femmes reprenaient largement l'empire dont elles avaient été dépossédées pendant le long règne de la Convention. Les citoyennes de Staël, Hamelin, de Château-Régnault, Bonaparte et Tallien étaient les reines de Paris, et il n'était point de fêtes sans elles. La fille du comte de Cabarrus, l'ex-épouse de M. de Fontenay, la future femme du comte de CaramanChimay, la belle Mm0 Tallien, pour tout dire, semblait surtout la souveraine incontestée du Directoire et on avait pu attacher au bas de son costume romain cet écriteau satirique Respect aux propriétés nationales. On racontait alors un propos d'esprit qui circula longtemps dans cette société frivole un muscadin s'était attaché aux pas de la grande citoyenne, et, comme celle-ci, énervée, se retournait « Qu'avez-vous, monsieur, à me considérer?-Je ne vous considère pas, madame, aurait répondu le badin, j'examine les diamants de la couronne 1. »
« Cette femme, s'écrient avec trop d'enthou-
siasme les portraitistes du Directoire 2, est la fée du Luxembourg. Elle pare ses cérémonies de son sourire. Elle organise ses parties et ses galas; elle se change, elle se métamorphose pour rajeunir ses fêtes et leur donner un nouvel attrait. Tantôt, c'est Calypso accueillant les amis de Tallien dans sa chaumière du Cours-la-Reine et les promenant sous les 1. Petite poste. Nivôse an V.
2. La société française sous le Directoire, chap. x.