, l'ouvrage tout entier est empreint d une tristesse qui rappelle Tacite,soit que l'historien n'ait pas vu dans un avenir assez rapproché la réalisation de ses vœux et de ses espérances, soit que le spectacle de tant de révolutions en un si petit nombre d'années, ait laissé dans son esprit des traces trop profondes. Ce ton mélancolique et sévère est une ressemblance de plus avec le grand historien que Colletta s'était proposé pour modèle, et dont il a merveilleusement reproduit toutes les formes. Mais, dans un sujet si grave, ce ne serait pas assez du simple talent littéraire pour s'élever, même uniquement sous le rapport du style, à la hauteur de Tacite. Il faut encore, pour atteindre cette prodigieuse concision, pour rappeler cette noblesse de langage, pour s'approprier ce je ne sais quoi dans la forme qui saisit et remue avec tant de puissance, il faut et l'intelligence du penseur, et l'indignation sainte de l'honnête homme, et l'amour de la patrie, et l'enthousiasme du grand, du beau, du juste et du vrai. Or tel est au plus haut.degré le mérite du général Colletta voilà ce qui donnera toujours à son œuvre un caractère particulier de grandeur, malgré les attaques de ses ennemis, Borrelli et Strongoli.

Dans une introduction qui n'est que le premier chapitre de l'ouvrage, Colletta s'est borné à resserrer en quelques pages les vicissitudes qui ont successivement fait passer le royaume de Naples sous la domination des princes normauds, des empereurs du la maison de Souabe, des deux maisons d'Anjou, des princes aragonais, et enfin des rois d'Espagne de la famille de Habsbourg. Il termine son ouvrage à la mort de Ferdinand.

Naples (LA CONQUÊTH DE) par Charles d'Aujou, frère de saint Louis, par 1\f. de SaintPriest. V. CONQUÊTE.

Naples (VUES DE). Iconogr. La vue de Naples, de son golfe bleu, de son rivage constellé de blanches villas, de ses promontoires pittoresques et du cône fumant du Vésuve est un des spectacles les plus enchanteurs qu'il y ait au monde. C'est surtout au coucher du soleil que ce panorama est véritablement féerique il est splendide aussi à la clarté de la lune, comme en fait foi cette description tracée par Mme Louise Colet: Quelle vue prestigieuse que celle de ce golfe il fait penser à toutes les scènes de passion et de volupté dont il fut le théâtre, il les évoque et ranime les ombres évanouies de leurs acteurs. J'embrasse, de7 la terrasse où j'écris, ce cirque magique; j'ai au-dessous de moi, et m'environnant, la mer toujours bleue malgré la nuit; les maisons de la Marinella sont éclairées par une lueur rouge, œil qui brille au front du grand phare; puis dans le port même, les vaisseaux marchands innombrables, les bateaux à vapeur, les canots, les barques. En suivant dans cette direction le rivage qui tourne en ellipse, je découvre Portici, Resina, Torre del Greco, Torre dell' Annunziata, Pompéi dominé parle Vésuve, géant fantastique ouvrant au ciel ses deux lèvres de feu; son front sombre s'élève au-dessus, faisant flotter jusqu'aux étoiles sa chevelure formée par la fumée blanche du grand cratère. Continuant à suivre du regard le cercle immense, j'ai directement devant moi d'abord Castellamare, puis Vico, Sorrente, puis à la pointe du littoral le cap Campanella; les montagnes de ces rives lointaines m'apparaissent azurées leurs contours se dessinent si nettement dans l'éther, qu'on les dirait tout proche. A l'extrémité du cap Campanella se dresse Caprée avec ses rocs à postures superbes, piédestalinoui du spectre de Tibère. En retour de ma terrasse, a droite, se projette dans la mer la langue de terre où s'élève le vieux château de l'(Euf; je crois y entendre gémir Campanella subissant la torture. Ce vieux fort termine la pointe du quai de Chiaja puis vient le quai de Santa-Lucia, où sont les marchands di frutti di mare (littéralement fruits de mer, expression pittoresque par laquelle les Napolitains désignent divers .produits de la pêche, coquillages oursins, langoustes, etc.). Les maisons, projetant çà et là par leurs mille fenêtres des points lumineux irréguliers, s'échelonnent jusqu'au sommet verdoyant que couronne le fort Saint-Elme cette citadelle imposante, du plus bel effet décoratif, est assise sur une base formée par un triple rang d'arceaux dont le vide est muré. Toujours à droite, au delà de la pointe du château de l'Œuf, je devine le quai de Chiaja, les hauteurs du Pausilippe, Nisida, Pouzzoles. Au pied de ma terrasse, les vagues murmurent et lancent leur blanche écume sur les petites roches caverneuses où flottent les algues et où se cachent les frutti di mare. »

