dresses infinies. Elle s'exaltait le cœur et l'esprit
dans les fictions les plus noires, et toute son esthé-
tique consistait à paraître pâle, amenuisée par une
souffrance muette, immatérielle et diaphane; elle
ployait comme un roseau flexible au souffle de
l'amour, elle acceptait le sort qui faisait d'elle une
âme incomprise; mais la révolte n'entrait point en
ses sens; elle se flétrissait doucement comme une
fleur délicate meurtrie sur sa tige, espérant à peine
une rosée de bonheur pour la vivifier; elle demeu-
rait dans des torpeurs sans fin, dans des alanguisse-
ments sans cause, qui lui paraissaient exquis.
La Lionne réagit contre cette anémie de poitri-
naire; elle se montra rugissante, provocante et bon-
dissante elle agita sa crinière, fit saillir ses griffes
et sa poitrine, et, avec le libre exercice de ses mus-
cles, le sentiment, de sa force, elle se lança dans
l'arène parisienne. Elle sut monter à cheval, à la
façon arabe sabler le punch brûlant et le Champagne
frappé, manier la cravache, tirer l'épée, le pistolet, fu-
mer un cigare sans avoir de vapeurs, tirer l'aviron au
besoin; ce fut l'enfant terrible de la fashion, et dans
tous les boute-selle de la vie, on la put voir alerte,
fringante, intrépide, ne perdant point les étriers.
La Lionne, tout en prétendant au partage de la
puissance, ne rechercha ses franchises illimitées que
dans les diverses pratiques de la vie fashionable; elle
sut rester femme au débotté et retirer ses éperons