sans la petite vanité de pouvoir dire le lendemain
« J'étais au bal du duc de W., au dîner de M. de R. »,
on resterait volontiers chez soi. » 1
Les deux plus grandes passions des Déesses de
l'an VIII furent la gloire et le plaisir assister, aux
revues, aux parades, voir défiler dans les rues nos
troupes victorieuses qui marchaient sur les fleurs et
le soir courir au bal, aux soirées officielles, aux
théâtres, telle fut la vie de notre société parisienne
lorsque le Consulat fut solidement assis. Les trois
sœurs du premier Consul, Mraos Élisa Baciocchi,
Pauline Leclerc et Caroline Nlurat, rivalisaient de
luxe et étaient à la tête du mouvement mondain,
ainsi que Mmcs Régnault de Saint-Jean-d'Angély,
Méchin Visconti Hainguerlot après toutefois
Mm0 Bonaparte qui n'abdiquait pas le sceptre de la
haute mode et de l'élégance la plus décorative. Les
émigrés qui étaient rentrés en France eurent le
pouvoir de ressusciter les anciens bals de l'Opéra
qui depuis dix ans avaient disparu des divertisse-
ments publics. Le 24 février 1800, la salle de la rue
de Louvois fut ouverte à une foule travestie et mas-
quée, qui venait là assoiffée de bruit, de couleur,
d'intrigues. Les femmes de tous les mondes révê-
rent de longs jours sur la confection de leurs cos-
1. Gallais, Mœurs et caractères du xw° siècle.