Une foule de poëtes et de littérateurs ont décrit l'aspect de cette ville si merveilleusement située; une foule d'artistes l'ont retracé sur la toile. Le musée de Naples possède de curieux tableaux de Micco Spadaro, représentant trois épisodes de l'histoire locule la Révolte de Masaniello en 1647, la Municipalilé présenlant les clefs de la oille à Jean d'Autriche en 1648 et la Peste de 1656; dans ces compositions figurent plusieurs édifices qui n'existent plus aujourd'hui. Au palais Corsini, à Florence, est une Vue de la forteresse de Castellamare, par Salvator Rosa. Le Louvre

possède une jolie Vue dn port de Naples, peinte à la gouache sur vélin par Jt-W. Baur, au xvme siècle. D'autres vues de Naples et de ses environs ont été peintes ou dessinées par Joseph Vernet (gravées par Le Bas, par Nicolet, par Ferrandini), Lacroix (musée de Toulouse), Mettay (gravé par Allix), L.-R. Vialy (gravé par Ferrandini), Abr. Begeyn (musée de Naples), Turpin de Crissé (gravé par Boucher Desnoyers), Remond (vente Soret, 1863), T. Aliôny (Souvenirs des environs de Naples, Salon de 1831), Ciceri (Vue du pont de la Sanita et Vue de la piazzetta della Capella Vecchia, aquarelles, Salon de 1831), Eugène Flandin (la Plage, Salon de 1836), Th. Gudin (Salon de 1836), Edme Daubigny (Salon de 1827), Gius. Visone (Vue prise de la place de la Victoire, Salon de 1841), W. Wyld ( Vue prise de la mer, Salon de 1841), J.-A. Bard (Vue de la place Masaniello, Salon de 1846), J. Guiaud ( Vue du chdteau de Salon de 1848), Ch.-F. Guérard (le Golfe de Naples, Salon de 1852), Guill. Witthöft (gravure d'après Boite), Graeb (Salon de 1857), Rey de Sarlat (Salon de 1863), Alex. Desgoffe (le Golfe, Exposition universelle de 1867), A. Anastasi (Lavoir aux environs de Naples, Salon de 1868), J. Ruinart (le Doqana della tlfarina, Salon de 1869), Achenbach (le Môle de Naples, Salon de 1859), etc.

Des Vues de Naples ont été gravées par J.-Ph. Hackert(1779), G.-A. Hackert, Jos. de Longueil (d'après P. Mettay), Andrea Migliar, Gius. Aloja, V. Aloja (suite de 27 planches d'après L. Fergola, 1804-1806), Nicolet (d'après Debret), Damame Demartrais (24 planches), etc. S. Bianchi a gravé d'après AI. d'Auna 30 planches de Costumcs du royaume de Naples. Un recueil de 24 autres planches de costumes a été publié en 1826 par Salv. Bussati.

NAPLOUS ou NABLOUS, ancienne Sichem ou Mabartha, puis Neapolis, ville de la Turquie d'Asie (Syrie), dans le pxchalilc de Damas, à 60 kilom. N. de Jérusalem 7,000 hab. Résidence d'un gouverneur. Cette ville, bâtie sur le flanc du mont Garizim, présente de loin un aspect pittoresque. Son commerce est très-actif, et de nombreuses caravanes s'y rendent d'Egypte et des contrées voisines. C'est une des villes les plus florissantes de la Palestine. Elle renferme plusieurs bazars, six mosquées, une église grecque et plusieurs synagogues.

Durant le moyen âge, elle fut constamment en révolte ouverte coutre les pachas d'Acre et de Damas chargés de la gouverner. Junot, après la bataille du mont Thabor, brûla plusieurs villages, mais ne put s'emparer de la ville elle-mème. En 1834, les Naplousiens furent réduits par Ibrahim- Pacha.

