Quels motifs le firent donc écarter de la chaire de Versailles ? Ce fut premièrement la calomnie. Les mœurs de Massillon ne furent pas à l'abri .de cette malignité qui n'avoit épargné ni Bossuet, ni Fénelon. Des fréquentations innocentes furent traitées de liaisons coupables. Le pieux oratorien se trouva compromis avec madame de l'Hôpital dans un vaudeville. L'auguste époux de madame de Maintenon étoit devenu fort scrupuleux. N'eût-il
point cru à de perfides insinuations, il pouvoit être déterminé contre Massillon par une considération assez puissante c'est qu'il ne suffit pas, pour le succès des fonctions sacerdotales qu'un ministre n'ait rien à se reprocher il faut encore que sa vie soit sans reproche aux yeux du public.
Massillon avoit contre lui, en second lieu, sa qualité de prêtre de l'Oratoire. Les jésuites soupçonnoient cette congrégation d'être attachée au parti .janséniste, contre lequel ils venoient de renouveler leurs querelles et leurs persécutions. Il est naturel dès-là qu'ils aient profité de leur ascen-.dant sur le roi, dont ils dirigeoient la conscience, pour tenir tous les oratoriens éloignés de la cour. Aussi,Ia disgrâce de Massillon fut partagée par tous ses confrères. Aucun de ceux que Louis XIV avoit l'habitude d'entendre dans la-chaire de Versailles n'y fut rappelé pendant les onze dernières années de,son règne. Sans doute-les mêmes circonstances