Naplous renferme des ruines antiques et quelques édifices dignes d'attention, notamment l'église de la Passion, construite en 1167 et dont la seule partie encore intacte est le portail, où se voient des moulures ogivales surmontées d'ornements en style roman. L'ancienne église des chevaliers de SaintJean offre trois portes ogivales. C'est dans la synagogue samaritaine, petit édifice sans intérêt, qu'est gardé le fameux manuscrit du Pentateuque, écrit, selon les Samaritains, par Abisçua, fils de Phiuéas, et qui aurait ainsi 3,500 ans d'existence.

Une tradition' populaire place dans cette ville la grotte sépulcrale de Joseph et due Josué. Ou y montre le puits de Jacob, auprès duquel, suivant la tradition, le Christ causa avec la Samaritaine. Un concile, tenu dans cette ville en 1120, fut réuni par le patriarche Guermond et le roi de Jérusalem, Baudouin, à l'effet d'apaiser la colère de Dieu. Il s'y trouva quelques seigneurs et six prélats qui décrétèrent vingt-cinq canons dont le texte n'est pas venu jusqu'à nous.

NAPO (rio), rivière de l'Amérique du Sud, dans la république de la Nouvelle-Grenade. Elle prend sa source au versant oriental des Andes, près de Cutopaxi, à 44 kilom. S.-E. de Quito, coule à l'E., puis au S.-E., et se jette dans l'Amazone, après un cours de 1,150 kilom. Affluents principaux la Coca et l'Aguarico, à gauche, et le Curaray, droite.

NAPOLÉON s. m. (na-po-lé-on par allusion à Napoléon Ier). Conquérant Il est temps d'eu finir avec les NAPOLÉON au petit pied. (E. de Gir.)

Fam. Pièce de vingt francs à l'effigie de Napoléon Chaque écu est un valeureux co»tbattant contre le républicanisme et chaque NAPOLÉON est un Achille.

Dix napoléons d'or sont une bonne aubaine En tout temps, mais surtout en temps de carnaval. A. BARTHET.

Miner. Beau marbre brun rougeâtre, veiné de blanc et de gris ou à fond gris brunâtre et veines blanches.

NAPOLÉON-SAINT-LEU, village de la vallée de Montmorency (Seine-et-Oise). V. LEUTAVERNY (SAInT-).

NAPOLÉON-VENDÉE, ville de France (Vendée). V. LA ROCHE-SUR-YON.

NAPOLÉON (saint). On désigue quelquefois sous ce nom un habitant d'Alexandrie, dont le véritable nom est Néopol, qui fut martyrisé sous Dioclétien. Outre ce saint, dont la vie est complètement inconnue, les bollan-

distes font mention d'un NAPOLÉON, brillant cavalier, neveu du cardinal Fossa-Nuova, qui se tua en tombant de cheval à Rome en 1218. Saint Dominique, témoin de la douleur du pauvre cardinal, ressuscita le jeune homme. Napoléon reconnut ce bienfait en menant une vie fort chrétienne et, quand il fut mort pour tout de bon, l'Eglise le béatifia. Toutefois, il n'avait pas sa place fixe dans le calendrier. Ce fut Pie VII qui lui assigna pour sa fête la date du 15 août, dans le but sans doute de plaire à Napoléon Bonaparte.

NAPOLÉON (famille des). V. BONAPARTE. NAPOLÉON Ier, empereur des Français. A l'article BONAPARTE, nous avons envisagé ce personnage comme général de la République et nous avons amplement raconté son origine, son enfance, son éducation et toutes ses actions jusqu'au moment où il usurpa la puissance souveraine à la suite d'une conspiration heureuse. Par une fiction que nos lecteurs ont bien comprise, nous l'avons même enregistré comme mort le 19 brumaire an VIII. Il était mort, en effet, et comme capitaine républicain et comme fils de la Révolution, ett à partir de ce moment, on ne voit plus en lui que le dictateur politique et militaire et l'imitateur des Césars. C'est en quelque sorte un autre personnage et ce sont aussi des temps nouveaux. Sur les ruines du régime ancien, c'est une monarchie nouvelle qui s'édifie, c'est le passé qui renaît, au moins en partie, sous une autre forme.

On comprend, en outre, qu'à l'époque où fut publié notre article BONAPARTE, nous manquions de la liberté nécessaire, car le régime qu'il s'agissait d'apprécier était le fait régnant, et 1 on ne sait que trop de quelles mesures brutales étaient souvent punies par les maîtres du jour l'indépendance et la sincérité. Nous dûmes donc nous résignér à ajourner notre jugement, dans la crainte de compromettre et notre publication et l'exécution de nos engagements envers nos souscripteurs qui attendent de nous, non-seulement des renseignements, des matériaux, mais encore la vérité historique, la critique des faits, la philosophie des événements, l'appréciation des caractères, bien entendu dans la mesure de nos forces.

Mais si nous éprouvions impérieusement la nécessité d'une liberté sérieuse et complète pour traiter un tel sujet, pour esquisser l'histoire d'un homme qui fut le plus cruel ennemi de la liberté, ce n'est pas que nous voulussions être injuste envers lui, ni faire succéder aux idolâtries populaires, aux superstitions d'un aveugle enthousiasme, les amertumes de la haine et les préventions d'un esprit de parti contraire. Aujourd'hui que nous pouvons parler librement, nous ne descendrons pas plus que nous ne l'eussions fait hier au denigrement systématique et passionné mais nous ne nous asservirons pas davantage à la méthode vulgaire et surannée des glorifications et des apothéoses. Si nous ne pouvons prétendre à l'infaillibilité du jugement, nous pouvons du moins promettre à nos lecteurs l'indépendance d'esprit et la sincérité. Ils nous parulonneront les erreurs dans lesquelles nous pourrons involontairement tomber, en faveur de notre ferme intention de ne rechercher que le vrai et d'atteindre, s'il nous est possible, à la sereine impartialité qui convient à l'histoire.

A l'article BONAPARTE, nous avons raconté comment l'audacieux soldat s'était violemment emparé du pouvoir à la suite du coup de force des 18-19 brumaire an VIII. On sait que, dans la soirée de ce dernier jour, quelques représentants complices (une trentaine environ sur cinq cents), dans un conciliabulo de factieux, prononcèrent la suspension du régime légal et constitutionnel, la révocation du pouvoir national et l'établissement d'une dictature composée de trois consuls chargés de réorganiser la République et de faire une nouvelle constitution. Ces nouveaux maître de la France, ces magistrats usurpateurs vinrent s'installer au palais du Luxembourg, demeure officielle du Directoire. C'étaient Bonaparte, Sieyès et Roger-Ducos. Naturellement, le général prit et garda la présidence de la commission consulaire, se constitua l'arbitre de la situation, et bientôt, en vertu de la constitution de l'an VIII, élaborée à sa convenance par ses créatures, il fut institué d'office premier consul, avec Cambacérès et Lebrun pour deuxième et troisième consuls. Ces derniers n'avaient que voix consultative et n'étaient en réalité que de simples assesseurs. Bonaparte était tout. Appuyé sur la nouvelle aristocratie militaire, sur une nuée d'ambitieux, sur l'engouement dont il était l'objet, il s'attribua tous les pouvoirs et transforma la République en une seigneurie, à la manière des républiques italiennes du moyen âge.

A l'article CONSULAT, nous avons esquissé cette période de sa vie, ainsi que les événements dont elle fut remplie, et nous n'avons pas à y revenir ici. On sait qu'après s'être fait nommer consul à vie avec le droit de désigner son successeur, après avoir successivement dépouillé la nation de toutes ses libertés, après avoir rétabli, resserré l'ancienne centralisation administrative, de manière que tout aboutit à sa personne, après s'être attribué enfin la plupart des prérogatives de la monarchie absolue, il songea à réaliser enfin son projet de transformer en

établissement définitif et héréditaire la royauté de fait qu'il exerçait.

Ce changement était préparé de longue main. On ne peut savoir quelles étaient au juste ses vues d'avenir au lendemain du 18 brumaire; mais il est présumable qu'avec ses idées de césarisme romain, avec son insatiable ambition, son esprit dominateur, il avait déjà des idées de souveraineté perpétuelle, sans que la forme sous laquelle il l'exercerait fût bien arrêtée dans son esprit. Toutefois la dictature militaire et romaine devait être sa conception et son idéal. L'établissement d'un consulat en est une preuve; c'était un degré pour arriver à l'empire. En Egypte, il s'était essayé au rôle d'Alexandre; en Italie, il avait exercé une véritable royauté, un pouvoir bien plus absolu que celui des vice-rois anglais dans l'Inde. Comme premier consul, il agissait de plus en plus en roi son entourage devenait de plus en plus une cour, peuplée d'émigrés et d'anciens royalistes; bientôt on y vit des dames d'honneur, un maltre des cérémonies, une étiquette, un costume renouvelé de l'ancien régime, des chambellans, sous le nom de préfets du palais, une garde, etc. Il avait pris possession, pour ses villégiatures, d'une ancienne résidence princière, Saint-Cloud; il avait institué une fête nationale pour l'anniversaire de sa naissance. Les lois constitutionnelles, incessamment remaniées, sous son inspiration, lui donnaient tous les pouvoirs. Les corps constitués, créés par lui, étaient à ses pieds. Les républicttins, persécutés avec la persistance de la vendetta corse, étaient désormais réduits à l'impuissance. Le peuple était aveuglé par l'engouement ou dominé parla crainte. La presse était asservie plus complètement que sous l'ancien régime. Le clergé réfractuire avait été gagné par le concordat et par mille caresses, les royalistes par des faveurs de tout genre et par de nombreuses radiations sur la liste des émigrés (moyen sûr pour recruter des auxiliaires serviles). Tout était préparé enfin pour l'usurpation suprême et définitive.

Depuis longtemps déjà, des complaisants avaient tâté 1 opinion en jetant en avant les mots d'empire d'Occident, d'empire des Gaules, mais sans éveiller d'échos ailleurs que dans le monde officiel. La France était subjuguée par la puissance et par le prestige de Bonaparte, mais ne voyait nullement la nécessité du rétablissement de la monarchie. Toutefois, après tant d'événements et tant d'orages, elle était passive, sans volonté, et n'avait plus, d'ailleurs, aucun moyen de s'opposer aux entreprises d'un pouvoir à peu près sans limites et sans contre-poids.

Mais d'nilleurs, comme le dit si bien M. Lanfrey (Histoire de Nnpoléou Ier), « jamais révolution ne fut moins spontanée, moins motivée, moins appelée par le voeu public; jamais crise n'a été provoquée avec plus de mépris pour les droits du peuple; jamais on n'a plus audacieusement insulté au bon sens et à la vérité qu'en affirmant que l'empire était souhaité par la nation. Dans entourage même de Bonaparte, les personnages les plus écluirés étaient pour la plupart opposés au nouveau changement; ils s'effra yaient pour eux-mèmes d'une ambition qui semblait devenir plus insatiable en raison même des satisfactions qu'on lui prodiguait afin de l'apaiser..

Quant à résister, outre que l'esprit public et, encore moins, celui des fonctionnaires n'étaient plus à la résistance, il n'y avait pas à y songer. Bonaparte absorbait tout, était maître de tout. En 1800, il avait dit au conseil d'Etat Avec mes préfets, mes gendarmes et mes prètres, je ferai ce que je voutirai. » eût pu ajouter l'armée, si puissante alors, populaire par tant de victoires, et qui, par une conséquence naturelle du régime militaire, tendait de plus en plus à la prééminence et voyait dans l'élévation de son chef sa propre élévation.

Les conspirations royalistes fournissaient un excellent prétexte; l'assassinat juridique du duc d'Enghien fut la péripétie suprême du drame. Le sang de la victime était à peine refroidi que le Sénat, dans une adresse servile, supplia le premier consul de couronner et d'affirmer son oeuvre en rendant son pouvoir héréditaire (27 mars 1804). Bonaparte feignit de vouloix réfléchir avant de répondre à cette proposition, que lui-même avait préparée et imposée. Eu même temps, il provoquait de toutes parts des adresses dans le même sens de la part de tous les pouvoirs publics, qui lui étaient complétement asservis, et il chargeait ses ambassadeurs de négocier auprès des puissances la reconnaissance du nouveau titre qu'il allait se donner. L'Europe avait été frappée de stupeur et d'indignation à la nouvelle du meurtre du duc d'Enghien mais la Russie et la Suède protestèrent seules. Toutefois, la Prusse se lia bientôt à la Russie par un traité secret. Au reste, depuis la rupture du traité d'Amiens, tous les Etats, se sentant menacés, étaient disposés plus ou moins ouvertement à résister aux exigences intraitables de Napoléon. Par un calcul ou un caprice souverain, il plut au maître de se faire proposer le trône par la dernière assemblée où l'on croyait voir encore l'ombre de la liberté, le Tribunat, amoindri, épuré précédemment, peuplé de ses créatures et devenu simplemeut une section du conseil d'Etat.